Le Prince Solitaire 4 17

Chapitre Dix-sept : Explications


Il se retrouvèrent tous dans la salle de repas — plus petite que le pavillon des banquets, elle servait pour les petites réceptions. L'Impératrice avait prit un bain et Teshime lui avait prêté sa plus belle tenue, bien qu'elle soit un peu trop grande pour Kaname. Ses longs cheveux roses avaient été soigneusement peignés et coiffés en tresses et chignons, le tout orné de nombreux bijoux. Même si Kaname ne s'était pas plainte une seule fois durant le trajet, il était clair qu'elle se sentait bien mieux à présent. Kikuchi avait eu droit au même traitement, et il portait une ancienne tenue de Mitsuhide aux couleurs de Madare. Yatsu avait également pris un bon bain et s'était changé, juste après avoir vu Tetsuō. Seul Yama n'avait fait qu'une toilette rapide et avait enfilé une tenue au hasard, comme à son habitude. Mitsuhide lui avait lancé un regard d'impuissance quand il s'était installé à table.


Bien que l'impatience soit grande, la politesse voulait qu'on attende la fin du repas pour commencer à parler. En plus, Kaname et Kikuchi avaient passé des semaines sur la route sans prendre un repas convenable. Ils étaient donc affamés, bien que les convenances les obligeaient à manger avec retenue. Dès que le bon moment arriva, Mitsuhide prit la parole avec empressement :

« Votre Majesté, votre venue est un grand honneur pour ma demeure, tout en étant une merveilleuse surprise.

Merci, seigneur Mitsuhide, fit Kaname en hochant la tête dans sa direction. Je suis navrée d'être venue sans prévenir, mais cela s'est fait dans l'urgence. »

Elle posa ses baguettes en travers de son bol et se ressuya délicatement la bouche avec la serviette, tout en se cachant d'une manche.

« Seigneur Mitsuhide, je viens vous apporter mon soutien dans votre guerre contre les Hikari. »


La déclaration fut suivie d'un silence surpris, puis Mitsuhide s'inclina bien bas.

« Votre Majesté, je n'en espérais pas tant ! Que les Dieux vous bénissent !

Ce n'est que peu de chose, répondit-elle avec un sourire amer. Je n'ai guère d'influence et ne puis vous apporter que ces mots. Je... je devais normalement emmener mon fils avec moi afin de vous fournir un otage précieux et un moyen de pression sur l'Empereur, mais les Hikari ont eu vent de mon projet et se sont interposés. Au final, seuls Kikuchi et moi avons pu quitter Kurojū.

Cela signifie que le général Kenryū vous a aidé ?

Tout comme moi, il sait que les Hikari sont la vraie menace. Hélas, mon époux ne veut rien entendre à ce sujet. »

Elle baissa tristement les yeux.


Teshime, sentant que les sujets sérieux allaient être abordés, rappela aux garçons que les leçons allaient débuter. Yatsu et Tetsuō prirent donc congé sans discuter. Quant à Kikuchi, il ne fit pas mine de partir.

« Le Firal Kikuchi pourrait peut-être accompagner les garçons, suggéra Teshime avec tact. Qu'en dites-vous, mon époux ? »

Mitsuhide regarda l'adolescent qui serait bientôt majeur et nota son air déterminé.

« Il peut rester s'il le souhaite. Je pense qu'il est assez grand pour entendre ce qui va se dire.

J'ai toute confiance en Kikuchi, approuva l'Impératrice. Après tout, son père l'a bien éduqué.

Alors c'est entendu, décida Mitsuhide. Votre Majesté, puis-je vous demander ce qui a motivé votre décision ? Car il me semble que vous prenez un énorme risque. »

Œuvre originale écrite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé mon histoire !

Kaname eut un rire dénué de joie.

« Je n'ai plus grand-chose à perdre, seigneur Mitsuhide. Les Hikari n'ont cessé d'œuvrer pour m'écarter de mon époux. Savez-vous quelle a été leur dernière suggestion ? »

Comme il secouait la tête, elle raconta, les lèvres pincées :

« Comme je suis la dernière représentante du clan Hamenoto, ils ont émis l'idée que j'épouse le régent actuel de Towa et que j'ai des enfants avec lui, afin de faire perdurer mon clan.

