Lanterne 9

Chapitre 9 : Capitaine, au sujet des aphrodisiaques de votre collection privée, vous n’aviez pas dit que c’était au cas où vous tomberiez sur un beau gosse qui refuserait de se laisser faire, vous lui en refileriez un peu… ?


Li Hu connaissait très bien la puissance de Zhou Hui. D’une part, Zhang Shun, Chu He et elle-même, qui avait pourtant cultivé au point d’être devenue l’un des plus puissants yaoguai, n’étaient que des amuse-bouche face au Seigneur Démon. Pourtant, face à un Zhou Hui à son apogée, ce Seigneur Démon à moitié scellé n’était lui-même qu’un autre amuse-bouche.

Au pire, les os de cet amuse-bouche de Seigneur Démon étaient plus durs à mâcher et ses piquants pouvaient blesser quand on le prenait en main, mais la dynamique générale de forces ne changeait pas. Cela dit, hormis les vrais dieux et bouddhas, qui du Neuvième Ciel au Dixième Enfer pouvait rivaliser contre Zhou Hui ?


Mais en cet instant, Zhou Hui donnait l’impression qu’il venait de se prendre un coup de poing en pleine figure.

Non, c’était plutôt comme s’il avait frappé quelqu’un au hasard et que cette personne qui avait paru faible et très soumise s’était tout à coup transformée en un super-héros qui l’avait instantanément projeté d’un coup de poing à des centaines de mètres — Voilà la tête qu’il faisait.

Heureusement, l’embarras typiquement masculin d’avoir vu sa parade nuptiale rejetée disparut complètement chez Zhou Hui en un éclair. Il se mit même à rire et fit à Chu He :

« Lâche mon épée, je ne m’approcherai pas… Mais lâche d’abord mon épée. Si tu continues comme ça, tu vas épuiser ton sang de cœur. »

En voyant son expression, Li Hu sentit que quelque chose n’allait pas.

Zhou Hui n’allait clairement pas passer l’éponge comme ça. Il y avait une lueur plus sombre, sinistre et une cruauté glaciale bien visibles dans le coin de ses yeux et sur l’expression de son visage.


Chu He secoua la tête et continua de retenir l’épée sans bouger. Il ordonna au Seigneur Démon derrière lui sans se retourner :

« Laisse-moi, pars. »

Fan Luo n’était pas en meilleur état que Zhou Hui.

« Mais toi…

– Zhou Hui est actuellement en pleine possession de ses moyens tandis que toi, tu es à moitié scellé dans les Enfers. Tu crois que tu peux faire le poids contre lui ? Va-t’en ! »

Le Seigneur Démon rétrécit les yeux et jeta un regard noir à Zhou Hui, qui le fixait froidement avec la même expression. Chu He, qui se trouvait entre les deux, avait du mal ne serait-ce qu’à rester debout. Il n’avait même plus la force de respirer. À cause de l’hémorragie, sa température corporelle chutait rapidement et sa vision commençait à s’assombrir.

Bien que son dos restait extrêmement droit, tout le monde voyait bien qu’il était en train de vivre ses derniers instants.


« … Entendu, » finit par faire le Seigneur Démon.

Cependant, Zhou Hui pouvait voir sa réticence non dissimulée.

« N’oublie pas ce que tu m’as demandé, » ajouta Fan Luo.

La Porte des Enfers derrière le Seigneur Démon s’ouvrit en grand. Tous les fantômes en sortirent, les démons dansèrent sauvagement et les ténèbres infinies l’engloutirent en un instant. Finalement, dès que la porte se referma, le sang et les hurlements de fantômes disparurent aussitôt, s’évanouissant dans le vaste vide comme s’ils n’avaient jamais été là.

Dans l’espace vide, Chu He fut agité d’un frisson. La lame de l’épée tomba à terre dans un cliquètement, puis il s’effondra sur place !

« Grand frère ! »

Zhang Shun se releva et courut vers lui. Ce fut alors que Zhou Hui leva les yeux et jeta un regard significatif à Li Hu.

Sans un mot, la femme leva la main et frappa le second jeune maître Zhang à la nuque, l’assommant avec un bruit sec !

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

« Cela fait trop longtemps que cet Os de Bouddha me reste en travers de la gorge. »

Zhou Hui mit un genou à terre et regarda les yeux confus de Chu He. Il ajouta lentement :

« Il est hors de question que d’autres personnes me dérangent en cet instant… »

Chu He ne pouvait pas du tout l’entendre. Il ne pouvait que haleter légèrement et regarder dans le vide, les yeux troubles.

