Partie Cent sept : Seconde visite, première partie
L'an de grâce 1892
L'abbaye de Carfax
La même nuit
« Vous allez essayer de le voir avant le coucher du soleil, n'est-ce pas ? »
De sa chaise, Vlad leva les yeux sur Simion.
« Je ne vois pas comment l'éviter complètement. Mais l'Angleterre est la terre du brouillard et de la pluie, Simion. J'en ai fait l’expérience et si le ciel est couvert, je PEUX sortir. Ce n'est pas du tout agréable ou même confortable, mais cela ne me fait pas de mal physiquement. Si j'ai de la chance, ce mauvais temps va durer pendant quelques jours. Sinon... »
Il croisa les mains et les appuyant contre son front.
« Nous partageons toujours un lien de sang, bien qu'il ne soit pas aussi fort que je le voudrais. Je dois le renforcer le plus vite possible. Entre-temps, si je l'appelle, je pense qu'il viendra. »
Il sourit.
« Ce ne serait pas rare qu'un jeune homme rende visite à une nouvelle connaissance. »
Rill entra dans la pièce en se dirigeant droit vers Vlad, tomba à genoux devant Dracula puis enfonça son visage contre ses genoux. Inquiet, Dracula lui caressa les cheveux.
« Mon enfant, que se passe-t-il ? Quelque chose t'a bouleversé. »
Rill leva les yeux vers lui. Ses yeux étaient rouges car ils étaient baignés de larmes non versées.
« C'est Robert. »
Simion savait à quel point son amant aimait le petit commis de loi. Si quelque chose de mal était arrivé à Robert, cela ferait beaucoup de mal à Rill et il avait déjà connu tant de souffrances dans sa vie. Il alla se pencher vers Rill en passant un bras autour de ses épaules.
« Que lui est-il arrivé ? »
Rill leva les yeux vers lui et un filet écarlate fit son chemin le long de sa joue.
« Il... Il va bien pour l'instant. J'ai arrêté cet homme. »
Dracula se pencha en avant, l'air tendu.
« Rill tu as — »
Rill savait ce qu'il demandait et il fit rapidement :
« Non, j'étais un rat. Il ne savait pas que c'était moi. »
Rill fronça les sourcils.
« J'aurais bien aimé être un loup à ce moment-là pour pouvoir déchiqueter sa gorge. »
Il ressuya les larmes avec son poing.
« Je n'aurais pas dû me montrer à lui mais je me suis souvenu que vous m'aviez dit de ne pas attirer l'attention. Ils ont des rats partout alors ce ne serait pas étrange s'il se faisait attaquer par l'un d'eux.
- Pardon d'avoir douté de toi, fit gentiment Dracula. Mais que s'est-il exactement passé ?
- Il allait faire... faire... ce que Rock lui avait déjà fait. »
L'expression de Rill se tordit à nouveau.
« Robert n'aurait pas pu le supporter, seigneur. Je pense qu'il se serait tué s'il subissait à nouveau cela. »
Dracula regarda Simion et l'autre homme hocha la tête.
« C'est très probable, mon seigneur.
- S'il reste encore là-bas, il se peut que cet homme essaie à nouveau, fit Rill. Et je sais que nous ne voulons pas déclencher un tumulte parce que ça pourrait poser des problèmes pour que vous courtisiez Jonathan. Mais je vous en prie, monsieur, on ne peut pas faire quelque chose pour l'aider ? »
Dracula soupira. D'une certaine façon, il était responsable de la situation actuelle de Renfield. Il était vrai que Renfield avait été fragile émotionnellement avant son arrivée au château Draculea. Il était vrai aussi que Dracula n'avait pas personnellement fait de mal à cet homme : mais il avait laissé à Rock l'entière liberté de faire ce qu'il voulait pour obtenir l'information dont il avait besoin — et il connaissait Rock. En dépit de ses méthodes parfois violentes, Dracula avait toujours ressenti le profond besoin de protéger ceux que le destin avait placés sous ses soins — à la fois personnellement et comme dirigeant. Quand il avait laissé Robert Renfield se faire briser, il s'était rendu responsable de cet homme
« Je
ne sais pas, Rill. »
Il regarda Simion.
« Toi, mon vieil ami. Tu es resté plus près du monde que moi. Tu ne m'as jamais donné de mauvais conseils. As-tu des suggestions ? »
Simion réfléchit.
