Le Prince Solitaire 3 01

PARTIE 3 : Les Vites


Chapitre Un : Découvertes


Lyrel put se rendre compte qu’il était nettement mieux accueilli dans les villages à partir du moment où il avait un enfant. C’était comme si les gens oubliaient leur méfiance si tôt qu’ils voyaient le petit. Lyrel n’eut donc aucun mal à obtenir du lait à chaque fois que nécessaire, l’échangeant contre du gibier. Il trouvait même que les gens étaient davantage prêts à l’aider, tout ça pour l’enfant. S’il avait voyagé seul, on l’aurait considéré avec méfiance et circonspection mais là, tous les doutes s’évanouissaient. On l’invitait même parfois à rester pour la nuit car ‘c’est pas un temps à l’sser l’piot pieuter dehors !’. Bien entendu, il veillait soigneusement à ce que les gens ne voient pas les yeux violets de l’enfant, sinon les réactions auraient été totalement différentes.


Il découvrit aussi un autre moyen de gagner quelques pièces ou du lait : la musique. Une fois il s’était arrêté aux abords d’un village car le bébé pleurait sans raison. Après avoir vérifié la couche et proposé du lait en vain, Lyrel avait fini par sortir sa flûte et avait joué un morceau pour calmer l’enfant. Cela avait non seulement fonctionné mais en plus cela lui avait attiré un public qui applaudit aussitôt qu’il eut fini sa prestation. Il eut droit à des pièces qu’il voulut d’abord refuser, toutefois il se ravisa en songeant au bébé. Cela pouvait toujours être utile.


Il marcha ainsi en direction de l’Ouest. Il se disait que tôt ou tard, il finirait bien par sortir des Pialles et arriver dans l’Empire de l’Aube. En fait il eut la surprise dans un village ordinaire d’entendre subitement la langue des démons : c’étaient deux hommes qui conversaient tranquillement, assis à une table d’auberge. Il pouvait les voir par la fenêtre ouverte. Pourtant il entendait en même temps le langage humain autour de lui. Et puis le village était typique des montagnes. C’était des plus curieux donc il décida de se renseigner. Il alla acheter des fruits et interrogea le marchand, un humain.

« Excusez-moi, vous pouvez me dire le nom de ce village ?

– Kama, répondit le marchand avec un regard intrigué. Savez pas où vous z'êtes ?

– Pas précisément, avoua-t’il.

– Z’allez où ? »


Grâce à la carte d’Hakurō annotée dans la langue des humains, Lyrel avait une idée :

« La province de Madare. »

Il prit le risque de citer une région de l’Empire de l’Aube afin de tester la réaction de son interlocuteur. Ce dernier ne changea pas d’expression :

« Z’y êtes. »

Lyrel cligna des yeux.

« Euh… c’est que je m’attendais à autre chose.

– Z’êtes pas du coin.

– Du tout. Et vous n’êtes pas des démons. »

Le marchand lui lança subitement un regard alarmé.

« Ch’t, fit-il à voix basse. Dites jamais ça ici ! Z’aiment pas du tout ! »

Lyrel n’eut pas besoin de demander de qui il parlait.

« Comment les appeler alors ? s’enquit-il. Je ne veux pas d’ennuis. »


Dans leur propre langue, les démons s’appelait les humains mais Lyrel ne pouvait pas faire usage de leur langue. Et s’il traduisait, cela induirait une confusion. Le regard du marchand s’arrêta sur le bébé et il hocha la tête avec compréhension.

« Les Autres, expliqua-t’il. Faut les app’ler comme ça.

– Vous vivez donc avec eux ?

– On cohabite. Y a qu’à Madare qu’c’est toléré. J’vous conseille d’baisser la tête d’vant les Autres. Et surtout leur parlez pas l’premier.

– Ils parlent notre langue ? » s’étonna Lyrel.

Les vampires parlaient la langue humaine mais c'était parce qu’ils occupaient des corps humains et avaient certains souvenirs.

« Un peu. Certains. Mais z’aiment pas ça alors faut pas les énerver. Z’ont tous les droits ici. »


Lyrel hocha la tête.

« Ah, merci. Je serai prudent. Vous pouvez aussi m’indiquer la grande ville la plus proche ? »

L’homme se gratta le menton barbu.

« Yasara, fit-il, à quat’jours d’marche. Suivez la route vers l’Sud, z’y serez vite.

