Alternative 4.2 partie 7
Kurojū, sixième mois de l’an 2445
Comme l'entretien avec Mitsuhide lui avait fait rater la sortie à cheval de Yama, Kikuchi l'attendit aux écuries. Il ne voulait pas que la journée se termine alors qu'il se sentait encore mal à l'aise avec le Vite. Yama ne parut guère surpris de le voir à son retour. Il descendit de sa monture et l'emmena vers sa stalle : il s'occupait lui-même de son cheval. Le Firal le suivit.
« Yama, je tenais encore à m'excuser pour ce matin, fit-il d'un ton contrit. Tu peux être certain que cela ne se reproduira plus. »
Yama haussa un sourcil tout en délogeant un caillou du sabot de Yaji.
« Tu me l'as déjà dit ce matin, fit-il remarquer.
– Je sais, mais j'ai l'impression que tu m'en veux encore. »
Cela fit soupirer Yama. Outre le fait que les Autres n'aimaient pas les disputes en général, il y avait en plus l'extrême sensibilité de Kikuchi.
« Je ne t'en veux plus, » fit-il clairement.
Le Firal lui sourit alors, complètement rassuré. Il aida Yama à brosser son étalon et l'atmosphère se dérida entre eux.
« Yama, tu veux bien qu'on dîne ensemble ce soir dans tes quartiers ? » proposa soudain le jeune homme.
Sentant le Vite se figer, il ajouta aussitôt :
« J'ai l'autorisation de mon père et je ne dois pas rentrer trop tard ! »
Malgré cela, Yama hésitait encore.
« S'il te plaît, accepte. Tu t'en vas dans quelques jours et je… je tiens à passer le plus de temps possible avec toi. »
En voyant la mine dépitée du jeune homme, Yama ne put que céder.
« Entendu, » fit-il.
Kikuchi se jeta dans ses bras avec un cri de joie, puis se mit sur la pointe des pieds pour l'embrasser.
« Je suis si heureux, merci ! Je vais me préparer, on se voit ce soir ! »
Tout guilleret, Kikuchi partit dans un souffle de vent. Yama sourit malgré lui.
« Ah, la jeunesse. »
Yama n'avait rien prévu de particulier, ce qui n'était pas le cas de Kikuchi. Le soir venu, le jeune homme se présenta dans une tenue verte qui faisait ressortir à merveille ses cheveux couleur d'automne, lesquels étaient savamment coiffés. Yama crut même voir du… maquillage autour de ses yeux ? Il roula des yeux et espéra que Yatsu ne suivrait jamais cette mode stupide : le maquillage, c'était bon pour les femmes !
« Bonsoir, Yama, le salua Kikuchi avec un sourire timide.
– Bonsoir, Kikuchi. Tu sais que tu n'avais pas besoin de t'habiller comme ça ? »
Le jeune homme rit. La franchise du Vite était toujours aussi agréable !
« Je sais, mais… j'en avais envie. »
Yama haussa un sourcil. Que Kikuchi fasse comme il l'entendait, lui, il n'avait pas du tout l'intention de porter des vêtements inconfortables.
Œuvre originale écrite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé mon histoire !
« J'ai un cadeau pour toi, » ajouta le jeune homme en lui tendant une boîte noire laquée.
Yama l'accepta avec perplexité.
« Pourquoi un cadeau ? Je n'ai rien prévu, moi. »
Il avait remarqué que les Autres avaient tendance à échanger des cadeaux à la moindre occasion, si bien qu'il avait l'impression qu'il fallait se promener avec toujours deux ou trois présents sur soi, au cas où.
« Tu m'as déjà fait le plus beau des cadeaux en acceptant ma cour, » assura le Firal.
Yama roula des yeux, estimant qu'il ne s'agissait pas d'un cadeau. Laissant cela de côté, il ouvrit la boîte et découvrit un parchemin qu'il déroula. Vu le nombre de caractères, ce devait être un poème. Ah, c'était la suite de leur cour, et non un cadeau imprévu.
« Qu'est-ce que cela dit ? s'enquit-il.
– Peu importent les années qui s'écouleront, mon amour pour toi ne changera jamais. Attends-moi. »
Le front plissé, Yama ramena son attention sur le jeune homme.
« Kikuchi, soupira-t'il.
– C'est ce que je ressens, expliqua le Firal. Tu ne me prends pas au sérieux parce qu'à tes yeux, je ne suis qu'un enfant. Alors quand je serai majeur, je viendrai te voir à Hanajū pour te demander une nouvelle cour, une cour d'adulte cette fois.
– Au lieu de te fixer sur moi, accepte plutôt d'autres cours et tu te rendras compte de la différence.
– J'en ai bien l'intention, affirma le jeune homme en hochant la tête d'un ton sérieux.
– Ah bon ? Tant mieux. »
Voilà qui ravirait le général Kenryū.
