Chapitre 6 : Une nuit entre époux équivaut à cent jours de bonté
À 20:30 ce soir-là, Chu He se tenait devant le miroir du sol au plafond dans la chambre d’hôtel. Ses doigts fins nouaient élégamment la cravate noire à pois de chez Hermès.
« Zhang Shun, fit-il sans tourner la tête, je t’emprunte ta voiture.
– … Tu vas donc vraiment y aller, ah ! » s’écria le jeune homme d’un ton fâché.
Comme la chambre principale du manoir Zhang avait été si endommagée par l’incendie qu’on ne pouvait plus y résider, Chu He devait rester à l’hôtel. Son petit frère l’avait suivi sous prétexte qu’il avait bien trop peur de rester seul à la maison. En fait, son intention d’origine avait été de partager la chambre de son frère, mais il était arrivé un peu trop tard. Dès son arrivée à l’hôtel, il avait été respectueusement invité par le réceptionniste à aller dans une autre suite au même étage —
« Le directeur Chu l’a réservé spécialement pour vous, avait expliqué l’employé. Il a dit qu’il savait que vous viendriez. »
Zhang Shun avait donc jeté ses bagages en vitesse et s’était introduit comme un voleur dans la chambre de son frère. À peine entré, il fut aussitôt ébloui par la tenue discrète mais pourtant luxueuse et stylée de l’autre homme.
« Tu as vraiment envie de coucher avec cette femme, hein ?
– Pour qui est-ce que tu me prends ? »
Zhang Shun poussa un soupir de soulagement, puis il s’écria de nouveau :
« Attends un peu, tu veux dire que tu veux avoir une relation sérieuse avec elle ?!
– … »
Chu He regarda son frère dans le miroir.
« Tu as des objections ?
– Bien sûr que j’en ai ! »
Zhang Shun bondit soudain du lit.
« Cette femme n’a pas du tout l’air sérieuse à première vue ! C’est une aguicheuse ! Elle a même pris l’initiative de te séduire ! Tu n’aimais pas plutôt les femmes comme Fu Ya, une fille instruite d’une bonne famille ? Comment tu as pu te laisser séduire par une femme si indécente ? Tôt ou tard, ce genre de femme te fera souffrir et tu n’auras même plus assez de larmes à verser, alors laisse-la tomber tout de suite ! »
Chu He fit d’un ton songeur :
« Je me souviens que tu as dit que Fu Ya n’était pas bien dans sa tête et qu’elle était très ennuyeuse…
– J’ai dit ça ? J’ai dit ça, moi ? Quel genre d’idiot peut bien dire ça à propos d’une fille si géniale ? »
Il prit aussitôt son portable pour appeler Fu Ya :
« Allô, tu es libre ce soir ? Viens vite, mon grand frère va t’inviter à dîner… »
À peine eut-il prononcé ces mots qu’il se retrouva les mains vides. Il leva les yeux et vit son grand frère se tenir devant lui. Ce dernier lui avait pris son portable et il coupa l’appel d’une légère pression du doigt.
« Tes clefs. »
Une veine palpita légèrement sur le front de Zhang Shun. Au bout d’un moment, il bondit vers la porte, les mains sur ses poches. Sauf qu’avant même d’avoir fait deux pas, Chu He le rattrapa facilement par le col et le tira en arrière. Il passa un bras autour de lui pour tâter ses poches de devant et prendre les clefs de la voiture.
Zhang Shun : « … »
En cet instant, ils étaient si proches que leurs corps étaient presque pressés l’un contre l’autre.
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Zhang Shun était plus grand que son frère, alors il put sentir le souffle chaud de ce dernier le long de sa nuque. Ses narines se remplirent de l’odeur claire et sexy de l’eau de Cologne, comme une forêt après la pluie. Quand son frère fouilla ses poches, comme elles étaient étroites, il put sentir chaque contact des doigts fins de Chu He sur la peau de ses cuisses.
Il sentit tout à coup quelque chose de très chaud au niveau de son nez et son dos déjà bien tendu se pétrifia carrément.
Chu He prit la clef de la Ferrari et se rendit dans l’entrée pour enfiler ses chaussures. Après ça, il tourna la tête par hasard et ne put retenir une exclamation :
« Ton nez va bien ? Tu veux aller à l’hôpital ?
– … »
Zhang Shun contempla bêtement son frère.
Chu He se porta aussitôt à ses côtés.
