Child of the Night 86

Partie Quatre-vingt-six : À nouveau hors de portée



L'an de grâce 1892
Près du château Draculea, Transylvanie



La rivière l'a emporté. Je dois laisser la rivière me le rendre. Draculea cessa de lutterr contre le courant et le laissa l'emporter. Le courant ballottant le porta vers les rives en le poussant jusqu'à ce qu'il ait pied puis le poussa encore plus loin vers la terre ferme. Il a dû être jeté ici. Aussi loin que je me souvienne, la rivière a abandonné ses victimes. C'est comme si elle était fière de ses conquêtes et voulait qu'il reste quelque chose pour prouver leur disparition. Jonathan doit être sur cette rive ou dans les environs.

Draculea pataugea jusqu’à la rive et se tint immobile, la tête pivotant, en cherchant avec tous ses sens dans la nuit. Il utilisa les sens de l'homme mais avec plus d'acuité que ce que pouvait faire un homme mortel — la vue, l'odorat et l'ouïe. Rien. L'eau sombre et purificatrice semblait avoir fait disparaître toute trace de Jonathan aussi Draculea utilisa-t-il son autre sens — le lien de sang qui le liait à Jonathan, ce qu'il considérait comme le mélange de leurs esprits mêmes.


Il le sentit. C'était faible mais bien là. Il était vivant. Il s'enfonça plus dans cette sensation, la ressentant presque comme des doigts qui l'effleuraient doucement pour l'attirer. Il y avait une petite piste qui menait à un sentier plus haut au-dessus de la rivière et il la parcourut rapidement. En se tenant sur le sentier, il regarda dans une direction puis une autre. Il faisait noir autour de lui, aucune lumière n'indiquait des habitations dans une direction ou une autre, mais il se tourna infailliblement pour suivre le sentier vers la périphérie du village. Ses pas se pressèrent alors qu'il avançait, la sensation grandissant à chaque pas. Jonathan était plus loin et il était vivant, mais il ressentait de la douleur et de la confusion. Son amour avait besoin de lui.


Il n'était pas allé bien loin lorsqu'il vit un faible rayon de lumière et il marcha encore plus rapidement, se mettant à courir. Les gens de cette région ne laissaient pas normalement leurs volets ouverts la nuit. La lumière sans obstacle indiquait que celui d'où provenait cette lumière avait d'autres choses plus importantes en tête.

Sûr à présent que le bâtiment au bout du sentier abritait son amant, Draculea ne se rendit pas compte de sa destination avant de tomber dessus. La lune sortit de derrière un nuage, visible juste au-dessus du toit du bâtiment. Une croix, nue et noire, se dessina contre le disque argenté de la lune. Draculea poussa un cri en reculant. Si la lumière de la lune avait été assez puissante, le vampire aurait été piégé, carbonisé par l'ombre projetée par le symbole sacré.


Pendant un moment, il resta à contempler le bâtiment devant lui. La plus profonde partie de lui voulait fuir, chaque instinct de sa nature de mort-vivant lui hurlant de s'enfuir. Mais Draculea avait toujours été déterminé à décider lui-même de son propre destin. Il avait surmonté ses instincts naturels auparavant en renforçant sa volonté, et il n'y aurait aucune différence aujourd'hui. Pourtant il se déplaça plus lentement alors qu'il s'approchait de la petite chapelle avec des pas rigides.

Il se rendit à la porte et se tint devant en regardant les planches altérées. Il pouvait se sentir trembler. De toute sa vie, Draculea n'avait jamais craint l'Église — que ce soit dans sa manifestation physique ou spirituelle. Mais à présent... La chapelle de Draculea avait été condamnée avant même qu'il ne se réveille de sa mort et il ne s'en était plus jamais approché. Il avait sciemment oublié cet endroit saint mais à chaque fois qu'il passait à côté, un petit frisson lui glaçait le dos. Elle semblait le menacer et le réprimander par sa seule existence silencieuse. Il tendit la main pour saisir la poignée puis attendit ce qui allait arriver.


