Prologue
Nigel était amoureux d’Inas depuis très longtemps.
Il aurait été incapable de dire quand avait débuté ce formidable amour qui durait depuis si longtemps.
Inas Idenbach était un garçon qui avait un talent de génie pour l’épée, au point que déjà depuis tout petit, les rumeurs à son sujet s’étaient propagées jusqu’à la capitale. Il avait remporté une compétition d’escrime dans la partie orientale du royaume avec une simple épée émoussée et avait ensuite aisément vaincu les gens venus le défier par la suite. Malheureusement, la vie de ce génie se compliqua.
Le père d’Inas était un noble qui venait d’une famille de barons complètement déchus. Cet homme était une ordure qui passait son temps à boire et à parier. Il se dit que ce serait plus avantageux pour lui de garder le jeune Inas plutôt que de le vendre tout de suite à une autre famille, alors il extorqua de l’argent en allant voir les plus grands nobles à chaque fois. Presque tout cet argent fut perdu aux jeux.
La mère d’Inas fut plus que certainement écœurée par un tel mari : elle tomba malade et finit par succomber. Même après la mort de son épouse, le père ne se reprit pas en main. Complètement ivre, il causa un scandale à l’enterrement de sa femme, il finit par glisser sur un pont et connut une fin misérable en se noyant.
Quand ses deux parents moururent et qu’il hérita de la dette colossale de son père, Inas n’avait que seize ans.
S’il avait été un adolescent ordinaire, il aurait certainement mal tourné. Cependant, Inas avait son talent pour l’épée. Tous les nobles qui l’avaient déjà remarqué tendirent les mains vers lui comme s’ils n’avaient attendu que ça. Inas se vendit simplement au plus offrant.
Celui qui proposa le prix le plus élevé pour Inas fut Luther, le duc de Magnus, le père de Nigel et le dirigeant du nord du royaume. Le contrat que signa Inas pour éponger entièrement la dette astronomique fut pratiquement un contrat d’esclavage dans lequel Inas vouerait sa vie entière à servir la famille du duc.
La raison pour laquelle Luther avait recueilli Inas, c’était uniquement à cause de son fils, Nigel. Depuis des générations, les ducs de Magnus géraient leurs propres troupes de chevaliers pour mener des expéditions guerrières dans le nord. Sauf que Nigel, l’unique héritier du duc, était si faible qu’il ne pouvait même pas monter à cheval et encore moins apprendre à manier une épée. Mais même aussi faible, il était hors de question de renoncer à leur devoir, alors le duc avait besoin d’un chien fidèle pour aller au combat et risquer sa vie à la place de son fils. C’était dans ce but que Luther avait signé ce contrat avec Inas.
Nigel fut horrifié par la façon de faire de son père. Acheter avec de l’argent quelqu’un pour qu’il reste avec vous pour le restant de votre vie, cela ne pouvait pas fonctionner et Nigel n’avait même pas envie de ça.
Ce n’était pas qu’il ne comprenait pas la raison pour laquelle son père avait fait venir Inas, mais Nigel n’avait absolument pas l’intention de devenir proche de cet adolescent. Il eut beau se plaindre qu’il n’aimait pas ça, son père ne se laissa pas influencer. Toutefois, Nigel n’était pas du genre à baisser les bras juste parce que son père ne l’écoutait pas. Il allait songer au moyen d’annuler le contrat de cet adolescent d’une manière ou d’une autre, puis de le renvoyer.
Jusqu’à ce qu’il vit Inas pour la première fois.
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Un génie de l’épée qui avait perdu ses parents et qui s’était vendu pour rembourser une grosse dette. D’après ces informations, Nigel s’était imaginé Inas comme quelqu’un de très amer. À sa grande surprise, Inas Idenbach était un adolescent étonnement beau dont se dégageait une impression de fraîcheur. À seize ans, il était encore plus proche de l’enfance que de l’âge adulte, mais il était bien assez grand pour que Nigel, encore bien jeune, soit obligé de lever les yeux. Dès que leurs yeux se croisèrent, l’adolescent lui adressa un sourire un peu maladroit mais amical.
« Bonjour, jeune maître.
– …
– Ravi de vous rencontrer. Mon nom est Inas Idenbach. »
La voix d’Inas n’était également pas comme Nigel se la serait imaginée : une voix légèrement rauque effleura les oreilles du garçon et l’enveloppa tout entier. Dès que Nigel entendit sa voix, il reçut un grand choc.

Voyant que Nigel ne disait rien, Inas prit un air embarrassé. Avec Luther qui regardait sur le côté, Inas s’agenouilla devant le garçon. Il était déjà beau vu de loin, alors il fut encore plus splendide vu de près. Nigel le contempla, en transe.
« Seigneur Nigel.
– …
– Même si vous ne m’appréciez pas, je jure de vous servir fidèlement pour le restant de mes jours. … Soyez sûr que je vais faire de mon mieux pour que le seigneur Nigel m’apprécie. »
Ce n’était pas que Nigel ne l’appréciait pas. Le problème, c’était qu’il l’appréciait de trop.
Je t’aime. Je t’aime vraiment.
C’était un sentiment tellement fort que son cœur lui faisait tout bizarre. Nigel ne pouvait honnêtement pas expliquer cette pensée qui surgit aussitôt dans son esprit. Au lieu de ça, il s’enfuit directement en courant, sans un regard en arrière.
Son père le héla derrière :
« Qu’est-ce qui te prend, bon sang ? »
L’ignorant, Nigel courut jusque dans sa chambre et se cacha sous ses couvertures. Son corps était d’habitude froid comme de la glace mais aujourd’hui, ses joues étaient brûlantes et il ne savait pas comment se calmer.