Cependant, il ignorait que l'intention de Kikuchi était de pouvoir justifier plus tard de ses sentiments pour lui. Avec d'autres cours, en effet, il pourrait comparer ses sentiments et assurer que son amour pour Yama était le plus fort. Dans tous les cas, Yama était le seul qu'il envisageait comme amant. Même le soir de sa majorité, si Yama n'était pas présent, il ne choisirait personne. Alors pour faire accepter son comportement futur, il voulait bien accepter quelques cours tout en sachant à l'avance que cela ne déboucherait sur rien de sérieux. Sans connaître les pensées du jeune homme, Yama se réjouit de le voir se montrer raisonnable. Le dîner se passa dans une ambiance chaleureuse et Kikuchi ne partit pas trop tard, mais non sans regret.
En apprenant que Kikuchi avait eu droit à un dîner en tête à tête la veille, Mitsuhide insista aussitôt pour avoir le même traitement. Yama accepta en levant les yeux au ciel. Son ami se comportait comme un enfant ! Malgré cela, la soirée fut agréable.
« Nous partons dans trois jours, commenta Mitsuhide tandis qu'ils dégustaient du thé. C'est passé vite.
– C'est vrai, approuva Yama. En tout cas, si nos ennemis veulent agir une dernière fois, il ne leur reste plus beaucoup de temps. »
Mitsuhide retint un soupir. Il fallait vraiment que Yama parle toujours de sujets terre à terre, plutôt que de savourer la quiétude d'un instant !
« Je pensais qu'ils allaient nous attaquer sur la route. N'est-ce pas ce que tu as dit au Conseil ?
– Il y a quand même une petite chance qu'ils nous attaquent avant notre départ.
– Voilà pourquoi tu persistes à jouer les appâts. »
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Mitsuhide soupira.
« Tu devrais arrêter. Attends plutôt que nous soyons sur la route, entourés de soldats !
– Pour mettre Teshime et les enfants en danger ? »
L'autre homme en resta coi. Décidément, Yama pensait à tout.
« Non, bien sûr que non, approuva-t'il en s'adoucissant. Mais j'aimerais partager le danger avec toi.
– Mmm… Peut-être qu'ils vont nous attaquer ce soir, » risqua Yama.
Les deux hommes rirent de bon cœur. La soirée se poursuivit et comme de coutume, Yama joua de la flûte pour son ami. En écoutant le morceau mélancolique, cela rappela de mauvais souvenirs à Mitsuhide.
« Qu'est-ce qui te perturbe ? » demanda-t'il ensuite.
Devant le regard surpris de son ami, il s'expliqua :
« Ta musique révèle toujours ton cœur. Quelque chose te rend soucieux. Ne me dis pas que tu es triste à l'idée de quitter Kurojū ? »
Bien qu'il n'avait pas dit ça sérieusement, il eut la surprise de voir le visage de son ami s'assombrir en réponse.
« Yama ? s'ébahit-il.
– Que ferais-tu si deux personnes avaient besoin de toi, mais qu'en en choisissant une, tu ne pourrais plus jamais voir l'autre ? »
La détresse de Chiharu le perturbait. Il avait sincèrement pensé que personne ne regrettait la mort du bâtard Hikari, pourtant il y avait un adolescent très malheureux. Yama n'envisageait sérieusement pas de récupérer son vrai corps — une partie de lui refuserait toujours de croire à cette histoire absurde ! Malgré tout, sa conscience le tourmentait depuis des jours. Comment Mitsuhide ne connaissait pas la vérité, il ne put que faire des suppositions : la première personne était forcément Yatsu — qui d'autre ? Quant à la seconde… Le seigneur de Madare cessa de respirer un moment.
« Mmm, répondit-il ensuite, c'est une question compliquée. Dans ce genre de situation, c'est en général la famille qu'on privilégie. »
Cela n'aidait guère Yama puisque les deux étaient de la famille pour lui.
« Mais encore ? insista-t'il.
– C'est selon. Il faut que tu décides qui a le plus besoin de toi. »
Sentant l'indécision de son ami, il poursuivit :
« Soyons francs : tu t'es toujours occupé de l'un, tandis que l'autre s'est débrouillé sans toi jusqu'à présent. Tu ferais plus de mal en abandonnant le premier, à mon avis. »
Yama le fixa, éberlué.
« Tu sais de qui je parle ?
– Je te connais, Yama, répondit Mitsuhide avec un petit sourire. Tu veux parler de Yatsu et Kikuchi. »
Le Vite partit d'un léger rire.
« Kikuchi ? Non, je ne parlais pas de lui.
– Ah… J'aurais cru, » fit Mitsuhide, confus.
Bien que cela le rassurait grandement, qui était dans ce cas la seconde personne ?
« De toute façon, reprit-il, mon conseil est forcément partial.
– Comment ça ?
– Si tu quittes Yatsu, cela veut dire que je ne te reverrai plus non plus. Et ça, je ne l'accepterai jamais. »
Yama le fixa avec surprise, puis un sourire apaisé se dessina sur ses lèvres.
