Ils disent tous que j'ai vu un fantôme 5


Je tempêtai dans le séjour un bon moment, mais les portes des deux autres chambres restèrent closes.

Que pouvais-je y faire ? Je ne pouvais pas faire comme M. Scie et brandir une tronçonneuse pour passer mes nerfs. Je n'eus pas d'autre choix que de descendre en tapant des pieds et d'aller à la supérette ouverte 24/24 en périphérie du quartier pour acheter une ventouse, une paire de gants en latex et des ciseaux.

De retour au numéro 404, les cheveux flottaient toujours dans la cuvette des toilettes. L'eau devait commencer à déborder car il y avait encore plus de cheveux qu'avant. Je posai la ventouse à côté et essayai de tirer la chasse d'eau. La perruque épaisse bouchait tellement qu'il était impossible de tirer la chasse d'eau. Les WC étaient complètement bouchés.

Il était temps d'utiliser mon Kit de Débouchage de WC flambant neuf !


Je positionnai la ventouse dans la cuvette et pressai comme un fou. L'eau baissa un peu mais les cheveux continuaient de flotter. Ils n'étaient ni remontés ni descendus. Je suivis les instructions du manuel et alternai entre ventouse et chasse d'eau pendant plus d'une demi-heure. Parfois les cheveux s'enfonçaient, parfois ils remontaient de nouveau. J'étais dans l'incapacité de résoudre ce problème de toilettes bouchées.

Je ne pouvais rien faire d'autre. Je dus user de mon dernier recours.

J'enfilai les gants, pris les ciseaux et me mis à couper les cheveux. La ventouse utilisait l'air pour nettoyer les canalisations en créant un vide. Elle faisait pression pour déloger ou dissoudre ce qui bloquait le tuyau. Mais vu que les cheveux étaient bien emmêlés dans la conduite, la pression était trop faible pour être efficace. Cependant, si je continuais à couper les cheveux petit à petit, cela devrait défaire le nœud.

En y regardant de plus près, cette perruque était de très bonne qualité. Elle devait être faite à partir de vrais cheveux. Ce genre de perruque coûtait bien plus cher que celles en fibres synthétiques. J'ignorais lequel de mes collègues était assez riche pour oser jeter ainsi son argent dans les toilettes On dit normalement "jeter son argent par la fenêtre" mais là, c'était plus approprié ! (1).



Quand j'eus coupé tous les cheveux, je repris la ventouse furieusement. Cette fois, le résultat fut là. J'entendis un bruit sourd et les cheveux emmêlés se libérèrent enfin. J'actionnai de nouveau la chasse d'eau. Enfin tous les cheveux furent aspirés.

Afin d'empêcher la remontée d'autres mèches, je n'arrêtai pas avant d'avoir tiré plusieurs fois la chasse.

Le temps de finir, il était une heure du matin. Mon front était couvert de sueur. Je nettoyai les gants, ventouse, ciseaux et moi-même avec entrain, rangeai le tout puis quittai enfin la salle de bains.


Dès que je sortis, je sursautai. Il y avait un homme qui portait des lunettes à monture noire et un costume Zhongshan Le costume Zhongshan est un costume traditionnel chinois.
(2), debout dans le séjour, les yeux fixés sur moi.

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Je me sentis gêné. En désignant la salle de bains, je fis :

« Désolé, je vous ai réveillé ? Les toilettes étaient bouchées. Je les ai nettoyées. »

Il me fixa avec insistance, sans un mot. Je devais trouver un sujet de conversation.

« Quelqu'un a jeté une perruque dans les WC. J'ai eu peur que cela ne gêne leur utilisation, alors j'ai essayé de l'évacuer. Je m'appelle Shen Jianguo. Je viens juste d'emménager aujourd'hui. Nous allons être colocataires. Comment vous appelez-vous ? »

Je tendis ma main avec enthousiasme.


