Partie 7 : La fin de l'enfance
Chapitre Un : Un retour très attendu
Kurojū, quatrième mois de l'an 2456
Dans la journée du vingtième jour de ce mois, le Premier Prince était à cheval sur les routes, accompagné du Firal Seiryū et d'une escorte de cinquante gardes impériaux. La situation avec Dekita restait tendue et dans l'impasse. Tadeoru n'avait plus à prouver sa bassesse, alors Tomuki ne pouvait plus quitter le palais sans escorte, même pour une simple promenade. Qui plus est, aujourd'hui n'était pas une simple promenade : Tomuki était parti à la rencontre de son petit frère qui devait revenir de sa retraite spirituelle à l'occasion de son anniversaire. Cela faisait cinq mois qu'il ne s'étaient pas vus. Tomuki n'avait même pas pu lui écrire, car une retraite spirituelle impliquait de se couper totalement du monde. Il avait été d'humeur chagrine pendant de longs mois, mais à présent qu'il allait enfin revoir son petit frère, il était très impatient !
Seiryū avait tout de suite accepté de l'accompagner lorsque Tomuki le lui avait demandé. Le Firal n'avait pas eu l'esprit en paix, car il connaissait les raisons cachées de cette retraite spirituelle. L'imagine du bras de Haruni grouillant de vers avait hanté ses nuits. Malgré l'assurance de l'adolescent qu'il s'agissait d'un traitement, le Firal craignait toujours le pire. Il était par conséquent anxieux de revoir Haruni : soit cela mettrait un terme à ses cauchemars, soit cela en créerait de nouveaux…
La compagnie n'avait quitté Kurojū que depuis deux heures lorsqu'ils rencontrèrent un groupe de dix prêtres à cheval. Haruni était parmi eux. Tomuki ne put retenir un cri de joie en le voyant :
« Mon frère ! »
Ignorant les prêtres qui avaient mis pied à terre pour se prosterner, le jeune homme sauta quasiment de sa monture pour se précipiter vers celui qu'il voulait revoir depuis si longtemps. Haruni eut un sourire indulgent et descendit de cheval à son tour. Seiryū l'observa avec attention en se focalisant en particulier sur le bras gauche. Malgré le temps très chaud, Haruni portait une tunique à manches longues. Néanmoins, il parut à l'aise en descendant du grand étalon et surtout, il avait bien meilleure mine !
« Tomuki, » fit l'adolescent en inclinant la tête vers son frère.
Tomuki le prit carrément dans ses bras.
« Je suis tellement content de te revoir ! s'écria-t'il.
– Moi aussi, mais tu n'avais pas besoin de venir à ma rencontre. »
Tomuki le lâcha en poussant un soupir exagéré.
« Bien sûr que si ! Tu m'as énormément manqué ! »
Son frère eut un sourire amusé. Son regard doré se posa ensuite sur Seiryū et tout amusement disparut.
« Firal Seiryū, » fit-il d'un ton distant.
Seiryū avait mis pied à terre et tenait les rênes de sa jument Senkō. Il était un peu mal à l'aise.
« V-votre Altesse, le salua-t'il. Je me réjouis de vous revoir… en bonne santé… » ajouta-t'il maladroitement avant de se rendre compte que c'était encore plus maladroit.
Haruni ne commenta pas et ramena son attention sur son frère. Seiryū se morigéna intérieurement : le Second Prince lui en voulait encore pour son bras. Même s'il s'en était douté, il ne pouvait s'empêcher d'être un peu déçu.
« Hé, on dirait que tu as un peu grandi, non ? découvrit soudain Tomuki avec ravissement.
– Il était temps, » approuva Haruni.
Alors que Tomuki avait atteint sa taille définitive, Haruni était encore en pleine croissance. Malheureusement à cause de sa longue maladie d'enfance, son développement avait été plus lent. Cela se rétablissait peu à peu. Désormais, Haruni faisait une tête de moins que son frère. Ses traits de visage sortaient progressivement de l'enfance pour laisser présager l'adulte qu'il deviendrait. Généralement à la Cour, les autres jeunes gens spéculaient joyeusement sur les adolescents à leur entrée dans la quarantaine, à l'affût d'un futur prétendant intéressant. Sans son mauvais caractère, Haruni aurait eu beaucoup de succès et pas seulement à cause de son noble statut !
« Remettons-nous en route, » proposa le Second Prince.
