Child of the Night 79

Partie Soixante-dix-neuf : Étrange familiarité


L'an de grâce 1892
Château Draculea, Transylvanie


Jonathan dormit longtemps mais il était pourtant encore fatigué lorsqu'il se réveilla. Mes rêves, songea-t-il en s'asseyant, un peu faiblement. Ça doit être ça. Des rêves très étranges, en plus. Il se sentit rougir bien qu'il n'y ait personne d'autre dans la chambre pour remarquer son embarras. Il ne pouvait pas se rappeler grand-chose de ces rêves mais il savait qu'ils étaient sexuels. Ils l'étaient toujours lorsqu'il se réveillait avec une sensation collante sur l'aine.

Mais c'était différent aussi. La chambre était à moitié éclairée par un bon feu, signe que quelqu'un était venu pour l'attiser pendant qu'il dormait. Jonathan poussa la couverture et examina son propre corps en passant ses doigts sur son ventre et ses cuisses. Oui, il y avait une légère sensation poisseuse mais pas du tout ce qu'il aurait attendu. Ses doigts s'arrêtèrent soudain sur sa jambe. Comment me suis-je déshabillé ? Je ne me rappelle pas... Je suis sûr de m'être endormi sur la couverture. Il poussa un peu plus la couverture et remarqua que le bord avait été tourné pour le recouvrir. Il se renfrogna. S'il avait été suffisamment réveillé pour faire ça, pourquoi n'avait-il pas décemment mis sa chemise de nuit ?


La tête pleine de questions, il se leva et se rendit à la commode. Comme il s'y attendait, il y avait de l'eau fraîche, du savon et des vêtements, et il se nettoya rapidement. La mère de Jonathan n'avait rien trouvé d'étrange à son envie de se baigner tous les jours mais il n'avait pas pu vraiment le faire depuis son enfance. La sœur du vicaire et la gouvernante s'étaient amèrement plaintes de la gêne occasionnée même lorsqu'il avait proposé de tirer l'eau et de la chauffer lui-même, et cela n'avait tout simplement pas été possible à l'école. Sa propriétaire actuelle était plutôt d'accord mais il se sentait égoïste de demander à cette vieille dame (ou à son mari tout aussi vieux) de porter et de chauffer l'eau, et elle insistait pour le faire car "Après tout, vous êtes l'invité." Il songea avec mélancolie qu'il pourrait peut-être emprunter une baignoire s'il restait plus d'un jour.


Il se lavait le cou en songeant à cela et il grimaça lorsque sa main passa sur un endroit sensible. En fronçant les sourcils et en regrettant qu'il n'y ait pas de miroir, il tâta prudemment la zone. C'était douloureux et... Était-ce une piqûre ? Il retira les draps et examina le lit mais il semblait magnifiquement propre, sans trace de vermines. Bon, songea-t-il, perplexe, je me suis peut-être gratté durant la nuit. Si j'ai pu me déshabiller sans m'en souvenir, j'ai sûrement pu faire ça aussi.

Il s'habilla. Après une hésitation, il ne prit pas le col rigide et les manches, laissant les vêtements doux sans ornement. Une partie des affaires, lui avait-on dit, était de s'adapter pour correspondre à ceux que vous serviez. D'après ce qu'il avait vu et d'après ce qu'il avait glané dans les lettres de Robert, Draculea était plus confortable avec une atmosphère légèrement informelle. Il consulta sa montre et découvrit qu'il était à peine six heures. Il attendait en général la fin de l'après-midi pour porter des vêtements plus détendus mais Je peux me changer assez rapidement si j'ai mal jugé, songea-t-il en se peignant les cheveux.


Une fois habillé, il s'arrêta. Le vide dans son estomac indiquait assez bien le temps qui s'était écoulé et de la nourriture serait la bienvenue, mais il hésitait à parcourir une maison privée. Surtout une demeure de cette taille. Je pense qu'on pourrait se perdre ici. Pourtant, il ne voulait pas se contenter de rester assis dans sa chambre en attendant une convocation.

Finalement, il ouvrit la porte et sortit dans le couloir. Il découvrit qu'il était bien éclairé, un bon nombre de bougies vacillant dans des appliques sur les deux murs. Il s'arrêta pour regarder l'une des fixations. En tendant la main pour la toucher, il découvrit que le porte-bougie était recouvert de vieille cire friable — et de poussière. C'était comme si une centaine de chandelles avaient brûlé ici, mais pas récemment.


