Chapitre 288

La pièce était déserte et silencieuse. Quand Lin Chuyan ouvrit la porte, il avait conservé une expression douce. Mais dès qu’il s’aperçut que Shen Jue n’était pas là, son expression changea au fur et à mesure qu’il parla :

« Ah Jue, arrête de jouer et montre-toi ! Nous devons sortir voir le lâcher de lanternes. »

Personne ne lui répondit. Lin Chuyan repéra rapidement les clochettes au lien brisé par terre.

Une lueur défila dans ses yeux et il se précipita pour ramasser la chaîne dorée au sol.

La chaîne était brisée en deux et même l’une des clochettes était cassée. Lin Chuyan la serra fort dans la main. Quand il releva la tête, ses yeux étaient devenus complètement sombres, comme le ciel avant une tempête.

Xie Zhi n’avait pas quitté Lin Chuyan des yeux. Quand il le vit changer d’expression, il eut un rire silencieux, puis s’enfonça davantage dans l’autre personne en face de lui.

Cette personne se renfrogna, ferma les yeux et se mordit les lèvres jusqu’à ce qu’elles passent du rouge au blanc.

« Il te cherche, pourquoi tu ne le regardes pas ? » lui fit de nouveau Xie Zhi.

Après avoir dit ça, il vit que l’autre avait gardé les yeux fermés et il exerça soudain un peu plus de force dans ses gestes. Cette fois, Shen Jue se mordit les lèvres encore plus, presque jusqu’au sang.

Une lueur de mécontentement défila dans les yeux de Xie Zhi et il reprit d’une voix plus grave :

« Si tu continues à fermer les yeux, ça ne me dérange pas de faire du bruit. Tu sais, ce genre de choses fait inévitablement un peu de bruit. »

Comme pour confirmer ses propos, il s’enfonça encore et encore dans l’autre personne. Shen Jue n’eut pas d’autre choix que d’ouvrir les yeux.

Son regard était rempli de dégoût. Quand Xie Zhi vit ça, il saisit son visage et le força à se tourner vers Lin Chuyan.

« Ne me regarde pas, regarde-le plutôt. Dis voir, si Chuyan me voit en train de te baiser, tu crois qu’il me tuera à nouveau ? »

Lin Chuyan tenait toujours les clochettes dans sa main, regardant partout et appelant :

« Ah Jue ! »

Mais même quand son regard passait sur le lit de jour, il ne pouvait pas voir Shen Jue et Xie Zhi allongés dessus.

Dès que Shen Jue vit le visage de l’autre homme, il voulut détourner les yeux, mais Xie Zhi ne l’entendit pas de cette oreille. Il ne laissa même pas Shen Jue fermer les yeux.

« Si tu oses fermer les yeux, je montrerai à Lin Miao dans quelle position on se trouve. »

Par conséquent, Shen Jue fut bien obligé de regarder uniquement Lin Chuyan, qui ne cessait de l’appeler.

Malgré tous les mondes vécus, Shen Jue n’avait jamais été humilié ainsi. Il n’osait même pas dire quoi que ce soit, car le Lin Chuyan actuel était clairement incapable de vaincre Xie Zhi, alors que ce dernier pouvait aisément tuer Lin Chuyan. Tout le monde ne devenait pas un fantôme après la mort pour s’attarder dans le monde des humains, certaines personnes entraient directement dans le cycle des réincarnations.

Qui plus est, Lin Chuyan n’avait déjà pas très confiance en lui. S’il le voyait de nouveau avec Xie Zhi, Shen Jue ignorait comment il réagirait.

Lin Chuyan le trouverait certainement répugnant et il aurait bien raison.

Tout à coup, Xie Zhi se mouva à nouveau en lui et cela produisit forcément un léger bruit.

Ce bruit discret attira l’attention de Lin Chuyan. Bien que Shen Jue savait que l’autre ne pouvait pas le voir actuellement, il éprouva tout de même de la nervosité en croisant son regard. Il se tourna même immédiatement vers Xie Zhi, avec une supplique dans les yeux dont lui-même ne se rendit pas compte.

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Lin Chuyan s’approcha d’eux.

