Chapitre 160 : Le Spectateur Chanceux
La pièce spéciale pour se changer habillait les acteurs pour qu’ils prennent totalement l’apparence du rôle qu’ils devaient jouer. En général, l’apparence de ce personnage était à cent mille lieues de celle de l’acteur, alors il était impossible pour les gens de le reconnaître.
Par exemple, Leng Xin était une adorable jeune femme assez petite, mais elle avait pris l’apparence d’une démone arrogante et vicieuse grâce à la pièce pour se changer, et son apparence ne ressemblait pas à la moitié de ce qu’elle était vraiment. L’acteur qui interprétait le rôle de M. Georges était un jeune démon au visage rond et qui mesurait 1 m 90, mais il avait désormais l’apparence d’un démon moyen au visage carré, entêté et arrogant, qui ne faisait que 1 m 70 et qui avait au moins quelques centaines d’années de plus.
Au contraire, l’apparence de Ye Yingzhi n’avait pas trop changé. Il était déjà à la base un gentilhomme noble et gracieux. Quand il ne souriait pas, il avait l’air indifférent et difficile à approcher. Quand il lui arrivait occasionnellement de sourire, il devenait doux mais toujours indifférent. Ce n’était que lorsqu’il était face à Chi Yan que son visage et son regard s’adoucissaient totalement, révélant sa nature très gentille qui était soigneusement dissimulée le reste du temps.
Pour la pièce, les mains en plastique de la table de maquillage avaient simplement redessiné un peu le contour de son visage et appliqué un soupçon de maquillage, effaçant la tendresse et la douceur cachée, mais n’ajoutant pas trop de modifications. On pouvait donc encore discerner sa vraie apparence. Mais comme Chi Yan et lui étaient des nouveaux venus, personne ne les connaissait. Ce n’était donc pas un gros problème.
En cet instant, l’interprète du rôle de Yuris était assis au bord de la fausse fontaine, et il cracha intérieurement sur le scénario invraisemblable de L’Arrivée du Démon — Yuris devait vraiment être inconscient, lent à la détente et totalement dénué de bon sens pour ne jamais avoir découvert l’identité du souverain des Enfers et seulement le considérer comme un pauvre démon ordinaire dont les pouvoirs avaient disparu.
Comment l’aura des démons supérieurs, surtout un si grand démon, l’un des rois des Enfers, aurait pu se comparer à celle d’un démon ordinaire ? Même si Adeyas avait caché ses attributs démoniaques — les cornes et les ailes — son tempérament et la pression qui émanait de lui n’avaient rien à voir avec celles d’un démon ordinaire.
Par exemple, l’acteur qui jouait Adeyas à côté de lui, même s’il avait réprimé toute son aura selon les règle du jeu, même s’il s’était déguisé en humain comme le demandait le scénario en cachant ses ailes et ses cornes, il n’était pas possible de se tromper sur son compte. Cet homme devait être un démon de haut rang dans les Enfers, il venait peut-être d’une noble et longue lignée de puissants démons car son aura de démon supérieur était bien trop évidente.
Toutefois, ce noble démon ne devait pas avoir l’habitude de venir s’amuser dans un parc d’attractions inférieur comme Démonville et il ne connaissait pas très bien le langage codé qui était courant parmi la plupart des acteurs démons. Ce pouvait même être sa première fois à Démonville et la première fois qu’il jouait dans le Théâtre du Diable.
Yuris se dit qu’il avait certainement deviné juste. Les nobles et puissants démons pouvaient trouver toutes sortes d’amusements aux Enfers. Ils n’avaient pas besoin de travailler dur comme eux pendant un an et d’économiser de l’argent juste pour se rendre dans Démonville afin de se détendre et de manger quelques humains — bien qu’il s’agissait de la lie de l’humanité.
Effectivement, les humains dans Démonville attiraient les démons à cause de leurs désirs sombres et puissants au plus profond de leurs cœurs, mais ils avaient souvent des âmes impures et n’avaient pas du tout bon goût. Les démons aimaient dévorer les gens aux âmes pures et innocentes. Malheureusement, selon la loi des Enfers, les démons n’avaient plus le droit de se rendre en douce dans le monde des humains sans permission, et encore moins de capturer et dévorer des humains sans permission. Sinon, ils se feraient jeter dans l’abîme infernal.
