À propos des pinces à chaussettes : j'en ai déjà parlé. C'est avant l'invention de l'élastique, les amis. Si vous vouliez que vos chaussettes tiennent droites, il fallait mettre des pinces. Vous n'avez jamais vu des pinces à chaussettes ? J'en ai déjà vu (des vieux films sur le câble — ne me demandez rien) et j'ai hurlé. Pas très sexy, mais les caleçons non plus, vraiment. Ça dépend de qui les porte. :)
Les hommes, surtout les hommes d'affaires, portaient des manches très amidonnées et détachables (pour éviter que les manches de leurs chemises soient tachées par de l'encre) et des cols (en parlant de choses inconfortables, imaginez-vous en train de porter une bande rigide autour de votre cou pendant dix ou douze heures par jour).
Partie Soixante-dix-huit : Rêves
L'an de grâce 1892
Château Draculea, Transylvanie
Jonathan regarda le prince partir. Quel homme étrange. Étrange mais il y a quelque chose... je ne sais pas. Peut-être qu'irrésistible est le mot qui convient. Il bailla en s'étirant largement. Je ne me rappelle pas de la dernière fois où j'ai eu autant sommeil. C'est comme si je chancelais sur mes pieds. Je devrais rester debout encore un moment pour parcourir à nouveau les papiers mais... Il toucha à nouveau la couverture, ses doigts effleurant le velours fin. Les horaires de cette maison sont inversés cependant. Je devrais avoir le temps de revoir ces documents durant le jour. Je suppose que ça ira bien. Il bailla soudain et songea avec ironie : Il vaudrait mieux, sinon je vais me retrouver à dormir sur les papiers.
Il posa soigneusement ses chaussures près du lit et s'assit sur le lit pour retirer ses chaussettes. Quand il eut finit de les mettre dans ses chaussures avec les pinces, il bailla à nouveau, ses yeux se fermant tous seuls. Il secoua la tête mais cela n'aida pas beaucoup, aussi enleva-t-il rapidement ses manches et son col en les posant sur la table de nuit. Il retira sa veste mais cela semblait demander trop d'effort de se lever et d'aller jusqu'à la chaise pour la pendre proprement. Il la posa au pied du lit et commença à déboutonner sa chemise.
La douceur du matelas semblait l'attirer inexorablement. Peut-être que je vais m'allonger juste un moment pour le tester. Il s'étira sur le lit en posant sa tête sur l'oreiller. La dernière pensée qu'il eut avant de s'endormir fut que Rill avait dû le tasser pour lui et n'était-ce pas un gentil garçon ?

Vlad n’avait jamais ressenti l'envie de rester trop longtemps dans la chambre de la dame du château — pas quand sa mère l'avait occupée et encore moins lorsque sa propre femme y avait résidé. Pourtant il savait qu'il devrait y passer un peu de temps — il ne pouvait pas simplement retourner dans sa propre chambre. Jonathan était déjà fatigué et puisqu'il n'avait pas l'habitude des boissons fortes, le vin devrait fonctionner avec la suggestion de sommeil implantée par Draculea.
Il marcha incessemment dans la pièce, le bas de sa robe balayant la poussière épaisse qui recouvrait le sol. Il s'arrêta devant un grand objet — couvert par un drap épais. Il le regarda en songeant : Simion doit changer les tentures de temps en temps. Je pense qu'elles auraient déjà pourri sinon.
Il tendit la main et la toucha. En dépit de ce que Rill avait dit à Renfield, il y avait encore au moins un miroir dans le château Draculea. Draculea avait ordonné que les autres soient détruits peu après son changement. Il sentait qu'il n'avait pas besoin des surfaces vides des miroirs pour lui rappeler son nouvel état mais il avait pourtant épargné ce miroir. Ce n'était pas à cause de tendres souvenirs. Sa mère, en dépit de ses défauts, n'était pas une femme vaine et il ne pouvait pas se rappeler l'avoir vue se regarder dans ce miroir. Elizabeta avait été différente. Il savait qu'elle avait passé de longs moments assise devant ce miroir pendant que Lena lui brossait les cheveux, mais il était presque sûr que Beta avait observé sa dame de compagnie dans le miroir et pas son propre reflet.
