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Chapitre 311
Les paroles de cet homme en noir firent tellement rougir de colère le fils cadet de l’Empereur de Jade qu’il en fut incapable de parler. Quand l’autre homme le vit dans cet état, il partit d’un rire moqueur, puis il tourna de nouveau son attention sur Shen Jue.
Il le regarda d’abord de la tête au pieds, puis s’attarda une paire de fois sur son visage. Pour finir, ses yeux se fixèrent sur son front.
« Petit immortel, le Miroir à souvenirs se trouve en toi. »
Il déclara ça d’un ton affirmatif.
Après un moment, il rit de nouveau et fit :
« Je comprends mieux à présent. Petit immortel est tellement beau que ce type n’a pas pu l’oublier. Je l’ai tellement baisé qu’il a repris sa forme d’origine, pourtant il s’est emparé du Miroir à souvenirs avant de s’enfuir pour retourner au Ciel. »
Devant ces paroles insultantes, le visage de Shen Jue s’assombrit.
Les paroles de cet homme le rendaient malade.
« La ferme ! »
Le jeune prince retrouva finalement sa voix et siffla ces mots.
Shen Jue prit la parole à son tour. Il fit à l’homme en noir :
« Je vais le tuer aujourd’hui, un point c’est tout. »
L’autre homme fit claquer sa langue en entendant ça.
« Faut-il vraiment que ce soit aujourd’hui ? Autant que possible, je préférerais éviter de t’affronter, petit immortel. Après tout, j’aime les jolies choses. »
Malgré ça, dès qu’il eut fini de parler, il avait déjà attaqué Shen Jue. Ce dernier brandit aussitôt son épée pour lui faire face. En à peine un court moment, ils avaient déjà échangé plus de vingt coups.
L’homme en noir se montra tout d’abord insouciant mais lentement, son regard se modifia et ses attaques se firent plus sérieuses. Shen Jue s’était entraîné pendant des milliers d’années depuis qu’il avait intégré le Mont du Nuage Liquide Sacré. Il n’avait jamais pris un seul jour de repos, alors son niveau de cultivation était bien plus élevé que celui de son grand frère martial. Sans ça, il n’aurait pas réussi à battre pratiquement à mort le fils cadet de l’Empereur du Ciel tandis qu’il était sous l’emprise d’une drogue aphrodisiaque.
Une autre attaque s’abattit comme la foudre. Même si ce furent les pruniers qui subirent la majeure partie de l’attaque, l’homme en noir fut blessé et recula de deux pas. Il recouvrit son bras ensanglanté et jeta un rapide coup d’œil au jeune prince qui se trouvait non loin. Il leva soudain sa manche et une centaine de petits serpents noirs en jaillirent.
Ces petits reptiles volèrent en direction de Shen Jue. Quand il brandit son épée pour les intercepter, l’homme en noir se transforma aussitôt en un serpent d’environ dix zhang de long qui s’enroula autour du prince. Voyant ça, Shen Jue voulut aussitôt se lancer à leur poursuite, mais il y avait bien trop de serpents qui bloquaient son chemin. Il ne put que lancer un sort pour tenter de les ralentir. Le sort parut toucher le serpent noir, mais le temps que Shen Jue finisse de tuer tous les petits serpents, le fils cadet de l’empereur et l’homme en noir avaient déjà disparu.
La main de Shen Jue qui tenait l’épée trembla légèrement. Puis il serra les dents et enfonça son épée dans le sol. Le sang coula de la lame pour tomber parmi les pétales de pruniers, ajoutant une touche de couleur vive.
Les dépouilles de serpent tout autour se confondaient avec les pétales de pruniers, une scène à la fois répugnante et belle.
Après un long moment, l’odeur de sang devint de plus en plus forte dans l’air. Shen Jue retira son épée et jeta un sort sur les carcasses de serpent. Elles disparurent rapidement, de même que le sang. Shen Jue remit la forêt en état avant d’en sortir. Tout en s’éloignant, il nettoya le sang sur sa lame et transforma l’arme en épingle argentée. Il se rattacha les cheveux avec, puis reprit l’apparence d’un immortel ordinaire.
