Le Prince Solitaire Alternative 4.2 partie 5

Alternative 4.2 partie 5


Kurojū, cinquième mois de l’an 2445


La cour avec Kikuchi se passait correctement. Le jeune homme avait pris le pli de lui tenir la main dès que possible — il n'y avait pas eu besoin de le lui dire deux fois ! — jouant avec pendant qu'ils discutaient. Kikuchi semblait se contenter de ce geste d'intimité et Yama finissait par se dire que toutes ces histoires de cour, ce n'était pas grand-chose en fait.

« Bravo Kikuchi, tu y es presque, » le félicita-t'il durant leur entraînement.

En une semaine, le Firal avait quasiment compris et maîtrisé l'enchaînement qu'il lui enseignait. Il avait juste encore du mal sur la fin.

« Essayons encore une fois, insista le jeune homme, et hum… si je réussis à vous désarmer, je pourrais vous demander un gage ?

Un gage ? Quel genre de gage ? » s'enquit Yama.

Il préférait toujours savoir avant de s'engager.


Kikuchi rougit et fit avec une pointe d'embarras :

« … Un baiser. »

Il attendit craintivement la réaction de l'autre homme. Yama se contenta de hausser un sourcil, guère choqué. Mitsuhide lui avait dit qu'il fallait s'y attendre durant la cour. De plus, un baiser, ce n'était rien.

« D'accord, accepta-t'il.

Vraiment ?! » s'écria le jeune homme, abasourdi.

Il aurait cru que Yama allait refuser net et il s'en voulait déjà par avance d'avoir osé tenter sa chance. Mais contre toute attente, le Vite avait facilement accepté… Rempli d'une détermination nouvelle, Kikuchi serra le sabre dans ses mains et se concentra sur la botte secrète comme jamais auparavant. Il n'était pas question de la rater !


Avec un cri féroce, le Firal se rua sur son adversaire. Ils échangèrent quelques passes avant que Kikuchi ne puisse lancer l'enchaînement. Tout se passa bien un moment, puis le jeune homme fit un geste trop ample qui dérégla toute l'exécution. Dépité, il faillit jeter son sabre à terre. Il resta immobile, les bras le long du corps, la tête baissée, et Yama eut l'impression de voir son fils à deux doigts de pleurer de colère. Il réprima un sourire amusé.

« Kikuchi n'est encore qu'un enfant, » songea-t'il.

Il s'avança pour le réconforter.

« Allons, ce n'est pas si grave. Tu vas finir par y arriver.

Mais, mais… répondit le Firal en levant la tête pour le regarder, je voulais vraiment… gagner ce gage. »

Allons bon, c'était cela qui le turlupinait. Yama leva les yeux au ciel. Tant d'histoires pour si peu de choses…


Kikuchi connut un moment de blanc lorsqu'il sentit une main lui saisir doucement le menton. Le visage de Yama fut soudain très proche du sien et son cœur cessa de battre un instant… avant de repartir de plus belle tandis que leurs lèvres s'unissaient. Les yeux émeraude s'écarquillèrent, puis se refermèrent. Il saisit le col de Yama et l'attira contre lui. Les deux mains du Vite se posèrent sur sa taille et Kikuchi put sentir la chaleur des paumes même à travers les quatre couches de tissu. À cause de leur duel, le visage du jeune homme était couvert de sueur et cela conféra un petit goût salé à leur baiser qui parut durer à la fois une éternité et à peine une seconde. Quand il se séparèrent, Kikuchi resta encore un moment les yeux fermés à savourer cette sensation… puis il se ressuya bien vite le coin de la bouche avec sa manche à cause d'un filet de salive. Yama, lui, restait impeccable comme si rien ne venait de se passer.

Œuvre originale écrite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé mon histoire !

Kikuchi prit un air perplexe.

« Mais pourtant, je… je n'ai pas réussi l'enchaînement.

Bah, cela n'a rien à voir, fit simplement Yama. Tu en auras un autre quand tu auras maîtrisé la technique. »

Cela donna envie à Kikuchi de pleurer. Tout ce qu'il voulait, c'était recommencer leur baiser et là, Yama lui faisait du chantage ! Même maître Midarō n'était pas aussi cruel !

« Mmm, se reprit-il. Vous savez qu'il faut un cadeau pour le premier baiser ? »

Comme Yama ne connaissait rien aux usages d'une cour, Kikuchi savait qu'il devait lui indiquer ce genre de choses. Yama prit un air surpris :

« C'est ton premier baiser ?

Euh, je voulais dire, le premier baiser d'une cour, expliqua le jeune homme. Mais oui, il se trouve que c'est aussi ma première fois. »

En lui-même, il se dit :

« Mon premier amour, ma première cour, mon premier baiser… Tu représentes tout pour moi, Yama. »

Il n'avait cependant pas assez de courage pour le dire à voix haute.


Il fit plutôt :

« Et vous, c'est votre premier baiser ? »

Il se rendit compte de la stupidité de sa question bien avant que Yama ne réponde non. Forcément, Mitsuhide et lui s'étaient embrassés plusieurs fois ! Et peut-être qu'ils le faisaient encore… Le cœur du Firal se serra. Il n'avait pas abordé le sujet avec Yama car c'était délicat, mais est-ce que les deux hommes avaient complètement suspendu leur relation le temps de cette cour ? Il n'y avait pas de contrainte à ce sujet, seulement du bon sens. Est-ce que Yama allait embrasser Mitsuhide plus tard dans la journée et comparer avec son autre prétendant qui était maladroit et inexpérimenté ? Allait-il même en rire avec son vrai compagnon ?


