Chapitre Dix : Une vérité incroyable
Lyrel ne dit rien mais son visage afficha clairement son incrédulité. À la fin, il lâcha un rire bref.
« Attends, c'est une blague ? Chiharu est un enfant, comment pourrait-t'il être mon grand-frère ? En plus, je suis un Vite. »
Hakurō secoua la tête et demanda :
« Quel âge as-tu ?
– Vingt-quatre ans. Et même si les humains vieillissent plus lentement, c'est impossible que...
– Ce n'est pas ton âge véritable, » le coupa le vampire.
Lyrel fronça les sourcils et recompta dans sa tête.
« Je me trompe peut-être d'un an ou deux, admit-il. Dans tous les cas...
– Ce n'est pas ça : tu ne dois pas compter les seize premières années de ta vie.
– À cause de mon amnésie ? Ce n'est pas parce que je ne me souviens pas que je n'ai pas existé durant ces années.
– Au contraire, c'est parce que tu n'existais pas durant ces années que tu ne te souviens pas. »
Lyrel le fixa comme s'il était devenu fou.
« Comment ça, je n'existais pas ?
– Tu es venu au monde il y a huit ans, affirma Hakurō sans l'ombre d'un doute.
– Tu veux me faire croire que je suis un gamin ? Tu m'as bien regardé, dis ?
– Ton corps a vingt-quatre ans mais ton âme n'a que huit ans.
– Et les seize premières années de ma vie... de la vie de ce corps, il n'avait pas d'âme alors ? »
Hakurō se gratta la tête, un peu embêté.
« Il y avait une âme mais ce n'était pas la tienne. »
Une sueur froide coula le long du dos de Lyrel. Si ce n'était pas son âme avant... était-ce donc celle du vrai Lyrel ? Dame Faye aurait donc eu raison depuis le début, il n'était qu'un monstre qui s'était emparé du corps de son fils ?
« Je n'y crois pas ! » s'écria-t'il.
S'il avait commis ce péché supplémentaire, alors rien de ce qu'il pourrait faire lui apporterait la rédemption. C'était terminé pour lui. Il n'avait plus qu'à céder son âme aux Diables.
« Durant la cérémonie occulte, tu te souviens d'avoir vu un bébé ? » poursuivit Hakurō toujours désireux de le convaincre.
Lyrel tressaillit comme si on venait de le frapper. Toute couleur se retira de son visage sous l'effet de la honte.
« Ils t'ont même parlé de ça ?! Ils n'avaient pas le droit !
– Les Dieux m'en ont parlé parce que c'est là que ça a commencé. Souviens-toi ! »
Les ombres s'y mirent aussi et l'exhortèrent à revivre ce moment pénible. Lyrel ferma les yeux pour bloquer ses souvenirs mais les images apparurent tout de même dans son esprit. Il y avait bien un bébé car le comte de Fanel l'avait mentionné. D'après lui, c'était le démon, le Lumineux qui l'avait apporté afin que Banien et Lyrel profitent de ses pouvoirs. Cependant on n'avait jamais retrouvé le corps du nourrisson. Lyrel s'était même demandé s'il ne l'avait pas mangé, surtout suite aux révélations de Banien. En cet instant il revit une scène : une silhouette en forme d'ombre s'enfonçait dans le sol en tenant un bébé dans ses bras. Leurs regards se croisèrent et...
« Les Diables ! s'écria Lyrel. Ce sont eux qui ont emporté le bébé !
– Pas le bébé, toi, » révéla Hakurō.
Lyrel le dévisagea avec stupeur, espérant toujours qu'il s'agissait d'une de ses farces habituelles. Hélas le vampire était des plus sérieux.
« Ce n'est pas possible, nia-t'il avec entêtement. Je l'ai vu de l'extérieur. Comment pourrais-je être à la fois moi et un bébé ?
– C'est à cause des Lumineux. Ils ont employé une magie mystérieuse pour séparer ton âme de ton corps. Ils ont ensuite transplanté ton âme dans le corps de ce Vite et voulaient ensuite détruire ton corps. Les Dieux sont heureusement intervenus. S'Ils n'ont sauvé que ton corps, c'est parce que...