« Je vois. Entendu. »
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Rassuré, le seigneur de Madare demanda néanmoins :
« Si ce n'est pas Kikuchi, alors qui est l'autre personne ? »
Yama secoua la tête.
« Oublie ça. »
Mitsuhide n'insista pas, mais son inquiétude s'accrut. Il savait que Yama avait de nombreux secrets qu'il n'était pas encore prêt à partager, même avec lui. Ce que craignait Mitsuhide, c'était qu'un de ces secrets ne vienne un jour les séparer pour de bon. Si seulement il était au courant, il pourrait au moins se défendre et tout faire pour empêcher cela mais dans le cas présent, il était impuissant.
« Yama, » songea-t'il un peu tristement.
Il avait déjà dit à son ami que ce dernier pouvait tout lui dire, cependant Yama ne s'y était toujours pas résolu. Dans tous les cas, Mitsuhide allait se montrer encore plus vigilant.
« C'est notre dernière promenade à cheval, » commenta Yama.
Kikuchi hocha la tête, soucieux. Bien qu'il ne voulait pas ternir ces souvenirs, il ne pouvait s'empêcher de penser au lendemain, lorsque Yama repartirait pour Madare. Il en avait pleuré la nuit dernière et était plus que certain qu'il pleurerait de nouveau le soir… et les jours à venir. Bien sûr, il pouvait faire partie de l'escorte comme à l'aller mais au milieu de tous ces gens, s'il ne pouvait pas tenir la main de Yama ou bien l'embrasser, ne serait-ce pas encore plus difficile ?
« Trois ans et demi, se répéta-t'il. Dans trois ans et demi, je serai majeur et j'irai le rejoindre à Madare. »
Là, non seulement il se mettrait à son service, mais il lui déclarerait aussi ses sentiments et insisterait jusqu'à ce que Yama accepte une nouvelle cour. Le contraire n'était pas envisageable.
Il y eut soudain un sifflement dans l'air et le cheval de Kikuchi se cabra. Pris au dépourvu, le jeune homme tomba à terre mais amortit heureusement sa chute par réflexe.
« Kikuchi ! » s'écria Yama.
Le Firal se redressa sur un coude en grimaçant et vit son cheval à terre, une flèche plantée dans son poitrail. C'était une attaque !
« Je vais bien ! » assura-t'il en se relevant aussitôt et en dégainant son sabre.
Yama descendit de cheval, son sabre aussi en main, et se rapprocha de lui. Dos à dos, ils observèrent les environs. Un groupe d'hommes surgit des buissons, eux aussi armés. Ils étaient une vingtaine. Yama fronça les sourcils.
« Kikuchi, prends Yaji et retourne au palais, lui intima-t'il.
– Je peux t'aider ! protesta le Firal.
– Kikuchi ! » gronda Yama.
Il n'eut pas le temps d'en dire plus : leurs agresseurs passèrent à l'action.
Kikuchi avait l'expérience du combat réel, entre les entraînements avec Yama et l'éducation de son père. Voyant qu'il se défendait correctement, Yama se concentra sur ses propres ennemis. Il reconnut les mêmes agresseurs qu'à Kurojū à cause de leur manière étrange de tenir le sabre. Ce n'était pas un manque de pratique, c'était plutôt… comme s'ils avaient l'habitude d'une autre arme que le sabre. Une idée lui vint, mais elle disparut avant qu'il ne puisse la saisir complètement.
« Que voulez vous ?! » lança-t'il en repoussant un assaillant.
Il n'eut pas de réponse et serra les dents. La situation n'était guère favorable : personne ne viendrait à leur secours comme la dernière fois. Si Yama avait été seul, cela ne l'aurait pas inquiété, mais la présence de Kikuchi changeait tout.
« Tant pis ! » se dit-il en prenant sa décision.
Il invoqua son pouvoir et dressa un mur de flammes devant lui. Bizarrement, l'autre groupe ne parut pas si déconcerté par cet usage de la magie. Seul Kikuchi poussa un cri de stupeur.
« Yama, c'est…
– T'occupe ! répliqua ce dernier en blessant gravement un homme qui affrontait le Firal. Ne discute pas et sauve-toi !
– Non !
– Kikuchi, tu ne me sers à rien ici ! »
Les paroles dures blessèrent le jeune homme qui se mordit les lèvres.
« Va chercher de l'aide ! » insista Yama.
Cependant, Kikuchi savait très bien que le temps qu'il retourne au palais, il serait trop tard, alors il ne bougea pas. Yama retint un juron et se demanda s'il n'allait pas devoir assommer le Firal et l'attacher sur sa monture pour le faire partir.
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Une sensation de danger derrière lui le fit se retourner. Évidemment, les flammes n'avaient pas pu retarder longtemps leurs ennemis. L'adversaire de Yama semblait plus expérimenté au sabre que les autres. Le Vite le dévisagea et tiqua soudain.