Elle a dit qu'un miroir offrait l'image la plus vraie d'un homme et je lui ai dit qu'ils ne montraient que l'apparence extérieure. Un miroir ne sert à rien à moins qu'il ne puisse montrer l'intérieur des gens et dans ce cas, ce qu'il révélerait nous horrifierait plutôt.
Il l'observa un moment de plus puis tendit la main pour prendre le tissu et le tirer. Il glissa avec un murmure et la poussière se souleva alors qu'il tombait à terre. Même dans les ténèbres, Vlad pouvait voir clairement et il ne voyait... rien. La pièce derrière lui était clairement réfléchie et elle semblait aussi vide que ces derniers siècles.
Quant à moi, il ne montre même pas la chair. Peut-être qu'il fait désormais ce que j'avais conjecturé — et me montre ce qui est en moi — rien. Il secoua la tête. Non, j'aurais cru ça il y a encore un mois. Je me sentais vide alors — creux. Mais plus à présent. Ses yeux se tournèrent vers la petite porte dans un coin de la chambre. Pas à présent que mon Nicu m'est revenu.
Il bougea avant que la pensée ne se soit complètement formée. Son poing frappa le miroir. Il y eut un son de bris et une ligne fendit le miroir, d'un coin à l'autre. L'image réfléchie sembla vaciller légèrement en se tordant alors que la surface réfléchissante se divisait en deux. Le son et le choc de la sensation dans son bras lui procura une joie profonde, un besoin dont il n'avait jamais eu conscience et il frappa à nouveau — plus fort. Le verre se brisa, des cassures jaillissant du point d'impact.
Il prenait son élan pour frapper à nouveau lorsque la prudence l'arrêta. Il savait très bien que les murs du château étaient épais et que les sons générés dans une pièce allaient rarement plus loin mais il ne souhaitait pas le tester — pas avec Jonathan juste à côté. Il se tint immobile un moment en regardant la toile d'araignée de fissures qui provenaient de la section froissée du miroir.
Il étira ses doigts oisivement en remarquant à peine la piqûre de la peau tailladée. Quelle importance ? Cela guérirait dans quelques heures. Durant les jours précédant l'arrivée de Jonathan, Draculea avait recommencé à se nourrir d'humains mais il le faisait avec parcimonie en prenant toujours la plupart de ses repas des rats ou des chevaux du château. Il y avait déjà quelques changements. Des mèches de cheveux noirs apparaissaient dans ses cheveux bien que le gris dominait toujours. Les taches de vieillesse sur le dos de ses mains commençaient à disparaître et les jointures étaient moins enflées désormais. Simion avait remarqué ces changements. Il était sûr que c'était parce que le prince se nourrissait finalement correctement et il pensait qu'après un certain temps et suffisamment de sang humain, Draculea pourrait retrouver sa jeunesse et sa force.
Il se força à attendre quelques minutes de plus mais savait qu'il ne pourrait plus résister longtemps à la tentation. Il tenta cependant d'y résister en rôdant dans la chambre comme un fauve en cage. Il songea finalement : Plus longtemps j'attends, plus je risque de perdre tout contrôle lorsque je serai finalement avec lui. Je ferais mieux d'y aller maintenant. S'il est encore debout, je pourrai toujours dire que je voulais l'amuser en lui révélant ce passage secret. Il songea à cela bien qu'il n'était pas tout à fait sûr de pouvoir résister à l'envie de toucher Jonathan, même s'il était conscient ou réticent.
Comme Lena l'avait supposé des années auparavant, il n'y avait pas de verrou sur la porte qui menait au couloir. Draculea parcourut les quelques yards, ses pas silencieux sur la pierre recouverte de poussière, ses yeux constamment fixés sur la porte à l'autre bout. Celle-ci pouvait être verrouillée — mais elle ne l'était pas. Il s'en était assuré avant qu'ils aillent chercher Jonathan Harker.
La clenche avait été bien huilée et elle ne fit aucun bruit. La porte s'ouvrit vers l'intérieur et Draculea vit le dos de la tapisserie qui masquait le passage. La tapisserie était épaisse mais il y avait toujours un faible halo de lumière aux bords. Draculea hésita. Damnation ! La bougie brûle toujours. Est-il réveillé ? J'aurais pourtant parié mon peu de vie qu'il serait endormi. Le vin, la chaleur et la contrainte auraient dû y veiller.
