Chapitre 13
Inas se mit à rire, comme s’il venait d’entendre quelque chose d’hilarant.
« Quel genre de relation vous vous imaginez ? » demanda-t’il tranquillement.
D’ordinaire, il était toujours très sérieux, bien trop calme et du genre à privilégier les ordres par-dessus tout. Cependant, sa personnalité changeait exceptionnellement en présence de Nigel.
Nigel était devenu l’unique exception à pouvoir voir différents aspects d’Inas… La voix d’Inas actuellement était celle qu’il employait pour se moquer gentiment. C’était une taquinerie qui n’allait pas jusqu’à la moquerie, mais qui prouvait qu’il était en train de bien s’amuser, ce que Nigel trouvait assez gênant.
En d’autre termes, cela voulait dire qu’il n’avait pas l’intention de laisser passer ça pour Nigel, qui était bien embêté.
Le jeune homme, qui avait aussitôt viré au rouge écrevisse, se releva dans le lit et fixa Inas tout en se mettant assis.
« C’est moi qui ai demandé en premier.
– Je suis curieux de savoir ce qu’en pense le seigneur Nigel.
– Réponds-moi.
– C’est un ordre ? »
Au bout du compte, Nigel ferma les yeux face à l’attitude d’Inas qui lui demandait de franchir la ligne. Il ne voulait pas employer son autorité sur celui qu’il aimait.
« Non, c’est… J’ai vu quelque chose d’étrange… Ce n’était pas un rêve, plutôt quelque chose qui s’est produit avant…
– Qu’est-ce que vous avez vu… ? »
Nigel rouvrit les yeux au ton étrangement grave de sa voix. On aurait dit qu’Inas était un peu nerveux.
Qu’est-ce qui t’inquiète autant ?
Nigel eut un sourire embarrassé et tâcha de répondre en bafouillant :
« Toi et moi… on s’est embrassé…
– … Embrassé ? »
Il y avait une certaine déception dans ce murmure. C’était comme pour dire : ‘et c’est tout ?’ Les oreilles de Nigel se mirent à rougir en réponse. Pour lui, c’était déjà énorme.
« Ta langue était… comme ça, hein ? Toi et moi…
– Nigel… »
Nigel referma la bouche alors que le rire d’Inas l’empêchait de poursuivre. D’un côté, il était content qu’Inas le fasse taire avant qu’il ne s’humilie davantage.
Après un moment de silence, Inas tendit lentement la main pour serrer celle de Nigel. La main de Nigel, qui était relativement petite et fine, se posa légèrement sur la main d’Inas qui était bien plus grande. C’était une main solide qui maniait l’épée pour Nigel, chassait des monstres et avait même tué Nigel. Ce n’était qu’un simple effleurement, mais ce contact ambigu le chatouillait comme s’ils se serraient fort la main. Nigel ne dit rien et fixa nerveusement Inas.
Le visage de Nigel se reflétait dans les yeux noirs d’Inas aux pensées insondables. Le visage de Nigel, déjà pâle à la base, était encore plus pâle à cause de la succession de chocs. D’ordinaire, Nigel savait cacher ses émotion, mais il se démasquait toujours en présence d’Inas, manifestant sa nervosité.
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Nigel baissa les yeux. Quelque part, il était un peu embarrassé. Inas avait vécu très longtemps, alors il devait bien s’y connaître dans tout ça. Nigel devait lui sembler bien risible avec son expérience des plus limitées.
Nigel était très nerveux en ce moment.
Il redoutait vraiment qu’Inas dise que ce n’était rien du tout. Ce serait très douloureux de le voir nier leur relation passée ou juste dire vaguement que ce n’était rien.
Pour Nigel, Inas était celui qu’il aimait à sens unique de l’âge de douze à vingt-trois ans. Il était prêt à tout échanger pour cet amour, y compris son duché. Mais ce n’était sans doute pas la même chose pour Inas.
« Nigel.
– … Oui ?
– Normalement, les héritiers des familles nobles reçoivent très jeunes une éducation sexuelle. Vous le saviez ? »
Au lieu de répondre, Inas parla d’un autre sujet.
Il était impossible que Nigel, en tant qu’aristocrate, n’ait pas été informé sur le sujet. Mais c’était comme des récits sur un pays lointain : Nigel n’avait que des connaissances à ce sujet, mais pas d’expérience. Alors même quand il était devenu l’unique héritier du duc, il n’avait toujours pas reçu d’éducation sérieuse à ce sujet.
Au contraire, il avait même été totalement coupé de ce sujet. Il avait passé sa vie à n’entendre que les côtés négatifs des relations sexuelles, telles que les maladies vénériennes et les infidélités.