« Tu vas bien ? »
Zhang Shun ressuya le sang qui coulait de son nez. Repoussant son frère, il franchit la porte avec des pas chaotiques. À en juger par sa précipitation, il ne se serait même pas rendu compte si Chu He avait pris son portefeuille en plus de ses clefs.
« … Il va vraiment bien ? »
Chu He plissa le front. Après réflexion, il se dit que la chute durant la journée avait peut-être abîmé un vaisseau sanguin dans ses narines. Mais cela ne servait plus à rien d’aller trouver le coupable maintenant. Il ne put que secouer la tête et jurer à voix basse :
« Cet idiot de Zhou Hui… »
L’idiot du nom de Zhou se tenait devant la fenêtre de sa chambre d’hôtel, une baie vitrée. Il contemplait fixement la Ferrari d’un rouge vif garée dans la rue et l’homme portant un costume noir et une chemise blanche adossé contre la portière, en train de fumer.
Bien que Zhou Yi était souvent qualifié d’idiot dans son dos par des gens qui ignoraient tout de lui, l’expression actuelle de son visage n’avait rien à voir avec le mot ‘idiot’. Même quand Li Hu vit la moitié de son visage dans le reflet de la vitre, elle eut si peur de son expression qu’elle se figea.
« Je ne savais pas… qu’il allait vraiment venir, fit-elle d’un ton hésitant. Et si je l’appelais pour lui dire que j’ai un imprévu pour ce soir… ?
– Tu n’aurais pas dû le tenter, fit Zhou Yi d’un ton calme. Cet homme est déjà à deux doigts de devenir un démon. La seule raison pour laquelle il peut garder un brin de conscience, c’est parce qu’il a l’Os de Bouddha auprès de lui pour le protéger. Je ne sais pas pourquoi il reste ainsi sur le fil, mais le crépuscule est justement l’heure où on peut voir les démons. Tu peux facilement faire ressortir son côté démoniaque comme ça. »
Li Hu ne put s’empêcher de demander :
« Tu es sûr que c’est Feng Si ? Ces dernières années, il suffit que tu voies quelqu’un qui lui ressemble un peu pour dire que c’est lui. Si tu continues comme ça, c’est toi qui deviendras un démon avant lui…
– Je ne sais pas, mais Feng Si est avec le Seigneur Démon. Alors si c’est bien lui, le Seigneur Démon Fan Luo ne doit pas être loin. »
Zhou Yi regarda la vitre et partit d’un rire lent :
« Les deux pires crimes au monde, c’est tuer les parents de quelqu’un — et lui piquer sa femme… »
Son expression fit trembler Li Hu malgré elle.
« Ne… Ne va pas faire n’importe quoi, okay ? Nous sommes en mission, là. Quand nous avons quitté Beijing, tu as signé un ordre militaire avec le directeur adjoint Yu. Tu ne dois pas laisser ces Japonais emmener le ‘fœtus né de la terre’ de cette cité de H hors du pays — »
Zhou Yi garda le silence un moment, puis reprit son air normal.
« Je sais, fit-il, tu n’as pas besoin de me le rappeler. »
Li Hu s’était changée pour enfiler une robe rouge qui rendait encore plus sexy sa silhouette séduisante. Quand Chu He la vit, il la complimenta même :
« Mlle Li est vraiment capable d’envoûter n’importe qui. »
Bizarrement, Li Hu sentit que c’était juste dit par politesse, étant donné que Chu He ne montrait aucun signe d’envoûtement.
Au contraire quand elle le vit dans son costume noir Dior moulant, avec sa peau blanche comme la neige et son air indifférent, se tenant devant la Ferrari rouge d’un air gracieux tel un vampire dans la nuit sombre, ce fut elle qui se dit qu’il était capable d’envoûter n’importe qui — Sans parler du boss Zhou qui se trouvait à l’étage et qui était déjà à moitié envoûté, les quelques femmes qui passaient dans la rue avaient l’air d’être à deux doigts de s’évanouir en le voyant.
C’est vraiment étrange, se dit-elle, que quelqu’un avec un visage si ordinaire puisse faire autant d’effet…
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Chu He lui ouvrit la porte et fit :
« Vous devez déjà avoir dîné à cette heure-ci. La vue depuis le restaurant de toit de West Cape est plutôt magnifique. Que diriez-vous que l’on aille prendre une collation là-bas ? »
Le cœur de la femme fut un peu ému. Elle sourit aussitôt et fit :
« On raconte que le capitaine d’équipe Feng Si était quelqu’un de très romantique à l’époque. Je n’aurais jamais cru qu’un jour, j’aurais la chance d’en profiter. Alors bien sûr que je veux y aller. »
Tout en parlant, elle se tourna pour regarder Chu He, comme pour repérer le moindre changement subtil sur son visage.
