Chapitre 304 : S’il y a une vie après la mort (1)
“Si nous ne sommes pas destinés à être ensemble dans cette vie, alors nous attendrons de renaître et nous espérons pour la prochaine vie.”
Cela faisait deux semaines qu’il pleuvait dans la capitale. La pluie qui tombait en permanence avait rendu morose l’ambiance de cette cité d’ordinaire très animée. Les visages des gens qui n’avaient pas vu le Corbeau d’Or depuis si longtemps étaient aussi gris que le ciel.
Dans la neuvième préfecture de la capitale.
Une douce petite main blanche se tendit de sous l’auvent. Des gouttes de pluie comme du cristal tombèrent sur la paume de la main. Le contact un peu froid fit trembler les doigts. Mais avant que cette main ne soit vraiment trempée par la pluie, elle se fit tirer en arrière.
« Xiao Jue, tu joues encore sous la pluie ? Fais attention à ne pas attraper froid. »
Celui qui venait de parler était un jeune adolescent aux lèvres rouges et aux dents blanches. Il s’agenouilla, sortit un mouchoir, puis ressuya soigneusement les petites mains. Ensuite, il souleva dans ses bras le propriétaire de ces petites mains.
Il s’agissait d’un garçon d’environ quatre ou cinq ans. Après avoir été soulevé, il regarda au loin et décréta :
« Cousin, je veux aller dans les jardins ! »
L’adolescent parcourut le couloir couvert rouge avec le garçon dans ses bras. La pluie coulait des deux côtés du couloir sur le sol dallé et l’adolescent devait baisser la tête pour faire attention. Aux paroles du garçon, il demanda d’un ton nonchalant :
« Et pourquoi tu veux aller dans les jardins ?
– Les fleurs du jardin vont bientôt mourir. »
À cause de son jeune âge, quand le garçon parlait, il avait toujours l’air aussi tendre que son visage, qui était aussi blanc et doux qu’un petit pain vapeur d’un blanc de jade qu’on vendait pour une pièce d’or l’unité dans les restaurants. C’était aussi vraiment très doux au toucher.
L’adolescent leva la tête pour regarder le garçon et il soupira doucement.
« Mais cela ne sert à rien que Xiao Jue aille voir les fleurs du jardin. Les fleurs, comme les gens, ont leur propre destin.
– Le destin ? C’est quoi ? »
Le garçon pencha la tête sur le côté, ses yeux comme des raisins noirs remplis de questions. Au moment où son cousin allait répondre, une voix non loin les interrompit :
« Xiao Jian, Xiao Jue, c’est l’heure de manger. »
L’adolescent et le garçon tournèrent la tête en même temps. Quand ils virent la femme vêtue de manière somptueuse, ils eurent tous les deux un grand sourire.
« Ma tante, pourquoi tu es venue nous appeler toi-même ? Il pleut et le temps s’est bien refroidi. »
L’adolescent s’approcha rapidement d’elle.
La femme eut un doux sourire.
« Je n’avais rien d’autre à faire à la maison, alors le fait de venir vous appeler, ça me fait une promenade. »
Tout en parlant, elle regarda le garçon qui se faisait porter.
« Xiao Jue, pourquoi tu laisses ton cousin te porter à nouveau ? Tu n’as vraiment honte de rien. Le maître que ton père a engagé pour toi va bientôt arriver, alors tu ne pourras plus jouer les bébés.
– Ma tante, c’est moi qui voulais porter Xiao Jue, objecta l’adolescent avec un sourire. Laisse-moi le tenir dans mes bras tant que je le peux encore. D’ici quelques années, Xiao Jue va devenir plus grand et plus lourd, alors je ne pourrai plus le porter. Et il risque aussi de m’interdire de le faire. »
La femme savait que son fils cadet était du genre charmant et affectueux. Plus tard durant le repas, il demanda à s’asseoir sur ses genoux.
Après le déjeuner, le garçon piqua rapidement du nez et fut ramené dans sa chambre par sa gouvernante pour faire sa sieste. À moitié endormi, il fut réveillé par la pluie qui avait redoublé à l’extérieur.
C’était un véritable déluge qui s’abattait sur eux, frappant les dalles en crépitant, comme si les gouttes allaient faire des trous dans le sol. Le garçon se frotta les yeux et se mit assis dans le lit. Il songea de nouveau aux fleurs du jardin.
Il aurait bien aimé aller les voir, mais il repensa à ce qu’avait dit son cousin.
« … Les fleurs, comme les gens, ont leur propre destin. »
Mais c’était quoi, le destin ?
Les gens aussi avaient un destin, alors qu’est-ce que c’était ?
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Il ne put y songer bien longtemps car son père revint. Monsieur Shen était grand et imposant. À chaque fois qu’il rentrait, il aimait piquer son fils cadet avec sa barbe, le réveillant souvent de sa sieste.
« Xiao Jue, tu es content de voir papa ? »
Monsieur Shen caressa les longs cheveux de son fils de sa grosse main, les emmêlant pour en faire un nid d’oiseau. Puis il se rabattit sur le visage. Dès que la peau devint rouge, le jeune homme à côté de lui n’y tint plus et lui demanda d’arrêter, ce qu’il fit tout de suite.