« Pour le cadeau, je verrai avec Mitsuhide, fit Yama, jetant sans le savoir une pierre à celui qui se trouvait déjà au fond d'un puits.

Pourquoi ? répliqua aussitôt Kikuchi, piqué au vif.

Il me conseillera. Il s'y connaît bien mieux que moi.

Et cela ne vous gêne donc pas qu'il sache que nous nous sommes embrassés ?

Bien sûr que non. Je lui aurais dit, de toute façon. »

Le visage de Kikuchi exprima son désarroi. C'était encore pire que ce qu'il s'imaginait.

« Vous… vous racontez t-tout au seigneur Mi-Mitsuhide ? balbutia-t'il.

Évidemment. »

Kikuchi eut l'impression qu'il ne ferait jamais le poids face à son rival en amour et il arbora une expression dépitée.


Voyant cela, Yama s'étonna un peu :

« Tu ne racontes pas tout à ton père ?

Non ! répliqua vivement le Firal. Enfin… je ne rentre pas dans les détails car cela ne le regarde pas ! »

Yama secoua la tête.

« C'est parce que tu sais comment gérer une cour. Moi, j'ai bien besoin des conseils de Mitsuhide, crois-moi ! »

Sans cela, cette cour aurait été un véritable désastre. Kikuchi le comprenait bien, mais il ne pouvait pas s'empêcher de se sentir jaloux. Alors le lendemain, quand il reçut un service à thé, il fut pris par l'envie de le jeter par terre car il savait que ce cadeau provenait à moitié de Mitsuhide. Il n'en fit rien puisque l'autre moitié provenait de Yama. Le cœur lourd, il ne put que déplorer le fait que la réalité était bien différente de ses rêves : Yama ne lui appartenait pas entièrement. Il ne voyait malheureusement pas ce qui pourrait briser la relation entre Mitsuhide et Yama.

« Si seulement j'étais un peu plus âgé, » se lamenta-t'il pas pour la première fois.

Œuvre originale écrite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé mon histoire !

~*~


Ce premier baiser provoqua néanmoins un certain remous, à commencer lorsque Yama en parla à Mitsuhide. Ce dernier le fixa un moment sans rien dire, comme incapable de comprendre ce qu'il venait d'entendre.

« Kikuchi et toi… vous vous êtes embrassés ?

Oui, et maintenant, je dois lui offrir un cadeau particulier. C'est ce qu'il a dit, » fit Yama, inconscient du trouble de son ami.

Mitsuhide fronça davantage les sourcils.

« Attends, c'est donc toi qui… as pris l'initiative ?

Oui. »

Sous le regard gris éberlué, Yama s'expliqua :

« C'est toi qui m'as dit que la première cour allait jusqu'à ce stade.

Certes mais… pas si vite.

Bah, fit Yama en haussant les épaules avec désinvolture, comme ça, c'est fait ! »

Mitsuhide ne savait vraiment pas s'il devait en rire ou en pleurer.

« Et si je t'avais dit que vous pouviez aller jusqu'à faire l'amour, songea-t'il, tu l'aurais aussi fait très tôt ? »

Son incrédulité fut très vite remplacée par de l'envie : désormais, Kikuchi avait été plus intime que lui avec Yama. Une fois que cette histoire de cour serait enfin terminée, Mitsuhide avait bien l'intention de reprendre l'avantage !


« Bon, alors, qu'est-ce que je peux lui offrir ? reprit le Vite.

Un service à thé, » répondit son ami avant de pouvoir s'en empêcher.

Pour le premier baiser d'un cour, il était d'usage d'offrir un objet qui touchait les lèvres — un rappel peu subtil. Le service à thé était le présent le plus basique. On pouvait également l'offrir à un anniversaire sans connotation particulière. Mitsuhide se montrait ainsi mesquin en choisissant un tel cadeau, bien que ce soit plus fort que lui. De toute manière, il était trop tard pour corriger le tir : Yama avait déjà approuvé son choix.

« Très bien, ce sera fait. Merci !

Mmm, de rien. C'est tout à fait naturel. »

Mitsuhide s'en voulait de se sentir en compétition avec un gamin deux fois plus jeune que lui, mais telle était la triste vérité !


« Passons la soirée ensemble, suggéra-t'il subitement. Cela fait longtemps.

Cela fait seulement une semaine, depuis l'attaque, fit remarquer son ami.

C'est bien ce que je dis, s'entêta Mitsuhide. Viens dans mes appartements pour le dîner, tu veux ? »

Yama prit un air réticent. Les quartiers du Second Empereur l'attiraient aussi peu que ceux du Second Prince.

« Faisons ça dans mes appartements, » proposa-t'il à la place.

Mitsuhide lui lança un regard intrigué. Il avait senti que Yama n'aimait pas du tout le Pavillon Impérial, sans comprendre pourquoi. Et son ami ne répondrait pas à ses questions.


