Extra 3 — La preuve diabolique
« Tu connais ce type de la fac d'informatique ?
– Tu veux parler de... ?
– Je crois qu'il s'appelle Du... Du Ce ? Du Ze ? Je me souviens, c'est bien Du Ze.
– Oh, tu parles de ce gars, ah. Bien sûr que je le connais ! J'ai entendu dire qu'il est un peu sourd et qu'il est bizarre. Il parle toujours tout seul et il fait des gestes un peu étranges. Les autres dans sa classe n'osent pas trop s'approcher de lui.
– Hé, hé, tu sais pourquoi ? Mon meilleur ami est dans la même fac alors je te le dis, mais ne le répète à personne : en fait, ce gars semble capable de voir des choses.
– Des choses ? … Tu veux parler de choses surnaturelles ?
– Bingo ! C'est pour ça qu'il parle toujours tout seul et que les gens près de lu l'évitent instinctivement. Tout ça à cause de ces choses.
– Tu y crois vraiment, à cette rumeur ?
– Ce n'est pas une rumeur, ah ! Tu sais que la semaine dernière, les membres de l'équipe d'athlétisme de la fac de commerce ont lancé un disque qui a fini par péter une vitre ? Du Ze, qui était près de la fenêtre, n'a pas eu la moindre égratignure.
– T'es sérieux, ah ?
– À ce moment, Du Ze était assis juste à côté de la fenêtre et mon pote l'a vu de ses propres yeux ! Les bouts de verre l'ont carrément évité !
– C'est incroyable ! »
Du Ze écouta la conversation entre les deux étudiants qui passaient dans le couloir. Il lança un regard à celui à côté de lui qui avait fait de lui une légende surnaturelle du campus.
Remarquant son regard, Xiu sourit et demanda :
« Un problème ? »
Du Ze commença à secouer la tête puis se rendit soudain compte que c'était justement le genre de gestes étranges dont avait parlé l'autre étudiant. Alors il s'immobilisa en plein mouvement. Depuis qu'il avait repris les cours, Xiu s'était rendu invisible et le suivait à la fac. Les autres ne pouvaient pas le voir mais ils évitaient instinctivement l'endroit où se trouvait Xiu. Ce fut ainsi que de nombreuses rumeurs étranges virent le jour.
Un certain adorable idiot réfléchit un moment. Au milieu des étudiants qui suivaient attentivement le cours, quelqu'un qui secouait la tête ou faisait des petits gestes sans la moindre raison, c'était normal de se dire que ce type n'avait pas pris ses médocs aujourd'hui et qu'il avait complètement disjoncté.
En outre, dès que Du Ze fit ce geste de secouer la tête, quelque chose de mauvais lui arriva aussitôt.
« Le jeune homme près de la fenêtre, fit le professeur de maths en tapotant du doigt sur le bureau. Je t'ai vu secouer la tête, tu as quelque chose à redire sur ce que je viens d'expliquer ? »
Sous le regard de toute la classe, le jeune homme aux cheveux noirs se leva avec un visage impassible et contempla le professeur de maths sans rien dire. L'enseignant fronça les sourcils et ouvrit la bouche pour le réprimander, cependant il sentit un danger inexplicable — comme si une bête sauvage était en train de le fixer. L'homme sentit soudain ses jambes faiblir et se soutint avec le bureau. Il fit avec un sourire crispé :
« Ass-assieds-toi, bah. »
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Dès que Du Ze s'abaissa à moitié, il se figea.
[Xiu...!]
Du Ze prononça sans un bruit le nom de l'Homme Bête derrière lui. Xiu, qui avait été assis à côté de lui jusqu'à présent, en avait profité pour se glisser derrière lui. Si Du Ze s'asseyait, il se retrouverait sur les genoux de l'autre.
Xiu tendit les mains pour le prendre dans ses bras. Afin de ne pas se faire remarquer dans la foule, Du Ze ne put que se coucher à moitié sur la table, le corps plié en deux. Comme il était au dernier rang, les accoudoirs des chaises étaient plus élevés alors on ne remarquait rien d'anormal.
