Chapitre 305 : S’il y a une vie après la mort (2)
Le nom de famille du nouveau précepteur était Xie. Il avait été blessé aux yeux et ne pouvait plus supporter la moindre lumière. Même si le ciel était couvert de nuages et qu’il pleuvait, il devait protéger ses yeux avec le bandeau bleu jade. Assis au bureau, Shen Jue regarda l’autre homme en face. Sa voix était ni trop rapide, ni trop lente, mélangée au bruit de la pluie. Au fur et à mesure que le garçon écoutait, il ne put s’empêcher de poser la tête sur la table.
La voix qui faisait la leçon s’arrêta aussitôt.
« Ah Jue, tu ne te sens pas bien ? »
Une main légèrement froide vint toucher son front.
Shen Jue réfléchit un moment, puis secoua la tête.
« Maître, je vais bien, c’est juste que… j’ai sommeil. »
Après avoir prononcé les trois derniers mots, son visage vira un peu au rouge.
Maître Xie se figea un moment, puis ses lèvres aussi splendides que des bégonias s’étirèrent en un très léger sourire.
« Désolé, j’ai parlé trop longtemps. Alors… »
Il regarda vers l’extérieur.
« Tu veux que je demande à ta gouvernante de venir ? »
Shen Jue cligna lentement des yeux.
« Je peux dormir ici, maître ? »
Il trouvait que l’odeur dans la chambre de cet homme était très agréable et légère.
« Bien, » accepta aussitôt maître Xie.
Il demanda ensuite à la gouvernante de venir pour aider Shen Jue à retirer sa tunique et ses bottes. Shen Jue put donc dormir dans le lit de maître Xie, le nez empli du parfum qu’il aimait tant respirer.
Il s’endormit sans s’en rendre compte. Quand il se réveilla, il faisait nuit dehors. Il ne put s’empêcher de saisir la couverture, un peu apeuré.
« Nounou, » appela-t’il sa gouvernante.
Des bruits de pas arrivèrent très vite, mais ce ne fut pas la nourrice qui se présenta : c’était maître Xie. Quand il vit Shen Jue qui avait visiblement peur au lit, il se pencha tout de suite pour le prendre dans ses bras.
« Tout va bien, je suis là. »
Dès qu’il eut fini de parler, il sentit son cou se faire enserrer très fort par deux petits bras. L’enfant dans ses bras semblait vraiment très effrayé. Il s’accrochait à lui et faisait de son mieux pour se blottir dans ses bras.
Le corps de maître Xie se raidit visiblement, mais il se détendit vite et serra même Shen Jue contre lui pour allumer la lumière. Une fois la bougie allumée, il s’assit sur le lit et aida Shen Jue à se rhabiller, mais il ne lui mit pas ses bottes. Grâce à la lumière, Shen Jue n’avait plus autant peur. Il regarda les petites bottes par terre et voulut les mettre, mais il se fit soulever de nouveau avant même que ses pieds n’aient touché sol.
« Ah Jue, tu as faim ? J’ai quelques douceurs ici, manges-en un peu, » l’amadoua doucement maître Xie.
Shen Jue n’avait pas envie de grignoter, mais il se dit que ce ne serait pas bien de refuser. Alors il hocha la tête.
La pluie tombait de plus en plus fort dehors. En train de manger, la moitié des pensées de Shen Jue était focalisée sur la pluie. L’autre moitié se demandait pourquoi sa nourrice n’était toujours pas venue le chercher. Du coup, il ne songeait pas du tout à ce qu’il mangeait. Bien qu’il tenait des douceurs dans sa petite main, il mettait très longtemps à grignoter.
Mais peu de temps après, une main qui contrastait fortement avec la petite main potelée de Shen Jue se tendit.
La main fine et pâle tenait un morceau de gâteau à la rose.
« Ah Jue, tiens. Ouvre la bouche. »
Shen Jue se faisait souvent nourrir par sa mère alors quand il entendit cette phrase, il ouvrit la bouche par habitude. Après avoir pris le gâteau en bouche, il se rendit compte que c’était son précepteur qui le nourrissait, donc il ne put s’empêcher de le regarder.
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Comme il était assis sur les genoux de l’autre homme, il dut lever la tête. Il fut presque obligé de la lever perpendiculairement au sol afin de voir le visage de l’autre homme.
« Maître, je peux me nourrir tout seul. »
Ce n’était qu’une phrase très ordinaire, mais il se rendit compte que le sourire sur les lèvres de son maître disparut aussitôt et que ses lèvres se pincèrent même. Bien que jeune, Shen Jue se rendit compte qu’il y avait un problème avec l’humeur de maître Xie.