Les deux groupes se mélangèrent et prirent la direction de la capitale. En tête à côté de son frère, Tomuki posa mille et une questions sur la vie au temple. Haruni répondit volontiers. Un peu en retrait, Seiryū ne participa pas à la conversation, mais il ne cessa de fixer Haruni d'un air soucieux. Même si son bras semblait guéri, y avait-il des cicatrices ? Et qu'en était-il de sa force et sa mobilité ? Une si terrible blessure ne pouvait pas disparaître en si peu de temps et sans laisser la moindre trace. Seiryū ne serait pas en paix tant qu'il ne se serait pas assuré qu'aucune séquelle ne viendrait gâcher le potentiel du Second Prince.
Au palais, ils furent accueillis par Kaname et des servants. Le visage de l'Impératrice s'illumina en voyant Haruni et, faisant fi des formalités, elle le prit dans ses bras.
« Comme tu as grandi ! s'émerveilla-t'il.
– Il était temps, » répéta-t'il.
Elle eut un léger rire et observa son visage, devant à présent lever la tête pour cela.
« Je suis heureuse que tu sois revenu pour l'anniversaire de ton frère. J'ai fait nettoyer tes appartements.
– Merci, Kaname. Où est Père ?
– À une réunion du Conseil. Je l'ai prévenu de ton arrivée, alors il viendra te voir dès que ce sera fini. »
Quant à l'escorte de prêtres, elle serait logée à part.
Œuvre originale écrite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé mon histoire !
Ces choses étant réglées, Haruni regagna ses appartements et fut accueilli par ses servants. Après les avoir remerciés d'avoir entretenu les lieux en son absence, il passa dans la salle d'eau pour se rafraîchir. Cela faisait des mois qu'il était parti, pourtant il ne se sentait pas dépaysé. Il avait vraiment pris l'habitude de vivre à Kurojū, dirait-on. Dans la salle d'eau, il défit les bandages pour dévoiler son bras gauche. L'infection avait entièrement disparu grâce au traitement très particulier de Kuji, mais pas sans laisser des cicatrices bien visibles. Comme la peau avait été déchiquetée par la force magique, elle s'était recollée par morceaux de tissus et les coutures étaient rouges et bien visibles sur la peau à peine halée. Haruni se moquait bien des cicatrices, mais il ne tenait pas spécialement à attirer les regards, alors il conservait ses bandages. Qui plus est, les Dieux avaient assuré qu'Ils pourraient atténuer les cicatrices au fil du temps. Le plus important était de retrouver le plein usage de son bras et là, il faudrait également du temps. Kuji se chargeait de sa rééducation, mais sans trop forcer. Après un mois, Haruni avait pu de nouveau plier entièrement le bras, cependant ça tirait encore quand il agitait les doigts et serrait le poing. Quant aux muscles, il lui faudrait aussi s'exercer de nouveau. Bref, le danger était écarté mais la convalescence était loin d'être finie.
Une fois lavé, Haruni appliqua de la crème cicatrisante sur le bras, puis remit son pansement. En sortant de la salle d'eau, il vit Mira lui présenter une riche tunique à bout de bras.
« … C'est l'Impératrice qui l'a préparée, je suppose, fit-il en soupirant.
– Oui, maître, répondit la servante en s'inclinant. Sa Majesté a également donné des instructions pour votre coiffure. »
Il n'y avait pourtant aucune festivité de prévu avant quelques jours, alors pourquoi devait-il faire des efforts pour sa tenue ? Il regretta aussitôt la vie plus simple des prêtres. Toutefois, puisqu'il n'allait rester que cinq jours et que ses anciennes tuniques plus pratiques avaient besoin d'être rallongées, il ne protesta pas. Il pouvait bien faire ce plaisir à Kaname.
De ce fait, quand il rejoignit sa famille pour le thé au pavillon du Lotus, il attira des regards en passant. Comme de coutume, il les ignora, mettant ça sur le compte de l'étonnement et la déception de revoir le bâtard Hikari au palais. Au pavillon, Kaname fut ravie de le voir vêtu convenablement et elle ne fut pas la seule.
« Ah, petit frère, tu es vraiment superbe dans cette tenue ! approuva Tomuki.
– Ce ne sont que des vêtements, » répliqua Haruni en s'asseyant à côté de lui.
Kaname quant à elle le trouvait plus mûr. Elle eut même l'impression de revoir Yama en lui…
Tegami arriva sur ce et il sourit en serrant son fils cadet dans ses bras. Haruni endura tout cela. Il s'était fait à l'idée des étreintes en ce jour. C'était compréhensible après cinq mois sans se voir.
« Mon fils, tu n'imagines pas à quel point je suis heureux de te revoir, fit l'Empereur avec tendresse. Ah, tu as grandi, non ?
– Il était temps, » répéta l'adolescent pour la troisième fois de la journée.
Tomuki et leur père avaient à peu près la même taille. Haruni espérait grandir encore plus, même s'il ne retrouverait jamais sa taille d'avant, hélas…
La famille impériale prit le thé dans une ambiance chaleureuse. Haruni fut interrogé sur sa vie au temple.
