Chapitre 14
Les lèvres d’Inas recouvrirent celles de Nigel. Le baiser se fit de plus en plus intense. Nigel tenta de repousser l’autre homme, mais ses essais ne furent pas plus que ça : des essais. Sa main fine et tremblante retomba. Le simple fait de toucher Inas suffisait à rendre Nigel heureux.
Inas éloigna son visage. Haletant, Nigel le fixa.
« Inas… »
Le visage calme et serein d’Inas ne donnait pas l’impression qu’une certaine partie de son corps était en train de se nécroser.
Ce ne fut qu’à ce moment que Nigel se rappela qu’Inas était un magicien en comparaison de qui même Arthal Rubal, le célèbre archimage du palais royal, semblait minable. Un serment magique ne ferait pas le poids face à la magie d’Inas. Autrement dit, il était inutile de s’inquiéter depuis le début.
« … La prochaine fois, utilise des mots pour expliquer, des mots ! » lui lança Nigel en se ressuyant les lèvres, les joues complètement rouges.
Inas sourit et hocha la tête.
« Est-ce que vous comprenez vraiment ?
– … Pourquoi ? Il y quelque chose qui ne va pas ?
– Il faut en général aller bien plus loin que ça pour parler de toucher quelqu’un, » fit Inas d’un ton naturel en posant la main sur le bras de Nigel.
Le jeune homme recula, paniqué.
« C’est déjà bien assez embarrassant… Non, tu veux dire que si on va plus loin, tu vas vraiment mourir ?!
– Bien sûr que non. Je suis également passé au niveau de maître en matière de résistance aux malédictions. »
Alors ne va pas me faire croire que tu vas finir eunuque !
La réaction de Nigel, qui s’agitait dans tous les sens, semblait énormément amuser Inas. Nigel fronça les sourcils et lui fila un coup de poing. Naturellement, Nigel fut le seul à se faire mal.
« Ne te moque pas de moi.
– À vos ordres.
– …
– Et pour répondre à votre première question… »
Inas marqua une pause et regarda Nigel.
Ma première question ?
Nigel, plongé un moment dans ses pensées, se rappela enfin de cette question qu’il avait posée de manière impulsive. Ah, il vaudrait peut-être mieux ne pas entendre la réponse.
Le regard extrêmement profond d’Inas était effrayant et semblait chercher dans un passé lointain que Nigel ne connaissait pas. En effet, le passé qui avait déjà cessé d’exister était un territoire inconnu pour lui. Avant qu’il n’ait pu dire qu’Inas n’avait pas à répondre, le chevalier ouvrit la bouche.
« Nigel.
– … Oui ?
– Je suis amoureux du seigneur Nigel, déclara franchement Inas, mettant fin à l’angoisse de Nigel. Je vous aime à un point dont vous n’avez aucune idée. Depuis longtemps, très longtemps, depuis un si long temps que le seigneur Nigel ne peut appréhender… »
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
C’était comme la voix grave et douce qui disait ‘il y avait bien longtemps’ dans un conte de fée. Cela devait être une période de temps assez longue pour relever de la légende. Inas venait de dire qu’il était amoureux de Nigel depuis très longtemps et il devait parler d’un temps bien avant le ‘il était une fois’ des contes de fées.
Quel genre d’amour pouvait être accumulé pendant autant de temps ?
Le cœur de Nigel s’emballa avec impuissance devant cette énorme déclaration d’amour. Tous ses doutes et ses angoisses s’envolèrent d’un coup, il ne resta plus que son immense amour pour Inas qui fleurissait. Il était si extatique qu’il aurait aimé que ce moment dure pour toujours.
Les joues de Nigel, d’habitude aussi blanches que de la porcelaine, se teintèrent de rouge et ses yeux brillèrent de joie, comme s’il allait se mettre à pleurer. Inas se régala de la vue de Nigel qui était rempli d’amour.
« Tu es vraiment si beau, Nigel.
– Ne dis pas n’importe quoi…
– C’est pourtant la vérité. »
Inas tendit la main vers Nigel qui était tout timide. Sous sa conduite, Nigel se laissa tomber sur le lit.
« Tu es la personne la plus magnifique que j’ai jamais rencontrée. Je n’arrive pas à détacher mon regard de toi. Bien entendu, ça ne veut pas dire que je t’aime juste pour ton apparence, mais…
– C’est, c’est bon. C’est bon, Inas, arrête…
– Je t’aime, encore et encore. Au point que même moi, je ne connais pas la profondeur de cet amour, » fit-il dans un murmure grave.