Cependant, ce changement de plan l'arrangeait encore plus. Avec un sourire rusé, il fit :

« Tu ne crains pas que je me fasse attaquer en me déplaçant de nuit dans le palais pour rentrer ?

Je te raccompagnerai.

Ou s'il est trop tard, je pourrai rester dormir.

Comme tu veux, » accepta Yama sans faire d'histoire.

Songeant aux rumeurs que cela ne manquerait pas d'engendrer, le seigneur de Madare eut un léger rire. Il espérait que la nouvelle parviendrait jusqu'aux oreilles de Kikuchi !


~*~


De son côté, Kenryū se figea en voyant le nouveau service à thé dans le séjour de son fils. Comme ce n'était pas son anniversaire, cela ne pouvait signifier qu'une chose.

« Déjà ?! » s'écria-t'il.

Kikuchi rougit légèrement, mais un petit sourire satisfait ornait ses lèvres. Loin de partager son bonheur, son père serra les poings.

« Quand je pense que ce Vite a osé parler de la chasteté des prêtres… Hypocrite, de qui se moque-t'il ?!

Père, c'est moi qui ai abordé le sujet le premier ! le défendit aussitôt Kikuchi. Le général Yama n'a absolument pas profité de moi ! »

En lui-même, il songea avec délice :

« C'était même plutôt le contraire ! »

Kenryū grogna avec hargne et se lança dans un discours paternel sur les dangers de fréquenter quelqu'un de plus âgé. Kikuchi endura tout cela avec patience, un sourire rêveur aux lèvres alors qu'il se remémorait la scène pour la millième fois.

Œuvre originale écrite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé mon histoire !

~*~


Tetsuō et Yatsu s'étaient parfaitement intégrés à la vie au palais. De nouveaux précepteurs, de nouveaux amis, de nouvelles expériences… La première semaine s'était écoulée si vite ! Chiharu appréciait également leur compagnie et ils étaient devenus inséparables tous les trois, d'autant plus qu'ils vivaient dans la même partie du palais. Après les cours du début d'après-midi, ils se rendaient toujours à la bibliothèque pour rejoindre les autres amis du Premier Prince et bavarder avec eux. C'était supposé être une heure d'étude libre, pourtant ils préféraient étudier les ragots et les amusements ! Ce jour-là comme les autres, Kikuchi les quitta après un quart d'heure.

« Pff, je me demande bien où il va, » commenta Shitaro.

Kenshirō se renfrogna.

« Qu'est-ce que tu crois ?! Il va rejoindre son Yama, bien sûr !

Ce n'est pas son Yama ! » rectifia Yatsu d'un ton indigné.


Shitaro lança un regard d'avertissement à son ami. Ils avaient convenu de ne pas aborder ce sujet en présence des garçons, mais la langue acerbe de Kenshirō ne s'était pas retenue. Hamoto et Chiharu grimacèrent, un peu gênés. C'était une chose de discuter et plaisanter entre eux sur l'amourette de Kikuchi, c'en était une autre de le faire devant le propre fils de Yama et celui de son compagnon — bien que cela n'avait rien d'officiel.

« Oncle Yama sort d'habitude à cheval à cette heure-ci, intervint Tetsuō. Il est possible que Kikuchi l'accompagne. »

Yatsu n'aimait guère cette idée, mais il ne pouvait rien faire non plus pour l'en empêcher. Si seulement il n'était pas aussi malade à cheval, il aurait pu accompagner son père aussi !


« N'empêche, reprit Kenshirō en faisant la moue, j'ai entendu quelqu'un dire qu'il les avait vus se tenir la main l'autre jour.

Voyons, Kenshirō, les ragots du palais… commença Hamoto pour apaiser la tension.

C'est vrai que Kikuchi a l'air radieux ces jours-ci, ajouta Shitaro en se frottant le menton. Vous croyez qu'il a fait sa demande et que le général Yama a accepté ? »

Shitaro semblait subitement bien intéressé par les ragots. Kenshirō, lui, avait d'autres raisons que la simple curiosité et l'ennui.

« Une cour ? s'écria Yatsu d'un ton horrifié. Mon père n'aurait jamais accepté !

Allons, Yatsu, fit Chiharu pour le raisonner, tu dois accepter le fait que ton père puisse avoir une vie amoureuse.

Mais sa vie amoureuse doit être avec… »

Le garçon ne put en dire plus car Tetsuō venait de plaquer une main sur sa bouche.

« Ha ha ha, et si nous étudiions plutôt le texte demandé par maître Hōfudi ? »


Sa tentative de diversion ne fonctionna pas.

« Ça fait des années que Kikuchi attend de passer à l'action. Je suis sûr qu'il a fait sa demande !

Mais si le général Yama avait accepté… ne devrait-il pas porter le cadeau de cour ? » fit Hamoto.

Tous cherchèrent dans leur mémoire si un nouvel ornement avait fait son apparition sur la tenue du général… Hum, étant donné qu'il ne portait aucun ornement, la recherche fut rapide.

« Je n'ai rien remarqué, reconnut Chiharu. Alors peut-être que c'est le général Yama qui a fait une demande ? »

L'hypothèse ne dura guère longtemps. Vu que Yama avait décrit Kikuchi comme “un brave garçon”, il n'y avait aucune chance pour qu'il souhaite le courtiser.