Jonathan songea brièvement à explorer le château mais décida que ce serait beaucoup plus acceptable de rester dans les parties publiques du bâtiment. Il allait sûrement rencontrer le prince, ou quelqu'un de son entourage, dans les pièces qu'il avait déjà visitées.

Il se dirigea dans la grande salle et fut surpris de la trouver occupée. Un des tziganes avait tiré une chaise devant l'entrée et s'y adossait négligemment. Il observa Jonathan d'un regard sombre et indéchiffrable alors qu'il s'approchait.

Jonathan s'arrêta à proximité et fit :

«  Jo reggelt. Hol van a herceg ? Bonjour. Où se trouve le prince ? (1)  »

Le tzigane était de toute évidence surpris mais il répondit :

« Reggel ? Az nem reggel. O alszik a alszik-ból csak, Angol férfi. Ön beszél Magyar jól. Jour ? Ce n'est pas le jour. Il dort du sommeil du juste, Anglais. Vous parlez bien le hongrois. (2)  »

Il sourit et fit avec un accent à couper au couteau :

« Mais vous parlez pas Rom, je crois. Ils dorment encore. »

Il désigna le bas du couloir.

« Nourriture dans cuisine. »


« Jonathan n'était pas sûr s'il devait se sentir soulagé ou inquiet que certains serviteurs pouvaient le comprendre.

« Merci. »

Avant de partir, il fit d'un ton rempli de doutes :

« Ce n'est pas le matin ? Combien de temps ai-je dormi ? »

L'homme haussa à nouveau les épaules.

« Nuit bientôt. Ils se réveillent alors. Vous allez manger. »

Il sourit et il y avait quelque chose d'étrangement sage dans son expression.

« Vous besoin être fort. »

Se sentant plus que perdu, Jonathan suivit le chemin que l'homme avait indiqué — un long couloir de pierres blanches qui semblait mener derrière les pièces principales du rez-de-chaussée. Il était content qu'il y ait encore des bougies à intervalle régulier parce qu'il y avait des tournants qui menaient dans des directions étranges. Il serait facile de se perdre ici, songea-t-il, mais il pouvait à présent entendre un faible murmure et il le suivit.


Finalement, il entra dans une pièce spacieuse à plafond bas. Elle était beaucoup plus claire et chaude que le reste du château, grâce à trois foyers séparés et deux fourneaux. Tous les âtres étaient allumés, ainsi que l'un des fourneaux. Il y avait de nombreux tziganes assis à une grande table, paraissant très à l'aise alors qu'ils fumaient et discutaient entre eux tandis qu'un autre remuait une casserole sur le fourneau et qu'un autre encore tournait une broche de viande de bonne taille au-dessus de l'un des feux. Toutes les conversations s'éteignirent lorsque Jonathan entra. Une voix familière héla :

« Bonsoir, mister Harker. »

Jonathan fut soulagé de voir Simion, l'intendant du prince, assis parmi les hommes. Il tenait une chope de bière mais, bien qu'il semblait complètement détendu, il avait aussi un certain air d'autorité. Il était clair que c'était à lui que le groupe se référait. Jonathan se rapprocha.


« Bonsoir. Je crois que j'ai amusé l'homme de garde devant la porte lorsque je lui ai dit 'bonjour'. Il est vraiment si tard que ça ?

- Il faut comprendre, monsieur, que pour cet endroit, ce pourrait tout aussi bien être le matin. »

Il adressa quelques mots aux tziganes et ils se levèrent pour aller à une autre table plus petite.

« Je vous en prie, asseyez-vous et laissez-nous vous offrir de la nourriture.

- Je ne voudrais pas leur demander d'abandonner...

- Mister Harker, fit-il doucement, c'est leur façon de faire. Je vous en prie, si vous les traitez comme des égaux, vous allez seulement les rendre perplexes et frustrés. »

Il haussa les épaules.

« Cela semble féodal, je sais, mais leur mentalité est toujours fermement ancrée dans le passé. Asseyez-vous et laissez-les vous servir. »

Jonathan prit une chaise à côté de Simion tandis que l'un des tziganes commença à lui remplir une assiette.


