Ils disent tous que j'ai vu un fantôme 28


Pendant plus d'une demi-heure, le statut de la principale Zhang indiqua 'en train d'écrire', pourtant elle n'envoya aucun message. À quel point était-elle hésitante ? Écrire, effacer, ré-écrire, pendant si longtemps ?

« Faire un contrôle après seulement deux cours, c'est un peu... »

Le ton de Ning Tiance avait l'air un peu forcé.

« Quand j'étais petit, je détestais les contrôles, me rappelai-je. Mais je dois reconnaître que c'est uniquement grâce à ces tests que j'ai pu maîtriser mes connaissance. Si tu veux apprendre, il ne suffit pas de s'intéresser simplement. Nos élèves sont d'une nature différente ; ce sont des étudiants particuliers qui ont besoin de contact avec la société et qui ont des soucis avec le bon sens. À mon prochain cours, je compte bien leur proposer un contrôle basique afin de tester leur bon sens social et légal, puis je m'en servirai pour affiner mes cours. »


Ning Tiance prit la tasse que j'avais posée sur la table basse, sirota une gorgée et fit lentement :

« N'oublie pas de me prévenir pour que je t'accompagne à ton prochain cours. Je tiens absolument à voir les réponses des élèves. »

Le ton de sa voix semblait indiquer qu'il souriait, voire même qu'il se retenait de rire. Je me tournai vers lui mais Xiao Ning arborait une expression sérieuse. Il n'avait pas du tout l'air de se moquer.

Je devais avoir mal entendu.


J'attendis longtemps sans réponse de la part de la principale Zhang. Je vis que j'avais un autre message non lu sur WeChat alors je changeai d'interlocuteur. C'était Xia Jin.

[Shen Jianguo, tu es viré. Même si tu es encore stagiaire, la compagnie te licencie sans motif. Selon la loi, tu recevras un mois de salaire en compensation. Comme tu n'as pas gagné de bonus, il n'y aura que le salaire de base de huit cents yuan. Je te ferai le virement, n'oublie pas de l'accepter. Inutile que tu reviennes bosser demain.]

Ce fut comme si un éclair m'avait foudroyé. Je fixai mon portable sans rien dire pendant un long moment.

P-Pourquoi ?!

J'appelai aussitôt Xia Jin. La sonnerie retentit un bout de temps avant qu'il ne décroche. Il hurla dans le portable :

« Shen Jianguo, tu sais qu'il est une heure du matin ? Il y en a qui doivent aller bosser demain ! »

Une autre voix se fit entendre. C'était la copine de Xia Jin

« Xia Jin, on est en pleine nuit, qu'est-ce qui te prends de hurler comme ça ? Va dans la salle de bains pour parler ! »


J'entendis ensuite le bruissement des draps. Après un moment, Xiao Jin rugit d'une voix étouffée :

« Tu veux quoi à cette heure ? »

Ça, c'était mon brave frère, Xia Jin. Puisqu'il ne pouvait pas crier sous le règne despotique de sa petite-amie, il parvenait quand même à rugir à voix basse pour s'imposer.

J'avais... paniqué. J'avais perdu mon travail et j'en avais oublié l'heure.

Mais j'avais déjà appelé Xia Jin et l'avais réveillé, alors autant poursuivre jusqu'au bout.

« Pourquoi j'ai été viré ? Je suis allé aujourd'hui au commissariat pour aider une enquête. Je l'ai déjà dit à la compagnie. Tu m'as viré parce que j'ai pris un jour de congé ? C'est n'importe quoi...

– Tu as fait arrêter notre directeur de ventes après seulement une semaine de travail et tu voudrais revenir travailler ?! répondit Xia Jin dans un murmure.

– Mais c'est le devoir de tout bon citoyen de signaler un crime, non ? » arguai-je avec la justice de mon côté.


Xia Jin répliqua alors :

« Et si un jour, tu découvres que notre patron a fraudé avec le fisc, tu iras aussi le signaler ?

– Bien entendu ! répondis-en en hochant plusieurs fois la tête. Les impôts sont la plus importante source de revenus pour nos finances publiques. Nos vies, propriétés et sécurité ne peuvent être assurées que grâce aux impôts. Chaque citoyen a le devoir de payer des impôts. Avec suffisamment d'argent, la nation peut investir davantage dans les bâtiments publiques et la défense nationale. Ce n'est qu'ainsi que notre pays peut gagner en puissance et que nos citoyens pourront vivre en paix et apprécier leur travail, et que l'argent gagné par chacun leur profitera vraiment. Sinon on pourrait se faire voler rien qu'en marchant dans la rue. Dans ce cas, à quoi bon gagner de l'argent ?