Cette fois, il n’avait réussi qu’à battre l’herbe et effrayer le serpent. Il n’avait même pas réussi à tuer le fils cadet de l’Empereur de Jade. Tuer l’Empereur en public ne resterait donc qu’un rêve. Shen Jue s’arrêta pendant qu’il retournait dans la salle de banquet. À ce moment-là, un groupe de fées arriva dans sa direction.
En tête se trouvait une personne que Shen Jue n’avait encore jamais vue, alors il ne put s’empêcher de la regarder plusieurs fois. Ses regards ne furent pas au goût des autres femmes. L’une des fées releva fièrement le menton et lui jeta un regard mécontent :
« De quel palais tu viens et comment oses-tu avoir le culot de fixer ainsi notre future concubine impériale ? »
La future concubine impériale ?
Shen Jue regarda automatiquement de nouveau la fée en tête. Vêtue de blanc, elle avait une apparence et un tempérament hors du commun. Il nota que les bijoux qu’elle portait dans ses cheveux étaient ornés de plumes, elle devait donc appartenir au clan des oiseaux.
« Tu oses encore la regarder ! »
La fée qui avait réprimandé Shen Jue en premier sortit du groupe, vraiment furieuse. Elle s’approcha de lui à pas rageurs et leva la main pour le gifler. Mais bien sûr, elle ne réussit pas à le toucher.
Cette fée qui voulait le frapper était aussi un oiseau. Les plumes de sa queue n’étaient pas totalement rétractées et elles pointaient de sous sa robe. Après que Shen Jue ait esquivé son coup, il ne put s’empêcher de lui faire remarquer :
« On peut voir les plumes de ta queue. »
La fée regarda aussitôt derrière elle, puis son petit visage devint très vite rouge. Encore plus furieuse, elle pointa Shen Jue du doigt et fit d’un ton à la fois féroce et de victime :
« Tu es vraiment sans gêne !
– Ah Ling, arrête de faire des histoires et reviens, » fit la fée en tête qui s’arrêta.
Après avoir fini de réprimander ce membre de son clan, elle tourna les yeux vers Shen Jue, hocha légèrement la tête, puis partit. La fée du nom de Ah Ling renifla à l’intention de Shen Jue avant de suivre rapidement le reste du groupe.
Shen Jue regarda dans la direction où la fée partait et une lueur défila dans ses yeux. S’il voulait tuer l’Empereur en public, il serait naturellement incapable de le faire. Mais s’il le faisait en privé ? Si l’Empereur de Jade était ivre, Shen Jue aurait des chances de l’emporter dans une certaine mesure. Sauf que les seules personnes à pouvoir se retrouver seules avec l’Empereur étaient ses concubines.
Le problème, c’était que Shen Jue s’était toujours concentré uniquement sur sa cultivation et qu’il ne savait même pas combien de concubines avait actuellement l’Empereur de Jade, et encore moins qui elles étaient. En songeant à cela, il retourna au banquet. À cette heure-ci, l’Empereur du Ciel et les autres nobles de la salle principale s’étaient retirés depuis longtemps, ne laissant que quelques immortels qui n’avaient pas souvent l’occasion de monter au Neuvième Ciel.
Effectivement, tous les immortels ne pouvaient pas venir ici à leur guise. Le Ciel était similaire au monde mortels, avec ses rangs et ses grades bien distincts. Le Neuvième Ciel était comme la cité impériale dans le monde des mortels, les dieux et déesses ordinaires ne pouvaient pas s’y rendre. Il y avait bien des dieux dans le Ciel et la grande majorité n’avait jamais pu mettre les pieds dans le Neuvième Ciel.
Pour sa part, ce n’était que la troisième fois que Shen Jue venait. La première fois avait été pour l'Assemblée de la Pêche d'Immortalité. La seconde fois, c’était quand il avait été capturé et battu par les gardes célestes, puis amené là. Ceci était donc la troisième fois.
Shen Jue trouva un immortel qui avait l’air d’avoir bien bu et vint entamer la conversation avec lui. Après l’avoir interrogé un long moment, il obtint enfin quelques informations utiles. L’Empereur de Jade avait une Impératrice et trois concubines impériales. Cela faisait déjà longtemps que l’Impératrice était décédée. Quant aux concubines, la troisième était née dans le clan des oiseaux et c’était une cousine de l’Empereur. Cela faisait d’elle la favorite.
