Chapitre 320 : La Mer d’Illusion du Lotus
Lin Xuanzhi eut un léger sourire et fit :
« Ah Hen, tu peux avoir l’esprit tranquille. Même si ce Plateau Spirituel n’a pas de pures intentions envers moi, je n’ai pas ce genre de goût. Je pense qu’il doit avoir au moins huit cents ans. Je n’aime pas mâcher de vieux os. »
Yan Tianhen se sentit aussitôt soulagé et estima que son grand frère avait bien raison.
« C’est qui, les vieux os ? s’écria le Plateau Spirituel, enragé. Enfoiré, dis-le clairement à ce Vénérable !
– Oh, désolé, j’ai failli oublier : tu n’as pas d’os. »
Plateau Spirituel : « … »
Il continua de hurler à l’oreille de Lin Xuanzhi, se sentant grandement insulté. Lin Xuanzhi le trouva bien trop bruyant, alors il le bloqua rapidement dans sa mer de connaissances avec son Qi interne, le laissant bouder dans son coin sombre.
Le monde redevint enfin paisible.
Quand Yan Tianhen avait appris que Lin Xuanzhi avait un tel être qui était bien plus proche que lui, il s’était senti à la fois bouleversé et jaloux. Mais là, il redevint de nouveau heureux.
Sans ce plateau spirituel, son grand frère n’aurait sûrement jamais eu toute la chance qu’il avait eue par la suite.
Il demanda donc avec enthousiasme :
« D’où vient ce plateau spirituel ?
– Je l’ignore, répondit Lin Xuanzhi, il n’a jamais parlé de ses origines. Mais vu qu’il connaît énormément de choses, il doit venir des Neuf Royaumes. Quant à la raison pour laquelle il est apparu dans ma mer de connaissances… »
Lin Xuanzhi marqua une pause, puis reprit lentement :
« Il se peut que de son point de vue, je suis l’hôte le plus convenable. »
Il mentait sur ce point.
Ce n’était pas le Plateau Spirituel qui l’avait trouvé. Dans sa vie précédente, c’était Bai Yichen qui avait pris son âme avec lui et trouvé le Plateau Spirituel qui était scellé quelque part.
Dans cette vie, la raison pour laquelle le Plateau Spirituel était apparu dans la mer de connaissances de Lin Xuanzhi, c’était parce que le jeune homme avait passé un contrat avec lui avant d’utiliser le Miroir à remonter le monde pour revenir dans le passé. Ce genre de contrat ne pouvait pas être rompu par le temps et l’espace.
Yan Tianhen ne se montra pas suspicieux. En fait, jamais il ne douterait des paroles de son grand frère. Tout d’abord, il lui faisait confiance du plus profond de son être. Ensuite, à son avis, puisque Lin Xuanzhi voulait bien lui révéler un secret aussi important, il n’avait aucune raison de lui mentir.
Cependant, l’adolescent ne savait pas à quel point Lin Xuanzhi avait peur qu’il le rejette si un jour, il venait à découvrir le secret de sa renaissance.
Yan Tianhen battit des cils et fit simplement :
« Ce Plateau Spirituel s’est sûrement aperçu que grand frère est très doué, voilà pourquoi il t’a choisi… Cependant, il a déjà apporté tellement de bénéfices à grand frère que ça paraît un peu louche. Se pourrait-il qu’il te veuille du mal ? »
Lin Xuanzhi eut un léger rire.
« Ça ne risque pas. Nous avons déjà signé un contrat. Je peux le contrôler jusqu’à un certain point. Au fur et à mesure que mon niveau de cultivation va progresser et qu’il absorbera les nutriments dont il a besoin, son niveau augmentera aussi. Cette relation nous profite à tous les deux, alors il n’a pas besoin de me vouloir du mal. »
Yan Tianhen hocha la tête.
« Voilà qui me rassure. »
Lin Xuanzhi rappela :
« Ce Plateau Spirituel a aussi une dimension interne. Je t’emmènerai la voir un jour. »
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Il ne fallait même pas y songer pour aujourd’hui. Il avait travaillé sur cet outil précieux pendant tout un mois et il était déjà vidé de ses forces. Le fait d’avoir pu parler et rire avec autant de gens et de rester avec son petit frère aussi longtemps, il n’avait pu y réussir que par sa volonté.