Mais il garda ses mains dans les poches de son pantalon et fixa la mienne. D'une voix rauque, il fit :

« Liu Shishun. J'habite ici depuis quelques années. »

Je me souvins que je venais tout juste de sortir des toilettes. Même si je m'étais lavé les mains, il y avait des gens que cela pouvait gêner. Je retirai maladroitement ma main et fis :

« Désolé de vous avoir dérangé. »

Liu Shishun avait l'air très raffiné. Il ne ressemblait pas à un travesti. La perruque n'était certainement pas à lui.

« Pas de souci. Je me couche toujours tard.

– Vous enseignez aussi à l'école privée ?

– On peut dire ça.

– Oh. La principale Zhang m'a dit que j'avais deux locataires au 404 que je ne pouvais voir que de nuit. Vous devez être l'un d'eux, non ? Nous allons vivre sous le même toit désormais. Tâchons de bien nous entendre.

– Oui. »

Liu Shishun recula un peu. Il ne semblait pas vouloir être trop près de moi.

Je me sentis blessé. Est-ce que je sentais mauvais après avoir nettoyé les WC ? J'espérais que c'était à cause de ça. Autrement, cela me ferait beaucoup peine si je me faisais snober par un collègue que je venais à peine de rencontrer.


Je ne pouvais que continuer à parler de tout et n'importe quoi.

« Et mon autre collègue ? J'espère que je ne l'ai pas importuné non plus.

– Vous venez juste de la... Oh non, la perruque que vous venez d'évacuer par les toilettes appartient à notre collègue. Je ne crois pas qu'elle voudra encore emménager maintenant, répondit Liu Shishun.

– Pourquoi ? J'ai fait quelque chose de mal ? La perruque... je n'aurais pas dû m'en débarrasser ? »

Je n'avais pas fait d'histoire parce que ce collègue avait bouché les WC, moi.

« Ce n'est pas ça. Elle devait prendre la chambre de Lao Ju Lao signifie "vieux, ancien". C'est un équivalent de monsieur. (3) à la base, mais maintenant que vous vivez ici, ce ne serait pas convenable qu'elle vive avec un homme. Elle a donc décidé de ne s'en aller.

– Donc l'autre collègue est une dame. C'est vrai que cela serait un peu gênant, mais si elle ne profite pas du logement de fonction, cela ne sera pas trop dur pour elle au niveau des finances ? »

Je me sentais concerné. Après tout, je connaissais bien la pauvreté.


« Ça ira. Elle ne paie jamais pour habiter quelque part. C'est juste qu'après un moment, elle se fait renvoyer. Parfois elle se fait même battre. »

« Elle se fait battre ? »

Je le sentais mal.

« Elle vit chez son petit-ami ? Il est violent avec elle ? C'est inadmissible. Dois-je appeler la police ? »

Le professeur Liu n'avait manifesté aucune expression jusque là. Il se mit à sourire et s'approcha lentement de moi, même lorsque nous fûmes nez à nez.

Je n'avais pas pour habitude d'être trop proche d'un étranger alors je fus contraint de reculer. Mais il ne cessa pas son approche, jusqu'à ce que je me retrouve dos au mur. Le professeur Liu sortit la main gauche de sa poche et la posa contre le mur.

« Vous marchez sous le soleil, et nous marchons sur le pont de Naihe Le pont que les âmes traversent pour la réincarnation. (4). La principale Zhang vous a engagé alors je ne vous ennuierai pas. Mais occupez-vous de vos affaires. »


Je me faisais... menacer ? Pourquoi me menaçait-il alors que je me faisais simplement du souci pour une collègue que je n'avais même pas rencontrée ?

J'avais regardé Détective Conan dans ma jeunesse. Je me repassai en mémoire notre dialogue. Lorsque vous avez éliminé l'impossible, ce qui reste, si improbable soit-il, est nécéssairement la vérité ! Célèbre citation de Sherlock Holmes, par Sir Arthur Conan Doyle. (5)

« Vous avez aussi martyrisé cette collègue ? A-t'elle jeté la perruque dans les WC en guise de vengeance silencieuse ? »

Je m'imaginais rapidement une pauvre femme qui avait souffert d'abus. Après avoir obtenu les clefs du 404 auprès de la principale Zhang, elle était venue au milieu de la nuit, avait jeté de rage sa perruque dans les WC, puis avait tourné les talons et quitté cet endroit où elle avait tant souffert.