Cependant, en tant que démon supérieur, on devait pouvoir savourer plusieurs humains avec des âmes pures et délicieuses tous les jours ! — En réalité, Yuris ne connaissait aucun démon supérieur dans les Enfers, alors ce n’était que ses suppositions sans fondements.
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Tout comme Leng Xin et Ryadoff avaient pu confirmer que l’autre était bien un humain et s’étaient servis de positions sur scène pour communiquer avec l’autre et discuter de la stratégie, les démons avaient aussi leur propre langage codé. Mais ces ‘langages codés’ du côté des humains comme des démons n’étaient pas fixes, autrement il serait facilement repéré par l’autre camp et percé à jour, et ce serait également un jeu d’enfant pour l’autre camp d’apprendre et d’imiter ce langage afin d’enfreindre les règles du jeu. Ce ‘langage codé’ devait donc s’interpréter en fonction de la scène, du comportement et des actes de la personne qui émettait le message, ce qui voulait dire que les acteurs devaient d’abord se reconnaître entre eux, puis s’observer soigneusement afin de repérer et comprendre ces messages et gestes secrets.
De ce fait, les démons stupides étaient mis de côté par leurs pairs et les humains stupides avaient bien du mal à survivre longtemps à Démonville.
Yuris avait pu confirmer l’identité de l’autre homme, alors il lui exprima sa pleine reconnaissance par sa gestuelle — c’était cohérent avec la pitié que Yuris avait ressenti dans le script en voyant ce démon apparaître subitement : comme l’autre était faible et petit, Yuris se comporta de manière proche et confiante avec lui, alors ce n’était pas une infraction aux règles du jeu. Cependant, si l’autre était un acteur expérimenté, il ne pourrait pas manquer de comprendre ce que cela voulait dire.
Pourtant, Adeyas ne répondit pas. Il continua à interpréter à la perfection l’air d’Adeyas dans le script : indifférent, silencieux, inaccessible mais tolérant — quoique Yuris avait l’impression que ce n’était pas de la tolérance, mais que c’était plutôt que le puissant roi des Enfers ne se souciait guère de ce genre de trivialités.
Par conséquent, Yuris ne pouvait attribuer l’absence de réponse de l’autre homme qu’au fait que ce noble démon de haut rang ne venait pas souvent s’amuser dans cette Démonville miteuse. Voilà pourquoi il ignorait la situation ici et la manière de jouer habituelle. Malgré ça, Yuris ne remit pas en doute son propre jugement sur l’identité de cet homme.
L’acteur qui jouait Adeyas était donc forcément un démon, et lui-même était aussi un démon. Alors en toute logique, il devait y avoir au moins un humain pour Christine ou M. Georges. Mais ces deux-là jouent sacrément bien, je n’arrive toujours pas à savoir qui est humain, songea Yuris avec angoisse.
Contrairement aux humains, les démons devaient payer en argent infernal pour avoir le droit de participer aux jeux. Après avoir obtenu une carte de membre de Démonville, ils profitaient de 20 % de remise. Pour les démons, Démonville était comme un parc d’attractions, un endroit juste pour s’amuser, passer du bon temps et consommer. Alors bien sûr, les démons n’apprécieraient pas d’avoir dépensé de l’argent sans pouvoir manger des gens en échange.
La situation dans le jeu était actuellement un peu confuse. Le camp humain n’avait toujours pas pu déterminer qui était leur atout, tandis que le camp démon n’avait pas réussi à trouver qui était l’humain parmi les rôles principaux. Comme Christine, M. Georges, Yuris et Adeyas se comportaient vraiment trop comme des démons, les démons commencèrent même à soupçonner que tous les humains de la pièce avaient été répartis dans les rôles secondaires. Du coup, ils prêtèrent plus d’attention aux acteurs qui n’avaient pas de grands rôles.
Leng Xin et Ryadoff avaient à la fois de l’expérience et un jugement très net. Sous leur houlette et leur progression, les quatre acteurs humains des rôles secondaires avaient tous pu confirmer mutuellement leurs identités : il y avait la belle-mère de Christine, le fonctionnaire de la mairie, une amie humaine de Christine et le messager du palais qui allait voir Yuris pour le convoquer au palais.