Xie Zhi regarda attentivement Shen Jue, dont les yeux contenaient de la nervosité et de la supplique. Le sourire retomba sur ses lèvres et son regard se fit sérieux. Avant de pouvoir bouger de nouveau, il entendit la voix de Shen Jue l’implorer.

« S’il te plaît, ne fais pas ça, lui transmit Shen Jue mentalement.

– Et pourquoi pas ? » répliqua Xie Zhi.

Les longs cils de Shen Jue battirent avant qu’il ne réponde lentement :

« Je… Je ne veux pas qu’il voie ça. »

Une apparence si honteuse, c’était toujours ça de gagné si une personne de moins la voyait.

Lin Chuyan était déjà à côté d’eux. Shen Jue entendit les bruits de pas et son corps devint très tendu, surtout quand il entendit la voix de l’autre homme :

« Ah Jue, tu es sur le lit de jour ? »

Quand il posa cette question, il se trouvait déjà juste à côté. Il tendit même la main pour trouver Shen Jue sur le divan.

Shen Jue vit la main se rapprocher de plus en plus de lui et son corps se pétrifia totalement. Il était incapable de réagir, il ne pouvait que contempler bêtement cette main. Mais juste au moment où Lin Chuyan allait le toucher, Xie Zhi intervint.

Il leva soudain la main et on entendit aussitôt un bruit à l’extérieur. Lin Chuyan sursauta à ce bruit et se redressa pour sortir.

« Ah Jue ? » cria-t’il en quittant la pièce.

Dès que Lin Chuyan fut sorti, Shen Jue leva la main pour gifler Xie Zhi, mais sa main fut saisie avant que le coup ne puisse tomber. Xie Zhi attrapa le poignet de l’autre fantôme et la manche large glissa naturellement, dévoilant une section de peau blanche comme la neige.

L’instant d’après, Xie Zhi le mordit, ses dents blanches s’enfonçant dans le bras de Shen Jue comme s’il allait le déchiqueter en morceaux et le dévorer. Mais avant de percer la peau, il le relâcha.

« Juste à l’instant, tu étais en train de me supplier si misérablement. Mais maintenant qu’il n’est plus là, tu veux détruire le pont après avoir traversé la rivière. Tu crois que je ne peux pas faire revenir Lin Miao ? Moi, je m’en fiche, c’est juste toi que ça dérange. »

Xie Zhi arbora un sourire malveillant sur son splendide visage. Il se rapprocha de l’oreille de Shen Jue pour murmurer :

« Tu es trop tendu, ce n’est pas très confortable pour moi, ah. »

Bien que la maison soit située à une certaine distance de la rue de Qianmen, on pouvait quand même entendre le feu d’artifices lancés par le Ministère des Rites. Shen Jue était assis sur le lit de jour, écoutant les bruits dehors avec un air très hébété. Ce fut alors qu’il entendit des bruits de pas familiers.

Lin Chuyan était revenu.

Dès que Shen Jue se redressa, il vit l’autre homme entrer dans la pièce en apportant une bouffée d’air glaciale avec lui. Quand Lin Chuyan aperçut Shen Jue à son tour, il accourut aussitôt vers lui et s’écria :

« Ah Jue, où est-ce que tu étais passé ?! »

Il tendit les mains pour saisir le fantôme par les épaules avec une telle force qu’il faillit broyer les épaules de Shen Jue. Ses yeux brillants devinrent profonds et terrifiants en cet instant, comme si un monstre marin pouvait en surgir à tout moment.

« Les gardes fantômes sont venus tout à l’heure. J’ai dû me cacher dehors pour les éviter. Ils ont brisé la chaîne avec les clochettes, » expliqua doucement Shen Jue.

Quand Lin Chuyan entendit ça, il changea brusquement d’expression. Il voulut inspecter le corps de Shen Jue.

« Des gardes fantômes ? Tu n’es pas blessé, dis ?

– Je vais bien. Il n’y a que mes vêtements qui ont été abîmés, alors j’ai dû me changer. »

Shen Jue arrêta le mouvement de Lin Chuyan et lui sourit doucement. Dès qu’il sourit, il se fit enlacer.