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Le visage de Liu Shishun se raidit. Je repoussai la main qu'il pressait contre le mur et le fixai sans peur, mon regard rivé à ses yeux bleu pâle.

« Je viens juste de rentrer dans le monde de travail. Il se peut que je ne connaisse pas toutes les règles implicites de ce monde, j'en ai bien conscience. Tant que ce n'est pas illégal, je peux faire abstraction de mes émotions et accepter les conseils. Mais si votre conduite a dépassé les bornes et que vous avez fait du mal à autrui, je ne peux absolument pas rester les bras croisés. Veuillez me dire comment contacter cette collègue. Si elle n'en a pas le courage, alors c'est moi qui obtiendrai justice pour elle ! »

Je pouvais toujours me trouver un autre emploi mais je ne pouvais pas perdre mes principes. Si un crime était commis juste sous mes yeux, je ne pouvais simplement pas détourner le regard.


Liu Shishun dut se sentir intimidé par mon attitude imposante. Il recula et je le suivis de près, comme il l'avait fait avec moi. Ce fut au tour de Liu Shishun de se retrouver dos au mur.

Je frappai le mur et fis d'une voix forte :

« Parlez ! Avez-vous fait du mal à cette collègue ?

– N-non... »

Les bras de Liu Shishun se mirent à trembler de façon étrange et ses jambes flageolèrent sous lui. Il avait perdu toute aura menaçante.

« Et pourquoi elle vit chez des gens sans payer de loyer et se fait battre ?

– Elle-elle entre par effraction chez des étrangers la nuit. Quand ils la découvrent, ils la jettent à la porte. »

Liu Shishun s'accroupit en levant les bras pour se protéger.

« V-votre blessure est ouverte, n-ne vous approchez pas... »

Elle entrait chez des gens la nuit ? C'était une voleuse ou une squatteuse ? Qui était ces gens avec qui j'étais censé travailler ?!


Je relevai Liu Shishun.

« Appelez-la. Dites-lui de venir au 404 et de ne plus rien faire d'illégal ! Je garantis mon intégrité morale. Je ne la dérangerai pas. Tant qu'elle respecte la loi, je ne laisserai personne lui faire à nouveau du mal !

– J-je vais l'appeler, ne me touchez pas ! » s'écria Liu Shishun.

Il n'était vraiment qu'un tigre de papier : féroce en apparence mais faible à l'intérieur. Il s'était donné des airs imposants mais je n'avais eu qu'à taper le mur du poing pour qu’il prenne peur.

Je serrai le poing dans sa direction. Liu Shishun sortit son portable, effrayé, se tourna et composa un numéro. Pendant qu'il regardait ailleurs, je secouai ma main. Je n'avais pas eu le temps d'aller à l'hôpital aujourd'hui. Je n'avais que bandé rapidement ma blessure. Elle n'était pas guérie et elle venait de se rouvrir. Cela faisait un peu mal.

« Bonsoir. Tu dois revenir vite, fit Liu Shishun au téléphone. Non, tu dois absolument revenir, sinon je... »

Ce n'était pas bien d'écouter les conversations des autres, alors j'allai dans ma chambre pour chercher ma trousse de premiers secours et changer le pansement.


Quand je quittai ma chambre, il y avait une femme aux cheveux courts, vêtue de blanc, dans le séjour. Elle était trempée. Elle me lança un regard noir.

Liu Shishun était vraiment efficace ! Elle était revenue si vite. D'un côté, cela ne faisait pas longtemps qu'elle avait jeté la perruque. Elle n'avait pas dû aller loin.

« Bonjour, je m'appelle Shen Jianguo, fis-je d'un ton amical. Je suis le nouveau professeur. Comment vous appelez-vous ? Quel est votre métier ?