« Gugonjū ?! »
Il ne l'avait pas reconnu tout de suite car l'autre homme s'était laissé poussé les cheveux et les avait retenus en un petit chignon au sommet de la tête, comme un soldat ordinaire.
« Une minute… » se dit-il, médusé.
En ce court instant d'hésitation, il sentit les ombres s'élever du sol pour entourer ses jambes et l'immobiliser. Au même moment, Gugonjū lui enfonça le sabre dans l'estomac !
« Yama ! » s'écria Kikuchi, non loin derrière.
Le Firal voulut se porter à son secours mais fut retenu par trois hommes qui s'interposèrent. Anxieux, il riposta tout en gardant un œil paniqué sur le Vite.
Yama cracha un peu de sang.
« Pourquoi ? demanda-t'il à l'adresse du prêtre et des dieux.
– Il le fallait, répondirent ces derniers.
– J'ai tout fait pour éviter d'en arriver là, fit Gugonjū, mais vous n'avez pas voulu m'écouter, votre Altesse. »
Les jambes de Yama faiblirent et il mit un genou à terre. Il n'avait pas mal. En fait, il se sentait… détaché de tout. Gugonjū lança des ordres à ses hommes. L'un deux partit à cheval en direction de la forêt. Kikuchi fut rapidement désarmé et maintenu à terre par deux hommes.
« Yama ! » lança-t'il d'un ton désespéré à l'homme, immobile.
Gugonjū s'avança calmement vers lui.
« Firal Kikuchi, cela faisait longtemps.
– Qui… qui êtes-vous ?! » s'étonna le jeune homme.
Il n'avait pas la mémoire exceptionnelle de Yama et en plus, à l'époque de Madare, il n'avait pas trop fréquenté le prêtre. Gugonjū eut un léger sourire.
« Cessez de vous débattre, lui conseilla-t'il. Nous sommes dans le même camp, après tout. »
Cela lui valut un regard féroce.
« Vous avez fait du mal à Yama. Je vous tuerai pour ça ! »
Le prêtre eut un léger rire. Ce garçon se comportait comme Yama. Si ce n'était pas une preuve d'amour…
Un autre groupe d'hommes se présenta et Kikuchi ouvrit de grands yeux en reconnaissant l'habit orange et blanc des prêtres. Ils étaient cinq et portaient un palanquin aux rideaux tirés. Ils le déposèrent à l'entrée de la clairière.
« Des prêtres ? fit Kikuchi. Que voulez-vous ?
– Nous avons le même but que vous, répondit Gugonjū d'un ton énigmatique.
– Je n'y crois pas !
– Oh, vous ne voulez donc pas que votre Yama vive le plus longtemps possible ? »
Cela lui coupa le souffle.
« Yama ? Mais vous… vous venez de le blesser…
– Juste pour qu'il se tienne tranquille. »
Le prêtre aux yeux verts s'agenouilla afin de se rapprocher du Firal à terre et poursuivit à voix basse :
« Je sais que vous l'aimez. Je l'ai vu à Madare et aussi à Kurojū ces derniers jours.
– Vous nous avez espionnés ? Alors vous êtes…
– Que diriez-vous si Yama pouvait rester avec vous pendant encore de nombreuses décennies ? »
Encore cette histoire ! Kikuchi n'y comprenait rien. Voyant son air perdu, Gugonjū reprit d'un air grave :
« Si nous n'agissons pas, alors Yama mourra dans moins de trois ans… et les Dieux disparaîtront avec lui.
– Les Dieux ? » répéta Kikuchi, encore plus confus.
Que venaient-Ils faire dans cette histoire ?
« Dans l'autre cas, Yama pourra vivre encore plus de cent ans.
– Mais c'est un Vite, ce n'est pas possible ! murmura le jeune homme.
– Vous croyez sincèrement que Yama n'est qu'un Vite ? » lui renvoya Gugonjū en haussant un sourcil.
Kikuchi referma la bouche. À ses yeux, Yama était exceptionnel et aucune révélation ne pourrait vraiment le surprendre. Dans tous les cas, il se moquait bien des origines de Yama et l'aimait de façon inconditionnelle. Cela dit, si Yama n'était pas un Vite, cela voudrait dire qu'il vivrait encore très longtemps que et Kikuchi pourrait rester à ses côtés une bonne partie de sa vie.
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Gugonjū eut un léger rire en voyant le regard intéressé du jeune homme.
« Je vous l'avez bien dit, nous sommes dans le même camp.
– Qui est Yama alors ? s'enquit le Firal.
– Attendez de voir. Vous ne me croiriez pas si je vous le disais simplement. »
L'attention de Kikuchi fut ramenée au palanquin transporté par les prêtres. Sur un signe de Gugonjū, les rideaux furent tirés et trois hommes en sortirent. L'un d'eux était très âgé mais se déplaçait encore avec vigueur. Les hommes s'inclinèrent tous pour le saluer.