– … ils ne se sont rendus compte de rien, » devina Lyrel.
Hakurō hocha la tête, un peu peiné. Les choses auraient été bien différentes si les Dieux avaient pu réaliser la situation à temps. Cela dit, c'était tellement incroyable !
« Il était trop tard quand Ils ont compris. Après Ils n'avaient plus d'énergie pour revenir...
– … puisqu'ils avaient tué le Lumineux et déplacé le corps du bébé.
– C'est ça, » fit le vampire d'un air soulagé.
Il croyait que Lyrel avait enfin accepté la vérité, cependant ce dernier restait sceptique. Bien sûr, cela coïncidait avec ses souvenirs et cela pouvait expliquer pas mal de chose, toutefois il se refusait à y croire. Lui, un enfant ? Un tout petit enfant ? Huit ans pour un démon, cela donnait quoi : quatre, cinq ans pour un humain ? Non, c'était inconcevable. En plus cela voudrait dire qu'il avait vraiment volé le corps de Lyrel, un péché impardonnable.
« Tes dieux ont beaucoup d'imagination, finit-il par dire. Je dois reconnaître qu'ils ont habilement brodé autour de mes bribes de souvenirs. Mais c'est inutile : je ne crois pas un seul mot de cette histoire.
– Mon garçon, tu...
– Je n'y crois pas ! répéta-t'il avec plus de violence. Je ne suis pas un enfant ! Je n'ai rien d'un enfant ! Et je n'ai pas volé ce corps ! »
Hakurō le contempla avec douleur et compassion.
« Je comprends que ce soit un choc pour toi. Tu as besoin de temps pour l'accepter. Malheureusement nous ne disposons pas de ce temps. »
Cela attira l'attention du jeune homme.
« Pourquoi ? Que se passe-t'il ?
– Ton corps est en train de mourir. »
Par réflexe, Lyrel baissa les yeux sur son corps mais ne décela rien de particulier. Hakurō soupira.
« Ton vrai corps, précisa-t'il.
– Ceci est mon vrai corps, répliqua Lyrel. Quant au bébé, il n'est pas mort depuis le temps ?
– Non, parce que les Dieux consacrent une bonne partie de Leur énergie à le maintenir en vie. Cela dit, Ils ne pourront pas continuer indéfiniment. Ton âme doit regagner ton corps au plus vite, sinon les deux disparaîtront pour toujours. »
Étrangement, cela n'affola pas du tout Lyrel. C'était comme si cette histoire ne le concernait pas du tout.
« Quelle importance ? finit-il par dire au grand dam de Hakurō. Même si ce que tu dis est vrai, il me restera toujours ce corps, le mien. Alors peu importe si ce bébé meurt. Ce n'est pas moi, de toute façon.
– Tu ne comprends pas, insista le vampire. L'âme et le corps sont liés ! Même séparés, ils restent unis ! Tu l'as bien vu, non ? Les Dieux m'ont dit qu'Ils t'ont montré ton corps plusieurs fois dans tu étais dans le monde des esprits avec Eux. Tu as senti le lien, pas vrai ? »
Un enfant ? Lyrel frémit soudain en pensant à cet enfant aux cheveux noirs et aux yeux dorés. Les cheveux noirs, évidemment... Il ne s'était pas donc pas trompé en se disant que cet enfant voulait lui voler son âme. Ce serait lui ? Le jeune homme eut soudain la nausée. Les yeux dorés d'une bête, les cheveux sombres comme le péché, pouvait-on faire plus démoniaque dans son apparence ? Cela ne pouvait pas être lui !
« En plus, reprit Hakurō qui ne voulait décidément pas le laisser tranquille à ce sujet, tu te souviens de ce que j'ai dit sur le fait que notre âme imposait peu à peu notre apparence au corps que nous occupons ? »
Les yeux du vampire se posèrent sur les cheveux du jeune homme.
« Tes cheveux sont trop courts pour bien voir mais je suis sûr qu'ils ont foncés depuis toutes ces années, non ? »
Le cœur de Lyrel se serra. Oui, il l'avait constaté en arrivant chez les Loups mais Solène, celle qui lui avait coupé les cheveux, lui avait assuré que c'était normal.