– Encore merci. »

Lyrel quitta le village, la tête remplie de pensées. Les humains et les démons qui cohabitaient ? C’était donc possible ? Bon, cela n’avait pas l’air parfait mais jamais il n’y aurait cru. D’un autre côté, même si les Pialles formaient une barrière naturelle entre les deux mondes, il était logique pour les habitants de la région de se croiser et donc d’avoir fini par développer des échanges au fil du temps.


« Bon, songea Lyrel, nous y sommes. »

Il remit son sac rempli sur son épaule et caressa la joue de l’enfant de son autre main.

« Regarde, on est chez toi. »

Le bébé n’eut pas l’air très concerné par la nouvelle. Il agrippa le doigt de Lyrel et le mit dans sa bouche, comme à son habitude. Il avait eu sa première dent quelques jours plus tôt — après des nuits de pleurs, de fièvre, et d’inquiétude de la part de Lyrel. L’homme la sentit sur son doigt et il eut un sourire amusé. Il reprit ensuite la route.


~*~


Au fur et à mesure qu’il se rapprochait de Yasara, les villages se métamorphosaient peu à peu pour ressembler au souvenir qu’il avait de l’habitat des démons. Il croisait encore des humains mais également de plus en plus de démons. Au moins il n’avait plus à s’inquiéter de cacher les yeux du bébé. Selon les villages il parlait soit la langue des démons, soit celle des humains. Dans tout les cas, la présence du bébé continua de lui assurer un bon accueil et il voyagea sans encombre jusqu’à atteindre la ville qu’on lui avait indiquée.


Yasara était une ville fortifiée. Pour la première fois de son voyage, Lyrel eut affaire à un poste de contrôle sur le pont qui enjambait une rivière à l’entrée de la ville. Il y avait une longue file d’attente pourtant les gens se montraient patients. Lyrel contempla ce qu’il voyait de la ville tandis que le bébé gazouillait gaiement dans ses bras. Un marchand à côté de lui entama la conversation par désœuvrement.

« C’est vot’première fois à Yasara ? »

Lyrel acquiesça.

« C’est normal qu’ils contrôlent l’accès à la ville ? s’enquit-il.

– Yep, d’puis l’invasion d’y a quatre ans. »

Le cœur de Lyrel battit plus vite. Il parlait bien de la Croisade ?


« Mais ça c’est passé dans la province de Towa, loin d’ici, » répliqua-t’il.

L’autre homme haussa les épaules.

« Ç’a pas d’importance pour les Autres. Y sont méfiants envers nous maint’nant. On peut plus circuler comme avant. C’tes maudits soldats, qu’est-ce qu’y sont allés foutre à Towa ?! »

Lyrel retint un soupir. De toute évidence la Croisade avait eu des conséquences inattendues, et pas des bonnes.

« Ils croyaient sans doute faire le bien, répondit-il d’un ton rempli de regret.

– Ben c’est raté, répliqua le marchand avec aménité. D’coup, on peut pus qu’voyager dans c’te région et encore, on est contrôlé tout l’temps. J’ai perdu d’bons clients Autres à cause d’ces conneries ! En plus y a plus rien qui va dans c’t’Empire !

– La situation est si grave que ça ? » s’enquit Lyrel.

Il avait entendu les vampires en parler entre eux mais cela ne l’avait guère intéressé à l’époque.


« Bah, j’sais pas trop. Les Autres, z’aiment pas en parler d’vant nous mais j’comprends un peu leur langue. J’sais qu’l’Emp’reur est un faible avec d’mauvais conseillers. Y taxe l’seigneurs qui taxent leurs sujets en r’tour. Ça va de pis en pis. Et puis y a aussi des histoires d’inondations ou d’sécheresse. L’dieux sont en colère, qu’y disent. »

Le marchand avait baissé la voix pour dire tout cela, de crainte d’être surpris en train de critiquer l’Empire. Lyrel hocha la tête, stupéfait par ces informations. La situation semblait vraiment grave, voilà pourquoi il y avait de plus en plus de vampires dans les Pialles, des démons remplis de regret ou de haine et qui n’acceptaient pas leur mort injuste.


« Dites, fit-il soudain, à propos de l’Empereur, combien de fils a-t’il ? »

Le marchand le fixa d’un air perplexe.

« Ben, un seul je crois. P’quoi ?

– Juste par curiosité, » répondit-il.