Cette nuit-là, Inas apparut dans les rêves de Nigel.
Dans ce rêve, Inas s’approcha de lui avec un sourire et s’agenouilla devant lui. L’adolescent se montrait docile, comme s’il accepterait tout ce que Nigel ferait. Et Nigel embrassa avec excitation un tel Inas. Quand il se réveilla, ses sous-vêtements étaient souillés. Ce fut son tout premier rêve érotique.
Pour la première fois de sa vie, Nigel ressentit une certaine honte. Il était tombé amoureux d’Inas dès leur première rencontre. C’était ridicule et inconcevable. Nigel était censé se marier plus tard et avoir un héritier, mais il avait fallu qu’il tombe amoureux d’un autre garçon, un garçon que son père avait acheté comme un esclave. Il était clair que la relation entre Nigel et Inas ne pouvait être que mauvaise.
Nigel se jura donc une fois de plus de renvoyer Inas. Il n’avait plus l’intention de le revoir.
Toutefois dans l’après-midi, il fut contraint de revenir sur sa résolution à cause de son père qui fit :
« Si tu ne l’apprécies vraiment pas, je vais l’envoyer au front à Intusnica. »
Le duché de Magnus était toujours infesté de monstres et les combats s’enchaînaient sans le moindre répit. Lors des grandes batailles qui avaient lieu tous les cinq ans environ, même les chevaliers les plus expérimentés pouvaient périr en un clin d’œil. Inas avait beau être un génie de l’épée, ce serait difficile de survivre pour un adolescent qui n’avait encore même pas été adoubé.
« Ce n’est pas que je ne l’apprécie pas. Laissez les choses en l’état, je vais faire avec.
– Nigel, quand tu seras le duc de Magnus, tu devras accepter de travailler avec des gens que tu n’apprécies pas, » le sermonna son père qui ignorait totalement ce qui se passait dans la tête de son fils.
Dans l’incapacité de dire la vérité, Nigel se contenta de hocher la tête.
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Inas devint donc le chevalier de Nigel et le suivit sans savoir ce que pensait son maître. Au départ, l’adolescent, qui s’était juste montré amical pour la forme, s’ouvrit de plus en plus alors qu’il apprenait à mieux connaître Nigel. La confiance apparut progressivement dans le regard d’Inas, qui avait dû s’agenouiller devant un garçon quatre ans plus jeune que lui à cause de ses dettes et de son contrat.
Le temps fila. Nigel, devenu duc, et Inas, le chevalier à son service, étaient devenus inséparables, que ce soit en privé ou en public.
« Seigneur Nigel est mon bienfaiteur. »
Quand Inas parlait ainsi comme un chien bien dressé, Nigel devait prendre complètement sur lui afin de ne pas révéler ses sentiments. Il ne voulait pas dévoiler son amour parce qu’Inas était effectivement le chevalier idéal et que cela détruirait leur relation actuelle. Et Inas, qui ignorait tout des pensées de son maître, lui était toujours dévoué.
Jusqu’à ce moment précis.
Jusqu’à ce qu’Inas enfonce son épée dans le cœur de Nigel.
« In… as ? »
L’épée que Nigel avait offerte à Inas fit un énorme trou dans son torse, maniée de la main même d’Inas. Bizarrement, cela ne fit pas mal, comme si le sang qui coulait à flots n’était pas réel. C’était peut-être à cause de la douleur qui l’avait engourdi, mais tout cela lui semblait être un mauvais rêve, et pas la réalité.
Était-ce vraiment un cauchemar ? Avec le faible espoir nourri par son envie de fuir la réalité, Nigel regarda tour à tour son torse d’où dépassait une épée et le visage d’Inas. L’autre homme semblait si calme qu’on avait du mal à croire qu’il venait de plonger sa lame dans le cœur de son maître.
« Nigel. »
Inas l’appela par son simple prénom. C’était comme si toutes les fois où il l’avait appelé ‘seigneur Nigel’ n’avaient été que mensonges et que cette appellation était la seule naturelle. Comme s’il l’avait appelé ainsi des milliers ou des dizaines de milliers de fois… Nigel se pinça les lèvres avec du mal. Il ne ressentait aucune douleur, mais sa voix ne parvenait pas à sortir, comme s’il y avait quelque chose qui n’allait pas avec son torse transpercé.
« Ça va aller, Nigel. Nous nous reverrons. »
Après ces paroles étranges, Inas retira rudement son épée. Le corps sans équilibre de Nigel s’effondra comme une poupée dont le rembourrage avait disparu et à qui il ne restait plus que son enveloppe.
Avant qu’il ne heurte le sol, Inas passa un bras autour de la taille de Nigel pour le retenir. Nigel rassembla ses dernières forces pour le regarder dans les yeux. Il y avait dans ces yeux noirs une profonde affection qu’il n’avait encore jamais vue, alors il demanda bien qu’il agonisait :
« Pourquoi… »
Pourquoi tu me tues avec un tel regard ?
Pour toute réponse, Inas l’embrassa. Il effleura les lèvres tachées de sang. Ce fut un premier baiser bref, mais très marquant. Nigel tenta de repousser Inas, en vain. Il ne pouvait pas se libérer de son étreinte.
Et ce fut ainsi que sa vision devint totalement sombre.
Note de Karura : Un prologue assez riche et intrigant. On a déjà bien plus d’informations sur le passé d’Inas que dans le webtoon.
Bon, j’espère que je ne m’en sors pas trop mal pour ma première traduction du coréen.
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