- Li Yuanyuan... les toilettes... je nettoie les toilettes, » répondit Li Yuanyuan, d'une voix traînante.

Elle avait peut-être des problèmes de vue. Quand elle vous regardait, elle vous fixait droit dans les yeux, sans ciller.

« Comment ça se fait que vous êtes trempée ? Quelqu'un vous a fait du mal ? »

Je ne pouvais pas supporter de la voir dans ses vêtements dégoulinants. Ce monde était vraiment difficile pour les femmes.


Elle parut sur le point d’acquiescer, puis me regarda et secoua lentement la tête.

« Non... je suis allée dans les égouts... pour nager... »

Qu'est-ce qu'elle me racontait là ?

Si Li Yuanyuan ne voulait rien me dire, alors je n'insisterais pas. Tout le monde avait ses ennuis. Je ne pouvais pas interférer dans sa vie. Tant qu'elle m'assurait qu'elle n'irait plus chez des étrangers et qu'elle ne quitterait pas l'appartement par ma faute, je ne me mêlerais pas de ses affaires.

Et je ne parlerais pas non plus de sa coupe hideuse : on aurait dit qu'un chien lui avait mâchouillé les cheveux !

Quand on se connaîtrait mieux, il faudrait que je lui demande qui était son coiffeur. Il était hors de question que je me rende dans ce salon de coiffure !


« Vous venez à peine d'emménager ici. Où sont vos affaires ?

– Je n'ai besoin de rien. »

Li Yuanyuan secoua lentement la tête de nouveau.

Je pris une nouvelle serviette et un nécessaire de toilette dans ma chambre. Je venais de les acheter. Il y avait encore le prix dessus.

« Tenez, c'est pour vous, fis-je. Allez prendre un bain chaud, vous risquez d'attraper froid sinon. Ne vous en faites pas, les femmes ne m'intéressent pas. Je ne vous ferai rien. Vivons tous ensemble ici en harmonie. »

Pour laisser Li Yuanyuan respirer un peu, je poussai Liu Shishun dans ma chambre.

« Qu-qu'est-ce que vous voulez ? demanda Liu Shishun, terrorisé, en se retirant dans un coin de la pièce.

– Ne vous en faites pas, j'aime les hommes mais vous n'êtes pas mon genre. »

Je lui expliquai :

« Je voulais juste que Li Yuanyuan se sente plus à l'aise. Aussi, j'aimerais vous demander conseil sur ce que je dois enseigner demain. »



La parole à l'auteur :

Professeur Shen : Aujourd'hui, j'ai aidé une collègue dans le besoin.

Li Yuanyuan : Aujourd'hui... une brute... a emménagé... chez moi... Il a... coupé... mes cheveux... m'a éjectée... par les WC... Il m'a aussi... forcée à... vivre dans... la chambre à côté.


Note de Karura : Voici donc le premier passage où j'étais morte de rire devant mon écran. Pauvre Li Yuanyuan, martyrisée par le professeur Shen, et en plus obligée de vivre avec lui !



Notes du chapitre :
(1) On dit normalement "jeter son argent par la fenêtre" mais là, c'était plus approprié !
(2) Le costume Zhongshan est un costume traditionnel chinois.


(3) Lao signifie "vieux, ancien". C'est un équivalent de monsieur.
(4) Le pont que les âmes traversent pour la réincarnation.
(5) Célèbre citation de Sherlock Holmes, par Sir Arthur Conan Doyle.






Commentaires :


:

:

Pour insérer des émojis dans le message, appuyez sur la touche Windows et ; de votre clavier (pour Windows 10).

Derniers chapitres parus :
Lanterne 1
Comment élever un sacrifice 6.04 et 6.05
Cent façons de tuer un prince charmant 324
Le Prince Solitaire 7 01

Planning des mises à jour :
Samedi : Lanterne : le reflet d’une fleur de pêcher
Comment élever un sacrifice
Dimanche : La Renaissance du Suprême Immortel
Le Prince Solitaire