Chapitre 289
Le premier jour de la nouvelle année, Shen Jue et Lin Chuyan déménagèrent. Bien que cela se soit fait dans la précipitation, Lin Chuyan avait à présent plein de gens à son service, alors la demeure qu’il acheta n’avait rien à envier à la précédente. Toutefois, elle était bien plus lumineuse, alors Lin Chuyan se mit à coller du papier sur toutes les fenêtres.
Il savait que Shen Jue avait horreur de la lumière du soleil.
Shen Jue aurait bien voulu lui donner un coup de main, mais son offre fut refusée. Au final, il ne put que rester assis devant la fenêtre et regarder Lin Chuyan l’occulter avec du papier. La nuit hivernale était froide et les mains de Lin Chuyan étaient exposées à l’extérieur. Au bout d’un moment, ses mains d’un blanc de jade étaient devenues rouges, tout comme le bout de son nez. Malgré ça, Lin Chuyan s’appliqua à sa tâche. Sous la lumière des bougies, il colla très soigneusement le papier dans les coins de la fenêtre, ne laissant aucune marge.
Le temps que toutes les fenêtres soient occultées, les mains de Lin Chuyan avaient déjà enflé à cause du froid et on ne pouvait même plus distinguer leur forme d’origine. Voyant ça, Shen Jue l’attira rapidement à l’intérieur pour qu’il se réchauffe auprès du brasero, mais Lin Chuyan évita ses mains et fit doucement :
« Je ne veux pas te communiquer mon froid. Je vais le faire moi-même. »
Quand ses mains furent finalement réchauffées, il serra Shen Jue dans ses bras, le fantôme étant resté à côté de lui.
« Ah Jue, est-ce que les gardes fantômes vont trouver cet endroit ? »
Il y avait une inquiétude évidente dans son regard.
Shen Jue garda le silence un moment, puis secoua la tête. Pourtant, sa réponse n’avait rien de catégorique :
« Sans doute pas. »
Quand Lin Chuyan entendit cette réponse, ses sourcils délicats se froncèrent un peu et l’inquiétude dans ses yeux s’agrandit.
« Ces gardes fantômes veulent te ramener dans l’autre monde, c’est ça ? Cela veut dire que tu te réincarneras ou autre chose ?
– Je ne sais pas non plus. »
Même si Shen Jue avait menti à Lin Chuyan à propos de la présence des gardes fantômes, il sentait au plus profond de lui qu’un jour, ils viendraient réellement à sa porte. Bien qu’il n’avait pas tué Xie Zhi de ses propres mains, le fait était que Lin Chuyan l’avait tué pour lui donner sa peau. Cela comptait aussi dans le karma. Quant à comment l’autre monde allait lui compter cette dette, il n’en savait rien.
Lin Chuyan cessa de poser des questions et pressa juste un peu plus fort l’épaule de Shen Jue. Ce dernier regarda l’autre main posée sur ses genoux, des pensées complexes dans son cœur. Il se demandait quand viendrait le bon moment pour tuer Lin Chuyan. Était-ce maintenant ? Est-ce que l’autre l’aimait suffisamment ? Assez pour bien vouloir mourir pour lui ?
En songeant à cela, il ne put s’empêcher de relever la tête vers Lin Chuyan. Ce dernier semblait préoccupé par quelque chose. Ses yeux étaient fixés sur le fourneau devant, songeant à Dieu sait quoi.
Tant que la mort du clan Lin n’avait pas été vengée, Shen Jue craignait que Lin Chuyan n’accepterait pas facilement de mourir pour lui. Du coup, il ne pouvait que se retenir et attendre une bonne occasion.
Sauf que Xie Zhi n’était pas prêt à le laisser s’en sortir aussi facilement.
