Chapitre 290
Dès que ces paroles résonnèrent, le silence se fit.
Xie Zhi tourna la tête en arrière et contempla Shen Jue. Son regard était très sérieux, il ne semblait pas du tout plaisanter. Cependant, il était parfaitement impossible que Shen Jue lui fasse ça. Cela ne l’intéressait pas et cela le dégoûtait même. Alors même qu’il entendait cette proposition, il y avait un dégoût inratable dans son regard.
Xie Zhi remarqua cette lueur de dégoût.
Il ricana aussitôt et leva la main pour saisir le menton de Shen Jue. Pour une raison mystérieuse, il évita volontairement l’endroit où le fantôme était blessé.
« Pas envie ? Alors ne viens pas dire après que je ne t’ai pas laissé ta chance. Bon, tu crois qu’il suffit que tu détruises ton visage et ta peau pour que je te laisse tranquille ? Arrête un peu de rêver ! »
Sur ça, il tira Shen Jue pour le faire sortir du lit. Naturellement, Shen Jue ne voulut pas et résista de toutes ses forces. Malgré ça, au bout du compte, Xie Zhi l’entraîna dehors.
Xie Zhi emmena Shen Jue au marché fantôme. Il semblait bien connaître les lieux et conduisit l’autre fantôme dans une petite boutique à l’angle d’une rue.
Peu de temps après qu’ils soient entrés dans le magasin, un fantôme vêtu d’une longue cape noire flotta vers eux. Il regarda d’abord Xie Zhi, puis Shen Jue qui se faisait traîner de force.
« Que puis-je pour vous ?
– Il faut réparer sa peau. Tu as un moyen ? » répliqua Xie Zhi d’un air glacial.
À ces mots, le fantôme tourna plusieurs fois autour de Shen Jue, puis il s’arrêta devant lui. Il examina attentivement son visage, puis fit :
« Ce visage est vraiment splendide. Cette peau est à vous ? »
Il regarda Xie Zhi en disant cela.
Ce fantôme n’avait rien d’ordinaire : il pouvait déterminer que la peau venait de Xie Zhi rien qu’en regardant. Quand Xie Zhi entendit ça, il plissa les yeux, ne confirmant ni n’infirmant quoi que ce soit.
En voyant ça, le marchand fantôme poursuivit :
« C’est facile puisqu’il s’agit de votre peau. Si cette peau venait d’ailleurs, cela aurait été bien plus compliqué de la réparer. Vous devez nourrir cette peau avec du Qi Yin tous les jours, puis vous complétez avec ce médicament. »
Il sortit un flacon en porcelaine de sa manche et la tendit à Xie Zhi.
« Ce n’est pas lui qui doit avaler ces pilules, mais vous. Comme il est un fantôme à la peau peinte, il ne peut pas nourrir sa peau. Vous pourrez utiliser le Qi Yin pour réparer sa peau après avoir ingéré une de ces pilules. D’ici deux semaines à un mois, sa peau sera comme neuve. »
Xie Zhi fixa le flacon en porcelaine dans la main de l’autre fantôme avant de la prendre.
« Comment faire pour nourrir sa peau ?
– Donnez-lui votre Qi Yin.
– Et comment je fais ça ? » demanda Xie Zhi en fronçant les sourcils.
Le vendeur fantôme partit d’un rire assez salace.
« Comment faire ? Vous l’avez pourtant déjà fait plusieurs fois, non ? Continuez ce que vous faites d’habitude. Plus vous le ferez, plus sa peau sera tendre et souple. »
Les yeux visibles du vendeur lorgnèrent sur le corps de Shen Jue sans équivoque.
Le visage de Xie Zhi s’assombrit et il se posa devant Shen Jue pour le cacher de la vue de l’autre.
« Il y a un autre moyen à part ça ? »
Le marchand émit un léger Oh, puis répondit :
« C’est le moyen le plus rapide. Si vous ne voulez pas utiliser cette méthode, alors faites passer le Qi Yin par la bouche. C’est juste que c’est très lent. C’est à vous de voir. »
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Le marchand arrêta de discuter à ce sujet pour parler paiement.
« Ce flacon n’est pas donné. Lequel d’entre vous va accepter le Qi fantomatique ? Vous avez déjà tous les deux un Qi fantomatique très dense, surtout vous, fit-il avec un regard en direction de Xie Zhi.
– Ce sera moi. »
Xie Zhi tendit la main sans la moindre hésitation.
Tout en lui transmettant son Qi fantomatique, le marchand ne put s’empêcher de commenter :
« Vous devez vraiment être très amoureux. »
À cause de ces paroles, le visage de Xie Zhi devint totalement sombre.