« Très Saint, » entendit Kikuchi.
Il écarquilla ses yeux émeraude : c'était donc le Grand Prêtre Amonji ?!
Du coup, Kikuchi ne prêta guère attention aux deux autres prêtres qui l'accompagnaient. Le premier restait à un pas derrière le Très Saint pour le seconder. L'autre était plutôt un moine dans les soixante ans. Il portait un jeune garçon dans ses bras. Subitement, Kikuchi ne vit plus rien d'autre : le garçon chétif était endormi, le visage pâle, mais ce qui frappa le plus le Firal, ce furent les longs cheveux noirs comme la nuit qui retombaient dans le vide et oscillait au gré de la marche. Gugonjū eut un sourire devant la réaction muette du jeune homme, puis il reprit un air plus sérieux et alerte. Bien Yama était gravement blessé et que les Dieux continuaient de l'immobiliser, il restait encore la possibilité d'un dernier sursaut qui ruinerait leur plan. C'était là leur dernière chance de le sauver et de sauver l'Empire de l'Aube, alors rien ne devait la gâcher.
« C'est le Second Prince, non ? réalisa soudain Kikuchi. Je croyais qu'il était mort !
– C'est ce qu'ont dit les Hikari à l'époque, expliqua Gugonjū, car ils croyaient l'avoir tué. Mais les Dieux ont protégé Leur descendant et nous l'ont confié pour que nous le protégions jusqu'à ce jour.
– Quel est le rapport avec Yama ? »
Plus loin, le jeune moine s'approchait de Yama, le Second Prince dans les bras. Yama se débattit avec un cri d'angoisse qui transperça le cœur de Kikuchi.
« Qu'est-ce que vous allez lui faire ?! » s'indigna-t'il en se débattant à son tour.
Sur un signe de Gugonjū, Kikuchi fut relâché. Il se redressa et voulut rejoindre le Vite, mais Gugonjū le saisit par le bras avec force.
« Regardez, » fit-il d'un ton émerveillé.
Incapable de se libérer de cette prise serrée, Kikuchi retint une imprécation et son regard désemparé se posa sur Yama. Le moine n'était plus qu'à dix pas de lui. Soudain, l'enfant tendit la main en direction de Yama, les yeux toujours clos. Yama l'imita simultanément avant de ramener son bras contre lui, furieux.
« Vous n'avez pas le droit ! s'écria-t'il. Faites-le partir, je ne veux pas ! »
Il se tut tout à coup, comme si une force invisible l'empêchait de parler. Cela ne l'empêcha pas de foudroyer du regard le moine qui portait le garçon, menaçant sans un mot de le déchiqueter s'il faisait encore un pas. Le moine s'arrêta, hésitant visiblement, mais sur ordre du Grand Prêtre, il reprit son avancée d'un pas peu rassuré.
« Que se passe-t'il ? » demanda Kikuchi à voix basse, ayant cessé de se débattre.
Il pouvait sentir l'immense pression dans l'air. Tous ses instincts lui hurlaient de s'enfuir, sauf que jamais il n'abandonnerait Yama.
« Le corps et l'âme vont enfin être réunis après trente années de séparation, expliqua Gugonjū.
– Quoi ?! »
Il eut droit à un regard patient de la part du prêtre.
« Yama est le Second Prince. À sa naissance, les Hikari ont monté tout un odieux stratagème pour le faire tuer par des Vites mais les Dieux sont intervenus pour le protéger. Hélas, cela a provoqué la séparation de son âme et de son corps. L'âme du Second Prince s'est retrouvée dans le corps de Yama qui a grandi en ignorant tout de son identité et en se croyant un Vite. Malgré tout, il s'est dressé contre les Hikari et les a vaincus. À présent, il est temps qu'il reprenne sa vraie identité et qu'il retrouve enfin la vie qui lui est destinée. »
Kikuchi en resta bouche bée : Yama était vraiment le Second Prince ? Un enfant ?
Il n'eut toutefois pas le temps de se poser plus de question : le moine arriva juste devant Yama et déposa soigneusement le corps du Second Prince en face de lui. Yama fit mine de reculer, mais ce fut comme si les ombres jaillirent du sol pour le retenir et recouvrir tout son corps. Kikuchi poussa un cri d'effroi et Gugonjū le rassura :
« Les Dieux ne lui feront aucun mal. »
Soudain, une vive lumière les aveugla. Une sphère étincelante pas plus grande que l'ongle du petit doigt mais très brillante s'éleva du corps de Yama, cernée par les ombres. Kikuchi se força à regarder malgré ses yeux larmoyants qui lui piquaient. La sphère s'agita dans tous les sens comme si elle voulait s'échapper, mais les ombres la guidèrent inexorablement vers le corps du Second Prince.
« C'est Yama ! » songea Kikuchi, sûr de son intuition.
Cette lumière intense ne pouvait être que l'âme du Vite. Kikuchi avait toujours su qu'il était exceptionnel, il en avait à présent la confirmation.
