Chapitre 2 : Le jeune maître Zhang gémit comme un fantôme et hurla comme un loup : « Grand frère, ah !!! Il y a un putain de fantôme, aaaaaah !!! »
Le corps tout entier du renard tremblait à une fréquence visible à l’œil nu. C’était si intense que Chu He se dit même que s’il continuait à trembler comme ça, il allait finir par recracher son noyau interne dans la seconde.
Mais Xiao Hu lui-même ne sentit rien. Son esprit était vide et il ne se rendait même pas compte que le Seigneur Démon avait levé la main et s’apprêtait à la poser sur sa tête.
« — Assez, » fit tout à coup Chu He.
Sa voix prit un timbre particulier. Au moment où il ouvrit la bouche, ce fut comme si une vive lumière transperçait le chaos. Le renard tressaillit, de l’air froid afflua à l’intérieur de son corps et il se réveilla aussitôt !
La main du Seigneur Démon s’arrêta dans les airs. Chu He fit :
« Tu peux y aller. Sers bien le second jeune maître. »
Le renard n’osa même pas lever la tête pour voir à quoi ressemblait le Seigneur Démon. Il faillit se prendre la porte en sortant, mais il ne ressentit pas la douleur et continua à courir en titubant.
« … »
Le Seigneur Démon se tourna et fit calmement :
« Tu accepterais vraiment n’importe qui. »
Chu He lâcha un léger rire en reboutonnant sa chemise. Il avait un visage pâle et ordinaire, mais tandis qu’il souriait et refermait sa chemise, il se dégageait de lui un je-ne-sais-quoi qui captivait les regards.
« Puisque je t’ai même pris, fit-il avec un sourire, cela veut bien sûr dire que j’accepterais n’importe qui. »
Le bas de la tunique noire du Seigneur Démon était brodé d’or et le tissu émit un bruissement étrange sur le tapis alors que l’homme marchait. En fait, le Seigneur Démon n’avait pas trois têtes et six bras comme le disait la mythologie, de même qu’il n’était ni laid ni effrayant ; s’il réprimait son aura démoniaque et marchait dans la rue, vêtu comme un humain, il n’attirerait pas tant que ça l’attention, hormis le fait qu’il avait une aura complètement différente de celle des gens ordinaires.
« Il y a une chose que je ne comprends pas, fit le Seigneur Démon avec une vive curiosité. Tu en veux encore à ce renard à neuf queues. C’est parce qu’il dit toujours des choses énervantes ou bien parce que tu le soupçonnes d’avoir eu une aventure avec Zhou Hui ? »
Avec un pff, Chu He rétorqua :
« Fan Luo, tu crois que Zhou Hui a conduit les six équipes à encercler et réprimer les Enfers juste parce que tu dis toujours des choses énervantes ou bien parce qu’il te soupçonnait aussi d’avoir une aventure avec moi ? »
Le Seigneur Démon Fan Luo réfléchit un moment, puis répondit avec un léger sourire :
« Je ne sais pas, sûrement un peu des deux, non ? — Cela dit à sa place, si ma femme s’enfuyait pour rejoindre mon ennemi juré, j’aurais bien du mal à le supporter. »
Chu He prit sur la table le bol d’eau sucrée apporté par le renard. Il se rendit dans la salle de bain pour le vider dans l’évier.
« Notre relation n’est pas ce que tu crois. »
Quand il marchait, ses pas étaient réguliers et il se tenait naturellement bien droit, ce qui donnait une posture très élégante et gracieuse. Fan Luo s’appuya contre l’encadrement de la porte de la salle de bain, les bras croisés. Il observa le dos de l’autre homme avec les sourcils haussés, ses yeux insondables entre l’ombre et la lumière. Cependant, Chu He semblait ne se rendre compte de rien. Il reprit soudain :
« Au fait, dis voir à tes démons de ne plus entrer ici — l’un d’eux rôdait encore près de la chambre de Zhang Shun et une de mes cuisinières l’a aperçu. Elle a failli mourir de terreur et j’ai dû me lever en pleine nuit et passer trois ou quatre shichen à rappeler son âme… »
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Dès qu’il releva la tête, Fan Luo s’était glissé en silence dans son dos, pressant une main sur la partie exposée de sa nuque.