Quelle horreur ! » s'écria Teshime, remplie de compassion féminine.

Mitsuhide était tout aussi choqué.

« Mais vous êtes l'Impératrice ! Vous ne pouvez pas vous marier de nouveau !

Oh bien sûr, pour cela, il faudrait que je renonce à mon titre. Temporairement, ont assuré les Hikari, juste le temps d'avoir quelques enfants et de les élever.

Dites-moi que l'Empereur s'est opposé à cette idée ! »

Kaname ne dit rien, ce qui était une réponse en soi.


Mitsuhide secoua la tête, atterré.

« C'est inconcevable, c'est vraiment...

C'est malin, » intervint Yama, qui avait conservé le silence jusque là.

Des regards interloqués se posèrent sur lui.

« Non, vraiment, je vois que les Hikari arrivent toujours à couvrir leurs arrières. Même en y regardant de près, il est difficile de les prendre en défaut. C'est ce qui en fait des ennemis redoutables.

Iguna... non, général Yama, je suppose que c'est vous qui affirmez que les Hikari sont à l'origine de l'Invasion. Avez-vous des preuves de cela ?

À part ma parole, non, reconnut-il.

Pourtant, vous êtes sûr que ce sont bien eux les responsables ?

Absolument. »

Il leur expliqua le lien entre le Pape et les Hikari, l'Invasion et le fait que Chiharu ait été la cible.


L'Impératrice inclina alors la tête dans sa direction.

« Nous vous devons vraiment la vie, fit-elle. À l'époque, vous ne parliez pas aussi bien notre langue, alors je n'ai pas pu vous demander clairement : pourquoi avoir trahi les vôtres pour sauver deux étrangers ? »

Yama se remémora de nouveau ces temps sombres.

« Croyez-le ou non, mais la vocation des Templiers n'a jamais été de tuer des femmes et des enfants. Je n'ai pas agi pour trahir les miens, mais plutôt pour les empêcher de commettre un acte horrible... en plus de ce qu'ils avaient déjà fait.

Et l'homme qui a voulu nous empêcher de partir... Vous avez dit à l'époque qu'il s'agissait de votre frère.

Oui, Lucius, » fit-il, surpris qu'elle se rappelle de ce détail.

Mitsuhide reconnut le nom et lança un regard perplexe à son ami. Kaname essaya de formuler sa question avec délicatesse :

« J'imagine que cela doit être pénible pour vous de vous en souvenir, mais... la façon dont vous vous êtes disputés... Pardonnez-moi, mais cela ressemblait plus à une querelle d'amants. C'était vraiment votre frère ? »


Yama manqua de s'étouffer au mot 'amant'. Il aurait bien aimé pester contre les Autres qui voyaient de l'amour entre hommes partout, sauf qu'il avait eu plusieurs fois l'occasion de s'interroger sur les sentiments de Lucius à son égard. Et avec la révélation qu'il avait eu récemment sur le fait que Lucius, Marius et Gaïus étaient en réalité des Autres...

« Dans notre Église, tout le monde est frère, biaisa-t'il. Mais les Archanges sont plus proches que les autres. Les trois autres Archanges ont tous été recueillis par le Pape tous petits. Quand j'ai été nommé à mon tour, ils m'ont accueilli dans leur famille.

Mais vous n'êtes pas vraiment une famille, insista Kaname en plissant le front.

La famille, c'est très surfait, répliqua-t'il avec une pointe d'agacement devant son insistance.

Mais...

Je ne comprends pas pourquoi vous vous intéressez encore à tout ça. Ils sont tous morts, de toute manière ! » lâcha-t'il.

Cela la fit taire efficacement. Toutefois, Mitsuhide lui lança un regard de reproche car il s'était montré trop brusque. Yama n'en eut cure. Franchement, ils avaient mieux à faire que de remuer une histoire vieille de vingt ans et sans aucun lien avec le présent !

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En bon hôte, Mitsuhide tenta de détendre l'atmosphère :

« Si je comprends bien, vous avez rencontré Yama il y a vingt ans ? Ah, il a dû bien changer depuis, non ?