« Moi, je ne pourrais pas, commenta Tomuki avec une grimace. Se lever tôt tous les jours, faire des corvées…
– J'aime bien ce mode de vie, » argua Haruni.
Il avait été prêtre autrefois et même si ce n'était pas du tout la même religion, la majorité des valeurs étaient communes.
« Ta place n'est pas au temple, lui rappela Tegami en fronçant les sourcils.
– Je sais, Père, » répondit Haruni en se retenant de lever les yeux au ciel.
L'Empereur n'avait consenti qu'avec réticence à cette retraite spirituelle et au traitement médical. Cependant, il s'était montré clair sur un point : Haruni n'y consacrerait pas plus d'une année, voire moins selon l'évolution de son état. D'ailleurs, Tegami attendait sûrement qu'ils soient en privé pour en discuter.
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Après le thé, Tomuki, qui devait aller à ses leçons étant donné qu'il avait déjà manqué celles du matin pour aller à la rencontre de son frère, insista pour emmener Haruni avec lui .
« Nous devons étudier à la bibliothèque avec mes amis. Viens, ils seront contents de te revoir ! »
Haruni ne s'entendait guère avec ces jeunes gens, au contraire de Tomuki, mais il accepta pour lui faire plaisir. Il pouvait bien endurer une conversation avec eux. En voyant les deux frères partir, Tegami et Kaname échangèrent un regard attendri.
« Haruni promet vraiment de devenir un beau jeune homme, nota l'Impératrice.
– Quand je pense qu'il sera majeur dans dix ans, » soupira Tegami.
Le temps passait décidément trop vite. Cela faisait quinze ans que Haruni leur était revenu, pourtant Tegami avait l'impression que ça ne datait que d'hier.
« Et il sera en âge d'être courtisé d'ici cinq ans. Justement, lui rappela Kaname, tu dois en parler avec lui.
– Mmph… encore ? »
Tegami avait déjà tenté d'avoir LA discussion avec son cadet en même temps que Tomuki. Haruni ne s'était pas du tout montré réceptif. Kaname le fixa de ses yeux azur.
« Tu préfères que le Tribunal des Réparations s'en charge ?
– … »
Finalement, Tegami n'était pas si pressé que ça que son fils termine sa retraite spirituelle !
À la bibliothèque, Haruni aperçut le groupe d'amis de son frère et fronça les sourcils. Il avait l'impression que ces gens n'avaient pas changé depuis la première fois qu'il les avait vus il y avait quinze ans. Oh bien sûr, ils avaient grandi et étaient entrés dans l'âge adulte mais à part cela, leur insouciance restait identique, sans parler de leur comportement : Hamoto allait se montrer poli tout en étant mal à l'aise avec lui ; Shitaro essaierait de détendre l'atmosphère par des remarques drôles ; Kenshirō chercherait à le prendre en défaut avec des questions indiscrètes, tout ça pour se moquer de lui ensuite et persifler dans son dos ; quant à Seiryū… il n'avait pas intérêt à dire quoi que ce soit !
« Votre Altesse ! » fit Hamoto en le voyant.
Les autres s'inclinèrent à leur tour pour le saluer. Tomuki soupira devant cette formalité qu'il jugeait inutile mais quoi qu'il fasse, Haruni ne voulait pas qu'ils usent du registre amical avec lui. Ce n'était pas pour les incommoder, plutôt pour garder une certaine distance avec eux.
« Hé, j'ai l'impression que vous avez grandi, non ? lança Shitaro.
– Ce n'est pas une impression, » répondit-il.
Même s'il se réjouissait de sa poussée de croissance, il commençait à en avoir assez qu'on lui fasse cette remarque !
« Comment s'est passée votre retraite spirituelle ? intervint Kenshirō.
– Elle n'est pas encore finie.
– Ah ?
– Je ne suis revenu que pour l'anniversaire de Tomuki. Je retournerai à Myūjin dans cinq jours. »
Même s'il n'en avait pas encore discuté avec l'Empereur, il savait qu'il était trop tôt pour qu'il revienne à Kurojū. Son état nécessitait plus de soins pour la convalescence et il était hors de question que cela se passe sous les yeux curieux et indiscrets de la Cour. À cette réponse, le visage de Seiryū s'assombrit. Il s'imagina aussitôt le pire concernant l'état du bras de Haruni. Y avait-il eu un problème avec le traitement ? Les séquelles étaient-elles trop graves ? Il avait vraiment envie de le savoir. Cependant s'il demandait directement à Haruni, il se doutait de sa réaction à l'avance. Impuissant, le Firal soupira discrètement.