« Quant à la durée de votre sommeil — vous avez voyagé bien longtemps et je sais que le prince vous a gardé tard pour discuter. Vous aviez besoin de ce repos. Je sais que vous autre, Anglais, aimez bien vos horaires et vos emplois du temps, mais n'ayez crainte. Les choses se font beaucoup plus lentement ici. »

Le tzigane posa une assiette d'agneau saignant et juteux, de pommes de terre rôties et de petits pois devant Jonathan, puis il ajouta une assiette de pain, de beurre et de fromage. Très affamé, Jonathan tendit la main avec empressement pour prendre son couteau et sa fourchette, puis il hésita en se rasseyant.

« Le prince ou ses compagnons vont se joindre à nous ? »

Alors qu'il finit de parler, son estomac émit un gargouillement liquide pour protester de sa lenteur et Simion eut un léger rire.

« Je vous répète que nous n'observons pas de telles formalités ici. Mangez. Le prince serait très ennuyé si je vous laissais mourir de faim en l'attendant. »


Calmé, Jonathan commença à manger alors que Simion poursuivait :

« J'ai déjà dîné. Rock ne prend pas ses repas ici mais Sinn a parfois envie de goûter ce que les cuisiniers préparent. Rill ne va sûrement pas tarder cependant, si vous voulez de la compagnie. »

Il eut un sourire affectueux.

« Il apprécie son appétit, celui-là.

- Et le prince ? »

Les yeux de Simion étaient voilés alors qu'il prit une gorgée de sa bière.

« Le prince a pris un repas récemment — peut-être le plus satisfaisant depuis des années. Mais il va certainement nous rejoindre bientôt, juste pour apprécier votre compagnie. »


Jonathan avait déjà terminé sa nourriture, terminant la sauce rose avec empressement avec un morceau de pain.

« C'est bien que vous soyez venu, sinon vous auriez pu défaillir de faim. »

Jonathan rougit.

« Je suis désolé. Je sais que c'est terriblement impoli mais... »

Il mangea rapidement le bout de pain détrempé.

« Je ne peux pas m'en empêcher. J'ai l'impression de mourir de faim et ça semble me satisfaire le plus. C'est amusant — j'ai toujours aimé mon rôti bien cuit. Une bonne chose puisque Père demandait toujours qu'on le cuise encore et encore, pour qu'il n'y ait plus la moindre trace de sang. Il disait que c'était le seul moyen civilisé.

- Vraiment ? »


Simion fit un geste et un tzigane prit l'assiette de Jonathan pour la remplir à nouveau.

« Il n'y a pas de honte ici à un peu de barbarie. Tous les bienfaits sont dans le sang, mister Harker. Brûlez-le, et vous perdez la force qu'il pourrait vous donner. »

La tranche de rôti était cette fois d'un rose brillant et sanglante. Jonathan se servit avec délice.

« Quand vous le dites ainsi, ça a l'air logique. »

Pieds nus et habillé négligemment, vêtu d'un pantalon et d'une chemise, Rill entra dans la cuisine en traînant des pieds, en baillant et en se frottant les yeux. Il alla droit vers Simion et se pencha lourdement sur l'épaule de l'homme plus âgé.

« Tu n'étais plus là lorsque je me suis réveillé. »

Son ton était déçu mais pas accusateur.

« J'ai dormi si longtemps ? »

Simion lui tapota la main.

« Non, mais je devais m'assurer qu'on traite bien notre invité. »


Rill regarda Jonathan en lui lançant un sourire endormi auquel l'Anglais ne put que répondre.

« Oh, oui.

- Il semble que vous m'ayez oublié, Rill, fit Jonathan avec bonne humeur.

- Non, comment le pourrais-je, alors que nous vous avons attendu pendant si longtemps ? »

Tout en parlant, Rill allait s'asseoir sur les genoux de Simion. Simion le retint et le garçon sembla blessé et perplexe.

« Qu'est-ce qui ne va pas ?

- Rill — notre invité. »

Rill regarda Jonathan puis fit :

Oh. »

Il prit une chaise de l'autre côté de Simion et se pencha près de l'homme pour murmurer :

« Désolé. J'avais oublié. C'est juste que... »

Il se mordit la lèvre.