« Père, le visage de Xiao Jue est si tendre qu’il ne peut pas supporter quand tu le frottes comme ça. »
Celui qui venait de parler était le grand frère, Shen Ze. Il ressemblait exactement à son père, sauf qu’il avait un tempérament bien plus calme.
Monsieur Shen vit que le visage de son fils cadet était effectivement devenu rouge et il toussota d’embarras. Mais on ne pouvait pas lui en vouloir : son fils était vraiment si sage qu’il ne pleurait jamais et ne piquait jamais de colère, quoi qu’il lui fasse. Il se contentait juste de le regarder avec ses grands yeux noirs comme des grains de raisin, ne se plaignant même pas que ça faisait mal. C’était tout le contraire de son fils aîné, qui aimait lui répondre depuis tout petit et à présent qu’il avait grandi, il se mettait même à lui faire la morale !
Après avoir toussoté plusieurs fois, il se rappela enfin ce qu’il était venu faire.
« Xiao Jue, ton père a engagé un précepteur pour toi. Il n’y a pas eu besoin de choisir entre le talent et l’apparence. Ton papa et ton grand frère l’ont vu tous les deux et on pense que tu vas l’aimer. »
Quand le garçon entendit ça, il ne réagit pas outre-mesure et se contenta de hocher la tête. Ce comportement docile donna aussitôt envie à son père de le taquiner à nouveau. Heureusement, Shen Ze prit rapidement le garçon dans ses bras.
« Xiao Jue, ton grand frère va t’emmener manger des douceurs. Aujourd’hui, grand frère a ramené beaucoup de friandises délicieuses pour Xiao Jue, » fit Shen Ze.
Il demanda à la nourrice de venir pour habiller le garçon.
Le précepteur se présenta le lendemain au manoir.
Quand il arriva, le garçon était accroupi dans la cour, observant les vers de terre qui sortaient du sol.
« Qu’est-ce que tu regardes ? » fit une voix gentille d’homme.
Le garçon ne leva pas les yeux et répondit doucement :
« Les vers de terre.
– Et pourquoi tu les regardes ?
– Papa a dit que les vers de terre peuvent se diviser en plusieurs morceaux. J’attends de voir ça. »
Après avoir répondu, le garçon se rendit compte que cette voix lui était inconnue, bien qu’elle était très agréable. Il tourna la tête et vit d’abord une paire de jambes. Ces jambes étaient bien trop longues, alors il leva la tête jusqu’à avoir mal à la nuque. Malgré ça, il aperçut à peine le visage de l’autre homme.
C’était un inconnu vêtu de noir.
Le nouveau venu était grand et élancé, son teint aussi clair que de la neige. Ses yeux étaient couverts par un bandeau bleu jade et les lèvres sous le nez droit étaient aussi rouges que des bégonias.
Quand le garçon vit son apparence, il en resta stupéfait un moment. Puis, comme il avait levé la tête trop haut, il perdit l’équilibre et tomba en arrière. Heureusement, l’homme vêtu de noir tendit la main pour le rattraper.
Le garçon regarda ce visage si proche. Il cligna des yeux, puis demanda lentement :
« Vous êtes mon maître ?
– En. »
Les lèvres de l’homme se pincèrent légèrement.
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Pour une raison mystérieuse, le garçon sentit le corps de l’autre trembler légèrement, comme s’il était nerveux ou immensément triste. Il y réfléchit un moment : cet homme devait être nerveux. Après tout, il allait devenir le précepteur de quelqu’un.
Alors le garçon fit d’un ton rassurant :
« N’ayez pas peur, je suis un élève facile. »
Pendant qu’il parlait, un coup de tonnerre retentit. Le garçon n’avait plus peur de l’orage depuis tout petit, alors il tourna la tête pour regarder l’éclair. Par contre, il se rendit compte que l’homme qui le tenait tremblait encore plus.
« Maître, vous avez peur de l’orage ? »
Il se tourna et vit que l’autre restait silencieux. Après réflexion, il tendit ses deux petites mains pour couvrir les oreilles de l’autre homme.
« Comme ça, vous n’aurez plus peur. »
Un autre éclair tomba.
Baboum —
Le bruit fut si fort qu’il sembla fendre la Terre et le Ciel.
Le garçon continua de couvrir les oreilles de l’inconnu vêtu de noir et fit :
« Maître, je m’appelle Shen Jue. »
Il voulait ainsi distraire cet homme.
Mais dès qu’il eut prononcé ces mots, il se retrouva aussitôt dans une étreinte serrée.
Bizarrement, il eut l’impression que l’homme qui le tenait était comme la pluie qui s’abattait sur la capitale.
Rempli d’une détresse et d’un chagrin sans fin.
La parole à l’auteur :
La citation de début est tirée de Chant Divinatoire – Réponse.
C’est une citation très sérieuse ~
Pendant que j’écrivais ce chapitre, j’ai écouté la pure musique de Huanzhou.
Note de Karura : Pour ceux qui veulent entendre cette pure musique, c’est par là :
https://www.youtube.com/watch?v=xsSV5ySWUmo
Bon, inutile de se demander qui est ce mystérieux maître ?
Autre chose, le titre de cet extra renvoie aux dernières paroles de Murong Xiu dans le chapitre 36.
La MTL est assez drôle puisque le mot ‘maître’ est traduit par ‘épouse’.
Cela donne comme dialogue :
Shen Jue : Vous êtes mon épouse ?
Autre homme : Absolument !!!
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