Cela demandait du pouvoir spirituel et du Qi interne pour entrer dans le plateau spirituel. Lin Xuanzhi n’osait vraiment pas s’y risquer imprudemment. S’il perdait le contrôle et s’évanouissait en cours de route, il perdrait totalement la face.
Yan Tianhen répondit joyeusement :
« Entendu, ah. Je n’ai encore jamais vu ce genre de dimension interne. Je me demande à quoi ça va ressembler. »
Lin Xuanzhi se rappela de l’image de désolation qu’il avait vue en entrant pour la première fois dans le plateau spirituel dans sa vie précédente. Il songea ensuite à ce que l’Honorable Huai Yu était en train d’enseigner à Yan Tianhen et eut un sourire mystérieux. Il commenta :
« Je peux te garantir que tu ne seras pas déçu. »
Ce fut ainsi que Yan Tianhen hocha la tête, pressé d’y être. Il ignorait que dans un futur proche, tous les travaux de désherbage lui incomberaient.
Dans les Neuf Royaumes.
Il y avait un petit pavillon au beau milieu d’un lac couvert de lotus en pleine floraison.
Lin Zhan était allongé sur le lit de jour avec les yeux fermés. Ses paupières bougeaient de temps en temps, signe qu’il ne dormait pas.
À côté de lui se trouvaient deux jeunes serviteurs agenouillés tranquillement, n’osant pas faire le moindre bruit.
Une légère brume s’attardait dans l’air et les montagnes au loin semblaient presque indistinctes. Le paysage était si poétique et pittoresque qu’il enivrait les gens, leur passant l’envie de partir, comme s’ils étaient devenus les personnages de cette peinture.
Des papillons volaient gracieusement dans le pavillon et se posaient en silence sur les tasses exquises et adorables.
« Où est sa majesté ? Pourquoi n’est-il pas encore venu me voir ? » demanda subitement Lin Zhan.
Un des enfants serviteurs répondit :
« Sa majesté est actuellement occupé avec les affaires du gouvernement, alors il n’a pas le temps de venir ici… »
Lin Zhan ouvrit les yeux et renifla :
« C’est marrant. Quand il me presse contre le matelas, pourquoi il ne se plaint jamais d’être pris par les affaires du gouvernement ? »
Les deux enfants se recroquevillèrent un peu, clairement effrayés par Lin Zhan. Il était impossible qu’ils répondent à ces paroles, ah !
En plus, ils n’osaient pas prendre la parole à la légère parce qu’avant de partir, leur maître leur avait spécifiquement précisé qu’ils ne devaient pas plus parler à cet homme que nécessaire.
Il n’y avait que Lin Zhan qui vivait de manière permanente dans cette Mer d’Illusion du Lotus. Les enfants qui le servaient changeaient régulièrement. Avant que ces deux garçons ne viennent le servir aujourd’hui, ils avaient entendu leurs prédécesseurs raconter que l’occupant de la mer d’illusion du lotus pouvait rester silencieux et calme pendant des jours s’il était de bonne humeur. Par contre quand il était de mauvaise humeur, il pouvait les tourmenter jusqu’à rendre leur vie misérable. Au final, seule l’intervention du souverain parvenait à le calmer.
En plus… ils ne savaient vraiment pas à quoi pouvait bien penser leur maître, ah.
Un des garçons se dit en lui-même que le souverain avait déjà fort à faire tous les jours. Bien qu’il n’avait pas de concubines actuellement, il y avait plein de gens autour qui faisaient la queue pour le servir. Malgré tout, ces gens ne parvenaient pas à obtenir les faveurs du souverain. Alors comment cet homme qui venait d’un monde inférieur, qui n’avait rien d’exceptionnel que ce soit en matière de cultivation ou d’apparence, se permettait d’exiger que le souverain vienne le voir tous les jours ?
Ce n’était déjà pas facile pour le souverain de venir de temps en temps. Cet homme en voulait vraiment de trop.