« Continue.
– … Aujourd’hui, j’ai dû accuser mon frère d’avoir couru tout nu au beau milieu de la nuit afin de régler cette histoire. Alors dis bien à tes démons de ne plus embêter Zhang Shun, c’est juste mon petit frère. »
Les lèvres de Fan Luo se pressèrent contre sa nuque et son rire parut un peu étouffé.
« Je me souviens… de la première fois où je t’ai vu.
– Alors tu dois aussi te souvenir de ce que je t’ai dit à l’époque, non ?
– Je m’en souviens, répondit Fan Luo d’un ton pensif, comme s’il trouvait ça extrêmement intéressant. Je me disais juste… Si Zhou Hui savait ce que tu fais actuellement, tu dirais qu’il voudrait de nouveau exterminer les démons ou bien Bouddha ? »
Chu He fit une drôle de tête mais avant qu’il ne puisse répondre, il entendit toquer deux fois à la porte de son bureau.
« Grand frère ? Grand frère, tu es là ? »
Avant même que Chu He ne puisse dire quoi que ce soit, le Seigneur Démon le mordit subitement dans le cou !
Quand le sang coula, Chu He saisit le bord du lavabo et lâcha un grognement qu’il ne pouvait pas retenir.
« Grand frère ? » appela Zhang Shun depuis le couloir.
— Les canines de Fan Luo s’enfoncèrent profondément dans sa peau. Du sang qu’il n’avait pas aspiré coula le long du dos fin et à moitié dénudé de Chu He, ressortant de manière choquante sur la peau pâle. Chu He haleta un peu et releva la tête pour dire quelque chose, mais il ne fit qu’ouvrir et refermer la bouche plusieurs fois en tremblant.
Le Seigneur Démon mordit un morceau de peau particulièrement tendre de sa nuque et lui fit :
« Réponds-lui.
– … »
Chu He inspira avec du mal et éleva la voix :
« Je suis là ! Qu’y a-t’il ? »
De l’autre côté de la porte, la voix de Zhang Shun semblait un peu perplexe.
« Xiao Hu a dû s’en aller. Il a dit qu’il t’avait dérangé par inadvertance et m’a demandé de te transmettre ses excuses ! Qu’est-ce que tu es en train de faire, grand frère ?
– … J’ai compris !
– Qu’est-ce qui se passe ? Qu’est-ce que tu fais ? Ouvre la porte ! »
Le rire étouffé de Fan Luo se faisait entendre. Chu He ne put en supporter davantage. Il se tourna vers la porte et s’écria :
« J’ai dit que j’ai compris !
– Tu fais quoi à l’intérieur ? Qu’est-ce que tu fais ? Ouvre la porte ! Grand frère !
– Va te coucher ! »
Cela choqua visiblement le jeune homme. Il cligna plusieurs fois des yeux devant la porte, puis fit d’un ton perplexe :
« Pourquoi il se met en colère comme ça… Il est en train de se branler ou quoi ? »
Bien qu’il avait marmonné ces mots pour lui-même, ils ne purent forcément pas échapper aux oreilles des deux personnes dans la chambre. Le Seigneur Démon faillit éclater de rire et se laissa tomber sur Chu He.
« Ton petit frère est vraiment quelqu’un de merveilleux — Je ne sais pas si Zhou Hui l’appréciera ou pas mais moi, je l’aime vraiment bien, ha ha ha… »
Chu He haleta en remettant de l’ordre dans sa tenue. La peau qui avait été mordue pour boire le sang avait guéri automatiquement, ne laissant qu’une marque rouge comme un suçon, entourée de stries d’un rouge vif.