Lin Chuyan profita de trois jours de repos pour rester avec Shen Jue. Comme il connaissait bien les préférences du fantôme, il lui peignit plusieurs magnifiques portraits. Deux d’entre eux représentaient Shen Jue : l’un avec des cheveux et l’autre sans. Il demanda au fantôme lequel il préférait et Shen Jue choisit celui avec cheveux presque sans hésiter.
Lin Chuyan ne put s’empêcher de rire en voyant ça.
« Un crâne rasé n’est pas si mal que ça, en fait. »
Shen Jue lui jeta un regard mauvais en entendant ça. Ces derniers jours, Lin Chuyan semblait adorer lui toucher la tête. Il le faisait avant d’aller au lit et c’était aussi la première chose qu’il faisait au réveil. Il souriait aussi à chaque fois qu’il touchait la tête de Shen Jue. Bien que le fantôme lui avait demandé ce qui le faisait sourire, Lin Chuyan n’avait pas répondu, ce qui était encore plus agaçant.
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
« Alors donne-moi celui-là. »
En voyant Shen Jue le foudroyer du regard, Lin Chuyan dissimula son sourire. Il mit de côté le portrait de Shen Jue chauve et accrocha l’autre portrait avec cheveux sur le mur de son bureau. Les autres portraits au mur étaient tous peints pour Shen Jue.
À présent qu’il était un fantôme à la peau peinte, il ressentait toujours le besoin de sortir admirer les beautés dans la rue, sauf que Lin Chuyan ne le laissait pas sortir. Shen Jue ne tenait pas à gâcher leur relation actuelle, alors il devait résister à cette impulsion. Pour l’aider, Lin Chuyan lui peignait souvent des portraits de belles personnes afin de compenser. De plus, il ne portait pratiquement jamais la même tenue quand il se présentait au fantôme. Du coup, il avait tellement d’habits que la garde-robe de la maison ne pouvait pas tous les contenir.
Après ces trois jours de repos, Lin Chuyan fut de nouveau occupé. Comme Shen Jue n’avait rien à faire durant la journée, il ne pouvait que dormir. Il ne tarda cependant pas à se faire réveiller par quelqu’un.
« Toi ! »
Quand Shen Jue vit le splendide jeune homme en face de lui, toute trace de sommeil disparut aussitôt de son regard. Il voulut se débattre, mais ses mains étaient déjà retenues prisonnières par l’autre homme.
Xie Zhi était apparu à un moment donné. Il portait à nouveau du rouge aujourd’hui, mais le motif brodé sur ses manches était passé des lotus aux pivoines. Il contempla Shen Jue pressé sous lui, ses lèvres rouges légèrement étirées en un sourire et ses yeux de phénix remplis de malveillance.
« Moi ? Quoi, moi ? Tu es vraiment si surpris que ça de me voir ? Ne me dis pas que tu croyais que j’allais simplement vous laisser tranquilles après que Lin Miao et toi ayez fait équipe pour m’écorcher, hein ? »
Son sourire retomba soudain et son ton devint glacial.
« Je vais vous faire goûter tous les deux à ma douleur. Puisque Lin Miao est amoureux de toi, je vais te baiser et le lui montrer. Tu peux soit endurer ça et attendre que je me lasse, ou bien tu peux lui avouer. Je veux savoir comment il réagira en apprenant ça. Sera-t’il si furieux qu’il me tuera de nouveau ? Ha ha ! »
Ce rire à la fin fit de nouveau briller ses yeux, mais c’était un rire sarcastique avec une touche de folie.
C’était la rancœur qui avait fait que Xie Zhi était resté dans ce monde. C’était aussi cette rancœur qui l’avait poussé à jurer de se venger de Shen Jue et de Lin Chuyan. Et à ses yeux, le meilleur moyen de se venger, c’était d’humilier Shen Jue. Il savait que le fantôme n’aimait pas qu’il le touche, alors il allait coucher avec lui. Il savait aussi que Lin Chuyan était amoureux de Shen Jue et qu’il traitait ce fantôme à la peau peinte comme un joyau, alors Xie Zhi allait s’emparer de son trésor.