La main d’Inas se mit à parcourir le corps de Nigel, le caressant de manière très intense. Nigel, qui était à deux doigts de se laisser entraîner par Inas, parvint à se ressaisir et le repoussa.
« Inas ! Ici, c’est, c’est la demeure de sire Schumach… ! »
Le chevalier haussa les épaules calmement et sans la moindre gêne face à la défense que Nigel avait désespérément lancée, le visage tout rouge.
« Ça ne me dérange pas du tout…
– Quoi ?! »
Nigel était effaré devant un tel sans-gêne. Inas sourit en voyant le jeune homme aussi paniqué que s’il avait entendu le ciel s’écrouler.
« Bien entendu, fit-il, je pense que Nigel préférerait être en sécurité dans sa propre chambre. Ou bien préféreriez-vous un autre endroit ?
– Non, attends… »
Nigel porta un main à son front. Il n’avait pas encore fini ce qu’il était venu faire ici.
« Plus important que ça, Inas… Où est passé sire Schumach ?
– Je l’ai envoyé ailleurs. »
Heureusement, il ne dit pas qu’il l’avait tué. Si Schumach était mort alors que Nigel était censé employer ses services… Bien entendu, ça s’était mal passé dès le début, alors ce plan de coopération était sans doute déjà tombé à l’eau. Mais quoi qu’il en soit, Nigel ne voulait pas augmenter le nombre de sacrifices inutiles. Même si le temps revenait en arrière, il avait horreur de tuer des gens.
Nigel soupira, à moitié soulagé et à moitié confus, puis il se leva du lit.
« Entendu, alors ramène sire Schumach ici… puis on rentrera. Compris ?
– …
– … Inas ? »
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
N’obtenant pas tout de suite de réponse, Nigel se frotta le bras à nouveau couvert de chair-de-poule, frappé par un mauvais pressentiment. Dans des moments comme ça, Inas annonçait rarement de bonnes nouvelles. Ne sachant pas quoi dire, Nigel ne put que rouler des yeux.
« Inas… Est-ce que par hasard, tu aurais tué sire Schumach ?
– Je ne l’ai pas tué. »
C’était bizarre. Nigel n’aurait jamais pensé qu’Inas, qui était pourtant capable de le tuer sans broncher, aurait laissé Schumach en vie sans le tuer. Dès que Schumach avait disparu, Nigel n’avait d’ailleurs pas osé demander tout de suite de ses nouvelles parce que de toute façon, tout laissait à penser qu’il était mort. Nigel aurait préféré éviter ce sacrifice inutile mais puisque c’était déjà fait, s’il réussissait sa quête et que le temps revenait en arrière, sire Schumach ressusciterait sans problème. Mais c’était très étrange et suspect qu’Inas réponde de manière si vague.
« Alors qu’est-ce que tu as fait de lui ?
– …
– Inas. »
Nigel se leva et lui lança un regard courroucé. Il n’était pas fâché pour de bon, mais il estimait qu’il devait se faire entendre, quitte à prétendre être mécontent.
« Inas, parle.
– Seigneur Nigel.
– Ne me mens pas. »
Quand on disait qu’il y avait le silence, c’était rarement un silence total. La plupart du temps, il s’agissait seulement de retenir son souffle en gardant des secrets qui ne pouvaient être révélés.
Nigel pouvait tolérer le fait qu’Inas tue des gens parce qu’il savait que le temps allait revenir en arrière et que ces gens reviendraient à la vie de toute manière. Même si c’était Nigel lui-même qui se faisait tuer.
Mais il refusait qu’Inas lui mente. Quand une confiance solide s’effondrait, beaucoup de choses devenaient hors de contrôle. Nigel ne saurait plus ensuite jusqu’où faire confiance à son chevalier et serait rempli de doutes et d’angoisses même au moment où l’autre le tuerait.
« Inas, il y a une chose sur laquelle je veux qu’on soit bien clair.
– Je vous en prie.
– Après que tu m’aies tué et que je me sois réveillé, ce qui m’a choqué le plus, c’est le fait que tu m’aies caché la vérité. Si je n’avais pas vu cette fenêtre d’informations, j’ignorerais encore que tu peux utiliser la magie et je m’inquiéterais encore du fait que tu puisses mourir à chaque fois que tu vas quelque part.