« Ils ne sont pas en cour ! décréta fermement Yatsu qui s'était libéré de la prise de son ami.

Mouais, tu as sûrement raison, » en convint Shitaro avec un soupir déçu.

Pour sa part, Kenshirō restait convaincu qu'il y avait bel et bien une cour. Il en aurait mis sa main au feu ! Et il n'était pas le seul : Tetsuō semblait aussi avoir eu une révélation. Cependant, il n'en parla pas devant les autres.

Œuvre originale écrite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé mon histoire !

~*~


À l'heure du thé, les garçons retrouvèrent leurs pères, ainsi que dame Teshime et la petite Jika qui fut ravie de pouvoir embêter ses deux grands frères — elle ne faisait aucune distinction entre Tetsuō et Yatsu, et personne ne la contredisait. À un moment, Tetsuō demanda :

« Oncle Yama, es-tu en cour avec Kikuchi ? »

Le silence se fit, sauf pour la fillette qui continua de tirer sur une des tresses de Yatsu en gloussant. Mitsuhide voulut répondre, mais Yama l'arrêta d'un geste.

« Oui, c'est vrai, admit-il.

Yama ! s'écria Mitsuhide. Cela doit rester secret !

Je ne mentirai pas aux enfants, » répliqua ce dernier, toujours aussi à cheval sur ses principes.

Mitsuhide soupira. Tetsuō hocha la tête, satisfait d'avoir eu raison, mais il arbora ensuite un air pensif. Yatsu, lui, fixa son père comme si ce dernier l'avait trahi. Teshime ne dit rien, mais son regard passa entre Yama et Mitsuhide.


« Comment tu as pu faire ça, Papa ? s'écria Yatsu.

Ce n'est qu'une première cour, Yatsu. Ce n'est pas grand-chose.

Mais avec lui ?! »

Yatsu n'avait jamais apprécié le Firal, et ce depuis le début. Yama n'avait jamais vraiment su pourquoi, jusqu'à récemment avec les explications de Mitsuhide.

« C'est Kikuchi qui a fait sa demande, comprit Tetsuō. Et vu que c'est sa première cour, tu ne pouvais pas refuser. »

Yama acquiesça, surpris que Tetsuō ait si bien analysé la situation. L'adolescent avait l'esprit vif, bien qu'il ne le montrait pas forcément.

« Père, vous êtes donc au courant, reprit Tetsuō en se tournant vers Mitsuhide.

C'est même moi qui ai convaincu Yama d'accepter. »

Tetsuō écarquilla les yeux et fixa son père avec attention.


De son côté, Yatsu n'y comprenait plus rien.

« Oncle Mitsuhide, comment tu peux laisser mon père se faire courtiser ? Tu ne…

Yatsu, le coupa son ami en lui saisissant le bras, c'est bon.

Tetsuō !

Ce sont des affaires d'adultes, nous n'avons pas à nous en mêler. »

Yatsu était naturellement indigné mais puisque même son ami semblait contre lui, il se mordit les lèvres et baissa la tête, au bord des larmes. Yama se sentit désolé pour lui, mais mieux valait qu'il soit au courant de la vérité. Mitsuhide retint un soupir et toussota pour attirer leur attention.

« Les garçons, cette histoire ne doit pas se savoir, vous comprenez bien ? Pour de nombreuses raisons, vous ne devez en parler à personne. »


Yama ajouta pour son fils qui paraissait vraiment contrarié :

« De toute façon, la cour se terminera à notre départ de Kurojū. »

Yatsu releva aussitôt la tête, rempli d'espoir.

« C'est vrai ?

Bien sûr.

Mais… et si Kikuchi trouve un prétexte pour te faire rester ? »

Yama lui tapota la tête et sourit.

« Ne t'inquiète pas, rien au monde ne pourra me faire rester ici. »

Yatsu en fut naturellement soulagé, cependant cette idée le contrariait encore.


Les deux garçons repartirent pour leurs leçons, mais s'arrêtèrent près d'un bassin isolé pour en discuter.

« C'est n'importe quoi cette histoire ! explosa enfin Yatsu. Ce Kikuchi a bien manigancé pour piéger mon père avec sa première cour ! »

Contrairement à Yama, Yatsu n'avait pas besoin qu'on lui explique tout ce qu'impliquait une première cour.

« Sûrement, acquiesça Tetsuō, mais du moment que cela ne durera pas plus que le temps de notre séjour ici, tout va bien. »

Yatsu lui jeta un regard ébahi.

« Comment tu peux dire ça ? Et surtout, comment oncle Mitsuhide peut-il accepter ça ?

Mmm, crois-moi, mon père a bien réfléchi avant d'accepter et il ne l'a pas fait pour rien, » répondit Tetsuō avec un sourire entendu.

Œuvre originale écrite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé mon histoire !

Son ami en resta perplexe. Avec un léger rire, Tetsuō expliqua :

« Je suis persuadé que mon père se sert de Kikuchi.

Comment ça ?

Hé bien, oncle Yama n'aurait jamais accepté une cour en temps normal, pas vrai ? Et mon père a fini par se résigner et préfère conserver leur amitié. »

Yatsu renifla : les nombreuses tentatives des deux garçons pour rapprocher leurs pères avaient toujours été infructueuses. Cependant, Yatsu n'avait pas renoncé, voilà pourquoi il se chargeait de protéger son père contre tout autre prétendant. Le seul digne de courtiser son père, c'était Mitsuhide !