Puisque l’atout jouait si bien et ne les avait jamais contactés, ils ne purent que s’assurer que Ryadoff, qui n’avait que deux scènes sans importance et jouait extrêmement bien, serait leur joker, et ils optèrent pour la stratégie du joker — que l’atout se fasse découvrir ou pas, ils devaient s’assurer que Ryadoff ne soit pas identifié par les démons.
Cependant, des situations comme celle d’aujourd’hui n’avaient rien de rare. Certains acteurs humains très sûrs d’eux et très puissants craignaient de couler avec les autres humains sur scène, alors ils refusaient de coopérer avec eux. Ils faisaient simplement de leur mieux pour jouer leur rôle sans se trahir et de faire face aux démons. Les humains d’aujourd’hui se doutèrent donc qu’ils avaient affaire à un atout qui était ce genre de joueur sans cœur.
Ce fut le moment de la dernière scène. Conduits par les messagers du palais, Yuris, Christine et le père de Christine arrivèrent au palais l’un après l’autre. Ensuite, les messagers se retirèrent, le majordome du palais apparut et leur dit d’attendre l’arrivée de sa Majesté — En fait, c’était l’une des raisons pour lesquelles le rôle d’Adeyas valait bien quinze mille points : dans cette dernière scène, hormis Adeyas, tous les autres acteurs étaient des démons. Il n’y avait aucun humain pour le couvrir et coopérer avec lui.
Tandis que tout le monde patientait, Adeyas fit son entrée. Il s’était changé pour prendre l’apparence totale d’un roi des Enfers avec l’aide de la pièce à changer spéciale.
Leng Xin et Ryadoff songèrent en même temps : Pas de doute possible, c’est forcément un démon.
Du coup, leur atout était soit Georges, soit Yuris.
En plus de Yuris, qui avait déjà conclu depuis longtemps que Adeyas était un démon, vu qu’il avait joué une scène plus tôt avec lui dans la pièce, Christine et M. Georges avaient également jeté des regards suspicieux aux deux autres rôles principaux pendant tout ce temps. Ils eurent une pensée commune : Adeyas était forcément un démon, voire même un démon de haut rang qu’il valait mieux ne pas offenser, alors il y avait de fortes chances que l’humain soit Yuris, Christine ou M. Georges.
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Tous purent voir le souverain des Enfers apparaître sur scène en tenue officielle noire, accompagné par ses serviteurs.
Sur sa tête se dressaient deux longues, solides et puissantes cornes noires de démon dont émanait une aura puissante, et entre ses deux omoplates se trouvaient des ailes noires sublimes et singulières. Il était facile d’imaginer que lorsque ces ailes se déployaient, elles pouvaient recouvrir le ciel et cacher le soleil et la lune.
Le roi des Enfers s’assit sur son trône en hauteur d’un air indifférent. Ses ailes légèrement déployées, il fixa tranquillement les démons un peu plus bas. Il avait la contenance indiscutable et l’autorité naturelle d’un roi qui émanaient de tout son corps, comme un vrai souverain des Enfers qui régnait sur le monde entier.
Aussitôt, presque tous les démons sur scène furent pris de l’envie de s’agenouiller. Ils faillirent croire que ce n’était pas l’Adeyas de L’Arrivée du Démon qu’ils voyaient, mais plutôt leur véritable souverain, sa Majesté Eymer, le roi des Enfers.
L’Arrivée du Démon était une pièce de théâtre plutôt classique aux Enfers, mais le production qui l’avait adaptée pour le Théâtre du Diable de Démonville et qui avait choisi d’attribuer le rôle d’Adeyas à un humain avait un drôle de sens de l’humour — un humain seul assis sur le trône, faisant face à une foule de démons, se sentait forcément mal à l’aise mais devait maintenir son calme. Quant aux démons qui devaient sûrement avoir déjà découvert qu’il s’agissait d’un humain sur le trône, bien qu’ils agissaient respectueusement en apparence, ils devaient bien rigoler intérieurement, se passer des messages entre eux et songer à comment ils allaient dévorer cet humain qui ne se doutait de rien.