– Nigel, c’est…
– Tu vas dire que c’est parce que je ne comprenais ? Je le sais très bien. Je ne vais pas me fâcher pour ça. Mais maintenant, je peux comprendre. »
Nigel prit une profonde inspiration.
« Alors dorénavant, tu me diras tout. Ne mens pas, ne cache rien, montre-moi tout, Inas. Tu devras absolument tout me dire, c’est bien compris ? »
Il pensait que ses paroles un peu rudes allaient peiner Inas mais contre toute attente, les yeux noirs du chevalier s’illuminèrent.
« Absolument tout ?
– Oui, tout.
– Même des choses qu’il vaudrait mieux que vous ne sachiez pas ?
– Oui.
– Quoi que vous puissiez imaginer, je parle de choses encore pire. Vous êtes sûr, même si ce que je peux dire va vous blesser et peut-être même vous faire douter de vous-même ? »
Nigel hésita, sentant le poids de ces paroles. Inas n’était pas du genre à se vanter et il connaissait très bien Nigel. En résumé, s’il disait que Nigel serait blessé et douterait de lui-même s’il lui disait tout, c’est que c’était la vérité.
Nigel hésita un moment, mais cela ne dura pas longtemps.
« Dis-moi tout. Je me charge du reste. »
Il ne parlait pas dans le vide. En tant que seigneur de la plus grande famille de tout le royaume, Nigel avait toujours appris à respecter pleinement ses engagements.
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Inas manifesta encore quelques signes d’inquiétude, mais il hocha la tête sans chercher à le dissuader.
« Très bien, Nigel. C’est très bien. »
Il s’approcha de Nigel et passa une main autour de sa taille. Puis il le souleva comme s’il ne s’agissait que d’une poupée de chiffon et l’embrassa. Leurs lèvres ne se touchèrent que brièvement, puis Inas sourit.
« J’y ai toujours pensé. Je veux te montrer tout de moi. Nigel, tu m’aimes et je t’aime, je veux que tu saches tout un jour. Mais je ne peux pas tout te raconter maintenant. Je te dirai tout une autre fois. Tout ce que tu veux savoir et même tout ce que tu ne voudrais pas savoir. »
Nigel pouvait sentir l’excitation dans la voix agitée d’Inas.
Qu’est-ce que tu caches ?
Un mauvais pressentiment et une réticence viscérale s’emparèrent de lui. Cependant, Nigel ignora ces avertissements.
« Entendu, tu me diras tout. »
Quoi qu’Inas veuille dire, il avait envie de l’entendre.
Tout était sombre. Ce n’étaient pas les ténèbres totales grâce à la lune qui éclairait dans le ciel. Mais même sans le voir de ses propres yeux, Nigel pouvait dire où il se trouvait grâce à l’air salin charrié par le vent fort.
C’était la mer.
Nigel était venu pour retrouver Schumach, mais ses pieds ne touchaient pas le sol. Il regarda tout autour, puis tendit la main pour saisir le bras d’Inas. Même s’il savait que de la magie le maintenait en l’air, il était mal à l’aise en sentant son corps voler. Inas passa aussitôt un bras ferme autour de sa taille.
« Schumach devrait être par ici. »
Dès qu’Inas fit appel à un sort, la vision de Nigel s’éclaircit. Il regarda tout autour. Cette mer aux eaux sombres semblait très profonde. On était en plein milieu de la mer, il était impossible de voir la terre où qu’on regarde. Ce n’était clairement pas un endroit où on pouvait trouver quelqu’un.
Nigel trembla un peu, son mauvais pressentiment s’accentuant. Inas crut qu’il avait froid, alors il lança un sort pour réchauffer l’air autour d’eux. Cette attention toucha Nigel, mais cela ne suffit pas à faire disparaître le froid qui l’avait envahi.
« Le voilà, » fit Inas avec indifférence.
Très vite, quelque chose fut extirpé hors de l’eau.
C’était un Schumach complètement trempé.
Apparemment, il avait été transporté ici et directement jeté au beau milieu de la mer. Dans ce cas, cela aurait été mieux de le tuer franchement. Schumach, qui avait été jeté dans la mer sans même savoir pourquoi, était pâle et immobile.
« Sire, vous êtes mort ? »
Alors qu’un Nigel paniqué tenta de le secouer, Schumach rouvrit les yeux subitement.
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