– Voilà pourquoi tu es renvoyé, conclut Xia Jin. J'ai essayé de prendre ta défense mais le patron ne se sent pas à l'aise avec un employé comme toi. Je n'ai rien pu faire. Bon, je retourne me coucher. Inutile de venir au boulot demain. Tu peux faire la grasse mat'. »


Il me raccrocha sur ce et je me sentis quelque peu blessé en entendant la tonalité de mon portable.

« Xia Ning, j'ai perdu mon travail. »

J'étais un peu chagriné. J'avais compté sur ce travail pour accomplir des merveilles et devenir aussi riche que Xiao Ning mais au final mes espoirs s'étaient envolés en fumée après seulement sept jours.

« Mais tu n'as rien fait de mal. »

La voix de Ning Tiance était ferme et chaleureuse ; elle réchauffa peu à peu mon cœur glacé.

« Quoi qu'il en soit, au moins trois personnes ont retrouvé la paix grâce à ça : Yin Yaqiu, sa mère et Mu Huaitong. Si tu avais su que tu serais viré, tu aurais quand même agi de la même façon ?

– Oui, » répondis-je sans hésiter.

La justice pouvait prendre du temps, mais elle ne faillait jamais. Même si un jour je me retrouvais sans le moindre sou, au moins je vivrais honorablement, sans une tâche sur ma conscience.

« Alors il n'y a rien à regretter. Console-toi en te disant que tu n'as rien fait de mal. En plus, si tu n'étais pas ce genre de personne, tu serais déjà mort à ta première nuit au 404. »

Ning Tiance tendit la main pour me caresser les cheveux.

« Ne t'en fais pas ; tant que moi j'ai de l'argent, cela suffira.

– Ce n'est pas comme si ton argent était le mien... » marmonnai-je mais malgré tout je me sentis mieux.


Peu après, une nouvelle me rendit encore plus joyeux !

Si la principale Zhang n'avait toujours pas répondu après tout ce temps, c'était parce qu'elle venait de m'envoyer un virement !

Je reçus l'accusé. La principale Zhang m'avait envoyé cent mille yuan ! Dieu du Ciel, pourquoi ?

Le message de la principale Zhang et l'accusé du virement me parvinrent en même temps :

[Cela fait déjà un mois que vous travaillez, professeur Shen. Je vous envoie donc votre commission du premier mois. Durant la période où vous avez travaillé dans mon école, M. Scie, Li Yuanyuan, Tan Xiaoming, Tian Bowen et Mu Huaitong ont tous obtenu leur diplôme. Pour chaque élève diplômé, l'école offre au professeur une commission de vingt mille yuan. Pour cinq élèves, cela fait bien cent mille yuan. Veuillez vérifier et accepter.]

Un grand sourire se dessina sur mon visage d'une oreille à l'autre ! Les avantages de cette école étaient extraordinaires, je suivrais la principale Zhang jusqu'à la mort !


La principale Zhang envoya un autre message :

[En ce qui concerne le contrôle, je vous laisse le soin d'en décider. Je respecte votre méthode d'enseignement. À l'avenir je vous prévoirai plus de cours. Demain soir, à l'école de la Bienveillance, salle n°4 de la troisième année. Faites comme bon vous semble.]

« Ha ha ha ! »

Je passai un bras autour du cou de Xiao Ning et éclatai de rire.

« Xiao Ning, tu en dis quoi ? Si tous mes élèves finissent par obtenir leur diplôme, le bonus sera encore plus élevé ? »

Xiao Ning me sourit et fit :

« Je crois en toi, tu peux le faire. »

J'allai me coucher avec ce rêve en tête. Le lendemain, je retournai à l'appartement et m'assis devant mon ordinateur, cherchant frénétiquement des questions pour le test, m'astreignant à écrire une série de questions qui permettraient d'évaluer le niveau de bon sens de mes élèves.


* * *


Pendant ce temps, un livreur vint toquer à la porte. En voyant que je vivais au numéro 404, il fit une drôle de tête, comme s'il avait vu un fantôme. Ah, les jeunes de nos jours étaient vraiment des froussards.

