Lanterne 3

Chapitre 3 : « C’est une directrice du nom de Li qui a amené avec elle un beau gosse du nom de Zhou. »


Quand Zhang Shun se réveilla le lendemain matin, son grand frère lui tournait le dos, face au miroir de la salle de bain et torse nu.

Au départ, il crut que son frère était en train de se raser, mais il fut soudain frappé par une pensée choquante : son grand frère avait de la barbe ?! Voilà qui était si ordinaire !

Puis il s’aperçut qu’en fait, Chu He se mettait simplement des gouttes dans les yeux. Il poussa aussitôt un soupir de soulagement. Il se dit que son frère était toujours la même personne qu’il avait connue. Ce n’était pas parce que les deux frères avaient dormi ensemble dans le même lit une fois que son frère était devenu un simple mortel.


« Grand frère ! appela-t’il en bâillant. Quelle fille tu as dénichée hier soir, ah ? Elle est douée pour les pipes ? »

Chu He ramassa sa chemise et l’enfila. En la boutonnant, il répliqua d’un ton inexpressif :

« Un jour ou l’autre, ta bouche qui parle à tort et à travers finira par te tuer. »

S’il y avait bien une qualité que possédait Zhang Shun, c’était qu’il ne perdait pas facilement son calme. Quand il lui arrivait quelque chose, il se contentait d’en rire et oubliait très vite. Tous ses proches le savaient bien : bien que le second jeune maître Zhang était un dandy qui n’était bon à rien, il avait un bon tempérament et n’était pas du genre à agir en tyran. Même si quelqu’un s’opposait à lui sous son nez, il l’insulterait une paire de fois et aurait tout oublié cinq minutes plus tard.


Il risquait encore moins de se disputer avec son grand frère qui avait eu le pouvoir pendant si longtemps. Zhang Shun se gratta la tête et se leva paresseusement. Il demanda :

« Je vais trouver un grand maître aujourd’hui pour inspecter le manoir. Grand frère, tu vas quelque part aujourd’hui ? Et si tu venais avec moi ? »

Chu He changea brusquement d’expression et s’écria :

« Ne fais pas venir ce genre de charlatan à la maison !

Aiya — Maître Fang de la rue Xinglong est réputé dans tout le nord-est de la capitale. On a quand même eu un fantôme cette nuit…

– Tu crois vraiment qu’on peut toucher comme ça au Fengshui de la demeure d’un homme d’affaires ? le réprimanda durement Chu He. Je me fiche bien que tu ramènes ici des filles ou bien que tu te bagarres à ta guise, mais ne ramène pas des moines ou des prêtres Taoïstes chez nous ! »

Zhang Shun fit la moue.

« J’ai compris, c’est bon ! »


Ce ne fut qu’à ce moment que l’expression de son frère se détendit. Il se rendit à l’armoire pour prendre une fine cravate noire et lui fit tout en la nouant :

« Un consortium japonais est venu en ville pour envisager un investissement sous couvert d’une visite religieuse. Il paraît qu’ils veulent construire un hôtel cinq étoiles dans la zone d’exploitation de Sanlitun. Le maire Huang a demandé à notre société de l’accompagner pour les recevoir. Je risque de ne pas être rentré pour le dîner. »

Cette dernière phrase toucha une corde sensible dans le cœur de Zhang Shun. Il se sentit un peu triste en songeant que cela faisait longtemps que les deux frères n’avaient pas dîné ensemble, ah. Au moment où il allait annoncer qu’il ne sortirait pas le lendemain soir pour qu’ils puissent manger ensemble à la maison, il vit son frère prendre sa veste et sortir de la chambre à pas réguliers et élégants, tout ça sans même lui dire au revoir.

« … »

Zhang Shun marmonna pour lui-même :

« Il faut vraiment que j’arrête de me faire du mal pour rien, moi. »


* * *


Le second jeune maître Zhang bâilla, puis descendit pour prendre son petit-déjeuner. Après avoir échangé quelques mots et sourires malicieux avec le majordome, puis dragué un peu la nouvelle servante, il repoussa les bols et ses baguettes, puis sortit du manoir dans sa nouvelle Ferrari.