Il portait toujours la même chemise d’hôpital blanche qu’à son admission. Le vêtement était à présent tâché de sang. Comme les veines de ses paumes avaient failli être tranchées, une petite flaque de sang s’était rapidement accumulée en-dessous de lui. Cela contrastait avec son visage pâle et hagard, faisant d’autant plus ressortir son teint glacé.

Il avait toujours été quelqu’un de calme, courtois et ascétique. Mais en cet instant, il faisait penser à un bourgeon de fleur qu’on avait obligé à s’ouvrir de force, dévoilant l’étamine intérieure que personne n’avait encore jamais vue.


Un sentiment cruel, obsessif et diabolique fit briller un peu plus les yeux de Zhou Hui.

Il ferma les yeux et quand il les rouvrit, il saisit la main glacée de Chu He, paume contre paume. Après un moment, il le serra contre lui en tirant un bon coup.

« Boss Zhou ! »

Transportant le second jeune maître Zhang qui faisait son poids, Li Hu pointa la tête du trou dans le sol à moitié effondré et demanda avec un sourire crispé :

« Que faisons-nous à présent ? Éliminer les Japonais et ramener à Beijing ce “fœtus né de la terre” ? »

Zhou Hui se tourna et la fixa dans dire un mot. Le clair de lune passa juste à ce moment entre les nuages noirs et éclaira la moitié de son visage. Li Hu faillit trembler alors.


— Les yeux de Zhou Hui étaient devenus écarlates.

Exactement comme ceux du Seigneur Démon.

« Ce fœtus né de la terre n’est pas aussi simple que tu le penses. »

Il était impossible de savoir si Zhou Hui s’était rendu compte de ce changement ou bien s’il s’en fichait. Il se contenta d’ajouter froidement :

« Restaure cet espace comme il était avant, j’ai quelque chose à faire. »

Li Hu ouvrit la bouche, mais aucun son n’en sortit.

Zhou Hui savait bien ce que le renard à neuf queues voulait dire, mais il n’avait pas du tout l’intention d’en discuter avec elle. Il s’éloigna et s’enfonça dans la nuit. Quand il baissa les yeux sur Chu He dans ses bras, un sourire mauvais étira lentement le coin de ses lèvres.

« Et maintenant… il est temps de régler nos comptes, murmura-t’il, sa voix particulièrement cruelle dans les ténèbres. Ne t’en fais pas, tu ne peux pas t’enfuir et je vais faire ça très lentement. »


* * *


Zhang Shun fit de nombreux rêves, entre l’état inconscient et réveillé. Dans l’un d’eux, il était très jeune, environ sept ou huit ans. Il était allongé avec une forte fièvre, tout son corps brûlant, et il était délirant. Il avait l’impression que s’il cédait au sommeil, il ne se réveillerait plus jamais.

Un homme vêtu de blanc et aux longs cheveux noirs était assis au bord du lit. Il avait posé doucement la tête de Zhang Shun sur ses genoux et caressait son visage brûlant. Ses doigts étaient très longs et glacés, ce qui était très agréable pour le garçon. Bien qu’il ne pouvait pas voir clairement le visage de l’autre, il pouvait sentir qu’il était très beau. C’était une beauté indescriptible qui transcendait les genres et elle contenait une douceur qui réchauffait autant les cœurs que de l’eau.

Qui est-ce ? songea le petit Zhang Shun.


« Je n’aurais jamais cru qu’ils te feraient venir ici, chef Feng Si, fit une voix grave d’homme venant d’un coin de la pièce. Je pensais que si mes hommes dévoraient simplement les âmes d’un ou deux enfants, cela ne suffirait pas à t’alerter directement…

– J’ai porté l’Os de Bouddha près de moi pendant des milliers d’années. Tu croyais vraiment que je ne le reconnaîtrais pas, Seigneur Démon ? l’interrompit soudain le premier homme, mais d’une voix très douce. Toucher l’Os de Bouddha, c’est comme chercher à le détruire — Si cela avait été Zhou Hui qui était venu en personne aujourd’hui au lieu de moi, tu n’aurais pas pu t’en sortir vivant. »

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Le Seigneur Démon garda le silence un moment, puis fit soudain d’un ton très intéressé :

« J’ai entendu dire qu’il y a des dizaines de milliers d’années, Zhou Hui n’était qu’une bête démoniaque comme les autres dans la Mer de Sang. Il avait été capturé et emmené au Trente-troisième Ciel pour recevoir son châtiment car il avait manqué de respect au Bouddha. Mais il se fit relâcher sans permission par le Roi de Clarté Vidyaraja : nom désignant cinq dieux du panthéon bouddhiste. (1) Phénix qui eut pitié de lui… Il me semble que tu aurais dû être une entité que Zhou Hui n’aurait jamais pu voir, même en levant la tête. Comment se fait-il que tu aies quitté le Trente-troisième Ciel ? »

Zhang Shun sentit la main de l’homme sur sa joue s’arrêter brièvement.