Le fait d’avoir ouvert directement son noyau interne à une autre personne pour qu’elle absorbe son pouvoir spiritual l’avait drainé. Il lui fallut un long moment pour pouvoir saisir la main du Seigneur Démon.
« Lâche-moi. »
Ses doigts étaient glacés.
Fan Luo se redressa, tandis que Chu He se pencha un peu. Le Seigneur Démon contempla ainsi de haut son profil pendant que l’autre homme prenait sur lui.
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Après l’avoir contemplé un long moment, il murmura :
« Ton vrai visage me manque vraiment…
– Lâche-moi ! » ordonna Chu He.
Bien qu’il en était réduit au point où il n’avait plus nulle part où aller, que ce soit du Neuvième Ciel au dixième cercle des Enfers, et qu’il ne pouvait plus reprendre sa véritable forme, sa vigueur et son autorité se révélaient encore clairement dans les plus petits détails.
Le Seigneur Démon ne bougea pas tout de suite. Après un long moment, il retira enfin sa main de la taille nue sous la chemise de l’autre homme.
« Entendu, fit-il avec un sourire. Tes désirs sont des ordres. »
Zhang Shun retourna dans sa chambre et ne put s’empêcher d’imaginer son grand frère en train de se masturber seul dans son bureau. Cette idée était un peu effrayante.
Dans ses souvenirs, Chu He avait toujours été discret, maîtrisé et calme, presque indifférent : il n’était jamais surpris ou enthousiaste, jamais joyeux ou furieux, et il avait rarement des sautes d’humeur. Il n’avait jamais eu de relation avec le sexe opposé et n’était même pas intéressé par le même sexe. Tout son être était comme un cube de glace enveloppé dans un costume noir finement taillé. Même durant le plus chaud des étés, il se dégageait de lui un froid millénaire.
Un tel homme aurait été un moine ascète dans les temps anciens et un puritain au Moyen Âge. Autrefois, Zhang Shun avait soupçonné que son grand frère avait un problème dans une certaine partie de son anatomie, mais une année où les deux frères étaient allés aux sources chaudes, il en avait profité pour jeter un coup d’œil et son frère semblait normal de ce côté-là.
Zhang Shun avait un peu peur de son grand frère.
Il savait que lorsque son père était encore en vie, il éprouvait une peur indescriptible de ce fils adoptif qui ne portait pas son nom.
Il paraissait que Chu He était venu avec sa mère que le père de Zhang Shun avait prise comme seconde épouse. La raison pour laquelle on disait “il paraissait”, c’était parce que Zhang Shun n’avait jamais rencontré sa belle-mère — il avait cinq ou six ans à l’époque et vivait à l’étranger avec ses grands-parents depuis un moment. Quand il était revenu, il avait appris que sa belle-mère était morte dans un accident.
Le directeur Zhang était devenu veuf pour la seconde fois. Dès lors, il abandonna totalement l’idée de se remarier et vécut seul avec ses deux enfants. Bien que Zhang Shun était encore jeune à l’époque, il savait déjà à travers l’influence subtile des gens autour de lui que Chu He était un fils adoptif qui pourrait qui plus est menacer son statut d’héritier — Un enfant n’avait pas encore la notion d’héritage, mais il avait l’envie instinctive de protéger sa nourriture. Sous l’instigation de certains proches, il causa quelques ennuis à ce faux frère de Chu He.