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Lin Zhan se mit assis et regarda ces deux garçons qui n’arrivaient pas plus haut que sa taille. Il devint alors si furieux qu’il en perdit l’usage de la parole.
Putain, ce type avait sûrement fait exprès de lui envoyer deux gamins pour le surveiller !
Lin Zhan sentit une terrible migraine venir.
Dans les mots “la Mer d’Illusion du Lotus”, le mot clé était naturellement “Illusion”.
Les fleurs de lotus tout autour s’entremêlaient pour former une barrière. Il lui était impossible de la briser et il n’avait même pas besoin d’essayer pour le savoir : son niveau de cultivation était de loin inférieur à celui du maître des lieux. S’il tentait le coup, il ne ferait que gaspiller son Qi interne.
Cela faisait donc Dieu sait combien de temps que Lin Zhan était emprisonné ici et il allait devenir fou à force d’étouffer.
À part ces enfants pour le servir qui changeaient constamment, la seule autre personne qu’il pouvait voir était le maître des lieux. Le reste du temps, s’il voulait discuter, il ne pouvait que parler à lui-même car ces garçons n’osaient rien lui dire.
Dans le monde inférieur, il y avait encore son fils, son Ah Hen et sa famille…
« Allez lui dire que je veux qu’il vienne aujourd’hui. J’ai besoin de lui parler, » ordonna Lin Zhan avec un brin d’impatience.
Les deux enfants échangèrent des regards. L’un d’eux baissa la tête sans oser le regarder, puis répondit respectueusement :
« Sa majesté a dit que vous avez fait quelque chose de mal et que vous devez accepter ce châtiment. La durée dont il a décidé est de trois ans. Il a dit que durant ces trois années, vous ne pourrez rien lui demander et que vous ne pourrez que tout accepter. »
Lin Zhan devint si furieux qu’il était à deux doigts de cracher du sang. Il roula des yeux et donna un coup de poing au coussin mou sous ses fesses. Il grinça des dents et se plaignit :
« Trois ans ! D’ici trois ans, il sera trop tard pour tout ! Allez lui dire tout de suite que je ne suis pas son prisonnier. S’il a le moindre grief contre moi, qu’il vienne au moins me le dire franchement, au lieu de simplement m’enfermer ici et de me baiser quand il en a envie, puis de m’ignorer quand il n’a pas envie ! Bordel… ça ne va pas résoudre le moindre problème, ça ne fera qu’empirer les choses ! »
Le jeune serviteur hésita. Durant cette période, le tempérament de cet homme mystérieux que le souverain avait fait venir ici devenait pire de jour en jour. Il était au bord de l’explosion tous les jours et les serviteurs ne pouvaient qu’attendre dans la crainte et l’angoisse. Cela s’arrangerait sans doute s’il pouvait voir le souverain, sauf que… comment cela pourrait-il être aussi facile de rencontrer le souverain ?
L’autre garçon fit d’une toute petite voix :
« Sa majesté se tient toujours à ce qu’il dit. Puisqu’il veut que vous restiez ici pendant trois ans, j’ai bien peur qu’il ne changera pas d’avis facilement. Il est fort possible qu’il refuse de vous voir. »
Lin Zhan serra les dents et répliqua :
« Dites-lui juste que Lin Zhan demande à le voir. S’il refuse, qu’il ne songe plus jamais à grimper dans mon lit ! »
Le garçon hésita un long moment, puis il hocha la tête.
« Je vais transmettre votre message à ma supérieure, mais je ne peux pas garantir qu’il viendra. »
Lin Zhan inspira profondément.
« Bien. »
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Le garçon se releva et se rendit au bord de l’eau à l’extérieur du pavillon pour souffler dans un sifflet. Le son était très régulier et mélodieux.
Peu de temps après, une jeune femme vêtue d’une robe de la Cour traversa sur une barque les lotus d’eau qui formaient des rangées successives et navigua jusqu’au pavillon.
Elle eut un sourire gracieux.
« Que puis-je pour vous, mon seigneur ? »
Lin Zhan la fixa d’un air inexpressif et fit :
« Je veux voir sa majesté.