« Ce ne sont pas tes affaires, Fan Luo, fit-il calmement après un moment. — Tu peux t’en aller pour cette fois. Mais si tu oses t’en prendre de nouveau à l’Os de Bouddha, tu ne t’en sortiras pas aussi facilement. »


* * *


Zhang Shun avait la tête dans la brouillard et il n’aurait su dire combien de temps il avait dormi. Quand il se réveilla de son tourbillon de cauchemars incessants, le soleil brillait dehors.

« Ah ! »

Il se tourna soudain et se redressa, seulement pour découvrir qu’il était allongé sur le lit de la chambre d’hôpital et que le soleil était déjà haut dans le ciel.

Quelle heure est-il ?

Il consulta le réveil digital sur la table de chevet et se rendit compte qu’il avait dormi depuis la veille au soir jusque dans l’après-midi du lendemain, sans en avoir conscience.

Pour une raison étrange, sa tête lui faisait mal comme si quelqu’un était en train de scier son cerveau. Il resta assis plusieurs minutes dans le lit sans parvenir à se rappeler ce qu’il faisait à l’hôpital.


Ce ne fut qu’une fois le vertige initial disparu que ses souvenirs revinrent par bribes. L’hôpital chelou de la veille au soir, le serviteur zombie, le Seigneur Démon Fan Luo, le renard à neuf queues au corps couvert de sang… D’innombrables fragments bizarres se déversèrent dans son esprit comme un tsunami et l’assommèrent un peu.

Est-ce que tout cela était vrai ? Ou bien n’avait-ce été qu’un rêve délirant ?

Zhang Shun regarda autour de lui. L’hôpital semblait intact. Par la fenêtre, les oiseaux chantaient, les fleurs embaumaient l’air de leur parfum et le soleil brillait radieusement. Il n’y avait pas la moindre trace du bâtiment qui s’était à moitié écroulé la nuit dernière et du sol qui avait été défoncé.

C-ce n’était bien qu’un rêve.


Zhang Shun sortit du lit et alla se passer de l’eau sur le visage. Quand il mit les mains en coupe sous le robinet, il aperçut par hasard sa main et se figea aussitôt, comme frappé par la foudre.

— Le svastika doré sur sa paume était toujours là, luisant faiblement dans la salle de bain.

Putain de merde, c’était bien vrai ?!

Où est mon frère ? Où est mon frère ?!

Il se précipita vers la porte comme s’il avait le derrière en feu. Au moment où il allait sortir pour demander ce qui se passait, la porte s’ouvrit de l’autre côté. Zhou Hui entra et lui jeta un regard curieux. Il demanda :

« Tu es réveillé ?

– … »

Le cerveau de Zhang Shun semblait embourbé dans la mélasse car il lui fallut un bon moment pour sortir une phrase :

« Où est mon grand frère ? »


Zhou Hui le regarda avec un sourire qui n’atteignit pas son regard.

« Si j’étais toi, je la fermerais et je me contenterais de rester bien gentiment assis. Tu n’as pas appris à avoir peur même après une situation de vie ou de mort comme cette nuit ? C’est sûrement parce que ton grand frère t’a un peu trop surprotégé. »

Zhang Shun lâcha :

« Tout ce qui est arrivé cette nuit est donc bien réel ? Qui vous êtes, vous autres ? »

Pendant un bref moment, Zhou Hui fit une drôle de tête, puis il reprit vite son attitude indolente et insouciante.

« Beau-frère, ton frère a d’abord besoin d’une douche et de se changer… Tu as une chemise ? Prête-m’en une. »

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Zhang Shun regarda de plus près et découvrit que la chemise de l’autre homme était froissée et qu’il y avait des taches de sang sur le col et les manches. Pourtant d’après ses souvenirs, Zhou Hui n’avait pas été blessé durant la nuit. Il ne comprenait donc pas pourquoi il se retrouvait avec du sang sur le col.

Mais il ne s’attarda pas trop là-dessus. D’après ses souvenirs de la nuit, Zhou Hui, qui était une sorte de magicien, semblait en tout cas un peu plus amical que le Seigneur Démon. Si la vie de son grand frère était réellement en danger, Zhou Hui ne se comporterait pas ainsi — Zhang Shun poussa alors un soupir de soulagement en regardant d’un air un peu méfiant l’autre homme entrer dans la salle de bain. Il se rendit compte que Zhou Hui chantait sous la douche. Mais le plus insupportable, c’était que pas une seule note n’était juste !