Il put entendre les battements du cœur de Lin Chuyan, l’un après l’autre, recouvrant presque les bruits du feu d’artifice à l’extérieur.

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« Heureusement que tu n’as rien, Ah Jue. Je t’ai cherché partout dehors et j’ai cru qu’il t’était arrivé quelque chose d’horrible. »

La voix du jeune homme tremblait un peu. Il lâcha Shen Jue au bout d’un moment, son regard tendu.

« Puisqu’il y a des gardes fantômes dans les parages, allons vivre ailleurs. »

Shen Jue acquiesça.

Le regard de Lin Chuyan retrouva toute sa tendresse. On ne pouvait absolument plus voir le côté profond et terrifiant de tout à l’heure. Il déposa gentiment un baiser sur le front du fantôme.

« Dis, Ah Jue, il va y avoir un autre feu d’artifice cette nuit. Tu veux qu’on aille le voir ? »

Quand Shen Jue sentit le contact sur son front, sa main à ses côtés ne put s’empêcher de se refermer sur ses vêtements, mais il la détendit rapidement et sourit à l’autre.

« Bien sûr que j’ai envie d’aller voir ça. »

Dans la rue de Qianmen pour la deuxième fois de la soirée, Shen Jue leva la tête pour contempler les feux d’artifice qui fleurissaient non loin dans le ciel. Des fleurs lumineuses étincelaient dans le ciel nocturne et les lanternes tout autour illuminaient presque toute la rue, donnant l’impression de repousser le froid de cet hiver.

Après avoir observé le spectacle un moment, il sentit qu’on lui prenait la main. Quand il regarda sur le côté, il croisa le regard de Lin Chuyan.

Bien que l’homosexualité soit connue dans cette dynastie, peu d’hommes le montraient en public et on voyait encore moins deux hommes se tenir la main dans la rue.

En plus, ils portaient tous les deux des chapeaux à voile, dissimulant leur visage, alors cela attira de nombreux regards : certains curieux, d’autres dégoûtés…

Lin Chuyan acheta une lanterne volante et il écrivit quelque chose dessus, mais il ne laissa pas voir Shen Jue. Ce dernier n’avait que peu d’intérêt à noter un vœu sur la lanterne, mais sous le regard expectatif de son compagnon, il dut prendre le pinceau. Toutefois, à peine avait-il tracé le premier trait que la lanterne prit soudain feu spontanément.

Lin Chuyan eut peur que Shen Jue ne se brûle, alors il éloigna aussitôt la lanterne de lui. La lanterne s’envola dans les airs et les flammes la dévorèrent lentement. Lin Chuyan n’y prêta aucune attention et examina plutôt Shen Jue de tous les côtés pour voir s’il n’avait pas été brûlé.

Shen Jue fixa l’autre côté de la rive, là où se dressait un homme vêtu de rouge.

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Cet homme remarqua le regard de Shen Jue et lui sourit mais l’instant d’après, le sourire se figea sur ses lèvres. En effet, il vit le couple de l’autre côté de la rive s’enlacer subitement et…

En plus, c’était la personne qui s’était débattue à mort contre lui quand ils avaient couché ensemble tout à l’heure qui prit l’initiative.

En voyant ces deux-là s’enlacer et s’embrasser tendrement sous le clair de lune de l’autre côté de la rivière, le sourire de Xie Zhi retomba, son visage se remplit de Qi fantomatique et ses yeux virèrent lentement au rouge.

Il baissa les yeux sur sa main. Il y avait une marque profonde de morsure dessus. C’était Shen Jue qui l’avait mordu. Si Xie Zhi ne lui avait pas pressé les mâchoires pour le forcer à ouvrir la bouche, cela n’aurait pas laissé qu’une simple marque.

C’était vraiment offensant pour le regard.

La parole à l’auteur :

Xie Zhi : Je voudrais dédier une chanson à Lin Chuyan : « Lumière Verte ».

Lin Chuyan : Je voudrais à mon tour dédier cette chanson à Xie Zhi : « Il est à moi ».

Vilain auteur : Je tiens à préciser que j’ai atteint le million de caractères.

Note de Karura : Le vert fait référence au cocu.

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