« Ça arrive que les cheveux foncent avec l'âge, répliqua-t'il d'un ton obtus.
– Et que les yeux s'éclaircissent ? »
Hakurō se pencha pour mieux voir ses yeux et hocha la tête.
« Cela ne se voit pas de loin mais de près, ils ont l'air plus doré que vert. Si tu veux une preuve, tu l'as là. Il suffit de te regarder dans un miroir. »
Irrité, Lyrel le repoussa.
« On en revient à la même conversation : je ne suis pas un vampire !
– C'est vrai, tu es autre chose mais le principe est le même : tu occupes un corps de Vite sauf que le corps n'était pas mort à ce moment. Même les Dieux ne sont pas bien sûrs de ce que tu es, voilà pourquoi ils t'ont empêché de boire du sang quand je te l'ai proposé au début. Pour autant, il y a des ressemblances.
– Alors peu importe si je meurs, répliqua Lyrel en haussant les épaules. Je n'aurais qu'à devenir un vampire pour de bon. »
Hakurō le gifla alors violemment, horrifié par ses propos et sa désinvolture. Ce garçon était tellement borné qu'il refusait de voir tout ce qu'il y avait en jeu !
« Tu ne deviendras pas une Abomination ! siffla le vampire entre ses dents. Je ferai tout pour que cela ne t'arrive jamais !
– Une Abomination ? répéta Lyrel en le fixant de nouveau. C'est ainsi que tu parles des tiens à présent ? Ils seraient ravis de t'entendre, dis donc.
– Ce n'est pas pareil, se défendit-il. Tu as été privé de ta vie, toute ta vie à cause des Lumineux ! Tu ne mérites pas de devenir un vampire. Je vais faire en sorte que tu retrouves ta vie afin d'en profiter comme il se doit. Voilà ce que tu mérites ! »
Il était si passionné que Lyrel ne sut plus que dire.
Le silence régna un long moment dans la cellule. Chacun était plongé dans ses réflexions et pris par ses émotions. Hakurō tressauta légèrement en entendant Lyrel lui demander d'une voix neutre et dans la langue des démons :
« Si j'étais le petit-frère de Chiharu, cela voudrait dire que Kaname est ma mère ? »
Hakurō secoua la tête, envahi par le regret.
« Mon frère a eu son second fils avec sa concubine... une Lumineuse. »
Lyrel écarquilla les yeux. Encore une autre information qui coïncidait avec les autres : les yeux dorés de l'enfant et les pouvoirs dont il disposait.
« C'est donc héréditaire, murmura-t'il pour lui-même.
– Quoi donc ?
– D'être un Lumineux. »
Hakurō lui lança un regard perplexe.
« C'est quoi pour toi, un Lumineux ? demanda-t'il, frappé par un doute subit.
– Tu m'as dit que c'était un magicien.
– Et c'est tout ? »
Lyrel hocha la tête, ce qui fit soupirer le vampire.
« Les Lumineux sont un clan. Ils dirigent la province de Higawa à l'Ouest de l'Empire de l'Aube. Ils sont tous des magiciens, ce sont même les seuls magiciens parmi nous... à ce qu'ils disent. »
Un clan ? Lyrel ne cacha pas sa perplexité. Il eut soudain une illumination.
« Hikari ? » murmura-t'il.
Ce mot désignait la lumière, alors à chaque fois qu'il l'avait entendu, il l'avait traduit inconsciemment par Lumineux.
Il déglutit soudain.
« C'est encore mieux, marmonna-t'il. Si ce que tu dis est vrai, alors j'ai le sang de ma famille sur les mains. »
Hakurō s'agita en entendant ça.
« Que veux-tu dire ?
– Quand j'étais avec Kaname, des... Hikari nous ont attaqués. Je les ai tués.
– Tu as tué des Hikari, toi ? » s'étonna le vampire.
Lyrel lui adressa un sourire ironique et défiant.
« Pas mal pour un gamin de huit ans, hein ?
– Les Hikari s'entourent en permanence de sorts de protection. C'est impossible de les tuer ! »
Lyrel haussa les épaules. Il ne cherchait pas à convaincre le vampire qu'il disait vrai.