Zhou Hui sortit au bout d’un moment, portant la chemise de Zhang Shun. Ce dernier ne l’avait pas remarqué quand Zhou Hui portait un manteau, mais il pouvait à présent voir les muscles bien définis alors que l’autre homme ne portait qu’une simple couche de tissu. Surtout avec ses cheveux mouillés ébouriffés dans tous les sens, il se dégageait de cet homme une sorte de violence et de force animale rien qu’en se tenant là.

De l’hostilité naquit soudain dans le cœur de Zhang Zhun — Il ne le savait pas, mais c’était l’aversion naturelle que les bêtes ressentaient en voyant un mâle plus puissant et âgé qu’elles. Il demanda simplement :

« Alors, tu peux tout me dire maintenant ? »

Zhou Hui ne répondit toujours pas. On toqua à ce moment à la porte :

« Bonjour, c’est votre commande. »

Zhou Hui ouvrit la porte, tendit quelques billets et prit la boîte repas en plastique des mains du livreur dans le couloir. Puis il tira une chaise vers lui, s’assit et commença à manger.


Zhang Shun ne put patienter plus longtemps.

« Hé ! Tu vas tout me raconter, oui ou non ?! »

Zhou Hui lui fixa un regard perplexe.

« Mais je n’ai jamais eu l’intention de t’expliquer quoi que ce soit, ah. Tu as faim ? Viens, beau-frère, c’est ton frère qui régale !

– … »

Zhang Shun fit d’un ton impuissant :

« Toi… Dis-moi au moins comment va mon frère ! Je ne peux pas rester ici, putain, je ne supporterai pas si ce qui s’est passé cette nuit recommence à nouveau, ah ! Et puis, c’est quoi ce truc sur ma main ? Et pourquoi vous m’appelez tous l’Os de Bouddha ?! »

Zhou Hui se contenta de sourire.


Zhang Shun avait toujours haï l’expression de cet homme depuis le début, mais il n’avait jamais su pourquoi — Après tout, le second jeune maître Zhang n’était pas du genre méticuleux et à aller au bout des choses. Mais en voyant ce sourire typique, il comprit soudain pourquoi il avait toujours réagi ainsi.

— Il y avait de la pitié dans ce sourire.

C’était l’expression d’un homme qui avait connu les nombreuses vicissitudes de la vie, qui abritait de nombreux secrets dans son cœur et qui arborait un air rempli d’impuissance et de pitié face à un agneau qui venait à peine de naître et qui ne craignait pas encore les tigres.

Le second jeune maître Zhang explosa aussitôt.

En temps normal, il se serait tout de suite jeté sur cet homme afin de lui montrer pourquoi les fleurs étaient si rouges Cela vient d’une vieille chanson chinoise. Les fleurs sont rouges à cause du sang des soldats. C’est le prélude à une attaque. (2), mais les situations drastiques de ces derniers jours avaient suffi à lui apprendre à réagir autrement qu’avec ses poings et son argent. Il ferma les yeux et réprima sa colère de force. Quand il rouvrit de nouveau les yeux, il était vite redevenu lui-même.


« Ce n’est pas grave si tu ne me dis rien, je peux toujours me renseigner tout seul. Mais je suis impliqué à présent, pas vrai ? Tu sais aussi que je ne sais pratiquement rien, alors je vais sûrement prendre des risques en me renseignant là-dessus. Et durant mon enquête, je ne risquerai non seulement ma petite vie, mais aussi de te gêner. Dans ce cas, tu devras faire plus d’efforts pour cacher tout ça, hein ? »

Le raisonnement du second jeune maître Zhang se fit plus clair et son ton devint plus convaincant :

« Et si tu ne me disais qu’une partie de la vérité ? Ce que tu me diras et comment tu me le diras, cela ne dépendra que de toi. Tu peux donc choisir ce qui t’arrange le mieux. En échange, je te promets que je n’irai pas me mêler des parties dont tu veux m’éloigner. Qu’en dis-tu ? »

Cette proposition était vraiment raisonnable et très sensée. Bien que cela manquait encore un peu d’expérience, c’était déjà rare de trouver ça chez des jeunes de l’âge du jeune maître Zhang.

