Chapitre 85 — Auteur : Adorer s'ouvrir l'un à l'autre.
Le long convoi de carrosses tirés par des chevaux ailés traversa la mer de nuages éclatants et les chevaux ailés foulèrent les nuages blancs comme sur de la terre ferme. Le vent de la course balaya les doux nuages blanc-neige comme des vagues. Cette scène magnifique était trop magnifique. Du Ze en fut captivé de toute son âme et en oublia même la tempête sanglante qui faisait rage dans le carrosse.
Ils se sentirent tout à coup comme en apesanteur tandis que les chevaux ailés entraînèrent le carrosse pour plonger dans la mer de nuages en-dessous. Une brume blanche épaisse enveloppa rapidement le carrosse et Du Ze sentit sa vision s'obscurcir un moment. Le carrosse finit de traverser les nuages et la vue qui s'offrit à eux fut un Continent du Chaos divisé en morceaux — des lignes blanches en pointillé délimitaient le continent en plusieurs régions. Comme ils se trouvaient trop loin, il était impossible de voir ce qu'étaient ces lignes blanches. Peut-être parce qu'il s'était trop habitué à la luminosité au dessus des nuages, Du Ze eut l'impression que le Continent du Chaos était sombre et terne. Le contraste en cet instant donnait vraiment l'impression d'être un dieu déchu du ciel pour devenir un mortel.
Le convoi descendit très rapidement et Du Ze contempla le petit point noir en-dessus qui devenait de plus en plus grand et proche. Finalement il put voir apparaître un palais d'un millier de mètres carré. Une immense place se trouvait devant le palais et elle avait été dégagée sur une grande partie, juste suffisamment pour que tout le convoi puisse atterrir.
Les trois jeunes hommes descendirent tout juste du carrosse et les soldats qui attendaient depuis longtemps aux portes du palais soufflèrent en chœur dans leurs cors. Le mage du palais déclencha des feux d'artifices magiques pour les accueillir chaleureusement.
« Bienvenu au Huitième Ciel, seigneur gouverneur et inspecteurs. »
L'officiel en tête du comité de réception conduisit tout le monde à s'agenouiller devant le convoi.
« Votre arrivée confère une gloire suprême à cet humble lieu. »
Du Ze jeta un regard en coin au gouverneur qui prônait le "je brille donc j'existe". Mouais, c'était vraiment glorieux. Il ne put s'empêcher de féliciter le comité de réception qui avait choisi de s'agenouiller devant le gouverneur : Putain, c'est vraiment ingénieux !
Face au compliment de l'officiel, le gouverneur grommela d'un air tsundere et se dirigea vers le palais en se pavanant, entouré de la foule. Xiu avait libéré le Vieux John afin qu'Éric semble encore plus seul comparé à eux trois. En voyant Éric regarder dans leur direction, le gnome ouvrit sa petite main et un petit laser gris jaillit de sa paume pour viser juste entre les sourcils de l'autre homme. En voyant qu'Éric restait indemne, Xiu grommela :
« Quel dommage ! »
Il n'y avait pourtant pas vraiment de regret dans ses yeux d'ambre. Ils étaient au contraire remplis d'innocence et de malice, comme un enfant qui faisait une farce.
Pas de doute possible : s'il n'y avait pas eu interdiction d'user de la violence ici, Xiu aurait définitivement tué Éric sur-le-champ.
« Vous deux, pourquoi vous traînez ? » rugit le gouverneur de leur côté tandis qu'il arrivait aux portes du palais.
Xiu lança un regard mauvais à Éric puis entraîna Du Ze vers le groupe. Le Vieux John les suivit naturellement, ce qui laissa Éric tout seul sur place. Il resta immobile. Après un long moment, il se mit en marcha en silence.
L'officiel était extrêmement enthousiaste et respectueux. D'après les présentations, il était l'Archonte du Huitième Ciel. C'était le nom d'une région. Dans cette simulation des Anges, le continent du Chaos était apparemment divisé en plusieurs régions, chacune étant désignée par le numéro d'un ciel. Du Ze y vit là une autre preuve de la paresse irritante de Yi Ye Zhi Qiu : c'était basiquement la même répartition que celle du Paradis dans la Comédie Divine de Dante. Dans ce livre, le Paradis était partagé en neuf cieux, le premier ciel se trouvant au niveau le plus bas et le neuvième ciel était la zone la plus proche de Dieu. Dans "Sang Mêlé", le premier Ciel de cette simulation devrait être la zone la plus au bord du Continent du Chaos tandis que le neuvième Ciel devait être là où ils rencontreraient le BOSS, à savoir le dieu de la Lumière ? Du Ze était actuellement confus. Il ne savait toujours pas clairement quel était l'objectif de la simulation des Anges. Il avait d'abord cru à une mission d'escorte mais il avait totalement renoncé à cette conjecture initiale. Il n'avait donc pas la moindre idée de ce que la Tour Divine attendait ici de la part des candidats.