— Cependant, Chu He ne broncha même pas.
« Un ancien petit ami ?
– … Désolée, faites comme si je n’avais rien dit. »
Les faits prouvèrent qu’en ce qui concernait la romance, il fallait de la technique quand on n’avait pas d’argent. Mais quand on était riche, c’était juste une question de combien d’argent on avait.
Le restaurant panoramique se trouvait au milieu d’un jardin sur le toit de l’immeuble de quarante étages, surplombant le port. On pouvait entendre le doux murmure des vagues la nuit, ainsi que les accords mélodieux des violoncelles qui flottaient au gré de la brise nocturne. Il n’y avait pas de lumière près des fauteuils à côté de la fenêtre, seules des bougies parfumées brûlaient. Leur lumière se reflétait dans le vin rouge onctueux, aussi brillant que les étoiles au-dessus de leurs têtes.
Si Li Hu avait eu quelques réserves sur le fait que rester en tête à tête avec Chu He pourrait être un peu gênant, tout cela disparut après s’être assise quelques minutes avec lui. Entre le vin et la bonne nourriture, le plaisir de cette vie fastueuse et surtout le directeur Chu qui était très cultivé, drôle, doué pour trouver des sujets de conversation et écouter attentivement — Le temps que Hu Li s’en rende compte, les heures avaient filé et il était déjà minuit passé. Cela faisait plus de trois heures qu’elle discutait avec cet homme sans même avoir vu le temps passer.
« Je n’aurais jamais deviné que vous étiez quelqu’un de si drôle, fit Li Hu avec un sourire en faisant tourner son verre de vin rouge. Quelqu’un comme vous n’est pas encore marié et n’a même pas de petite amie, serait-ce parce que vous avez de trop hautes exigences ? »
Chu He répondit avec un sourire :
« Vous pouvez comprendre rien qu’en voyant Zhang Shun : j’ai passé les dix dernières années de ma vie à élever cet enfant. »
Li Hu se mit à rire si fort qu’elle faillit renverser son vin. Quand elle reposa le verre en cristal sur la table, elle vit par hasard Chu He baisser les yeux et consulter sa montre de manière nonchalante.
« J’ai passé les dix dernières années de ma vie à élever cet enfant. »
Zhang Shun : « … »
Son visage se crispa. Il reposa ses couverts et se prit la tête entre les mains, sans un mot.
Assis en face de lui, Zhou Yi éclata aussitôt de rire. Ce fut si fort qu’un serveur qui passait à ce moment faillit faire tomber son plateau. Zhou Yi se couvrit rapidement la bouche avec sa serviette, mais ses épaules continuèrent à trembler sous l’effet de l’hilarité.
« Be-beau-frère, la manière dont ton frère te décrit, c’est vraiment très juste, ha ha ha ha….
– Qui est-ce que tu appelles ‘beau-frère’ ?! » s’écria Zhang Shun, énervé.
Tous les deux étaient installés dans un coin, non loin du couple. L’emplacement était très stratégique : ils étaient assez près de la table de Chu He et Li Hu pour pouvoir entendre par moments leur conversation ; en même temps, leur table était assez isolée et entourée de plantes en pots, ce qui la rendait difficile à repérer.
« Qu’est-ce que tu viens faire ici, le charlatan ? demanda Zhang Shun d’un ton impuissant. Si tu as vraiment peur que mon frère essaie de profiter de ta collègue, tu peux rentrer tout de suite. Regarde un peu cette femme, on voit clairement qui veut profiter de qui. Ou bien tu es amoureux d’elle ? Tu as peur que mon frère te pique la femme qui t’intéresse, alors tu es venu en secret pour les surveiller ? »
Après avoir fini de rire, Zhou Yi se ressuya la bouche avec la serviette et répondit élégamment :
« Je suis venu ici pour la même raison que toi.
– … Il se trouve que je suis venu pour manger, moi !
– Oh, alors moi aussi. »
Les deux beaux hommes se regardèrent un moment, puis Zhou Yi tapota l’étui de sa carte bancaire sur la table.
« Ne t’en fais pas, beau-frère. C’est moi qui t’invite ce soir.
– … Qui est-ce que tu appelles ‘beau-frère’ ?! » s’énerva de nouveau Zhang Shun.