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Cela parut amuser énormément Zhou Hui. Il sourit et s’alluma une cigarette. Après quelques bouffées, il demanda :

« Alors qu’est-ce que tu veux savoir ? »

Zhang Shun demanda aussitôt :

« Où se trouve mon grand frère actuellement et comment va-t’il ?

– Il est dans un endroit complètement sûr et il n’est pas prêt de mourir. »

Zhang Shun fit la moue, cette réponse ne le satisfaisant pas complètement.

« Alors qui êtes-vous et quel est votre lien avec mon grand frère ?

– — Oh, nous, fit calmement Zhou Hui, nous sommes actuellement les chefs de la première et la sixième équipes des forces spéciales de l’unité 547, opérant sur les ordres du Ministère de la Sécurité de l’État de la République Populaire de Chine… »


La porte s’ouvrit soudain avec un gros bam. Ils se tournèrent en même temps et virent Li Hu se tenir dans l’encadrement d’un air menaçant. Elle fit en détachant chaque mot :

« Zhou. Hui.

– Qu’y a-t’il ? demanda le concerné d’un ton intrigué.

– Il y a que Situ Yingzhi m’a envoyé une capture d’écran de votre visioconférence qui confirme que Zhou Hui, affecté à la capitale, surveille depuis des jours la Formation Univers dans le sous-sol de l’Assemblée Générale et qu’il n’a jamais quitté Beijing ! »

Lin Hu posa vivement le portable sur la table, la capture d’écran encore bien visible. Elle demanda d’un ton glacial :

« Boss Zhou, tu me caches des choses ?! »

Le sourire s’effaça lentement des lèvres de Zhou Hui. Il fixa la femme et lui demanda froidement après un moment :

« Comme si toi et Feng Si, vous ne me cachiez pas quelque chose. Hein, Hu Qing ? »


Li Hu ne s’attendait certainement pas à ce que Zhou Hui lui réplique ainsi. Son visage se tordit aussitôt d’une grimace.

Mais avant qu’elle ne puisse penser à une réplique encore plus cinglante, un portable sur la table de chevet se mit à sonner — Zhang Shun le regarda et s’aperçut avec stupeur qu’il s’agissait du portable de son frère. L’appel venait du maire Huang.

« Vous… Continuez à vous disputer, nous vous arrêtez pas pour moi. »

Zhang Shun se retira dans un coin de la chambre pour répondre, gardant une oreille sur ce qui se disait du côté de Zhou Hui et Li Hu.

Cependant, la voix tonitruante du maire Huang recouvrit tous les autres bruits :

« Allô, directeur Chu ? Viens vite ! Il s’est passé quelque chose d’énorme sur le site de construction !

– Salut, oncle Huang. Mon grand frère est à l’hôpital, que puis-je faire…

– Je m’en fous de ce que fabrique ton frère : du moment qu’il est encore en vie, ramène-le moi ! »


Les halètements de terreur du maire Huang s’entendaient très bien de l’autre côté du fil.

« Ils ont déterré un gros truc sur le site de construction, seul ton frère peut régler le problème. Alors dis-lui de venir au plus vite ! »

Zhang Shun fronça les sourcils et jeta un coup d’œil en direction de Zhou Hui. Au moment où il allait dire “je vais voir ce que je peux faire”, l’autre homme se tourna soudain vers lui et demanda :

« À quel point c’est un gros problème ?

– Le maire Huang veut que mon frère vienne, mais mon frère… »

Zhou Hui l’interrompit avec impatience :

« — Demande-lui simplement combien de cercueils ils ont déterrés aujourd’hui. »


* * *


Zhou Hui était assis sur la banquette arrière, portant sa veste en cuir. Ses longues jambes musclées étaient croisées et il continuait de fumer dans la voiture aux vitres remontées. À côté de lui, Zhang Shun pouvait voir son air effronté dans le rétroviseur.

Li Hu n’ayant presque plus de place, elle dut se presser contre la vitre, roulant des yeux et regardant dehors.

Zhang Shun n’y tint plus au bout d’un moment et demanda :

« Il y a une dame dans la voiture, tu ne pourrais pas éteindre ta cigarette ?

– Beau-frère, par amour pour ton grand frère, je vais t’apprendre deux choses, répondit Zhou Hui. Pour commencer, quand un homme fume, cela peut vouloir dire en général deux choses : la première, c’est qu’il est satisfait et la deuxième, c’est qu’il n’est pas satisfait. Actuellement, je suis très insatisfait, alors je te conseille de ne pas me chercher. Ton grand frère est déjà dans un état très misérable, ne va pas aggraver les choses pour lui. Ensuite, pourquoi tu dis que c’est une femme ? »

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Zhang Shun en resta confondu, mais il pouvait sentir le chauffeur lui adresser un regard suppliant qui disait clairement : Par pitié, ne mettez pas ce grand patron en colère…

Sa bouche se tordit.