Pendant ce temps, le groupe se faisait chaleureusement accueillir par l'Archonte. En tant qu'officiel de plus haut rang du Huitième Ciel, l'Archonte leur tint compagnie toute la journée, étrangement. S'il faisait autant d'efforts pour bien recevoir ses invités, ce n'était pas par zèle mais plutôt pour tenter de les flatter. Après leur avoir fait visiter le palais, l'Archonte leur prévit de luxueux appartements. Le plus lumineux eut évidemment droit à la meilleure chambre. Toutefois quand vint le tour de Xiu et d'Éric, il y eut un petit problème concernant la chambre.
« Je dois loger avec lui ? »
La voix de Xiu ne fluctua pas du tout tandis qu'il posait cette question d'un ton plat. Ce genre d'intonation dénuée d'émotions déclencha des sueurs froides chez l'Archonte en face de lui.
« Honorable Inspecteur, cet arrangement n'est pas à votre convenance ? »
En fait, la chambre que l'Archonte avait assignée à Xiu et Éric était très spacieuse. Il y avait un salon commun et deux chambres à coucher. Même si les deux chambres étaient voisines, cela restait deux espaces distincts et privés quand on fermait les portes. Même ainsi, le seigneur Meng semblait ne même pas supporter d'être à juste un mur de son ennemi juré.
« Une offense à mes yeux. »
Le pauvre Archonte ne pouvait pas dire si Xiu disait que c'était lui l'offense à ses yeux ou bien si c'était l'autre inspecteur avec qui il ne voulait pas partager une chambre.
À côté de lui, Éric prit alors la parole :
« Il n'y a pas d'autre chambre ? Je peux aller ailleurs.
– Vous m'en voyez navré mais les autres chambres ne sont pas dignes de votre rang.
– Peu m'importe, même une chambre ordinaire m'irait. »
L'Archonte fixa les plumes brillantes sur le corps d'Éric et secoua fermement la tête.
« Ce serait contraire aux règles. Vous êtes d'un noble rang, vous devez avoir une chambre en adéquation avec votre noble statut. »
Il s'inclina profondément devant les deux jeunes hommes.
« Honorables Inspecteurs, reposez-vous bien dans cette chambre. »
Xiu et Éric eurent beau discuter ensuite, l'Archonte resta incliné à 90° et répéta cette phrase de manière mécanique. Les intentions de la Tour Divine étaient plus que claires : elle voulait mettre Xiu et Éric dans la même pièce. L'adorable et stupide lecteur remonta soudain ses lunettes et la lumière se refléta sur les verres. Ding.
Ce jeune homme a deviné tes intentions, auteur.
C'était un enchaînement classique dans un roman. Avant la bataille finale et décisive, le héros pouvait ne plus avoir ses sœurs et ses petits-frères mais il devait croiser son ennemi juré et entamer alors leur ultime duel fatidique sous un vent glacial. Après quelques coups, le rival tomberait après avoir usé ses dernières forces, ayant ainsi accompli sa mission de toute une vie de donner des points d'expérience au héros, ce qui était tragique et larmoyant. En général avant leur confrontation, l'auteur qui s'y connaissait pour répandre du sang de chien prévoyait une occasion où le héros et son rival pouvaient discuter et s'ouvrir l'un à l'autre sous le vent glacial. Après quelques paroles échangées, tous les deux avaient approfondi leur compréhension mutuelle de l'autre et cela entraînait de la sympathie. Hélas, ils devaient quand même s'affronter.
Ce genre de scénario — "si le destin en avait décidé autrement, nous aurions pu être les meilleurs amis (?)" — avait plus de succès auprès des lecteurs que de l'animosité mutuelle, surtout chez un certain genre de filles qui se réunissaient pour discuter entre elles de comment cela pourrait aboutir à du sexe.
