La Renaissance du Suprême Immortel 54

Chapitre 54 : Le chien vicieux du clan Bai


Un homme vêtu comme un intendant arriva et derrière lui se trouvaient quelques cultivateurs au troisième rang du Raffinage du Qi. Ces cultivateurs les contemplaient d'un air glacial et sans pitié.

Ces gens-là sont mauvais, songea Lin Xuanzhi.

L'intendant Zhang adressa un regard à Lin Xuanzhi puis fit avec rudesse :

« Jeune maître Xuanzhi, veuillez nous suivre. »

Yan Tianhen se plaça devant son frère et lança un regard mauvais à l'intendant.

« Où est-ce que vous comptez l'emmener ? Qu'est-ce que vous faites ici ? »

L'intendant Zhang eut un sourire dénué de joie et répondit :

« Le jeune maître Xuanzhi est vraiment une personne éminente à la mémoire courte. Vous avez tué un serviteur de la famille aux portes de la résidence il y a quelques jours. Est-il possible que vous l'ayez déjà oublié ? Même si c'est le cas, d'autres n'ont rien oublié. »


La paire de sourcils en montagne de Yan Tianhen se plissa.

« Ce serviteur avait clairement insulté mon grand-frère pour commencer et mon grand-frère n'a fait que lui donner une bonne leçon. Et dès que c'est arrivé, Lin Zhantian a déjà jugé l'affaire : mon frère avait tout à fait le droit de le tuer !

– Donc c'est bien le jeune maître Xuanzhi le responsable ? »

L'intendant Zhang rétrécit les yeux, caressa sa barbiche et ricana.

« Si tel est le cas, alors vous avez tout intérêt à nous suivre autrement je n'aurais pas d'autre choix que de convoquer le jeune maître Xuanzhi au nom de Madame Bai. »

Yan Tianhen prit un air perplexe. Que venait faire Madame Bai dans tout ça ?


Madame Bai venait de la famille Bai, une grande famille du Continent Central. Les Bai étaient connus pour être une célèbre famille d'Artisans sur les Cinq Continents. D'innombrables cultivateurs et clans recherchaient leurs faveurs.

Bien que Madame Bai n'était issue que d'une branche annexe de la famille Bai, son niveau d'Artisane était sans égal dans la cité de Qing. En plus le nombre d'Artisans n'était pas bien élevé. Du coup Madame Bai avait toujours eu un statut particulier dans la famille Lin depuis son mariage.

Cependant Lin Xun, l'époux de Madame Bai et le grand-frère de Lin Zhan, était mort durant une bataille pour protéger la cité de Qing dix-sept ans auparavant. Madame Bai avait donc commencé son veuvage et quelques mois après, elle avait donné naissance à un enfant.

C'était un garçon. Le père de Lin Xun avait enfoui son visage dans ses mains et pleuré en disant que Lin Xun avait accumulé tant de mérites durant sa vie qu'il avait été finalement récompensé par le Ciel avec un héritier.


Entre ses réseaux de relations et le talent inné de son fils Lin Zezhi, la position de Madame Bai dans la famille Lin avait atteint un tout autre niveau.

Toutefois Madame Bai avait toujours vu la présence de Lin Xuanzhi d'un mauvais œil. Elle avait toujours une mauvaise expression en le voyant, comme si elle regardait quelque chose de sale.

Bien évidemment Lin Xuanzhi ne prêtait pas attention à une veuve alors il ne prit pas cela à cœur.

Cependant le Lin Xuanzhi d'aujourd'hui ne pensait plus la même chose.


Lin Xuanzhi pressa l'épaule de son frère et il fit :

« Ah Hen, puisque c'est notre tante qui nous demande de venir, allons voir. »

L'intendant Zhang hocha la tête, satisfait.

« Vous êtes toujours l'intelligent jeune maître Xuanzhi et un homme sage sait s'adapter aux circonstances. Cela fait bien longtemps que vous n'êtes plus le cultivateur de génie des Lin. Il faut savoir comment se comporter, faire profil bas quand il le faut et s'incliner quand il le faut. Sans cette bonne fortune, vous avez quand même eu droit au riz des cinq principes et tout le reste. Pourtant vous ne pouvez espérer vivre que quelques années alors manger ça c'est du gâchis, vous ne trouvez pas ?

– Espèce de... »

Yan Tianhen devint furieux. Alors qu'il allait insulter l'autre homme, Lin Xuanzhi fit passer son bras autour de ses épaules pour le retenir.


« L'intendant Zhang a raison, fit-il en étirant les lèvres. Alors l'intendant Zhang ferait bien de se rappeler de ce qu'il a dit aujourd'hui. »

L'intendant Zhang rétrécit les yeux à ces mots.

