Le Prince Solitaire 6 20

Chapitre Vingt : Introspections


Kurojū, huitième mois de l'année 2454


À Kurojū, quelques jours après le départ du Second Prince, Seiryū finissait de dîner avec son père dont l'humeur était massacrante depuis l'annonce de la retraite spirituelle de Haruni.

« Voilà sa dernière invention pour passer des mois loin du palais ! pesta le général. Bon, au moins, je n'aurai pas à parcourir l'Empire à sa recherche cette fois ! »

Jamais il ne digérerait la première fugue de Haruni à cause de laquelle il avait dû traverser deux fois l'Empire pour le retrouver. Seiryū posa calmement son bol vide.

« Je ne comprends pas, Père. Le Second Prince a bien le droit à une retraite spirituelle après l'épreuve qu'il a vécue, non ?

Quelle épreuve ?! rétorqua Kenryū en lâchant un rire bref. Tu as entendu son soi-disant récit devant le Conseil : il n'y a eu que des “détails insignifiants” selon ses propres mots. Même toi, tu n'avais rien à dire ! »

Seiryū se raidit et songea :

« Ce n'est pas parce que je n'ai rien dit que je n'avais rien à dire ! »

Cependant, son serment le contraignait toujours au silence.


« Il a mentionné un tigre, rappela-t'il.

Tu parles ! J'imagine que cette ordure de Gorō lui a juste fait peur en menaçant de le livrer en pâture à un pauvre tigre minuscule et famélique ! »

Le Firal serra les dents alors que la scène réelle se rejouait dans sa tête. Cela n'avait strictement rien à voir !

« Non, reprit Kenryū en fronçant les sourcils, je suis sûr que le bâtard a des intentions cachées en s'éloignant du palais. Il sait que les prêtres ne le surveilleront pas autant que mes hommes ici. Dommage que je ne puisse pas envoyer des espions à Myūjin ! »

Le visage de Seiryū s'assombrit devant l'appellation injurieuse. Avant, cela ne l'avait jamais dérangé que son père parle du Bâtard Hikari ou du prince bâtard. Mais à présent, il estimait que ce n'était pas du tout justifié. Après tout, Haruni n'avait jamais tenté de faire le moindre mal à la famille impériale. Au contraire, il s'était sacrifié pour assurer la fuite de son frère. Mais ça, Kenryū ne le voyait pas et ne le verrait jamais. Seiryū commençait à se rendre compte que quoi que faisait le Second Prince, Kenryū le dénigrait systématiquement en lui prêtant des intentions cachées. Il en avait toujours été ainsi, sauf que Seiryū n'y voyait aucun mal avant.


Le repas fini, le jeune homme regagna ses appartements pour y trouver Kenshirō qui l'accueillit avec un sourire en se jetant dans ses bras.

« Seiryū, tu en as mis du temps pour revenir !

Désolé, je ne savais pas qu'on devait se voir. »

Kenshirō l'embrassa légèrement.

« C'est parce que je voulais te faire la surprise ! »

Seiryū hocha la tête et se libéra de l'étreinte. Un peu vexé par son manque de réaction, Kenshirō poussa un soupir exagéré. Le Firal l'ignora pour retirer sa tunique et passer une tenue plus décontractée. Kenshirō avait déjà commandé aux servants de préparer du thé, alors Seiryū s'assit à la table basse et se servit une tasse en silence.

Œuvre originale écrite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé mon histoire !

Kenshirō prit place en face de lui et se servit à son tour, tout en l'observant entre ses cils. Depuis son retour de Dekita, Seiryū avait changé : il était plus renfermé et taciturne. Au départ, cette attitude qui semblait plus mâture avait beaucoup plu à Kenshirō, sauf qu'il sentait désormais une certaine distance entre eux deux. Il avait beau tenter de se rapprocher de son amant, à la fois physiquement et mentalement, cette distance restait. Seiryū ne le repoussait pas, mais il ne l'accueillait pas non plus. Cela commençait à devenir inquiétant. Leur relation durait depuis huit ans, signe de stabilité, et Kenshirō souhaitait que cela continue. Il espérait même une Union avec Seiryū, quoique pas dans l'immédiat. Par conséquent, il voulait remédier à cette situation problématique le plus tôt possible.


« Seiryū, dis-moi ce qui se passe, » le supplia-t'il.

Il lui prit la main et la caressa tendrement. Seiryū ne le regarda pas, mais son visage s'assombrit.

« Je ne vois pas de quoi tu parles, répondit-il.