Rien ne se produisit. Il n'y eut pas de tonnerre de mauvaise augure, pas d'éclair justicier et pas de voix divine pour le condamner. Le métal sous sa paume ne brûla pas d'un feu saint et purificateur. C'était seulement du métal froid comme la nuit, inerte, attendant d'exécuter la tâche pour laquelle l'homme l'avait conçu. En inspirant profondément, Draculea essaya la poignée.


Dans la chapelle, la tête de Lukas se dressa vivement vers la porte lorsqu'il entendit le loquet gratter. Le père Josef, qui nettoyait le sang du crâne entaillé de Jonathan, fit d'un ton absent :

« Quelqu'un est à la porte, Lukas. »

Quand le portier ne répondit pas et ne bougea pas, Josef leva les yeux. Son impatience naissante disparut lorsqu'il vit l'expression de l'homme.

« Qu'y a-t-il ? »

Lukas siffla dans sa direction puis murmura :

« Silence, mon père ! »

Le grattement se fit à nouveau entendre puis suivit un bruit léger, presque sourd et interrogateur alors que celui qui était dehors poussait la porte.

« Lukas, c'est juste l'un des paroissiens. Laisse-le entrer — nous aurions bien besoin d'aide, » fit Josef.


Le regard que lui lança Lukas était un peu sauvage, un mélange choquant d'incrédulité et de quelque chose qui ressemblait à du mépris.

« Il n'y a rien dehors qui puisse nous aider, mon père. »

Il y eut un autre son sourd provenant de la porte. Cette fois, il n'était pas hésitant mais ferme. Celui qui se trouvait dehors n'allait pas se décourager si la porte était simplement coincée. La barre remplit sa tâche en tenant bon. Il y eut un moment de silence.

Le prêtre baissa les yeux vers Jonathan. Le jeune homme était allongé sur le banc mais ses yeux étaient tournés vers l'entrée de la chapelle. Il murmura :

« Qui... ? »


On toqua à la porte trois fois et durement. Les coups étaient autoritaires, l'action de quelqu'un qui s'attendait à ce qu'on lui obéisse. Jonathan tressaillit à chaque coup.

« Ouvrez. »

Cette voix venant de dehors était aussi dure et assurée que le coup. Lukas se signa rapidement.

« Je sais que vous êtes là, inutile de jouer les imbéciles en prétendant le contraire.

- Je suis le prêtre de ce village. Qui êtes-vous et que voulez-vous ? » héla Josef.

Il fut surpris lorsque Lukas émit un son grave qui était presque un grognement. Pendant un instant, il crut que le portier, qui était l'un des hommes les plus croyants qu'il connaissait, aurait pu vraiment le frapper.

Il y eut un silence de l'autre côté de la porte et Lukas murmura :

« Mon père, ne parlez pas à ces choses si vous pouvez l'éviter. Vous n'iriez pas discuter avec le démon en personne, alors ne parlez pas à un de ses subalternes. »


La voix sombre se fit à nouveau entendre.

« Vous êtes le nouveau prêtre ? Ils ne vous ont pas parlé de moi, n'est-ce pas ? Non, ils n'aiment admettre des choses que les étrangers pourraient considérer comme des superstitions d'enfant. Les idiots. Si leur souci était plus important que leur fierté, ils vous auraient mieux appris. Qui suis-je ? Je possède ces terres, prêtre. Elles m'ont appartenu bien avant que votre arrière-grand-père ait tété pour la première fois le lait de sa mère. Je possède ces terres et tout ce qui se trouve dessus ou bien marche dessus. Quant à ce que je veux — vous avez quelque chose qui m'appartient. Je sais qu'il est ici — je sens sa présence. Il se peut qu'il vous doive la vie et je vous en suis reconnaissant. Ma gratitude peut s'avérer très avantageuse mais je vous préviens — ma colère peut être terrible. Ouvrez la porte et amenez-le moi. Je vous jure que je ferai tout en mon pouvoir pour veiller à ses besoins. »


Le prêtre hésita. Bien que quelque chose chez cet interlocuteur invisible le mettait sur ses gardes, il y avait le sentiment d'absolue conviction dans sa dernière promesse. Une main lourde s'abattit sur son épaule et il leva les yeux vers Lukas alors que l'autre homme secouait la tête.