Draculea écouta attentivement. Les sens du Nosferatu étaient aiguisés et il n'entendit aucun bruit de mouvement. Il se concentra encore plus pour une plus grande acuité. La chambre était toujours silencieuse, excepté un éventuel crépitement étouffé du feu, et... Oui, là... Une douce respiration, un rythme régulier qui suggérait un sommeil profond.
Draculea ferma les yeux un moment. Il n'avait jamais auparavant ressenti le besoin d'entrer furtivement dans cette pièce, sauf si c'était pour ne pas réveiller Nicolae de son sommeil paisible. Il leva la main et écarta la tapisserie en entrant doucement dans la pièce.
La lumière n'était qu'une lueur rouge-or à cause du feu et de l'unique bougie mais c'était suffisant. Draculea s'approcha lentement du lit, presque craintivement. Avec la raison même de son existence à portée de main, il avait presque peur d'atteindre le désir de son cœur. Puis Draculea le vit.
Les habits étaient différents, ainsi que les cheveux. La première fois qu'il avait vu Nicolae, les cheveux du garçon étaient coupés comme ceux d'un moine — pas plus de deux pouces de long. La dernière fois, ses cheveux tombaient en cascades de soie noire sur ses épaules. Nicolae les avait laissé pousser uniquement pour le plaisir de son amant. À présent, les cheveux étaient entre ces deux longueurs. S'échappant de leur coupe soigneusement peignée, ils tombaient sur le front de Jonathan Harker, des mèches descendant jusqu'à l'endroit où se serait tenu son col haut, s'il l'avait porté. Au lieu de l'habit brun terne de moine ou des vêtement simples mais riches que Draculea avait autrefois fournis, il était vêtu d'un pantalon gris et d'une chemise blanche et sérieuse, à moitié déboutonnée. Oui, certaines choses étaient différentes.
Mais tant de choses restaient identiques — les lignes longues et vigoureuses de son corps étendu, la courbe ferme de sa bouche, la pâleur de sa peau, le lustre de ses cheveux, la forme élégante de ses mains alors qu'elles étaient ouvertes et détendues — toutes ces choses et bien plus encore. Il pouvait bien avoir un autre nom, cette chair pouvait être nouvelle, mais c'était Nicolae.
Draculea se déplaça au bord du lit et baissa les yeux vers lui. Jonathan était profondément endormi mais à quel point ? Draculea savait qu'il ne pourrait pas quitter cette chambre sans toucher son bien-aimé d'une façon ou d'une autre mais le garçon ne devait pas se réveiller. Nicolae devait émerger lentement. Si on présentait soudainement la situation à Jonathan, il n'allait sûrement pas l'accepter. Non, il ferait probablement ce que tout homme moderne et raisonnable ferait dans une telle situation — reculer et refuser platement d'accepter la vérité, peu importait ce qui lui disait son cœur.
Alors Draculea tendit à nouveau sa volonté en poussant la conscience de Jonathan dans le brouillard de l'inconscience. Ne réfléchis pas, mon cher. Contente-toi de sentir. Libère tes instincts et tes désirs physiques ce soir. Tu es là, Nicolae — je peux sentir ta présence. Tu dois savoir à quel point j'ai besoin de toi. Je t'en prie, mon amour. Donne-moi ce soir et je serai capable de me montrer patient jusqu'à ce que tu te réveilles.
Draculea posa un genou sur le matelas. Il s'enfonça sous son poids mais Jonathan Harker ne broncha pas. Draculea tendit la main et toucha légèrement les cheveux du dormeur en levant une mèche épaisse et en l'entortillant entre ses doigts. Draculea se sentit trembler devant cette douceur familière. Il observa attentivement mais Jonathan continua à dormir. Prenant plus d'assurance, Draculea caressa doucement la joue de Jonathan du dos de la main. Il sentit la rudesse très faible d'un chaume et il sourit affectueusement. Nicolae avait été si fier lorsque sa barbe était devenue assez fournie pour justifier qu'il se rase. Il n'avait eu à le faire que trois fois par semaine mais Simion l'avait patiemment rasé à chaque fois qu'il le demandait en assurant au prince qu'il faisait très attention pour que la peau délicate ne soit pas irritée.