Tu n'es plus le même depuis ton retour de cette guerre. Je vois bien que ça t'a profondément affecté, alors pourquoi tu veux faire comme si de rien n'était ? Parle-moi, allez, je veux être là pour toi ! »

Son regard gris convoya tout son amour pour le Firal ainsi que sa volonté de l'aider. Seiryū se tourna un peu vers lui, mais resta inébranlable.

« Il n'y a rien à dire, » fit-il simplement.

Kenshirō faillit hurler de frustration : c'était la même réponse à chaque fois qu'il tentait de le faire parler.

« S'il n'y a rien à dire, maugréa-t'il, pourquoi tu en fais des cauchemars ? »


Cela fit enfin réagir le Firal : Seiryū pâlit et se figea.

« Des… cauchemars ?

Tu as tendance à parler en dormant. Là au moins, tu es honnête ! » commenta son amant avec un sourire amer.

Seiryū en frémit. Et s'il venait à rompre son serment durant son sommeil ? Cela compterait-il aux yeux des Dieux ?

« Qu-qu'est-ce que j'ai dit ? s'enquit-il, de la sueur froide coulant le long de son dos.

Pff, surtout des “votre Altesse”, “pardonnez-moi”, “je croyais bien faire” et ainsi de suite. Cela a vraiment l'air de te tourmenter. »

Un peu rassuré, Seiryū recommença à respirer. Kenshirō l'observa, les yeux plissés.

« Franchement, qu'est-ce qui s'est passé avec le bâtard ?

Kenshirō ! » s'emporta le Firal en libérant sa main et en tapant sur la table avec.

Un peu déconcerté, l'autre jeune homme répliqua :

« Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ?!

Parle plus respectueusement du Second Prince ! »

Seiryū devait déjà endurer les injures de la part de son père car il ne pouvait rien lui dire, mais il était hors de question qu'il laisse aussi son amant faire !


Kenshirō le fixa avec de grands yeux avant d'éclater de rire. Seiryū le regarda avec indignation.

« Ah, Seiryū, tu es vraiment trop drôle ! finit par dire son amant en ressuyant ses larmes d'hilarité.

Je ne plaisante pas, Kenshirō, » rétorqua-t'il, les dents serrées.

Confus, Kenshirō le dévisagea avec incrédulité avant de se rendre compte qu'il était effectivement très sérieux. Il prit alors un air hautain.

« Cela ne t'avait jamais dérangé jusqu'à présent, nota-t'il. Tu es donc devenu un partisan de… du Second Prince ?

Non, fit Seiryū, calmé par l'effort de l'autre jeune homme, mais ces appellations ne sont vraiment pas méritées. »

Cela lui valut un autre regard scrutateur.

« Que s'est-il passé avec le Second Prince ? Pourquoi tu lui demandes pardon jusque dans tes rêves ? demanda Kenshirō avec insistance.

C'est… Ce n'est rien qui te concerne. »

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La réponse ne fut clairement pas au goût du jeune homme.

« Dans la mesure où cela t'affecte à ce point, cela me concerne aussi ! affirma-t'il. Je veux que tu redeviennes joyeux et enjoué, comme avant ton départ ! »

Seiryū le fixa avec compréhension. Vu de l'extérieur, Kenshirō pouvait paraître indiscret et égoïste, mais cela partait toujours d'un bon sentiment. Hélas cette fois, les choses étaient plus graves. L'expérience vécue par Seiryū l'avait fait mûrir et avait changé son point de vue sur les gens qui l'entouraient, ainsi que sur lui-même. Au contraire, Kenshirō était resté le même. Ce n'était donc pas étonnant qu'ils ne se retrouvaient pas.

« Kenshirō, souffla-t'il, je ne peux pas redevenir comme avant. »

À vrai dire, il ne le souhaitait pas non plus !


L'autre jeune homme arbora une expression stupéfaite avant de se reprendre. Il remit en arrière une mèche violette.

« Oui, je comprends. Ce que j'ai dit est stupide. Par contre, j'aimerais vraiment que tu te confies à moi afin que je te comprenne mieux. Je me fais tellement de souci pour toi ! »

Seiryū ne put que secouer la tête en repoussant une fois de plus son aide.

« Ce que j'ai vécu là-bas… C'était la guerre. Tu ne peux pas comprendre.

Mmph, parce que je ne suis pas un guerrier ? se vexa Kenshirō. Tu préférerais en parler avec le Second Prince alors que ce gamin dormait pendant la bataille ? Ah, tu parles d'un guerrier !

Kenshirō ! » s'écria de nouveau Seiryū, blême.

Il était mortifié à chaque fois qu'il entendait ça. Il fallait dire que le palais raffolait de cette histoire : le fier Second Prince qui se croyait toujours meilleur que les autres, faisant la grasse matinée au lieu d'aller combattre ! Seiryū ne pouvait absolument rien faire pour rétablir la vérité et cela lui déchirait le cœur.