Quand le directeur Zhang s’en rendit compte, il devint furieux. Il changea tout l’entourage de son fils et le fit venir pour le sermonner :
« Chu He est ton grand frère ! Puisque tu l’as déjà appelé ‘grand frère’, tu devras le traiter comme ton véritable frère pour le restant de ta vie ! »
En plein âge rebelle, Zhang Shun répliqua aussitôt :
« Je n’ai pas un frère comme lui, je ne le reconnais pas ! Reconnais-le comme ton frère, puisque tu l’aimes tant que ça ! »
De colère, le directeur Zhang employa les bonnes vieilles méthodes familiales et battit son fils jusqu’à ce qu’il fonde en larmes et ne puisse plus quitter le lit pendant deux semaines. Ce ne fut pas tout : à partir de ce jour, le vieux directeur le critiquait constamment à la moindre occasion. À cause de ça, Zhang Shun appréciait de moins en moins Chu He, mais il n’osa plus lui faire des crasses.
Tout le monde disait que le directeur Zhang se montrait plus partial envers son fils adoptif, ce qui lui fit très peur, à tel point qu’il se montra soumis devant son grand frère.
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Seul Zhang Shun savait que ce n’était pas du tout ça.
Il se rappelait encore que tard dans la nuit après qu’il se soit fait battre, il s’était réveillé à cause de la douleur et de la soif. Ce fut alors qu’il avait entendu une conversation à voix basse à côté de son lit. Il resta aussitôt immobile, faisant semblant de dormir, et entrouvrit discrètement un œil. Il vit alors un Chu He adolescent assis sur un fauteuil, alors que le directeur Zhang était debout devant lui, incliné et avec un air très… humble sur le visage.
Il n’aurait jamais pensé que le mot ‘humble’ pourrait un jour décrire son père mais en cet instant, ce fut effectivement le premier mot qui vint à l’esprit du jeune Zhang Shun.
« … Ah Shun est encore jeune, fit Chu He, alors il ne peut pas faire beaucoup de mal. Le fait que tu l’aies battu pour si peu, ça me fait passer pour quelqu’un qui ne peut pas le tolérer…
– Oui, oui, je comprends. La prochaine fois, je ne recommencerai plus — »
Il y eut un moment de silence dans la chambre. Zhang Shun craignit de s’être faire découvert, alors il referma aussitôt les yeux et resta immobile, respirant doucement et régulièrement.
« Il n’y aura pas de prochaine fois, déclara Chu He en se levant et en se dirigeant vers la porte. — Il est né de l’Os de Bouddha, tu crois vraiment que c’est quelqu’un que tu peux te permettre de frapper ? »
Le directeur Zhang se trouvait derrière lui, ses vêtements trempés de sueur jusqu’à la dernière couche. Quand Chu He se dirigea vers la porte, il désigna Zhang Shun au lit sans se retourner et fit :
« Il a soif, donne-lui de l’eau. »
Cette scène qui s’était produite en pleine nuit, cela avait semblé si réel et clair dans les souvenirs du jeune Zhang Shun, à tel point que cela ressemblait plutôt à un faux souvenir. Des années plus tard, il ne pouvait plus dire si cette conversation avait été réelle ou bien si cela avait été provoqué par la douleur et la fièvre. Il savait seulement que son père n’avait plus touché à un seul de ses cheveux. Quant à Chu He, il s’était toujours montré respectueux envers leur père devant lui, n’agissant plus jamais de manière condescendante et autoritaire.
Mais de temps en temps, Zhang Shun avait ce vague pressentiment qui restait niché au plus profond de son cœur — son père avait peur de Chu He.
C’était un sentiment difficile à décrire et encore moins possible à prouver. Rien que le fait d’en parler était ridicule. Pourtant, bien que Zhang Shun n’était jamais allé demander confirmation à son père et qu’il n’en avait jamais parlé à personne, cette vague supposition et ce sentiment étaient restés profondément gravés dans son cœur et n’avaient pas disparu au fil des années.