Il s'agissait des livres que j'avais commandés en même temps que La Constitution et Le Livre du Code Pénal pour Mu Huaitong. Ces deux livres-là avaient été envoyés à l'hôtel de Xiao Ning mais pour moi, je m'étais commandé en plus Le Recueil des Lois et Le bon sens légal des Citoyens. Ces livres allaient me servir de référence pour mon sujet.

Après avoir fini d'écrire, j'allai imprimer trente exemplaires et n'oubliai pas de prendre un reçu. La principale Zhang m'avait dit qu'elle me rembourserait les frais d'imprimerie. Je retournai ensuite à l'appartement pour dormir. À vingt-trois heures précisément, je fus réveillé par mon alarme, je réunis mes affaires puis me rendis en cours.


En sortant de ma chambre, je croisai dans le séjour le professeur Liu qui avait dû revenir à un moment ou à un autre. Il sursauta en me voyant. Il se mit à trembler puis fit :

« Vous... vous... ce soir... revenu... Pourquoi ?

– Ces derniers jours, j'ai fait des heures supplémentaires au bureau. Ça a été désastreux pour mon sommeil. Je me suis fait renvoyer aujourd'hui alors je n'ai pas eu d'autre choix que de rentrer. »

J'en étais déjà au stade où je pouvais mentionner calmement mon licenciement. Cela ne me gênait pas d'en parler au professeur Liu.

« Oh, je vois. Ils sont vraiment aveugles dans votre compagnie pour perdre un talent tel que le vôtre, soupira le professeur Liu. Quel dommage que vous ne puissiez pas rester pour toujours chez eux. J'étais si bi— seul ! »

Hé hé, le professeur Liu avait l'air de bien m'aimer. Cela me fit plaisir.


« Je dois faire cours ce soir. Vous voulez venir, professeur Liu ? demandai-je.

– Ah, ces élèves sont plutôt sages. Je ne crois pas que ma présence soit nécessaire, fit le professeur Liu en secouant la tête. Les méthodes du professeur Shen sont extrêmement efficaces, je n'ai pas de souci à me faire. »

Cette reconnaissance de sa part me rendit très heureux. C'était un professeur expérimenté. Pour qu'il dise une telle chose, cela voulait dire que je m'en sortais très bien.

J'en fus tout excité et sortis les questionnaires que j'avais préparés pour les montrer au professeur Liu.

« Professeur Liu, voici un petit test que j'ai préparé ; j'ai l'intention de le donner aux élèves ce soir. Vous voulez bien regarder ?

– Un... test ? »


Le professeur Liu prit les sujets d'une main tremblante et il déglutit.

« Vous voulez... faire passer un test aux élèves ?

– Tout à fait ! Sans contrôle, comment voulez-vous évaluer le niveau des élèves ? fis-je d'un ton d'évidence. Professeur Liu, vous ne faites pas de contrôle ?

– Je leur enseigne le chinois. C'est déjà bien s'ils arrivent à communiquer sans problème. On arrive à voir le niveau des élèves sans les tester. »

Le professeur Liu lut le sujet attentivement.

« Vous... les interrogez sur la loi ?

– Oui, acquiesçai-je. Mu Huaitong a eu son diplôme, vous savez ? Avant qu'elle ne s'en aille, j'ai pu remarquer que son bon sens concernant la loi laissait à désirer. J'enseigne l'idéologie et la morale. La loi est la base de toute moralité donc cela fait partie de ma matière. Pour établir une vision du monde correcte, il faut bien connaître la loi. Alors quand elle m'a fait ses adieux, j'ai décidé de lui envoyer deux livres sur la loi. Je pense qu'elle les appréciera. »

Le professeur Liu s'écria :

« Vous avez même réussi à faire partir Mu Huaitong ? Et c'est pourtant la plus féroce... problématique de nos élèves. Elle est au même niveau que Duan Youlian. Elle est parvenue à se débarrasser de son obsession et à passer au niveau supérieur ? »


Quand je vis qu'il me restait un peu de temps, je résumai toute l'affaire du directeur Lu.

« En fait, l'affaire n'est pas encore résolue. Les aveux du directeur Lu ne suffisent pas pour l'inculper. Il faudra encore trouver des preuves concrètes. Mais nos témoignages ont suffi pour le placer en détention.

– Ainsi donc, professeur Shen, vous avez trouvé les os de Yin Yaqiu... »

Le professeur Liu parut songeur puis il sortit de nouveau son cahier et me le tendit.