Bien qu’il avait promis à son frère de ne pas se lancer dans des superstitions féodales à la maison, le second maître Zhang avait juste dit ça comme ça. En fait, il s’était déjà décidé à inviter un expert chez eux pour examiner correctement leur demeure. Cela faisait un moment qu’il sentait un malaise chez eux. Plusieurs des poissons rouges de la mare devant la cour avaient péri. Il y avait des rumeurs parmi les serviteurs qui avaient vu plusieurs fois des ombres blanches dans le couloir, sans parler de la réserve à l’arrière qui était toujours sinistre. Même le vieux majordome lui avait confié qu’il avait entendu des fantômes hurler à l’intérieur. Cela avait été tellement terrifiant que même les dogues allemands qui gardaient la maison avaient cessé d’aboyer.

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Il y avait deux genres de personnes qui étaient les plus superstitieuses de nos jours : les hommes d’affaires prospères et les intellectuels. Bien que le second maître Zhang était un dandy, il n’avait pas négligé ses études pour autant. À force d’étudier avec des tuteurs privés et des professeurs renommés qui le soutinrent comme les étoiles autour de la lune, il avait été envoyé dans la plus prestigieuse université de tout le pays. Après avoir fini sa licence, il était allé à l’étranger chez ses grands-parents pour obtenir son master — et ce n’était pas un master obtenu grâce à de l’argent, mais bel et bien un véritable master d’une fantastique université étrangère qu’il avait obtenu à la sueur de son front, après plusieurs nuits passées à écrire des mémoires. Si son père n’était pas tombé gravement malade, ce qui l’avait contraint à abandonner ses études pour retourner en Chine, le second jeune maître Zhang serait revenu avec un doctorat d’une prestigieuse université.

Du coup, comme il était à la fois un homme d’affaires et un intellectuel, il croyait en toutes ces choses magiques.


En cours de route, Zhang Shun appela Huang Pian, un de ses amis à la vie à la mort et le neveu du maire Huang de la ville. Il demanda d’un ton insouciant :

« Hé, Porno Jeu de mots sur son nom : Huang Pian, prononcé avec une intonation différente, veut dire film porno. Il y a des parents qui détestent vraiment leurs enfants… (1), t’es dans le lit de quelle jolie petite pute ? Viens vite, j’ai besoin de toi pour un truc sérieux !

– C’est toi qui sors du lit d’une pute ! répliqua furieusement le jeune homme à l’autre bout du fil. J’ai passé toute la nuit à boire avec ces enfoirés du Bureau de l’Environnement ! Tu veux quoi ? Dis-le tout de suite, sinon je raccroche !

– Hé, hé, hé — du calme, du calme, ne raccroche pas. Je voulais juste te demander : la dernière fois, tu as dit que tu me présenterais à un maître du nom de Fang dès que possible. Tu es libre pour qu’on aille le voir aujourd’hui ?

– Pour quoi faire ?

– Je veux l’engager, répondit sérieusement Zhang Shun. Ma maison est hantée. Je vais demander au maître de capturer les fantômes. »


Huang Pian avait été à deux doigts de raccrocher pour se rendormir, mais cette nouvelle le rendit tout excité.

« Capturer les fantômes ? De quel genre de fantômes tu parles ? »

Tenant le volant d’une main et son portable de l’autre, Zhang Shun raconta en quelques mots les événements terrifiants de la nuit passée. Huang Pian fit claquer sa langue en entendant ça. Après avoir plusieurs fois demandé à son ami s’il n’avait pas fait un cauchemar en pleine nuit, s’il ne se moquait pas de lui ou s’il n’essayait pas de lui faire peur, il déclara qu’il tenait absolument à voir ça, alors il allait passer prendre maître Fang pour le rejoindre.

« Mais ton grand frère ne déteste pas les moines et les prêtres Taoïstes ? demanda Huang Pian. Tu es sûr qu’il est bien de sortie ce soir ? S’il rentre tout à coup et met maître Fang dans l’embarras, c’est moi qui vais perdre la face, ah.