« Qui est-ce que tu qualifies d’amoureux ? »
L’autre fantôme toussota.
« Je parlais juste à moi-même. »
Après avoir quitté le magasin, Xie Zhi se tourna pour regarder Shen Jue. Normalement d’après son tempérament, il aurait dû se moquer de l’autre comme avant. Mais quand il vit le visage à moitié détruit de Shen Jue, ses lèvres ne cessèrent de s’ouvrir et de se refermer. Finalement, ce qui en sortit fut —
« Tu ne peux pas rentrer chez Lin Miao comme ça. Laisse-lui une lettre comme quoi tu as des choses à faire et que tu dois t’absenter un moment. »
Shen Jue ne le regarda pas et garda plutôt les yeux baissés vers le sol. Il était bien le seul à savoir que tout ce qu’il avait fait aujourd’hui était purement intentionnel. Il ne s’était pas effondré moralement, cela n’avait été qu’une ruse.
Il avait fait exprès d’abîmer sa peau, surtout au niveau du visage, parce qu’il voulait tester Xie Zhi.
Le Shen Jue d’origine aurait volontiers cru à cette histoire de se venger de quelqu’un en couchant de force avec lui. Si Xie Zhi ne l’avait fait que quelques fois avant de cesser de venir, il aurait pu y croire. Mais durant ce mois, Xie Zhi était venu le voir si souvent que cette excuse semblait totalement ridicule.
Coucher avec son rival en amour juste pour se venger ? Quelle idée absurde !
Si Xie Zhi le haïssait vraiment, il prendrait un air dégoûté à chaque fois qu’il le voyait, au lieu de venir le voir tous les jours. En plus, quand ils avaient des rapports, Xie Zhi contemplait toujours son visage et l’obligeait même à garder les yeux ouverts.
Voilà pourquoi Shen Jue avait entaillé son visage. Premièrement, cela lui permettrait de juger des sentiments de Xie Zhi. Deuxièmement, il ne voulait vraiment plus continuer ainsi. Il ne voulait plus du tout coucher avec Xie Zhi. Si c’était son visage qui attirait l’autre homme, alors Xie Zhi allait sûrement perdre tout intérêt pour lui si ce visage disparaissait. Shen Jue avait donc joué la comédie en faisant une crise devant lui et en abîmant son visage.
Quand à Lin Chuyan, Shen Jue avait aussi une solution. Il n’avait qu’à lui dire qu’il avait rêvé que Xie Zhi revenait d’entre les morts pour lui réclamer sa peau. Shen Jue avait eu si peur qu’il avait détruit la peau et était allé en acheter une autre. Il y avait des vendeurs de peaux au marché fantôme, mais Shen Jue n’avait jamais été les voir. Tout d’abord, il tenait à sa propre peau et ensuite, il ne voulait pas avoir un Qi fantomatique trop fort et risquer de se faire capturer par les gardes fantômes. Mais désormais, c’était la peau de Xie Zhi qu’il portait. Alors s’il changeait pour une autre peau, ce serait du pareil au même pour lui.
Sauf qu’il ne se serait jamais attendu à ce que Xie Zhi l’emmène ici pour réparer sa peau et que la méthode à suivre serait en fait…
À cette pensée, le regard de Shen Jue se fit plus sombre. Il baissa les yeux sur son poignet qui était prisonnier de la main de Xie Zhi et se libéra de force.
« Je veux rentrer chez moi. »
Il eut à peine prononcé cette phrase que son poignet se fit saisir de nouveau.
« Tu veux faire peur à Lin Miao comme ça ? »
Le ton de Xie Zhi était redevenu mordant.
« Si tu lui fais peur et qu’il en perde la tête, sur qui je vais bien pouvoir me venger ? Comment il pourrait se rendre compte de ce que je t’ai fait ? Tu rentreras une fois que ta peau sera réparée. Si tu t’agites encore, je suivrai la première méthode pour la nourrir. Si tu continues à faire des histoires, je m’en ficherai bien de ton avis. »
Après ça, il tira Shen Jue de force pour qu’il continue à avancer. Shen Jue ne put se libérer de sa prise et avança en titubant.
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Tout à coup, on le bouscula rudement au niveau de l’épaule.
Xie Zhi, qui marchait en tête, se tourna subitement et attrapa le fantôme responsable.
« Tu viens de bousculer un fantôme, où sont tes excuses ? »
L’autre fantôme qui venait de se faire agripper par l’épaule s’arrêta et tourna lentement la tête. Un sourire d’excuse apparut sur son visage.