Le clan des oiseaux ? Cela correspondait à la fée qu’il avait vue tout à l’heure, sauf que la dame de compagnie du nom de Ah Ling l’avait décrite comme la “future concubine impériale”.
« Y a-t’il déjà eu l’intronisation pour la troisième concubine ? » demanda Shen Jue.
L’immortel qui puait l’alcool agita la main d’un geste négligeant.
« Pas en… encore… d’intronisation… »
Tout à coup, une escouade de gardes célestes fit irruption dans la salle. L’un d’eux était le général Tian Qin qui était en charge de la sécurité dans le Neuvième Ciel. Il balaya la foule du regard et leva subitement la main pour déclarer d’un ton glacial :
« Mesdames et messieurs immortels, nous venons juste de nous rendre compte qu’un démon s’est infiltré dans le Neuvième Ciel, alors nous avons besoin de vérifier vos identités. Veuillez sortir vos invitations pour que nous ayons la confirmation de vos identités et pour que nous puissions assurer votre sécurité. »
L’arrivée du général Tian Qin rendit Shen Jue nerveux. Il ignora l’immortel avec qui il avait discuté pour s’enfoncer discrètement dans la foule. Ce qui était commode, c’était que ces immortels avaient bien trop bu, alors ils ne se montrèrent pas très coopératifs et mirent beaucoup de temps à sortir leurs invitations. Au début, le général Tian Qin se chargeait de vérifier un par un mais par la suite, il perdit patience et ordonna à ses hommes de l’assister pour les vérifications.
Le garde céleste qui s’occupa de Shen Jue ne parvint pas du tout à percer son sort de déguisement. Il s’assura seulement que Shen Jue n’avait aucun Qi démoniaque émanant de lui et que son invitation était authentique, puis il passa à l’immortel suivant.
…
De son côté, le général Tian Qin s’approcha d’un immortel assis par terre. Il fronça le nez en sentant la forte odeur d’alcool qui émanait du corps de l’autre.
« Immortel, vous voulez bien me montrer votre invitation ? »
Mais l’immortel n’en fit rien et se contenta de marmonner :
« Pas encore d’intronisation… alors comment… tu peux l’appeler… concubine impériale ? Où il est ? Tu aurais pu… m’écouter jusqu’au bout, ah. »
Après que le général Tian Qin soit parti avec tous les gardes célestes, Shen Jue quitta la salle de banquet à son tour. Suivant son intention de tout à l’heure, il jeta un sort de localisation sur la fée du nom de Ah Ling.
Il suivit le sort et arriva à un palais. Le bâtiment était somptueux, avec un oiseau en bois qui étirait les ailes au-dessus de la porte haute.
Après avoir fixé un long moment la porte du palais, il employa une technique d’invisibilité. L’accès au palais n’était pas protégé par une barrière, alors Shen Jue put entrer avec une facilité déconcertante. Il y avait beaucoup d’oiseaux qui volaient autour du parc devant le palais, des paons, des passereaux, des pies… Il y avait encore bien des oiseaux dont Shen Jue ignorait le nom.
Il trouva le palais principal et s’approcha lentement de la porte. Avant qu’il ne puisse entendre le moindre mouvement à l’intérieur, la porte s’ouvrit tout de suite.
C’était la fée du nom de Ah Ling.
Quand elle fut sortie, elle referma la porte du palais derrière elle et s’éloigna.
Shen Jue la regarda partir, puis il réfléchit un moment et prit son apparence. Il rouvrit la porte du palais tout en dressant une barrière autour du bâtiment principal.
Il n’y avait personne d’autre dans le palais, hormis la noble fée que Shen Jue avait vue tout à l’heure.
L’immortelle du clan des oiseaux était assise devant un miroir en pied. Quand elle entendit du bruit derrière elle, elle se retourna et contempla Shen Jue avec une lueur de surprise dans le regard.
« Ah Ling, pourquoi tu es revenue ?