« Il semble à sa place ici. Comme s'il avait toujours été là. »


Le même tzigane qui avait servit Jonathan posa une assiette de nourriture devant Rill. Jonathan remarqua qu'il n'y avait que quelques pommes de terre — le reste était des tranches épaisses de viande fumante à peine cuite. Rill s'illumina en prenant l'assiette. Simion se racla la gorge en tapotant sur la table. Rill cilla puis prit un couteau et une fourchette et comment à couper rapidement la viande en morceaux. Pendant un moment, Jonathan s'était à moitié attendu à ce que le jeune homme dévore son festin sanglant à mains nues. Pourtant cette pensée n'était pas aussi terrifiante qu'elle aurait pu sembler. Cela aurait été comme regarder un enfant affamé qui était encore trop jeune pour qu'on lui ait appris les bonnes manières à table.


Entre deux bouchées, Rill interrogea Jonathan sur sa vie scolaire anglaise. C'était comme si, incapable d'absorber lui-même une éducation intensive, il trouvait ce concept fascinant. Ayant fini son propre repas, Jonathan fut content de parler au garçon. C'est étrange. Je devrais me sentir mal à l'aise ici. Dieu sait que c'est différent de tout ce que j'ai connu avant, songea-t-il. Il avait été trop petit pour être le bienvenu dans la cuisine de sa mère, puisqu'elle était tombée malade lorsqu'il avait l'âge de ne plus se faire piétiner. La sœur du vicaire et la gouvernante de son père lui avaient bien fait comprendre qu'il n'était pas le bienvenu dans leur domaine, même lorsqu'il offrait son aide pour du nettoyage, et les étages inférieurs étaient interdits aux étudiants lorsqu'il était à l'école. Sa propriétaire actuelle l'accueillait volontiers dans sa cuisine mai pourtant, c'était différent. Il était clairement là-bas l'invité — le locataire. Ici... Rill a raison. Cet endroit me paraît approprié. Je me sens à l'aise.


Sinn, aussi pimpant qu'à son habitude, arriva.

« Il semble que je suis à nouveau la marmotte de notre petit groupe. »

Il déposa un baiser familier sur la tête de Rill.

« Bonjour, *mon petit*. Pff, la façon dont tu peux manger autant et aussi tôt ne cessera jamais de m'étonner. »

Alors qu'il s'asseyait, le tzigane lui tendit un bol fumant d'un liquide brun qui sentait bon.

« Je ne peux supporter que du chocolat avant de me réveiller totalement. »

Il but avidement en laissant un film crémeux sur sa lèvre supérieure. Il le lécha lentement, ses yeux se repaissant lentement de Jonathan.

« Le chocolat est la nourriture presque parfaite, *n'est-ce pas* ? Il apaise mais il stimule aussi. »


Jonathan remua un peu sur son siège. Alors que sa vie dans la bourgeoisie avait été légèrement protégée, il avait été exposé à la noblesse mineure à l'école. Là, les fils de baronnets et de vicomtes pauvres s'étaient délectés en scandalisant les garçons des 'classes inférieures' avec leurs allusions espiègles. Il ne pouvait pas dire qu'il n'aimait pas ce Français mais il ne se sentait définitivement pas à l'aise avec lui comme avec Rill.

Simion observait Sinn avec une certaine circonspection gardée et Rill tapota la joue de son compagnon pour attirer son attention. L'homme plus âgé lança un gentil sourire au garçon, les sourcils haussés en signe d'interrogation.

« Puis-je emmener Jonathan voir mes soldats maintenant ? demanda Rill. Le prince peut vouloir le voir bientôt et on ne peut pas dire quand il y aura le temps.

- J'aimerais ça, » fit rapidement Jonathan.

Il avait le sentiment que Sinn ne serait pas enclin à quitter le confort chaleureux de la cuisine et la perspective de passer du temps avec ce jeune homme simple et ouvert était très agréable.


« Alors d'accord, fit Simion. Emmène-le, Rill. Je saurai où vous trouver quand le prince demandera à le voir. »

Rill se leva impatiemment en prenant la main de Jonathan pour le lever de sa chaise.