« Je crois qu'il vaut mieux que ce cahier soit en votre possession, professeur Shen. Ainsi, peut-être qu'un jour moi aussi je pourrai quitter l'école. »

Je contemplai le cahier, ne sachant que faire. Ce cahier n'avait cessé de passer entre le professeur Liu et moi. Ce serait vraiment gênant s'il le réclamait de nouveau plus tard !


« Souvenez-vous : ce cahier ne doit absolument pas être exposé à la lumière du soleil. Veillez à bien vous en rappeler cette fois. De plus, votre sang ne doit pas couler dessus, n'écrivez aucun sort et ne dessinez aucun talisman pour exorciser les fantômes dont Ning Tianshi pourrait vous parler, me fit sérieusement le professeur Liu. Ceci est un livre dont la couverture est en peau humaine, datant de la République. Le propriétaire de ce livre a été écorché vif et transformé en livre. Il a cependant survécu à cette torture et a couru partout en hurlant pour retrouver sa peau. Au final, on l'a pris pour un monstre et il a été battu à mort.

– C'est... »

Je ne m'attendais pas à ce qu'il y ait une histoire si tragique derrière ce cahier. Quelle époque monstrueuse alors !

« Ce cahier a été fait avec ma... la peau de mon ancêtre alors il est très précieux pour moi. »


Le professeur Liu ramena son attention sur moi et ajouta :

« J'ai toujours cru qu'aussi longtemps que ce livre était dans ce monde, mon ancêtre ne pourrait trouver le repos et revivrait sans cesse la douleur de se faire écorcher. Au départ je vous l'avais donné pour vous aider à maintenir l'ordre, professeur Shen, mais à présent j'espère que vous pourrez aider... mon ancêtre. »

Bien que les propos du professeur Liu sur les souffrances de son ancêtre n'avaient aucun sens, je pris solennellement le cahier de ses mains.

« Professeur Liu, je vous garantis qu'à compter de ce jour il n'y aura que des choses justes et droites écrites dans ce cahier. Je m'attacherai à y noter toutes les choses magnifiques que j'aurais vues ou entendues de cette nouvelle époque. Cela devrait apporter la paix à votre ancêtre.


« Même si ce cahier a été créé dans la souffrance, je suis prêt à m'en servir pour consigner le bonheur. »

Le professeur Liu se figea, contempla le cahier sans le voir, puis se mit soudain à rire, avec une pointe de désespoir. Les larmes se mêlèrent à ses rires.

« Alors c'est comme ça, c'est comme ça, ha ha ha ! J'avais tort. J'avais tort depuis le début ! Répondre au mal pour le mal ne fait que nous enfoncer davantage dans le péché. Le seul moyen d'effacer le mal pour de bon, c'est la bonté. »

De ses doigts glacés, il recouvrit gentiment mes mains qui tenaient le cahier. Il me fit :

« Le jour où ce cahier sera rempli de bonheur, mon ancêtre pourra enfin oublier sa souffrance. Je vous en prie, utilisez votre regard empli de bonté pour voir, pour écrire justement. Mes yeux sont voilés et ne peuvent voir que les péchés. Je ne peux pas écrire sur le bonheur. »

Je ne compris pas ce que voulait dire le professeur Liu mais j'allais assurément accomplir la tâche qu'il m'avait confiée.

« OK, vous pouvez avoir l'esprit tranquille, professeur Liu. Il y a tellement de bonnes choses dans notre société. Ce cahier sera rempli dans moins d'un mois ! »


La parole à l'auteur :

Professeur Liu : Cela veut dire que mon rôle s'achèvera dans moins d'un mois ? Bonté divine, je vais enfin pouvoir quitter ce monde, super QAQ

Ning Tiance : Je me souviens quand j'étais petit, des esprits maléfiques ont échangé mon sujet d'examen. Au lieu d'avoir un sujet d'école primaire, j'ai eu un sujet de collège. J'ai eu zéro à cet examen. Les esprits maléfiques sont remplis de ressentiment envers les disciples de Maoshan qui peuvent les exorciser alors ils leur jouent toutes sortes de vilains tours. Quand j'étais petit, je me suis fait souvent convoqué par le professeur principal.

Et maintenant, le professeur Shen veut faire passer un contrôle aux fantômes~~~~

Ha ha ha ha ha ha, ha ha ha ha ha ha, ha ha ha ha ha ha, ha ha ha ha ha ha! Il faut absolument que je voie ça, ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha!

Le professeur Shen se tourna vers Xiao Ning.

Xiao Ning, l'air très sérieux : Les contrôles, c'est bon pour les élèves. Je soutiens ta décision inconditionnellement, super !








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