Cela fut tout de même remarqué par Kenshirō qui lui jeta un regard scrutateur avant de ramener son attention sur le Second Prince.
« Franchement, je ne vous aurais pas cru du genre à vous intéresser au spirituel.
– Oh ? Vous me croyez de quel genre alors ? »
Kenshirō se mordit les lèvres, pris à son propre piège. Haruni le fixa sans un mot, attendant sa réponse. Tomuki intervint en sentant la tension augmenter dans l'air :
« Au fait, j'ai raté quelque chose d'intéressant ce matin ? »
Shitaro rebondit sur sa question :
« Oh que oui ! Maître Makono s'est trompé sur un mot dans sa leçon. Au lieu de dire “ils ont baissé les armes”, il a dit : “ils ont baisé les armes” ! Tu aurais dû voir sa tête ! Il était tout rouge et il ne s'en est pas remis ! »
Tomuki rit de cet incident avec Hamoto et la conversation passa à autre chose.
Lorsque l'heure d'étude s'acheva, les deux princes partirent ensemble car Tomuki tenait à passer le plus de temps possible avec son frère. Hamoto échangea un regard avec Shitaro.
« Hé bien, le Second Prince a toujours aussi bon caractère.
– La retraite spirituelle ne lui a pas appris la sociabilité, acquiesça son ami.
– C'est dommage parce que physiquement parlant, il promet de devenir encore plus beau que Tomuki !
– Pff, intervint Kenshirō d'un ton dédaigneux, c'est normal : les Hikari étaient réputés pour leur beauté. Ce n'en étaient pas moins des loups hargneux !
– Vous croyez que le Second Prince va avoir des demandes de cour ? fit Shitaro avec un large sourire. Il sera bientôt en âge !
– Qui voudrait de lui ? » persifla Kenshirō en croisant les bras.
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Hamoto prit un air songeur :
« Voyons, si on oublie son caractère, il lui reste la beauté et le rang. Cela devrait intéresser pas mal de gens.
– On devrait plutôt parier sur la durée de ses cours, alors !
– Cela dit, je l'imagine mal devant une foule de prétendants.
– N'en sois pas si sûr, Hamoto, le détrompa Kenshirō avec un sourire narquois. Il aime jouer les intéressants. Il suffit de voir l'histoire ridicule qu'il a concoctée sur son enlèvement à Tomako ! »
Au fil des mois, tout le palais était au courant du récit des soldats de Dekita et la réaction générale fut l'incrédulité. Tout comme les conseillers, les autres nobles ne croyaient guère à ces événements farfelus : un tigre, l'intervention des Dieux, etc. Ils pensaient que le Second Prince avait inventé ça pour couvrir son humiliation d'avoir dormi le jour de la bataille — encore une rumeur persistante. Personne n'irait directement confronter ouvertement Haruni à ce sujet, mais on le considérait désormais avec mépris et moquerie.
À peine Kenshirō avait-il prononcé ces mots que Seiryū se leva brutalement et partit sans un mot. Hamoto et Shitaro soupirèrent en chœur : leur ami se vexait à chaque fois que ces rumeurs étaient mentionnées. Kenshirō, lui, renifla de dédain.
« Seiryū est vraiment étrange depuis quelques temps, commenta Shitaro.
– Oui, il est comme ça depuis… votre rupture, » finit Hamoto en hésitant et en jetant un regard en coin à Kenshirō.
Ce dernier haussa un sourcil, feignant l'indifférence.
« Cela m'est parfaitement égal, » prétendit-il fièrement.
Ses amis ne furent pas dupes, sans pour autant insister. La situation était délicate. Depuis la rupture, Seiryū avait accepté quatre cours dont aucune n'avait duré plus de deux semaines. Clairement, il était entré dans une phase “cueillir des cerises en toute saison” Être volage. (1). La jalousie de Kenshirō était à un seuil critique, le rendant acerbe et amer. Loin de s'apaiser, les tensions dans leur groupe rendaient l'atmosphère pesante. Malheureusement, il n'y avait rien à faire, sauf patienter et espérer que le temps guérirait les blessures.
De son côté, Tomuki chercha des excuses à son ami auprès de son frère :
« Tu sais, Kenshirō n'est pas méchant au fond. Il est comme ça avec tout le monde depuis que Seiryū et lui ont rompu. »
Tout en disant cela, il guetta la réaction de Haruni. Il avait cru comprendre que Seiryū souhaitait devenir ami avec lui, alors il voulait savoir si c'était réciproque. Cependant, l'expression de son petit frère ne lui apprit rien. Pire encore, Haruni prit un air indifférent à la mention du Firal. Tomuki en fut déçu pour Seiryū, ainsi que pour son frère : cela aurait été l'occasion de se faire un premier ami à la Cour ! En y songeant, Tomuki eut envie de pleurer : cela faisait quinze ans que Haruni vivait à Kurojū et il n'avait pas un seul ami ici… Comment pouvait-on être aussi peu sociable ?!