Kenshirō lança un regard de défi à son amant.

« Tu ne supportes même plus qu'on dise du mal du Second Prince. Il te plaît ou quoi ?

Retourne chez toi ! répliqua Seiryū, le visage sévère. Je ne veux plus te voir pour le moment ! »

Le visage de Kenshirō s'empourpra de colère, mais il se retint de faire une scène. Il se releva et quitta la pièce d'un pas lourd, sans saluer le Firal. Seiryū desserra les poings dès qu'il fut de nouveau seul. Il n'avait vraiment plus la patience pour les crises de jalousie de Kenshirō. Ce qu'il trouvait autrefois adorable était devenu pénible. Peut-être était-ce le signe que leur relation avait fait son temps ?


~*~

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Le lendemain, le silence glacial entre les deux amants fut aussitôt perçu par leurs amis qui furent mal à l'aise. Ce n'était pas rare que le couple se dispute, mais cela n'avait jamais duré plus de quelques minutes, ils se réconciliaient à chaque fois très vite ! Là, ce devait être nettement plus grave. Kenshirō et Seiryū se tenaient éloignés le plus possible l'un de l'autre, laissant leurs amis obligés de faire le choix compliqué de savoir avec qui ils voulaient aller. Au final, Tomuki, Hamoto et Shitaro firent des allers-retours entre les deux toute la journée, ce qui devint vite épuisant.

« Seiryū, se risqua à demander Tomuki alors qu'ils étaient seuls sur le chemin de la bibliothèque, que s'est-il passé entre Kenshirō et toi ?

Ne t'occupe pas de ça, éluda le Firal. Dis-moi plutôt, tu as des nouvelles de ton frère ?

Haruni ? fit le Premier Prince d'un ton surpris. Il est en retraite spirituelle, alors je ne risque pas d'avoir de ses nouvelles pendant un moment ! »

Le jeune homme se mordit les lèvres, ses yeux azur s'assombrissant. Le brusque départ de son petit frère l'avait blessé.


Seiryū lui tapota l'épaule. Il ne cessait de chercher les raisons qui avaient bien pu pousser Haruni à entrer en réclusion, et il y en avait beaucoup. Ce pouvait être à cause des souffrances qu'il avait endurées à la caserne de Tomako. Ce pouvait être à cause de l'intervention des Dieux, d'où son besoin de se rapprocher d'Eux. Ce pouvait être encore… Seiryū sentit soudain la panique l'envahir : et si c'était parce que l'infection avait fini par emporter le bras de Haruni et qu'il prenait le temps de s'en remettre ? Ou bien qu'il n'allait plus jamais réapparaître au palais ? L'envie de galoper jusqu'à Myūjin le saisit soudain, juste pour s'assurer que Haruni allait bien. Il inspira profondément pour se calmer et se raisonner : Haruni ne voudrait pas le voir. Haruni ne voulait plus rien avoir à faire avec lui. Haruni était toujours en colère contre lui. Seiryū ne pouvait strictement rien y faire, à part attendre que l'autre revienne, ce qui pourrait prendre de longs mois. Cette perspective était terrible.


~*~


De son côté, Haruni avait passé plusieurs jours dans un état semi-comateux. La fièvre avait brusquement empiré, comme si elle avait attendu le moment où l'adolescent se relâcherait un peu. Cela n'avait rien d'étonnant, vu que Haruni avait forcé et ne s'était pas autorisé le moindre véritable repos. Kuji poursuivit le traitement tout en se disant que c'était une chance que le Second Prince soit inconscient. Comme ça, il ne sentirait pas les vers et il ne se plaindrait pas de rester alité en permanence. Le prêtre Maru avait plusieurs fois assisté au changement des pansements et il ne se départait pas de son air écœuré. Il n’attendait qu’un mot de la part du Grand Prêtre pour prendre la relève, mais Amonji préférait attendre encore. L’état du Second Prince n’empirait pas, hormis pour la fièvre persistante.


Lorsqu’il reprit connaissance, Haruni se sentit extrêmement faible, mais l’esprit un peu plus lucide.

« Votre Altesse, fit doucement Kuji à côté de lui, comment vous sentez-vous ?

Réveillé, répondit-il simplement. Cela fait combien de temps ?

Six jours. »

Haruni lui renvoya un regard incrédule et consterné.

« Tu es sûr que tu ne m’as pas donné de somnifère ? fit-il d’un ton lourd de sens.