C’était peut-être à cause du départ de Xiao Hu et du fait que Zhang Shun dut dormir seul, mais il se tourna et se retourna dans son lit, faisant plusieurs rêves confus. Dans un de ces rêves, il était revenu à l’époque où il était petit et jouait des mauvais tours à Che Hu. Tard dans la nuit, il avait fait semblant de s’être perdu dans la villa pour attirer Chu He dans la réserve. Il avait éteint les lumières et l’y avait enfermé toute la nuit — Pendant ce temps, Zhang Shun était tranquillement retourné dans sa chambre pour dormir, tandis que Chu He était resté enfermé jusqu’au matin, quand un domestique l’avait retrouvé et fait sortir. Cependant dans son rêve, Zhang Shun était vaguement retourné dans la réserve sombre, regardant son frère en silence.
Chu He lui présentait son profil, assis en tailleur au centre d’un lotus illuminé. Son visage était serein et paisible, entouré d’un doux halo comme du jade blanc. Il était entouré de fantômes et d’ombres, tous prosternés. Il y avait en outre un nombre incalculable d’esprits désespérés au loin qui se ruaient vers eux depuis les vastes ténèbres en poussant de longs gémissements.
Zhang Shun resta à flotter dans les airs, confus, jusqu’au moment où Chu He rouvrit les yeux. Il le regarda et lui demanda gentiment :
« Tu es en train de rêver ? »
Ne sachant pas quoi répondre, Zhang Shun acquiesça.
« La famille Zhang a bâti sa fortune sur le dos des morts, expliqua doucement Chu He. Quand tu m’as enfermé ici ce jour-là, j’en ai profité pour libérer toutes ces âmes. »
Les pupilles de Zhang Shun se dilatèrent un peu. Son frère effleura son front du bout des doigts et lui fit :
« Rendors-toi. »
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Zhang Shun se retrouva dans un autre rêve bizarre : la scène changea aussitôt pour devenir une chambre d’hôpital blanche. Le directeur Zhang, qui était si maigre qu’il n’avait plus que la peau sur les os, était allongé sur le lit, respirant avec difficulté.
« Ah Shun… »
Il serra fort la main de son fils.
« J’ai déjà lai-laissé la fortune de notre famille à ton-ton frère… Dorénavant, tu devras compter sur lui pour prendre soin de toi et il faudra que tu le trai-traites comme ton, comme ton véritable frère… »
Chaque mot semblait sortir comme du gravier dur et ensanglanté. L’étincelle de vie dans les yeux de son père se fit de plus en plus terne.
« Tu dois écouter sag-sagement tout ce qu’il te diras… En sécurité et sans souci, je veux que tu vives… en sécurité et sans souci pour le restant de tes jours… »
La main du vieil homme retomba faiblement et il ferma les yeux pour toujours.
Zhang Shun tremblait de tout son long. Il aurait bien aimé pleurer, mais n’y arrivait pas. Sa gorge semblait bloquée par du sang amer et même sa salive semblait remplie de sang bouillant.
Une main lui tapota gentiment l’épaule.
« N’aie pas peur. »
Chu He était apparu devant lui à un moment ou à un autre, et il lui murmura :
« Il est parti se réincarner. »
Zhang Shun retint un sanglot et demanda :
« Co-comment, comment tu le sais ? Comment tu…
– Je le sais, c’est tout, » soupira doucement l’autre jeune homme.
La voix de Zhang Shun resta bloquée dans sa gorge. Ses yeux étaient rouges et une vive douleur se faisait sentir à ses tempes, comme si on y enfonçait une perceuse. Il serra les dents pour retenir ses larmes. Puis il se tourna vers son père allongé sur le lit, voulant garder une dernière image de lui.
— Ce fut alors qu’il s’aperçut que les yeux de son père s’étaient rouverts à un moment et que deux lignes de larmes et de sang coulaient sur ses joues.
« Zhang Shun…. entendit-il son père l’appeler faiblement. Zhang Shun, viens, approche, Zhang Shun… »
Viens…
Zhang Shun, approche…
Zhang Shun se réveilla en sursaut.
« Papa ! »
Il se rendit compte alors que cela n’avait été qu’un cauchemar. Sa chambre était silencieuse et plongée dans le noir. Le réveil indiquait deux heures du matin.