Afin de satisfaire le plus grand nombre de lecteurs, Yi Ye Zhi Qiu avait aussi prévu une situation similaire : afin de permettre au seigneur Meng et à Éric de s'ouvrir l'un à l'autre (de baiser), non seulement les réglages de la simulation des anges interdisaient la violence mais en plus Xiu et Éric avaient été contraints de jouer au carrosse pour deux et de jouer à la chambre pour deux. Du Ze pouvait prédire qu'il y aurait encore d'autres jeux à deux qui attendaient le seigneur Meng et l'Enfant Sacré sur le chemin. Les intentions sournoises de Yi Ye Zhi Qiu étaient si évidentes qu'un certain adorable idiot n'en pouvait plus. C'était comme si l'auteur agitait un drapeau en criant au seigneur Meng et à Éric : Toutes les conditions sont en place pour en arriver là, dépêchez-vous de vous ouvrir l'un à l'autre !
Auteur, tu fais encore des tiennes.
Xiu exprima clairement son mécontentement et son visage plissé de brioche à la vapeur donnait étrangement envie de le picoter du doigt. Éric ne protesta pas trop. Il regarda Du Ze et Xiu comme s'il méditait sur quelque chose. Durant ce bras de fer, un serviteur toqua à la porte et entra.
« Mon seigneur, le banquet de déjeuner est prêt. »
L'Archonte quitta enfin sa boucle de PNJ et fit d'un ton gracieux :
« Je vous ai organisé un banquet de bienvenue. J'espère que les deux Honorables Inspecteurs pourront nous faire l'honneur de leur présence. »
Du Ze s'était attendu à un petit repas mais il n'aurait jamais cru que l'Archonte leur sortirait tout le tralala. Le banquet se tint dans un jardin qui était aussi grand que quatre terrains de football. Les tables étaient chargées de nourritures exquises et décorées avec un étalage de plantes pourpre foncé et rouge vif qui étaient magnifiques et de bon goût. Tout était présenté de manière exquise dans ce banquet. Des gens en grandes tenues de cérémonie passaient entre les tables. Une fontaine d'alcool projetait de l'écume blanche dans les airs. Où que se porte le regard, cela débordait d'extravagance et de luxe.
Du Ze repéra le gouverneur sans problème car même si l'autre homme était entouré par une large foule, il ne pouvait pas cacher sa brillante présence. Venaient ensuite Xiu et Éric : les gens autour d'eux les regardaient avec admiration et empressement. Quelqu'un prit l'initiative de se montrer aimable avec eux et son discours fut rempli de louanges. Ce ne fut que le début. De plus en plus de gens s'agglutinèrent autour d'eux telles des petites pièces métalliques attirées par des aimants. Éric fut rapidement encerclé par une foule compacte et il y avait également plein de gens du côté de Xiu qui voulaient se rapprocher. Quand le Vieux John créa un trou de dix mètres de profondeur dans le sol en frappant poliment de son poing, plus personne n'osa s'approcher de Xiu.
Par conséquent les deux jeunes hommes purent savourer leur déjeuner plus calmement. Le Vieux John alla aux tables pour leur chercher de la nourriture. Du Ze regarda la marionnette mécanique qui s'avançait en souriant vers eux avec deux assiettes dans les mains, quatre assiettes sur les bras, deux assiettes sur ses épaules et une sur sa tête. La capacité de Du Ze et Xiu à digérer la nourriture ne faisait pas le poids contre la rapidité d'approvisionnement du Vieux John. Un certain adorable idiot s'efforça de vider dix assiettes et mourut au combat.
« Une boisson pour digérer ? » suggéra Xiu.
Le Vieux John fournissait les boissons presque aussi vite que la nourriture. Non seulement il apporta plein de boissons mais elles étaient très variées. Du Ze regarda les verres de toutes les couleurs devant lui et sa vision se brouilla en taches colorées. Xiu prit alors un verre contenant un liquide pâle et le tendit à Du Ze.
« Je me souviens que tu aimes ce goût. »
Du Ze le prit machinalement. Il sentit un léger bouquet fruité, une certaine familiarité mais aussi un sentiment étrange qui remontait à loin.
« C'est une liqueur à l'eau de fruit, fit le Vieux John en souriant avant de se lancer dans une vulgarisation scientifique : Elle est facile à produire et son goût est moelleux. Elle réchauffe quand on la boit alors elle est très populaire chez les mercenaires. »
Du Ze se rappela enfin où il avait déjà bu cette liqueur : quand ils avaient grimpé au sommet d'une montagne enneigée, l'alcool que lui avait donné Eddie avait ce goût. Du Ze prit une gorgée et le goût fruité familier éclata entre ses lèvres et sa langue, coulant chaudement le long de sa gorge. Il ne put résister à l'envie de prendre une autre gorgée.