Non, votre Altesse ! se défendit vivement le moine. Jamais je ne vous aurais désobéi ! »

Bien que sceptique, Haruni soupira et passa à autre chose :

« Bon, que devient mon bras ? »


Il se redressa un peu, entravé par les liens de cuir malgré son inconscience. Kuji était justement en train de défaire les pansements pour renouveler les vers. Haruni contempla les asticots qui grouillaient parmi les débris de chair et cela le fit frissonner.

« J’ai l’impression d’être mort et de contempler mon bras en pleine décomposition, murmura-t’il.

Votre Altesse, il ne faut pas dire des choses aussi funestes.

Franchement, Kuji, comment t’est venue une telle idée ? »

Sa question était seulement rhétorique, mais le moine y réfléchit sérieusement.

« Je ne sais pas trop, avoua-t’il. J’ai voulu tester quelque chose de nouveau et contre toute attente, ça a donné des résultats probants. »

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Haruni eut un léger rire.

« Si je comprends bien, tu as surtout eu de la chance !

Peut-être bien, reconnut le moine avec un pauvre sourire. Mais si cela sauve votre bras, alors je peux dire que j’aurai rempli ma mission dans ce monde.

Ne te sous-estime pas, Kuji. Ta vie ne sert pas qu’à cela. »

Le moine lui jeta un regard surpris.

« Pourtant, votre Altesse, ma plus grande fierté est de m’être occupé de vous pendant plus de vingt ans. Et si je guéris votre bras, ce sera encore plus un honneur pour moi. Je n’ai rien accompli d’autre de mémorable.

Ne parle pas trop vite, ta vie n’est pas encore terminée. »

Kuji eut un léger rire, mais ne discuta pas plus. Pour lui, malgré les dires de Haruni, il était déjà bien heureux de ce qu’il avait accompli.


~*~


À partir de là, la fièvre diminua et le Second Prince resta plus conscient, même s’il dormait plusieurs heures par nuit, bien plus qu’en temps normal. Le fait de rester alité était pénible pour lui, il ne pouvait se lever que pour le pot de chambre — et encore, parce qu’il avait fermement refusé de faire ses besoins au lit. Il n’était pas encore infirme, bon sang ! Il prenait des repas légers mais nourrissants, étant donné que son corps avait besoin d’énergie pour guérir. Du coup, afin de lui tenir compagnie, Amonji venait souvent discuter avec lui, abordant sans crainte des sujets plus que sensibles.

« Votre Altesse, savez-vous pourquoi vous refusez de parler de votre blessure à votre père ? » lui demanda-t’il une fois.

Haruni lui lança un regard circonspect.

« Je connais mes raisons.

Vraiment ? Et quelles sont-elles ? »


Haruni poussa un lourd soupir et consentit à répondre :

« Mon père a tendance à s’inquiéter pour un rien. Imaginez sa réaction s’il avait appris mon état !

Ainsi, vous voulez lui épargner du souci ?

Mmm… »

Haruni fronça les sourcils. Il sentait bien que ce n’était pas pour une raison aussi noble que ça.

« Réfléchissez, votre Altesse, cherchez au plus profond de vous. Pourquoi ne lui avoir rien dit ? »

L’adolescent éluda la question en répliquant :

« Pourquoi cela vous intéresse-t’il tant, Très Saint ?

Vous avez dit que vous vouliez faire vraiment une retraite spirituelle, n’est-ce pas ?

Oui, mais je ne vois pas le rapport.

Chez les Vites, en quoi consiste une retraite spirituelle ? »

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La question prit Haruni au dépourvu. Bien qu’Amonji connaissait son ancienne identité, c’était la première fois qu’il y faisait directement allusion. Cela ravit l’adolescent de penser à son passé.

« Mmm, principalement des prières et le jeun.

Pas d’introspection ?

La connaissance de soi est censée découler de la connaissance de Dieu. Si l’on cherche en soi, c’est principalement pour repérer nos péchés.

Élargissons cette recherche, alors. Quels sont vos sentiments pour votre père ? »

C’était typiquement le genre de question que détestait Haruni. Les sentiments, on les ressentait. On n’en parlait pas.


Il soupira.

« C’est variable. Nous ne nous entendons pas du tout sur de nombreux sujets.

On peut ne pas s’entendre sur des sujets, alors que les deux partis ont raison. Cela ne veut pas dire que vous ne vous entendez pas avec l’autre personne. »

Haruni prit un air dubitatif. Il avait fait des efforts pour ne plus trop se quereller avec son père, comme il l’avait promis aux Dieux quand Ils avaient guéri Yatsu, mais il gardait en tête leur dernière confrontation.