Beaucoup, reconnut-elle en jetant un rapide coup d'œil un peu effarouché à l'intéressé.

C'est comme ça avec les Vites. Vingt ans pour eux, c'est l'équivalent de cinquante ans pour nous.

Ce n'est pas juste qu'il a vieilli, c'est aussi... »

Yama la foudroya du regard et elle en fut troublée.

« Ah, non, ce doivent être mes souvenirs qui ne sont plus précis. C'est sûrement ça. »


Le lourd silence qui s'ensuivit fut soudain interrompu par Kikuchi. Ce dernier n'avait cessé d'observer Yama le temps de la conversation et il s'écria soudain :

« Ça y est ! Je sais pourquoi votre visage m'est familier ! »

Il se tourna vers Kaname et fit avec un sourire :

« Votre Majesté, vous ne trouvez pas qu'il ressemble un peu à l'Empereur Kōtoda Nom posthume du précédent Empereur. (1) ? J'ai souvent vu son buste dans le Pavillon du Souvenir à Kurojū ! »

Yama se cacha le visage dans une main. Ce n'était pas possible, ces deux-là s'étaient donnés le mot pour le torturer ?! Le pire n'était pas que Kaname s'était mise à l'observer plus attentivement, mais que les Diables s'agitèrent autour de lui en se réjouissant :

« Tu ne peux pas renier ton sang, fils !

Vous tous, ça suffit ! » s'énerva-t'il en tapant du poing sur la table.


Il lança un regard féroce aux ombres qui eurent la sagesse de se calmer. Puis il releva la tête et croisa les regards ahuris de tout le monde. Bien entendu, ils ne comprenaient pas la raison de son emportement et il ne fallait surtout pas qu'ils comprennent.

« Hum... pouvons-nous arrêter ces frivolités et parler de choses sérieuses ? demanda-t'il un peu plus calmement.

P... Pardonnez-moi, général Yama, fit Kikuchi en baissant piteusement la tête. Je vous ai offensé sans le vouloir. »

Yama soupira. Ce n'était pas la faute de l'adolescent.

« Ce n'est pas grave, fit-il d'un ton un peu plus doux. Ne t'en fais pas pour ça. »

Le Firal resta pourtant mortifié, n'osant plus dire un mot. Yama soupira de nouveau.

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« Nous sommes tous à cran, constata Mitsuhide. Je suggère de reprendre plus calmement en fin de matinée. »

Personne ne s'y opposa. Yama se leva et annonça son intention d'aller à la caserne.

« N'oublie pas ce que je t'ai dit, » lui rappela Mitsuhide.

Il devait mentir sur la raison de son absence. Rien que l'idée lui faisait horreur, cependant il était fautif et devait se racheter aux yeux de son ami. Alors il acquiesça. Kikuchi le regarda partir, au supplice. Kaname posa une main réconfortante sur son épaule.

« Ne t'inquiète pas, Kikuchi. Le général Yama n'est pas fâché contre toi.

Mais pourtant, mes paroles l'ont assurément offensé !

Firal Kikuchi, intervint Mitsuhide, croyez-en mon expérience : les Vites se fâchent bien plus rapidement que nous et se calment tout aussi rapidement. »


Cela rassura un peu Kikuchi, mais pas entièrement. Kaname, elle, se tapota le menton d'un doigt.

« En tout cas, tu as raison : il ressemble beaucoup au précédent Empereur. C'est vraiment étrange... »

Le regard de l'Impératrice se fit songeur. Kenryū ne s'était donc pas trompé en lui décrivant physiquement Yama, et les changements étaient tels que cela expliquait pourquoi Kenryū avait été si persuadé qu'il ne pouvait pas s'agir d'Iguna. Pourtant, c'était bien lui. Alors comment se faisait-il qu'il ait autant changé ? Il avait clairement les yeux plus clairs et les cheveux plus foncés. Même les traits de son visage semblaient s'être un peu modifiés. Il avait beau être un Vite, cela ne pouvait pas être normal.