Satisfait désormais que Jonathan soit dans un sommeil si profond qu'on pouvait en toute justice l'appeler une transe, Draculea commença à le déshabiller. Ce serait le test ultime. Si Jonathan se réveillait, Draculea pourrait toujours prétendre qu'il aidait juste son invité à se préparer pour dormir. Ce serait une excuse maladroite, une que l'Anglais soupçonnerait à juste titre, mais il ne demanderait probablement pas d'explication, ne voulant pas tendre leurs relations de travail.
Jonathan ne se réveilla pas. Draculea retira la chemise, le pantalon et les sous-vêtements et il les laissa négligemment tomber sur la veste qui se trouvait déjà au pied du lit, puis il prit un moment pour simplement savourer la vue.
Jonathan bougea et Draculea se tendit mais c'était les mouvements lents d'un dormeur. Ses orteils s'étirèrent et il roula loin de Draculea, sur le côté, sa joue blottie contre l'oreiller. Vlad fut confronté à la longue chute de son dos menant à la double courbe pâle de ses fesses. Draculea pressa rapidement une main contre sa bouche pour étouffer un grognement. Il faut que je le touche, mais comment ? Puis il se rappela cette première fois, il y avait si longtemps, après qu'Ernestu l'ait battu. Il croyait qu'il n'avait pas de moyen alors mais pourtant...
Il retira sa robe et, portant encore une chemise lâche et un pantalon, se glissa dans le lit derrière Jonathan pour s'allonger près de lui. À cette distance, il pouvait sentir la chaleur du corps du jeune homme et sentir l'odeur de sa peau et de ses cheveux. Il passa une main sur l'épaule de Jonathan et la fit glisser le long de son bras en effleurant à peine. Jonathan ne réagit pas ; sa respiration resta profonde et régulière. Draculea tendit la main pour passer un bras sur le corps de Jonathan en le glissant autour de sa taille. Puis il se rapprocha jusqu'à être pressé contre lui. Puis il se figea et expérimenta simplement la joie d'avoir à nouveau Nicolae dans ses bras.
Je pourrais rester comme ça pour toujours, songea Draculea en fermant les yeux. Je pourrais passer l'éternité, heureux.

Jonathan rêvait. C'était un rêve familier, un qu'il attendait avec impatience et espérait.
Il n'était plus seul dans son lit. Quelqu'un l'avait rejoint, blotti derrière lui. Il n'avait jamais partagé son lit avec quelqu'un et il n'y avait aucune raison pour qu'il connaisse cette impression, mais il la connaissait. Il ne pouvait pas se souvenir quand il l'avait connue mais c'était enfoncé si profond que c'était seulement une ombre de souvenir, sauf quand il dormait.
Il songea que d'autres hommes devaient expérimenter des choses similaires car il y avait eu de nombreuses discussions quand il était à l'école. Des étudiants ricanant avaient chuchoté à propos de leur propre 'visiteur nocturne' — des rêves qui étaient si vifs qu'ils se réveillaient avec leur membre dur ou avec du sperme coulant sur leur ventre ou leur cuisse. Jonathan n'avait pas participé à ces discussions car bien que ses rêves avaient quelques caractéristiques communes, ils étaient fondamentalement différents.
Pour commencer, le corps qui bougeait derrière lui n'était pas doux et arrondi. Il était dur et musclé. Les mains qui le touchaient, provoquant de si douces réactions, étaient larges et fermes, légèrement rudes. Non, il n'avait jamais parlé de ces fantasmes car il savait qu'on les accueillerait avec étonnement ou dérision. Mais pourtant ils semblaient corrects. Il n'avait pas eu ce rêve depuis des années et ça lui avait manqué. Maintenant il était de retour et semblait plus réel qu'avant. Il l'accueillit, bougeant inconsciemment vers cette présence.

Jonathan soupira et se tortilla légèrement en se pressant contre le prince, plus profondément dans son étreinte, et Draculea sut qu'il s'était menti à lui-même. Juste tenir son amour réincarné ne serait pas suffisant.
