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Chapitre 380 : Un changement dans la Forêt des Dix Mille Bêtes Démoniaques
Bien que Ji Yunwei parlait d’être forcé, pour dire les choses franchement, il s’était carrément fait jeter hors de la forêt.
Il n’avait même pas pu voir Ah Jiu et encore moins lui parler.
Toutefois, il tenait aussi à sauver sa face, alors il ne savait plus quoi faire ensuite. D’un côté, il était inquiet que le renard à neuf queues ne s’en prenne à sa famille. De l’autre, il s’inquiétait énormément pour leur avenir à tous les deux.
Depuis que s’était répandue la nouvelle qu’une puissante bête démoniaque avait pris le contrôle de la Forêt des Dix Mille Bêtes Démoniaques et était responsable du problème actuel de la barrière, Ji Yunwei avait commencé à s’inquiéter du fait que cette rumeur ne fasse du renard à neuf queues la cible de toutes les flèches. Rien qu’en y pensant, il en avait le cœur brisé.
Lin Xuanzhi réfléchit un moment.
« Demain, nous allons nous rendre dans la Forêt des Dix Mille Bêtes Démoniaques pour voir. Si nous avons la chance de croiser le renard à neuf queues, j’aimerais bien lui demander de quoi d’autre il se rappelle. »
Ji Yunwei le fixa d’un air un peu grave.
« Ah Jiu se rappelle encore de toi, mais il n’a rien dit à ton sujet, comme s’il s’abstenait de parler de toi. Je n’en connais pas la raison, alors je pense qu’il vaut mieux que tu lui poses clairement la question. Comme ça, s’il y a un désastre qui te menace à l’avenir, tu pourras t’y préparer à l’avance et tout faire pour l’éviter. »
Lin Xuanzhi hocha la tête tout en se disant : Les désastres que j’ai eus dans ma vie précédente, je les connais mieux que personne.
Son regard dériva inconsciemment vers son petit frère.
Ce qui l’inquiétait actuellement, c’était : et si Yan Tianhen entrait dans la Forêt des Dix Mille Bêtes Démoniaques et se souvenait à son tour par accident de sa vie passée ?
Il voulait donc voir personnellement ce renard. C’était devenu bien plus important pour lui à présent que de trouver le trésor magique Rassemble Qi au centre de la Grande Formation Scelle Démon.
Ji Yunwei pressa une main sur son front douloureux et fit :
« Si vous voulez y aller demain, je viens avec. Après tout, je suis un peu familier avec cette forêt. »
Cela fit sourire Yan Tianhen.
« Frère Ji est bien trop modeste. Comment peux-tu dire que tu es juste un peu familier ? Tu as grandi en chassant dans la Forêt des Dix Mille Bêtes Démoniaques, alors je suis sûr que tu connais les lieux sur le bout des doigts. »
Ji Yunwei le fixa d’un air perplexe.
« J’ai bien peur que tous les deux, vous ne soyez vraiment pas au courant que l’état actuel du terrain dans la Forêt des Dix Mille Bêtes Démoniaques est complètement différent d’avant. En à peine deux mois, des arbres ont poussé de manière sauvage. Il est désormais impossible de se repérer par rapport aux sentiers d’origine. »
La Forêt des Dix Mille Bêtes Démoniaques avait changé pour devenir méconnaissable.
Lin Xuanzhi s’y était déjà attendu. Après tout, toutes les créatures vivantes dépendaient du Qi spirituel pour leur croissance, surtout dans le monde de la cultivation.
Apparemment, la dispersion du Qi spirituel avait un effet prodigieux sur les formes de vie de la forêt. D’ici peu, il y aurait de nouvelles plantes spirituelles et de nouvelles bêtes démoniaques qui ne tarderaient pas à être convoitées.
Lin Xuanzhi discuta longuement avec Ji Yunwei de la Forêt des Dix Mille Bêtes Démoniaques.
Quand le sujet porta sur les missions pour mercenaires, Ji Yunwei expliqua :
« Ces temps-ci, beaucoup de compagnies de mercenaires sont vraiment prêtes à se risquer dans la forêt. Bien que la barrière soit partiellement formée, elle n’est pas encore totalement refermée. Plus un cultivateur a un faible niveau, plus il peut facilement entrer et sortir. Beaucoup de cultivateurs ont obtenu énormément de bénéfices en se rendant dans la forêt alors même sans ces missions, il y aurait des mercenaires qui se battraient pour entrer là-bas. »
Leur cultivation n’était pas limitée à condition qu’ils ne s’aventurent pas trop loin dans la forêt. De plus pour une raison inconnue, le Qi spirituel dans la forêt ne faisait qu’augmenter et ne faisait pas mine de se dissiper.
Les yeux de Yan Tianhen s’illuminèrent.
« Ça a l’air formidable, ah. Si c’était moi, je serais parti depuis longtemps cultiver seul dans la Forêt des Dix Milles Bêtes Démoniaques. »
La raison pour laquelle les Neuf Royaumes étaient qualifiés de Monde Supérieur, c’était à cause de l’abondance de Qi spirituel. Grâce à ça, quand les cultivateurs des Neuf Royaumes s’entraînaient, ils étaient naturellement comme des poissons dans l’eau et s’élevaient rapidement.