Il se devait de vérifier l’histoire invraisemblable que lui avait racontée Hakuro. Il persistait à la rejeter et espérait que les réponses qu’on lui donnerait conforterait son opinion. La réponse du marchand, quoique hésitante, le rassura pour le moment. Toutefois il était encore trop tôt pour se réjouir : Lyrel devrait interroger plusieurs personnes dont des Autres avant de rejeter totalement cette histoire. Malgré tout il restait persuadé que les Diables avaient menti. Dans quel but ? Cela, il s’en fichait bien.


Le marchand aperçut tout à coup un de ses confrères non loin et salua Lyrel avant d’aller rejoindre l’autre homme pour discuter. Au bout de quarante minutes, Lyrel et le bébé arrivèrent enfin devant les gardes. Celui qui s’occupa de Lyrel le dévisagea un moment avant de dire :

« Humain ou Vite ? »

Il semblait hésiter entre les deux et cela le contrariait un peu.

« Vite, » répondit Lyrel.

Le garde fronça les sourcils mais ne parut pas plus étonné que ça que Lyrel ait compris sa question.

« Nom et raison d’ta venue, » fit-il dans la langue des humains avec un dégoût évident.

Lyrel avait un peu réfléchi au fait de changer de nom. Il n’était plus Archange et le nom de Lyrel commençait à lui sembler étranger. Il voulait se défaire de son passé et un nouveau nom illustrait bien son état d’esprit. Toutefois il n’était pas trop doué pour ça alors il avait fini par se décider bêtement pour :

« Yama. »

Cela signifiait ‘montagne’ dans la langue des démons. Puisqu’il descendait des Pialles, c’était tout à fait de circonstances.


Le soldat lui lança un regard surpris puis amusé, comme s’il venait d’entendre une bonne blague. Il pensait peut-être que Yama ignorait le sens de ce mot. Ce dernier ne chercha pas à le détromper et se concentra sur le problème important. Il tendit le bébé devant lui et déclara :

« J’ai recueilli cet enfant qui est l’un des vôtres. À qui puis-je le confier ? »

La question déstabilisa le soldat. Il fixa le bébé et ses yeux violets, puis ramena son attention sur le Vite.

« Recueilli ? C’ment ça ? Où ?

– Dans les Pialles, expliqua-t’il. Des villageois allaient le brûler alors je l’ai sauvé et amené ici. »

La haine se manifesta sur le visage du démon.

« Dégénérés, » marmonna-t’il.

Ce mot désignait ceux qui s’en prenaient aux enfants de quelque manière que ce soit.


« T’peux y aller, » reprit le soldat.

Yama le fixa, incertain.

« Euh… et le bébé ? Vous ne faites rien ?

– Pas mon problème. T’verras en ville. »

Le visage fermé du garde le découragea d’insister. Vu toute la longue file de gens qui attendaient encore derrière lui, Yama comprit qu’il n’avait pas le temps de s’occuper de lui alors il hocha la tête et passa le point de contrôle. Il trouverait certainement quelqu’un pour le renseigner en ville.


~*~


Il y avait une foule immense dans la ville. Habitué uniquement aux villages de montagnes depuis des années, Yama se sentit aussitôt perdu. Yasara paraissait aussi grande que Rome ! 

« J’avais demandé une grande ville, songea-il, mais je ne la voulais pas si grande ! »

Il suivit le mouvement de la foule faute de mieux et se retrouva sur une grande place où des marchands hélaient les passants dans les deux langues :

« Poissons frais du jour ! Poissons !

– Beaux vêt’ments ! Venez voir le meilleur tissu de la région !

Goûtez à mes brioches au lotus ! Manger ! Bon manger ! »

Yama ne put s’empêcher de sourire en entendant les versions dans les deux langues. Il tournait la tête dans tous les sens, captivé par les bruits, les couleurs et les odeurs. Dans ses bras le bébé était tout aussi émerveillé et tendait ses petites mains potelées pour essayer d’attraper tout ce qui passait à sa portée.