« Pardon, » fit-il à Shen Jue.
Ce dernier écarquilla les yeux en voyant clairement le visage de l’autre homme. Mais avant qu’il n’ait pu réagir, l’autre s’était déjà libéré de la poigne de Xie Zhi et avait repris sa marche, sa silhouette disparaissant rapidement dans la foule.
Xie Zhi remarqua le regard prolongé de Shen Jue et il prit tout à coup un air mécontent.
« Alors il suffit qu’un vieux te sourie pour que tu ne le lâches plus du regard ? Les fantômes à la peau peinte comme toi sont vraiment sans gêne. Je trouve qu’on ne devrait même pas vous appeler des fantômes à la peau peinte, mais des fantômes lubriques. Vous êtes totalement le genre de débauchés que les hommes désirent. »
Après ça, il continua entraîner Shen Jue vers l’avant. Mais après deux pas, leurs positions changèrent : Xie Zhi tint le poignet de Shen Jue de sa main gauche et saisit son épaule de la main droite. Ce faisant, il enveloppa presque totalement l’autre dans ses bras.
Shen Jue se fit ainsi conduire par Xie Zhi, mais il songeait au fantôme qui l’avait bousculé tout à l’heure.
Il s’agissait de l’homme qu’il avait croisé autrefois au pavillon Tunjin et qui avait prétendu avoir des yeux Yin Yang. N’était-il pas un humain ? Alors que faisait-il au marché fantôme ?
Est-ce que l’autre homme était mort depuis et était devenu un fantôme ?
C’était possible, mais Shen Jue avait l’impression que quelque chose clochait dans tout ça.
Toutefois, Shen Jue ne put trop y penser car il s’aperçut que Xie Zhi l’avait conduit dans un endroit très étrange.
« Où sommes-nous ? »
Il regarda tout autour. Ils se trouvaient dans une zone montagneuse et sauvage, avec une maison juste en face. Le bâtiment était en ruine et semblait avoir été inhabité depuis très longtemps.
Xie Zhi ne répondit pas à sa question et l’entraîna simplement dans la cour. Dès qu’il entra, la demeure changea. Elle devint en meilleur état à chaque pas de l’autre homme. Même l’herbe morte dans la cour revint à la vie et les parterres de fleurs s’égayèrent à nouveau. Les fleurs étaient si brillantes qu’on n’avait pas du tout l’impression d’être en hiver.
Xie Zhi conduisit Shen Jue vers la maison principale qui comportait deux pièces. Il ouvrit la porte du milieu et poussa d’abord Shen Jue dedans, avant d’entrer à son tour. Il referma bien la porte derrière lui.
Quand Shen Jue vit son geste, il ne put s’empêcher de reculer d’un pas. Xie Zhi aperçut son mouvement et étira les lèvres en un sourire moqueur. Il saisit de nouveau la main de Shen Jue et l’attira vers le bureau dans la pièce.
Il y avait du papier et un pinceau avec de l’encre dessus.
« Écris, » commanda Xie Zhi.
Shen Jue ne fit pas mine de bouger.
« Je ne veux pas écrire, je veux rentrer.
– Je ne vais pas te laisser rentrer. »
Les paroles de Xie Zhi se firent assez acerbes.
« Qui tu crois vouloir intimider avec ton apparence hideuse, là ? Si tu ne veux pas écrire, libre à toi. Lin Miao va juste penser que tu l’as de nouveau abandonné. Quand ton visage sera guéri et que tu retourneras le voir, tu crois qu’avec son tempérament, il voudra à nouveau de toi ? »
Le regard de Xie Zhi était rempli de sarcasme. Au bout d’un moment, il vit Shen Jue prendre lentement le pinceau.
La lettre fut finalement écrite et déposée dans la demeure où Shen Jue et Lin Chuyan habitaient.
Il y avait un jeune fantôme dans la maison qui semblait au service de Xie Zhi. On ne pouvait pas voir clairement son visage, ce n’était qu’une forme sombre. Il flotta vers eux, prit la lettre et s’en alla.
Après le départ du petit fantôme, Xie Zhi sortit de sa manche le flacon qu’il avait acheté au marchand fantôme. Il en fit tomber une pilule qu’il avala directement devant Shen Jue. Puis, le regard vif et les mains lestes, il attrapa Shen Jue qui tentait de s’enfuir et l’emmena dans la chambre.
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Xie Zhi n’opta pas pour la première méthode. Il ne voulait pas complètement briser la personne qu’il tenait dans ses bras. La vengeance était naturellement plus amusante sur le long terme. En plus, Xie Zhi découvrit que les baisers semblaient encore plus énerver l’autre homme.