« Comment pourrait-elle ne pas être une femme ? Et comment va vraiment mon grand frère ?

– Il ne doit pas être confortable, mais il n’est pas non plus en train de mourir, répondit Zhou Hui d’un ton nonchalant. Ceux qui tombent entre mes mains ne meurent pas si facilement que ça. »

Zhang Shun faillit se lever d’un bond pour le frapper, mais Li Hu s’interposa au péril de sa vie :

« Il plaisante ! Je t’assure, il ne fait que plaisanter ! »


La voiture roula sans discontinuer jusqu’au site de construction en banlieue. Toute la zone était entourée d’un cordon de sécurité à l’intérieur comme à l’extérieur et les agents de police étaient partout. Le maire Huang était assis en bordure en train de fumer, un air morose sur le visage. Zhang Shun ouvrit la portière et descendit le premier. Avant de s’éloigner, Li Hu prit une mallette dans le coffre et fouilla dedans. Puis elle se tourna et jura :

« Boss, tu es vraiment inhumain !

– Mais je ne suis pas humain pour commencer, ah ?! » répliqua le concerné d’un ton amusé.

Li Hu : « … »

« Détends-toi, je suis bien plus modéré que quand j’étais plus jeune. »

Zhou Hui eut un sourire et désigna sa montre.

« On ferait mieux de régler cette affaire au plus vite afin que je puisse rentrer tôt. Sinon, Feng Si va vraiment me haïr… Si je le laisse mariner encore plus longtemps, il ne va pas seulement prendre un bon goût, il va totalement s’effondrer. »


* * *


Tous les gens présents sur le site de construction firent de leur mieux pour se masser sous la grande tente. Il y avait une fosse au milieu avec des pelles, des pieds-de-biche et d’autres outils tout autour. Il y avait aussi une excavatrice garée non loin. Le conducteur tremblait et se cachait derrière l’engin. Il avait clairement fait dans son pantalon.

Au centre de la fosse, on pouvait voir six cercueils proprement alignés.

Le maire Huang remonta le bas de son pantalon et descendit en personne. Il pointa les cercueils du doigt et fit d’un ton abattu :

« J’ai déjà entendu parler d’anciens cercueils déterrés sur des sites de construction, mais ceux-là sont modernes. Je me demande quel genre de malade tue des gens sans les envoyer au crématorium. Même s’il les avait démembrés et jetés dans les WC, ça aurait été toujours mieux que ça ! Quel cinglé irait acheter des cercueils pour enterrer ses victimes ?!… »

Zhang Shun regarda en arrière et vit qu’une équipe de la Crim de la ville se tenait au bord du fossé, avec plusieurs inspecteurs qui tournaient nerveusement autour comme s’ils faisaient face à un ennemi redoutable.


Li Hu s’enquit :

« Personne n’a ouvert les cercueils, hein ?

– Trop tard, répondit le maire Huang. Le responsable du site a tout de suite prévenu la police qui a ouvert les cercueils sans tarder… Si j’avais su, je ne les aurais pas laissé toucher ces cercueils, ah ! Ces malheureux petits ! Qu’allons-nous faire maintenant ?! »

Li Hu se tourna vers le capitaine de la Crim avec un sourire qui n’en était pas un et demanda :

« Qui a touché aux cercueils ? »

En tremblant, le capitaine désigna quelques agents derrière lui.

« Nous-nous y avons tous touché… »

En parlant, il tendit les mains dont la peau était devenue bleu foncé. Il se mordit les lèvres et faillit pleurer.

« Qu’allons-nous faire, dites ? On a été empoisonnés ? J’ai une mère de quatre-vingt ans et un fils de huit ans. Que va devenir ma femme si je meurs dans l’exercice de mes fonctions maintenant… ? »

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Li Hu dut se retenir de rire. Le coin de ses lèvres frémit mais elle les serra fermement. Elle sortit son badge et des documents officiels de sa poche pour les donner au maire Huang.

« De quel droit vous vous êtes permis de toucher aux preuves ? En réalité, le camarade Zhou et moi-même sommes des agents spéciaux envoyés par les autorités supérieures pour enquêter sur cette affaire de meurtres en série. Ça fait des jours qu’on était à la recherche de ces cercueils ! On s’est précipités dès qu’on a appris la nouvelle, mais il a fallu que votre police locale ruine la scène de crime avant nous ! Alors c’est plutôt à vous de nous dire ce que nous allons faire maintenant ! »

La première réaction du capitaine fut : Vous vous foutez vraiment de ma gueule ? Vous croyez que j’ai trois ans ou quoi ?! Mais dès que le maire Huang ouvrit le badge, les deux hommes restèrent figés en même temps.