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La sphère fut introduite de force dans le corps du garçon, puis la lumière aveuglante disparut subitement. Les spectateurs se frottèrent les yeux pour recouvrer la vue. Les ombres ombres se retirèrent du corps de Yama qui retomba à terre, sans vie. Ses yeux ouverts étaient dirigés vers le ciel, mais ne voyaient plus rien. Kikuchi sentit son cœur se serrer à cette vue : Yama était mort sans qu'il ne puisse l'aider… Tout à coup, l'enfant à côté inspira un grand coup et agita les bras. Les prêtres s'agenouillèrent en louant les Dieux. Kikuchi en resta figé : l'âme de Yama se trouvait-elle vraiment dans ce garçon à présent ? Gugonjū le lâcha enfin pour s'avancer vers le Second Prince qui cherchait à se relever en vain. Le moine à ses côtés l'aida à se redresser, mais l'enfant le repoussa brutalement avec un regard sauvage qui le fit reculer.
« N… Ne me touche pas ! » articula-t'il avec difficulté.
La voix juvénile semblait irréelle. L'enfant s'effondra sans prévenir et le moine tendit les bras pour le rattraper avec un léger cri.
« Son Altesse va bien ! assura-t'il aux autres après un bref examen. Il a juste perdu connaissance ! »
Son Altesse. Kikuchi laissa échapper un rire incrédule. Était-il en train de rêver ? C'était la seule explication logique.
Le moine reprit le Second Prince dans ses bras avec toute la précaution que s'il portait un fabuleux trésor. Gugonjū et le Grand Prêtre le rejoignirent et examinèrent le garçon à leur tour.
« Grâce aux Dieux, tout va rentrer dans l'ordre à présent, commenta Amonji avec un immense soulagement.
– Ce ne sera pas aussi simple, nuança Gugonjū. Son Altesse ne sera pas d'humeur accommodante à son réveil.
– Comme nous nous y attendons. »
Le regard violet du vieil homme se posa sur Kikuchi plus loin.
« Que comptes-tu faire de lui ? s'enquit-il.
– Il sait la vérité. Il nous soutiendra, affirma le prêtre.
– Tu en es sûr ? insista Amonji en haussant les sourcils.
– Oui, par amour pour Yama. »
Le Grand Prêtre eut alors un léger rire et ses yeux pétillèrent. Il hocha la tête.
« Soit, je me fie à ton jugement. Nous retournons à Myūjin avec son Altesse, je te laisse régler les détails ici.
– À vos ordres, Très Saint. »
Les hommes s'inclinèrent au départ d'Amonji qui regagna le palanquin, suivi du moine qui portait le corps inconscient du Second Prince. Les prêtres repartirent avec eux. Le regard de Gugonjū balaya la clairière avant de se poser sur le corps de Yama. Une expression fugitive de regret passa sur son visage, puis il se concentra sur Kikuchi et le rejoignit.
« Où l'emmènent-ils ? s'enquit le Firal. Au palais ?
– Son Altesse va avoir besoin d'un temps d'adaptation avant d'être présentable, fit Gugonjū en secouant la tête. Il restera à Myūjin jusqu'au moment venu. »
Le regard perplexe de Kikuchi passa de Gugonjū à Yama, incrédule.
« C'est… c'est vraiment Yama ? Il est vivant ?
– Non seulement il est vivant, acquiesça le prêtre, mais il a enfin réintégré son vrai corps. Désormais, il aura de longues années à vivre devant lui. Nous pouvons nous en réjouir. »
Le Firal se pinça les lèvres.
« Je ne comprends pas. Si Yama n'est pas un Vite, alors pourquoi… pourquoi persister à vivre dans un corps qui allait bientôt mourir ?
– Parce que c'est un imbécile ! » rétorqua aussitôt Gugonjū en reniflant.
Kikuchi le dévisagea avec stupeur et le prêtre inspira plusieurs fois pour se calmer.
« Son Altesse a connu une vie si difficile, qui peut savoir ce qu'il pense ? nuança-t'il. En tout cas, vu qu'il ne semblait pas capable de prendre la bonne décision, nous avons été contraints de recourir à la force. C'est regrettable, mais notre devoir est envers les Dieux et la famille impériale
– Vous… vous êtes donc prêtre vous aussi ? » comprit alors Kikuchi.
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Pour sa décharge, il fallait préciser que le signe d'appartenance à la prêtrise était de se raser complètement les cheveux et de porter la tenue orange et blanche. Voilà pourquoi afin d'agir dans le plus grand secret, Gugonjū et ses hommes de l'Armée Divine s'étaient laissés pousser les cheveux depuis un an. Kikuchi ne pouvait donc pas faire le rapprochement.