Après un bon moment passé à s’imprégner de cette riche atmosphère, Yama s’éloigna à regret. Il n’avait pas oublié la raison de sa venue. Les rues contenaient de moins en moins de monde au fur et à mesure qu’il s’écartait du marché. Il s’arrêta sur les rives d’un fleuve et nourrit le bébé avec un restant de lait, puis il mangea un morceau de lapin de la veille. Il fit un tas avec sa couverture pour poser le bébé dessus. Il sortit ensuite sa flûte et joua un air doux pour l’endormir. Malgré l’excitation de la journée, le nourrisson ferma vite les yeux et sombra dans un sommeil béat. Yama posa son instrument et sourit. Il lui fallait à présent réfléchir à ce qu’il allait faire.


Il n’était pas naïf au point de croire qu’il retrouverait la famille du petit du premier coup. L’Empire de l’Aube était vaste et il ne connaissait même pas le nom de l’enfant ! Il n’avait que l’espèce de robe et la couverture qui enveloppaient le bébé quand il l’avait sauvé des flammes. Il avait examiné les deux mais elles ne portaient aucune marque distinctive. Au cas où, il les gardait dans ses bagages et avait vêtu le bébé avec des vêtements fournis par Dehlia. Quand il faisait trop froid, il rajoutait une de ses tuniques de rechange — offertes par Hakurō — en l’enroulant autour comme une couverture. Au moins l’enfant était bien au chaud avec !


Revenant à son problème, Yama en avait conclu que la meilleure solution était de confier l’enfant aux autorités locales qui seraient plus à même de rechercher sa famille. Le seul souci était qu’il ne connaissait pas bien le mode de fonctionnement des démons alors il ne pouvait que comparer à sa propre expérience des humains. S’il avait trouvé un bébé là-bas, qu’aurait-il fait ? Il l’aurait certainement remis à la caserne la plus proche ou confié à un prêtre. Ce devait être la même chose ici, voire mieux encore puisque les enfants étaient sacrés chez les démons. Il allait donc chercher des soldats en espérant qu’ils soient mieux disposés que celui à l’entrée de la ville. Sinon il irait en quête du temple le plus proche. Toutefois cela le mettait un peu mal à l’aise de s’y rendre. Après tout les dieux vénérés par les démons étaient les Diables qui l’avaient harcelé depuis des années. En parlant de ça, ils s’étaient tenus tranquilles depuis la dernière fois, épuisés par leur démonstration devant les vampires. Si cela pouvait durer, ce serait parfait !


~*~


Yama demanda son chemin et reçut des regards étranges en retour mais on le renseigna volontiers. Yama finit ainsi par arriver devant la caserne de la ville. Deux gardes étaient postés à l’entrée et l’un d’eux le dévisagea avec stupeur et suspicion lorsqu’il se présenta devant eux.

« Vite ? » cracha l’homme.

Il s’était basé sur la taille de Yama, plus grand que la normale des démons.

« Je viens au sujet de ce bébé, acquiesça-t’il en désignant le nourrisson attaché contre son torse. Il est des vôtres et je suis venu vous le restituer. »

Le garde le fixa avec incrédulité puis éclata de rire. Il expliqua la situation à son collègue dans leur langue et l’autre se mit à rire aussi. Yama retint un soupir.

« T’veux qu’on en fasse quoi du môme ? lui demanda le premier soldat d’un ton ironique.

– Rechercher sa famille, répondit-il d’un ton d’évidence. J’ai avec moi les vêtements qu’il portait lorsque je l’ai trouvé et…

– Pas l’temps ! l’interrompit le soldat en posant la main à son sabre. Fich’l’camp ! »


Bien entendu, à cause du bébé, le soldat n’était pas trop violent. Yama persista :

« Mais ce bébé vient d’une noble famille, j’en suis sûr. Ils doivent aussi être à sa recherche ! Vous n’avez pas entendu parler d’un enfant qui aurait disparu avec sa mère ?

L’Empire est aussi vaste que le ciel, cita le soldat avant de secouer la tête. Sais pas et p’importe. Fich’l’camp !

– Laissez-moi au moins parler à votre commandant. C’est très important ! »

Le soldat lui lança un regard noir, outré par l’insolence de ce Vite. Bébé ou pas, il allait perdre patience dans très peu de temps.

« T’as trouve c’môme, tu l’gardes ! cracha-t’il. Continue à nous embêter et on t’jette en prison ! »


La perspective n’effraya guère Yama.

« Si je vais en prison, vous vous occuperez du bébé ? » demanda-t’il plutôt.

Désemparé devant une telle insistance, le garde se tourna vers son collège qui n’avait pas perdu une miette de la scène.

« Ces Vites, ils se croient tout permis ! commenta-t’il avec colère.

