Esprit Malin 97

Chapitre 97 : Un indice


« Il est presque déjà vingt heures, pourquoi tu étais si pressé de venir ? Et où est Tao Juanjuan ? demanda Chi Yan en examinant les photos et dossiers apportés par son ami.

– Juanjuan travaille de nuit ce soir. Je viens de la déposer et je suis venu en passant. Après ça, je rentrerai directement me coucher et je la récupérerai au travail demain matin. Puis je la ramènerai avant de repartir au boulot, expliqua Song Jin. Cette affaire vient juste d'être signalée à la ville. Mon supérieur me l'a confiée pour voir d'abord si je pouvais trouver des indices. Mais j'ai eu beau l'étudier et chercher, je n'ai rien trouvé. J'ai trouvé ça un peu bizarre alors je te l'ai apportée pour que tu jettes un coup d'œil. »


Chi Yan fit claquer sa langue et reposa la photo qu'il tenait avant de regarder son ami.

« Je ne suis pas un vrai professionnel, comment pourrais-je y comprendre quelque chose ?

– Mais tu ne pratiques pas le taoïsme ? »

Song Jin fit hé hé et eut un sourire qui voulait dire "ne sois pas si modeste". Il désigna la photo et ajouta :

« J'ai déjà vu ce genre de truc dans une série télé : il suffit de regarder la photo d'une personne et de tenir un objet personnel pour savoir où elle se trouve. Alors je me suis dit... que tu en étais peut-être capable. »

Après ça, il se tira les cheveux d'un air un peu gêné. Il trouva subitement aussi que son idée était un peu ridicule. Son ami était peut-être capable de chasser ces choses mais il n'était sans doute pas capable d'utiliser ce genre de magie dont on n'était même sûr qu'elle existait vraiment.


À sa grande surprise, Chi Yan hocha la tête et fit d'un ton affirmatif :

« Ce n'est pas une technique de taoïsme que j'utilise mais je sais qu'il existe des sorts dans ce genre et qu'il y a des gens qui savent le faire. Malheureusement, moi non. »

Ce genre de sort pour trouver des gens ou des objets n'était pas considéré comme bien compliqué et plein de gens dans la famille Chi en étaient capables, sauf qu'il ne se considérait pas comme un membre de la famille Chi.

Il hésita à continuer de parler de ces techniques et relut plutôt le résumé de l'affaire. Il fronça les sourcils.

« Da Song, c'est une affaire urgente ?

– Très urgente, confirma son ami. Après tout, cela concerne la vie de cinq personnes et on ignore s'ils sont encore en vie ou non. S'ils sont en grand danger, il vaut mieux agir au plus vite pour augmenter les chances de les retrouver. En plus, c'est la première affaire compliquée que mon supérieur me confie. Je veux lui prouver que je peux m'en occuper. »


Chi Yan hocha la tête.

« Il est écrit que la famille Zhuhui possède un petit magasin à Fengshui. Afin de ne pas perdre une journée de ventes, ils ont fermé à dix-neuf heures le quinzième jour du premier mois lunaire avant d'aller en moto à Qingyao. Ils voulaient rendre visite à la famille de l'épouse, Liu Qingfeng, dans sa ville natale puis après le 16, ils comptaient voyager dans le district pour acheter de la marchandise avant de retourner à Fengshui. D'après les voisins des Zhuhui et la famille de Liu Qingfeng, la famille devait normalement arriver chez la famille de Liu Qingfeng vers vingt-deux heures, sauf qu'ils ne sont jamais arrivés. Le grand frère de Liu Qingfeng n'a pas réussi à les joindre sur le portable. Il a attendu tout le seizième jour et c'est le matin du 17 qu'il s'est précipité à Fengshui pour demander des nouvelles. C'est alors que les voisins lui ont appris que la famille était vraiment partie comme prévu.


« Du coup, les deux agents du district de Pinggu ont estimé qu'ils ont dû disparaître sur la route allant de Fengshui à Qingyao, mais ils n'ont trouvé aucun indice sur la route quand ils ont cherché pendant la journée. Après une semaine sans rien trouver, ils ont décidé de se mettre à fouiller la route après dix-neuf heures dans l'espoir de trouver la nuit des preuves qu'ils auraient pu rater durant le jour... Résultat : les deux agents ont disparu à leur tour.

« Du coup, le problème doit venir de l'heure de départ.