Il suffit de quelques gorgées pour vider la coupe. Dès que Du Ze posa le verre vide, un autre verre de liqueur d'eau de fruit apparut sous son nez.
« Il y en a encore plein, » insista Xiu en plissant les yeux.
Du Ze contempla le coin des lèvres de Xiu qui formaient un arc et eut soudain l'inexplicable pressentiment d'un danger imminent. Un certain adorable idiot demanda avec prudence :
« Tu ne bois pas ?
– Je vais boire. »
Xiu tendit le verre à Du Ze et se prit aussi un verre de liqueur d'eau de fruit. En voyant ça, le Vieux John fit avec quelques hésitations :
« Petit maître, si vous buvez vous allez finir incon... »
Avant que le Vieux John n'ait pu finir sa phrase, Xiu avait vidé le verre de liqueur d'eau de fruit. Le verre n'était pas encore posé que le jeune homme s'effondra.
Cling dang
Le verre d'alcool tomba par terre dans un tintement. Du Ze serra dans ses bras avec panique un Xiu qui tombait vers la table. Le seigneur Meng fut allongé doucement dans ses bras, les yeux clos et de toute évidence inconscient. Les longs cils recourbés du gnome frémirent au rythme de sa respiration et les cheveux blond pâle retombaient sur son visage. Le tendre visage pâle avait un peu rougi sous l'effet de l'alcool, ce qui était tout bonnement une incitation à commettre un méfait.
« Ah là là, je me disais bien que cela allait arriver. »
Le Vieux John secoua la tête avec indulgence et rit du genre "Ah, les enfants".
« Les petits maîtres n'ont jamais bien supporté l'alcool. »
Choqué, Du Ze tint un Xiu rendu inconscient par l'alcool et sa vision du monde reçut un coup d'une ampleur inégalée.
Putain, ce n'est pas scientifique, ah ! Dans n'importe quel roman de fantasy, les nains sont toujours des ivrognes et sont du genre "tu me payes à boire et nous serons amis". Les nains qui apparaissent dans "Sang Mêlé" perpétuent aussi la tradition de l'alcool et la beuverie. Alors comment se fait-il qu'un gnome, qui est l'ancêtre du nain, roule sous la table après juste un verre ?!
Le Vieux John vit la confusion de Du Ze et expliqua :
« La consommation d'alcool peut faire trembler les mains. Les gnomes ont besoin d'être précis quand ils fabriquent leurs machines, voilà pourquoi les petits maîtres ne boivent pas. »
… C'était donc lié à leur talent racial. Du Ze regarda Xiu dans ses bras. Le seigneur Meng était tout sauf quelqu'un qui ne pouvait pas boire mais à cause de la constitution des gnomes qui était faible et s'enivrait facilement, il était tombé raide inconscient juste après un verre.
Dans l'état actuel du Seigneur Meng, il ne pouvait naturellement pas rester au banquet. Le Vieux John éloigna l'Archonte alarmé et les autres PNJ. Du Ze souleva Xiu et quitta le banquet pour regagner leurs appartements à deux chambres. Il entra dans la chambre de gauche avec Xiu sur le dos puis déposa le gnome endormi dans le grand lit moelleux. Ce fut alors qu'il entendit quelqu'un l'appeler.
« Messager de Dieu. »
La voix d'Éric lui parvint de derrière. Du Ze se retourna et vit l'Enfant Sacré blond à la porte qui lui adressait un sourire brillant.
Quand l'ennemi juré de votre bon ami vous appelle, que faîtes-vous ?
A : l'ignorer
B : lui répondre.
Pendant que Du Ze était tiraillé entre ces deux options avec une expression noble et détachée, Éric fit la seule et unique chose qui convainquit un certain adorable idiot de renoncer à se faire soigner et de choisir l'option B.
« Vous avez oublié votre livre. »
Dans les main d'Éric, un certain petit livre jaune maléfique brillait fortement.
[Système : Cher joueur, avez-vous laissé tomber le dōjinshi, votre intégrité morale ou le savon Pour la référence au savon, j'ai un peu peur de comprendre : on raconte que dans les prisons où les douches sont communes, il arrivent que certains font exprès de lâcher le savon. Comme ça, quand l'autre se penche pour le ramasser, il est en position idéale pour... Hum, je crois que mon intégrité morale est perdue elle aussi ! (1) ? ~ Veuillez répondre.]
