Chapitre 140 : Partir pour le grand voyage
Lin Liuchun cligna de ses yeux longs et fins, et fixa Lin Xuanzhi pendant un moment avant de se rappeler soudain :
« C’est vrai, ah, ça fait six ans que je n’étais pas revenu à la résidence. Mais quand j’ai bu avec ton père il y a deux jours, il m’a dit que ta maîtrise de l’épée devenait de plus en plus parfaite. »
Lin Yan ne put supporter plus longtemps de le regarder en face, tandis que les autres disciples échangeaient des regards, ne comprenant pas les paroles ou les agissements de cet homme.
Lin Xuanzhi resta cependant impassible. Il se contenta de le regarder tranquillement et fit :
« Mon père est décédé il y a deux ans. »
Lin Liuchun en resta stupéfait un moment, puis se redressa.
« Décédé ?
– La famille a dû envoyer quelqu’un vous prévenir à l’époque, » fit Lin Xuanzhi en hochant la tête.
L’autre homme réfléchit un moment, puis se tapota la tête de son éventail quand il se rappela enfin.
« Ah oui, ah oui, c’est vrai, il est mort, ai… Je me demandais justement pourquoi durant cette période, personne n’était venu me chercher pour boire. Mais bon, s’il est mort, il est mort, hein ? Qui peut dire qu’il ne mourra jamais ? »
Yan Tianhen se pinça les lèvres et fit :
« Comment ça, s’il est mort, il est mort ? Vous ne respectez donc rien ?
– En quoi est-ce un manque de respect ? » demanda Lin Liuchun en regardant le garçon.
Aussitôt, ses pupilles se contractèrent et il tendit la main vers lui, un grand sourire aux lèvres.
« Petite beauté, tu as bien grandi. »
Yan Tianhen se cacha le visage et recula de deux pas avec méfiance. Il se cacha derrière son grand frère et ne pointa que sa tête.
« Pourquoi vous dites ce genre de vérité à présent ?
– Ha ha, la petite beauté est fâchée ? C’est bon, je me tais, » fit Lin Liuchun en riant de bon cœur.
Lin Yurou et les autres arborèrent tous une mine incrédule. Ils songèrent : Bon sang, que font ces deux-là ? Ils parlent à tort et à travers et disent n’importe quoi !
Et c’est quoi cette ‘petit beauté’ ?! Si encore il parlait de Lin Xuanzhi, celui-là est si beau qu’on ne peut lui trouver aucun défaut. Mais pour appeler Yan Tianhen comme ça, ce type est aveugle ou quoi ?
« Quatrième Aîné, merci de ne pas taquiner Ah Hen, fit Lin Xuanzhi. Et au fait, je ne manie plus l’épée. »
Le regard de Lin Liuchun tomba sur lui et, après l’avoir jaugé, il fit :
« En effet, tu es désormais un Artisan et tu es bien plus puissant que les cultivateurs qui manient l’épée. Regarde un peu avant, bien que tu étais très fort à l’épée, on ne t’avait confié aucune responsabilité. Mais dès que tu as changé de Dao et que tu es devenu un Artisan, tu as obtenu la confiance du Patriarche et tu es devenu le superviseur. »
Lin Xuanzhi en resta sans voix et songea intérieurement : Ce quatrième Aîné est vraiment doué pour m’attirer la haine des autres pendant des années.
Effectivement, les autres disciples de la famille Lin grincèrent tous des dents en secret et lancèrent des regards envieux et jaloux à Lin Xuanzhi. Seule une poignée d’entre eux estima que cela leur était parfaitement égal.
Yan Tianhen se tourna vers son frère et fit :
« Quatrième Aîné, ce que vous avez dit est faux.
– Comment ça ? fit l’homme en lui lançant un regard en coin.
– Même si mon grand frère a commencé par suivre la voie de l’épée, il avait de lourdes responsabilités. C’est juste qu’il se trouvait loin de la résidence des Lin à l’époque, par conséquent l’eau lointaine ne peut pas étancher la soif. Voilà pour le Patriarche ne lui avait donné aucune responsabilité. »
Lin Liuchun lâcha un pff et éclata de rire. Il tapota l’épaule du garçon et fit :
« Quoi qu’il se passe, quel que soit le comportement de ton grand frère, il sera toujours le numéro un à tes yeux, pas vrai ? »
Yan Tianhen hocha la tête.