« Le m-ministère de la Sécurité de l’État ? »


Le maire Huang et le capitaine de la Crim se regardèrent en même temps. Chacun put voir le visage de l’autre tiquer.

Bien que tous les deux jouissaient d’une certaine autorité sur ce lopin de terre qu’était la cité de H, c’était la première fois qu’ils rencontraient des officiers travaillant directement pour le ministère de la Sécurité de l’État. Le maire Huang toisa Li Hu de la tête aux pieds avec un œil nouveau pendant un moment, puis il demanda en tremblant :

« Alors… le camarade Zhou là-bas…

– Le camarade Zhou est le directeur de notre département. Il est venu avec nous pour diriger notre enquête. Vous pouvez vérifier sur l’Intranet, fit Li Hu d’un ton très sérieux. Nous nous sommes présentés comme des agents du BAVI pour garder notre enquête secrète, mais il a fallu que vous autres… Ai ! Maire Huang, je n’en dirai pas plus. Veuillez dire aux camarades qui ont touché les cercueils de se mettre de ce côté. »

Le capitaine était au bord des larmes.

« Nous étions clairement en train de suivre le protocole pour une enquête, ah ! Nous n’avons enfreint aucune règle, ah ! »

Les jeunes agents derrière lui hochèrent la tête en chœur.


Li Hu ne put s’empêcher de rouler des yeux.

« Vous croyez que vous allez être punis ? Ce que vous êtes naïfs ! Vous savez au moins ce que vous avez sur les mains ? Il s’agit d’une nouvelle drogue hallucinogène en patch qui est arrivée récemment en Chine ! Après un moment, la drogue est absorbée via l’épiderme et vous serez tous accro ! »

C’était tellement ridicule que même le maire Huang et Zhou Hui, qui se tenait devant un cercueil en fumant, haussèrent les sourcils.

« C’est… Ça existe vraiment ?! demanda le capitaine d’un ton rempli de doute.

– Prenez vos affaires et mettez-vous sur le côté. Ne touchez pas d’autres personnes avec votre peau bleue, et encore moins votre propre corps. Vous avez de la chance : afin de lutter contre ces criminels, nous avons spécialement apporté un antidote neurologique qui vient juste d’être développé. Un de mes hommes va procéder à l’injection et vous irez mieux. »


Les jeunes policiers de cette petite ville se regardèrent d’un air consterné. En à peine quelques secondes, ils furent convaincus par la camarade Li Hu, agente spéciale du ministère de la Sécurité de l’État. Ils se placèrent tous au bord de la fosse et restèrent plantés là, ces petits bleus tremblant encore.

En tant que renard qui avait cultivé depuis des milliers d’années, le plus grand plaisir de Li Hu dans la vie était de martyriser les gens. Ce qui lui apportait le plus de satisfaction, c’était de les faire vraiment marcher. Elle fit signe au conducteur qui était venu avec elle depuis le Yunnan et murmura :

« Va prendre les fioles dans le frigo de la voiture et fais une injection à chacun… Oui, je veux parler de celles qui portent mon sceau. »

Le chauffeur objecta d’une voix tremblante :

« Ce n’est pas une bonne idée, sixième chef. Il ne s’agit pas de votre collection d’aph… d’aphrodisiaques personnels ? La dernière fois, vous avez dit que si vous rencontriez un beau gosse qui refuserait de se laisser faire, vous lui en fileriez un peu… ?

– Qu’est-ce que tu en sais ?! s’écria Li Hu d’un ton rageur. Quelqu’un est passé par là avant moi et il a tout échangé avec une solution saline normale ! »


* * *


Zhou Hui ne parut pas prêter attention aux regards furtifs que les gens lui lançaient. Après avoir fini sa cigarette, il fit tomber le mégot à ses pieds et l’écrasa. Il sortit ensuite une paire de gants noirs de sa poche et les enfila avant de toucher au couvercle du premier cercueil.

Ce couvercle pesait au moins dans les cent kilos. Zhang Shun voulut lui donner un coup de main, mais Zhou Hui l’arrêta :

« Ne touche pas à ça, c’est vraiment empoisonné.

– Alors les mains de ces policiers… commença le jeune homme.

– Li Hu va s’occuper de cette malédiction de cadavre. »

Zhou Hui exerça sa force, ses biceps gonflèrent et il fit tomber le couvercle avec un gros bam.