– C'est juste, fit Song Jin en tirant sur ses cheveux avec irritation. C'est aussi ce que je me suis dit. Juanjuan a un jour de congé après sa garde de jour demain. Je prévois donc d'aller demain au commissariat pour parler à mon supérieur et ensuite de prendre la route pour Fengshui et voir si je trouve le moindre indice. Dans le cas contraire, j'attendrai jusqu'à dix-neuf heures pour prendre la route pour Qingyao. »


Il ajouta pour conjurer le mauvais sort :

« Je suis sûr que les fantômes n'existent pas. »

Chi Yan le fixa calmement :

« Les fantômes existent bel et bien, ah. Tu en as déjà vus. »

Song Jin releva la tête vers lui. Son visage devint bleu et il se plaignit :

« La Règle ! »

Chi Yan rit.

« C'est bon, ne sois pas si nerveux. Il se trouve que je suis libre ces deux prochains jours. Laisse-moi juste parler à mon grand-père et je t'accompagnerai demain. »


Bien entendu, Song Jin sauta de joie à cette nouvelle. Ils se mirent d'accord pour que Song Jin vienne le chercher demain quand il sortirait du commissariat.

Il y avait des raviolis surgelés, des knacks, des boîtes de conserve et autres plats rapides à faire à la maison. Son grand-père pouvait facilement les réchauffer. Tao Juanjuan pouvait aussi lui ramener à manger pendant son congé du sur-lendemain. Le grand-père assura qu'il était en bonne santé et qu'il pouvait très bien s'occuper de lui. Même si Chi Yan devait s'absenter dix à quinze jours, cela irait.


* * *


Le lendemain matin à dix heures, Song Jin vint chercher Chi Yan chez lui. Ils arrivèrent à Fengshui à midi. Un agent de police du nom de Li les accueillit et les conduisit au petit commerce de la famille Zhuhui pour qu'ils y jettent un coup d'œil et qu'ils discutent avec les voisins. Les informations qu'ils obtinrent ne différaient guère de ce qui était marqué dans le dossier.

Les trois hommes arpentèrent la ville toute l'après-midi et prirent même deux motos pour faire le trajet aller-retour entre les villes de Fengshui et Qingyao. Malgré tout ça, ils ne trouvèrent aucun indice.


Quand ils retournèrent à Fengshui, il était déjà dix-sept heures. Chi Yan consulta son portable.

« Mangeons d'abord. On reviendra vérifier ce soir à dix-neuf heures. »

L'agent Li fut visiblement un peu terrifié en entendant ça. Il eut un rire jaune et fit :

« Je vais bientôt avoir fini ma journée de travail. Je suppose que je n’ai pas besoin de venir avec vous cette nuit, ça ira ? »

Song Jin plissa les yeux et le fixa.

« Il y a un problème avec cette route la nuit ? »

L'agent Li se frotta les mains nerveusement et hésita à répondre.

« Il n'y a aucun problème avec cette route, mais cinq personnes ont disparu depuis le début du premier mois, dont deux qui sont mes collègues. Même si je n'y crois pas, je me sens un peu anxieux. Désormais, plus personne n'ose emprunter cette route la nuit. »


Chi Yan songea à quelque chose :

« Il n'est jamais arrivé une chose pareille avant ? Qu'en est-il des autres gens qui vont de Fengshui à Qingyao le soir ? Ils ne disparaissent pas ? Comment se fait-il que seuls la famille Zhuhui et les deux agents à leur recherche ont disparu ?

– Nous avons pris cette route dans l'après-midi, répondit l'agent Li, et vous avez bien vu : c'est très spécial. Votre voiture n'aurait même pas pu passer. Ce n'est pas la route principale pour aller de Fengshui à Qingyao. Les Zhuhui ont choisi cet itinéraire à travers les montagnes pour aller plus vite. D'habitude, peu de gens empruntent cette route. Je n'ai jamais entendu parler d'un incident similaire auparavant. D'après les voisins, la famille Zhuhui a déjà pris ce chemin avant, même avec eux, et rien ne s'est jamais passé. »

Song Jin hocha la tête et dit à l'agent de rentrer chez lui. Il garda simplement les deux motos qu'ils avaient utilisées l'après-midi, assurant qu'il les ramènerait dès qu'ils auraient fini.


* * *


Ils attendirent tous les deux à Fengshui jusqu'à dix-neuf heures puis se lancèrent sur la petite route de montagne. On était alors à la mi-mars et le nord connaissait une vague de froid au printemps. Le temps n'était donc pas chaud et ce fut encore pire une fois le soleil couché. On n'était pas encore à l'équinoxe de printemps donc il faisait déjà nuit à cette heure. Seuls les phares des motos éclairaient la petite route.

Les deux jeunes gens ne roulèrent pas très vite et utilisèrent leur lampe-torche pour observer les deux bords de la route tout en roulant. Song Jin s'occupait de la gauche et Chi Yan de la droite.