Au même moment à environ dix mètres de là, Li Hu désigna la montre de luxe au poignet de Chu He et demanda :
« Vous êtes pressé de rentrer ?
– J’ai toujours un planning très serré mais ce soir, c’est une exception… fit Chu He en souriant lentement. Vous voyez, j’attends en fait le feu d’artifice prévu à minuit trente. »
Il se tourna vers la fenêtre et on vit tout à coup une ligne lumineuse s’élever dans le ciel nocturne. Une immense rose fleurit tout à coup ! D’innombrables autres fleurs lumineuses éclatèrent dans le ciel étoilé, illuminant vivement toute la salle. Cela attira les clients qui se levèrent pour se masser contre les fenêtres.
« C’est… c’est tellement splendide, fit Li Hu avec un soupir d’émotion. Je ne savait pas que la cité de H lançait des feux d’artifice la nuit. C’est la première fois que j’entends parler de ça… »
Elle prit soudain conscience d’une chose.
« Directeur Chu, ce serait vous qui — ? »
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Quand elle se tourna vers lui, elle le vit les bras croisés sur la table. Il porta un doigt à ses lèvres et fit un chut très poli.
« Inutile d’en parler. »
À ce moment, la lumière des feux d’artifice souligna sa silhouette fine et élégante, comme des orchidées et des arbres de jade, ainsi que ses manières gracieuses. Rien que le simple fait de le voir poser son index fin sur ses lèvres dégageait un charme incomparable.
Li Hu : « … »
Elle était à présent totalement convaincue. Les mecs canon comme Zhou Yi et Zhang Shun comptaient uniquement sur leur beau minois pour attirer les foules, tandis que ce directeur Chu en face d’elle était un véritable expert en terme de technique !
« Je suis vraiment flattée que vous… »
Li Hu estima qu’elle devait dire quelque chose, mais elle se tut soudain.
Dans le reflet de la vitre, elle vit que pendant que Chu He baissait la main de ses lèvres, il jeta de nouveau un regard très discret à sa montre.
Il était pressé ? Ou bien il attendait quelqu’un ?
L’esprit toujours vigilant de Li Hu devint encore plus tendu. Tous les détails de la soirée lui revinrent en un éclair et finalement, elle s’attarda sur l’invitation inattendue de tout à l’heure :
« Belle dame, puis-je avoir l’honneur de vous inviter à dîner ce soir ? »
— Il essayait de fuir une certaine période, comprit-elle presque instantanément.
Il l’avait choisie parmi tout un groupe — pas son petit frère ignorant, ni le mystérieux Zhou Yi, pas plus qu’il n’avait pris un passant au hasard dans la rue pour faire la paire. Au lieu de ça, il avait choisi quelqu’un qui ne semblait pas menaçant au premier abord, mais dont le rôle était capital, tout ça pour éviter de se retrouver seul à l’heure Zi Entre 23 h et 1 h. (1).
Alors — songea Li Hu. De quoi se cache-t’il ?
Ou plutôt, de qui se cache-t’il ?
Li Hu prit alors une décision osée.
Quand les feux d’artifice furent terminés, tout le monde regagna sa place, encore admiratifs. Le restaurant avait retrouvé son élégance et son calme. La musique des instruments à cordes flotta lentement dans les airs au milieu des fragrances.
Li Hu reposa sa serviette et le sourire sur ses lèvres rouges prit une teinte particulièrement séductrice :
« Directeur Chu, j’aurais une requête un peu osée à vous présenter. Je me demande si vous allez accepter.
– Oh ?
– Ce port là-bas a l’air particulièrement charmant de nuit. J’aimerais bien me promener un peu sur la plate-forme d’observation. Vous voudriez m’accompagner ? »
Chu He leva les yeux vers elle et ne dit rien tout de suite. Au bout d’un long moment, son sourire retomba subitement.
« Vous — Mlle Li, vous me rappelez vraiment une ancienne connaissance quand vous souriez comme ça… »
Li Hu plissa aussitôt les yeux et fit avec un ton provocateur :
« Une ancienne petite amie ?
– Non, non, juste une simple amie.
– Je vois. »
Li Hu prit alors l’initiative de tendre sa main blanche et tendre.
« Puisqu’il s’agit d’une amie ordinaire, alors ne la laissons gâcher ce bon moment, n’est-ce pas ? »
Chu He regarda fixement la main fine et souple qui était tendue devant lui. Il secoua la tête et eut un léger rire. On ne pouvait pas savoir s’il se moquait ou s’il riait de lui-même. Puis il prit gentiment la main de Li Hu dans la sienne et se dirigea vers l’ascenseur panoramique du restaurant tandis qu’à dix mètres de là, son petit frère le fixait d’un air paniqué, comme s’il faisait face à un redoutable adversaire.