Il voulait que cet homme et ce fantôme connaissent sa douleur : la douleur de se faire voler la personne qu’on aimait et la douleur de se faire arracher sa peau.
L’homme que Xie Zhi avait aimé l’avait écorché de ses propres mains. Ha ha, comme c’était ironique !
Lin Chuyan lui avait pris sa peau pour la donner à un fantôme. Lui qui était pourtant incapable de tuer avait choisi cette voie.
Comment Xie Zhi aurait-il pu ne pas le haïr ? Comment pourrait-il laisser cet homme et ce fantôme s’emparer de sa peau et piétiner ainsi son corps avec leur amour conjugal ?
Quand Xie Zhi se mit à songer à cela, le regard qu’il posa sur Shen Jue était non seulement rempli de malveillance, mais aussi de haine. Il haïssait Shen Jue autant qu’il haïssait Lin Chuyan. Sans ce fantôme, Lin Chuyan aurait été à lui. Sans ce fantôme, il ne se serait pas trompé de personne. C’était Shen Jue qui avait pris l’apparence de Lin Chuyan et l’avait délibérément séduit. Au bout du compte, Xie Zhi avait commis de petites erreurs au fur et à mesure, jusqu’à ce qu’il ne puisse plus revenir en arrière.
À présent, il n’éprouvait plus le moindre amour pour Lin Chuyan, il voulait juste que cet homme subisse toute sa haine.
Puisqu’il souffrait, ce couple d’humain et fantôme devait souffrir autant que lui.
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Tout comme Xie Zhi haïssait Shen Jue, ce dernier le haïssait aussi parce qu’à chaque fois qu’il le voyait, cet homme le violait forcément. Cet acte honteux lui rappelait ce qui s’était passé au Ciel.
Bien que ces deux hommes se haïssaient, ils pratiquèrent l’acte le plus intime qui soit. Bien sûr, leur relation ressembla plutôt à un combat. Ils furent comme deux bêtes féroces qui s’attaquèrent violemment, visant à blesser et couvrir de bleus leur adversaire. Au bout du compte, ce fut Shen Jue qui dut s’avouer vaincu le premier.
Alors que la tenture de lit voletait, les yeux de Shen Jue prirent lentement un air vague tandis qu’il fixait la tenture. Au bout d’un moment, il ferma les yeux.
Quand Xie Zhi fut parti, il se releva avec du mal pour se préparer de l’eau. Sans se soucier d’attraper de la fièvre, il plongea directement dans l’eau froide. Il voulait nettoyer tout ce qui n’était pas à lui.
Après s’être lavé cinq fois, il sortit enfin de l’eau. Il se faisait tard, alors il ne put que s’habiller rapidement. Heureusement, les vêtements cachèrent toutes les marques sur son corps.
Lin Chuyan revint cette nuit-là et ne se rendit compte de rien.
Le troisième jour, Xie Zhi apparut de nouveau. Il se présenta dès que Lin Chuyan repartit.
Cela se poursuivit ainsi durant un mois entier. Shen Jue avait beau se débattre et lutter de toutes ses forces, il ne pouvait pas résister. Il ne pouvait que regarder Xie Zhi partir pour revenir ensuite. La nausée lui donnait des frissons, mais il ne voulait pas tout avouer à Lin Chuyan.
Tout cela ne l’aidait même pas à briser ce monde. Il haïssait le fait d’être considéré comme faible et inutile, au point de n’être bon qu’à se faire martyriser.
La fois suivante, quand Shen Jue vit l’autre fantôme apparaître, il sortit une dague de sous l’oreiller et la pressa contre son visage.
Xie Zhi observa tout ça et rétrécit un peu les yeux.
« Qu’est-ce que tu fais ?