– Je suis toujours furieuse ! Cet homme tout à l’heure est allé trop loin et son regard était bien trop insistant ! »
Tout en disant cela, Shen Jue s’approcha de la femme.
À ces mots, la fée oiseau secoua la tête d’un air démuni.
« À quoi bon se fâcher ? Cet homme était juste curieux et m’a regardé plusieurs fois à cause de ça, c’est tout. Par contre, quand je l’ai vu, il ne m’a pas paru être un immortel ordinaire. Il a été très agile pour esquiver ton coup. »
Quand elle prononça ces mots, elle avait une lueur songeuse dans le regard.
Le temps qu’elle parle, Shen Jue était déjà arrivé à ses côtés. Il fit exprès de regarder ailleurs et de pousser un cri d’exclamation. Quand cela attira l’attention de la femme, il pratiqua rapidement une technique d’immobilisation.
Après ça, il lui murmura :
« Désolé. »
La fée le fixa d’un air de surprise et de doute. Au bout d’un moment, elle hasarda :
« Tu n’es pas Ah Ling, pas vrai ? Qui es-tu ?
– Je ne fais qu’emprunter votre identité de concubine impériale. Veuillez me pardonner. »
Après ça, Shen Jue pratiqua une autre technique pour l’endormir. Il prit ensuite la longue ceinture blanche sur la coiffeuse et transféra son Qi spirituel à l’intérieur. Il dirigea la bande de tissu pour qu’elle s’enveloppe autour de la fée, qu’elle la soulève et qu’elle la transporte dans l’armoire.
Une fois qu’il eut enfermé la fée dans l’armoire, il dressa une barrière tout autour. Ainsi, même si quelqu’un ouvrait la porte de l’armoire, il ne pourrait pas voir la fée à l’intérieur. Cette technique de sommeil allait la faire dormir pendant au moins sept jours.
Durant ces sept jours, l’Empereur de Jade allait bien venir au moins une fois, non ? Le mieux serait qu’il vienne dès ce soir.
Après s’être occupé de la fée oiseau, Shen Jue prit son apparence et s’assit devant la coiffeuse. L’épingle argentée resta dans ses cheveux, mais il mit quelques plumes dessus pour la masquer un peu.
Après avoir attendu un long moment, Shen Jue vit entrer Ah Ling et une autre fée. Elles apportaient des vêtements et firent avec un grand sourire :
« Princesse, sa Majesté a organisé un petit banquet et il demande à la princesse de venir en portant ceci. »
Quand Shen Jue entendit ça, son regard n’exprima aucune joie, mais plutôt de la suspicion. À cause de son fils cadet, l’Empereur de Jade devait déjà savoir qu’il était là car Shen Jue l’avait alerté par inadvertance. Cela dit, il ne risquait pas d’avoir tant d’opportunités que ça de venir au Neuvième Ciel. Cette fois-ci, cela avait été grâce à une invitation pour un banquet.
Par conséquent, il ne pouvait pas renoncer à cette occasion d’être venu au Neuvième Ciel et de se rapprocher de l’Empereur. S’il préférait renoncer car il soupçonnait un festin de Hongmen Un piège. (1), quand pourrait-il revenir une autre fois ? Dans un mois ? Dans un an ? Dans plusieurs décennies ? Dans plusieurs centaines d’années ?
Il se pouvait que l’Empereur de Jade ignorait qu’il avait pris la place de la princesse oiseau. Si ça se trouvait, ce banquet n’était qu’un repas ordinaire.
Et même s’il renonçait et que le jeune prince allait ensuite se plaindre auprès de son père, Shen Jue serait incapable de leur réchapper. Et même s’il s’enfuyait, ce serait le Mont du Nuage Liquide Sacré qui serait puni à sa place. C’était la seconde fois qu’il essayait de tuer le fils cadet de l’Empereur de Jade, alors il risquerait la peine capitale. Puisqu’il allait mourir dans tous les cas, autant tenter le coup, non ?
Après que Shen Jue se soit changé, une servante fée le conduisit dans un autre palais. Cet endroit était bien plus luxueux que le palais qu’il venait de quitter, au moins dix fois mieux. Les immenses piliers en marbre en dehors du palais montaient jusqu’aux nuages, ornés de dragons et de phénix. Quand Shen Jue vit les décorations sur les piliers, il sut qu’il avait vu juste.