La plate-forme d’observation était accessible directement depuis l’ascenseur en verre. C’était un petit jardin suspendu bâti au-dessus du restaurant tournant. Comparé au restaurant, l’endroit était plus intime, splendide et à l’écart. Plusieurs parterres de rosiers et tulipes avaient été plantés là et un parfum rafraîchissant était charrié par la brise nocturne.
Cela semblait être un endroit bien plus approprié pour cultiver ses sentiments et tomber amoureux. Li Hu marchait main dans la main avec Chu He, comme une jeune collégienne amoureuse. Tout à coup, elle pencha coquettement la tête sur le côté et s’enquit :
« Directeur Chu, pourquoi vous semblez avoir la tête ailleurs ? Se peut-il que vous pensez toujours à votre ancienne amie quand vous êtes avec moi ?
– Pas du tout, assura Chu He.
– Mmm mmm ?
– Si elle me tenait la main, ajouta-t’il en désignant leurs mains jointes, j’aurais vraiment envie de vomir. »
Li Hu : « … »
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Le coin de sa bouche tressaillit un peu, puis elle demanda après un long moment :
« Que diable a bien pu faire cette personne pour vous irriter autant, ah ? »
Cette question parut amuser Chu He. Il fit même claquer sa langue d’intérêt.
« Pour être précis, ce n’est pas une humaine, mais un renard — bien entendu, ce n’est plus un renard ordinaire à son niveau, mais elle a conservé les caractéristiques de la tribu des renards : la séduction, la ruse et le fait d’adorer se moquer des gens. Mais le problème principal, c’est qu’elle est — comment dire ? »
Il marqua une pause avant de reprendre :
« Elle a le chic pour dire ce qui énerve les autres, vraiment… »
Li Hu se raidit un peu.
« Pour que vous la haïssiez à ce point, j’imagine qu’elle doit vraiment avoir une grande gueule, non ?
– Oh, vous faites erreur, rectifia aussitôt Chu He. Je n’ai absolument rien contre elle, c’est juste que je trouve ça plutôt amusant que quelqu’un puisse continuer à être à ce point désagréable chaque jour même après dix ans. »
Tout en parlant, il tourna la tête, plissa les yeux et lui adressa un sourire.
« … »
À ce moment, Li Hu ressentit quelque chose d’indescriptible. Elle s’arrêta lentement et fit :
« Désolée, directeur Chu, il faut que j’aille me repoudrer le nez. Vous voulez bien m’attendre ici deux minutes ? »
Chu He hocha poliment la tête.
Li Hu lui lança un sourire compliqué, puis s’éloigna sur ses hauts talons, sa robe rouge serrée comme un papillon voletant parmi les fleurs.
La lueur de la lune ondulait comme de l’eau, on pouvait entendre le bruit des vagues comme un gémissement, ainsi que la musique et les bruits de repas en provenance du restaurant plus bas. Tout cela transformait ce petit jardin en pays des merveilles sur Terre. Cependant, le papillon qui avait quitté ce pays des merveilles ne revint pas après deux minutes. Même dix minutes plus tard, il n’était toujours pas revenu. Il semblait qu’il ne reviendrait plus.
Chu He consulta sa montre — cela faisait la douzième fois ce soir qu’il regardait l’heure et il était nettement moins détendu que les onze autres fois.
L’heure Zi n’était pas encore passée, alors il décida de retourner au restaurant.
Cependant, il avait à peine fait un pas que l’air derrière lui se déchira soudain. Le vent se mit à souffler depuis le sol avec une grande force d’aspiration !
« Ta petite beauté… »
Une grande silhouette enveloppée dans une tunique noire apparut dans la fissure dans le vide, comme un démon qui dominait le monde dans la nuit sombre. Chu He se figea et sans surprise, l’instant d’après, une voix grave résonna juste à ses oreilles :
« — Elle a dû te lâcher exprès.
– … »
Chu He soupira et acquiesça :
« J’aurais dû m’en douter. »
Le Seigneur Démon Fan Luo leva la main pour la poser sur l’omoplate de l’autre homme. Son autre main contourna son corps et souleva aisément son menton. L’ombre qu’il projetait était si immense qu’elle recouvrait complètement celle de Chu He. Ils avaient l’air de ne faire plus qu’un sous le clair de lune.