[Lâche-moi.]
Xiu ne jeta qu'un coup d'œil au message de Du Ze sur un bout de papier. Non seulement il ne le lâcha pas mais la queue de l'Homme Bête s'enroula autour d'un des bras de Du Ze.
« C'est si ennuyeux de l'écouter, fit Xiu en caressant la nuque de Du Ze. Et si on faisait quelque chose de plus amusant ? »
[Je suis en cours.]
« Rentrons et je te ferai cours, fit Xiu d'un ton nonchalant. J'ai regardé ça hier sous ma forme humaine. Ce n'est pas difficile à comprendre. »
— Les meilleurs élèves vont te haïr ! Mon garçon, tu n'as pas idée du nombre d'élèves qui se sont pendus à un grand arbre (à cause des maths) !
« Ou bien je pourrai venir durant l'examen pour te donner les réponses. »
… Non, ne me tente pas aussi honteusement ! Le plus honteux était qu'il était vraiment tenté, ah !
Du Ze ne put que regarder la queue de Xiu refermer son livre de maths. La main de l'autre homme s'était déjà glissée sous sa chemise, caressant sa taille de long en large.
« Tu n'as pas besoin de bouger, fit Xiu en lui léchant l'oreille. Tu n'as qu'à me sentir.
– … ! »
Du Ze se coucha sur la table en se cachant le visage dans les bras afin de ne pas montrer la moindre expression bizarre et de ne pas faire le moindre bruit bizarre. Pour être honnête, Xiu se montra très raisonnable. Il se contenta de le prendre dans ses bras, d'embrasser, de lécher et de mordre — Ne laisse pas de marques si visibles, ah, seigneur Meng !
« Du Ze, tu as mal dormi cette nuit ? Je t'ai vu couché sur la table durant tout le cours, » demanda le délégué venu à la fin du cours pour récupérer les devoirs.
Le regard de Du Ze qui était glacial en apparence mais triste en réalité dériva sur le côté.
« … Je n'ai pas bien dormi. »
C'était la pure vérité.
« Ça se voit, fit le délégué en hochant la tête d'un air compréhensif. Ce sont les moustiques qui t'ont embêté toute la nuit, c'est ça ? Tu as des marques rouges sur toute la nuque. »
Du Ze cacha automatiquement sa nuque d'une main. Il entendit le léger rire du gnome perché sur son dos et le haut de ses oreilles devint tout rouge.
Après y avoir soigneusement réfléchi, Du Ze décida de proposer une toute petite, hum, suggestion à Xiu.
« Me rendre visible ? » répéta Xiu.
Du Ze hocha la tête d'un air très sérieux. C'était la contre-mesure à laquelle il avait abouti après toute une nuit durant laquelle il avait été sévèrement puni par le seigneur Meng qui n'appréciait pas qu'il soit distrait. Du moment que Xiu était visible aux yeux des autres, alors naturellement il ne pouvait lui faire aucune chose comme ça directement en public. Un autre avantage était que la majorité des formes de Xiu ne pouvaient pas être visibles en public. Que ce soit l'Homme Bête, l'elfe ou le dragon, il faudrait les déguiser alors. Il était complètement impossible de laisser les gens voir l'ange ou le démon. Du coup, seules les formes d'humain et de mort-vivant pouvaient être utilisées.
Xiu sous sa forme humaine était de très bonne compagnie, songea Du Ze avec satisfaction en faisant tomber une bille de son boulier mental, tandis que Xiu sous sa forme de mort-vivant avait toujours pris soin de ne pas le tourmenter. Avec ce plan, c'était comme faire d'une pierre deux coups, c'était parfait —
… Tu parles !
Un certain adorable et stupide lecteur avait totalement oublié l'effet dévastateur de l'apparence de son seigneur Meng. Yi Ye Zhi Qiu avait créé un personnage qui était une arme de destruction massive à lui tout seul. Quand Du Ze et le jeune homme blond portant une tenue décontractée se rendirent ensemble en cours, un certain adorable idiot se retrouva incapable d'avancer.