– Ne t’en fais pas, Porno, le rassura son ami. Mon frère va s’occuper des investisseurs japonais avec ton oncle ce soir — il ne rentrera pas avant minuit. Allons résoudre rapidement ça, sinon je n’oserai pas rentrer et dormir chez moi ce soir. »

Huang Pian se fâcha de nouveau :

« Arrête avec ce surnom débile ! »


* * *


Les paupières de Chu He furent agitées d’un tic tout l’après-midi, mais il n’arrivait pas à comprendre ce qui se passait.

Il ne pouvait pas savoir que son cher petit frère, qui arrivait plus à gâcher les choses qu’à les réussir, avait complètement oublié sa mise en garde du matin.

Un clerc le conduisit dans le bureau de la secrétaire du maire, l’invitant à s’asseoir sur un divan. La secrétaire lui apporta personnellement une assiette de fruits et des cigarettes de luxe, ainsi qu’une théière de thé Tieguanyin — un thé qu’on ne pouvait pas se procurer comme ça — qu’elle venait de préparer. Elle lui fit avec un grand sourire :

« Le maire Huang sait que vous veniez mais malheureusement, il n’a pas encore terminé son audioconférence — Je vous en prie, asseyez-vous et patientez un peu. Je vais voir combien de temps encore ça va prendre. »

Chu He hocha la tête et ne dit rien.

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Très peu de temps après, la secrétaire revint en vitesse, son visage trahissant sa confusion :

« Le maire Huang vous demande de venir au plus vite. »

Chu He se douta de ce qui se passait, mais il ne commenta pas. Il hocha la tête, puis entra dans le bureau en poussant la lourde porte en bois.

Le bureau du maire était un deux pièces standard du gouvernement, avec un petit salon au début, puis un bureau. Chu He referma la porte derrière, bloquant le regard curieux de la secrétaire. Puis il contourna le large bureau et vit une grosse belette à la fourrure luisante. L’animal avait les pattes autour de sa gorge, se roulant de douleur par terre.

« Un os — un os de poulet coincé dans la gorge, fit le maire Huang en roulant désespérément les yeux. Ai-aide-moi vite à le faire sortir — »

Chu He : « … »


Avec des gestes efficaces, il ramassa rapidement la belette, puis la tourna sur le ventre. Il posa une jambe sur le dos de l’animal, saisit la fourrure au niveau de sa nuque et donna un fort coup de coude. On entendit un craquement, puis l’os de poulet fut directement éjecté par la gueule de la belette.

« Keuf keuf keuf keuf ! Keuf keuf keuf keuf keuf keuf ! »

La belette toussa longuement avant de reprendre sa forme humaine. Son gros ventre à plat sur le sol, il demanda d’un ton pitoyable et avec des larmes aux yeux :

« Tu-tu es vraiment obligé d’être aussi violent avec moi à chaque fois ?

– … »

Chu He finit par répliquer :

« Reste loin de moi, le gros. »

Le maire Huang se redressa aussitôt à une vitesse impensable pour un homme aussi gros. Tout en fourrant sa queue velue dans son pantalon, il protesta vigoureusement :

« Ne me donne pas de surnom stupides ! — En plus, je ne suis pas gros. Ce maire est juste un peu enrobé ! »


* * *


Il y avait beaucoup d’avantages à avoir une belette pour maire. Selon les propres paroles du maire Huang, si quelqu’un d’autre le remplaçait, Dieu sait ce qu’il voudrait comme pot-de-vin. Tandis que lui, il se contentait de deux poulets par jour.

Bien entendu, il y avait aussi des inconvénients. Par exemple, la secrétaire sentait souvent d’étranges odeurs de poulet grillé en provenance du bureau du maire et elle trouvait parfois par terre des plumes ensanglantées venant de Dieu sait où.

Naturellement, ces petits inconvénients n’étaient rien au regard de tout le bien que les habitants de la ville pouvaient dire de leur maire. Par exemple, quand une épidémie de grippe aviaire avait éclaté au nord, le maire Huang était devenu furieux et avait ordonné à la Commission de Santé de mener une enquête approfondie afin d’assurer rapidement que les industries de la ville employant de la viande soient sans risques. Une autre fois, lors de l’affaire des huiles de cuisson réutilisées, le maire Huang se montra ferme et exigea une enquête pour découvrir le fin mot de cette affaire. Afin d’empêcher les divers départements concernés de se couvrir entre eux, il risqua même sa vie en arpentant les rues tous les jours pour goûter personnellement le poulet frit dans les stands de rue.