« Vous avez bien deviné. »
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Lin Zezhi n’en put plus de ces gens qui ne cessaient de se renvoyer des flatteries à tour de bras. Alors il s’avança et fit :
« Quatrième Aîné, il est presque l’heure pour nous de partir pour le grand voyage.
– Petit, pourquoi tu ne fais pas attention à tes tournures de phrases ? fit Lin Liuchun en roulant des yeux. Tu ne devrais pas prononcer à la légère les mots ‘le grand voyage’. Quelqu’un qui ne sait pas pourrait s’imaginer que nous sommes en route pour les portes de l’Enfer Le grand voyage désigne la mort. (1) ! »
Les lèvres du jeune homme frémirent mais il parvint à prendre sur lui.
« Je m’en souviendrai. »
Lin Xuanzhi vérifia l’heure et annonça :
« L’heure faste est venue, nous pouvons prendre la route. »
Après avoir lancé cet ordre, les deux lourds battants du portail s’ouvrirent lentement de chaque côté, tirés par dix hommes forts. C’était le véritable portail de la résidence Lin. En temps normal, les membres de la famille empruntaient le portail pour entrer et sortir mais en réalité, ils passaient par une porte annexe à côté du portail principal. Les deux battants du vrai portail ne s’ouvraient que lorsqu’ils accueillaient des invités de marque, ou bien lorsqu’ils partaient pour une grande occasion. En fait, la plupart des grandes familles de chaque continent fonctionnaient ainsi.
Les battants en pierre noire qui faisaient plusieurs zhang de haut s’ouvrirent complètement et cinq carrosses apparurent devant eux.
Ils avaient l’air grandiose et exquis. L’intérieur était très grand, cela ne posait aucun problème d’y mettre cinq ou six personnes assises. Devant chaque carrosse étaient attelés trois chevaux Chasse Soleil, ainsi que trois cochers costauds.
Derrière les carrosses, il y avait également vingt guerriers de la mort Cela désigne un guerrier prêt à mourir. Ils travaillent pour des nobles contre de l’argent, pour la gloire ou pour payer une dette, principalement pour les batailles ou les assassinats. (2) qui portaient les couleurs de la famille Lin. Chacun chevauchait un cheval officiel de qualité un peu inférieure. Leurs visages inspiraient la crainte et la révérence, ils avaient le dos bien droit et étaient armés jusqu’aux dents. Ils présentaient vraiment une image intimidante.
Tout le monde fut impressionné par ce spectacle.
Les gens de la jeune génération n’avaient encore jamais vu la famille Lin agir en si grande pompe depuis leur naissance. Et du temps de Lin Zhan, la famille faisait toujours profil bas.
« Cette fois, la famille Lin compte remporter la première place d’un coup ou quoi ? »
Lin Liuchun caressa les plumes de la queue de son Luan bleu et haussa les sourcils en voyant toute cette magnificence. Suivant lentement son Luan bleu, il s’avança vers le premier carrosse.
Lin Xuanzhi avança à son tour en tirant son frère par la main, et commenta :
« Ce sera difficile de remporter la première place, mais marquer les esprits des familles de première classe sera bien plus simple. »
D’une impulsion des pieds, le corps de Lin Liuchun tournoya dans les airs et il entra dans le premier carrosse. Il tendit la main par la fenêtre et replia son index pour faire signe à son oiseau. Le Luan bleu se transforma en oiseau de la taille d’une paume. Il atterrit sur le bout des doigts de son maître, pépia deux fois puis baissa la tête pour picoter le bout de ses doigts.
« Tu es vraiment arrogant et vaniteux, comme un jeune veau qui n’a pas peur des tigres, ah, fit Lin Liuchun en riant. Malgré tout, j’aime les jeunes comme toi qui surestiment leurs capacités tout en se montrant très enthousiastes. »
Lin Xuanzhi eut un léger sourire mais ne commenta pas le jugement de l’autre homme sur lui.
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Il agita la main et fit aux disciples derrière lui :
« Le second carrosse est réservé. Vous pouvez vous installer librement dans les autres. »
Il entra dans le second carrosse, toujours en tenant la main de Yan Tianhen. Les deux tigreaux bondirent également chacun à leur tour à l’intérieur. Dans ce spacieux carrosse, ils ne cessèrent de courir partout pour s’amuser.
En regardant les deux carrosses en tête, Lin Zezhi ne put s’empêcher de se renfrogner et songea : Ce Lin Xuanzhi sait vraiment profiter des choses pour lui-même, mais d’un autre côté, n’a-t’il pas été nommé superviseur ?