« Hé toi, tu es dans quelle fac ?
– On peut être amis ? Voici mon numéro ! »
…
« Ah, je t'ai vu en rêve ! »
Du Ze contempla en silence le jeune homme excité — oui, c'était un jeune homme. Celui qui venait de déclarer que Xiu était l'homme de ses rêves était clairement un jeune homme. Est-ce que le charme initial du Seigneur Meng avait atteint le point où il touchait les hommes comme les femmes... ?
Xiu ne dit rien et tira Du Ze plus loin. Sous l'aura de Xiu, personne n'osa arrêter le jeune homme blond.
Bien qu'il soit en train de s'éloigner, Du Ze put encore entendre l'autre jeune homme crier au loin :
« Je t'ai vraiment vu — tu ne cherchais pas quelqu'un du nom de Du Ze à l'époque — ? »
… ?
Du Ze se tourna brusquement vers Xiu. Ce dernier lui sourit et expliqua calmement :
« Effectivement, il m'a vu — parce que je l'ai invoqué une fois. »
In... voquer ?
Les deux jeunes hommes se regardèrent et Du Ze demanda :
« Tu as donc invoqué d'autres personnes ?
– En, répondit Xiu. C'est comme ce qu'a fait le Dieu de la Création en te faisant venir dans mon monde. Je voulais tellement te revoir que je n'ai pas arrêté d'invoquer des gens de ce monde dans l'espoir de te retrouver. Mais la condition ne devait pas être la bonne car je n'ai jamais réussi à te faire venir. »
…, ... Hé ?!
Du Ze fut frappé par l'illumination. Au départ, il avait été si absorbé par sa propre peine et ses remords qu'il n'avait pas réalisé ça — puisque le Dieu de la Création avait pu l'invoquer dans le monde de "Sang Mêlé", il n'y avait pas de raison pour que Xiu, devenu le Dieu Suprême, ne puisse pas y y parvenir aussi !
— Non ! Du Ze fronça les sourcils. Il se rappela d'un point capital : ce n'était qu'il pensait que le pouvoir de Xiu était inférieur à celui du Dieu de la Création mais qu'il y avait une différence fondamentale entre les deux —
« Tu connais donc... »
Du Ze ouvrit la bouche avec hésitation mais aucun pouvoir invisible ne vint l'empêcher de parler :
« La vérité du monde... ? »
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Si une grenouille au fond d'un puits voulait faire venir une grenouille qui se trouvait dans la mare, elle devait d'abord comprendre qu'il existait des grenouilles en dehors du puits et réaliser que le monde ne s'arrêtait pas au ciel qu'elle pouvait voir du fond du puits. La vérité semblait aussi transparente qu'une feuille de papier fine mais sans une aide extérieure, il était difficile pour les gens à l'intérieur de voir au travers. Voilà pourquoi les Règles avaient empêché Du Ze de parler à tout prix jusqu'au dernier moment, parce qu'une fois que la vérité de ce monde serait connue, elle serait décortiquée, observée et même transpercée.
« En, répondit Xiu en tendant la main pour retirer une feuille tombée sur la tête de Du Ze. J'ai détruit le monde, ce qui m'a permis de découvrir la vérité de ce monde. »
Les informations contenues dans ces deux courtes phrases firent serrer la gorge de Du Ze. Depuis que Xiu lui était revenu, aucun des deux n'avait rien dit à propos du monde de "Sang Mêlé". Leur période de séparation semblait être un sujet tabou dont on ne devait pas parler et qu'on ne devait pas approcher.
Il aurait voulu demander à Xiu ce qui lui était arrivé après son départ. il aurait voulu lui demander s'il avait réellement détruit le monde. Il aurait voulu lui demander comment il avait fait pour venir. Il avait tant de questions qu'il aurait voulu poser, toutefois sa vie actuelle était si heureuse qu'il n'avait pas voulu déterrer les squelettes cachés sous ce bonheur.