« Heureusement que cette histoire n'est que foutaise alors, reprit-il dans sa langue, sinon ça ferait de moi un gamin très perturbé, pas vrai ? »
Hakurō se mordit les lèvres. Lyrel n'accepterait jamais la vérité à cause de toutes les horreurs que cela impliquait. Pourtant les Dieux avaient été très clairs : Le garçon devait rapidement retrouver son corps. Pour cela, Hakurō devait le conduire dans l'Empire de l'Aube, plus précisément au temple de Myūjin où se trouvait actuellement le corps, afin que les Dieux y transfèrent l'âme. Comme Lyrel refusait de Les écouter, les Dieux avaient besoin d'aide, à tel point qu'Ils étaient prêts à supplier une Abomination, c'était dire ! Ils avaient même été jusqu'à promettre d'accueillir Hakurō parmi Eux quand il mourrait une seconde fois. Être réuni avec ses ancêtres était plus que tentant. La famille était tout pour les humains. En plus Hakurō désirait plus que tout ressentir la chaleur et le sentiment d'unité qu'il avait sentis durant sa première Invocation. Cette fois-ci, même si les Dieux lui avaient parlé, Ils lui avait refusé l'accès au monde des esprits, à sa grande déception.
Toutefois Lyrel ne se laisserait pas convaincre aisément. Hakurō frémit en songeant à ce que les Dieux avaient suggéré : si Lyrel résistait, Hakurō n'aurait qu'à lui couper les bras et les jambes pour qu'il ne puisse pas s'enfuir. C'était brutal, mais quelle importance puisque ce n'était pas le vrai corps de Lyrel ? Cependant une telle expédition impliquait d'autres difficultés : il était extrêmement dangereux pour des vampires de voyager dans l'Empire de l'Aube. Ce n'était pas par crainte de se faire tuer par les humains car ces derniers réfutaient l'existence des vampires de toutes leurs forces. Même s'ils en voyaient un, ils seraient certainement trop choqués et hébétés pour réagir. Non, le vrai danger venait de la tentation du sang : le sang de Vite était nourrissant mais ce n'était rien comparé au nectar onctueux qu'était le sang humain. Même Hakurō n'était pas sûr de pouvoir y résister. Déjà que la Voie de l'Honneur exigeait qu'ils ne boivent que du sang animal ou de Vites volontaires, si jamais il franchissait cette limite alors plus rien ne le séparerait d'un monstre.
En plus son affection pour Lyrel, son cher neveu qu'il n'aurait jamais cru pouvoir rencontrer un jour, lui interdisait d'agir contre la volonté du garçon même si c'était pour son bien. Si Lyrel était ainsi forcé dans un nouveau corps, qui sait comment il réagirait alors ? Hakurō poussa un lourd soupir. Après tout ce que Lyrel avait enduré, bien plus que ce qu'un homme normal pouvait supporter alors ne parlons même pas d'un enfant, il avait gagné le droit de décider comment vivre sa vie. Et peu importait les ancêtres, Hakurō était prêt à risquer Leur colère. Sa décision prise, le vampire posa une main sur l'épaule de son neveu.
« Lyrel, tu as bien dit que tu affronteras la vérité sans te défiler car c'est un de tes vœux sacrés, pas vrai ? »
Le jeune homme se raidit, abasourdi que l'autre utilise ses propres mots contre lui.
« Oui, mais ça...
– S'il y a la moindre chance pour que ce soit vrai, as-tu le droit de l'ignorer ? Cela ne va-t'il pas à l'encontre de tes vœux ? »
Lyrel baissa la tête, en proie à la tourmente. Il savait que Hakurō cherchait à le manipuler mais cela ne voulait pas dire pour autant qu'il ne disait pas vrai. Lyrel avait juré de faire face à la vérité même si cela devait le conduire à sa mort — ou pire encore. Il l'avait prouvé en faisant face à Kahiro. Cette histoire-ci, aussi farfelue soit-elle, pouvait avoir un fond de vérité. Lyrel avait un léger doute et tant de raisons de la renier. Lui, un démon ? un enfant ? un assassin de son propre sang ? Si c'était vrai... s'il était réellement... il serait alors le pire des monstres !