Ses mains passèrent sur les plats doux du torse et de l'abdomen de Jonathan, caressant lentement, réapprenant sa texture et sa forme. Ses doigts trouvèrent un mamelon doux et il frotta et pinça doucement en le sentant commencer à se durcir. La respiration de Jonathan s'accéléra un peu.
Draculea laissa sa main glisser plus bras jusqu'à ce que ses doigts effleurent des boucles élastiques. Finalement, il laissa sa main se refermer sur la chair chaude de l'aine de Jonathan, moulant sa main autour de la douce colonne du sexe du jeune homme. Il émit un doux murmure d'approbation en découvrant que le garçon était déjà à moitié excité. Il referma sa main sur le membre de Jonathan et le caressa légèrement en se sentant commencer à s'enfler et à remplir son poing. Mon doux Nicolae, songea Draculea. Toujours aussi sensible à mon contact.
Il embrassa tendrement la nuque de son amant et fut récompensé par un léger frisson et une expiration. Il ne put résister plus longtemps. Draculea cessa ses caresses suffisamment longtemps pour défaire son propre pantalon, se libérant. Draculea avait commencé à durcir alors qu'il se tenait dans le couloir, l'anticipation faisant bouillir le sang qu'il avait pris seulement une heure auparavant d'un des tziganes consentants. Son sexe était dur à présent, pressé de chercher le doux sanctuaire du corps de Nicolae comme il l'avait fait de nombreuses fois auparavant.
Il ne pouvait pas faire ça — pas encore. Jonathan Harker n'avait goûté qu'une fois le sang de Draculea et le prince voulait une certaine prise avant de consommer leur union. Jusque là, il devrait se contenter avec une union moins complète, mais tout contact avec son amour était une joie — physique et émotionnelle.
Draculea retira un grand mouchoir de sa poche et le posa sur la hanche nue de Jonathan, le mettant là où il serait prêt à recevoir sa semence. Il sépara les fesses de Jonathan et traça d'un doigt la fissure. Jonathan frémit et gémit. L'étoile froissée qui marquait l'entrée de son corps se fléchit comme si elle tentait d'attirer Draculea à l'intérieur. Le prince ne résista que de peu à l'envie de glisser un doigt dans ce passage tentant et de commencer la lente mais délicieuse tâche d'étirer suffisamment le petit trou pour qu'il accepte sa chair affamée. Mais il ne le fit pas. Il se blottit plutôt à nouveau contre Jonathan en plaçant la longueur solide de son sexe entre les fesses de Jonathan et les laissant le bercer dans une étreinte confortable.
Quand il fut placé à sa convenance, Draculea retrouva l'érection de Jonathan. Il commença à caresser le garçon, lentement et fermement. En même temps, il bougea ses hanches contre Jonathan. La friction humide était exquise.
Draculea sentit une tache de liquide clair sur sa main. Immédiatement, il encercla de ses doigts la tête du pénis du garçon en trouvant le filet de liquide pré-éjaculatoire qui coulait du sommet. Il s'en servit pour rendre glissante la peau veloutée de l'érection du garçon et sa main put glisser encore plus librement.
La respiration de Jonathan était devenue agitée. Sa tête se pencha en arrière jusqu'à reposer sur l'épaule de Draculea. Le prince le regarda alors qu'il pompait la chair épaisse du garçon et glissait sa propre érection dans l'étreinte pas suffisamment serrée de la fissure de Jonathan. Vlad pouvait sentir son orgasme arriver. Il était à la fois transporté de joie et consterné. C'était ce qu'il voulait — ne faire qu'un avec son amour — mais cela arrivait trop tôt.
Le plaisir physique balayait le rêve de Jonathan. Il gémit de besoin, son corps bougeant de sa propre volonté pour se rapprocher de la présence active dans son dos. Sa tête se redressa encore plus, se tordant...
Si seulement il n'avait pas bougé, si seulement il n'avait pas émis ce son doux de besoin, Draculea aurait pu résister. Mais le garçon recula comme s'il demandait un contact plus ferme et il tendit le cou en découvrant sa gorge dans un geste naturel de soumission. Tout le besoin, l'envie et la faim de quatre cents années se réveillèrent en un instant. La main de Draculea se resserra sur le membre rigide du garçon en caressant et en pressant durement. La douleur dans ses canines qui s'étendaient semblait faire partie de tout cela alors que Draculea penchait la tête et les enfonçait dans la peau lisse de la gorge de Jonathan Harker.