– Xie Zhi, je vais te la rendre. »
Dès qu’il eut prononcé ces mots, il entailla son visage. En un instant, une coupure apparut de sa tempe au coin de sa bouche. Il ne s’arrêta pas là et enchaîna tout de suite avec une seconde entaille.
Au moment de la troisième coupure, il se fit arracher la dague des mains.
« Tu es cinglé ou quoi ?! »
Xie Zhi jeta la lame par terre. Quand il vit que la moitié du visage de Shen Jue avait été complètement ruinée, son regard prit un air indescriptible.
Au contraire, Shen Jue eut un léger sourire.
« Tu ne voulais pas me faire sentir ta douleur ? La douleur de se faire écorcher vif… Si tu ne veux pas que je le fasse moi-même, alors viens t’en occuper. À toi de décider combien d’entailles tu veux : cent ? Mille ? Cela suffira-t’il ? Si non, j’ai aussi des os. »
Tout en disant cela, il se leva du lit pour ramasser la dague, mais Xie Zhi l’arrêta aussitôt en voyant ce qu’il comptait faire.
Shen Jue se débattit follement, ses yeux plus du tout lucides.
« Je vais te la rendre, je vais tout te rendre ! »
Xie Zhi eut bien du mal à l’immobiliser dans ses bras. Il fit de son mieux pour le maintenir contre lui et fit d’un ton furieux :
« Tu es vraiment malade ! La peau est à présent fichue. Tu comptes en voler une autre avec tes tromperies ?!
– Non, je ne veux plus rien. »
Quand Shen Jue entendit ça, il se calma un peu. Pour autant, sa voix resta un peu confuse.
« Je ne veux plus rien. Xie Zhi, je vais te rendre ta peau, tout te rendre. Je ne veux absolument plus rien. Chu… Chuyan, tu peux le récupérer aussi. »
Quand Xie Zhi entendit ça, il en resta d’abord stupéfait, puis se fâcha encore plus.
« Tu te fous de moi ? Tu crois que tu peux tout me rendre ?! »
Shen Jue se tourna pour le regarder. Ses yeux étaient à présent brumeux et sans la moindre brillance.
« Alors je vais voir les gardes fantômes et les laisser m’emmener dans l’autre monde. Ça te convient ?
– Tu veux aller dans l’autre monde ? Est-ce que tu sais que les fantômes comme toi n’ont pas droit à la réincarnation et ne peuvent que subir plusieurs châtiments ? »
Xie Zhi poursuivit ensuite, les dents serrées :
« Tu ne peux déjà pas supporter la petite douleur que je te cause, alors dans quel enfer tu crois que tu finiras ? Qu’est-ce que tu crois que ça va te rapporter d’aller dans l’autre monde ? Tu t’imagines peut-être que les fantômes sont des gens bien, mais que feras-tu s’ils sont comme moi ? »
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Le visage de Shen Jue était à présent très pâle, presque blanc. Même ses lèvres avaient perdu toute couleur. La seule couleur qui restait sur son visage, c’étaient ses sourcils qui étaient d’un noir d’encre.
« Peu importe, je préfère encore aller dans l’autre monde même si ces gens sont comme toi. »
Cette phrase rendit Xie Zhi silencieux. Ses longs cils frémirent, puis il détourna aussitôt le visage. Après un certain temps, sa voix s’éleva de nouveau :
« C’est juste que tu détestes quand je couche avec toi, c’est ça ? Pff, la belle affaire. Au pire, tu n’as qu’à me rendre la pareille. »
La parole à l’auteur :
Lin Chuyan : ??? Putain, c’est quoi, ça ? Une minute, qui sera le shou ? Ne me dites pas que…
Vilain Auteur : En fait, ce serait aussi intéressant de voir l’eunuque qui semble être un gentilhomme en apparence mais un vrai yandere à l’intérieur coucher avec le moine romantique.
Lin Chuyan : Dégage !!!
Xie Zhi : Dégage !!!
Commentaires :