« Avec Kikuchi, mon père espère qu'oncle Yama changera d'opinion sur les cours. Il pourra alors faire sa demande. »


Yatsu comprit soudain.

« Kikuchi est donc une sorte d'éclaireur ?

C'est mon avis. »

Cela redonna le sourire au garçon. Si au final, leurs pères se déclaraient enfin leur amour, alors Yatsu pouvait bien tolérer une petite cour de rien du tout.

« Oncle Mitsuhide est trop fort, s'extasia-t'il. Il a pensé à tout !

La force vient principalement de la motivation, fit Tetsuō avec un sourire, et mon père est très motivé à ce sujet.

Alors tu crois qu'à notre retour, nos pères seront enfin ensemble ?

Je ne sais pas, mais les circonstances seront plus favorables, c'est sûr ! »


Yatsu se sentit subitement enchanté.

« Vivement qu'on parte d'ici, alors ! » s'écria-t'il.

Tetsuō eut un sourire taquin.

« Tu es sûr ? Tu arriveras à renoncer aux luxueux appartements que nous occupons ? »

Yatsu se figea. Il fallait dire qu'il avait un peu beaucoup pris goût au luxe.

« Mmm, de toute façon, nous partirons à la date convenue, » fit-il d'un ton plus modéré.

Voyant que son ami se moquait de lui, il lui tira la langue et reprit la direction du Pavillon du Savoir. Tetsuō le suivit avec un léger rire.


~*~


Kaname et Yama étaient assis sous le pavillon de lotus pour prendre le thé. Cela ne se faisait normalement pas qu'une femme mariée prenne le thé seule avec un homme, mais l'Empereur devait être présent… sauf qu'il était très en retard. Kaname s'en excusa :

« Je lui ai pourtant bien rappelé ce matin. Je suis vraiment désolée, Iguna. »

Elle préférait l'appeler ainsi en privé, ce qui ne le gênait pas.

« Bah, ce n'est pas grave. Tu sais bien qu'il n'apprécie pas trop ma présence.

Justement, je suis persuadée que s'il te connaissait un peu plus, vous vous entendriez très bien !

Hum… Kaname, il y a des fois où je ne te comprends vraiment pas. »

Jamais Tegami n'apprécierait un Vite, et encore moins celui qui l'avait vu à la botte des Hikari et qui l'en avait délivré. Ce n'était pas personnel, Yama en avait bien conscience et s'en fichait.


« À part ça, Kikuchi t'a déjà fait sa demande ? » reprit Kaname sur le ton de la conversation.

Yama faillit s'étouffer avec son thé. Décidément, cette question n'arrêtait pas de revenir ces temps-ci !

« De quoi tu parles ? tenta-t'il d'éluder.

Sa demande de cour ! répondit la femme, ses yeux azur pétillant. Tu lui as vraiment fait une forte impression, il n'a pas arrêté de parler de toi pendant cinq ans ! C'est évident qu'il s'est amouraché de toi. En plus, il n'a accepté aucune demande de cour depuis son anniversaire. Il faudrait être idiot pour ne pas comprendre.

Si tu le dis. »

Il ne révéla rien de plus, résolu à garder le secret. Kaname eut un sourire enjoué.

« Je vois, je vois, » fit-elle pour elle-même.

Cela ne rassura pas du tout Yama.

Œuvre originale écrite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé mon histoire !

« Au fait, reprit-il pour changer de sujet, l'expédition que nous avons envoyée au royaume des Vites devrait revenir l'an prochain.

Pour les enfants ? Tu penses qu'ils en ont retrouvé beaucoup ? »

Une fois la guerre finie, Yama s'était attelé à une autre tâche : envoyer des Vites de l'autre côté des Pialles pour rechercher le plus grand nombre possible d'enfants Autres que les Hikari avaient abandonné là-bas. C'était l'évêque de Yasara qui avait choisi les participants, tous des fidèles. Yama aurait bien aimé y participer, mais c'était un voyage d'au moins cinq ans et il avait préféré passer ce temps auprès de son fils. Et puis, plus rien ne l'attendait là-bas.

« Le plus possible, j'espère, » répondit-il.

Seuls le conseil de Madare et le conseil restreint de l'Empereur étaient au courant. Il valait mieux ne pas laisser la rumeur se répandre tant qu'on ne savait pas quels enfants on allait pouvoir retrouver.


« Quand Tegami l'a appris, se souvint l'Impératrice, il a aussitôt fait le rapprochement avec son second fils. Il a interrogé la putain qui a certifié que l'enfant était bien mort à la naissance. Si jamais il avait appris que son second fils était perdu chez les Vites, il aurait lancé sa propre invasion sans tarder ! »

Il y avait une certaine amertume dans ses propos : Kaname n'avait jamais accepté et n'accepterait jamais l'infidélité de son époux, surtout que cela avait privé Chiharu de son petit frère. La mère et le fils partageaient le même avis : le Second Prince était mort parce qu'il était à moitié Hikari. Autrement, il vivrait encore. Yama, lui, songeait à l'ironie du sort : oui, le fils avait été perdu chez les Vites mais il avait retrouvé son chemin… sauf qu'il préférait rester anonyme. Ce n'était pas comme si on pouvait le reconnaître, de toute façon, même si les années avaient fini par modeler son physique pour qu'il ressemble à son vrai lui. Heureusement qu'il gardait les cheveux très courts pour en cacher la noirceur. Quant à ses yeux, les gens tiquaient parfois la première fois qu'ils le voyaient, mais ils rejetaient aussitôt l'idée comme impossible : Yama était un Vite, il ne pouvait pas avoir les yeux dorés des Hikari.