« Petit frère, fit-il, il faut vraiment que tu te fasses des amis.
– J'essaierai, » soupira Haruni.
Il fallut un moment pour que Tomuki comprenne ce qu'il venait d'entendre. Quand ce fut fait, il n'en revint pas.
« V-vraiment ? » balbutia-t'il.
Autrefois lorsqu'il abordait le sujet, l'adolescent y mettait tout de suite un terme. C'était bien la première fois qu'il semblait accepter cette idée.
« Après mon retour de Myūjin, précisa Haruni.
– C'est formidable ! s'écria aussitôt Tomuki. Mais pourquoi attendre ? Tu peux déjà commencer par mes amis !
– Ce sont tes amis, pas les miens.
– Quelle importance ? Je sais partager, » fit le jeune homme en riant.
Haruni secoua la tête. Son frère ne comprenait toujours pas qu'il ne pourrait jamais s'entendre avec ces gens. Il arrivait tout juste à supporter leur frivolité et encore, uniquement pour faire plaisir à Tomuki. Sur le lot, seul Seiryū avait été convenable mais avec tout ce qui s'était passé à Dekita, Haruni ne voulait plus entendre parler de lui.
« Je dois me faire mes propres amis, préféra-t'il dire.
– Je comprends, je comprends, assura Tomuki. Mais si jamais tu as besoin d'aide, tu sais que tu peux compter sur ton grand frère ! »
Haruni acquiesça pour son plus grand plaisir. Voilà qui était une excellente nouvelle !
Plus tard dans l'après-midi, Haruni fut convoqué chez l'Empereur. Il se doutait que cela avait un rapport avec la question de son retour. Effectivement, Tegami s'enquit directement de l'état de son bras et de l'avancée de ses soins.
« Il n'y a plus aucune infection, expliqua le Second Prince. Il faut maintenant que je retrouve ma mobilité et ma force.
– Montre-moi, » demanda Tegami, la mine soucieuse.
Haruni s'exécuta, ayant convenu de ne plus rien lui cacher à ce sujet. Le regard noir de l'Empereur se voilà face aux zébrures rougeâtres qui ornaient tout le membre. Il inspira brusquement.
« Les cicatrices vont rester ? »
L'adolescent se retint de rouler des yeux. C'était donc là tout ce qui l'inquiétait ? Haruni était nettement plus concerné par le fait de retrouver le plein usage de son bras que par l'aspect esthétique !
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Il répondit néanmoins :
« Elles ne vont pas garder cet aspect. Avec le temps, elles devraient devenir moins visibles, normalement. »
Mais elles ne disparaîtraient pas. Pour Tegami, ce serait toujours le rappel de son échec en tant que père. Son fils était bien trop jeune pour avoir subi ce genre d'épreuve et en être marqué à vie. Il finit par se reprendre et inspira :
« La suite des soins, il me semble que tu peux la recevoir ici. »
Haruni réprima un sourire ironique. L'Empereur était vraiment obstiné !
« Kuji s'occupe de ma rééducation. Il a l'habitude, argua-t'il.
– Dans ce cas, fais-le venir ici, répondit son père.
– Il ne se sentira pas à sa place au palais. Ce n'est qu'un simple moine qui n'a jamais quitté le temple.
– Alors qu'il vienne avec d'autres prêtres. »
L'adolescent le fixa de ses yeux dorés perçants. Tegami confirma ce qu'il venait de dire :
« J'y ai bien réfléchi et il est temps que les prêtres reprennent leur place au palais. J'en ai déjà fait part au Très Saint. Il préparera une délégation de prêtres qui s'installera ici. »
Haruni haussa un sourcil : Amonji ne lui avait rien dit de tout ça. Le Très Saint n'avait même jamais abordé avec lui la place des prêtres à Kurojū. D'un autre côté, ce n'était pas son problème dans l'immédiat. Il devait plutôt tout faire pour convaincre son père de le laisser poursuivre ses soins à Myūjin.
« Je préfère continuer ma convalescence au temple encore quelques temps, au moins jusqu'à ce que je retrouve un peu plus de force.
– Qu'en est-il précisément ? s'en inquiéta enfin l'Empereur.
– Je ne peux pas soulever un sabre plus de cinq minutes, reconnut-il à contrecœur. En début et en fin de journée, j'ai des élancements dans le bras. Il m'arrive aussi d'avoir des convulsions de manière imprévisible. »
Cela parut moins bouleverser Tegami que les cicatrices.