Lin Zezhi ravala donc sa colère et prit place dans le troisième carrosse. Avant même qu’il n’ait pu s’installer, Lin Dong le suivit de près.
Lin Zezhi lui adressa un regard polaire.
« Va t’installer dans les autres carrosses. »
Lin Dong se gratta le nez et eut un sourire de flatterie.
« Les deux jeunes demoiselles sont déjà installées dans les carrosses à l’arrière. Si je vais m’installer avec elles, je crains fort que ce ne serait pas pratique. En plus, le jeune maître Zezhi devrait avoir un serviteur pour lui apporter de l’eau et du thé. Laissez-moi jouer ce rôle pour vous, hein ? »
La première réaction de Lin Zezhi fut de se fâcher mais après y avoir réfléchi, il se dit que l’autre n’avait pas tort.
Il ne savait pas pourquoi mais pour cette fois, il avait été décidé que ces jeunes maîtres et demoiselles, qui n’avaient jamais eu à se débrouiller tous seuls, ne pourraient pas prendre de serviteur avec eux. Lin Zezhi ne pouvait s’empêcher de soupçonner que tout ça était dû à Lin Xuanzhi : quand il avait été un bon à rien, il n’avait eu aucun servant autour de lui alors à présent, il se vengeait délibérément sur eux.
Bordel, ce maudit Lin Xuanzhi !
Toutefois, puisque quelqu’un s’était de lui-même présenté à sa porte pour le servir, Lin Zezhi n’allait bien entendu pas refuser.
Alors il plissa les yeux pour regarder Lin Dong qui était tout sourire.
« Tu peux rester.
– Merci, jeune maître Zezhi ! » s’écria le jeune homme, tout excité.
Il voulait visiblement gagner les faveurs de Lin Zezhi, à tel point qu’il ne craignait ni peine ni remarque.
Au sommet de la haute pierre de test, le Cinquième Aîné regarda la procession prête à partir et fit d’un ton calme et solennel :
« Vous êtes tous les descendants de la famille Lin et la gloire de notre famille. Cette fois, vous allez vous rendre au Continent Central pour participer au Tournoi des Cent Familles. Gardez bien cela à l’esprit — ensemble, nous sommes plus forts ; séparés, nous sommes affaiblis. Quelles que soient les querelles passées, les intérêts de la famille Lin passent avant tout. Il est nécessaire de présenter un front uni, ce n’est qu’ainsi que notre famille pourra clairement intégrer les rangs des honorables familles de première classe. Vous m’avez bien entendu ?
– Nous avons bien entendu ! » répondirent-ils tous en chœur.
Le Cinquième Aîné hocha la tête. Son regard se posa ensuite sur le second carrosse et il fit :
« Lin Xuanzhi, tu es mon représentant temporaire pour le Tournoi des Cent Familles. Quiconque ose créer des problèmes de manière déraisonnable ou se rebeller contre toi, tu pourras directement le punir selon nos règles, inutile d’obtenir mon consentement !
– Xuanzhi comprend. Le Patriarche peut avoir l’esprit tranquille, je ferai tout mon possible pour maintenir la dignité de la famille Lin. »
Cela satisfit grandement le Cinquième Aîné. Il agita la main :
« Alors allez-y ! »
Sur cet ordre, les quinze chevaux qui tiraient les cinq carrosses hennirent ensemble en direction du ciel. Puis ils s’élancèrent avec leurs quatre pattes énergiques et vigoureuses, comme une flèche tirée d’un arc, se ruant vers l’avant.
Les vingt soldats de la mort les suivirent de près, protégeant les carrosses dans une formation serrée et nette. Faisant face au nord où brillait le soleil, ils éperonnèrent leurs montures et, avec une vigueur exceptionnelle, ils dirigèrent vers l’ouest.
La poussière du sol s’éleva dès qu’ils se mirent au galop et en un éclair, il ne resta d’eux que cette poussière volante.
Le Tournoi des Cent Familles allait bientôt débuter.
Il y avait trois grandes famille dans la cité de Qing, mais chacune allait partir à un moment différent.
Une fois loin de la cité de Qing, Yan Tianhen ouvrit la fenêtre et regarda le paysage qui défilait à toute allure dehors. Il s’écria :
« Grand frère, c’est bien la première fois que je voyage aussi vite ! »
Lin Xuanzhi tenait Ah Bai sur ses genoux. De temps en temps, il caressait sa fourrure. Ah Bai était comme un chaton indolent, confortablement allongé dans les bras du jeune homme, il montrait son ventre et avait l’air très à l’aise.