C’était sûrement à cause de sa bonne réputation officielle que le Comité Central de Régulation des Yaoguai fermait les yeux sur sa situation — bien que le maire Huang n’avait jamais obtenu de promotion, il n’avait pas été transféré ou rétrogradé pendant toutes ces années.

Le maire Huang était très fier de de lui. Il se disait qu’en tant que yaoguai, il avait pu obtenir l’approbation des humains, ce qui était vraiment faire honneur à tous ses ancêtres.

Sauf que Chu He n’hésita pas à le frapper précisément là :

« Arrête de rêver. Dans tout l’Empire Céleste, on peut compter sur les doigts de deux mains le nombre de gens venant du mont Mao Un haut lieu du Taoïsme. (2). Le ministère de la Sécurité de l'État a aussi un département presque entièrement composé de zombies. Qui aurait le temps de s’occuper de toi, un petit maire de troisième zone ?

– … Je reste un magistrat local, alors un peu de respect, okay ?! »

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Le maire Huang, le magistrat local, fit furieusement entrer son corps immense dans la Hongqi Une marque chinoise de voitures de luxe. (3). Comme il prenait bien trop de place, Chu He faillit ne pas pouvoir attacher sa ceinture. Il finit par récupérer l’ancrage de sous les grosses fesses du maire.

« … Vieux Huang, tu devrais vraiment perdre du poids.

– J’ai déjà perdu trois kilos cette semaine, ah, tu sais ! répliqua l’autre homme avec une grimace. Depuis que j’ai appris que le Consortium Aida du Japon allait venir pour investir dans notre petite ville de province, la capitale ne cesse d’envoyer des gens ici pour essayer de s’attribuer le mérite. À cause de ça, j’ai de nouveau du mal à manger et à dormir, même mon anémie et ma psychasthénie Nervosité liée à une baisse de la tension psychologique et qui entraîne de l’impuissance à agir, des doutes constants, etc. (4) sont de retour ! »

Chu He retint son souffle, tâtonna pour attacher sa ceinture, puis expira de nouveau, soulagé.


« Tu dis que même le CCRY J’utiliserai ça comme acronyme pour le Comité Central de Régulation des Yaoguai. (5) n’a rien à redire contre moi, alors pourquoi la capitale m’en veut toujours ? Parce qu’ils savent que je suis une belette ? Absolument pas ! — Ce serait parce que j’ai piqué la place de cet vieil enfoiré de Wu ? Mais c’est lui qui avait creusé sa propre tombe, ah ! C’est vrai que l’effondrement de l’échangeur au centre-ville avait peut-être été causé par un dragon de la terre, mais la principale raison, c’était que le vieux Wu et ses enfoirés de complices avaient accepté bien trop de pots-de-vin de la part des promoteurs. Si je n’avais pas pris la décision de te faire venir de la tour Jinmao pour calmer la situation, des centaines de gens sur cette portion de route seraient morts quand les fondations en ciment se sont effondrées… »

Le maire sortit avec adresse un sac en papier huilé du bord de son siège. Il en sortit un pignon de poulet et se mit à le croquer.


« Tu sais à quel point ça a été difficile pour notre ville de passer d’une petite cité à ce qu’elle est devenue à présent. Cela n’a pas été facile d’attirer ces investisseurs étrangers. Moi, l’honorable maire, j’ai été si excité que je n’ai pas dormi pendant trois jours et j’avais les larmes aux yeux à chaque fois que j’en parlais, ah ! Mais non seulement la capitale ne m’a pas soutenu ou félicité, ils ont même envoyé des gens pour me voler mon mérite. Leur conscience a dû se faire manger par les chiens ! Ce doit être à cause du fait que le vieux Wu, dont j’ai piqué la place, était un de leur descendant direct ! — Ils voulaient même contacter les investisseurs étrangers sans rien me dire. Heureusement, je m’en suis rendu compte à temps. S’ils cherchent à énerver ce grand-père Une façon arrogante de se désigner. (6), je vais tous les tuer d’un pet ! »


Le coin des lèvres de Chu He frémit de manière presque imperceptible.