« Alors comme ça, tu voulais m’éviter en sortant avec cette petite beauté ? »
Au même moment, dans le restaurant à l’étage en-dessous.
Zhou Yi parut avoir senti quelque chose. La pointe de son couteau à steak dérapa légèrement sur l’assiette en grinçant.
« Beau-frère, fit-il d’un ton sincère en posant aussitôt ses couverts, il y a une urgence et ton frère doit te laisser. Tu es sûr que tu ne veux pas que je te paie le repas ? »
Zhang Shun répondit aussitôt par les actes :
« Serveur ! Venez nous faire deux additions séparées ! »
Zhou Yi sortit sa carte de crédit d’un air démuni.
« Nous sommes pratiquement de la même famille et pourtant, tu continues à me repousser. Beau-frère, tu es vraiment… »
Tous ces ‘beau-frère’ par-ci et par-là finissaient vraiment par lui hérisser le poil. Si Zhou Yi avait été mauvais, on aurait pu se dire qu’il essayait juste de profiter du second jeune maître Zhang et de son frère. Mais entre le visage splendide de cet homme, comparable à une star d’Hollywood, et ses vêtements très chers, on pouvait juste se dire qu’il avait une case en moins.
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
« Comment mon frère a-t’il pu se retrouver avec un ami comme toi ? ne put s’empêcher de demander Zhang Shun d’un ton sincère. Combien tu veux pour ne plus jamais le revoir ? »
Il se trouvait que le serveur arriva à ce moment pour apporter l’addition. La tête qu’il fit en entendant ça fut indescriptible.
« Dis voir un peu, beau-frère, ah, demanda Zhou Yi d’un ton très sincère en se rasseyant. Tu ne sembles pas avoir une très bonne opinion de moi. Tu te dis que même si je suis riche, je ne suis pas du tout digne du directeur Chu, c’est ça ? »
Zhang Shun ne savait plus quoi faire :
« Mec, tu pourrais partir avant de nous faire une rechute… ?
– Non, non, non, je suis très sérieux. Tu savais que ton grand frère a actuellement un petit ami ?
– Bien sûr que je le sa… Qu’est-ce que tu as dit ?! s’écria le second jeune maître Zhang d’un air ahuri. Qui a un petit copain ?! »
Zhou Yi arborait en cet instant un air très mystique, comme un expert de l’autre monde venu prodiguer ses conseils aux pauvres mortels perdus. S’il fallait le décrire, il faisait penser à ces maîtres qui prédisaient l’avenir pour dix yuan dans la rue Xinglong. Cependant, ce qu’ils disaient en général avec la même expression, ce n’était pas “Votre grand frère a un petit ami”, mais plutôt : “Monsieur, votre Palais du Sceau est tout noir, comme si alliez bientôt connaître un affreux désastre. Désirez-vous que je vous aide à régler le problème en sacrifiant dix années de ma cultivation en Taoïsme ? C’est pas cher !”
« Beau-frère, reprit Zhou Yi, je sais que tu ne me crois pas assez bien pour ton frère, mais quand tu rencontreras son petit ami actuel, tu changeras d’avis. Au fait, ta maison n’est pas hantée ces temps-ci ? As-tu souvent l’impression que ton Qi et ton sang sont obstrués, entraînant un manque de vitalité ? Tu fais souvent des cauchemars la nuit et c’est uniquement à côté de ton grand frère que tu peux bien dormir ? »
Zhang Shun : « … »
« Eh bien tout ça, c’est la faute du petit ami actuel de ton frère, ah. Autrement, comment pourrait-il pénétrer dans ta maison et venir te faire peur jusque dans ta chambre ? »
Zhou Yi posa son front sur ses mains et continua tristement, sous le regard choqué de l’autre jeune homme :
« Vous avez été ennemis dans votre vie précédente, alors il te poursuit encore dans cette vie. Il tourne autour du directeur Chu en attendant l’occasion de te faire du mal. Encore un peu, et le directeur Chu et toi seriez tombés entre ses griffes, ah ! »
« … »
Zhang Shun demanda :
« Alors tu dis que le petit ami de mon frère est en fait un fantôme ?
– C’est à ton grand frère que tu devrais directement poser la question, » répliqua Zhou Yi en plissant les yeux et en souriant.