« Qu'est devenue Kinohime, au fait ? demanda-t'il distraitement. Elle a été exécutée ?

Tu parles, fit Kaname d'un ton sombre, Tegami n'a pas pu s'y résoudre. Bon, elle est exilée à Tsukino au moins, mais j'aurais vraiment aimé qu'elle paie pour son crime. »

Elle ne parlait pas de la mort du Second Prince, mais plutôt du fait que Kinohime lui avait volé son époux et tenté de prendre sa place en tant qu'Impératrice. La haine des femmes pouvait être encore plus féroce que celle des hommes.

« Dis-moi, reprit-il, tu sais si l'Empereur a bien repris le rituel d'Invocation ? »

Kaname fit une drôle de tête.

« Iguna, je sais que c'est moi qui t'en ai parlé, mais ce genre de sujet… pourquoi cela te concerne-t'il ?

Comme ça, » fit-il en haussant les épaules.

Ah. Tegami a repris contact avec les Dieux, bien entendu. Il accomplit le rituel tous les ans comme il se doit. Mais s'il te plaît, n'aborde plus ce sujet, c'est très privé. »


Yama acquiesça tout en songeant :

« Menteur. »

Si Tegami avait vraiment contacté les Diables, ces derniers lui aurait forcément parlé de lui. Yama soupira : les Diables devaient être désespérés et à bout de forces. Si cela ne le concernait pas autant, il aurait eu pitié d'eux. Toutefois, il était hors de question qu'il renonce à sa vie.

« Ils n'ont qu'à renoncer à moi, bordel ! » songea-t'il.

Il sentit les ombres s'agiter faiblement et les ignora, comme d'habitude.


Tegami se présenta enfin, accompagné de Kenryū. Yama se dit alors que l'Empereur ne voulait vraiment pas le voir seul. Loin de se vexer, il partageait le même sentiment. Ils n'avaient pas besoin de se connaître, après tout.

« Général Kenryū, quelle bonne surprise ! l'accueillit Kaname.

Ah, sa Majesté m'a invité puisque nous venons de quitter le Conseil. Et puis, cela me permet de discuter avec Yama. »

Kaname ne fut pas dupe du prétexte, mais ne s'y opposa pas. Les servant remirent du thé et des douceurs sur la table.

« Yama, les gens qui vous ont attaqués, le seigneur Mitsuhide et vous, ne se sont plus manifestés depuis. Penses-tu qu'ils aient renoncé ?

Je ne crois pas, répondit Yama en réfléchissant. Bien que je ne connaisse pas leur motivation, ils étaient bien trop organisés pour que ce soit trivial. Comme la sécurité a été renforcée, ils doivent attendre une occasion.

Ta tactique de l'appât ne fonctionne guère.

Comme dans une vraie pêche, fit-il en souriant. Le poisson se jette rarement dans vos filets.

Hum, peut-être que c'était le seigneur Mitsuhide qu'ils visaient, et non toi.

C'est une possibilité, mais je ne laisserai pas Mitsuhide jouer les appâts. »

Tegami se renfrogna devant ce qu'il comprenait comme une déclaration d'amour.

Œuvre originale écrite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé mon histoire !

« Sinon, reprit Kenryū en passant à un autre sujet, comment ça se passe avec mon fils ? »

Yama lui lança un regard surpris : Kenryū tenait vraiment à parler de la cour devant d'autres personnes ? Sans se démonter, le général précisa :

« A-t'il fait des progrès en sabre ? »

Rassuré, le Vite répondit par l'affirmative.

« Je pense que d'ici trois jours, il aura maîtrisé l'enchaînement. »

Kenryū hocha la tête, pleinement satisfait.

« De quoi s'agit-il ? s'enquit Tegami qui n'avait pas dit un mot depuis les salutations.

Yama enseigne à Kikuchi la botte secrète de Kodōtaro, expliqua le général.

Quoi ? Comment peut-il la connaître ?! s'ébahit l'Empereur. Mon grand frère avait toujours refusé de l'enseigner ! Il disait qu'une botte secrète trop connue ne servait plus qu'à couvrir les pieds Imaginez : une botte secrète qui n'est plus secrète… il ne reste plus qu'une botte ! (1) !

Je sais, je sais, se souvint Kenryū avec un sourire nostalgique. J'avais beau l'observer, impossible de saisir tous les mouvements. Il savait que je tentais de percer le mystère de sa botte et ça l'amusait encore plus de me voir échouer. »

Yama reconnut bien là le caractère facétieux de Hakurō.


« Général Yama, d'où tenez-vous cette technique ? » lui demanda directement Tegami.

Pour qu'il s'adresse à un Vite et surtout à celui-là, c'était que la réponse lui tenait à cœur. Hélas, Yama ne pouvait pas lui répondre : ce serait un scandale si les gens apprenaient pour les vampires de Pialles. D'ailleurs, le croirait-on vraiment ?