« Ils sont tous alignés pour l'inspection, fit joyeusement Rill. Juste comme faisait le prince avec sa propre armée. »

Les dents de Simion se serrèrent mais Jonathan se contenta de hocher la tête, considérant ces mots comme du simple babillage, supposant que la famille de Draculea n'avait pas eu de pouvoir militaire depuis de nombreuses générations. Il se détendit alors qu'ils quittaient la pièce.

Sinn les regarda partir en buvant oisivement son chocolat.

« Je suis surpris que notre seigneur ne soit pas là attendre son amour retrouvé. »

Les yeux de Simion dérivèrent vers une autre porte — une porte qui menait aux salles souterraines.

« Il devait parler à quelqu'un. »

Il y avait eu un temps où Draculea avait été incapable d'entrer dans cette pièce. Quand il était dans les étages supérieurs du château, dans la bibliothèque, en regardant le portrait de Nicolae, il pouvait presque pendant un moment ou deux songer que la réalité de la mort de son amant n'était pas aussi RÉELLE. Mais ici... Ici il y avait la preuve irréfutable, froide et solide comme la pierre dans laquelle la statue était sculptée.

Il se tint juste dans la grande pièce au plafond bas en regardant à l'intérieur, regardant ce qui l'attendait là. La pièce était faiblement éclairée par des torches vacillantes — il n'y avait rien d'aussi civilisé que des bougies ici (elles étaient trop faibles pour vaincre les ténèbres presque primordiales). Le plafond était une série de dômes au-dessus, la lumière n'atteignant pas vraiment le sommet, et il pouvait entendre de faibles bruits dans les ombres qui se nichaient là et dans les coins les plus reculés — des bruissements et des pépiements qui indiquaient des chauve-souris au-dessus et des rats en-dessous.


Draculea se déplaça sur le sol poussiéreux, marchant lentement vers la silhouette qui se tenait au centre de la pièce, la lumière des torches apportant à sa blancheur une touche éthérée qui pouvait imiter les faibles mouvements de la vie pour quelqu'un qui n'était pas complètement conscient de sa nature inanimée.

Draculea se tint devant la statue. Il n'y avait peu eu de vent ou de pluie ici mais les siècles avait légèrement érodé le petit monticule circulaire qui marquait la tombe de Nicolae, ainsi que les agitations du corps de Draculea durant les nombreuses fois où il avait reposé dessus pour chercher la proximité.


Draculea leva les yeux vers la statue, ses yeux traçant le visage à moitié formé, des souvenirs amoureux comblant les détails. Il finit par lever la main pour toucher la joue froide et il murmura :

« J'ai été absent longtemps. Pardonne-moi, mon amour. Je ne pouvais pas supporter de voir cette... cette preuve que tu étais toujours hors de portée. »

Sa main caressa le bras de la statue en imaginant la sensation de chair chaude sous les vêtements de marbre.

« Ce monument te montre comme je t'imagine durant toutes ces années — pur et hors du temps et de la corruption. Mais il finit par me déchirer le cœur, Nicolae. J'ai préféré regarder ton portrait, celui fait par le signore Vitelli. Il te montre comme dans mes meilleurs souvenirs, comme tu es dans mon cœur — chaleureux, heureux et vivant, mon cœur — si vivant. »


Il tomba lentement à genoux en posant son front sur la cuisse de la statue.

« Et je t'ai vu ainsi à nouveau. J'avais presque abandonné tout espoir, Nicolae. Cela faisait si longtemps. »

Il resta ainsi un long moment, les yeux fermés. Il y eut un son subtil. Logiquement, il savait que ce devait être une chauve-souris au-dessus mais cela pouvait — cela pouvait être le son de vêtements qui bruissaient alors qu'une main se levait vers la tête de Draculea pour le caresser et le réconforter. Vlad leva vivement les yeux mais la statue était comme avant, comme il savait qu'elle devait être. Pourtant, il sentit une douce paix, une paix qui avait été absente depuis sa dernière nuit avec Nicolae, tout autour de lui. Vlad ne s'attendait pas à une réponse visible ou audible, mais il sut pourtant qu'il avait été entendu et il murmura :

« Tu comprends, mon ange. »


Notes du chapitre :
(1) Bonjour. Où se trouve le prince ?
(2) Jour ? Ce n'est pas le jour. Il dort du sommeil du juste, Anglais. Vous parlez bien le hongrois.






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