Il ne pouvait manquer de sentir la menace implicite dans les paroles de Lin Xuanzhi mais il ne la prit pas au sérieux. De toute manière Lin Xuanzhi n'était plus qu'un bon à rien désormais. Quand il était revenu, le Premier Aîné des Lin avait déjà envoyé chercher les meilleurs Pharmaciens de la cité de Qing pour le soigner.

Et tous les Pharmaciens avaient unanimement abouti à la même conclusion concernant Lin Xuanzhi —

Dans cette vie, il lui serait impossible d'entrer de nouveau dans le Dao avec les arts martiaux. Au mieux son niveau de cultivation pouvait être maintenu au second rang de Raffinage du Qi. Au pire, son niveau baisserait sauf s'il avait la chance d'obtenir une pilule céleste pour réparer son Dantian presque entièrement détruit.

Mais c'était plus facile à dire qu'à faire.


Non seulement la famille Lin ne pouvait pas se permettre d'acheter une pilule céleste même en se ruinant totalement mais en plus cela faisait bien cent ans qu'on n'avait pas vu de pilule céleste sur les Cinq Continents.

Même si Lin Xuanzhi avait encore une chance d'être sauvé, dans la réalité des choses il était considéré comme un cas sans espoir.

Alors naturellement la famille Lin n'allait plus gaspiller ses ressources pour un invalide. Même le Premier Aîné des Lin qui était au niveau Terrestre avait finalement renoncé à sauver Lin Xuanzhi.

L'Intendant Zhang se disait que le fait que la famille Lin nourrisse encore Lin Xuanzhi était déjà plus que charitable. Quant aux autres ressources de cultivation, il ne les méritait plus.

L'Intendant Zhang se dit encore que même dans son état actuel, Lin Xuanzhi se permettait tout de même de provoquer Madame Bai. Alors cette fois quand il irait au Hall d'Application des Règles, il se ferait à moitié écorcher vif et si ça ne suffisait pas, il se ferait dépouiller de tous ses biens jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien.

Le mieux serait que Lin Xuanzhi s'explose le foie et la vésicule Une expression pour décrire une frayeur extrême. (1), vomisse du sang et finisse par mourir de sorte que tout se termine pour le mieux.


L'Intendant Zhang ne montra alors plus aucune retenue. Il s'avança d'un air mystérieux et joua avec deux noix.

« Dites-moi, jeune maître Xuanzhi, quand vous avez opprimé vos condisciples autrefois et attiré l'attention de tous, auriez-vous cru qu'un tel jour arriverait ?

– Sais-tu pourquoi j'ai tué cet homme ? intervint Lin Xuanzhi d'un ton calme.

– N'est-ce pas à cause d'un de vos complots ?

– Hé. »

Lin Xuanzhi eut un léger rire et sourit. Sur son visage pur, son regard devint plus glacial.

« Tu vas bientôt le savoir. »

L'Intendant Zhang fut sidéré par le visage de Lin Xuanzhi. Il le traita de monstre en pensée puis détourna rapidement le regard. Il ne voulait plus le regarder.

Bien que le père de Lin Xuanzhi ait été beau, il n'était pas aussi impressionnant et inoubliable que ce dernier. Tous ceux qui avaient vu de leurs propres yeux l'élégance passée de Lin Xuanzhi ne pouvaient que se demander : quelle genre de femme à la grâce extraordinaire pouvait avoir donné la vie à un enfant au charme et au talent uniques au monde ?


* * *


Yan Tianhen suivit son frère de près et levait les yeux de temps en temps pour lui lancer des regards anxieux. Lin Xuanzhi lui prit la main pour le calmer et fit :

« Je t'en fais pas, je quitterai cet endroit sain et sauf. »

Quand Lin Xuanzhi avait annoncé que quelqu'un arrivait, Yan Tianhen avait aussitôt retiré l'épingle à cheveux de sa tête pour la cacher, de crainte que les autres ne la convoitent.

Ce petit geste prouvait à quel point Yan Tianhen était en fait prudent et attentif au moindre détail.

Le cœur de Yan Tianhen battait fortement. Il secoua la tête et fit :

« Cette Madame Bai a toujours cherché à causer des ennuis à Papa. Son fils aime bien s'en prendre à moi aussi. Mais ils n'ont jamais osé aller trop loin tant que Papa était en vie. Maintenant qu'il nous a quittés, ils vont sûrement jeter des pierres sur nous qui sommes tombés dans le puits. »


Lin Xuanzhi lui caressa la tête et fit :

« Enfant stupide, avec ton grand-frère, personne ne se permettra de t'embêter.

– Justement, j'ai peur qu'ils s'en prennent à mon grand-frère, ah. L'intendant Zhang est au service de Madame Bai. J'ai demandé à l'intendant Li et c'est justement l'intendant Zhang qui leur a interdit de nous donner du riz des cinq principes. »

Une lueur glaciale à peine discernable apparut dans les yeux de Lin Xuanzhi. Pourtant sa voix resta douce et chaleureuse quand il répondit :

« Aucune importance. Puisqu'il aime tant nous priver de notre riz des cinq principes, il va en manger assez très bientôt. »


Au moment où il finit de parler, ils atteignirent les portes du Hall d'Application des Règles.