Ce devait être le palais de l’Empereur de Jade et la fée dont il avait pris l’apparence devait être sa concubine impériale.
Les dragons et les phénix n’étaient pas le genre d’ornements qu’on trouvait dans n’importe quel palais.
Autrefois, Shen Jue avait été conduit de force au palais du jeune prince après avoir été capturé et battu. Les gardes célestes l’avaient obligé à s’agenouiller devant le lit du prince et il dut se prosterner devant le prince inconscient et reconnaître son crime. Grâce à son excellente mémoire, il se rappelait même clairement des ornements sur les piliers de marbre devant le palais du prince.
Il y avait seulement eu des dragons dessus, pas de phénix.
Étant donné qu’il venait de songer au passé, la respiration de Shen Jue se fit un peu plus rapide. Il fit de son mieux pour se calmer et entra lentement dans la salle, suivant la servante.
La pièce était brillamment éclairée et de la nourriture et de la boisson étaient préparées sur la table. Il n’y avait personne à l’intérieur. Après qu’il soit entré, la servante fit :
« Princesse, prenez d’abord un peu de thé. »
Ah Ling était venue avec lui mais là, la servante lui demanda de la suivre dehors.
Shen Jue contempla la salle vide et leva la main pour retirer l’épingle argentée de ses longs cheveux avant de la cacher dans sa manche. Il ne s’assit pas, mais resta debout devant la table, regardant tous les endroits où quelqu’un pourrait se cacher. En même temps, il utilisa un sort pour savoir si quelqu’un d’autre était là.
Il n’y avait vraiment que lui dans la pièce, mais il ne baissa pas sa garde pour autant. Il conserva le dos bien droit et garda les yeux fixés sur la porte. Au bout d’un très long moment, il y eut enfin du mouvement de l’autre côté.
Quelqu’un ouvrit la porte.
Bien que Shen Jue vit la porte s’ouvrir, il n’aperçut qu’une main.
Cette main était négligemment posée sur la porte. Elle était fine et aux jointures bien définies, la peau était lisse et luisait presque comme du jade blanc.
« Princesse, vous pouvez repartir. »
Cette voix ?
Ce n’était pas celle de l’Empereur de Jade.
L’Empereur n’avait pas une voix si jeune.
Shen Jue en resta stupéfait. Quand il se ressaisit et courut à la porte, l’autre homme était déjà parti. Il n’avait rien pu voir à part la main et la couleur des vêtements de cet homme : blanc comme la neige.
Toutefois, il était sûr que cet homme n’était pas l’Empereur de Jade. De toute évidence, il s’était induit en erreur tout seul.
Bon sang !
Shen Jue serra les dents et regarda la porte où s’était trouvée la main de l’autre homme. Irrité, il remit l’épingle en place dans ses cheveux. Dès qu’il revint à l’intérieur de la pièce, la servante qui l’avait conduit ici entra. Elle le fixa avec crainte et révérence.
« Princesse, le souverain céleste a subitement eu un empêchement, alors il ne pourra pas dîner avec vous. »
Le souverain céleste ? Depuis quand y avait-il un autre souverain au Ciel ?
Il repensa aux bottes ornées d’oiseaux qu’il avait vues durant le banquet. Les bottes de l’Empereur de Jade et de ses fils arboraient tous des motifs de dragon. En outre, très peu d’immortels étaient qualifiés pour assister à un banquet avec l’Empereur en personne. Se pouvait-il que durant les mille ans de son absence, le Ciel avait gagné un second souverain ? Mais ni son maître, ni son grand frère martial n’avaient parlé de ce roi.
Shen Jue expira longuement et reprit son calme. Il hocha tranquillement la tête à l’intention de la servante.
« Puisque le souverain céleste est occupé, je vais rentrer. »
Il sortit avec Ah Ling mais avant qu’il ne quitte le palais, quelqu’un courut derrière lui, un petit garçon immortel. Cet enfant avait l’air totalement aimable et adorable. Il était aussi très jeune : vu sa taille, il avait sans doute l’équivalent de trois ou quatre ans d’un enfant mortel.