« Il y a plusieurs façons de résoudre ce problème, fit-il lentement. Il faudrait que j'en sache un peu plus avant de pouvoir échafauder des plans concrets. Rill, tu préférerais que l'on récupère Robert ou qu'on tue cet homme ? »
Rill montra ses dents et il ne paraissait plus aussi gentil à présent.
« Les deux.
- Ce n'est sans doute pas possible, fit-il calmement, mais je vais essayer. Dis-moi, est-ce que cet homme ressemble un peu à Robert ?
- Non. Il est beaucoup plus grand et il a les cheveux noirs.
- Zut. Je pensais que si son visage était détruit, disons dans une chute... S'il portait les vêtements de Robert, ils auraient pu croire que c’ÉTAIT Robert et ils ne le chercheraient plus. Mais puisqu'ils sont si différents, cela ne marchera pas. Peut-être que... s'il vit seul... »
Simion jeta un regard au feu qui crépitait dans l'âtre.
« ... il y a peut-être une solution. »
Le
lendemain matin, Jonathan refusa le plateau que Lukas avait apporté
dans sa chambre. Il se leva plutôt et s'habilla puis descendit
dans la salle à manger pour prendre son petit-déjeuner.
Bien sûr, il était beaucoup trop tôt pour que Lucy
soit levée mais il trouva Mina et Quincy à table. Mina
leva les yeux de sa conversation et fronça légèrement
les sourcils.
« Jonathan, que faites-vous en bas ? J'ai
commandé un plateau pour vous afin que vous vous reposiez.
- Alors je dois vous remercier pour les œufs à la coque et les mouillettes. Du pain coupé en fines bandes pour que ce soit plus simple de le tremper dans des œufs à la coque, je suppose. J'ai appris ça dans 'Are You being served?' :) (1) C'était très aimable de votre part mais hier soir, c'était mon premier VRAI repas depuis des semaines. Lukas insistait pour me nourrir comme un invalide et j'ai eu ma dose de bouillon de bœuf et de tartines au lait. Des tartines beurrées avec du lait chaud versé dessus (la nourriture favorite des petits enfants et des invalides dans l'Angleterre victorienne). Si les enfants cajolaient suffisamment, ils pouvaient avoir un peu de sucre avec. (2) Il me faut de la vraie nourriture et je pense que le fait que je n'ai pas mal réagi au repas d'hier est une preuve suffisante que je suis prêt à manger à nouveau comme un grand garçon.
- Tant mieux pour vous, » fit Quincy d'un ton approbateur.
Il
indiqua sa propre assiette. Elle était recouverte de jambon,
d'œufs, de pain, de sardines et de compote de fruits.
« Bien que ma mère ne prenne que du pâté et du café le matin, elle sait que je mourrais de faim si elle tentait de me limiter à ça. Allez vous servir, mister Harker. Je vous recommande le poisson. Vous savez, je n'aurais jamais cru que j'aimerais avoir du poisson le matin à moins que je sois en train de camper et que je les ai attrapés moi-même, mais ils sont très bons. »
Jonathan se servit généreusement des plats sur le buffet puis retourna s'asseoir à table. Mina se renfrogna légèrement lorsque Jonathan s'assit à côté de Quincy plutôt qu'à côté d'elle, mais elle se dit que c'était simplement des bonnes manières — Jonathan avait pris la place la plus proche au lieu de contourner la table avec une assiette pleine dans les mains.
« Vraiment, Jonathan. Vous ne pensez pas que ce serait plus sage de remanger de façon plus graduelle ? »
Jonathan prit une portion d'œufs brouillés.
« Comme je l'ai dit, Mina : si le dîner d'hier soir ne m'a pas donné mal au ventre, je ne crois pas que ce repas le fera.
- Peut-être pas, fit-elle avec une pointe de sévérité. Mais vous allez commencer à prendre du poids en mangeant comme ça.
- Pas si je reprends mon travail, nounou, » fit Jonathan.
L'air renfrogné de Mina s'accentua à ce surnom taquin et Jonathan regretta, non pas pour la première fois, qu'elle n'ait pas plus le sens de l'humour.
« J'ai déjà dit que je n'avais pas l'intention de rester au lit et je ferais piètre impression en me prélassant gracieusement sur une chaise longue. Je vais envoyer un message à mes employeurs pour voir s'ils ont besoin de moi à Londres. S'il n'y pas d'urgence, il se peut que je profite de l'hospitalité de mister Westenra encore une semaine.