C'était là que la famille Lin rendait ses jugements, réglait les querelles ou infligeait les punitions. Du coup le Hall d'Application des Règles avait été bâti près du pic le plus escarpé de la résidence, appuyé contre la paroi à pic. L'endroit semblait oublié par les rayons du soleil, l'atmosphère était des plus oppressantes. Tout le bâtiment utilisait le noir comme couleur de base, ce qui renforçait sa solennité et son austérité.

Lin Xuanzhi leva la tête et regarda l'immense tablette au dessus des portes du Hall d'Application des Règles. Il ne put s'empêcher de se rappeler de ce qui s'était produit quand il était entré ici dans sa vie précédente.


À l'époque il venait juste de récupérer les deux tigreaux et les avait offerts à Han Yuran. Yan Tianhen avait été extrêmement abattu alors il avait couru jusqu'au lac dans les montages de la résidence Lin pour tâcher de se changer les idées.

Sauf que malheureusement, il était tombé sur Madame Bai et le Troisième Aîné de la famille qui étaient en pleins ébats en cachette dans la montagne.

Yan Tianhen en fut choqué et tourna les talons pour s'enfuir. Cependant comment aurait-il pu échapper à Madame Bai ? Elle le rattrapa avant même qu'il n'ait fait trois pas.

Au départ Madame Bai voulut le frapper de sa paume pour l'empêcher définitivement de parler mais le Troisième Aîné y réfléchit soigneusement. Si Yan Tianhen venait à mourir dans les montagnes sans aucune raison, cela éveillerait forcément les soupçons de beaucoup. En plus le Premier Aîné avait dit autrefois que quoi que fasse Yan Tianhen, il devait vivre sans manquer de rien.

Par conséquent le Troisième Aîné et Madame Bai dressèrent un plan pour piéger Yan Tianhen en faisant croire qu'il avait volé une précieuse pilule de Fondation prévue pour Lin Zezhi et ils présentèrent aussitôt le garçon au Hall d'Application des Règles.


Quand Lin Xuanzhi était arrivé, Yan Tianhen se tordait par terre de douleur. Tout son corps était parcouru d'un Qi chaotique et bouillonnant qui menaçait de déborder à tout moment. Il était plus qu'évident qu'il avait avalé une pilule de Fondation qui contenait une forte dose de Qi spirituel et qu'il pouvait donc n'avoir que volée.

Bien que Lin Xuanzhi avait été un peu sceptique, il haïssait Yan Tianhen à l'époque et estimait que le garçon faisait vraiment trop honte à son père. Étant donné qu'une pilule de Fondation était si précieuse et que Lin Zezhi était à deux doigts de progresser et d'atteindre le niveau Fondation, l'affaire était extrêmement grave alors il donna son accord pour que Yan Tianhen soit puni selon les règles de la famille Lin.


Quand Yan Tianhen était sorti du Hall d'Application des Règles, il avait dû se faire porter.

Le garçon ne parla plus jamais depuis ce jour car sa langue avait été détruite par une substance inconnue. Il ne pouvait qu'émettre des ah ah ah et était incapable de prononcer un mot entier.

Ce ne fut que bien des années plus tard quand Yan Tianhen entra dans la voie démoniaque qu'il put de nouveau parler.

Ces secrets choquants, Lin Xuanzhi ne les découvrit que bien plus tard, une fois qu'il eut tué le Troisième Aîné et fouillé dans ses souvenirs avec sa force spirituelle.

Regrets, contrariété, le cœur serré et des maux de tête, tout cela ne suffirait pas à décrire ce qu'il avait alors ressenti.

Toutefois Yan Tianhen était déjà mort à ce moment. Même s'il brisait l'âme du Troisième Aîné pour l'empêcher de se réincarner à tout jamais, cela ne servirait absolument à rien.


Lin Xuanzhi contempla à présent de nouveau le Hall d'Application des Règles, une lueur froide et sombre dans ses yeux.

Yan Tianhen leva la tête pour voir les deux battants de la porte qui étaient ouverts des deux côtés ainsi que le couloir à l'intérieur qui s'étendait sur des centaines de zhangs. Il ne put s'empêcher de trembler et murmura :

« Grand-frère, tu le sens toi aussi ? Le Hall d'Application des Règles ressemble à la gueule béante d'un monstre prêt à avaler les gens. »


Note de Karura : Encore un souvenir triste de la vie précédente. Et ce n'est pas fini, Yan Tianhen aura vraiment eu une vie malheureuse. Lin Xuanzhi n'a pas fini de se racheter pour tout le mal qu'il lui a causé !


Notes du chapitre :
(1) Une expression pour décrire une frayeur extrême.






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