Le garçon courut sur ses jambes courtes et fit :
« Attends ! La belle dame devant, attends-moi ! »
Shen Jue le regarda et arbora un air surpris.
« Qu’y a-t’il ? »
Le garçon s’arrêta devant lui en haletant. Pendant qu’il reprenait son souffle, il tendit une boîte en brocart à Shen Jue.
« Le souverain céleste m’a demandé de te remettre ça, belle dame. »
Voyant que Shen Jue ne réagissait pas, il se dressa sur la pointe des pieds et leva la boîte bien haut avec ses deux bras potelés.
« Belle dame, prends-la. »
Shen Jue se pinça les lèvres et prit la boîte. Après ça, il la tendit à Ah Ling à côté de lui. Puisqu’il s’agissait d’un cadeau du roi céleste à la fée oiseau, ce n’était pas à lui de le recevoir.
Mais quand le garçon le vit faire, son petit visage devint tout à coup très triste.
« Belle dame, tu ne dois pas donner cette boîte à quelqu’un d’autre. Tu dois la tenir toi-même, d’accord ? »
En disant cela, des larmes apparurent dans ses deux yeux bien ronds. Une grosse larme se mit même à couler.
Shen Jue ne savait absolument pas s’y prendre avec les enfants. En voyant ça, il ne put que reprendre la boîte en brocart des mains de Ah Ling.
« D’accord, je la prends. Ne pleure pas. »
Il s’agenouilla et sortit un mouchoir de sa manche pour le tendre au garçon.
« Ressuis tes larmes. »
L’enfant prit rapidement le mouchoir des mains de Shen Jue et hocha vigoureusement la tête.
Shen Jue se releva ensuite et se tourna pour partir. Le garçon immortel continua de regarder dans sa direction jusqu’à ce que Shen Jue disparaisse de sa vue. Ce fut alors qu’il fit demi-tour et se mit à courir. Il alla si vite que les servantes, qui avaient reçu l’ordre de ne pas le suivre, réapparurent. Elles lui coururent derrière.
« Votre Altesse, allez moins vite ! »
Mais le garçon fit mine de ne pas les entendre et courut sur ses deux jambes courtes jusqu’à arriver à destination. Finalement, il se précipita dans un palais et se jeta comme une tornade dans les bras d’un homme vêtu tout de blanc.
« Regarde le beau mouchoir ! »
L’homme était en train de regarder par la fenêtre, mais il se fit ainsi interrompre. Il se tourna vers le petit garçon, puis ses yeux tombèrent sur le mouchoir. Mais il eut à peine le temps de le regarder que le garçon avait déjà caché le mouchoir dans son dos.
Le garçon sourit et fit d’un ton très fier :
« C’est à Momo, pas à toi ! »
L’homme ne dit rien mais l’instant d’après, le mouchoir que dissimulait le garçon se retrouva dans sa main. Quand le petit vit ça, il se mit aussitôt à pleurer et à crier, mais l’autre homme l’ignora totalement. Du coup, le garçon n’eut pas d’autre choix que de s’arrêter, mais il saisit la manche blanche comme la neige de l’autre homme afin de se venger en ressuyant ses larmes et sa morve dessus.
Mais avant d’avoir pu faire ça, l’enfant se fit transformer en oisillon.
L’homme vêtu de blanc l’attrapa dans ses mains et le plaça dans la cage à côté de lui.
Le petit oiseau qui se fit ainsi enfermer dans la cage fut si furieux qu’il se mit à donner des coups de son bec pointu sur les doigts de l’homme, puis sur la cage, mais en vain. Finalement, il se fatigua tellement qu’il s’endormit.
L’homme vêtu de blanc contempla le mouchoir qu’il tenait. Au bout d’un long moment, il le porta à son nez et inspira doucement.
Une fois que Shen Jue revint au palais de la fée oiseau, il posa négligemment la boîte en brocart sur la table basse. Cependant, la boîte s’ouvrit alors automatiquement révélant deux plumes de queue à l’intérieure. L’une des plumes était noire à la pointe, mais d’un blanc immaculé en haut. Elle était très longue, presque comme deux paumes, tandis que la plume à côté était plus petite, totalement blanche et ne faisant qu’une moitié de paume.
