Prisonnier du Temps 10

Chapitre Dix : Ce que tu n'aimes pas


Les licornes étaient extrêmement rapides et arrivèrent sous peu devant les portes du Palais du Gouvernement. Derrière le carrosse, les quatre gardes s'arrêtèrent également.

Le cocher haussa la voix :

« Votre Altesse Royale, nous sommes arrivés au Palais du Gouvernement. »

Après un moment, l'Elfe Noir répondit de l'intérieur du carrosse, d'une voix volontairement basse :

« Son Altesse Royale a passé la nuit dernière à gérer les affaires du royaume et ne s'est pas suffisamment reposé. Son Altesse Royale dort à présent alors laissons-le se reposer un peu. Je réveillerai son Altesse Royale le moment venu... »

Le cocher approuva et ne put retenir un soupir en songeant à la sollicitude et l'attention de l'Elfe Noir. Ce n'était guère étonnant qu'il soit parvenu à monopoliser les faveurs du prince depuis des années.


L'homme resta assis sur son siège à l'avant du carrosse et ne regarda même pas dans la cabine, alors il n'avait aucun moyen de savoir que le prince se faisait actuellement embrasser sur la banquette étroite, ses mains pressées au-dessus de sa tête et son visage rouge à cause de la douce torture. Mais il n'opposait aucune résistance dans son sommeil.

Après que l'Elfe Noir rempli de "sollicitude et d'attention" ait parlé au cocher, il prit tout son temps pour ravager la bouche de son maître avec mécontentement. Ensuite Vanain se redressa, relâcha sa prise sur les poignets de Béphélius. Il prit gentiment dans ses bras l'Elfe de Lumière toujours inconscient et remit de l'ordre dans sa tenue un peu débraillée.


Après avoir tout arrangé, Vanain se calma et reprit son air impassible habituel. Il déposa un léger baiser au coin des lèvres de Béphélius et murmura :

« Votre Altesse Royale, c'est l'heure de se réveiller. Vous êtes déjà arrivé au Palais du Gouvernement. »

Les cils d'or pâle de Béphélius frémirent puis ses paupières se soulevèrent lentement, dévoilant des yeux d'or pâle mécontents. À cause du harcèlement pendant son sommeil, il y avait encore des traces de confusion et de larmes dans ces yeux, leur donnant une touche de séduction.

L'Elfe Noir rétrécit ses yeux inconsciemment et contempla son maître... Une ombre passa dans ses yeux.

Sans aucun doute, c'était nettement plus agréable de le tourmenter quand il était réveillé.


Béphélius ne fit pas attention au regard de son Elfe Noir. Il leva la tête et demanda à Vanain d'épousseter ses vêtements. Puis il sortit en hâte du carrosse pour se rendre à la réunion du gouvernement.

La réunion allait commencer dans quelques minutes. Toutefois, Béphélius marqua une pause au pied du carrosse. Il se retourna et ordonna à l'Elfe Noir de l'attendre à l'intérieur du véhicule, sans aller nulle part. Un garde allait rester pour le protéger.

Ce n'était pas qu'il était trop tyrannique ou qu'il restreignait la liberté de mouvement de Vanain, mais le Palais du Gouvernement se trouvait sur une grande avenue et il y avait plein de gens qui allaient et venaient dans cette zone. C'était bien trop dangereux pour Vanain de sortir, et Béphélius se faisait du souci.

À ses yeux, son Elfe Noir était comme un chocolat incroyablement beau et séduisant, et qui n'appartenait qu'à lui seul.


* * *


Lors de la réunion, ils discutèrent de la rébellion des Elfes Noirs ainsi que de la famille Narci qui était partie étouffer cette révolte mais avait été mise en déroute par les rebelles.