- C'est bien de voir un homme qui prend son travail au sérieux, fit Quincy.
- Jonathan le prend TRÈS au sérieux, fit Mina et pendant un moment, sa voix FAISAIT penser à une assistante sociale qui parlait de son protégé favori. Il ira loin. Il aura un jour sa propre société avec une douzaine de commis travaillant pour lui. »
Jonathan leva les yeux vers elle. Ce n'était pas la première fois que Mina parlait de leurs plans pour l'avenir mais il venait juste de se rendre compte que, bien que ce futur soit supposé être commun, il n'avait pas eu son mot à dire. Mina avait décidé que Jonathan aurait sa propre société juridique et peut-être, sous-entendit-elle, devenir juge un jour. Elle avait tout prévu. Jonathan eut le souvenir bref de son père assis en face de lui un matin et lui disant froidement que les ambitions de carrière de Jonathan étaient ridicules et qu'il étudierait pour un métier raisonnable — la loi.
Aucune des deux autres personnes à table ne remarqua le bref moment de distraction de Jonathan. Quincy poursuivit :
« Mister Harker, j'espère que vous ne deviendrez pas un de ces hommes qui se contente de rester assis pendant que les autres travaillent pour lui. Je pense qu'une homme doit mettre la main à la pâte dans son travail quotidien s'il veut rester au courant de ce qui se passe et conserver le respect de ses employés. Quand je suis chez moi, je ne me contente pas de trier des papiers. Je peux attraper un bœuf au lasso et le marquer au fer rouge comme n'importe lequel de mes hommes. Je peux comprendre qu'un homme qui travaille dur apprécie un peu de temps libre, mais je me demande vraiment comment c'est pour quelqu'un qui n'a jamais eu besoin de gagner sa vie. »
La voix de Mina se fit rigide.
« Mister Westenra...
- Oh, je ne parlais pas de lui. Je suis sûr qu'il a travaillé comme une bête dans sa jeunesse pour bâtir son affaire, et Miss Lucy s'est plainte qu'il ne passait que peu de temps chez lui — il s'occupe toujours de ses usines. »
Elle se plaindrait encore plus si son affaire s'effondrait et qu'elle doive abandonner une partie de son luxe, songea Jonathan. Et d'où me vient cette pensée ? C'est... peu charitable.
Quincy fit :
« Je songeais plus à nos visiteurs d'hier. J'ai entendu dire que la noblesse européenne peut être très décadente.
- Le comte ne m'a pas semblé être un homme doux, fit Jonathan.
- Pas lui, acquiesça Quincy, bien que j'ai eu l'impression que la chose la plus dure qu'il ait DÛ faire, c'est surveiller ses biens. Non, il me semble être le genre d'homme à refuser de céder le contrôle. Je pensais plus à ce Français.
- Je l'ai trouvé très élégant, fit Mina, mais je ne sais pas si je dirais qu'il est tendre.
- Peut-être pas, acquiesça Quincy en se souvenant des réponses presque voraces de Sinn à ses avances. Mais il me SEMBLE être le genre d'homme à ne se fatiguer que pour ses propres intérêts. Il n'y a rien de mal à ça, tant que l'on sait à quoi s'attendre. »
Quincy réfléchit un moment puis sourit.
« Avec mister Barbee, je ne suis pas sûr de savoir à quoi m’attendre. Je pense que je passerai rendre visite à l'Abbaye un peu plus tard. »
Jonathan leva les yeux.
« Je viendrai avec vous.
- Jon'. »
Le ton de Mina était rempli de reproche.
« Il pleut des cordes dehors. Ce ne serait pas bon pour vous et ils n'attendront sûrement pas de visiteurs avec ce temps. »
Elle me parle à nouveau comme une gouvernante à un enfant désobéissant.
« Je me couvrirai bien et je pense que ce sera agréable d'avoir des visiteurs un jour si maussade.
- Laissez-moi vous dire, fit Quincy. Miss Mina, si vous êtes inquiète que mister Harker soit mouillé et prenne froid, nous utiliserons une voiture fermée.
- Ce ne serait pas très aimable de demander à un cocher de sortir sous cette pluie pour une visite sociale inutile, fit Mina. »
Je n'ai pas remarqué que les femmes de cette maison s'inquiétaient du confort des serviteurs. Je pourrais presque croire que cette petite miss Mina ne veut pas que Jonathan leur rende visite pour une autre raison que sa santé. Et Jonathan insiste beaucoup pour voir quelqu'un qu'il vient juste de rencontrer, songea Quincy.