Le champ de vision d'un certain adorable idiot se remplit aussitôt d'un gros WTF ?! Durant le banquet, il s'était assis avec le dōjinshi sous les fesses. La série d'événements qui s'était ensuivi lui avait fait ensuite complètement oublié l'existence de ce malfaisant !
Qui, par ailleurs, s'était fait à nouveau ramasser par le rival...
Éric s'avança et tendit le dōjinshi à Du Ze. Durant le processus de livraison, le jeune homme eut un aperçu de la couverture du livre érotique et il marqua une légère pause. Sa nuque devint rouge comme s'il se rappelait de quelque chose. Quand Du Ze leva les yeux sur lui, monsieur l'Enfant Sacré, qui le regardait toujours en face, évita son regard pour la première fois.
Du Ze... Du Ze ne voulait pas s'imaginer l'image qu'Éric avait de lui au fond de son cœur. Il se mit à jeter par terre toute intégrité morale : C'est quoi le problème avec un homme pervers ?!
Dōjinshi : Les enfants peuvent toujours apprendre. Idiome chinois qui veut dire qu'un enfant peut apprendre pour devenir ensuite un jeune homme prometteur et brillant. Ici, cela veut dire que Du Ze a bien retenu les leçons du dōjinshi ! (2)
En voyant Du Ze accepter calmement (gros malentendu) le dōjinshi, Éric reprit son attitude normale. Bien que sa peau soit encore rouge par endroits, le regard direct qu'il lança à Du Ze était rempli de la même résolution qu'avant, ainsi qu'une joie manifeste et de la révérence.
« Je peux enfin vous parler. »
Éric eut un sourire radieux puis jeta un bref coup d'œil à Xiu qui était inconscient au lit.
« Quand il est réveillé, je ne peux pas parler au Messager de Dieu. »
Du Ze attribua en silence trente-deux likes Pourquoi 32 ? C'est une référence à un chanteur chinois Yang Kun, une sorte de bad boy rebelle, alcoolique, dragueur, etc, qui avait annoncé qu'il ferait 32 concerts. Un autre chanteur chinois, Chris Lee, déclara qu'il lui mettrait un like par concert. C'est devenu un meme populaire en Chine. (3) à l'Enfant Sacré. Bien que ce dernier savait que Du Ze était un gentleman (pervers) qui transportait un petit livre jaune avec lui, il persistait à dire qu'il était leur sauveur. Du Ze hésita à savoir s'il pouvait demander discrètement des informations de sa part. À la base, c'était justement cet Enfant Sacré qui l'avait conduit au Temple de la Lumière pour voir le dieu de la Lumière.
« Votre Excellence, que faites-vous avec lui ? »
La voix d'Éric était très basse comme s'il avait peur d'offenser Du Ze ou alors de réveiller Xiu.
« Pourquoi ne pas détruire cette hérésie ?
– Il n'est pas une hérésie ! »
C'était certainement la première fois de toute sa vie que Du Ze contredisait quelqu'un aussi fort. La voix d'homme aux intonations subtiles vibra légèrement dans l'air comme des ondes à la surface de l'eau. Non seulement Éric en fut sidéré mais même celui qui avait parlé le fut.
« … Votre Excellence, mon dieu m'a tout dit. Il est bel et bien une hérésie, fit Éric d'un ton grave. Que ce soit la fusion entre le côté supérieur et inverse du Continent ou l'intégration du royaume des Dieux et du continent, le Continent du Chaos connaît un état chaotique tout ça à cause de son existence. »
La fusion entre les deux côtés du Continent du Chaos était clairement son chef-d'œuvre — enfin, plutôt le chef-d'œuvre du Xiu dans le roman d'origine de "Sang Mêlé", c'était plus logique. Quant à l'enchevêtrement entre le royaume des Dieux et le continent, c'était également la faute de ce Xiu-là. Du Ze estima que c'était n'importe quoi. Le dieu de la Lumière n'allait quand même pas reprocher tout ça au seigneur Meng, si ?
« Ce n'est pas le plus grave. Le plus terrifiant au fait qu'il soit une hérésie est : cet homme va détruire le Continent du Chaos ! »
Éric dévisagea Du Ze afin de ne pas rater le plus petit frémissement de l'homme aux cheveux noirs.
« Votre Excellence, vous le savez bien, n'est-ce pas... ? »
Bien sûr qu'il le savait . Que ce soit Yi Ye Zhi Qiu en dehors du roman ou bien le Couloir du Temps dans le roman, ils lui avaient tous deux montré sans détour la fin catastrophique, cependant —
« Et alors ?