« Votre Majesté, fit respectueusement Teshime, les servants ont fini de préparer vos appartements. Malheureusement, nous n'avons pas de pavillon disponible pour vous loger, car notre Hanajū n'est rien en comparaison du palais impérial. Toutefois, vous y serez confortablement installée et vous pourrez vous reposer après un si long voyage.

Cela me convient très bien, dame Teshime. Merci de votre prévenance. »

L'épouse de Mitsuhide s'inclina bien bas.

« Pour le Firal Kikuchi, nous n'avons malheureusement qu'une chambre à lui proposer. Je m'excuse pour notre manque d'hospitalité.

Cela ne me dérange pas du tout, dame Teshime, » assura l'adolescent.

Ces dispositions prises, ils se séparèrent pour le reste de la matinée.


~*~


Yama fut escorté par des murmures sur son passage. La présence de l'Impératrice était à présent connue de tous, tout comme le fait que Yama l'avait escortée depuis Murōki. Ce mensonge lui laissait un goût amer en bouche, toutefois Mitsuhide avait raison : si les gens apprenaient qu'il avait voulu partir peu avant la bataille, même si cela n'avait rien à voir, ils interpréteraient forcément ça comme un signe annonciateur de défaite. Il avait agi de manière impulsive et irrationnelle, mais c'était parce qu'il avait cru que Yatsu était en danger. Son fils était sa raison de vivre, il était prêt à tout pour lui. Au final, ils étaient de retour donc cela n'avait servi à rien — sauf à protéger l'Impératrice et la ramener ici. Yama commençait donc à se demander si cela n'avait pas été le véritable but de son rêve. La coïncidence était bien troublante.


Rageusement, il mit Yaji au galop. Ce qui était fait était fait, mais il n'aimait pas se sentir prisonnier. Les Diables continuaient à manigancer à son insu et cela ne lui plaisait pas du tout.

« Ce n'est pas de Notre faute ! protestèrent-ils tout à coup. C'est toi qui as interprété ce rêve comme ça !

Et d'où venait ce rêve, au juste ? Hein ? Il paraît que vous savez envoyer des rêves !

Uniquement aux membres de la famille impériale. »

Yama faillit étouffer de rage. Ces Diables étaient vraiment des manipulateurs de première !

« Vous êtes pires que les Hikari, » leur lança-t'il volontairement.

Il en tira une mince joie en les sentant s'indigner de la comparaison.

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À l'entrée de la caserne, les gardes l'accueillirent sans avoir l'air surpris :

« Général Yama, bon retour ! »

Allons donc, la rumeur était donc parvenue jusque là. Ses trois commandants se tenaient dans la cour et s'inclinèrent pour le saluer. Ils attendirent d'être dans son bureau pour exprimer leurs reproches :

« Général Yama, se lança Parto, vous auriez pu nous avertir de votre départ, tout de même ! Nous ne savions pas que répondre aux hommes et les rumeurs les plus folles ont couru !

Je... Je suis désolé. J'ai dû partir précipitamment pour... pour... »

Rien à faire, le mensonge ne pouvait pas franchir ses lèvres.


« Nous savons pour Sa Majesté l'Impératrice, fit Tsumi en volant à son secours sans le savoir. Je comprends que c'était une mission secrète, mais vous auriez pu nous laisser des instructions ou quelque chose ! »

Yama s'assombrit. Les conséquences de ses actes lui apparaissaient clairement et il le regrettait. Jusque là, il avait toujours cru que le plus difficile était de partir en quittant ses amis et proches, mais il se rendait à présent compte que revenir et affronter ses responsabilités était bien plus ardu.

« Bon, intervint Kitano d'un ton conciliant, ce qui compte, c'est que vous êtes de retour en ayant réussi votre mission. C'est une victoire de plus pour notre caserne et une source d'inspiration pour les nouvelles recrues ! »


L'enrôlement avait effectivement repris en prévision de la prochaine bataille contre l'Armée Impériale, et la caserne de Yama se chargeait d'accueillir les nouveaux soldats et de les former rapidement avant de les répartir dans les deux autres casernes. Wakiro et Shimada acceptaient volontiers les Vites désormais, mais pas les femmes — il ne fallait pas leur en demander trop d'un coup. Qui plus est, la méthode d'entraînement de Yama était pleinement appréciée.