« Mais cet homme peut très bien être si blessé qu'on ne peut le soigner. Si cet homme peut mieux s'occuper de lui...

- Il vaut mieux qu'il meurt plutôt que vous l'abandonniez à ce qui l'attend dehors, » fit fermement Lukas.

Josef ramena son regard sur Jonathan. Le bref moment de lucidité du jeune homme semblait être passé et il semblait à nouveau hébété et abasourdi. Le martèlement reprit et Jonathan grimaça à nouveau à chaque coup. Puis l'homme dehors héla à nouveau.

« Jonathan ? Jonathan, vous pouvez m'entendre, mon ami ? »


Jonathan inspira mais le portier fit férocement :

« Non ! Je ne sais pas quelle emprise il a sur vous, étranger, mais parler avec lui ne fera que la renforcer. Ne parlez pas, ne reconnaissez même pas son existence.

- N'écoutez pas ces idiots, Jonathan. Vous savez que je suis votre ami. Je suis désolé de ce qui s'est passé. Je n'ai jamais autant regretté quelque chose dans ma vie que de ne pas avoir tué ce bâtard avant qu'il ne pose son regard sur vous. Mais il ne vous fera plus jamais de mal, je vous le promets. S'il n'est pas encore mort, par tout ce qui n'est pas sacré, je vais trouver un moyen de m'assurer qu'il soit expédié pour toujours chez son maître infernal. Pouvez-vous vous lever ? Essayez, Jonathan. Venez à moi. »

Il y avait quelque chose d'étrange dans la dernière phrase. La voix du prince était passée de l'inquiétude à... l'ordre. C'était doux mais c'était tout de même là. Sans réfléchir, Jonathan tenta de se lever et d'obéir. Son corps maltraité protesta et il se rallongea avec un grognement de douleur.

« Ça fait mal.

- Je peux faire disparaître la douleur. »


Hors de la chapelle, les mains de Draculea se serrèrent en poing quand il entendit la tension dans la voix de son amant. Il ne cessait de se souvenir du corps de Nicolae sur le sol de la chapelle du château. De façon surprenante il n'avait été que peu touché comme si la rivière n'avait pas voulu détruire sa beauté contre les rochers. Mais Vlad en avait vu d'autres qui avaient connu la même chute et il connaissait les abus que les courants sauvages pouvaient causer. Jonathan devait être terriblement meurtri et secoué, chanceux si aucun os n'était brisé et aucune blessure interne subie. Draculea ne pouvait pas prier mais il espérait avec ferveur que son sang, le sang qu'il avait versé dans le vin de Jonathan, le même sang qui avait gardé Simion fort et en bonne santé pendant des siècles, avait protégé son amant, au moins un peu.

«  Venez simplement à moi. »


La voix attira Jonathan et il tenta à nouveau de s'asseoir. Lukas agit rapidement en le faisant se rallonger durement. Quand sa tête heurta le banc, il poussa un cri et sombra à nouveau dans l'inconscience. Ce son d'un léger cri provoqua la furie de l'autre côté de la porte. Il y eut un rugissement enragé puis un coup tonnant à la porte de la chapelle.

« Que lui avez-vous fait ?