« Tu étais sous le contrecoup du pouvoir des ombres, firent les Dieux dans sa tête. Cela ne compte pas.

– Ce que j’ai dit est quand même vrai ! » répliqua-t’il mentalement.


Amonji perçut la difficulté de l’adolescent à répondre, alors il changea patiemment d’angle d’approche :

« Vous dites que votre père s’inquiète pour un rien. Comprenez-vous pourquoi il se comporte ainsi ?

Il a perdu sa famille, répondit Haruni. Alors il a peur que cela se reproduise.

N’est-il pas normal qu’un père ait peur qu’il arrive quelque chose à ses enfants ? »

Pour le coup, Haruni sentit la colère et la rancœur rejaillir dans son cœur.

« Il y a une différence entre avoir peur et se cloîtrer pour éviter le moindre danger !

Vous le trouvez lâche ? »

Haruni ne répondit pas, ce qui était une réponse en soi. Cette pensée lui avait affectivement traversé l’esprit plusieurs fois. Sans parler forcément de lâcheté, Tegami avait tendance à se cacher de ce qui ne l’arrangeait pas.


« On dirait qu’en lui cachant des choses, c’est un peu comme si vous le punissiez, fit soudain Amonji.

Que dites-vous ? » s’ébahit Haruni.

Cela, il n’y avait jamais songé. Pourtant, une partie de lui se reconnaissait dans ce geste. Était-ce vraiment une punition ? Il en voulait à Tegami pour de nombreuses raisons, de sa phrase malheureuse “Oublie tout, comme si c’était un mauvais rêve” à son obligation de rester à Kurojū.

« Même si je lui en parle, maugréa-t’il, il ne peut pas m’aider.

Même sans vous aider, il peut vous soutenir, argua Amonji. C’est aussi le rôle d’un père.

Je connais le rôle d’un père, n’oubliez pas que j’ai élevé un enfant ! répliqua vivement Haruni.

Et vous estimez être un meilleur père que le vôtre ? »

Encore une question troublante.

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« Je… Je n’ai pas été un père parfait, reconnut-il, mais Yatsu ne m’a jamais rien caché. Il sait qu’il peut compter sur moi !

Donc vous ne comptez pas sur votre père, en déduisit le Grand Prêtre.

Non. À vrai dire, je ne compte pas sur grand monde. »

Amonji plissa les yeux.

« Vous avez du mal à faire confiance, c’est ça ?

J’estime que c’est plus simple de me débrouiller tout seul. Cela m’a plutôt bien réussi jusqu’à maintenant.

Vous ne vivez plus la même vie et vous n’avez plus les mêmes responsabilités. Voyez un peu dans quel état vous êtes. »

C’était clairement un sujet qu’il aurait mieux valu éviter. Haruni songea de nouveau à Seiryū et serra les dents.

« Ah ça, c’est justement parce que j’ai eu le malheur de faire confiance à quelqu’un !

Il y a de mauvaises personnes, concéda Amonji. Ce n’est pas une raison pour repousser tout le monde.

Il y a des gens en qui j’ai confiance ! objecta Haruni.

Dans votre entourage immédiat ? »

L’adolescent se tut.


Amonji soupira.

« Les gens qu’on ne voit pas souvent nous déçoivent moins que nos proches. Personne n’est parfait, les gens commettent des erreurs. Il faut avoir la force de leur pardonner et de leur laisser une chance, à la famille en particulier. »

La famille était une notion un peu abstraite pour Haruni. Le sang ne faisait pas tout. En réfléchissant bien, il se rendit cependant compte qu’il avait passé plus de temps avec sa famille de sang qu’avec Yatsu ! Pourtant, il se sentait à peine plus proche d’eux. Le constat le désola un peu.

« J’imagine que… je n’ai jamais vraiment accepté cette nouvelle vie et que j’ai constamment cherché à m’en détacher. Rejeter ma famille revenait à rejeter cette vie. Au final, je ne me rends même plus compte de ce que je fais, c’est naturel. »


Amonji compatit avec lui tout en se réjouissant de sa lucidité.

« Il est encore temps de changer les choses.

Oui, mais… »

Haruni restait réticent. Amonji lui tapota la main.

« Je me doute que c'est difficile, mais vous ne craignez guère la difficulté, je me trompe ? » fit-il avec un sourire.

Haruni lui lança un regard en coin. Ce n'était pas une question de difficulté, mais plutôt de motivation.

« Et si je ne veux pas accepter cette nouvelle vie ? lança-t'il par pure bravade. Pourquoi devrais-je le faire, après tout ? »

Amonji cligna des yeux, un peu pris au dépourvu par cette question.