« Où en sommes-nous dans nos effectifs ? s'enquit Yama pour revenir à des sujets moins pénibles.

Mille recrues de plus cette semaine, fit Kitano avec une pointe de fierté. La motivation est bien plus grande cette fois. »

Heureusement que la caserne provisoire n'avait pas été détruite, elle était fort utile pour accueillir le flot continu de nouvelles recrues. Au total, Madare comptait actuellement vingt mille soldats répartis entre les postes-frontière et les différentes villes. Quand leurs alliés se rajouteraient, cela devrait donner une bataille encore plus imposante que la première.

« Il le faut bien, songea Yama, puisque l'Empire ne fera plus l'erreur de nous sous-estimer. Notre victoire a été un camouflet pour eux, alors ils doivent absolument nous écraser cette fois. »

Nul doute que les Hikari prendraient une part plus active dans la bataille, eux aussi.


~*~


Yama alla ensuite assister à l'entraînement des nouvelles recrues. Sa présence déclencha un regain d'enthousiasme, surtout quand il affronta au sabre les éléments les plus prometteurs et fit une démonstration de tir à l'arc. Cela eut aussi l'avantage de lui changer agréablement les idées, et son humeur sombre le quitta peu à peu... jusqu'à ce que Gugonjū se présente.

« Général Yama, fit-il en s'inclinant, félicitations pour la réussite de votre mission.

Merci, Saint Gugonjū, répondit-il froidement.

Quelle chance pour sa Majesté l'Impératrice que vous l'ayez rejointe à temps... »

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Si Yama avait eu des soupçons, cela les confirma totalement. Il se renfrogna davantage et, profitant qu'il n'y avait personne tout près, il lâcha :

« Allons, vous savez bien que ce n'est ni de la chance et encore moins du hasard. »

Le prêtre au crâne rasé eut un sourire ravi devant la franchise de l'autre homme.

« Les Dieux veillent sur l'Empire et les Leurs, commenta-t'il en insistant sur le dernier mot. Ah, et si vous profitiez de la présence de l'Impératrice pour lui poser votre question ?

De quelle question parlez-vous ?

N'avez-vous pas une question cruciale en tête ? »


Yama se raidit. Le prêtre voulait certainement parler de la question : “combien de fils a l'Empereur?” Les Dieux avaient dû le mettre au courant.

« J'ai déjà eu des réponses, répliqua-t'il sèchement. Toutes unanimes, d'ailleurs.

Certes, mais qui mieux que l'Impératrice pourrait être au courant ?

Mmm, l'Empereur ? » suggéra-t'il en haussant un sourcil.

Cela fit légèrement rire l'autre homme.

« Si vous comptez vous rendre à Kurojū pour lui demander, je me ferai une joie de vous escorter. En attendant, l'Impératrice est plus proche. »

Yama se pinça les lèvres. Décidément, rien ne décontenançait cet homme !

« Je verrai si j'ai envie de lui poser la question, fit-il.

C'est à vous seul d'en juger, général Yama. »

Le prêtre n'insista pas plus, à son grand soulagement.


De retour dans son bureau, Yama découvrit de nouveaux documents envoyés par les Archives.

L'historien Kokude n'avait pas oublié sa requête concernant les décès d'enfants. Yama avait déjà consulté ceux de Madare avec son scribe et avait déjà repéré cinq cas suspicieux. Il avait ensuite reçu les informations de Fūku et retenu dix cas au cours du siècle passé. Là, il venait de recevoir les documents concernant la province de Murōki. Cependant, il n'allait pas avoir le temps de les parcourir car la matinée s'achevait déjà et il devait déjeuner au palais. La perspective ne l'enchantait guère, surtout si la conversation dérivait comme ce matin. Néanmoins, Mitsuhide lui tomberait dessus si jamais il osait ne pas se présenter. La mort dans l'âme, il rangea les parchemins sur une étagère de son bureau et se prépara à retourner au palais.


Notes du chapitre :
(1) Nom posthume du précédent Empereur.






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