- Vous ne l'aurez pas, Nosferatu ! fit Lukas. Celui-là, nous allons le sauver de vous. »

La réponse à cette déclaration fut terrifiante. Le prêtre se réfugia à côté du banc en bouchant ses oreilles pour ne pas entendre les rugissements et les hurlements. C'était comme si quelqu'un tentait d'enfoncer la porte avec un bélier — il pouvait la voir trembler dans ses gonds. Lukas s'accroupit près de lui en baissant la tête pour regarder le prêtre dans les yeux.


« Ne craignez rien, mon père. Il ne peut pas entrer dans une maison tant qu'on ne l'a pas invité et bien que cette église soit publique, c'est une terre consacrée et cela va l'empêcher d'entrer. L'aube est proche et il ne peut pas rester ici tant que le soleil parcourt le ciel. Quand il sera forcé de rentrer dans son repaire, nous pourrons emmener ce malheureux au loin, là où il sera en sécurité. »

Il lança un regard sombre à la porte.

« Toutefois, je crains que ce village ne devra se montrer doublement vigilant et prudent dans les années à venir. Il ne va pas facilement accepter qu'on lui refuse quelque chose. »

Simion avait suivi Draculea sur le toit, arrivant juste à temps pour voir Draculea lâcher ce qu'il restait de Rock et bondir par-dessus le rebord du toit. Il sut aussitôt ce qui s'était passé et il sentit que son cœur allait exploser de chagrin pour son maître et le bien-aimé de son maître. Mais il n'avait pas le temps de se morfondre. Il ne doutait pas que Draculea allait retrouver Jonathan, mais dans quel état ? Si le jeune homme était gravement blessé, il aurait besoin d'aide pour le ramener au château.

La calèche fut préparée dans les minutes qui suivirent, les tziganes travaillaient comme des hommes possédés. Avec tout le sang qu'ils avaient partagé durant les années, donné et pris, il semblait avoir toujours en lui une partie du prince. Ce ne fut pas dur de trouver son maître. Draculea était dans un tel état émotionnel à présent et Simion se sentait attiré vers lui comme un aimant.


Alors qu'il s'approchait du bord du village, le sentiment grandit et il tira sur les rênes pour ralentir l'attelage. La chapelle arriva en vue et Simion sut aussitôt qu'il avait raison. On ne pouvait pas se tromper sur la silhouette de Draculea se tenant devant la porte de l'église. Il n'y avait aucun doute que Jonathan était dans l'église.

Simion tira sur les rênes pour arrêter la calèche. Les chevaux étaient agités. Bien qu'ils aient l'habitude d'être près des vampires puisqu'ils avaient grandi dans la demeure du prince, ils comprenaient pourtant le danger actuel. Ils piaffèrent et reniflèrent, leurs oreilles aplaties contre leurs crânes. Simion sauta à terre et, ne prenant pas le risque de se retrouver sans moyen de transport à cause de chevaux fuyants, il sangla les rênes à un arbre robuste.


Alors qu'il faisait cela, le prince rôdait autour de la chapelle pour chercher un autre moyen d'entrer. Il tournait à un coin alors que Simion venait de finir sa tâche. Des yeux rouges s'arrêtèrent sur son intendant, il s'approcha de Simion et grinça :

« Il est là, Simion. Il est à l'intérieur, il est blessé et ces bâtards ne veulent pas me le donner ! »

Autant qu'il aimait Draculea, il y avait des moments dans sa vie où Simion avait eu peur du prince. Il y avait des moments où, avant et après sa transformation, Simion savait que quiconque approchait le prince risquait sa vie. C'était l'un de ces moments.

Cela faisait très longtemps que Simion n'avait pas vu Draculea dans un état aussi sauvage et dangereux mais il ne montra pas sa peur tout de suite.

« Mais il est vivant, mon seigneur, et tant qu'il vit, il reste à portée de main. Ne désespérez pas. Vous avez attendu si longtemps — ne laissez pas quelques heures vous troubler. Laissez-moi parler à ces gens. »


Simion se rendit à la porte de l'église et toqua. Son coup était ferme mais pas aussi violent que celui de son maître.