Mais en l’occurrence, cette scène n’était pas destinée à arriver.
Assis sur le trône, sa Majesté Adeyas annonça d’un ton indifférent le mariage de Yuris et Christine. Yuris et les deux autres s’agenouillèrent en tremblant, osant à peine respirer. La peur et l’inquiétude de voir le souverain des Enfers en chair et en os l’emportaient même sur la joie de Yuris et Christine en apprenant qu’ils allaient enfin pouvoir rester ensemble.
En cet instant toutefois, Yuris se dit que si l’histoire de L’Arrivée du Démon s’inspirait d’une histoire vraie, cela avait dû être la vraie réaction de Yuris le jardinier.
Dans les annales historiques des Enfers, le puissant démon Eymer, qui était né dans l’abîme infernal, s’était réveillé au plus profond de l’abîme et avait déployé ses immenses ailes noires de chauve-souris afin de remonter le long de l’abîme pour regagner les Enfers. À cette époque, le chaos régnait dans les Enfers. Lawrence, le duc démon du Nord, et Tesul, le grand seigneur du Sud, se battaient tous les deux afin de contrôler les Enfers tous entiers. Mais juste à son arrivée dans les Enfers, Eymer se forma rapidement sa propre armée dans l’Est uniquement grâce à sa puissance. Son ascension fulgurante attira l’attention du duc Lawrence et du seigneur Tesul qui décidèrent de s’allier temporairement afin de détruire Eymer.
Pourtant durant la bataille, Lawrence fut peu à peu conquis par la puissance et les capacités d’Eymer. Tesul se rendit également compte qu’il était un adversaire extrêmement redoutable. Ils découvrirent également que bien que Eymer soit très puissant, il n’avait absolument pas l’ambition de s’emparer de tous les Enfers. Alors au bout du compte, sur la suggestion et sous la direction de Lawrence, ces trois colosses des Enfers parvinrent à un compromis : ils allaient régner conjointement sur les Enfers. Ce furent eux qui établirent durant les négociations toutes les lois qui régissaient les Enfers. En gros, ils restaient responsables des territoires qu’ils possédaient avant et ne devaient pas interférer dans les affaires des autres. Grâce à cela, les Enfers connurent une période de prospérité et de stabilité.
La pression de l’aura d’un tel démon supérieur qui avait connu une si rapide ascension, qui s’était emparé de l’Est des Enfers et avait contraint les deux plus puissants démons des Enfers à déposer les armes, c’était quelque chose que les démons ordinaires ne pouvaient clairement pas endurer.
Cet acteur qui interprétait le rôle d’Adeyas devait précisément être un démon supérieur comme on en voyait rarement dans Démonville, voilà pourquoi Yuris se sentait si oppressé en sa présence. Si un jour il avait l’occasion de faire face en vrai au roi des Enfers, Eymer, Yuris serait assurément incapable de rester debout, son esprit se viderait et il perdrait jusqu’à la capacité de penser.
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Yuris, Christine et M. Georges remercièrent sa Majesté Adeyas de son décret et allaient quitter les lieux afin de se préparer pour le mariage. À ce moment, M. Clown, qui avait revêtu pour l’occasion un costume de cour extravagant, apparut sur scène. Il fit une petite courbette respectueuse au roi assis sur le trône.
« Votre Majesté, si vous voulez bien m’accorder quelques minutes. Ma compagnie de théâtre a préparé quelques humains chanceux tous frais pour M. Yuris et Mme Christine comme cadeaux de mariage. Permettez-moi de les tirer au sort maintenant et de les faire monter sur scène. »
Comme il n’y avait pas d’entracte dans cette pièce, le clown avait spécialement prévu cette scène pour tirer des spectateurs chanceux.
Adeyas se contenta de le regarder sans dire un mot. Après un moment, il tourna légèrement la tête pour fixer l’acteur qui jouait le rôle du majordome du palais.
Face à un tel regard, le clown sentit vraiment son corps se geler.