« Après avoir découvert la vérité du monde, poursuivit Xiu, j'ai commencé à essayer de passer entre les mondes mais je n'avais pas l'habilitation — en fait, je n'avais pas l'autorisation du créateur de ce monde, je ne pouvais donc qu'attendre. Ce fut pendant ce temps que j'ai maîtrisé l'art de l'invocation. »
Xiu raconta cela d'un ton léger mais Du Ze se rappela de la vision qu'il avait eue avant. Il sentit un grand froid glacé envahir son cœur.
Xiu se tenait là. La brise joua gentiment avec se cheveux blonds dont les pointes devinrent dorées avec la lumière du soleil. Son visage splendide semblait trop parfait pour être réel — et effectivement, il ne venait pas de cette réalité.
« Qu'est-ce, qu'est-ce qui t'est arrivé ? » demanda Du Ze.
Xiu le contempla un moment puis secoua la tête.
« Cela n'a aucune importance. »
— Cela n'a plus aucune importance.
Le cœur de Du Ze se serra à lui faire mal. Il regarda Xiu qui avait l'air calme. Une telle réponse ne pouvait que mettre les gens mal à l'aise, pire encore que s'il avait répondu "ce fut horrible".
Conscient de la détresse de Du Ze, Xiu caressa sa nuque, sourit et le réconforta :
« Nous sommes ensemble à présent. »
— Oui, ils étaient désormais ensemble alors il n'y avait plus besoin de s'inquiéter ou de chercher encore à s'enfuir.
Du Ze ouvrit ensuite la bouche et la voix qui en sortit fut étrange, presque comme sortie d'une vieille radio. Il répéta :
« Tu as vraiment détruit le monde... ? »
Avant qu'il ne s'en rende compte, il avait déjà posé la question. Xiu ne répondit pas directement mais posa plutôt une autre question :
« Tu connais la Preuve de la Non Existence ? Dans ce monde, on appelle ça la Preuve Diabolique. »
Voyant que Du Ze secouait la tête, il expliqua :
« Le diable est une créature imaginaire dans ce monde. Si tu veux prouver son existence, c'est très facile : il te suffit d'en trouver un et ce sera la preuve parfaite. Par contre, il est quasiment impossible de prouver que le diable n'existe pas parce que même si tu cherches dans le monde entier sans trouver le moindre diable, cela ne prouve rien. Il se pourrait que le diable se cache quelque part où tu ne l'as pas vu. Les gens qui pensent que le diable existe pourraient arguer que c'est juste que tu ne l'as pas encore trouvé — j'ai toujours cru en ton existence et que c'était juste que je ne t'avais pas encore retrouvé. Alors j'ai fouillé tout le Continent du Chaos pendant des milliers d'années mais j'ai été incapable de te retrouver. »
Les yeux bleus de Xiu s'assombrirent.
« J'ai donc continué à te chercher, fit Xiu sans entrer dans les détails. Jusqu'au jour je me suis rappelé d'un indice à ton sujet : avant ta disparition, le Dieu de la Création m'avait dit que je regretterais de l'avoir tué — je le regrettais vraiment alors j'ai rassemblé les fragments de sa conscience pour le ramener à la vie. Son fragment m'a dit qu'il était le seul au monde à savoir où tu te trouvais et que si je détruisais le monde, il te rendrait à moi. »
Une touche de cruauté orna les lèvres du jeune home blond mais cela ne fit que rendre encore plus réel cet homme trop parfait.
« Comme je n'arrivais pas à te retrouver, j'ai détruit le monde. »
La connexion logique entre ces deux propositions semblait simple et pourtant si lourde de conséquence. La respiration de Du Ze s'arrêta un moment. Il se rappelait de ce qu'il avait vu dans ses rêves et dans le Couloir du Temps. Bien que cela était à présent un sombre passé, à l'époque Du Ze n'avait pu qu'observer l'impuissance et le chagrin de Xiu sans pouvoir intervenir. Un peu tard, Du Ze ne put s'empêcher de le mettre en garde :
« Il t'a menti...
