Esprit Malin 38

Chapitre 38 : Installation


Chi Yan eut largement le temps de bien voir la chose par terre.

C'était un homme qui rampait au sol en s'appuyant ses avant-bras pour avancer petit à petit — parce qu'il n'avait pas de jambes.

Chi Yan recula lentement.

Il vit la chose ouvrir complètement la porte et ramper dans la chambre.

Au moment où la chose tendit une main pour toucher les draps du lit, une grande silhouette se dessina enfin dans l'encadrement de la porte et l'appeler d'une voix grave :

« Ah Yan, qu'y a-t'il ? »


Au moment où cet homme prononça son nom, Chi Yan sentit que son cœur qui menaçait de remonter dans sa gorge retomba enfin à sa place normale.

Il déglutit deux fois puis regarda sous le lit. La chose avait effectivement disparu.

Il se releva pour regarder Ye Yingzhi.

« Yingzhi, j'ai encore vu ce genre de choses. Cette fois pourtant, je n'ai pas entendu parler d'un meurtre et je ne suis pas à la fac... »

Alors pourquoi je vois encore... ce genre de choses ?


Ye Yingzhi s'avança vers le lit et posa un genou dessus. Il tendit les bras pour serrer directement Chi Yan contre lui et il lui tapota le dos un moment.

« … N'aie pas peur, n'aie pas peur. Il n'y a plus rien. »

Il baissa légèrement la tête et effleura de ses lèvres les cheveux aux tempes de l'homme dans ses bras. Il ne put s'empêcher d'y déposer un léger baiser.

Chi Yan ne remarqua pas du tout les agissements de l'autre homme et ne se rendit même pas compte à quel point ils étaient proches. Il en profita aveuglément pour se cacher dans les bras de Ye Yingzhi et calmer sa frayeur.

C'est trop horrible... Cette chose à l'instant était si horrible...


La chose qu'il avait rencontrée chez son oncle n'avait jamais montré son apparence. Au contraire les deux fantômes qu'il avait vus à la fac étaient horribles mais ils n'apparaissaient qu'à un seul endroit sans jamais s'approcher. Il n'y avait que cette fois-ci où la chose avait persisté à s'approcher de lui.

Chi Yan resta un bon moment dans les bras de Ye Yingzhi avant de se rendre compte de sa position embarrassante. Il rougit un peu et recula. Il se réjouit intérieurement qu'il faisait noir dans la pièce, comme ça l'autre homme ne pouvait pas voir la tête qu'il faisait.


Ye Yingzhi le lâcha et murmura doucement :

« Tu te sens mieux ? Ça ira ? Je peux te laisser ?

– Non, ne pars pas. »

Paniqué, Chi Yan attrapa la manche de Ye Yingzhi. Après ça, il baissa la tête et ne sut plus que dire.

Dire que j'ai peur ? Te demander de ne pas partir et de rester un peu avec moi ? Il est déjà minuit passé, je t'ai déjà appelé parce que j'avais peur. Je ne peux pas t'empêcher en plus de dormir.

Ye Yingzhi avait un bon tempérament alors il resta assis et attendit patiemment, le laissant tenir sa manche.

Chi yan baissa la tête et lâcha sa manche. Cependant il saisit aussitôt la couverture pour la rouler en boule et la serrer dans ses bras. Il murmura :

« … Ye Yingzhi, je peux venir dormir dans ta chambre ? »


Ye Yingzhi avait vraiment un bon tempérament. Non seulement il ne le trouva pas pénible mais il sourit et fit :

« Bien sûr. Pas besoin de prendre ton oreiller, j'en ai deux dans ma chambre. »

Chi Yan hocha la tête avec embarras et voulut se lever avec la couverture dans ses bras. Il ne s'était pas rendu compte à quel point il était paniqué et découvrit à ce moment que ses jambes n'avaient plus de force. Il n'arriva pas à se lever et faillit tomber du lit.

Ye Yingzhi tendit la main pour l'aider et plaisanta d'un ton sérieux :

« Tu veux que je te porte jusque dans ma chambre ? »

Chi Yan secoua aussitôt la tête et se leva fermement. Il suivit Ye Yingzhi dans la chambre d'à côté comme s'il craignait que l'autre homme ne change d'avis.


Même si Ye Yingzhi vivait seul, le lit dans sa chambre faisait 1,80 m de large, bien assez pour qu'ils puissent y dormir à deux. Chi Yan étala sa couverture sur le lit et occupa le bord extérieur. Voyant qu'il s'allongeait, Ye Yingzhi tendit la main pour éteindre la lampe de chevet.

La pièce fut de nouveau plongée dans l'obscurité, seul le pâle clair de lune se reflétait à travers les rideaux beiges.