Shen Jue contempla les deux plumes et sans savoir pourquoi, il tendit la main pour les prendre. Mais dès qu’il les souleva, les deux plumes fondirent dans sa main pour fusionner avec. Il n’eut même pas le temps de réagir.
La paume de sa main était propre et il n’y avait rien de bizarre dessus. C’était impossible de dire que deux plumes venaient de fondre dedans.
Shen Jue fronça les sourcils. Il s’agissait des plumes d’un membre du clan des oiseaux. Si le propriétaire de ces bottes ornées d’oiseaux qu’il avait vues avant était bien le souverain céleste, alors cet homme était-il aussi un oiseau ? Ceci était une manière pour le clan des oiseaux de déclarer ses sentiments ou quelque chose dans le genre ?
Mais ces plumes se trouvaient à présent dans son corps à lui…
Le regard de Shen Jue se posa sur l’armoire. Il se sentit tout à coup vraiment désolé pour cette fée. En venant cette fois au Ciel, c’était dans le but de tuer l’Empereur de Jade et son fils cadet, alors il n’avait rien apporté, hormis des pilules pour soigner les blessures. Il fouilla un long moment dans son sac de stockage avant de trouver un flacon de pilules qu’il prenait en général pour tonifier son corps.
Il mit le flacon dans la coiffeuse de la fée. S’il en avait l’occasion plus tard, il demanderait à son grand frère martial de raffiner des pilules de beauté pour les offrir à la fée. Son grand frère martial était vraiment très doué pour l’alchimie.
Il ne pouvait pas actuellement rendre son identité à cette femme et la laisser partir. Cette fée oiseau avait un statut assez noble et il avait besoin de cette occasion pour rencontrer l’Empereur de Jade. De plus, s’il la libérait maintenant, la femme révélerait sa présence, ce qui ne ferait que créer encore plus de problèmes. Il n’avait donc pas d’autre choix que de léser temporairement la fée oiseau.
Il ne pouvait que se sentir désolé pour elle.
La montagne du Dragon Yin.
Un serpent noir volait par-dessus la montagne avec sa queue enroulée autour d’un homme. Avant d’atterrir, le serpent noir fit tomber l’homme, puis prit forme humaine. Il s’agissait de l’homme en noir qui avait combattu plus tôt avec Shen Jue dans la forêt de pruniers du Neuvième Ciel.
Cet homme fixa le jeune prince qui gisait au sol, assommé par lui en cours de route. Avec un reniflement de dédain, il retira le bracelet en argent de son poignet et le transforma en un long fouet. Il l’entoura autour du cou du prince et lança un sort pour protéger son ventre. Après tout ça, il tira carrément le fils cadet de l’Empereur de Jade en avant.
Le sable et les gravillons entaillèrent les vêtements et le visage du prince. L’homme en noir ignora cela et se tourna seulement occasionnellement pour vérifier le ventre de son prisonnier. Voyant que tout allait bien de ce côté, il reprit son avancée. Il faisait une tête horrible à voir à cause de ses blessures.
L’autre immortel avait semblé doux et fragile, mais ses attaques étaient vraiment féroces. Si l’homme en noir avait pu manger l’œuf comme prévu, il lui aurait donné une bonne leçon. Mais ce dragon qui traînait par terre était vraiment un bon à rien. Il prenait si longtemps à pondre cet œuf. Et maintenant qu’il était blessé, l’œuf ne pouvait pas sortir. Quand est-ce que l’homme en noir allait enfin pouvoir absorber cet œuf afin de renforcer son corps ?
Ce genre de bon à rien était né dragon. Alors pourquoi était-ce si difficile pour lui de se transformer en dragon ?
Note de Karura : Si vous vous souvenez du garçon prénommé Momo, vous avez tout compris 😁
Pour ceux qui ne connaissent pas, offrir une plume de sa queue est effectivement un geste de cour pour les membres du clan des oiseaux. C’est repris dans plein d’autres novels.
Notes du chapitre :
(1) Un piège.
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