– Je le savais. »
Comme si un nuage noir passait dans le ciel, les yeux bleus de Xiu s'assombrirent. Il tendit la main pour caresser la nuque de Du Ze avec affection et envie de contrôler, comme si c'était pour se rassurer soi-même et se contrôler.
« Je ne fais confiance à personne, à part toi — mais je devais quand même détruire le monde pour vérifier ta non existence, comme pour prouver l'existence du diable. J'ai commencé à détruire le monde petit à petit afin de réduire les endroits où tu pourrais te cacher, jusqu'à ce qu'il ne te reste plus aucune cachette possible. »
Du Ze frémit involontairement. Les paroles de cet homme étaient comme une cage en or qui se tissait autour de lui, la structure qui spiralait autour de lui, réduisant toute sa liberté de mouvement. Il l'avait toujours su. L'homme à côté de lui avait l'air tout à fait normal mais cela prouvait à quel point il ne l'était pas. Il était comme une étoile au bord de l'explosion : son pouvoir infini était compressé jusqu'à un certain point et il suffisait qu'on retire le moindre atome ou qu'on arrive au point de basculement pour qu'il libère son énergie dévastatrice. Toutefois, cette force avait beau se rétrécir ou s'étirer terriblement, tant qu'il n'y avait pas de point de basculement, il resterait toujours dans cet équilibre précaire. Du Ze était le point de basculement, alors il protégeait en permanence et de son plein gré cet homme déjà fou.
« En détruisant le monde, j'ai vérifié ta non existence — puisque ce monde ne te contenait pas et en me rappelant que tu étais particulier, j'ai fini par réaliser que tu venais sûrement d'un endroit hors du monde, fit doucement Xiu. Voilà comment j'ai découvert la vérité du monde. »
Le Dieu de la Création avait découvert la vérité de ce monde car il ne pouvait plus se souvenir de son propre commencement. Xiu avait découvert la vérité de ce monde grâce à son pouvoir absolu et son souvenir de lui.
Du Ze ouvrit et referma la bouche plusieurs fois sans savoir que dire. Les doigts de Xiu bougèrent de la nuque de Du Ze à son visage, caressant tendrement sa joue.
« Comme je ne pouvais pas te trouver dans ce monde, j'allais te chercher en dehors du monde. Après avoir découvert la vérité de ce monde, j'ai commencé à percevoir les Règles au delà du monde. »
Les yeux de Xiu se fermèrent légèrement, comme s'il se rappelait de cet moment.
« Il y avait tant, tant de règles. Des règles pour percevoir ce monde, des règles pour invoquer dans ce monde... et des règles pour sortir de ce monde. »
Un léger souffle de vent se fit alors sentir, comme s'il voulait emporter la voix de Xiu et effacer ainsi ces paroles hérétiques.
« Ayant connaissance de la vérité de ce monde, je suis devenu un voyageur entre monde. J'ai attendu la permission du créateur de mon monde et j'ai pu venir ici. »
Dans ces deux courtes phrases, il décrivait les trois conditions pour sa venue en ce monde. Du Ze en fut si choqué qu'il en resta muet. Viviane et les autres n'auraient pas pu venir ici parce qu'ils ignoraient qu'il existait un monde au dessus du leur ; le Dieu de la Création n'avait pas pu venir ici car il n'était pas un voyageur entre monde et n'avait pas les Règles pour le protéger, donc il était condamné à périr ; seul Xiu, le héros de "Sang Mêlé", pouvait vivre éternellement dans son monde. Après avoir appris la vérité du monde, Xiu n'avait plus qu'une seule condition à remplir — obtenir l'autorisation du créateur de son monde.
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Dans les ténèbres qui recouvraient tout, Xiu avait simplement attendu une autorisation qui aurait très bien pu ne jamais venir ? Quand Xiu avait attendu quatre ans en dehors de la Roue du Temps, il avait déjà perdu l'esprit. À en juger par la différence de temps entre les deux mondes, comment avait-il pu supporter cette attente presque infinie ?