« Que comptes-tu faire de moi ? » demanda-t'il sans relever la tête.
Hakurō resserra sa prise sur son épaule.
« Te laisser partir. »
Surpris, Lyrel croisa son regard et le vit hocher la tête.
« Tu es mon neveu et je t'aime. J'ai confiance en toi. Je comprends que tu doutes de cette histoire alors va dans l'Empire de l'Aube vérifier par toi-même. Si c'est bien la vérité, je sais que tu feras ce qu'il faut. »
Abasourdi, Lyrel balbutia :
« Qu-qui te dit que j'irai... ?
– Fais comme tu l'entends, répondit le vampire avec un doux sourire. Tu m'as dit à ton arrivée que tu avais renoncé à savoir qui tu étais mais je suis sûr qu'au fond de toi, cette question te hante toujours. »
La bouche de Lyrel se tordit en un sourire amer.
« Même si c'est le cas, ça arrive un peu tard. J'ai déjà renoncé...
– Il n'est jamais trop tard pour découvrir qui on est et d'où on vient. Tout homme a besoin de le savoir. Tu ne connaîtras jamais la véritable paix sans ça. »
Lyrel ne protesta pas mais n'approuva pas non plus. Cependant il savait que dans tous les cas, il ne pouvait plus rester à Kagejū.
Son départ eut lieu dans l'heure qui suivit. Lyrel n'avait pas le cœur à rester plus longtemps et les nombreuses rumeurs qui parcouraient le palais lui auraient valu trop d'attention. Le mieux était qu'il s'en aille rapidement et discrètement. Hakurō avait personnellement tenu à faire ses bagages. Il insista aussi pour qu'il emporte sa flûte, son sabre, la carte de l'Empire de l'Aube ainsi qu'un arc et des flèches.
« J'espère que tu penseras à moi à chaque fois que tu joueras de la flûte, fit le vampire. Le sabre n'est pas de la meilleure qualité, il ne peut pas se comparer à ceux de chez nous mais avec lui, tu défendras ta vie. La carte servira à te repérer et trouver ton chemin quand tu te sentiras perdu. L'arc te servira à chasser, n'oublie pas de bien te nourrir. »
Lyrel ne pouvait que hocher la tête devant ces présents et ces conseils prodigués avec toute l'affection d'un membre de la famille. Une boule s'était formée dans sa gorge à l'idée de partir, pourtant il n'avait pas d'autres possibilités.
En retrait, Shijetsū et Kahiro, qui s'était remis, l'observaient avec circonspection. Hakurō leur avait juste révélé la véritable identité de Lyrel sans rentrer dans les détails par manque de temps. Il leur avait également dit que Lyrel devait retourner dans l'Empire pour reprendre sa place. Clairement sceptiques, les deux vampires n'avaient pourtant pas rejeté ses propos. S'ils n'avaient pas vu de leurs propres yeux les Dieux intervenir pour protéger le jeune homme, ils n'auraient pas cru cette folle histoire.
Après une dernière étreinte, Hakurō embrassa Lyrel sur le front puis le lâcha. Le jeune homme déglutit et fit avec difficulté :
« Merci pour tout ce que tu as fait pour moi, Hakurō. Adieu.
– Si les Dieux le veulent, nous nous reverrons peut-être un jour, nuança le vampire en souriant tendrement. Et à ce moment là, il te faudra m'appeler "mon oncle". »
Cela tira un faible sourire à Lyrel. Il s'inclina puis quitta Kagejū, ignorant les regards curieux et inquiets des soldats sur les remparts. Le cœur de Lyrel se serra. Quatre fois. Cela faisait quatre fois en huit ans qu'il se trouvait obligé de quitter les gens et la vie qu'il connaissait. Il était vraiment temps d'en finir.
Notes de Karura : Bon, si cette histoire sur Lyrel est bien vraie, voilà ce qui expliquerait son amnésie qui n'en est pas une. Je rappelle qu'au début il savait à peine parler, ignorait comment se nourrir ou utiliser un pot de chambre. Imaginez un bébé qui vient à peine de naître dans un corps d'adulte. Oui, cela explique bien des choses sur Lyrel. Malgré cela, ça se comprend qu'il ait du mal à accepter cette histoire.
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