Béphélius et le roi des Elfes avaient discuté à ce propos la veille au soir. Béphélius estimait qu'il fallait d'abord mener une enquête approfondie sur les raisons de cet échec et ensuite mettre un terme à l'insurrection des Elfes Noirs le plus vite possible. Le roi des Elfes, lui, ne prenait guère les Elfes Noirs au sérieux. Après tout, ces derniers n'avaient aucune chance de l'emporter. Néanmoins, le roi comptait en profiter pour laisser les Narci et les Manda s'affronter et ainsi perdre des hommes. Pour le roi des Elfes, ces deux clans étaient bien trop puissants et cela avait toujours été une épine dans le pied pour lui.


Bien que Béphélius ne soit pas d'accord avec son père, il n'insista pas pour faire valoir son opinion.

Après tout, tout était entre les mains du roi des Elfes et Béphélius était trop fatigué et paresseux pour argumenter avec lui sur ces sujets. En plus, cela ne semblait pas être un problème trop grave ; le roi des Elfes pouvait aisément le régler à sa façon. Béphélius ne croyait pas non plus que les Elfes Noirs pouvaient faire des vagues.

Alors au final, le roi des Elfes décida d'envoyer les troupes de la famille Manda en renfort pour aider les Narci à réprimer la rébellion.

Aucune des familles n'objecta à cette décision.

Les Narci étaient convaincus que c'était la famille Manda qui avait orchestré leur défaite, alors si ces derniers les rejoignaient au front, ils pourraient se limiter mutuellement, observer clairement les mouvements de l'autre et découvrir ainsi les intrigues de l'autre. Quant aux Manda, ils n'avaient pas digéré le fait que le patriarche des Narci leur ait volé l'opportunité de réprimer la rébellion. En plus, les Narci étaient tellement stupides qu'ils avaient réussi à perdre face à une poignée d'Elfes Noirs. Les Manda avaient à présent l'occasion de récupérer cette opportunité et en plus, les Narci avaient perdu une bonne moitié de leurs troupes, alors les Manda étaient plus qu'heureux à la perspective de cette victoire.


D'autres affaires courantes furent traitées pendant la réunion et elles ne demandèrent que peu de temps. Il ne s'était écoulé que deux heures lorsque Béphélius revint au carrosse. Vanain était bien resté assis à l'attendre.

L'humeur de Béphélius s'améliora en voyant cela. Il ferma les yeux un moment et s'appuya contre son Elfe Noir. De retour au palais, il ordonna à Vanain de le suivre dans la chambre.

Bien qu'il ait dormi dans le carrosse, il avait encore sommeil alors il décida de faire une sieste et de compenser autre chose. Bien entendu, Vanain devait l'accompagner pour dormir et aussi pour les autres choses qu'il lui devait.


Dans les souvenirs de Béphélius, depuis leurs premiers rapports, à chaque fois Vanain semblait être contraint d'obéir à cause de son statut et de son pouvoir. Le visage de l'Elfe Noir ne montrait aucune émotion quand ils faisaient l'amour. C'était comme s'il se forçait à ne rien montrer et qu'il subissait quelque chose qu'il n'appréciait pas mais il devait néanmoins remplir ses obligations.

Et dès que Béphélius disait à l'Elfe Noir d'arrêter, Vanain s'exécutait aussitôt et il n'avait l'air ni réticent ni inconfortable.

En plus, Vanain détestait que les Elfes de Lumière le touchent, sauf Béphélius. Voilà pourquoi Béphélius s'était toujours dit que son Elfe Noir devait être un ascète qui n'aimait pas vraiment ce genre de choses mais avait simplement l'habitude de faire ce qu'on lui ordonnait. Rien de plus. Si Béphélius décidait de se passer de ses services, l'Elfe Noir serait sûrement soulagé et cette corvée ne lui manquerait pas.

Comment cela se pourrait-il ?

Le visage de Béphélius s'assombrit à cette pensée et il devrait régler cette histoire une fois qu'il se serait décidé.