« C'est votre vie, répondit-il sur un ton d'évidence. Ne l'avez-vous pas compris depuis tout ce temps ? »

Haruni serra les dents et prit un air buté. Ce n'était pas pour autant qu'il voulait accepter ce fait.

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Le vieux prêtre soupira et reprit :

« Il est vrai que personne ne peut vous obliger à accepter cette vie, sauf que vous avez à présent des responsabilités et des obligations qui vous lient. »

Haruni serra le poing droit. Cette idée lui faisait horreur, mais il ne pouvait pas le nier.

« Il y a aussi des choses qu'il vous sera possible de faire grâce à votre position influente.

Une position influente ?! releva Haruni avec un bref rire sarcastique. Cela fait vraiment bien trop longtemps que vous n'êtes plus à la Cour, Très Saint. Je ne suis que le bâtard Hikari là-bas. Personne ne m'écoute ou ne veut connaître mon opinion ! »


Amonji secoua la tête avec un léger sourire.

« Ce n'est pas que pour ça. Vous êtes encore un enfant, mais…

Un enfant ? Ah, j'ai l'impression que je ne sortirai jamais de cette foutue enfance !

Mais une fois que vous aurez grandi, reprit Amonji d'un ton imperturbable, les choses s'arrangeront, croyez-moi. »

Haruni renifla, ne le croyant pas du tout.

« Si c'était pour m'enfermer de force dans ce corps, maugréa-t'il, les Dieux avaient autant attendre qu'il soit devenu adulte !

Ils auraient péri avant ça et vous avec. »

Interloqué, Haruni se tourna vers lui. Amonji arborait un air très grave.

« Vous n'imaginez pas la quantité d'énergie qu'Ils vous ont consacré pour vous maintenir en vie et ensuite vous ramener dans votre corps, votre Altesse. »


Maintenant qu'il en reparlait, Haruni se souvenait effectivement que les Dieux avaient été très affaiblis pendant le temps qu'il avait passé à Madare. Cependant…

« Ils m'auraient lâché avant de risquer Leur existence, fit-il d'un ton assuré.

Vous le pensez vraiment ? »

Surpris, Haruni hocha la tête. C'était naturel pour lui. Les Dieux n'allaient quand même pas choisir d'être anéantis avec lui, non ?

« Vous avez vraiment encore beaucoup de choses à apprendre sur la famille, votre Altesse, commenta Amonji avec un soupir.

Quoi, vous allez me dire qu'Ils m'auraient soutenu jusqu'au bout, quitte à disparaître ? Allons, ce n'est pas comme si j'étais Leur seul descendant ! Il y a toujours Tomuki !

Là n'est pas la question. Je ne peux bien sûr pas parler à Leur place, mais je pense que les Dieux ont vu quelque chose en vous et que cela Les a poussés à tout risquer afin d'assurer votre survie. »


C'était de plus en plus ridicule. Haruni roula des yeux. Amonji poursuivit :

« Dans Leur vision du futur, Ils ont sûrement vu…

Leur vision du futur ? Parlons-en un peu, tiens ! le coupa Haruni. Vous savez qu'en fait, Ils peuvent juste voir tous les futurs possibles et après, Ils choisissent tranquillement celui qui Les arrange le plus ? Comment pouvez-vous vous laisser guider par des hypocrites pareils ?! »

Loin de s'offusquer de cette insulte à ces Dieux, le visage d'Amonji s'orna d'un large sourire.

« Je l'ignorais. Les Dieux peuvent donc voir tous les avenirs possibles ? Quel pouvoir extraordinaire et impressionnant !

 »

Haruni lâcha un soupir exaspéré et tourna le dos à Amonji. Il n'avait vraiment plus envie de parler à ce croyant fanatique !

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~*~


Seiryū était en train de rêver. Une partie de lui le savait, tandis que l'autre s'imprégnait du songe. Il se trouvait dans ses appartements, assis à la table basse avec du thé devant lui. Il y avait en face de lui un homme dont il ne distinguait pas le visage. Ce n'était pas parce qu'il était masqué ou caché, mais Seiryū ne voyait pas son visage ou plutôt, il ne s'attardait pas dessus. C'était fort étrange et pourtant, il ne se sentait pas du tout mal à l'aise. Au contraire, l'atmosphère était confortable et… intime.

L'inconnu lui tapota la main en souriant, sans le presser pour qu'il lui raconte son histoire.


C'était un souvenir de sa conversation avec Kenshirō, sauf que l'homme de son rêve réagissait autrement, exactement de la façon dont Seiryū avait besoin. Il lui apportait le réconfort de sa présence sans insister, lui faisant confiance pour que Seiryū choisisse le moment de se confier à lui.