Il se leva et fit lentement :
« Beau-frère, si tu rencontres à nouveau ce genre de problème, ne va pas voir ces dilettantes de la rue Xinglong. Tu as un membre de ta famille qui s’y connaît pour de bon. Ton frère est plutôt passable sur quasiment tout, mais en ce qui concerne les fantômes, je suis au niveau d’un expert professionnel qualifié par notre nation. Et pour la famille, je suis prêt à faire une remise de 5 %… »
Il leva ensuite la tête vers le haut en un geste presque nonchalant, puis fit avec un sourire :
« Ton frère doit vraiment te laisser. Prends ton temps pour manger. »
Tout en parlant, il prit ses clefs et quitta le restaurant.
Zhang Shun était peut-être sous le choc de tout ce qu’il avait vu et vécu, mais la silhouette de ce cinglé semblait avoir en fait une touche de mystère et de surnaturel.
… Comment ce charlatan peut-il savoir que notre maison est hantée ? Ce serait vraiment un expert ?
Pendant que Zhang Shun était envahi par le doute, Zhou Yi se retourna soudain vers lui, comme s’il venait de se rappeler de quelque chose :
« Il y aura 2 % de frais si tu paies par carte !
– … »
Zhang Shun lui cria :
« Pars, pars, allez ! »
Alors que le second jeune maître Zhang serrait les dents et se rappelait du comportement suspect de son frère ces derniers temps ainsi que du suçon sauvage sur son cou, Chu He était en train de fixer par-dessus son épaule le Seigneur Démon d’un air inexpressif dans le jardin suspendu au-dessus du restaurant.
« C’est exact, et alors ? »
Il se retourna et recula un peu pour faire face à Fan Luo.
Cet homme avait toujours un visage pâle et l’air indifférent. En plus quand on regardait bien, on pouvait distinguer un air maladif, bien que ce soit presque indistinct. Et son corps frêle ne pouvait pas se comparer à la stature du Seigneur Démon. Cependant quand il prenait clairement une attitude de défi, sa vigueur inébranlable, aussi haute que les montagnes et aussi profonde que de l’eau lisse, n’était pas moins aussi imposante que celle du Seigneur Démon.
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
« Je n’ai rien de bon à dire à ce sujet. »
Le Seigneur Démon le fixa de haut un moment, puis ajouta :
« Je me disais juste que d’un côté, tu comptes sur ma protection pour éviter la tribulation céleste. Mais de l’autre, tu restes constamment avec l’Os de Bouddha, profitant de son aura pour éviter de devenir complètement un démon… Tu dois penser que c’est facile de me berner avec quelques belles paroles, non ?
– Tu t’imagines des choses. Zhou Hui est brusquement apparu en ville et je ne veux pas qu’il tombe sur toi dans cet état.
– Oh, vraiment ? »
Chu He ne répondit pas à ça et fit plutôt :
« Quand Zhou Hui a encerclé et anéanti le royaume infernal, tu serais à présent scellé si je ne l’avais pas trahi pour toi. Cela ne fait que quelques années que toi et moi nous nous cachons dans la cité de H. À ton avis, quelles sont tes chances de l’emporter contre lui dans un affrontement direct ? »
Intéressé, le Seigneur Démon releva le menton et demanda :
« Et si je t’ajoute à ça ?
– …
– À nous deux, nous devrions être capables de tuer Zhou Hui si nous unissons nos forces, tu ne crois pas ? »
Cette fois, Chu He garda le silence encore plus longtemps. Quand le Seigneur Démon se dit qu’il ne répondrait jamais, il le vit soudain arborer un étrange petit sourire :
« Comme dit le dicton… Une nuit entre époux équivaut à cent jours de bonté. Puisque j’ai déjà couché avec Zhou Hui, comment pourrais-je le tuer ? »
C’était vraiment trop drôle d’entendre des paroles aussi niaises sortir de la bouche de quelqu’un ayant la personnalité de Chu He. Si le Seigneur Démon ne venait pas de l’entendre de ses propres oreilles, il n’y aurait pas cru.
Quand il reprit ses esprits, il éclata aussitôt de rire :
« Une nuit entre époux équivaut à cent jours de bonté, cent jours de bonté, bien… Alors dis-moi, combien de jours de bonté avons-nous accumulés jusqu’ici tous les deux ? Si Zhou Hui te demandait de l’aider à me tuer un jour, tu lui dirais la même chose ? »
Chu He étira les lèvres en un sourire glacial.
« S’il veut te tuer, il voudra le faire lui-même. Il risque plus de me demander de rester sur le côté pour assister au spectacle. Mais s’il me demandait vraiment de l’aider, je lui répondrais ceci : pour moi, peu importe lequel de vous deux survivra. »
Le Seigneur Démon partit de nouveau d’un grand éclat de rire.