Zhang Shun étant le plus proche, il eut droit à tout ce qui se trouvait dans le cercueil. Il vomit presque aussitôt. On pouvait voir un cadavre à moitié décomposé qui était allongé sur le dos avec au moins une dizaine de blessures sur le torse. La chair livide était tailladée dans tous les sens et il en émanait une puanteur indescriptible. Le plus effrayant était que ce malheureux n’arborait pas un air de douleur. Au contraire, il regardait droit vers le ciel avec un large sourire — les coins de sa bouche s’étiraient presque jusqu’à ses oreilles, formant un arc bizarre et terrifiant.

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Les policiers autour paniquèrent et même le capitaine trembla plusieurs fois.

« Co-omment une telle chose peut être possible ? »

Zhou Hui soupira, puis se rendit au cercueil suivant pour faire pareil. Il continua jusqu’à ouvrir tous les cercueils. Toutes les victimes avaient connu des fins tragiques : certaines étaient décapitées, d’autres noyées et toutes sans exception arboraient ce sourire bizarre et regardaient vers le ciel — hormis le cadavre qui était mort d’une chute et dont la tête n’était plus que bouillie, ce qui empêchait de distinguer clairement son expression.

Zhou Hui retira un de ses gants et sortit une petite coupe en bronze de sa poche. Le chauffeur s’approcha en trottant depuis la voiture, apportant une mallette en cuir (Zhang Shun se rendit compte que c’était en fait du Louis Vuitton). Zhou Hui en sortit trois bâtons d’encens et une bouteille de liqueur. Il commença à rendre hommage aux six cercueils.


« Je sais que vous êtes innocents et que vous avez été injustement tués, alors c’est normal que vous soyez en colère. Mais ne vous en faites pas, je vais capturer celui qui vous a fait ça et je vous l’enverrai. À ce moment-là, vous pourrez le faire bouillir tout en vous descendant un verre autant que vous voudrez. Et si vous n’avez pas d’alcool dans l’autre monde, vous pouvez allez dans la cour du n°9 de l’allée des Trois Fourches, dans les Sources Jaunes. J’ai laissé quelques bonnes jarres de liqueur de quinze ans d’âge qui est à tomber par terre. Après en avoir bu, vous pourrez vous réincarner l’esprit tranquille, hein ? »

Tout en parlant, Zhou Hui versa un peu de liqueur dans sa coupe en bronze, puis vida le contenu par terre.

Sous les regards, le sourire étrange des cadavres disparut aussitôt de leurs visages.

Tout le monde en resta stupéfait.


Zhang Shun fut donc pris par surprise quand Zhou Hui lui saisit subitement le poignet. L’homme prit un couteau suisse de son porte-clef et lui piqua proprement l’index.

« Aïe ! Tu fous quoi ?!

– Je te prends un peu de sang de vierge pour défaire ce mauvais sort. »

Zhou Hui pressa son doigt pour faire couler le sang dans la coupe en bronze, mais Zhang Shun retira aussitôt la main avec une grimace sur le visage.

« Qui te dit que je suis encore vierge ?!

– … »

Pour la première fois, un air surpris apparut sur le visage de Zhou Hui.

« Quel âge tu as pour ne plus être vierge ?! »

Les deux hommes se regardèrent, sentant un vent glacial souffler dans les branches et des corbeaux voler au-dessus de leurs têtes. Li Hu posa une main sur son front, comme si elle n’en pouvait plus de voir ça.

« Les humains sont vraiment pourris, s’écria Zhou Hui d’un ton choqué. À ton âge, je ne pouvais que fantasmer sur le fait de coucher avec ton grand frère. Le pire que je faisais, c’était me masturber et encore, je me montrais très discret de peur qu’on me découvre… »


Note de Karura : Je ne vais pas cesser de le dire, mais le duo Zhou Hui / Zhang Shun est ce qui donne toute sa saveur à ce roman !

Sinon, l’auteuse n’arrête pas de faire du placement de produit de marques de luxe, vous avez remarqué ?

Autre petite révélation (ou confirmation) : Li Hu est bien Hu Qing car Zhou Hui l’a appelée comme ça dans ce chapitre. Une minute, me direz-vous, Hu Qing n’est pas censé être… ? Chut, pas de spoiler tout de suite.



Notes du chapitre :
(1) Vidyaraja : nom désignant cinq dieux du panthéon bouddhiste.
(2) Cela vient d’une vieille chanson chinoise. Les fleurs sont rouges à cause du sang des soldats. C’est le prélude à une attaque.






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