« Merci, murmura Seiryū en serrant la main entre les siennes.

Cela faillit faire rire le Firal. Pour Kenshirō, cela n'avait rien de normal. Les deux situations étaient vraiment très différentes.


Seiryū n'hésita pas et s'approcha de l'autre homme sans se lever pour le prendre dans ses bras, en quête de réconfort. Le corps chaud contre lui était familier et il se sentit comme à l'abri du monde et de ses tourments. L'inconnu lui caressa les cheveux en un geste intime et tendre. Seiryū en eut presque les larmes aux yeux. Ce genre de relation, de complicité, le fait de pouvoir compter sur l'autre et d'être en mesure de lui révéler ses faiblesses sans aucune gêne… Voilà exactement ce qu'il recherchait dans une relation. Il n'avait pas cela avec Kenshirō et il se rendit compte qu'il ne l'aurait jamais. Pris de curiosité, Seiryū leva les yeux pour examiner attentivement le visage de l'homme. Il ne parvint même pas à distinguer la couleur de ses cheveux, tant sa vision était terne et difficile à appréhender.


Ce fut à ce moment qu'il se réveilla. Confus, il cligna plusieurs fois des yeux dans son lit avant de passer une main sur son visage. Ce rêve était des plus étranges, pourtant il avait été très agréable. Et son sens était plus que clair. Déterminé, Seiryū se leva et attendit avec impatience l'heure de la première leçon. Quand il aperçut Kenshirō qui arrivait avec Hamoto, il s'avança vers lui. Son amant lui lança un regard rempli d'espoir et de doute, car ils ne s'étaient plus reparlés depuis leur dispute.

« Kenshirō, il faut qu'on parle. Tu veux bien venir avec moi ? »

L'autre jeune homme hésita entre continuer à faire la tête ou céder. Hamoto, lui, s'éloigna de quelques pas, peu désireux de déranger le couple.

« C'est d'accord, se décida finalement Kenshirō.

Hamoto, fit alors Seiryū à leur ami, tu peux dire à maître Hutō que nous serons en retard ?

Compte sur moi, Seiryū ! » assura le jeune homme en s'éloignant rapidement.

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Un peu tendu, Kenshirō suivit son amant jusqu'à la bibliothèque, puisqu'il faisait trop froid pour discuter à l'extérieur. Une fois là-bas, il attendit que Seiryū se décide à parler. Ce dernier finit par inspirer un grand coup et il se lança :

« Kenshirō, je voudrais mettre fin à notre cour. »

L'autre jeune homme écarquilla les yeux, surpris et blessé.

« Tu n'es pas sérieux ?! s'écria-t'il.

J'y ai bien réfléchi, continua le Firal d'un ton calme, et c'est ce que je souhaite. »

Confus, Kenshirō s'avança pour lui saisir le bras et lui lancer un regard implorant.

« Seiryū, je ne comprends pas. Qu'est-ce que j'ai fait de mal ? C'est à cause de la dernière fois ? Pourtant…

Tu n'as rien fait de mal, assura Seiryū. C'est juste que je me suis rendu compte que notre relation ne correspondait plus à mes attentes. »


Kenshirō retint une bouffée de colère et tâcha de raisonner l'autre jeune homme.

« Tes attentes ? releva-t'il. De quoi tu parles ?

Je me suis rendu compte que tu es ma première relation sérieuse tandis que toi, tu as eu plus d'expérience.

Rien qui ne comptait vraiment, argua l'autre. C'est toi et toi seul que j'aime, Seiryū ! »

Le Firal lui sourit tendrement.

« Que cela ait compté ou non, tu as pu ainsi comprendre ce que tu attendais d'une relation. Je n'en suis pas à ce stade, alors je veux continuer à… explorer ce que je veux. »

Kenshirō se raidit aussitôt.

« J'imagine que tu as déjà quelqu'un en tête, pas vrai ? Si tu veux rompre pour être avec lui, pourquoi tu ne me dis pas clairement les choses ? »

Seiryū secoua la tête avec un soupir.

« Je n'ai personne en tête, tu devrais me connaître mieux que ça. Tu te montres toujours jaloux alors que pas une seule fois, je t'ai été infidèle. Est-ce normal ? »


Kenshirō prit un air estomaqué et il objecta d'une voix tremblante :

« Mais tu… tu ne t'en es jamais plaint… jusqu'à maintenant. »

Il était le premier à reconnaître qu'il en faisait parfois de trop, mais c'était uniquement parce qu'il ne voulait pas perdre Seiryū ! Il savait qu'il était le plus amoureux des deux, voilà pourquoi il devait constamment se méfier de tous ceux qui voudraient lui prendre son amant.