Il était vrai que durant la bataille aux Enfers cette année-là, le royaume démoniaque avait subi de lourdes pertes à cause de Zhou Hui. Si Chu He ne l’avait pas trahi au dernier moment, même le Seigneur Démon aurait fini scellé par les propres mains de Zhou Hui. Il ne fallait pas oublier non plus que pendant très longtemps, Zhou Hui, qui représentait le Royaume du Ciel, et Fan Luo, qui représentait le Royaume des Enfers, avaient été au sommet de toutes les créatures des Six Royaumes.
Leur opposition reflétait l’opposition entre leurs deux Dao. Depuis l’aube de l’ère mythique, ils s’étaient affrontés sans cesse comme représentants du “Dao du Bien” et du “Dao du Mal”, élus entre tous les êtres vivants — Cependant, il semblait à présent absurde qu’il puisse exister une telle personne qui vivait incognito parmi les mortels et qui était à moitié contrainte de maintenir une relation intime mais subtile entre les deux.
Le Seigneur Démon attrapa le menton glacial de Chu He et l’obligea à relever la tête. À ce moment, il y avait presque une lueur d’affection dans ses yeux noirs, mais elle disparut très vite, comme une illusion.
« Il paraît qu’autrefois, tu as failli devenir un Bouddha, mais tu as échoué à cause de Zhou Hui, lui murmura-t’il à l’oreille. Sache qu’il est bien plus facile de devenir un démon qu’un Bouddha. Parfois, il suffit d’une seule petite pensée. »
Chu He ne bougea pas et ferma simplement les yeux.
Il sentit son col se faire baisser et la peau chaude de sa nuque entra en contact avec l’air frais, ce qui le fit frissonner. Aussitôt après, le Seigneur Démon le mordit à l’endroit le plus vulnérable. Les dents pointues pénétrèrent tout de suite la chair tendre, le sang de cœur jaillit et l’aura démoniaque pénétra dans son corps avec une force puissante et irrésistible !
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Le corps de Chu He se mit à trembler et ses doigts se crispèrent, comme pour tenir quelque chose. Fan Luo leva une main pour entrelacer leurs doigts, mais Chu He se libéra aussitôt.
— Il saisit plutôt la branche du rosier derrière lui avec tant de forces que le sang coula rapidement de ses doigts bleuis par le froid.
« Toi… »
Les yeux fins de Fan Luo se rétrécirent. Il voulut dire quelque chose, mais ce fut alors qu’une voix insouciante se fit entendre de non loin :
« Directeur Chu ? »
— C’était Zhou Yi !
Les pupilles de Chu He se contractèrent et se dilatèrent en un instant. Il repoussa le Seigneur Démon d’une main, mais Fan Luo le ramena contre lui.
« Directeur Chu ? »
Zhou Yi était monté depuis le restaurant et il toqua pour la forme sur la porte vitrée qui menait aux jardins suspendus.
« Excusez-moi, vous êtes là ? »
Note de Karura : J’adore toujours autant le duo Zhou Yi et Zhang Shun.
Hum, Zhang Shun a quand même quelques pensées bizarres pour son frère, non ? (Même s’ils ne sont pas liés par le sang, je rappelle.)
Autre chose, si vous êtes perdus, laissez-moi dénoncer : trois des personnages n’utilisent pas leur vrai nom. Vous pouvez consulter les spoilers ci-dessous si vous sentez que vous en avez besoin pour suivre :
Zhou Yi
= Zhou Hui
Oui, il a juste changé de prénom. Je ne sais même pas pourquoi je le mets dans les spoilers 😅
Chu He
= Feng Si
C’est bien l’ex-femme de Zhou Hui. Je rappelle que dans les romans chinois, on parle de femme même dans un couple gay. Quant aux pronoms il/elle, ils se prononcent pareils. Voilà pourquoi j’ai gardé ‘elle’ pour parler de l’ex-femme de Zhou Hui, surtout que le maire Huang pense que c’est une femme et qu’il n’a pas compris pourquoi Zhou Hui la comparait à Chu He.
Li Hu
= Hu Qing
Mentionnée dans le chapitre 1. Je n’en dis pas plus, il y aura encore quelques révélations à son sujet.
De plus, le passé est important et il y aura des flash-backs pour vous révéler tout ça.
Pour l’heure, on a une confrontation entre rivaux qui s’annonce ! Ou pas ?
Notes du chapitre :
(1) Entre 23 h et 1 h.
Commentaires :