« Qui est-ce que la capitale a envoyé ?

– Quelqu’un du Bureau d’Accueil des Visiteurs Internationaux, à ce qu’on m’a dit, répondit le maire Huang. Il y a une directrice du nom de Li qui a amené avec elle un beau gosse du nom de Zhou, ainsi que plusieurs commis. Hé hé, ils voulaient venir avec nous pour rencontrer les investisseurs aujourd’hui, mais j’ai demandé exprès à mon neveu de les faire boire au déjeuner, puis de les laisser dans un coin à l’hôtel… »

Cet homme d’affaires japonais était arrivé la veille et une réception avait été organisée en son honneur le soir. Le maire Huang avait eu au départ l’intention de lui faire un tour de la ville aujourd’hui afin de mettre en avant son grand élan de développement, puis d’aller au sauna en fin d’après-midi afin de faire plus ample connaissance. Cependant, le côté japonais avait été très efficace et avait directement proposé d’aller dans la zone d’exploitation en banlieue pour examiner le site et tenter de décider de l’endroit où construire l’hôtel en moins de deux jours.

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Le maire Huang n’était pas vraiment contre — plus vite l’affaire serait conclue, moins il y aurait de gens qui convoiteraient cette affaire juteuse tombée du ciel.

« Avec un investissement étranger de trois milliards et demi, ah, peut-être qu’une fois l’hôtel construit, ils feront aussi bâtir un immense centre de loisirs à côté. »

Après que le gros Huang eut fini de mâchonner ses pilons, il se ressuya sa bouche grasse et tapota l’épaule de Chu He d’un air très sérieux :

« Ne viens pas dire que ton frère ne se soucie pas de toi, directeur Chu. Si je peux signer ce contrat, je te traiterai comme mon propre grand-père !

– … Pas la peine, » assura Chu He.


* * *


Pendant qu’ils discutaient, la voiture s’arrêta à l’entrée du Centre de Développement Urbain. L’endroit était assez éloigné de la route principale et entouré par de vastes zones désertes. Hormis le parc des expositions temporaires qui avait été prévu dès l’origine, il n’y avait qu’un hôpital et une école primaire à côté. Non loin de là, il y avait également une zone pavillonnaire gérée par un promoteur immobilier. Les travaux venaient à peine de démarrer et l’endroit était plein de fossés pour les fondations.

Les investisseurs japonais étaient déjà arrivés, entourés par un groupe. Ils se tenaient près de la clôture en barbelés qui délimitait un espace vide, regardant Dieu sait quoi. Aucun d’entre eux ne remarqua la Hongqi qui s’était arrêtée.

Le maire Huang sortit de la voiture en rentrant son ventre, puis agita la main d’un air très enthousiaste.

« Ai — »

Tout le monde se tourna vers lui.


Aussitôt, le directeur du parc des expositions profita de son corps fin et souple pour se frayer un chemin dans l’attroupement et être le premier à se précipiter vers lui.

« Maire Huang ! Maire Huang ! C’est affreux, il est arrivé un malheur ! »

Il saisit la manche du gros Huang, tremblant de tout son corps.

« Quelqu’un — Quelqu’un — Quelqu’un s’est jeté du haut du building !

– Ah ?! » s’écria le maire.

Chu He sortit à son tour de la voiture et vit que le directeur était également mort de peur. Il tremblait comme une feuille alors qu’il faisait chaud. La sueur coulait de son front et il ne prenait même pas le temps de la ressuyer.

« Le chantier juste à côté — quelqu’un a sauté d’en haut à l’instant. Je-je-je-je l’ai vu de mes propres yeux s’écraser en une flaque ! On vient juste d’appeler la police. Monsieur le maire, puisque vous êtes là, que-que-que-que-que devons-nous faire… ?

– Qu’est-ce vous venez de dire ?! » s’écria Huang.