« Firal Kikuchi, reprit Gugonjū, nous avons à présent besoin de vous. Vous allez rentrer au palais et signaler que Yama et vous avez été attaqués par des inconnus. Yama vous a ordonné de fuir pour chercher de l'aide, ce que vous avez fait. Vous reviendrez ensuite ici avec les secours et vous découvrirez le corps de Yama. »
Kikuchi se mordit les lèvres. Ce prêtre lui demandait de devenir leur complice !
« Vous ne devez pas parler du Second Prince, poursuivit Gugonjū. Tout le monde doit croire que Yama est mort.
– Je refuse de le trahir ! » lança férocement le Firal.
Gugonjū plissa ses yeux verts.
« Où est la trahison ? Yama est mort, son existence est terminée. Celle du Second Prince commence, mais il ne doit pas être troublé par le passé. Imaginez comment réagirait le monde si cela venait à se savoir… »
Kikuchi baissa la tête. Le croirait-on seulement s'il racontait ce à quoi il venait d'assister ?
« De plus, n'est-ce pas à votre avantage que les liens entre Yama et Madare soient rompus ? »
Le jeune homme inspira brusquement et écarquilla les yeux. Sentant une percée, Gugonjū poursuivit :
« La place de Yama est à Madare avec le seigneur Mitsuhide et le Firal Yatsu, tandis que celle du Second Prince est à Kurojū avec la famille impériale… et vous. »
Kikuchi ne sut que dire, tant cela faisait écho aux désirs de son cœur. Yama appartenait à Mitsuhide, mais le Second Prince n'avait pas cet attachement. C'était plus que tentant.
« Mais… Yama… Son Altesse… qu'en dira-t'il, lui ? » s'inquiéta-t'il.
Gugonjū lui tapota l'épaule en souriant.
« Nous allons nous occuper de lui. Faites-nous confiance. »
Lorsque Kikuchi revint au galop sur le dos de Yaji, échevelé et un peu ensanglanté, les gardes des portes firent aussitôt prévenir le général Kenryū. Ce dernier se précipita à la rencontre de son fils qui avait mis pied à terre et il l'examina attentivement.
« Kikuchi, que s'est-il passé ? Et où est le général Yama ? »
Le jeune homme le fixa un moment, comme hésitant, puis son expression se fissura soudain et il s'écria :
« Père, c'est terrible ! Nous avons été attaqué et Yama… il… il m'a dit de venir chercher de l'aide. Allons vite le rejoindre ! »
Kenryū écarquilla légèrement les yeux.
« Attaqués ? Par qui ? Combien sont-ils et quelles armes emploient-ils ? »
Rassuré sur le fait que son fils soit indemne, le général reprit le dessus sur le père et posa des questions pertinentes. Il donna en même temps l'ordre de rassembler une escouade d'hommes sur-le-champ et aussi de prévenir l'Empereur et Mitsuhide.
« Ils sont une vingtaine, répondit Kikuchi, armés de sabres.
– Où est-ce que ça s'est passé ?
– À quelques kilomètres vers le sud. Je vais vous y conduire !
– Kikuchi… tu es sûr de vouloir venir ? »
Kenryū était réaliste : Yama avait beau être une fine lame, à seul contre vingt hommes, il n'avait que peu de chance. Il était sans doute déjà trop tard.
« Bien sûr, répondit Kikuchi en lui lançant un regard compliqué. Jamais je n'abandonnerai Yama ! »
Un peu inquiet, Kenryū savait cependant qu'il ne pourrait pas le faire changer d'avis. Il espéra juste que contre toute attente, Yama soit encore en vie car sinon, il n'osait imaginer la réaction de son fils.
Après une demi-heure au galop, les soldats arrivèrent à la clairière où avait eu lieu l'embuscade. Il n'y avait plus personne, à part le corps de Yama allongé par terre, un sabre planté dans le cœur. Kikuchi se mit à trembler devant la réalité de cette scène. Peut-être que les prêtres lui avaient menti et que Yama était réellement mort… avec la complicité de Kikuchi !
« Yama ! s'écria-t'il d'un ton poignant et pas du tout feint.
– Kikuchi, reste sur tes gardes ! lui intima son père en saisissant les rênes de sa monture. L'ennemi est peut-être encore dans les parages. »
Avec angoisse, Kikuchi ne quitta pas Yama des yeux pendant que les soldats fouillaient les abords de la clairière. Une fois certain qu'ils étaient seuls, Kenryū s'avança sans hâte vers la dépouille du Vite. Il avait compris au premier coup d'œil qu'il n'y avait plus rien à faire pour lui. Il jeta un regard anxieux à son fils. Kikuchi n'avait encore jamais perdu de personne proche, alors quelle serait sa réaction ?
Œuvre originale écrite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé mon histoire !
Le général se pencha sur le Vite et nota les yeux mi-clos et complètement dilatés. Il prit un air peiné.
« Il est… Kikuchi, c'est fini, » fit-il à son fils.
Ce dernier le fixa de ses grands yeux émeraude, comme s'il ne comprenait pas ce que son père venait de dire. Cette expression d'innocence brisa le cœur du général qui le prit dans ses bras, ne se souciant guère des soldats autour d'eux.