– Très bien, répondit-elle. Cette servante va transmettre votre message. »
Lin Zhan regarda cette femme qui servait le souverain depuis fort longtemps et était proche de lui. Il demanda :
« Yu Heng, comment va sa majesté ces temps-ci ? »
La servante se pinça les lèvres en un sourire et répondit :
« Mon seigneur, cette servante ne peut vous répondre. Comment quelqu’un de mon statut pourrait épier les faits et gestes de sa majesté au quotidien ? Si sa majesté accepte de venir ici, vous pourrez lui demander vous-même. »
Lin Zhan entendit la légère pique dans la réponse de Yu Heng et il se sentit soudain très vexé. Il agita la main et fit :
« Bon, tu peux y aller. N’oublie pas de lui dire quel est mon tempérament. Il sait très bien qu’il m’a rendu furieux et que je préfère encore être une tuile plutôt qu’un jade brisé ! »
Le sourire sur les lèvres de Yu Heng s’atténua un peu et elle fit :
« Mon seigneur, ne vous fâchez pas. Si sa majesté l’apprend, il pensera que nous ne vous servons pas assez bien. Mon seigneur, vous connaissez le tempérament de sa majesté mieux que quiconque. Si sa majesté est contrarié, il rechignera à s’en prendre à vous, mais ce sera sur nous autres que retombera sa colère. »
Lin Zhan serra les poings et voulut dire quelque chose, mais il se ravisa.
Il trouva subitement tout ça très ennuyeux, alors il agita la main en faisant :
« Fais vite. »
Yu Heng déplaça de nouveau la petite barque par la pensée et s’enfonça dans les profondeurs de la Mer d’Illusion du Lotus.
Lin Zhan s’attendait à devoir attendre plusieurs jours avant de voir le souverain mais à sa grande surprise, à peine la moitié d’un shichen s’écoula avant que des vagues sombres se mirent à agiter la mer paisible de lotus et que des nuages noirs se rassemblèrent dans le ciel.
Lin Zhan en resta un moment stupéfait, assis sur le lit de jour et contemplant le brusque changement de temps. Son cœur manqua soudain un battement.
C’est foutu, c’est foutu.
La Mer d’Illusion du Lotus semblait reliée à l’humeur de cet homme. Alors pour que le temps change aussi subitement ici, cela voulait dire que cet homme était de très mauvaise humeur, pas vrai ?
Lin Zhan regarda de nouveau dans les profondeur de la Mer d’Illusion du Lotus —
Il vit un homme vêtu d’une tenue splendide arriver dans le vent. Ses vêtements ondulaient au gré de ses mouvements. Il était tel un immortel déchu dont nul ne pouvait détacher le regard.
Toutefois quand il se rapprocha, on put voir que ce visage d’une perfection frappante semblait recouvert de nuages sombres terrifiants, en accord avec le temps actuel.
Cet homme atterrit devant Lin Zhan.
Les deux serviteurs se prosternèrent aussitôt et saluèrent en chœur :
« Nous saluons sa majesté. »
Le souverain ne leur accorda même pas un regard. Ses yeux acérés fixèrent directement Lin Zhan. Ce dernier eut mal partout et ne put s’empêcher de se sentir nerveux intérieurement.
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Il se leva du lit de jour et se mit debout, ses bottes aux pieds. En regardant ce visage qui était à la fois familier et étranger, il ne put en détacher les yeux. Pendant un moment, il oublia l’endroit où il se trouvait.
« Laissez-nous, » ordonna le souverain.
Les deux garçons se retirèrent aussitôt, empruntant le long couloir du pavillon et se volatilisèrent.
Lin Zhan eut un sourire ironique.
« Sa majesté n’est-il pas censé être occupé tous les jours sans avoir le temps de me voir, à tel point que je ne puis compter que sur votre bon vouloir ? Comment se fait-il que vous ayez voulu changer les règles aujourd’hui ? »
Le souverain répondit calmement :
« Il s’est passé quelque chose de particulier aujourd’hui. »
Note de Karura : Oui, cet autre homme est bien le père de Lin Xuanzhi. On voit déjà la ressemblance au niveau du physique : les deux sont des beautés exceptionnelles !
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