Après plus de deux heures, le brouillard tomba progressivement sur les montagnes et leur champ de vision devint encore moins clair. Chi Yan referma sa veste en tremblant. Il tourna la tête pour faire à son ami :

« Da Song, il fait trop froid et je n'y vois quasiment plus rien. On devrait rentrer, ou alors aller à Qingyao pour nous reposer et revenir demain. »


Song Jin ne l'écouta pas. Au lieu de ça, il regarda complètement à gauche. Après un moment, il pointa sa lampe de poche sur un endroit et ouvrit la bouche :

« La Règle, tu n'as pas l'impression qu'il y a quelque chose là-bas ? »

Chi Yan regarda dans la direction indiquée par la lampe-torche. Il faisait très sombre dans les montagnes, on ne voyait que les ombres fantomatiques des arbres et de la végétation qui poussait dans tous les sens. Il y avait un fossé sous un arbre et quelque chose de rouge était vaguement visible sous la lumière de la lampe de poche.

Cela semblait familier. On aurait dit un bout de la moto de la famille Zhuhui qu'ils avaient vue en photo.

Song Jin fit un signe de tête à Chi Yan. Il fit demi-tour et descendit de la moto. Il la rangea sur le bas-côté avant de se diriger là-bas tout seul. Chi Yan le suivit.


Tandis qu'ils se rapprochaient, le brouillard ne masquait plus les environs alors ils purent clairement identifier la moto avec side-car de la famille Zhuhui. Le véhicule était complètement renversé dans le fossé mais les environs étaient propres et il n'y avait rien qui traînait.

Song Jin s'accroupit pour prendre une photo de la moto avec son portable. Pendant ce temps, il analysa avec son ami :

« La moto a dû rencontrer un obstacle sur la route alors elle a dévié et a fini dans le fossé. On dirait pourtant qu'il n'y a pas eu de blessés. La famille Zhuhui allait visiter de la famille et acheter de la marchandise, ils n'avaient donc pas beaucoup de bagages. Dans tous les cas, ils ont tout pris avec eux.

« Les trois n'ont pas réussi à sortir la moto du fossé alors ils devaient trouver de l'aide. Il faut trois à quatre heures pour retourner à Fengshui à pied d'ici, contre une à deux heures pour Qingyao. Alors ils ont marché vers Qingyao ? »

Song Jin rangea son téléphone après avoir pris la photo et conclut ainsi son analyse.


« Non. »

Chi Yan secoua sa lampe-torche pour faire signe à son ami de regarder à leurs pieds.

« Regarde, il y a des traces de pas et aussi d'une moto qui est passée par là-bas. »

Song Jin suivit les traces du regard puis regarda au loin. Il y avait de toute évidence un embranchement là-bas, une petite route pas plus large que deux personnes. Ce serait difficile de la repérer à moins de chercher attentivement. Durant la journée, ils n'avaient vu ni la moto ni remarqué une autre route à cet endroit.

Il s'accroupit de nouveau et examina les traces dans l'herbe.

« Oui, c'est bien une trace de moto. Elle est plutôt récente. Les deux agents de police ont sûrement remarqué la moto aussi, puis cette route, alors ils ont suivi la piste. »


Chi Yan ressentit quelque chose d'étrange dans son cœur. Il n'y avait que les ténèbres et le silence devant lui, aucun signe d'habitation humaine ou de lumière. On pouvait comprendre que les deux policiers aient suivi cette route pour enquêter sur ce qui était arrivé à la famille Zhuhui. Mais pourquoi les Zhuhui avaient fait ça ? Pourquoi ils avaient choisi de suivre un petit chemin perdu qui conduisait dieu sait où plutôt que de retourner à Fengshui ou Qingyao sur une route qu'ils connaissaient ?

Il eut soudain un peu froid et ne put s'empêcher de frissonner. Il resserra de nouveau sa veste sur lui et fut encore plus réticent à l'idée de continuer. Il prit son portable pour le consulter. Il était déjà 21:30. Son portable ne captait pas de réseau et il n'y avait même plus d'accès Internet.


Chi Yan se tourna vers son ami :

« Da Song, il se fait vraiment très tard. Cette route de montagne n'est pas facile pour circuler et il nous faudra au moins une heure pour rentrer vite. Et si on faisait une marque ici pour nous rappeler de l'endroit et qu'on revienne demain ? »

Song Jin consulta aussi son portable. Il fit d'un ton réticent :

« Profitons-en pour jeter un coup d'œil maintenant, au cas où on ne trouverait aucune preuve demain. Il est 21 :30. Roulons encore jusqu'à quarante-cinq et puis on fera demi-tour si on ne trouve vraiment rien. »


Note de Karura : Comme dans n'importe quel film d'horreur, c'est bien entendu une excellente idée de prendre un petit sentier surgi de nulle part en pleine nuit !







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