« Qui est à l'intérieur ? »

Simion ne se mélangeait bien sûr pas aux villageois mais il se tenait informé de ce qui se passait au village. Cela faisait partie de son devoir que de rester au courant de ce qui se passait sur les terres de son maître.

« Prêtre ? Qui d'autre est avec vous ? »

Il réfléchit un moment.

« Vous n'avez aucun frère, donc peut-être votre portier ? Oui, Lukas. C'est à toi que je vais parler, Lukas. Je sais que le prêtre n'est pas des nôtres...

- Il n'y a pas de 'nôtres', chien ! fit Lukas d'une voix froide. Nous n'avons aucun lien avec votre engeance surnaturelle. »


Simion aurait sourit si la situation n'avait pas été aussi sérieuse.

« Nie-le si tu veux mais nous avons vécu ici bien longtemps avant que les tiens ne tirent leur pitance de cette terre. Comme je l'ai dit, le prêtre est un étranger et je ne m'attends pas à ce qu'il comprenne nos façons, mais toi... Tu sais qui tu défies, Lukas. Tu sais ce que tu risques de récolter. Cela fait des générations que ton peuple n'a pas connu sa colère. Seras-tu celui qui la provoquera à nouveau ?
- Tu peux toujours parler, chien. Menace-nous. Ton maître ne peut pas nous toucher tant que nous restons sur la terre consacrée et l'aube arrivera bientôt. Le bon soleil de Dieu va obliger les vermines à se terrer dans leurs trous sombres. »


Draculea grognait dangereusement et Simion lui lança un regard acéré pour lui demander silencieusement de se retenir un peu plus longtemps.

« Ce que tu dis est vrai — jusqu'à un certain point. Mais le soleil n'est pas une barrière aussi efficace que vos légendes le prétendent. Ce n'est pas simple ou confortable mais Draculea peut braver la lumière du jour sous certaines circonstances. Et dans ce cas, crois-moi, sa motivation est suffisante pour endurer une grande douleur. Et de plus... »

Il baissa la voix.

« Mon maître n'est pas le seul être que vous ayez à craindre. Je ne suis pas lié par vos rituels protecteurs, mortel. »


Dans la chapelle, le portier pâlit encore plus et une sueur glacée lui coula sur le front.

« Non, et les Roms non plus, et tu sais à qui ils ont juré loyauté. Seules les portes ordinaires et les barres peuvent nous garder dehors et à quel point seront-elles efficaces ? Vous n'avez pas de forteresse. On peut se frayer un chemin dans n'importe quel bâtiment de ces montagnes. »

Tout en parlant, Simion remarqua un faible anneau de lumière à l'horizon. Comme l'avait déclaré le portier, l'aube approchait. En jurant mentalement, Simion comprit qu'il n'y avait que peu de chance de convaincre ce mortel obstiné de suivre la voie de la raison. Il se tourna vers Draculea en faisant :

« Mon seigneur, nous ne pouvons pas rester.

- Tu es fou, Simion ? siffla Draculea. Tu crois que je vais quitter cet endroit sans lui ?

- Je vous en prie, mon prince, je ne vois pas d'autres solutions. Ce que le portier a dit est vrai. Si vous étiez au meilleur de votre forme, vous pourriez défoncer cette porte. Si cet endroit n'était pas consacré, vous pourriez utiliser vos pouvoirs pour trouver un moyen d'entrer. Je ne veux pas laisser le jeune Harker ici mais je ne vois pas d'autre solution. Nous avons où il se trouve. Revenez au château. Je peux parler aux Roms et ils vont rassembler leurs frères. Je crois que le reste du village se montrera beaucoup plus réaliste que ce portier. Si nous leur faisons bien comprendre le risque qu'ils encourent, je crois qu'ils seront heureux de nous livrer Jonathan.

- Comment peux-tu me demander ça ? » murmura Draculea.