L'Empereur fronça les sourcils et décréta :
« Ce n'est rien de bien terrible.
– Ce n'est surtout rien de bien discret ! rétorqua son fils. Si je reviens maintenant, il ne faudra pas une semaine pour que la Cour se rende compte de ma blessure.
– En fait… Ce ne serait pas une mauvaise chose. »
Haruni le fixa d'un air sidéré. Son père s'expliqua en hésitant :
« Il y a des rumeurs persistantes qui disent que tu… aurais inventé cette blessure pour attirer la sympathie. »
Ces rumeurs étaient si répandues dans la capitale qu'elles s'étaient frayées un chemin jusqu'aux oreilles de l'Empereur. Il avait hésité avant d'en parler à son fils, car il ne voulait pas heurter sa sensibilité…
« Voilà une bonne nouvelle ! » fit Haruni avec un grand sourire.
… Tegami se demanda pourquoi il s'était inquiété.
« En quoi est-ce une bonne nouvelle ? demanda-t'il tout en sachant qu'il allait regretter la réponse.
– Si les gens sont convaincus que je ne suis pas blessé, ils ne me considéreront pas comme faible.
– Mmm… Ils te considèrent plutôt comme un affabulateur. N'est-ce pas pire ?
– Peu m'importe leur opinion, » fit Haruni en haussant les épaules.
Décidément, Tegami ne comprendrait jamais la façon de penser de son fils cadet.
« Qu'en est-il de la situation avec Dekita ? reprit l'adolescent pour changer de sujet.
– Hé bien, la victoire de Kenryū au sud nous a permis de nous emparer d'une zone rejoignant Jūka. Le seigneur Ōdaru profite des renforts pour maintenir ses positions aux frontières sud.
– Pas d'autres actions envisagées ?
– Les discussions avec Tadeoru n'ont abouti à rien. Son plan de vous faire prisonniers, ton frère et toi, a échoué et Bakkushō n'est plus là pour lui fournir des renseignements. Malgré cela, Tadeoru ne veut pas se rendre.
– Il ne se rendra jamais. Ah, quand je pense que je tenais son fils ! Sans Bakkushō, la guerre serait déjà finie ! »
En voyant la frustration sur le visage qui oscillait entre l'adolescent et l'adulte, Tegami compatit. Il crut voir également une ressemblance avec son propre père.
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Haruni se ressaisit rapidement et déclara :
« J'ai peut-être une idée pour s'emparer de Dekita avec le moins de pertes possible, mais j'attends encore des informations.
– Des informations de qui ? s'étonna l'Empereur.
– Des prêtres du temple de Kadami.
– Je croyais que Tadeoru les avait chassés de sa province !
– C'est ce qu'il croit, répondit Haruni avec un petit sourire. Et c'est aussi dans notre intérêt qu'il continue à le croire.
– Quel est ton plan ?
– Je vous le présenterai dès que j'aurai tous les renseignements nécessaires. »
Tegami prit un air compliqué.
« Tu ne devrais pas plutôt te concentrer sur ta convalescence ? Laisse-nous gérer Dekita… »
La première réaction du Second Prince fut de s'indigner qu'on le traitait une fois de plus comme un enfant. Cependant, ses longues conversations avec le Très Saint l'avaient conduit à prendre conscience de son attitude inconsciemment hostile envers son père et il s'était promis d'y remédier. Alors il inspira et préféra se dire que Tegami exprimait uniquement son inquiétude de père.
« Je peux faire les deux. En plus, le problème avec Dekita n'a que trop duré. Si nous ne faisons rien, une autre province suivra son exemple sous peu, j'en suis sûr ! »
Cela concordait avec les inquiétudes de certains conseillers. Pour autant, une nouvelle action militaire n'était pas envisageable après leur semi-défaite de l'an dernier.
« Soit, céda Tegami. Mais pour le moment, célébrons dignement l'anniversaire de Tomuki.
– Veillez à ce que les cadeaux soient vérifiés, cette fois, » rappela Haruni avec un soupir.
L'année précédente pour sa majorité, Tomuki avait reçu la tête du seigneur Chōkafu et de son fils, de la part de Tadeoru. Heureusement que, alerté par l'odeur, Haruni l'avait empêché d'ouvrir le présent, sinon le Premier Prince en aurait été traumatisé à vie. Tegami acquiesça vivement. Lui non plus n'avait pas oublié cet affront. Du coup, les mesures de sécurité avaient été renforcées. Entre ça et le fait que Haruni avait été retenu prisonnier le jour de ses quarante ans, il était hors de question que Tadeoru gâche un autre anniversaire !
Seiryū un regard posé sur lui. Reconnaissant la présence familière, il sourit sans même ouvrit les yeux.