« P-père ? balbutia le jeune homme.
– Je suis désolé, mon fils, » répondit Kenryū en lui caressant les cheveux.
Ce fut alors que Kikuchi sentit des larmes brûlantes couler sur ses joues. Hébété, il se laissa entraîner par son père loin de la clairière et tout le reste lui parut être comme un mauvais rêve.
Le corps du Yama fut dignement ramené à Kurojū. Kenryū avait envoyé un messager apporter la triste nouvelle au palais. De ce fait, ce fut un comité qui les attendait. Sans se soucier des convenances, Mitsuhide, pâle comme un linge, s'avança vers le brancard où reposait son ami et toucha son visage d'une main tremblante. En constatant la froideur de sa peau, l'homme se décomposa et tomba à genoux, pleurant sur le corps. Yatsu, suivi de Tetsuō, arriva et poussa un cri de douleur en voyant son père. Il se rua vers lui et lui secoua le bras.
« Papa, réveille-toi ! Allez, ce n'est pas drôle ! »
Tous ceux qui assistèrent à cette scène en eurent le cœur brisé. Yatsu comprit alors et se mit à pleurer aux côtés de son oncle Mitsuhide. Tetsuō les rejoignit et passa un bras autour des épaules de son ami, lui-même versant des larmes en silence.
Kikuchi sentit une boule se former dans sa gorge. Son père lui tapota l'épaule, conscient de sa peine. De son côté, Kaname pleura sans retenue. Les conseillers, eux, étaient stupéfaits.
« Qu'est-ce qui a bien pu se passer ? marmonna le général Bakkushō.
– Le général Yama s'est sûrement fait attaquer par les mêmes hommes que la dernière fois, expliqua Hatochi.
– Humph, il faut retrouver ces hommes et leur faire payer leur audace ! » fulmina le général.
Cependant comme la dernière fois, ces gens n'avaient laissé aucune piste. Kikuchi se fit longuement interroger mais ne put aider les recherches. Il fallut se résoudre à abandonner.
Les funérailles eurent lieu le lendemain. Beaucoup avaient craint que Mitsuhide n'insiste pour une cérémonie selon les coutumes des Vites, mais ce dernier informa que Yama avait passé plus de temps dans l'Empire de l'Aube que chez les Vites et qu'il aurait souhaité par conséquent un bûcher funéraire.
« Vous en aviez discuté avec Iguna ? s'était étonnée Kaname, venue apporter son soutien à Mitsuhide.
– Quelques fois, oui, » avait répondu l'homme en se mordant les lèvres.
Yama n'avait cessé de faire allusion à sa mort depuis qu'ils se connaissaient. Une fois le danger des Hikari passé, Mitsuhide avait espéré que cela ne se produirait pas avant des décennies. Et pourtant…
« Avait-il pressenti sa mort ? songea-t'il tristement. Il se comportait étrangement depuis notre arrivée. »
Dans tous les cas, Yama n'avait pas jugé bon de partager ses inquiétudes avec lui, ce qui le blessait davantage que sa perte. C'était irrationnel d'être en colère contre un mort, pourtant cela l'aidait à ressentir autre chose qu'une peine terrible.
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Pour les funéraires, tous les nobles et dignitaires étaient présents. Un magnifique hommage à Yama fut prononcé, énonçant tout ce qu'il avait fait pour l'Empire de l'Aube. Yatsu, soutenu par Tetsuō et Mitsuhide, s'approcha du bûcher et coupa ses longs cheveux châtain en signe de deuil. Mitsuhide et son fils firent de même, et les nobles retinrent des murmures en voyant que le seigneur de Madare se coupait les cheveux à ras, ce qui était réservé à la famille… et aux amants. Même en ces circonstances, les ragots persévéraient. Teshime et Jika sacrifièrent elles aussi une bonne partie de leur chevelure, mais moins que Mitsuhide.
L'Impératrice et son fils suivirent, mais ils ne coupèrent qu'une mèche en signe de respect. Kenryū et Kikuchi firent de même. Le Firal pâlit à la vue du corps du Vite. Quant à Kenryū, il fut soulagé de voir que son fils ne s'était pas entièrement coupé les cheveux pour Yama, comme il l'avait craint. Content d'éviter ce scandale, il le poussa rapidement pour l'éloigner du bûcher avant qu'il ne change d'avis ! Après le défilé de personnes, Yatsu alluma le bûcher avec l'aide Mitsuhide. Les larmes aux yeux, ses mèches courtes lui encadrant le visage, il adressa un adieu silencieux à son père et le remercia de lui avoir trouvé une famille pour s'occuper de lui. Les cendres ne tardèrent pas à s'envoler dans le ciel.
Note de Karura : Eh oui, ce triste passage est obligé. Quelles que soient les circonstances, Yama doit regagner son véritable corps.
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