Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Chapitre 8

Nigel ouvrit la fenêtre d’informations d’Inas sans même y penser.

Un niveau dépassant les quarante mille. C’était un nombre qui était des centaines de milliers de fois plus élevé que ceux des autres. Sans oublier les niveaux dans les centaines de millions plus loin.

« Inas, tu es vraiment au niveau quarante mille et plus ?

– Vous pouvez le voir aussi ?

– Oui… »

Il avait beau vérifier et revérifier ça, il n’y croyait toujours pas, alors même qu’Inas venait de confirmer. Il avait tué Nigel si facilement mais il fallait dire qu’en réalité, le moindre soldat dans le manoir pouvait tuer Nigel qui était de niveau 3.

« Tu es vraiment si puissant que ça ?

– Oui. En terme de comparaison, je pourrais facilement faire s’écrouler ce manoir avec juste un doigt.

– … C’est une blague ? »

Il espérait que ce n’était qu’une plaisanterie, mais cela semblait très sérieux. Inas contempla Nigel qui posait des questions stupides et sembla le trouver très adorable. Il avait donné cet exemple pour rendre les choses plus faciles à comprendre, mais cela semblait de moins en moins compréhensible. Bien sûr qu’Inas était très fort. Ses bras étaient épais et aussi solides que du roc, bien plus musclés que ceux de Nigel. Mais il avait beau être fort, détruire ce manoir juste d’un doigt semblait être un mensonge.

« Tu as déjà essayé ?

– Non. Vous voulez qu’on essaye maintenant ?

– Non, pas le manoir… »

Pour être honnête, Nigel ne pouvait y croire mais en regardant les chiffres de son niveau, son incrédulité s’affaiblit et il roula des yeux, anxieux. Il n’y avait rien dans sa chambre qui aurait pu être brisé pour servir de test. Cela dit, il y avait bien ce faux vase de Remad qu’il avait acheté en se faisant avoir…

« Prenons ça alors. »

En voyant le dilemme de son maître, Inas sortit une dague de sa ceinture. Nigel tressaillit involontairement en voyant la lame d’acier mais heureusement, Inas ne fit que déposer la dague dans sa propre main. Avant que Nigel ne puisse demander ce qu’il voulait faire avec, Inas avait déjà légèrement serré la main autour de la lame, comme s’il voulait froisser du papier.

« À-à mains nues… ! »

Avant qu’un Nigel éberlué ne puisse réprimander Inas, la lame se tordit très légèrement. Bien entendu, il n’y avait pas la moindre trace de sang sur la main d’Inas.

Les yeux écarquillés, Nigel examina la dague que le chevalier venait de poser sur la table. La lame ne pouvait bien évidemment pas se froisser comme du papier, alors elle était complètement compressée. Nigel alla jusqu’à la toucher, soupçonnant que ce n’était pas de l’acier, mais il sentit bel et bien le métal dur au bout de ses doigts.

« Tu n’as même pas eu à exercer trop de force. »

Dans ce cas, est-ce que Nigel ne ressemblait pas à une poupée en chiffon pour Inas ? Voilà pourquoi il n’hésitait pas à le tuer…

« N’est-ce pas difficile de contrôler son pouvoir à un tel niveau ?

– C’est difficile. C’est pour ça que j’ai lancé un sort sur moi afin de le contrôler. Du moment que je n’attaque pas, j’utilise autant de force qu’une personne normale. »

Cela avait l’air terrifiant. Nigel renonça totalement à le comprendre car cela le mettait trop mal à l’aise. Il s’enfouit plus profondément sur le divan, massant ses tempes qui pulsaient.

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Ces nouvelles découvertes étaient fascinantes, mais ce n’était pas en écoutant tout ça qu’il allait comprendre pourquoi le temps revenait en arrière. En fait, il aurait beau écouter, il n’y aurait aucune réponse claire. Dès le début, il était impossible que Nigel, un simple humain, puisse résoudre une calamité qui relevait plutôt du domaine des dieux, comme voyager dans le passé. Même Inas, qui avait largement dépassé le stade de l’humanité, n’avait rien pu faire.

Nigel croisa le regard de son chevalier qui avait les yeux fixés sur lui. En fait, il y avait autre chose qu’il avait voulu lui demander depuis le début. C’était une question fondamentale concernant leur situation.