L'esprit de Simion fonctionna à toute vitesse. Draculea n'était pas assez fort pour braver la lumière du jour. Il aurait besoin de se fortifier avec beaucoup de sang humain avant de pouvoir en supporter les rayons. Mais Simion aurait besoin de quelque chose de vital pour séparer le prince de son amant prisonnier.

« Mon seigneur, qu'en est-il de Rock ? »

Draculea cessa de faire les cent pas pour regarder Simion avant des yeux durs et brûlants, ses canines dénudées.

« Oui, j'ai vu ce qui restait de lui et si j'en avais eu le temps, j'aurais craché sur ses restes. Mais réfléchissez, seigneur — vous êtes sûr que vous lui avez réglé son compte ? Pensez à ce qu'il a déjà survécu. Considérez son obsession folle pour Jonathan. Il l'a attaqué alors qu'il en connaissait les conséquences. Je ne peux m'empêcher de croire qu'il va recommencer, s'il en est capable. »

Le ciel s'éclaircissait. Le soleil n'allait plus tarder à surgir à l'horizon. La voix de Simion se fit plus véhémente.

« Vous connaissez toutes les façons légendaires dont un Nosferatu peut être détruit. Si vous ne pouvez pas rejoindre Jonathan, Rock non plus donc il est en sécurité pour le moment. Ne devriez-vous pas vous occuper de cette menace avant que votre amant ne quitte son sanctuaire incertain ? »


Draculea flancha et Simion insista sur son dernier argument.

« Mon ami, je ne crois pas que vous pourriez survivre au soleil et si vous mouriez... Je ne pense pas que vous pourrez revenir comme Nicolae l'a fait. Vous seriez finalement et irrévocablement séparés et je sais que toutes les tortures que le diable pourrait inventer pour vous en Enfer ne seraient rien comparées à ça. Et iriez-vous le laisser seul et sans protection juste parce que vous n'avez pas pu attendre un peu ? »

Draculea regarda Simion. Sa voix était tendue.

« Tu me réprimandes à nouveau pour mon impatience, Simion ? »

Simion garda le silence. Draculea soupira.

« Tu as eu raison toutes les autres fois. »


Il ferma les yeux et une larme de sang s'échappa pour couler le long de sa joue.

« Simion, comment puis-je le quitter ? »

Simion posa la main sur le bras de Draculea.

« Mon prince, vous partagez un lien avec lui. Dites-moi — va-t-il survivre ? »

Draculea hocha la tête.

«  Oui. Il est blessé, mais pas mortellement. Je peux au moins le sentir.

- Voici donc comment vous allez le laisser. Vous savez qu'il va survivre. Aussi longtemps qu'il est en vie, vous le retrouverez. »

Il pressa durement le bras du prince.

« C'est le Destin. Après tout ce que vous avez vécu, mon seigneur, durant ces nombreuses années et ces miles fatigants — c'est le Destin. »


Alors que le soleil se levait à l'horizon, Draculea monta dans la calèche et Simion l'enferma dans des ténèbres protectrices. Avant de remonter à la place du cocher, il se rendit à nouveau à la porte de la chapelle et héla :

« Lukas, écoute-moi. Tu as un peu de temps pour réfléchir mais juste un peu de temps. Je ne te dirai pas de ne pas considérer cela comme une victoire. Je pense que tu sais très bien à qui tu t'opposes. Je vais te le dire une fois encore — ce jeune homme n'a pas besoin qu'on le protège du prince. Le monde n'a pas été tendre avec lui, Lukas. Rends-le à quelqu'un qui va le chérir plus que tout au monde. Fais-le pour son bien — et pour le tien. »

Simion fit faire demi-tour à la calèche et se dirigea vers le château Draculea. Il y avait des bruits provenant de l'intérieur de la calèche — des rugissements et des malédictions. Mais mêlé à ces sons de colère animalités, il y avait un autre son très humain — des pleurs.







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