Oui mais il a un enfant. On ne va pas l’arrêter.

Alors dépêche-toi de le faire partir avant que le sous-commandant arrive. Je ne veux pas d’ennuis !

Mais tu as vu comme ce Vite est buté ! Comment tu veux... »


À ce moment, le bruit des sabots sur la terre battue se fit entendre. Les soldats pâlirent et se remirent en position. Quant à Yama, il resta au milieu du chemin. Le premier garde lui souffla d’un ton horrifié :

« Reste pas là. Fich’l’camp ! »

Cependant Yama prit un air résolu et ne bougea pas d’un pouce. Le second garde n’y tint plus et s’avança vers lui pour le pousser rudement.

« Dégage, sale Vite ! » fit-il entre ses dents.

Il dégaina même son sabre pour l’agiter dans sa direction, toutefois Yama savait qu’il n’attaquerait jamais, de crainte de blesser le petit. C’était une protection dont il comptait bien profiter !


Les chevaux se rapprochèrent en provenance de derrière Yama. Il ne se retourna pas, même lorsqu’il les entendit s’arrêter.

« Vous deux ! fit une voix peu amicale. C’est comme ça que vous gardez notre caserne ? Pourquoi cet homme empêche le sous-commandant Hanoï de passer ? »

Yama se retourna alors à moitié et vit une troupe de vingt soldats montés. Il identifia aussitôt le sous-commandant par sa tenue élaborée. C’était un homme dans la force de l’âge. Des mèches grises commençaient à apparaître dans ses cheveux vert clair et ses yeux de la même teinte regardaient droit devant lui, ignorant le détail trivial que représentait Yama comme s’il était indigne de lui. C’était un autre soldat qui avait harangué les deux gardes. Celui-là jeta un regard mauvais à Yama qui se trouvait à portée de lui.

« C’est important, fit ce dernier. C’est au sujet de... »


Il n’eut pas le temps de finir que l’homme lui donna un coup de pied en plein visage du haut de sa monture.

« De quel droit ce Vite ose-t’il me parler ? Qu’on le jette en prison ! Il sera fouetté pour son insolence ! »

Le bébé, secoué par le coup, se mit à pleurer. Il attira sur lui l’attention du soldat. L’expression de l’homme se figea puis il cracha par terre.

« Ah, tu as de la chance, le Vite ! Disparais avant que je ne change d’avis ! »

Yama ne croisa que des regards hostiles, aussi préféra-t’il battre en retraite. Son approche n’était pas la bonne. Peut-être que s’il parlait leur langue… Non, il avait la nette impression que le sort du bébé n’intéressait personne à part lui.


Il s’éloigna de la caserne en soupirant. Le bébé ne se calma qu’après qu’il l’eut bercé longuement et chuchoté des paroles rassurantes. Avec tout ça, la journée était bien avancée. Yama se dit qu’il était temps de se trouver une chambre pour la nuit. Il avait quelques pièces glanées en chemin grâce à sa flûte alors il se décida pour une auberge. De toute façon il lui fallait du lait pour le petit.


~*~


La première auberge où il entra le refusa net.

« Tu sais pas lire, le Vite ? » lança un des serveurs avec virulence.

Il désigna une pancarte à l’entrée et cracha :

« Vites interdits ! »

Lyrel fixa les symboles. Hakurō avait bien tenté de lui apprendre à lire et à écrire mais ce ne l’avait pas motivé. S’il avait su, il aurait été plus persévérant. Là, les symboles lui faisaient penser à des lignes qui s’entrecroisaient, rien de plus.

« S’il vous plaît, interpella-t’il le serveur. Où puis-je alors trouver une auberge pour moi et le petit ? »

Il abusa une fois encore de la présence du bébé et cela fonctionna, comme toujours. Le serveur désigna une direction et fit avec agacement :

« Là-bas, là-bas les Vites ! »


Yama le remercia et suivit la direction indiquée, même s’il semblait s’éloigner ainsi du centre-ville. Il croisa d’autres auberges mais elles portaient toutes la même pancarte — même s’il ne savait pas lire la langue des démons, Yama avait retenu les symboles. Il finit par arriver en face d’un établissement et fut rassuré d’entendre la langue humaine. Décidément, cette ville était bien curieuse et compliquée. Avec un soupir, Yama entra dans l'auberge en espérant y trouver du répit.






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