Du Ze n'osait pas y songer parce que c'était bien trop douloureux.
Rien qu'en songeant au néant et aux ténèbres après la destruction du monde, il était déjà en train de suffoquer.
« Pourquoi... »
La voix de Du Ze semblait pressée hors de sa gorge, sèche et rauque.
« … tu avais besoin d'une... autorisation ? »
Ce n'était pas vraiment une question, il avait juste marmonné ça pour lui-même, rempli de chagrin et d'indignation. Toutefois, Xiu lui répondit :
« À cause des Règles. »
Le vent soufflait de plus en plus fort mais malgré le bruissement des feuilles, la voix de Xiu resta d'une clarté incomparable.
« L'autre monde a ses Règles tout comme ce monde a les siennes. Dans l'autre monde, les Règles stipulent qu'il doit y avoir deux lunes tandis qu'ici, les Règles stipulent qu'il n'y a qu'une seule lune dans le ciel nocturne. Dans l'autre monde, les Règles stipulent que le Continent du Chaos est suspendu dans le vide tandis que dans ce monde, elles stipulent que la Terre existe dans l'Univers. Dans l'autre monde, les Règles stipulent qu'un être peut devenir un dieu sous certaines conditions tandis qu'ici, elles stipulent qu'il faut remplir les trois conditions afin de pénétrer dans ce monde. »
Xiu poursuivit avec un léger rire :
« Les Règles de chaque monde sont déterminées par un plan supérieur. Peu importe qu'elles soient déraisonnables, même s'il s'agit de destruction immédiate et de renaissance, du moment que le créateur l'écrit C'est là qu'il faut se rappeler d'un message écrit par Yi Ye Zhi Qiu qui a donné la permission à Xiu de venir dans ce monde. Tout ça grâce au commentaire de Du Ze ! (1), ce sont les Règles. »
Du Ze resta sidéré à ces mots. Il contempla le ciel d'un air vague et frémit comme s'il venait d'entrevoir la vérité sur un certain tabou.
Xiu contempla l'expression un peu sombre de Du Ze.
« À quoi tu penses ?
– Ariel, Énoch... que leur est-il arrivé ? »
Même si Xiu n'avait pas détruit le monde, les gens qui étaient avec lui devaient être morts après tout ce temps.
« Tu veux les voir ? » s'enquit Xiu.
Du Ze hocha la tête automatiquement.
« Alors ferme les yeux. »
Du Ze obéit machinalement à l'ordre de Xiu. Même les yeux fermés, il put sentir la lumière à travers ses paupières s'assombrir d'abord puis devenir extrêmement brillante tout à coup.
« Tu peux les rouvrir. »
Du Ze rouvrit les yeux et contempla l'opulente cité au style baroque qui s'offrait à lui. Il en perdit ces mots.
C'est... la Ville du Ciel ?
Les pupilles de Du Ze se rétrécirent soudain et il regarda attentivement de l'autre côté, où un groupe de gens semblait attendre en s'ennuyant. Quand le voleur aux cheveux courts parmi eux le remarqua, son visage s'anima aussitôt.
« Hé, pourquoi vous avez mis si longtemps pour revenir ? Ce grand voleur a failli prendre racine.
– Petit maître, maître Du Ze, cela faisait longtemps.
– Maître Xiu / Votre Altesse, vous êtes enfin de retour. »
[Du Ze, tu m'as tellement manqué. ^^]
« Cui, cui ~ »
Un oiseau rouge doré descendit du ciel lumineux et atterrit doucement sur l'épaule de Du Ze. Le phénix de feu regarda sa mère piaf qui lui avait tellement manqué et frotta sa petite tête contre la joue de Du Ze. Ce dernier fut hébété en voyant tout ça. Il tourna la tête presque par réflexe et regarda bêtement le jeune homme blond à ses côtés, ses pensées confuses.