Il réfléchit un moment et se reprit :
« Je crois que je n’arriverai pas à me nourrir seul. Maître, vous voulez bien m’aider ? »
Ah, ce gentil sourire était revenu.
Après que l’autre lui ait fait manger un gâteau de rose, Shen Jue vit enfin sa nourrice revenir. Ses yeux s’illuminèrent, mais il fit de son mieux pour cacher sa joie et son soulagement. Il n’était pas à l’aise dans les bras de maître Xie.
Durant le dîner, madame Shen serra son fils cadet contre elle comme d’habitude mais cette fois, elle lui posa une question nouvelle :
« Xiao Jue, tu aimes ton nouveau précepteur ? »
Le garçon réfléchit un moment avant de hocher la tête.
Quand sa mère vit ça, elle sourit.
« Tant mieux si tu l’apprécies. Xiao Jue doit bien apprendre de son maître dorénavant. »
Shen Jue attendit la suite de la phrase, mais rien ne vint. Il ne put s’empêcher de demander :
« Maman, où est la suite ?
– Quelle suite ? » demanda madame Shen, ses yeux remplis d’interrogation.
Shen Jue avait un air très sérieux.
« Maman ne devrait pas dire aussi que je dois faire des efforts pour bien étudier et obtenir la première place à l’examen national ?
– Ton père a été numéro un et ton grand frère a aussi eu la première place. Tu n’as donc pas besoin de passer cet examen national. Grandis bien et sois heureux, c’est ce que ta mère souhaite le plus pour toi. »
En entendant ça, Shen Jue hocha lentement la tête.
Bien grandir et être heureux.
Il avait compris.
Tout le monde dans le manoir appréciait maître Xie. Shen Jue l’appréciait aussi, c’était juste que l’autre semblait trop aimer lui donner à manger, et même des choses qu’il n’avait encore jamais goûté. Au départ, Shen Jue n’avait pas l’habitude d’être assis sur les genoux de cet homme, mais il finit par s’y faire et arriva même à s’endormir dans les bras de maître Xie par la suite.
Six mois plus tard, il était complètement habitué à dormir dans les bras de son précepteur. Quand son père le découvrit, il en fut très triste et se plaignit en privé à son épouse, disant que son fils cadet ne voulait plus dormir avec lui, mais dormait à poings fermés dans les bras d’un étranger.
Madame Shen se moqua gentiment de lui :
« Tu aimes toujours le piquer avec ta barbe, pourquoi tu voudrais qu’il aime dormir avec toi ? Je trouve que son maître se montre bon avec lui et qu’il apprécie son maître. C’est une bonne chose. Alors arrête de te plaindre et de boire du vinaigre. Une fois que Xiao Jue sera grand et arrêtera de sauter dans nos bras, qu’est-ce que tu feras ? »
En entendant ça, monsieur Shen soupira longuement.
« J’espère que le temps va passer très lentement. »
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Il y avait une autre personne qui partageait son opinion.
L’homme regarda le garçon qui dormait dans ses bras. Il leva une main pour lui caresser la joue, mais hésita et la reposa. Ce manège se répéta plusieurs fois. À un moment donné, Shen Jue se réveilla dans ses bras. Ses yeux noirs comme du raisin étaient un peu voilés, signe qu’il n’était pas encore totalement réveillé.
Shen Jue vit la main en l’air de l’autre homme et cligna des yeux. Puis de son propre chef, il approcha son visage pour poser sa joue contre la paume de son maître. Après ça, il leva la tête et le regarda.
« Maître, vous voulez me pincer les joues ? Allez-y, tout le monde aime faire ça. J’ai l’habitude. »
L’homme se figea et après un long moment, il fit dans un souffle :
« Si je commence à te pincer les joues, comment pourrais-je ensuite arrêter… »
Il ne termina pas sa phrase car Shen Jue ne l’écouta pas, étant donné qu’il bâilla au même moment.
Même si monsieur Shen aurait tout donné pour que le temps s’écoule moins vite, les années défilèrent malgré tout. En un clin d’œil, dix ans s’étaient écoulés et Shen Jue avait à présent quinze ans.
La parole à l’auteur : C’est une histoire annexe de la partie Tuer cette beauté et cela n’a rien à voir avec l’histoire principale. L’histoire reprendra à la fin de cet extra, à savoir le retour dans la Cour Céleste.
Commentaires :