Il poussa un soupir de soulagement, se forçant à occulter la tristesse et le désespoir dans son cœur. Il se leva pour se servir un verre d’eau sur la table de nuit.
Mais à ce moment, tout son corps se figea —
Il ne savait pas depuis quand mais au clair de lune, il vit quelqu’un se tenir en silence à côté de son lit !
Le mot ‘quelqu’un’ n’était pas vraiment approprié : il ne voyait qu’une silhouette d’un blanc grisâtre avec de longs cheveux cachant son visage, des bras comme des branches mortes tombant à ses côtés, des ongles de cinq centimètres de long recourbés et pointus avec de l’eau noire qui coulait des pointes.
Le corps tout entier de Zhang Shun trembla, comme parcouru par un courant électrique.
« Quiquiquiquiqui, qui es-tu ? »
L’homme releva la tête et à ce moment, Zhang Shun vit que toute sa mâchoire était en décomposition et sa langue pourrie retomba jusqu’à son torse avec un bruit spongieux.
« Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah — !! »
Dans la chambre à l’étage, Chu He bondit aussitôt hors du lit. Il sortit dans le couloir, enjamba la rambarde et sauta.
Le majordome, qui avait lui aussi entendu le hurlement et venait à peine de s’habiller en vitesse et de sortir, vit le jeune maître tomber du ciel et atterrir sans problème avec un gros poum. Sans même marquer de pause, ce dernier se redressa aussitôt et ouvrit brusquement la porte de Zhang Shun !
« Aaaaaaaaaaah — ! »
Avec un hurlement, Zhang Shun se précipita vers lui.
« Grand frère ! Grand frère ! Il y a un fantôme ! Un fantôme, ah ! »
Chu He alluma les lumières avec un clic et se renfrogna.
« Je peux savoir pourquoi tu hurles comme un fou au beau milieu de la nuit ? »
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Le fantôme diabolique avait fondu comme neige au soleil au moment où Chu He était entré. Alors quand le majordome et les domestiques arrivèrent en courant, ils virent que tout était en ordre dans la chambre, seul le lit était défait. Le second jeune maître était en train de hurler comme un fou, s’accrochant désespérément au premier jeune maître qui n’avait même pas eu le temps d’enfiler des chaussons.
Le vieux majordome soupira aussitôt et songea : Bien qu’ils n’aient pas de lien de sang et que le premier jeune maître traite en général les autres avec indifférence, on peut voir la différence dans les moments critiques, ah ! …
Le premier jeune maître, dont la différence venait d’être repérée, n’était guère d’humeur à apprécier la tendre relation entre frères. Il fit directement signe au majordome et aux domestiques de se retirer. Quand il ne resta plus qu’eux dans la chambre, il servit un verre d’eau et força Zhang Shun à le boire.
Il le poussa ensuite vers le lit et lui fit :
« Tout va bien, tu peux retourner te coucher.
– Maismaismaismais le fantôme ! s’écria le jeune homme en saisissant désespérément la main de son grand frère. Il y avait vraiment un fantôme !
– … »
Chu He reprit :
« Tu as dû rêver, rendors-toi.
– Je ne te mens pas ! C’était un fantôme tout pâle avec des ongles très longs et une langue si grande… »
Chu He retira sa main avec impatience, mais Zhang Shun refusa de le lâcher. Pendant le tir à la corde qui s’ensuivit, Zhang Shun aperçut soudain du coin de l’œil une ombre dans un coin. Quand il regarda dans cette direction, il vit un homme vêtu d’une tunique noire qui se tenait là, les joues marquées de lignes sanglantes et les yeux fixés sur lui.
« … »
Zhang Shun se mit à claquer des dents sous l’effet de la terreur.