« Inas, pourquoi est-ce toi qui remontes dans le temps à chaque fois ? Et comment tu es au courant de cette histoire de jeu vidéo et de personnage principal ? Même Kei ne semble rien savoir de tout ça… »

Pourquoi toi ?

Comme l’indiquait le terme <personnage principal>, Kei était la personne la plus spéciale au monde. Si quelqu’un avait dû avoir le pouvoir de retourner dans le passé, cela aurait dû être lui.

« Seigneur Nigel, c’en est assez. »

Inas semblait réticent à l’idée de parler. Naturellement, Nigel s’était attendu à ce qu’il fournisse une explication claire ou bien qu’il dise qu’il n’en savait rien, mais Inas avait préféré garder le silence. Cela signifiait forcément qu’il savait quelque chose. Inas soupira lorsque Nigel lui envoya un regard appuyé.

« Je vous en parlerai la prochaine fois que je le pourrai.

– Quand est-ce que ce sera ?

– Quand vous vous sentirez mieux. »

Nigel comprit sans mal ce qu’Inas voulait dire. En gros, ça voulait dire que si Nigel en entendait davantage, il serait tellement choqué qu’il s’évanouirait sur place. Nigel grommela et s’enfonça dans le divan. Pouvait-il vraiment être encore plus choqué que maintenant ?

« Très bien, arrêtons-nous là pour le moment. »

Avec un soupir, Nigel se roula en boule. Ses cheveux soigneusement coiffés étaient tous ébouriffés et sa belle tenue toute froissée, mais il ne se soucia pas de ces petits détails. Sa tête lui faisait de plus en plus mal, sûrement parce qu’il avait ingéré trop d’informations difficiles à accepter en très peu de temps.

« J’ai si mal à la tête…

– Vous allez bien ?

– Non. J’ai l’impression que je vais mourir, » se plaignit Nigel comme d’habitude.

Malheureusement, ce n’était pas l’Inas habituel qui écoutait ses plaintes.

« Alors devrais-je vous tuer ? » demanda-t’il d’un ton léger.

C’était comme s’il lui demandait si Nigel voulait qu’il aille chercher un médicament pour calmer sa migraine. Bien entendu, Nigel paniqua totalement et se recroquevilla. Le plus effrayant était qu’Inas avait murmuré ces mots avec sincérité et affection. Tout comme il avait transpercé le torse de Nigel sans la moindre considération, il donnait l’impression d’être prêt à tuer Nigel tout de suite.

« Non… »

Inas, sur le point de dégainer son épée, s’arrêta calmement. Nigel ne pouvait rien lui reprocher : Inas lui avait obéi pour une fois, mais c’était bien trop brutal…

Nigel n’avait jamais souffert une seule fois et puisque le temps revenait tout de suite en arrière, cela ne lui semblait absolument pas réel. Il n’éprouvait donc pas de sentiment de crise imminente, mais il ne voulait pas pour autant se faire tuer. Même s’il revenait à la vie dans le passé, la sensation au moment de mourir des mains d’Inas était horrible à un point indescriptible.

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Nigel soupira.

« Pour le moment, voyons voir ce qui va se passer jusqu’au bout. Je veux voir si tout ce que tu m’as raconté va bien se produire. Ne me tue pas avant, d’accord ? »

Il devait s’en rendre compte par lui-même. Il avait pu croire à cette histoire de régression parce qu’il l’avait expérimentée deux fois. Cependant, le fait que le temps revenait automatiquement en arrière le 27 mars ne lui semblait pas encore réel, alors ce serait bien de le vivre au moins une fois.

« À vos ordres, seigneur Nigel, » répondit docilement Inas en baissant la tête.

Nigel le foudroya du regard d’un air plutôt féroce.

Tu peux parler… Tu ne m’obéis pas toujours.

Mais il ne pouvait pas dire ça à voix haute parce qu’il tenait à la vie en ce moment. Cependant, il marmonna ces mots. Quand Inas releva la tête, Nigel se recomposa rapidement une expression.

« Oh, reprit Inas, il y avait autre chose que je dois absolument vous dire… Si le seigneur Nigel intervient de trop, cela modifiera le futur.

– Quoi ? Tu as dit que rien n’avait changé… C’est déjà différent ? »

Nigel avait demandé au comte Rudio de faire venir le groupe de Kei dans son manoir au lieu d’aller au banquet. Après un moment de réflexion, Inas secoua la tête.