« Mon maître au sabre me l'a enseignée, répondit-il. Je pense que sa technique ressemble fortement à celle du prince Kodōtaro, mais peut-on dire qu'il s'agit de la même ? Kenryū vient de dire qu'il ne connaît pas tous les mouvements. »

Le concerné fronça les sourcils. Au fond de lui, il restait sûr que par un étrange et mystérieux hasard, il s'agissait bien de la technique perdue de son prince. Tegami, lui, préféra accepter cette explication.


« Iguna, intervint soudain Kaname, tu serais d'accord pour enseigner aussi cette technique à Chiharu ? »

L'Empereur lança un regard consterné à son épouse.

« Pourquoi tu lui demandes ça ? se plaignit-il.

Si c'est la technique de ton frère, ne serait-il pas normal que ton fils l'apprenne ? »

Tegami se renfrogna. En fait, il avait prévu d'attendre le départ de la délégation de Madare pour demander à Kikuchi d'entraîner son fils à cette méthode. Kaname, elle, ne semblait voir aucun inconvénient à ce qu'un Vite s'occupe de leur fils.

« Cela ne me dérange pas, » répondit Yama.

Hakurō voudrait certainement que son neveu possède sa botte secrète — son autre neveu.

« Chiharu peut venir le matin, en même temps que Kikuchi.

De quel droit mentionnez-vous mon fils de façon si familière ?! » s'emporta Tegami.

Tout l'irritait chez ce Vite, même s'il n'aurait pas su dire précisément pourquoi.


Kaname posa une main sur le bras de son époux.

« C'est moi qui l'y ai autorisé, expliqua-t'elle. Après tout, Iguna nous a sauvés la vie il y a vingt-six ans. Je le considère comme un ami de la famille.

Qu'est-ce qui prouve que c'est vraiment la même personne ? Tous les Vites se ressemblent ! »

Yama haussa un sourcil devant cette remarque fort amusante de la part de quelqu'un qui n'avait jamais vu de Vites, à part lui. Kenryū intervint pour apaiser la situation :

« J'ai vu moi aussi Iguna à l'époque. Et à ce propos, Yama, je persiste à dire que tu as énormément changé depuis notre première rencontre.

La première fois, je sortais à peine de l'enfance, rétorqua Yama sans se laisser démonter. C'est normal que j'ai changé depuis.

Ce n'est pas juste une question d'âge. Tu avais les cheveux plus clairs à l'époque, non ? Presque châtain. »


Yama se retint de jurer alors que l'attention des deux autres convives se portait sur son physique. Il détestait ça !

« C'est normal chez les Vites que les cheveux foncent avec l'âge. »

Cependant, il savait que dans son cas, ce n'était pas la raison de ces changements. Kenryū plissa le front.

« Je me rappelle de ta barbe à notre première bataille. On pouvait voir la variation de couleurs au fil du temps et ce n'était pas juste une histoire de cheveux qui 'foncent'.

Si tu as passé cette bataille à examiner ma barbe au lieu de te battre, ne t'étonne plus d'avoir perdu ! » répliqua Yama d'un ton presque cinglant.

Loin de se vexer, Kenryū poursuivit son examen.

« Il y a aussi tes yeux.

Quoi, tu vas dire qu'ils ont foncé aussi ?

Au contraire, ils sont passés du vert au… je ne saurais dire. »

Œuvre originale écrite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé mon histoire !

Kenryū ne se gêna pas pour se pencher vers Yama afin de mieux voir la couleur de ses yeux. Ce dernier recula et tourna la tête, agacé. L'énervement grandissant du Vite rappela à Kaname une conversation similaire à Hanajū autrefois.

« Je me souviens ! Kikuchi a dit que tu ressemblais un peu au précédent empereur ! »

Les trois hommes se figèrent, chacun pour des raisons différentes : Yama était consterné qu'elle aborde ce sujet, Tegami était indigné de la comparaison avec son père et Kenryū eut une révélation.

« C'est vrai ! s'écria-t'il.

C'est n'importe quoi !

C'est n'importe quoi ! »

L'Empereur et Yama avaient protesté en même temps, avec les mêmes mots et sur le même ton. Kaname et Kenryū clignèrent des yeux, ne pouvant que noter la ressemblance en cet instant.

« C'est vraiment troublant, » commenta l'Impératrice dès qu'elle eut retrouvé l'usage de la voix.

Kenryū, lui, observait Yama avec perplexité. Tout semblait relier ce Vite à la famille impériale : son maniement du sabre, son physique, les prêtres à son service durant la guerre… Pourtant, c'était un Vite.


Tegami se leva brusquement.

« Je ne resterai pas plus longtemps à écouter ces absurdités ! » décréta-t'il avant de partir, sans même saluer son invité.

Kaname plissa les yeux devant cette impolitesse, mais elle ne dit rien. Kenryū se leva à son tour pour suivre l'Empereur, mais lui au moins salua proprement Yama.

« Iguna, commença Kaname, je suis désolée pour…

Je dois y aller aussi, » rétorqua Yama en se levant.

Il la salua d'un air rigide et partit aussi sec. Kaname en resta de nouveau sans voix.