« Inutile de les déranger, miss Murray. Je suis plutôt habile avec un attelage de chevaux et une schtite... »
Il rougit.
« Pardon, miss. Une petite pluie comme ça n'est rien. L'Angleterre est plus pluvieuse que le Texas mais ce n'est rien quand on a connu un ou deux de nos ouragans. Et si miss Lucy et vous, vous vous emmitoufliez dans une de ces jolies capes en fourrure que j'ai vues à l'entrée et que vous nous accompagniez ? »
Oh, ma foi. C'EST un sacré regard que Jonathan vient de me lancer. Il ne veut pas que sa petite chérie vienne avec. Je me demande pourquoi ? Ou plutôt, j'ai ma petite idée — je ne sais simplement pas si c'est le comte ou ce mignon petit garçon un peu simplet. Il a passé pas mal de temps à parler avec ces deux-là.
Jonathan n'eut pas besoin de s'inquiéter. Mina n'était pas ravie que Jonathan rencontre quelqu'un de plus intéressant qu'elle — sans qu'elle ne soit pas pour lui rappeler leurs fiançailles — mais elle n'allait pas risquer l'inconfort pour empêcher cela.
« Je doute que Lucy souhaite venir, fit Mina d'un ton rigide. Il n'y a pas d'obligation sociale de leur rendre visite et elle est bien trop raisonnable pour faire une balade par un temps pareil. »
Et depuis quand Lucy Westenra se montre raisonnable ? songea Jonathan en retournant à sa nourriture.
Les deux hommes laissèrent Mina les convaincre d'attendre le déjeuner pour rendre visite.
« Le temps se sera peut-être éclairci d'ici là. En tout cas, ce ne serait pas poli d'arriver à l'heure du déjeuner sans être annoncés. »
Ni Jonathan, ni Quincy ne purent trouver à redire. Lucy, qui était finalement descendue vers dix heures, ajouta ses arguments à ceux de Mina mais elle n'eut pas plus de succès que son amie. Après le repas, Quincy mit son manteau en cuir d'agneau et son Stetson. Il avait expliqué à Jonathan et aux dames que le chapeau d'un cow-boy était l'élément le plus important de sa garde-robe, presque aussi nécessaire que ses jambières de cuir.
« C'est pour se protéger du soleil et de la pluie, vous pouvez vous en servir pour attiser des cendres ou pour apporter de l'eau à votre poney et un chapeau a sauvé la vie de plus d'un cow-boy en distrayant un taureau. Je me suis senti nu lorsque j'ai rendu visite au comte l'autre jour sans lui mais ce majordome l'avait caché dans un placard. »
Il sortit pour aller aux écuries en disant à Jonathan qu'il conduirait le carrosse le plus près possible de la porte pour qu'il n'ait pas à marcher sous la pluie.
Ce n'était pas une terrible tempête : il n'y avait pas d'éclair ou de tonnerre mais la pluie tombait régulièrement. Le ciel était couvert avec des nuages d'un gris acier remplissant le ciel jusqu'à l'horizon. L'abbaye de Carfax était un colosse d'un gris encore plus sombre entre le ciel et la masse grise-verte des arbres mouillés qui l'entouraient. En regardant à travers la petite vitre du carrosse, Jonathan songea qu'il serait facile de croire que cet endroit était désert depuis longtemps. Il semblait solitaire et cela fit résonner quelque chose en lui. C'est comme du déjà vu, songea-t-il. J'ai l'impression d'avoir déjà fait ça : m’approcher d'un grand bâtiment en pierres négligé et... quelqu'un m'attendait là-bas.
Quincy tira sur les rênes devant l'entrée de l'Abbaye et il descendit en hélant :
« Restez ici jusqu'à ce que je voie ce qu'il en est. S'ils ne sont pas chez eux, inutile que vous vous mouilliez. »
Quincy utilisa le grand heurtoir de la porte et Jonathan songea qu'il pouvait en entendre l'écho, même de l'endroit où il était assis.
Quelques moments plus tard, la porte s'ouvrit et le même homme blond qui avait accueilli le groupe de bienvenue des Westenra regarda dehors d'un air interrogateur. Quincy, qui s'était avancé sous le léger abri fourni par la porte d'entrée encastrée, retira son chapeau.