Ji Yunwei secoua la tête gentiment.
« Comment ne pourrait-il y a voir que des bonnes choses ? Les cultivateurs humains peuvent effectivement progresser rapidement, mais il en est de même pour les monstres et les bêtes démoniaques. En plus, la Forêt des Dix Mille Bêtes Démoniaques est à l’origine le territoire des bêtes et leur vitesse de progression est bien plus rapide que celle des cultivateurs humains. »
Après ça, Ji Yunwei lâcha un léger soupir et poursuivit :
« Tout compte fait, la formation précoce de la barrière autour de la forêt apporte plus d’avantages que d’inconvénients pour tout le Continent Ouest. Sans elle pour les retenir, une fois que ces monstres et bêtes démoniaques auraient atteint un certain niveau, la première chose qu’ils feraient serait de raser entièrement la cité de Qi. »
Après tout, il y avait une guerre des races entre les humains et les bêtes démoniaques.
Si la famille Ji était la meilleure famille de Dompteurs de Bêtes de tous les Cinq Continents, c’était parce qu’ils pouvaient domestiquer ces bêtes démoniaques.
Toutefois, ils n’avaient domestiqué qu’une très petite portion.
Yan Tianhen ne put s’empêcher de trembler en s’imaginant les bêtes démoniaques faire des ravages dans la cité de Qi. Il se frotta les bras et fit :
« On dirait que l’existence de cette barrière est absolument nécessaire ! »
Après un tour dans l’auberge et après avoir engagé des hommes de main pour renforcer leur groupe, les deux frères ne restèrent pas plus longtemps. Dans la rue marchande de la cité, ils achetèrent des matériaux pour forger et des plantes spirituelles, puis revinrent à leur auberge avec leurs achats.
À leur retour, Lin Xuanzhi vit Liu Mengchen et Qing Zhu qui étaient également revenus ensemble de l’extérieur.
Bien que Qing Zhu n’appréciait pas du tout Liu Mengchen, il ne pouvait rien faire contre cet homme qui avait une carapace contre la honte plus épaisse encore qu’un mur d’enceinte. Où que Qing Zhu allait, Liu Mengchen se collait à lui comme une petite queue et le suivait partout, sans lui laisser la moindre chance de souffler un peu.
Qing Zhu avait un tempérament assez simple : quand il était fâché, il frappait directement. Par contre, il était complètement impuissant quand il s’agissait de joutes verbales. Il était donc incapable de chasser Liu Mengchen qui avait un plus haut niveau de cultivation que lui. Au bout du compte, il s’était résigné à le laisser faire à sa guise.
En voyant les deux frères, Qing Zhu se leva de sa chaise et leur fit :
« Je suis allé explorer l’orée de la Forêt des Dix Mille Bêtes Démoniaques. Des gens là-bas m’ont dit que la forêt a complètement changé d’apparence. Mais la bonne nouvelle, c’est que le Qi spirituel y est très riche, ce qui est bénéfique à la cultivation.
– C’est aussi ce que nous avons appris, » fit Lin Xuanzhi en hochant la tête.
Liu Mengchen jeta un regard à Qing Zhu et se plaignit :
« Je t’avais déjà dit tout ça avant. Pourquoi tu avais besoin de te renseigner personnellement ?
– Je ne peux croire que la moitié de ce que tu dis, répliqua l’autre homme. Je devais vérifier personnellement ces informations pour y croire. »
Liu Mengchen prit un air abattu.
« Alors tu ne crois pas non plus à ce que je t’ai raconté sur la Grande Formation Scelle Démon ? »
Qing Zhu déclara d’un ton glacial :
« J’y crois un peu, mais il y a clairement une partie très importante sur ce qui t’est arrivé au fond de la vallée dont tu ne m’as rien dit.
– Zhu’Er, fit l’autre homme avec un sourire amer, si tu veux tout savoir, je peux t’en parler. C’est toi qui refuses de discuter avec moi.
– Tu peux garder ça pour toi ! »
Qing Zhu ne ménagea absolument pas son amour-propre.
Liu Mengchen ne put que soupirer.
« Très bien, alors je te raconterai tout quand nous serons sortis de la Forêt des Dix Mille Bêtes Démoniaques, qu’en dis-tu ? »
Qing Zhu libéra son poignet de sa prise et répondit d’un ton rempli de défiance :
« Inutile. Quand nous en aurons terminé avec la forêt, toi et moi irons chacun de notre côté et nous ne nous reverrons plus jamais de toute cette vie. Je n’en ai plus rien à faire que tu m’aies menti et manipulé autrefois. Ne me suis plus en te rabaissant à ce point. Fais simplement comme si tu ne me connaissais pas. »
Mais Liu Mengchen secoua la tête.
« Ce n’est pas possible. Tu as subi une telle perte, comment pourrais-je ne pas te compenser ? »
Qing Zhu le fixa alors et fit :
« Si tu veux vraiment me compenser, alors rends-moi ce que tu m’as pris. »
Liu Mengchen resta ébahi un moment, puis il ouvrit la bouche sans rien dire.