« Tegami et lui ont aussi le même sale caractère, » murmura-t'elle.

Qu'est-ce que cela voulait donc dire ?


~*~


En sortant du thé, Yama rejoignait ses quartiers quand il entendit quelqu'un l'appeler :

« Yama ! »

Kikuchi courut le rejoindre et se jeta aussitôt dans ses bras. Depuis leur premier baiser, il avait demandé l'autorisation de s'adresser à Yama dans le registre amical et prenait plaisir à l'appeler par son nom. Bien entendu, il ne pouvait le faire que lorsqu'ils étaient tous les deux seuls.

« Kikuchi, fit Yama en lui caressant la tête.

Le thé avec l'Empereur s'est bien passé ? »

Yama se figea un moment. La conversation s'était mal finie, mais il ne voulait plus y repenser. Il répondit plutôt :

« Il y avait ton père aussi. »

Le jeune homme recula un peu pour regarder Yama droit dans les yeux.

« Oh… et alors ?

Il m'a demandé si tu avais progressé à l'entraînement. »


Kikuchi eut un léger rire, ses yeux émeraude se plissant.

« Il me demande la même chose tous les jours. Mon père prend vraiment le sabre bien trop au sérieux !

Pas toi ? » s'étonna Yama.

Le Firal relâcha son étreinte, mais lui prit la main.

« J'aime le sabre, mais je sais qu'il n'y a pas que ça dans la vie. Mon père… depuis qu'il a perdu son prince, il s'est réfugié dans l'art du sabre en souvenir de lui. »

Ce n'était sans doute pas la seule raison, mais Yama ne connaissait pas suffisamment Kenryū pour en débattre.

« Pour ma part, poursuivit Kikuchi, les yeux pétillants, je préfère me consacrer à quelque chose de bien plus important.

Quoi donc ?

L'amour ! répondit le jeune homme en lui pressant la main.

Ah… Je trouve que le sabre est bien plus utile, » commenta honnêtement Yama.

Cela fit rire Kikuchi comme s'il s'agissait d'une bonne blague.

Œuvre originale écrite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé mon histoire !

« Si tu n'as pas d'autre obligation, reprit le jeune homme, on va se promener à cheval ?

Je préfère y aller seul. Je te rappelle que le but de ces promenades est d'inciter ces gens à m'attaquer. Ce serait bien trop dangereux pour toi.

Je sais me défendre ! répliqua le jeune homme d'un ton vexé.

Ton père me tuerait si je te mettais en danger, fit Yama en souriant.

S'il te plaît, laisse-moi t'accompagner, le supplia Kikuchi en posant les mains sur ses épaules. Cela fait une semaine qu'ils ont tenté de t'attaquer, je suis sûr qu'ils ne recommenceront pas tout de suite. Et même s'ils viennent, nous les repousserons plus facilement à deux ! »

Yama ne doutait pas des aptitudes de Kikuchi au sabre, c'était juste qu'il s'en voudrait terriblement s'il arrivait quelque chose au jeune homme.

« Soit, céda-t'il, mais hors de question que tu te battes, c'est compris ? Je veux que tu t'enfuies au moindre signe suspect.

Yama, je…

Ce n'est pas négociable. »

Kikuchi accepta, mais se jura aussitôt de ne pas respecter cette contrainte.

« Tu peux dire ce que tu veux, je te t'abandonnerai jamais, » se dit-il avec résolution.


Satisfait, il adressa un sourire rayonnant au Vite qui soupira d'un ton démuni.

« Par moments, tu n'es encore qu'un enfant, » commenta-t'il.

Kikuchi se nicha contre lui pour masquer son expression. Un enfant… si Yama savait ce dont cet 'enfant' avait rêvé la veille et ce qu'il avait fait dans son lit au petit matin tout en pensant à lui… Avant de rencontrer Yama, Kikuchi avait déjà connu les premiers émois de la chair, mais il n'imaginait personne en se caressant. Depuis, le Vite ne quittait plus ses pensées et il avait imaginé mille et une façons pour Yama de satisfaire ses désirs. La réalité était bien différente, sauf pour ce baiser qui enflammait le jeune homme même plusieurs jours après. Yama n'était pas inaccessible que ça, ses fantaisies pouvaient devenir réalité. Inspirant l'odeur de l'homme qu'il aimait et désirait de tout son être, Kikuchi était à la fois satisfait et désireux d'en avoir plus. Si seulement il était plus âgé…


Notes du chapitre :
(1) Imaginez : une botte secrète qui n'est plus secrète… il ne reste plus qu'une botte !






Commentaires :


:

:

Pour insérer des émojis dans le message, appuyez sur la touche Windows et ; de votre clavier (pour Windows 10).

Derniers chapitres parus :
Lanterne 5
Comment élever un sacrifice 7.01 et 7.02
Le Prince Solitaire 7 05
La Renaissance du Suprême Immortel 359 et 360

Planning des mises à jour :
Samedi : Lanterne : le reflet d’une fleur de pêcher
Comment élever un sacrifice
Dimanche : La Renaissance du Suprême Immortel
Le Prince Solitaire

Nouvelles recommandations en manga :
Aoao waiting to be eaten
Dawn of the Dragon
De Profundis
Ennead
From Hate to Fate
I have to be a great villain
Uncanny Charm