« Grand frère, pourquoi il y a quelqu’un là-bas ? »
Chu He se tourna et regarda un moment le Seigneur Démon. Puis il répondit sèchement :
« Il n’y a personne, ah. »
Zhang Shun perdit l’usage de la parole. Son visage était pâle et tremblant. Le fait qu’il ne s’était pas évanoui à ce point prouvait sa résilience mentale.
« Ilililililil y a vraiment quelqu’un, ah !! »
Chu He répéta en détachant bien chaque mot :
« Il n’y a vraiment personne. »
Le Seigneur Démon détourna enfin le regard et le coin de ses lèvres s’étira en quelque chose qu’on ne pouvait guère qualifier de sourire. Puis son grand corps disparut dans les airs en un instant comme il était apparu, comme s’il n’avait jamais été là.
Chu He se tourna et tapota gentiment le centre du front de son petit frère en murmurant :
« Rendors-toi, tu auras tout oublié à ton réveil. »
Le bout du doigt semblait chargé d’une chaleur incomparable et Zhang Shun se sentit aussitôt détendu. La tension et la frayeur extrêmes s’atténuèrent rapidement comme la marée basse — C’était sans doute la première fois de sa vie que le second jeune maître Zhang trouvait le premier jeune maître si agréable. Même le visage banal de son grand frère avait subitement gagné un charme indescriptible.
Le second jeune maître se comporta pour une fois en petit frère. Il tira la manche de son aîné et le supplia :
« J’ai… J’ai encore trop peur. Je peux dormir dans ta chambre cette nuit ? »
Chu He fit une drôle de tête.
« Je t’en supplie, grand frère, fit le second jeune maître au bord des larmes. Sinon, je peux toujours prendre une chambre dans un hôtel — une minute, et si cette affreuse chose me suivait jusque là-bas ?!
– … Tu peux venir, » finit par soupirer Chu He.
Zhang Shun ne voulait naturellement pas rester un instant de plus dans sa chambre. Il prit rapidement son oreiller et sa couverture, puis suivit son frère à l’étage. À sa grande surprise, la chambre de son grand frère n’était pas aussi austère et simple qu’il l’aurait imaginée. Bien qu’il n’y avait effectivement pas tellement de meubles et de décoration, la pièce était très désordonnée, comme si un grand vent venait de souffler. Les oreillers et les couvertures étaient roulés au pied du lit, tombant à moitié par terre. La chemise et le pantalon que Chu He avait portés durant la journée traînaient par terre dans la salle de bain.
En temps normal, Zhang Shun ne se serait pas privé de se moquer et de railler son grand frère mais cette nuit, il lui était tellement reconnaissant qu’il n’aurait pas osé dire un mot de trop. Il s’allongea simplement, la queue entre les jambes, et demanda :
« Tu pourrais laisser la lumière ? »
Chu He laissa donc la lampe de chevet allumée, puis il s’allongea en silence à côté de son frère.
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« Grand frère, appela Zhang Shun en tournant la tête vers lui. Demain, je demanderai à un grand maître de venir voir. Qu’en penses-tu — »
Mais son frère avait déjà fermé les yeux.
— Quand le regard de Zhang Shun tomba sur sa nuque, il ne bougea pas avant un très long moment.
Son grand frère, qui était toujours silencieux, froid et inapprochable, avait une marque très voyante sur son cou. Bien qu’elle était en partie cachée par le col du pyjama blanc, elle restait très visible sous cet angle.
C’était un suçon.
« … Impossible. »
Ce fut la dernière pensée de Zhang Shun avant de s’endormir. Cela s’accompagna d’un sentiment vague, complexe et indescriptible.
— Qui serait assez brave pour faire ça, putain, ah ? Si je découvre qui c’est…
C’est quelqu’un qui cherche clairement la mort. Qui diable cela peut être… ?
Note de Karura : Personne ne semble complètement normal dans cette famille !
Petite note amusante : dans la MTL, Fan Luo se traduit par Vatican. Pour un Seigneur Démon, ça fait plutôt bizarre !
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