Il emmena Vanain dans sa chambre et naturellement, se tint près du lit puis leva la tête bien haut, dévoilant sa magnifique nuque pâle. Il se tourna vers son Elfe Noir.

« Van ? »

Vanain le rejoignit et défit le nœud qu'il avait noué de ses propres mains le matin même. Il demanda à voix basse :

« Votre Altesse, souhaitez-vous vous reposer à présent ? »

Béphélius répondit que oui, pencha la tête sur le côté et ses mains se posèrent inconsciemment sur le torse de Vanain. Les doigts de l'Elfe Noir effleurèrent sa nuque, le chatouillant un peu, et légèrement froids.

« Van, » se plaignit-il à son esclave en fronçant légèrement les sourcils, mécontent.

Sa voix avait pris un timbre aguichant sans qu'il ne s'en rende compte.

« Comment ça se fait que tes mains soient si froides ?

– Désolé, votre Altesse. »

Vanain retira sa cravate blanche et la mit de côté.

« Les Elfes Noirs ont une température corporelle basse. »


C'était vrai.

La température corporelle des Elfes Noirs était plus basse de quelques degrés par rapport à celle des Elfes de Lumière, dont le corps était chaud et tendre toute l'année.

Quand bien même, Béphélius se renfrogna et décréta :

« Alors qu'on chauffe un peu plus le palais. Fais venir le tailleur demain, il te fera des vêtements plus épais. »

En fait, Vanain avait tellement de vêtements que sa garde-robe occupait une immense pièce toute entière — c'était le résultat de l'entassement constant des anciens vêtements. Ces dix dernières années, à chaque fois que Béphélius se faisait faire des vêtements, il commandait également deux tenus pour Vanain. Parfois il faisait venir le tailleur exprès pour Vanain, comme à présent.

Le prince semblait avoir un hobby méconnu. Il aimait regarder son Elfe Noir essayer plusieurs tenues, toutes plus magnifiques les unes que les autres, puis il faisait signe à l'autre personne de les retirer peu à peu. Il s’asseyait alors sur le côté et observait la scène avec intérêt. Parfois il demandait un baiser ou une étreinte. S'il n'avait pas été si paresseux, Béphélius aurait été tenté de déshabiller lui-même l'Elfe Noir.


Après avoir commandé les vêtements, il marmonna d'un air mécontent :

« Tu es si gelé, qui voudrait dormir à tes côtés en hiver... ? »

Mais à peine eut-il fini de grommeler qu'il s'appuya contre l'Elfe Noir avec indolence et ordonna :

« Tu dors avec moi ce soir. »

Vanain eut un sourire secret et assista Béphélius pour retirer ses vêtements délicats et élégants et mettre un pyjama doux en velours. Il s'enquit :

« Votre Altesse, vous ne craignez pas d'avoir froid ?

– J'ai l'habitude. Et puis, j'ai déjà ordonné aux serviteurs d'augmenter le chauffage dans la chambre. »

Béphélius ferma les yeux à moitié, bailla et laissa l'Elfe Noir le porter au lit.

Il s'endormit presqu'en touchant l'oreiller mais se souvint de ce que l'Elfe Noir lui devait. Après quelques réflexions, le sommeil prévalut et il décida d'attendre au réveil.

Vanain était assis au bord du lit et se déshabillait, parce que Béphélius n'était pas à l'aise près de lui et ne l'autorisait à porter qu'un pyjama au lit. Il entendit l'Elfe de Lumière commander :

« Laisse-moi dormir dans tes bras. Quant à ta dette d'hier... souviens-toi de me compenser demain matin au réveil. »



Notes de Karura :

Les révélations de ce chapitre sont :

– Béphélius aime habiller Vanain comme une poupée ;

– Béphélius aime que Vanain lui fasse des strip-teases ;

– Béphélius n'a pas eu son câlin la nuit dernière, alors il est frustré sexuellement.

Continuez ainsi, chère auteur. J'aime beaucoup ! 😍🤣






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