« Tu ne dors plus ? s'enquit-il.
En entendant cette voix étrange, le jeune homme se dit aussitôt :
« Encore ce rêve. »
Il ouvrit les yeux et constata qu'il ne pouvait pas percevoir le visage de l'autre homme. Malgré tout, il savait qu'il s'agissait de la même personne que dans ses autres rêves. Il avait conscience qu'il rêvait, mais il ne pouvait jamais complètement contrôler ses actions. C'était frustrant. Cependant, les sentiments qu'il retirait de ces songes étaient agréables, plus encore que dans un rêve érotique.
Seiryū posa une main sur la hanche de l'autre homme. Ils portaient tous les deux une tunique de nuit, mais il savait qu'ils avaient été intimes la nuit passée, comme un écho de souvenir dans ce rêve.
confirma son compagnon.
Ce n'était pas un ton de reproche, mais de taquinerie.
« Je n'en aurai jamais assez, » déclara Seiryū en toute sincérité.
Cela fit rire son compagnon. Seiryū sourit à son tour, tout son être détendu et heureux comme jamais.
Lorsqu'il se réveilla, il avait encore le sourire aux lèvres. Mais sa bonne humeur retomba quand il réalisa qu'il était seul dans son lit. Il avait fait en tout une dizaine de ces rêves récurrents. À chaque fois, il voyait un court moment dans la vie d'un couple très uni. À chaque fois, il réalisait qu'il était très loin de connaître un tel lien dans sa vie. Depuis Kenshirō, ses cours avaient été futiles, basées uniquement sur une attirance physique. D'ailleurs, aucun de ses prétendants n'avait beaucoup insisté lorsqu'il y mettait fin. Du coup, comme il n'avait eu que des relations pour le sexe depuis un moment, cela expliquait certainement ces rêves qui comblaient ses besoins émotionnels. Il aspirait à une vraie intimité et complicité. Hélas, ce n'était pas simple de trouver ça chez quelqu'un.
« Je suis encore jeune, se dit-il pour se rassurer. Rien ne presse. Je n'ai pas encore rencontré la bonne personne, c'est tout. »
Ou bien peut-être que ce rêve était voué à ne rester qu'un simple rêve…
Seiryū se leva pour penser à autre chose. Il constata que l'aube était à peine là et se souvint de sa résolution de la veille : parler à Haruni en privé. Avec un peu de chance, le Second Prince aurait repris son entraînement matinal. Ce serait l'occasion idéale.
« Jeune maître, vous êtes déjà réveillé ? s'étonna son servant Hatō en entrant, ayant entendu le mouvement. Je vais faire préparer votre petit-déjeuner.
– Je ne mange pas tout de suite, déclara Seiryū. Prépare ma tenue d'entraînement. »
Le servant s'inclina et obéit, sans commenter la décision inhabituelle de son maître qui préférait dormir le matin.
Œuvre originale écrite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé mon histoire !
Seiryū vivait dans la Cour du Levant, où étaient logés les résidents permanents de Kurojū. Son père avait aussi des appartements dans un pavillon voisin, mais il lui laissait une autonomie relative. Les autres jeunes gens de son âge qui fréquentaient le palais vivaient en ville ou en périphérie, chez leurs parents, et ils faisaient tous les matins le déplacement jusqu'au palais. Le clan Inugami jouissait vraiment d'un statut à part dans l'Empire, mais c'était amplement mérité vu leur dévouement sans faille pour le clan impérial depuis des siècles. Seiryū parcourut les allées encore désertes, son cœur se serrant à chaque pas. Bien qu'il était décidé à s'entretenir avec Haruni, comment l'adolescent allait-il l'accueillir ? Le Firal se rappelait de leur dernière discussion à Myūjin… Il en faisait encore des cauchemars ! Cependant, il avait eu le temps d'y réfléchir ces derniers mois et il avait pris conscience de pas mal de choses : il avait mal jugé le Second Prince et il souhaitait de tout cœur faire quelque chose pour obtenir son pardon. Ce ne serait pas simple, mais Seiryū ne reculerait pas. C'était une question d'honneur !
La nuit avait disparu, laissant un peu de sa fraîcheur en souvenir avant que la chaleur de l'été ne s'impose avec le soleil. Seiryū arriva au terrain d'entraînement et sa nervosité augmenta en entendant le crissement des gravillons. Haruni était bien là, fidèle à ses habitudes. À distance, le Firal s'arrêta pour l'observer manier le sabre. En quelques mois, Haruni avait réellement grandi et mûri. L'adolescent céderait bientôt la place à un jeune homme. Contrairement aux autres enfants, le Second Prince avait toujours été un peu malingre et chétif mais là, sa silhouette laissait supposer une musculature en formation. Les longs cheveux noirs épais avaient un peu perdu de leur volume et étaient coiffés à moitié en chignon et à moitié en natte. Le Second Prince semblait faire un peu plus d'efforts pour soigner son apparence, même s'il ne portait aucune couleur gaie ou ornements.