– Messager... de Dieu ? »
Une expression d'incrédulité apparut sur le visage d'Éric, comme s'il ne pouvait pas croire que le Messager qu'il admirait tant puisse dire une chose pareille. Du Ze ne parut pas remarquer le choc du jeune homme. Il contempla plutôt ses cheveux blonds, une couleur sans aucune ombre et qui donnait toujours une bonne impression aux autres.
Il savait que quand quelqu'un se faisait trahir coup sur coup et se faisait rejeter un nombre incalculable de fois, que ce soit la valeur de son existence ou sa réalité, tout cela était récusé par les autres.
[Tout le monde se réjouira quand tu mourras.]
Alors ce malheureux ne savait plus qui il était. Il s'effondrait et s'isolait totalement du reste du monde. Comme il n'avait plus la notion d'existence et ne savait même plus dire s'il était vivant ou mort, il traitait tout le monde — y compris lui-même — comme un concept abstrait.
[Mais moi je ne me réjouirai pas. Alors pour que je sois heureux, tout le monde n'a qu'à mourir, hein?] avait dit le héros de "Sang Mêlé".
« S'il veut détruire le monde, je l'en empêcherai, » affirma Du Ze.
Les yeux d'Éric s'illuminèrent mais avant de pouvoir se réjouir, il vit le jeune homme aux cheveux noirs en face de lui dire d'un air glacial et impassible :
« Tu choisis de tuer tandis que moi je choisis de sauver, c'est toute la différence. »
Les yeux de Du Ze étaient brillants, purs et glaciaux, sans la moindre réprimande cachée de toute évidence. Cependant le cœur d'Éric se serra brusquement et un goût amer envahit sa bouche. Il n'aurait su dire si c'était de la colère ou de la honte.
— Aimer tout le monde et racheter les pécheurs ; amener les gens à croire en la lumière et ramener les égarés vers la lumière, n'était-ce pas ce que prêchait le Temple de la Lumière ?
Cet homme se moquait ainsi de lui.
« Je... je crois que mon dieu ne tournera pas le dos à quelqu'un qui recherche la lumière, » fit Éric afin de se justifier au mieux devant Du Ze.
Il tendit la main machinalement comme pour marquer un point.
« Toutefois — »
Slash — !
Éric retira brusquement sa main et jeta un coup d'œil à ses doigts par réflexe. Toutefois le bout de sa main n'avait pas été tranché par l'attaque — tout comportement agressif ici était sans effet. Le son de déchirure à l'instant n'était que le bruit de son adversaire qui avait fendu l'espace.
« Ne te l'ai-je pas déjà dit ? »
L'agresseur qui avait failli trancher les doigts d'Éric rétrécit ses yeux écarlates et ses oreilles comme des nageoires auriculaires s'écartèrent légèrement.
« Ne le touche pas, ordure ! »
La parole à l'auteur :
Auteur : J'adore voir les gens s'ouvrir l'un à l'autre.
Héros (entraînant le lecteur un peu plus loin) : Allons nous-ouvrir l'un à l'autre sans vêtements.
Lecteur : … Qu'est-ce qui a mal tourné ?! QAQ
Note de Karura : Ah, il est malin ce Xiu : il s'est transformé en dragon car il a le pouvoir de fendre l'espace. Il croyait que cela lui permettrait de contourner l'interdiction de se battre. Trop fort ! Mais ça n'a pas marché, tant pis !
Notes du chapitre :
(1) Pour la référence au savon, j'ai un peu peur de comprendre : on raconte que dans les prisons où les douches sont communes, il arrivent que certains font exprès de lâcher le savon. Comme ça, quand l'autre se penche pour le ramasser, il est en position idéale pour... Hum, je crois que mon intégrité morale est perdue elle aussi !
(2) Idiome chinois qui veut dire qu'un enfant peut apprendre pour devenir ensuite un jeune homme prometteur et brillant. Ici, cela veut dire que Du Ze a bien retenu les leçons du dōjinshi !
(3) Pourquoi 32 ? C'est une référence à un chanteur chinois Yang Kun, une sorte de bad boy rebelle, alcoolique, dragueur, etc, qui avait annoncé qu'il ferait 32 concerts. Un autre chanteur chinois, Chris Lee, déclara qu'il lui mettrait un like par concert. C'est devenu un meme populaire en Chine.
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