« Hé… »
Qing Zhu étira les lèvres et ricana.
« On ne t’entend plus là, hein ? Un chien ne peut pas s’empêcher de manger des crottes On ne peut pas se défaire de ses mauvaises habitudes. (1), alors dégage. Je ne veux plus te voir ! »
Liu Mengchen était un peu frustré et il y avait une pointe de tristesse difficile à cacher dans son regard.
Lin Xuanzhi et Yan Tianhen étaient bien embêtés. Au moment où ils allaient faire sortir Liu Mengchen de la pièce, on toqua à la porte.
Le gérant entra avec un jeune homme.
Comme il savait que ces clients étaient des amis du jeune maître de sa famille, il se montra très poli et respectueux :
« Cet honorable client est entré dans l’auberge en cherchant quelqu’un du nom de Liu. En consultant le registre, j’ai vu que seul l’un d’entre vous portait ce nom de famille. »
Il n’eut pas besoin d’en dire plus car Liu Mengchen et Qing Zhu avaient déjà aperçu cet invité inattendu.
Liu Mengchen manifesta un peu de surprise. Il s’avança et fit :
« Linfeng, qu’est-ce que tu fais ici ?! »
Plusieurs émotions défilèrent sur le visage de Qing Zhu, tandis qu’il gardait les yeux fixés sur Xiao Ce n’est pas le Xiao (petit) qu’on utilise affectueusement avant un prénom. C’est vraiment son nom de famille. (2) Linfeng sans battre des cils. Il serra légèrement les poings, comme s’il avait subitement envie de le tuer sans pouvoir se retenir.
De son côté, Xiao Linfeng afficha un sourire brillant et salua Liu Mengchen en joignant les mains.
« Ce que je fais ici ? Tu es sorti si rapidement de ta retraite spirituelle sans même m’avertir. Et là, tu veux entrer dans la Forêt des Dix Mille Bêtes Démoniaques. Pourquoi n’aurais-je pas le droit de venir avec toi ?
– Bien sûr que je serais ravi que tu viennes avec, » fit Liu Mengchen avec un sourire.
Xiao Linfeng ne fit clairement pas de manières : il entra et chercha à boire. Il se servit de l’eau dans une tasse et la vida d’un trait. Il se ressuya la bouche du revers de la main et fit en soupirant :
« Bon sang, je me suis dépêché pendant mon voyage pour réussir à vous rattraper avant que vous n’entriez dans la forêt. Je n’ai même pas pris le temps de boire ! »
Qing Zhu observa cet homme qui ne cessait de s’agiter et de parler naturellement sans la moindre pause. Il ne put s’empêcher de faire remarquer :
« C’est ma tasse que tu viens d’utiliser. »
Xiao Linfeng en resta un moment stupéfait, puis il baissa les yeux vers la tasse. Un sourit orna ses lèvres et il fit :
« Je me demandais justement pourquoi c’était si délicieux. Ne t’en fais pas, ça ne me dégoûte pas. »
Qing Zhu : « … »
Putain, c’est moi que ça dégoûte !
Il était prêt à renverser la table, tandis que le visage de Liu Mengchen s’assombrit énormément en un instant.
À peine Xiao Linfeng était-il entré qu’il se permettait de draguer son homme !
S’il n’avait pas su que cet homme avait l’habitude d’agir de manière aussi frivole, il aurait cru que Xiao Linfeng était délibérément en train de flirter avec Qing Zhu.
Yan Tianhen, lui, contemplait d’un air choqué cet homme étrange qui venait de nulle part. Ce fut au point qu’il en oublia même de lui demander son nom.
Ce fut Xiao Linfeng qui se présenta de lui-même :
« Xiao Linfeng, j’ai vingt-huit ans cette année et j’imagine que je vais garder cette apparence dorénavant. »
Il porta une main à son visage avec un sourire chaleureux et sincère.
« J’étais à la base un simple mortel, un épéiste errant, mais par chance, j’ai pu manger la plante de Cultivation alors depuis, je suis devenu un cultivateur ! »
Le visage de Qing Zhu s’assombrit. Il tendit le pied et écrasa rudement le pied de l’autre homme.
Xiao Linfeng se fit marcher sur le pied sans crier gare et il pâlit un peu. Quand Qing Zhu retira son pied, il sautilla en se tenant le pied blessé et se lamenta :
« Petite beauté, tu es si agréable à voir, alors pourquoi tu te montres aussi cruel ? Tu as bien failli m’écraser le pied. Tu comptais me porter sur ton dos après ça ? Ça me va, je pourrai garder mes forces dans ce cas ! »
Note de Karura : Si vous avez bien en tête le passé de Qing Zhu, vous comprendrez ce qui s’est passé entre ces trois-là à l’époque.
Notes du chapitre :
(1) On ne peut pas se défaire de ses mauvaises habitudes.
(2) Ce n’est pas le Xiao (petit) qu’on utilise affectueusement avant un prénom. C’est vraiment son nom de famille.
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