Chaque fois qu’il embrassait Shen Jue, ce dernier ouvrait de grands yeux, puis tendait les mains pour le repousser, en vain. Au bout du compte, Shen Jue était si furieux que ses yeux devenaient rouges, mais il n’avait pas d’autre choix que de se laisser faire.
Xie Zhi se rendit également compte qu’après plusieurs baisers qui permettaient de transmettre le Qi Yin, la partie blessée du visage de Shen Jue guérissait effectivement, mais c’était très lent. À cause de ça, Xie Zhi était obligé de transmettre son Qi Yin plus souvent et de faire durer ça plus longtemps. Ce petit gars aimait se débattre, alors il devait l’immobiliser dans ses bras. Parfois quand Xie Zhi baissait la tête pour l’embrasser, Shen Jue esquivait. À cause de ça, le baiser était raté et Xie Zhi ne pouvait que recommencer.
Après avoir passé deux semaines à transmettre son Qi Yin, c’était presque devenu une habitude pour Xie Zhi. La première chose qu’il faisait le matin en ouvrant les yeux, c’était de faire venir contre lui Shen Jue, qui dormait dans un coin du lit. L’autre homme dormait encore en général. Quand il se faisait embrasser, ses longs cils frémissaient sans qu’il n’arrive à ouvrir les yeux. Même s’il tentait de le repousser, ses deux mains restaient simplement posées sur les bras de Xie Zhi.
C’était dans des moments pareils que Xie Zhi se disait que l’autre était vraiment adorable. Il ne pouvait s’empêcher de penser que si Shen Jue se montrait toujours ainsi, docile et restant sagement dans ses bras, il pourrait renoncer à sa vengeance…
Mais dès que cette pensée émergea dans son esprit, il se rappela de la douleur d’avoir eu plus d’une dizaine de bâtonnets d’encens enfoncés dans son corps et d’avoir été écorché par Lin Chuyan. Toute cette souffrance, c’était à cause de cet homme en face de lui.
Le regard de Xie Zhi se modifia soudain et ses mouvements qui étaient gentils jusque là devinrent soudain violents. Il mordit brusquement les lèvres de Shen Jue. Quand il vit l’autre ouvrir les yeux, un sourire malveillant apparut au coin de ses lèvres.
« Tu ne ferais pas exprès de te comporter comme ça, hein ? Tu crois que je vais être aussi stupide que je l’ai été dans le temple ? »
Après ça, il s’attendait à ce que Shen Jue lui manifeste sa haine comme avant, mais l’autre homme se contenta de se retourner de l’autre côté pour se rendormir.
Xie Zhi en resta stupéfait un moment, puis il saisit aussitôt Shen Jue par le col pour le tourner de nouveau vers lui. Mais dès qu’il toucha les vêtements, il entendit l’autre faire d’une voix vague et pâteuse :
« La fenêtre est ouverte. »
Xie Zhi se tourna pour regarder la fenêtre. Effectivement, elle s’était un peu entrouverte sous l’effet du vent et à présent, la bise glaciale s’engouffrait par l’ouverture.
« Et alors ?
– J’ai froid, » répondit Shen Jue.
Xie Zhi renifla de dédain.
« Tu veux que j’aille fermer la fenêtre ? Dans tes rêves ! »
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Quelques minutes plus tard, Xie Zhi se tenait devant la fenêtre. Il se pinça les lèvres et ferma la fenêtre en silence. Une fois cela fait, il retourna près du lit. Le fantôme à la peau peinte dormait de nouveau et Xie Zhi ressentit soudain une bouffée de mécontentement. Il se pencha et retourna l’autre personne, ses yeux examinant soigneusement les blessures sur le visage du dormeur.
Les plaies avaient une meilleure allure, mais c’était loin d’être complètement guéri.
En regardant ça, le regard de Xie Zhi tomba de nouveau sur les lèvres de Shen Jue.
Il y avait encore des traces de morsure dessus.
Au bout d’un moment, il baissa la tête et avala les légers cris de protestation de l’autre homme.
Je ne fais que transmettre mon Qi Yin, songea-t’il.
La parole à l’auteur :
Les trois questions du fantôme de Xie Chauve :
Qui est-ce que tu qualifies d’amoureux ?
Tu crois que je vais être aussi stupide que je l’ai été dans le temple ?
Tu veux que j’aille fermer la fenêtre ?
Note de Karura : Le charme de Shen Jue est toujours aussi redoutable !
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