Un homme vêtu d’un beau costume gris sortit de la foule et précisa :

« Homme qui a sauté, c’est mon traducteur. »

Il tendit la main pour serrer celle du maire et fit poliment dans un chinois approximatif :

« Traducteur a dit qu’il voulait aller toilettes. Mais juste après, a sauté du toit, tout le monde a pu voir. »

La scène était devenue chaotique. Le maire Huang ressuya sa sueur et sourit tout en serrant la main de l’étranger. Il se tourna et expliqua à Chu He à voix basse :

« C’est M. Aida Tadaishi, le directeur actuel du consortium Aida… »

En même temps, il se força au calme pour s’adresser à tout le monde :

« Calmez-vous ! Du calme ! La police ne va pas tarder à arriver, que personne ne s’approche de la scène de l’accident ! »


Chu He regarda en direction du chantier, puis ramena son regard après un moment. Il tomba sur un jeune homme portant une longue tunique blanche du côté des Japonais.

Ce jeune homme n’avait pas plus de dix-sept ou dix-huit ans. Il avait un beau visage et portait une longue tunique aux manches amples. Il se tenait derrière Aida Tadaishi en silence, tête baissée, si discret qu’il en était même invisible.

Cependant, sa présence était très claire pour Chu He — le jeune homme portait une tenue d’exorciste.

Ce garçon était un onmyōji Un exorciste / magicien au Japon. (7).

Notant probablement le regard de Chu He, Aida Tadaishi hocha poliment la tête et désigna le jeune homme pour le présenter :

« Voici neveu à moi. Comme sait un peu chasser fantômes et exorcisme, je l’ai pris avec pour aider à examiner Fengshui autour et choisir emplacement. »

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Tout en parlant, il tapota l’épaule grassouillette du maire et fit avec un sourire entendu :

« — Neveu a bon tempérament, lui pas se servir à la légère de son talent. Alors monsieur maire pas besoin d’avoir peur, ah, ha ha ha ha ! »

Dans l’agitation ambiante, personne d’autre n’entendit ça, mais le visage du maire Huang changea radicalement d’expression.

« M… M. Aida veut plaisanter. »

Des gouttes de sueur aussi grosses que des fèves de soja coulèrent sur le visage de la grosse belette. Il eut bien du mal à conserver son sourire.

« Ha ha — On voit tout de suite que votre neveu est un beau jeune homme prometteur, hé hé hé hé — »

Le jeune onmyōji fit un pas en avant et s’inclina respectueusement devant le regard horrifié du maire. Sa voix était douce et fluide :

« Enchanté, M. Huang. Je me nomme Lanyu. »


Puis il se tourna vers Chu He et pendant un moment, il parut sentir une aura dangereuse. Ses pupilles se dilatèrent avant de se contracter un peu.

« … »

Le jeune onmyōji saisit le pouce de sa main gauche dans sa main droite, leva les deux mains dos vers le ciel, puis s’inclina légèrement. C’était le salut réservé à un autre magicien.

« C’est un plaisir de vous rencontrer, merci de prendre bien soin de moi. »



Notes du chapitre :
(1) Jeu de mots sur son nom : Huang Pian, prononcé avec une intonation différente, veut dire film porno. Il y a des parents qui détestent vraiment leurs enfants…
(2) Un haut lieu du Taoïsme.Un haut lieu du Taoïsme.
(3) Une marque chinoise de voitures de luxe.
(4) Nervosité liée à une baisse de la tension psychologique et qui entraîne de l’impuissance à agir, des doutes constants, etc.
(5) J’utiliserai ça comme acronyme pour le Comité Central de Régulation des Yaoguai.
(6) Une façon arrogante de se désigner.
(7) Un exorciste / magicien au Japon.






Commentaires :


:

:

Pour insérer des émojis dans le message, appuyez sur la touche Windows et ; de votre clavier (pour Windows 10).

Derniers chapitres parus :
La Renaissance du Suprême Immortel 447 et 448
Lanterne 52
La Renaissance du Suprême Immortel 445 et 446

Planning des mises à jour :
Dimanche tous les quinze jours : Lanterne : le reflet d’une fleur de pêcher
La Renaissance du Suprême Immortel
Le Prince Solitaire