« Ça devrait aller. L’endroit a juste changé, mais la progression en elle-même est restée la même. C’est bon pour cette fois mais en général, ça commence à changer quand quelqu’un qui connaît l’avenir intervient.

– Ça paraît logique. »

En effet, même une toute petit chose pouvait changer le futur.

« Oui. Alors suivez simplement le cours du destin cette fois.

– Le destin… »

C’était presque une hérésie de prononcer ces paroles pseudo sacrées. L’assurance de Nigel diminua, laissant un air amer sur son visage.

Cela faisait onze ans qu’ils se connaissaient et en plus, cela devait faire beaucoup plus longtemps pour Inas. Il était donc capable de deviner ses pensées rien qu’en regardant son visage. Il eut un léger sourire.

« Faites-moi confiance, Nigel. Tout va se passer comme je l’ai dit. »

C’était vraiment une hérésie. Pourtant, comme Inas lui avait demandé de lui faire confiance, Nigel hocha la tête, bien plus à l’aise.

« Alors je dois continuer comme d’habitude pour l’année à venir ?

– Oui. Juste au cas où, faites tout ce que vous avez fait avant. Si vous changez quelque chose, alors les événements pourraient différer de ce que je vous ai dit.

– Faut-il vraiment aller si loin… »

… Pour tout vérifier ?

Nigel referma la bouche avant d’aller au bout de sa phrase. Pour le moment, c’était difficile d’accepter totalement les propos d’Inas. Nigel avait besoin de temps pour digérer la situation. En plus, en supposant que les mêmes événements allaient se reproduire à chaque fois comme l’avait dit Inas, ce serait toujours utile d’avoir expérimenté cette année.

Inas avait dit que s’il n’intervenait pas, tout se passerait de la même manière. Ce serait donc plus facile de prévoir et préparer des plans à l’avenir s’il connaissait déjà les événements de base.

« Non, je comprends. Alors pendant un an, je vais faire comme avant.

– Oui.

– Je compte sur toi pour veiller sur moi, Inas. »

Avec un son d’assentiment, Inas prit la main de Nigel et la baisa légèrement.

« Bien sûr, seigneur Nigel. Pour toujours et à jamais. »

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Ce fut ainsi qu’une année presque entière s’écoula.

Durant cette période, Nigel vécut la même vie que d’habitude, comme il l’avait dit à Inas. Il fit son travail en gérant les devoirs et les affaires personnelles du duché et en continuant d’entretenir ses relations avec la famille royale et les autres nobles.

Ce fut pareil pour Inas : il ne raconta plus des choses étranges sur les jeux vidéos ou autre et passa tranquillement ce temps en tant que bras droit de Nigel et fidèle chevalier.

Pour être honnête, la vie de Nigel ne fut pas aussi paisible que d’ordinaire. Il s’était produit plusieurs événements mystérieux dans le royaume qui avait semé le chaos partout. C’était vraiment un environnement approprié pour confirmer les bases de l’histoire d’Inas. Il était normal que le personnage principal, le héros, se dresse au beau milieu du chaos.

Et comme Nigel s’en doutait, Kei et ses compagnons étaient toujours au centre de la tourmente, réussissant malgré tout à régler les problèmes. Bien que plus occupé qu’en temps normal, Nigel suivait les déplacements du groupe de Kei. Tout se déroula comme prévu, exactement comme Inas l’avait dit à Nigel.

Les cinq compagnons — Kei, Lana, Axel, plus Primel et Jen qui les avaient rejoints en cours de route — se rendirent à Seldom, Rangini, Orta, Bisrald et Himler. Ils rencontrèrent plein de gens et surmontèrent les difficultés que le royaume vivait. Ils arrivèrent enfin au duché de Magnus.

Au moment où Kei et les autres se mirent en route vers le duché de Magnus, il se trouvait que Nigel était également dans son domaine à cause d’une affaire urgente. Toutes sortes de désastres avaient frappé le duché, tel qu’une augmentation exponentielle des monstres et des phénomènes anormaux dans les environs.