« Bonjour. Mister Morris et mister Harker souhaitent saluer le comte — si possible, en personne parce que je suis à court depuis longtemps de ces délicates petites cartes de visite. »
Les lèvres de Simion s'étirèrent légèrement aux coins. Il pensait que mister Morris venait probablement de faire de l'humour mais on ne savait jamais. Il était plus sûr de prendre les choses au pied de la lettre.
« Je suis certain que le comte et peut-être mister Barbee seront impatients de vous accueillir mais cela peut prendre un peu de temps. Vous voyez, les horaires de notre demeure sont inversés par rapport aux horaires usuels. Ce qui est l'heure du coucher pour la plupart des gens est le milieu de la journée pour nous. »
Il ouvrit plus la porte.
« Mais si cela ne vous gêne pas d'attendre...
- Ça ne me gêne pas et je suis sûr que ça ne dérangera pas non plus mister Harker.
- Bien. »
Il souriait à présent.
« J'avais peur de devoir insister. »
Quincy retourna au carrosse et noua les rênes à un poteau d'attache.
« Venez, Harker. Si vous vous dépêchez, vous serez à peine trempé. »
Jonathan parcourut rapidement la petite distance qui le séparait de l'entrée abritée. Il retira son chapeau et sourit en voyant Simion.
« Vous êtes sûr ? Je n'aimerais pas déranger le comte. »
Simion fut ravi que Jonathan se soit montré courtois envers lui en retirant son chapeau avant même d'entrer dans la maison. Les gens de la classe moyenne n'observaient pas souvent les règles élémentaires des bonnes manières quand ils étaient avec des serviteurs. Mais Nicu a toujours été un garçon poli.
« Veuillez me croire, mister Harker — le comte ne me pardonnerait sans doute jamais si je vous laissais partir avant qu'il ne puisse vous voir. »
Il
conduisit Quincy et Jonathan dans le salon principal. Il y avait
allumé un petit feu peu avant ainsi la pièce était
sèche, chaude et aussi joyeuse qu'il était possible
pour un endroit négligé depuis longtemps. Une fois les
hommes confortablement installés, Simion s'excusa. Quand il
eut quitté la pièce, il se déplaça de
plus en plus vite pour se rendre en premier lieu dans les sous-sols.
Sinn et Rill avaient leurs chambres au second étage —
des chambres internes et sans fenêtres — mais Dracula
avait passé tant de temps dans les caveaux souterrains au
château Draculea qu'il se moquait de l'endroit où il
passait ses heures diurnes.
Simion se rendit rapidement à l'endroit où reposait le cercueil de son maître, dans un endroit reculé. Il gratta sur le couvercle et fit :
« Maître. Maître, il faut que vous vous réveilliez. IL est là. »
Il se pencha plus près du couvercle. Au lieu de hausser la voix, il murmura :
« Vous m'entendez, Vlad Dracula ? Il est venu vous voir. Réveillez-vous. »
Il se leva et attendit. Il y eut un long moment d'attente mais il était patient. Il était certain que Dracula l'avait entendu mais cela devait lui prendre un peu de temps pour sortir de son sommeil anormal. Il y eut un léger craquement et le couvercle du cercueil se leva d'à peine un pouce, puis fut repoussé brutalement. Allongé dans le cercueil, Dracula ouvrit les yeux et regarda Simion. Sa voix était encore épaissie par le sommeil alors qu'il fit :
« Mon vieil ami, tu apportes une si bonne nouvelle que j'ai du mal à y croire, pourtant je sais que tu ne me mentirais jamais — pas à propos de ça.
- Je vous le jure, Domn. Il est assis dans le salon — ce cow-boy américain, Morris, et lui sont venus rendre visite. »
Simion sourit.
« Je vais aller prévenir Sinn. Son intérêt n'est peut-être pas aussi profond que le vôtre mais il sera considérable. »
Notes du chapitre :
(1) Du pain coupé en fines bandes pour que ce soit plus simple de le tremper dans des œufs à la coque, je suppose. J'ai appris ça dans 'Are You being served?' :)
(2) Des tartines beurrées avec du lait chaud versé dessus (la nourriture favorite des petits enfants et des invalides dans l'Angleterre victorienne). Si les enfants cajolaient suffisamment, ils pouvaient avoir un peu de sucre avec.
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