« C’est également la première fois que j’irai au Continent Central, » fit le jeune homme.
Yan Tianhen contempla les montagnes dehors et prit un air inquiet.
« Grand frère, je me demande si Ah Gu va pouvoir nous suivre à cette vitesse. »
Trois chevaux Chasse Soleil qui galopaient à pleine vitesse en même temps, ce n’était absolument pas facile pour quelqu’un de suivre à cette vitesse.
Lin Xuanzhi ferma les yeux à moitié.
« Cela ira, Ah Gu devrait pouvoir nous suivre. »
Yan Tianhen tourna la tête pour le regarder, Hu Po allongé sur ses épaules.
« Grand frère, comment tu peux en être si sûr ?
– Je lui ai fait une paire de bottes Transperce Nuages, cela devrait l’aider à courir bien plus vite, » révéla-t’il.
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Les yeux du garçon s’écarquillèrent. Il se leva pour s’asseoir à côté de son frère et lui demanda, avec un regard impatient et attentif :
« Grand frère, quand est-ce que tu lui as fait porter ces bottes Transperce Nuages ? Et pourquoi je ne suis pas du tout au courant ? »
Lin Xuanzhi lui tapota le bout du nez.
« Tu dormais à poings fermés hier soir, alors je n’ai pas voulu te réveiller. J’ai donc donné les chaussures à Ah Gu en privé. Sans ça, même s’il est redevenu très fort actuellement, j’ai bien peur qu’il n’aurait jamais pu soutenir le rythme de trois chevaux Chasse Soleil. »
Yan Tianhen sentit une compression inexplicable au niveau du cœur.
Son grand frère avait en fait donné un cadeau à Ah Gu dans son dos !
En plus, Ah Gu, qui lui obéissait toujours le plus, ne l’avait même pas informé d’une chose aussi importante !
Yan Tianhen sentit subitement son estomac se nouer comme s’il avait été abandonné !
Il fit d’un ton aigre :
« Grand frère, tu es vraiment gentil envers Ah Gu et tu penses toujours à lui. »
Lin Xuanzhi hocha la tête.
« Après tout, il est là pour te protéger, alors c’est normal que je l’aide à bien s’équiper. »
Yan Tianhen en resta un moment stupéfait.
« Alors tout ça, c’est pour moi, grand frère ? »
Lin Xuanzhi lui lança un regard appuyé.
« Sans ça, pourquoi tu crois que je me soucierais autant d’un cadavre ? »
Surtout ce que cadavre était relativement proche de son petit frère.
Yan Tianhen partit d’un rire ravi et il se pencha pour embrasser son frère sur la joue.
Les deux tigreaux estimèrent qu’ils n’avaient pas à voir ça, alors ils sautèrent tous les deux et s’approchèrent de la fenêtre. Ils pointèrent leurs têtes afin d’admirer le paysage dehors.
Les yeux de Lin Xuanzhi s’assombrirent. Il y avait fort à parier que Yan Tianhen lui-même ne se rendait pas compte de l’importance de ces actions intimes pour Lin Xuanzhi.
Innocent, le garçon reprit :
« Grand frère, quand est-ce qu’on s’arrête pour la nuit ?
– Nous sommes partis à l’heure Mao, donc nous nous arrêterons à l’heure Xu Heure Mao : de 5 à 7 heures ; heure Xu : de 19 à 21 heures. (3). »
Yan Tianhen compta le temps écoulé.
« Il reste donc un shichen avant qu’on s’arrête.
– Ah Hen veut faire quelque chose ? »
Le garçon battit des cils et répondit :
« Je veux voir Ah Gu. »
Il en profiterait pour avoir une bonne discussion sur la vie avec Ah Gu !
Par exemple, il était absolument hors de question de se voir en secret, de recevoir des cadeaux et d’autres choses dans le même genre !
Notes du chapitre :
(1) Le grand voyage désigne la mort.
(2) Cela désigne un guerrier prêt à mourir. Ils travaillent pour des nobles contre de l’argent, pour la gloire ou pour payer une dette, principalement pour les batailles ou les assassinats.
(3) Heure Mao : de 5 à 7 heures ; heure Xu : de 19 à 21 heures.
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