Contrairement aux autres, il connaissait la vérité cachée. En tant que membre du personnel de Démonville qui avait pour fonction de guider les nouveaux venus sur l’île, il était capable de reconnaître que l’Adeyas actuellement assis sur le trône était en réalité cet humain qui l’avait marqué l’autre jour. Toutefois, il ne pouvait pas le montrer sur scène. Tout en sachant sciemment que l’autre était un être humain, il avait quand même la pulsion inconsciente de vouloir montrer sa soumission. Le clown baissa la tête et réprima le mauvais pressentiment qui avait surgi dans son cœur. Il avait l’impression qu’il était passé à côté de quelque chose.
Le majordome du palais était également très impliqué dans son rôle et il comprit rapidement ce que voulait dire sa Majesté. Il fit donc un pas en avant et déclara au clown :
« Sa Majesté accepte votre requête. »
Ce ne fut qu’à ce moment que le clown se releva et commença à tirer au sort les spectateurs chanceux. Seulement cette fois, cela se passa dans un grand silence, il n’y avait aucune musique de fond. Le public attendit le résultat dans un silence angoissé.
Le clown saisit la carte blanche qui venait d’apparaître dans les airs et qui contenait le résultat du tirage au sort, comme s’il tenait une liste de cadeaux. Il fit d’un ton solennel :
« Les cadeaux de mariage que nous allons offrir à Yuris et Christine sont deux spectateurs chanceux. Il s’agit du n°16 et du n°470. Félicitations à ces deux numéros ! »
L’annonce tomba subitement.
Chi Yan, qui avait été concentré sur la pièce, se figea soudain en voyant son ticket avec le numéro annoncé dessus.
Le n°16 se trouvait dans au troisième rang du premier niveau. Blême, il fut rapidement conduit sur scène par un employé démon. Un autre démon apparut au second niveau, forçant le malchanceux jeune humain à se lever à son tour.
À cet instant, le démon assis sur le trône se redressa lentement et leva une main, ses yeux profonds.
« Un instant, » fit-il d’une voix grave.
Il désigna du doigt l’humain sélectionné du second niveau. En contemplant sa chair et son sang, les yeux noirs se plissèrent de satisfaction, une flamme obscure brûlant à l’intérieur. Il murmura d’une voix douce mais d’un ton ferme et qui ne tolérerait pas le moindre refus :
« … Je le veux. »
Suivant ses paroles et sa main, Yuris et Christine se tournèrent de concert vers cet humain du second niveau — Une âme pure et de la chair tendre, pas étonnant que cela avait suscité l’intérêt de ce démon supérieur, au point que son personnage semblait éprouver des émotions pour la première fois.
Les spectateurs chanceux étaient à la base faits pour être offerts en récompense immédiate aux démons qui jouaient sur scène. L’employé démon hocha la tête et obéit à l’ordre sans discuter. Il apporta directement l’humain n°470 sur scène pour l’offrir au roi.
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Chi Yan n’avait pas encore récupéré du choc et de la terreur d’avoir été subitement tiré au sort. Son visage était encore un peu pâle et il n’avait pas besoin de feindre la terreur sur son visage. Il ignorait ce que Ye Yingzhi avait l’intention de faire, mais il avait parfaitement conscience qu’ils étaient tous les deux en grand danger.
Alors il fit semblant de ne pas connaître le démon devant lui. Son corps fut agité par des tremblements et il lui lança un regard apeuré. Ses yeux noirs se remplirent même de légères larmes.
Ye Yingzhi plissa les yeux et le dévisagea. Il arbora lentement son premier sourire de la soirée. De sa main droite, il caressa la joue de Chi Yan et se pencha légèrement vers lui. Il lui murmura d’une voix rieuse :
« Comme tu as l’air pitoyable, effrayé ainsi, mon pauvre petit garçon. Je n’ai même plus le cœur à te dévorer. »
Malgré ses paroles, sa voix était remplie de joie non dissimulée et d’un désir non feint, la joie d’avoir découvert une proie incroyablement précieuse et qui lui faisait battre le cœur plus vite. Tous les démons présents n’eurent aucun doute sur le fait que ce seigneur démon ne pouvait s’empêcher de vouloir dévorer cet humain.
Chi Yan trembla davantage, mais il se laissa tomber en direction des bras du démon. Il releva la tête et lança un regard doux et implorant au démon, comme pour le supplier de vraiment se montrer magnanime et de le laisser partir.