Si Inas lui avait révélé le futur dans les moindres détails, Nigel ne se serait peut-être pas rendu en personne dans le duché. Toutefois, Inas ne lui avait rien dit car il voulait suivre le plus possible le déroulement d’origine de l’histoire, comme il l’avait dit. Par conséquent, Nigel n’apprit la vérité sur toute cette histoire que lorsqu’il rencontra Kei par hasard et l’aida.

Deux jours plus tard, Kei et son groupe tuèrent le responsable de tous ces incidents et devinrent les héros du royaume.

Tout s’était passé exactement comme l’avait dit Inas et finalement, le jour du 27 mars arriva.

C’était un jour qui ne semblait guère différent des autres. Le ciel était clair, ensoleillé et il faisait chaud. Dans le sud, les arbres avaient déjà commencé à fleurir, répandant leurs pétales partout.

C’était un jour magnifique, vraiment idéal pour marquer la fin de l’histoire.

Nigel regardait Kei et Lana qui reprenaient le chemin de leur village natal, protégé par un sort d’invisibilité qu’Inas avait jeté sur eux deux.

« … »

Aujourd’hui, Inas, qui était venu déjeuner avec Nigel, l’avait conduit dans cet endroit sans rien lui dire. Nigel l’avait suivi en silence et à présent, il observait les deux jeunes gens, ayant attendu ce jour depuis bien longtemps.

Sans doute à force d’observer Kei pendant un an et de l’aider de temps en temps, Nigel s’était mis à éprouver une certaine affection pour lui. Il était étrangement fier d’avoir gagné la confiance de cet adolescent, qui avait grandi à la fois physiquement et mentalement.

« Je t’aime, Lana. »

Bien que ce soit un peu cliché, on pouvait pleinement sentir toute la sincérité de Kei dans ces paroles banales. Sans se douter qu’on les observait, il demanda ensuite Lana en mariage. La jeune femme accepta en souriant.

A ce moment précis, une brise agréable souffla et des pétales tombèrent de l’arbre près du couple. Kei et Lana rirent au milieu des pétales qui tourbillonnaient comme de la neige pure. Le monde brillait radieusement autour d’eux.

C’était le moment parfait.

Parfait pour conclure l’histoire.

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« Nigel. »

Inas serra la main froide de Nigel. Ce dernier se tourna vers lui et fut un peu surpris. Pour une raison étrange, cet homme qui semblait toujours si calme tremblait un peu.

« Nous nous reverrons. »

Ces mêmes paroles ressemblaient à une sorte de rituel.

Oh, je vois.

Inas avait déjà plusieurs fois auparavant dévoilé la vérité à Nigel. Son air un peu flippant quand il avait murmuré une tonne de ‘et encore’ pour bien marquer le nombre de fois où il lui avait parlé était en fait l’expression du désespoir d’Inas.

Au moins, le Nigel actuel comprenait et se rappelait d’une partie de ces régressions étranges qu’Inas avait vécues, à défaut de se souvenir de la totalité.

Au fil du temps, Inas s’était égosillé en vain dans ses explications, tout ça pour qu’elles soient bloquées et perdues avec le vent. À chaque fois, Nigel ne se rappelait plus du Inas précédent et le fixait avec ignorance dès qu’il rouvrait les yeux.

Inas était donc anxieux à l’idée que cela se reproduise.

Voyant de ses propres yeux l’angoisse de cet homme, Nigel se sentit un peu ému. Sans surprise, il l’aimait toujours autant, peu importait le nombre de fois où Inas l’avait tué.

Ça va aller. Nous nous reverrons.

Du moins, c’était ce qu’il voulut dire.

Tout à coup, le monde se fissura étrangement. Quelque chose qui était jusque là une ligne droite et souple devint rigide et finit par devenir des points. C’était comme si ce monde était fait de petits points. Des colonnes étranges de points envahirent le champ de vision de Nigel qui eut la tête qui lui tourna. Puis il sentit la nausée l’envahir.

Quand il regarda vite en direction d’Inas à côté de lui, l’autre homme le contemplait d’un air triste. Il ouvrit la bouche et Nigel réussit à lire sur ses lèvres :

‘Vous voulez que je vous tue ?’

Allez savoir si on pouvait qualifier ça de gentillesse ou de brutalité. Nigel secoua la tête avec un sourire. Il ne savait pas s’il avait bien compris. Sans obtenir de confirmation, Nigel ne put en supporter davantage et ferma les yeux.

Et le monde devint sens dessus dessous.

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