Dans sa tenue noire — couleur réservée à la famille impériale — l'adolescent évoluait avec grâce et vigueur, son sabre comme une extension de son bras. Seiryū apprécia l'enchaînement : le style de Haruni s'était encore amélioré depuis le Tournoi Impérial. En pur compétiteur, le Firal n'aurait pas refusé un duel contre lui afin de tester leurs niveaux. C'était toujours plus stimulant d'avoir un adversaire à sa hauteur. Un moment, Seiryū oublia totalement la raison de sa venue et il admira simplement l'exécution fluide des mouvements. Et puis tout à coup, le rythme du Second Prince fut rompu et le sabre tomba à terre. Haruni fronça les sourcils et se tint le bras gauche, passablement énervé contre lui-même. La sueur coulait sur son visage, et pas seulement à cause de l'effort physique. Seiryū fut ainsi ramené à la réalité et se demanda un moment s'il ne ferait pas mieux de se retirer sans rien dire. Cependant, les yeux dorés se fixèrent sur lui au moment où il fit un pas. Seiryū se figea, ne sachant que faire. Haruni ne manifestait aucune surprise : peut-être qu'il avait noté sa présence depuis le début ? Dans ce cas, Seiryū ne pouvait que le rejoindre. Le contraire aurait été insultant.
« Firal Seiryū, l'accueillit froidement Haruni.
– Votre Altesse, répondit le Firal avec gêne. Votre bras…
– … ne vous concerne toujours en rien, le coupa-t'il sèchement. N'ai-je pas été assez clair la dernière fois ? »
Le visage de Seiryū pâlit en se rappelant de cette conversation. L'image des vers gigotant sur la chair à vif le hanterait toute sa vie. Il se demanda si Haruni devait encore subir cette torture. Se détournant de Seiryū, le Second Prince récupéra son sabre par terre et quitta le terrain. Il prit une serviette au bord et se ressuya le visage. Seiryū le suivit du regard, sans un mot. Quand Haruni se tourna de nouveau vers lui, l'adolescent haussa un sourcil.
« Vous êtes encore là ?
– Je voudrais vous parler.
– Pour quoi faire ? Courez donc dire à votre père que le bâtard n'est pas fichu de tenir un sabre. C'est ce que vous vouliez voir, de toute façon.
– Non ! » s'écria Seiryū, effaré et offensé.
Comment Haruni pouvait-il penser ça de lui ? D'accord, Seiryū s'était mal comporté avec lui, mais il le regrettait vraiment !
« Haruni, je t'assure que je n'ai pas l'intention de dire cela à mon père ! »
Le ton amical les surprit tous les deux. Seiryū ne pensait pas à émettre une demande d'amitié, pourtant il prit conscience en cet instant qu'il le désirait au fond de lui. Ce serait un pas vers le pardon.
« Je vous interdis de vous adresser à moi ainsi ! »
Le rejet violent fit vaciller le Firal et il écarquilla les yeux. Bien qu'il savait que le Second Prince ne l'appréciait guère, il avait espéré qu'en faisant un pas vers lui, l'autre en ferait de même. Il avait oublié un instant le manque total de politesse et de respect de l'adolescent.
« V-votre Altesse, reprit-il en déglutissant. Je ne dirai rien à personne, vous avez ma parole. »
Haruni renifla de doute et Seiryū se sentit profondément insulté. Néanmoins, sa culpabilité l'empêcha de protester davantage. Quelque part, il comprenait la méfiance du Second Prince à son égard. Il voulait remédier à cette situation, même si Haruni ne lui faciliterait pas la tâche !
Le Second Prince quitta les yeux sans même le saluer. Seiryū poussa un lourd soupir. Comment allait-il pouvoir se faire pardonner si Haruni refusait même de lui parler ? Dans tous les cas, il ne renoncerait pas. Il ne se voyait pas vivre avec une telle culpabilité pour le restant de ses jours, sans parler de ses cauchemars.
« Il arrive quand même à tenir un peu un sabre et à bouger son bras, se consola-t'il. C'est toujours mieux que rien. »
Mais cela ne pouvait pleinement satisfaire l'adolescent, si exigeant envers lui-même. Seiryū plissa le front : il venait peut-être d'avoir une idée pour aborder Haruni et l'aider à se rétablir. Seulement, ce dernier allait sûrement refuser…
Notes du chapitre :
(1) Être volage.
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