« Quand j'ai quitté ce monde, j'en ai rencontré le créateur. »
Xiu baissa légèrement la tête et plongea sans regard dans les yeux noirs de Du Ze. Son regard contenait de la satisfaction et une pointe de rébellion.
« Je lui ai pris les droits créatifs de ce monde. »
Le Dieu Suprême de ce monde embrassa le front du jeune homme aux cheveux noirs et accueillit son seul et unique amour :
« Bon retour ici, Du Ze. »
Jin Yi attrapa enfin une certaine bête ah ah à une réception d'auteurs. Face à son éditeur qui était venu régler leurs comptes, Yi Ye Zhi Qiu fit simplement d'un ton aimable :
« J'ai donné "Sang Mêlé" à quelqu'un d'autre.
– Qui ça ?!
– Le héros de "Sang Mêlé".
– ... »
Jin Yin en resta sans voix.
« Vous insistez encore avec votre idée hallucinante que "ce monde est un roman" ? Si vous comptez démarrer une nouvelle histoire à ce sujet, je suis avec vous de tout cœur. »
Yi Ye Zhi Qiu fit son ah ah puis demanda :
« Vous avez déjà entendu parler du concept du "cerveau dans une cuve" Concept présenté par le philosophe américain Hilary Putnam en 1981. (2) ?
– C'est quoi encore ?
– Imaginez que votre cerveau soit extrait de votre corps par un scientifique fou et placé dans une cuve avec une solution nutritive afin de garder votre cerveau en activité. Les terminaisons du cerveau sont connectées à un ordinateur. Cet ordinateur envoie des influx nerveux à votre cerveau en suivant le programme, de sorte que vous avez l'impression que tout est complètement normal. Pour vous, les gens, les objets, le ciel — le monde entier existe et vos propres mouvements et sensations physiques sont intégrées. Votre mémoire entière peut également être téléchargées ou bien on peut modifier une partie de vos souvenirs, intégrant un merveilleux premier amour ou un scandale difficile à oublier. »
Yi Ye Zhi Qiu fixa Jin Yi qui était complètement ébahi.
« Alors, comment pouvez-vous être sûr que vous n'êtes pas dans cette situation actuellement ?
« Comment pouvez-vous être sûr... que vous n'êtes pas dans un roman ? »
FIN
La parole à l'auteur : Après un an, ce vilain auteur a enfin ajouté les extra (tu devrais avoir honte de dire ça !). Cela explique principalement comment Xiu est arrivé dans ce monde et comment les choses se sont finies pour Xiu dans l'autre monde. C'est très chargé en souvenirs, ah =w=
Note de Karura : En fait, j'ai vu trois versions différentes de cet extra, avec plus ou moins d'explications. J'ai donc fait un petit mix entre les trois. Cela concerne la partie où Xiu explique à Du Ze comment il est venu dans ce monde.
Sinon, il y a encore un autre extra en deux chapitres mais il se passe dans l'univers d'un autre roman de Tui. Xiu et Du Ze apparaissent seulement en guest stars et cela ne révèle rien d'intéressant. Du coup, je ne le traduirai pas.
Cette histoire est terminée ! C'est mon premier projet le plus ambitieux et je suis fière de l'avoir mené jusqu'au bout. J'espère que vous avez aimé les aventures de Du Ze et Xiu !

Notes du chapitre :
(1) C'est là qu'il faut se rappeler d'un message écrit par Yi Ye Zhi Qiu qui a donné la permission à Xiu de venir dans ce monde. Tout ça grâce au commentaire de Du Ze !
(2) Concept présenté par le philosophe américain Hilary Putnam en 1981.
Commentaires :
Phinou a écrit le lundi 01 Novembre 2021 à 14:58:32
super j'ai adoré, merci d'avoir partagé cette histoire avec nous du début a la fin
Karura Oh a écrit le mercredi 03 Novembre 2021 à 10:36:43
Merci beaucoup !
C'était du boulot mais je suis contente que ça plaise.
Sucre a écrit le samedi 10 août 2024 à 4:49
❤❤❤❤❤❤👏👏👏