La douleur dans la gorge de Jonathan se mêla à la soudaine bouffée de plaisir brûlant qui s'éveilla dans son aine et se répandit dans son corps. Cette combinaison le tira vers la conscience et quelque chose d'autre sembla se réveiller dans le jeune homme. C'était comme si un éclat de quelque chose de profondément enfoui dans sa conscience, une partie qui était toujours là mais toujours cachée et endormie, s'était aussi réveillé. Pendant une brève seconde, elle se débattit pour faire surface, désorientée.
Draculea but de Jonathan et c'était le repas le plus doux et le plus satisfaisant qu'il avait jamais pris, le nourrissant plus que physiquement. Il avala une fois, deux fois, trois fois.. Il ne s'autorisa pas plus d'une demi-douzaines de gorgées. Quand l'orgasme du jeune homme s'acheva, sa chair commençant à s'adoucir dans la main de Draculea, le prince se força à s'arrêter. Il libéra le sexe de Jonathan et saisit le mouchoir juste à temps pour attraper sa propre semence avant qu'elle ne tache les draps et la chair de Jonathan avec du sang qu'on ne pourrait pas expliquer.
Alors que la respiration de Jonathan reprenait le lent rythme du sommeil profond, Draculea lécha les plaies suintantes sur la nuque de son amant jusqu'à ce qu'elles ne saignent plus et que la guérison ait commencé. Puis Vlad lécha de sa main l'essence de son amant en appréciant chaque goutte amère.
Ils restèrent là un moment de plus, Draculea berçant le garçon endormi et satisfait contre son torse. Comme il aurait aimé pouvoir simplement s'endormir ainsi puis se réveiller observé par une paire d'yeux sombres, endormis et contents. Mais non, c'était un trop grand risque. Ce serait Jonathan Harker qui se réveillerait, pas Nicu — et Jonathan n'était pas prêt pour ça.
Avec réticence, Draculea se releva. Il regarda à nouveau Jonathan en voyant le rouge de son orgasme disparaître lentement de son visage et de sa gorge. Il était si magnifique. Le feu était très bas désormais, à peine plus que des cendres, et la pièce était devenue un peu froide. Jonathan était allongé sur la couverture et le bouger risquerait de le réveiller. Après un moment de réflexion, Draculea souleva un coin de la couverture et parvint juste à recouvrir l'homme endormi.
Draculea remit son pantalon puis reprit sa robe. Il se rendit à la tapisserie en se déplaçant lentement, la tête tournée pour surveiller le lit par-dessus son épaule. Jonathan ne s'étira pas. Finalement, Draculea écarta la tapisserie, entra dans le couloir et referma à nouveau la porte.
Il s'arrêta en s'adossant contre le mur glacé de pierre et en laissant retomber sa tête sur la pierre. C'était ironique : son amour était finalement revenu mais il était toujours si loin. Il était proche mais Draculea ne pouvait pas le prendre dans ses bras, le toucher ou l'embrasser comme il le voulait. Nicolae était toujours profondément enfoui en Jonathan Harker — là, mais absent. Draculea se redressa et parcourut le passage, passant par la chambre puis dans le couloir.
Simion se tenait au bout du couloir. Il ne dit rien alors que son maître approchait mais il l'observa attentivement. Il y avait du feu dans le regard de Draculea mais aussi le commencement de la paix. C'était une expression que Simion n'avait plus vu depuis fort longtemps. Il y avait plus d'énergie dans les pas du prince et il crut détecter une trace de couleur naturelle dans les joues d'ordinaire pâles comme un linge.
Le prince s'arrêta devant Simion et ils se regardèrent en silence un moment. Enfin, Simion prit le prince dans ses bras. Draculea lui rendit son étreinte en laissant sa tête reposer sur l'épaule de son vieil ami. Simion sentit le grand homme trembler. Draculea ne respirait pas et la première chose qui apprit à Simion qu'il pleurait, ce fut l'humidité chaude de larmes sanglantes dans son cou alors que Draculea murmurait :
« Enfin, enfin, enfin... »
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