Christine ne put s’empêcher de se lécher les lèvres. Cet humain était si doué pour séduire les démons que même ce démon-là n’allait pas pouvoir résister à son charme. C’était dommage d’un côté, car ce délicieux repas ne serait pas sien.
Effectivement, ce démon supérieur rempli d’expériences et de connaissances ne put s’empêcher de prendre l’humain dans ses bras. Il mordit sa nuque puis son lobe d’oreille, le gardant dans sa bouche un long moment avant de le relâcher avec réticence.
Sous la lumière des projecteurs de la scène, les yeux de l’humain devinrent soudain rouge et se remplirent de larmes. Rien qu’avec ça, il était déjà tourmenté au point d’en pleurer de terreur.
Les yeux du démon devinrent de plus en plus sombres. Il tendit soudain les mains et souleva directement l’humain dans ses bras, pressant sa tête contre son torse. Il ne put s’empêcher d’ouvrir ses immenses ailes dans le mouvement. Il lança un regard en arrière aux autres acteurs sur scène et leur adressa un léger sourire avant de faire d’un ton doux :
« Vous autres, continuez à jouer. Je vais ramener mon petit bébé pour le savourer… cela vous va ? »
Personne n’objecta. Personne n’aurait osé objecter.
M. Georges avait déjà fait les calculs. Il y avait un spectateur chanceux et cinq humains sur scène. Du moment qu’ils démasquaient tous les cinq acteurs humains, les dix-neuf démons pourraient se partager équitablement les six humains, ce qui n’était pas trop mal. Dans tous les cas, personne n’aurait osé s’opposer à ce démon supérieur. Il était donc juste et raisonnable de lui concéder directement le meilleur morceau. Après tout, même si ce démon avait voulu s’accaparer toutes les proies, ils n’auraient pas osé s’y opposer non plus. Les Enfers étaient ce genre d’endroit où régnait la loi de la jungle et où les forts s’en prenaient aux faibles — les démons avaient des rangs différents et la puissance différait grandement d’un rang à l’autre. Les démons ordinaires devaient gagner aux jeux afin de pouvoir manger des humains, tandis que les démons supérieurs n’avaient même pas besoin d’une raison pour tuer un démon ordinaire et ils étaient rarement punis dans ce cas.
Après le tirage au sort des spectateurs chanceux, le jeu qui concernait le public était terminé et il ne restait plus que le jeu sur scène entre les acteurs. Alors du moment que les autres acteurs n’y voyaient pas d’inconvénients, un des participants pouvait quitter la scène plus tôt.
Sa Majesté Adeyas serra l’humain qu’il tenait d’un air satisfait. Il referma les ailes derrière lui et quitta la scène d’un pas gracieux et nonchalant.
Yuris contempla son dos avec envie — c’était vraiment bien d’être un démon puissant, on pouvait s’octroyer la meilleure part et personne n’osait dire un mot. Il n’y avait pas à douter qu’après avoir gagné un humain si séducteur, ce noble démon allait clairement passer une longue, satisfaisante et très agréable nuit.
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Personne ne vit qu’au moment où sa Majesté Adeyas quitta le théâtre, il retira tous ses attributs démoniaques et reprit son apparence humaine. En même temps, la montre digitale à son poignet afficha une notification : + 15 000 pts.
Jamais les démons en train de jouer L’Arrivée du Démon n’auraient pu se douter que ce soir, ils étaient condamnés à ne jamais trouver le cinquième humain. Ils étaient voués à perdre ce jeu.
Aux portes du Théâtre du Diable, Ye Yingzhi déposa Chi Yan par terre. Sous la brise nocturne, il se pencha vers lui et embrassa ses yeux rougis et humides. Il baissa la tête et eut un léger rire :
« Petit idiot, tu pleures vraiment de terreur devant ton époux ? »
Il baissa la voix et ajouta à l’oreille de Chi Yan :
« Quoi ? Tu as vraiment peur que je te mange ? »
Note de Karura : On retrouve notre bon vieux Ye Yingzhi qui prend un malin plaisir à terroriser Chi Yan !
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