À la base, Chi Yan tournait le dos à Ye Yingzhi afin de pouvoir voir la porte de la chambre dès qu'il ouvrait les yeux. Les deux pièces étaient agencées de la même façon et les deux portes étaient identiques. Cela lui rappela son expérience récente et il ne put s'empêcher de regarder par terre, craignant constamment que quelque chose ne rampe et ne grimpe sur le lit. Le fait qu'il ne puisse pas voir en fermant les yeux ne faisait qu'augmenter la peur dans son cœur.

Il ne put s'empêcher de se rapprocher de Ye Yingzhi.


Après un moment, il ne put s'empêcher d'empiéter sur la moitié de lit de l'autre homme.

Ye Yingzhi ouvrit les yeux et regarda l'autre personne qui se rapprochait peu à peu de lui.

« Pourquoi tu ne dors pas ? »

Chi Yan se retourna et regarda Ye Yingzhi. Il se rendit soudain compte qu'il occupait plus de la moitié du lit et retourna immédiatement de son côté en expliquant :

« … Quand je regarde la porte, j'ai peur en me rappelant de cette chose. J'ai toujours peur qu'il ne vienne sans que je ne le sache, alors je ne peux pas m'empêcher de surveiller. »

C'était un cercle vicieux.


Ye Yingzhi garda le silence un moment.

Au moment où Chi Yan allait dire :

« Je vais dormir sagement. Je ne viendrai plus de ton côté. »

Ye Yingzhi tendit les bras, le serra contre lui de sorte qu'ils soient face à face.

Ye Yingzhi fit d'un ton léger :

« Alors dors comme ça, en me regardant. Je me charge de surveiller la porte pour toi, rien ne viendra ici. »

Face au torse de Ye Yingzhi avec ce dernier qui était tourné vers la porte de la chambre, cela semblait en effet plus sûr... Chi Yan ne voulut pas refuser et fit :

« Ye Yingzhi, tu es trop gentil. »

Puis il se nicha contre lui, trouva la bonne position pour sa tête et s'endormit.

Dans son sommeil, il tendit inconsciemment une main qui se posa contre le torse de Ye Yingzhi. Ce dernier passa cette main autour de son cou tandis que sa propre main glissait légèrement le long de ses épaules et de son dos. Il sourit et murmura doucement :

« Sois sage et dors... »


* * *


Comme on disait, jamais deux sans trois. C'était la troisième fois en peu de temps que Chi Yan voyait un fantôme. Il ne pouvait plus se mentir à ce sujet pour se rassurer. Cependant il n'osait pas en parler comme ça aux autres.

Ses parents vivaient loin dans la ville de H et ils étaient également âgés. L'ancienne génération ne pensait pas de la même façon que la nouvelle. S'il leur parlait de ça, ils risquaient de se faire du souci et cela ne pourrait que faire empirer les choses. Ses camarades de classe ordinaires et ses amis non proches ne le croiraient sans doute pas, ils penseraient seulement qu'il inventait ça pour se faire remarquer et ils ne l'aideraient pas.


Sans le vouloir, Chi Yan resta quatre jours chez Ye Yingzhi. Après la première nuit, tout se passa bien sans le moindre incident. Cependant il n'osait plus se rendre dans l'autre chambre pour dormir tout seul la nuit. Ye Yingzhi ne fit pas mine de l'y inciter alors il fit comme s'il ne se rappelait de rien et se présenta naturellement dans la chambre de Ye Yingzhi quand il était l'heure de dormir, comme s'il s'était installé là telle une feuille tombée qui avait pris racine.

Il avait pleinement conscience qu'il ne pourrait jamais remercier assez le jeune maître Ye de sa gentillesse alors il aida activement en faisant la vaisselle, la poussière et en passant la serpillière tous les jours. Il entreprit même de s'occuper des vêtements et sous-vêtements de Ye Yingzhi : les laver, les repasser, les sécher et les ranger dans l'armoire.


Samedi matin il reçut comme d'habitude un message de Lao Yuan qui l'invitait à jouer au basket. Il avait prévu de retourner à la fac aujourd'hui pour reprendre des vêtements. Il comptait aussi aller à la bibliothèque pour emprunter des ouvrages de référence. Après y avoir songé, il voulait aussi raconter à Lao Yuan les événements récents et voir s'il avait des idées pour lui, alors il accepta joyeusement de venir jouer au basket.

Il en informa Ye Yingzhi et se prépara à partir après le petit-déjeuner. Ye Yingzhi hocha simplement la tête et fit :

« Ne rentre pas trop tard ce soir. Je vais te faire de la fondue chinoise. »


Notes de Karura : N'est-ce pas mignon de voir Chi Yan s'occuper du ménage et du linge comme une épouse vertueuse ? Ou bien est-ce Ye Yingzhi l'épouse vertueuse qui va préparer un bon petit plat à son époux qui rentre d'une dure journée de travail ?







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