« Cela ne m'a jamais dérangé jusqu'à maintenant, reconnut Seiryū. Là, je me remets en question.

C'est encore à cause de ce qui s'est passé à Dekita ? devina le jeune homme. Ce dont tu refuses toujours de me parler ? »

Seiryū plissa les yeux, retenant une réplique acerbe. Kenshirō tournait toujours ses phrases de manière à ce que ce soit Seiryū le fautif. Autrefois, il ne s'en rendait pas compte.


« Oui, » répondit-il brièvement.

Kenshirō ouvrit de grands yeux.

« Tu… tu es vraiment sérieux ? »

L'autre jeune homme hocha la tête, détruisant son dernier espoir. Kenshirō le lâcha et recula de quelques pas. Son pire cauchemar venait de se réaliser et il n'avait rien vu venir.

« Tu vas donc te… lancer dans d'autres cours ? demanda-t'il entre ses dents.

C'est le but, oui. J'ai besoin de tester mes sentiments et de connaître autre chose.

Et si tu es déçu et que tu te rends compte de ton erreur, tu crois que je t'accepterai de nouveau ? »

Seiryū le fixa avec attention.

« Si tel est le cas, je ferai tout pour que tu me pardonnes… mais tu seras en droit de m'en vouloir et de me rejeter. »

Œuvre originale écrite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé mon histoire !

Kenshirō éclata d'un rire moqueur.

« Tu ne doutes vraiment pas de toi, Seiryū ! Puisque tu veux aller voir ailleurs, alors moi aussi ! Ne viens pas pleurer quand je trouverai quelqu'un de meilleur que toi !

C'est tout le bonheur que je te souhaite, Kenshirō. »

Le jeune homme fut encore plus blessé par l'absence de réaction de Seiryū. C'en était pratiquement insultant ! La fierté de Kenshirō le poussa à dire :

« Alors c'est fini entre nous ! »

Seiryū acquiesça et retira un ornement de ses cheveux, le cadeau de cour de Kenshirō qu'il portait tous les jours depuis huit ans. Kenshirō le fixa un moment sans réagir, puis tendit la main pour récupérer son présent. Ce fut à ce moment qu'il se rendit pleinement compte de ce qui venait de se passer. Seiryū avait rompu avec lui. Les larmes lui montèrent aux yeux mais par fierté, il les retint.


« Kenshirō, reprit Seiryū d'un ton doux, j'espère que nous pourrons rester amis.

Bien sûr, déclara-t'il tout en pensant le contraire. Bon, nous sommes en retard pour la leçon. Dépêchons-nous. »

Dans un silence gênant, les deux jeunes gens se rendirent dans la salle de cours. Le précepteur ne s'interrompit pas pour eux et ils prirent place à des endroits séparés. Leurs amis leur lancèrent des regards curieux, encore plus lorsque Shitaro remarqua l'absence du bijou de cour dans les cheveux de Seiryū. En quelques heures, tous les jeunes gens du palais surent que le Firal était disponible et ils se préparèrent à des demandes de cour. Un fois le délai de rupture passé, Seiryū n'allait avoir que l'embarras du choix pour acquérir de l'expérience !


Note de Karura : Qui peut bien être la personne dont Seiryū a rêvée, hum ? 😁

Sinon, je ne voulais pas tomber dans le cliché du petit copain odieux qui ne semble exister que pour séparer le vrai couple principal. Kenshirō n'est pas parfait, certes, mais il a de bons côtés. Et Seiryū n'est pas non plus un saint, puisqu'il le largue juste pour un rêve !

En tout cas, ne vous réjouissez pas trop vite. Même si la voie semble libre, Seiryū et Haruni ont encore un très, très long chemin à faire pour se mettre ensemble. Patience !






Commentaires :


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Novel_roman a écrit le dimanche 10 décembre 2023 à 14:05
C'est vraiment un cadeau de pouvoir avoir deux chapitres aujourd'hui, merci beaucoup ❤️🤗❤️ PS : j'ai beaucoup aimé la petite séance psy entre haruni et le Saint c'était vraiment apaisant et intéressant

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Karura Oh a écrit le mercredi 13 décembre 2023 à 18:42
Je n'allais pas oublier les fans du Prince Solitaire pour mon calendrier de l'Avent 😉

Derniers chapitres parus :
La Renaissance du Suprême Immortel 447 et 448
Lanterne 52
La Renaissance du Suprême Immortel 445 et 446

Planning des mises à jour :
Dimanche tous les quinze jours : Lanterne : le reflet d’une fleur de pêcher
La Renaissance du Suprême Immortel
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