Alors à cause de toutes les mauvaises choses qu’il avait entendues depuis tout jeune, Nigel était réticent à l’idée d’avoir une relation physique. Cette perception était totalement ancrée en lui à tel point que même une fois adulte, Nigel s’en tint éloigné de lui-même, même s’il avait eu des occasions.
Cela ne voulait pas dire pour autant qu’il était aussi ignorant qu’un gamin de dix ans, mais il ne connaissait pas tous les détails. Cela lui était bien égal de ne pas savoir. De toute façon, il n’avait d’yeux que pour Inas et cet amour n’avait guère de chances de se concrétiser. Nigel ne voulait pas le faire avec quelqu’un qu’il n’aimait même pas. Il préférait encore choisir un parent en bonne santé comme successeur, plutôt que d’engendrer un enfant maladif comme lui.
« Tu ne peux pas parce que tu es trop faible, » répliquait toujours sèchement son père autrefois.
Nigel l’avait cru et ne s’était pas trop posé la question de savoir pourquoi son père avait complètement banni le sexe pour lui. Il pensait que c’était parce que le duc s’inquiétait pour lui qui n’avait pas une bonne santé.
Pour toutes ces raisons et bien d’autres, Nigel était assez ignorant à ce sujet. Il y a eu des occasions où il s’était fait railler par d’autres hommes qu’il ne connaissait pas bien, disant qu’il était stupide et d’une naïveté pas possible. Nigel était si déterminé et sensible que les gens ne se moquaient pas ouvertement de lui en face, mais… Nigel n’avait sans doute pas conscience de toutes les histoires qui circulaient dans son dos sur ce pauvre duc jeune et infirme qui n’avait ni épouse, ni amante.
Se pouvait-il que même Inas se moquait de lui ? Naturellement, la voix de Nigel se fit plus cassante :
« Je le sais bien. Et alors ?
– À cause de moi, le seigneur Nigel n’a pas pu recevoir une vraie éducation sur le sujet.
– … Qu’est-ce que tu racontes ?
– Comme vous êtes amoureux de moi, feu votre père le duc a dû avoir peur que vous ne vouliez coucher avec moi si vous aviez eu ces connaissances.
– … »
Nigel fut bien en peine de comprendre ce que disait Inas, tant il ne s’y attendait pas du tout. Son visage se mit à rougir peu à peu à cause de la honte, puis il vira à l’écarlate comme sur le point d’exploser. Pour finir, il redevint pâle à cause du choc.
Alors comme ça, son père avait été au courant qu’il aimait Inas ? Et Inas le savait aussi ?
Il se doutait bien qu’au cours des innombrables vies d’Inas, ce dernier avait dû finir par s’en rendre compte, mais… il n’aurait jamais vraiment pensé que son père était au courant. Il avait cru avoir bien dissimulé ses sentiments et en plus, son père ne lui avait jamais rien dit non plus sur le sujet.
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Quand Nigel avait eu quatorze, quinze ans, son père l’avait poussé à se trouver une future épouse. Considérant que l’âge moyen pour se marier dans le royaume était au milieu de la vingtaine et que les fiançailles se faisaient en général autour de la vingtaine, c’était exceptionnellement tôt pour s’y prendre. Nigel avait été tellement contrarié par cette idée de fiancée qu’il s’était lancé dans une grève de la faim et avait failli mourir après trois jours sans manger ni boire.
Même après ça, son père avait continué de lui présenter de belles jeunes filles qui feraient de bonnes épouses. Est-ce que son père croyait vraiment que dès que Nigel serait instruit en matière de sexe, il courrait voir Inas pour le supplier de coucher avec lui… ?
Plus il songeait aux intentions de Luther, plus un Nigel embarrassé enfouissait son visage cramoisi dans ses mains. Inas se contenta de le regarder. Nigel lui fut reconnaissant de ne pas lui demander s’il allait bien alors qu’il était visiblement en train de mourir de honte.
Après avoir inspiré et respiré plusieurs fois et frotté ses joues brûlantes, Nigel finit par se calmer.
« … Mon père ne t’a pas embêté avec ça ? »
La plupart des précédents ducs de Magnus, y compris Luther, étaient connus pour leur côté impitoyable dans tous les domaines. En plus, le duc de Magnus était le second homme le plus puissant de tout le royaume, après le roi. Son domaine était plus vaste que n’importe quel autre et il avait une armée de taille comparable à celle du roi afin de protéger cet immense territoire.
Tout cela, c’était parce que le duché de Magnus était voisin d’Intusnica, la terre où était scellé le dragon et qui se trouvait à l’extrême nord du continent.
C’était à Intusnica qu’Odelarth, le dragon de lumière et le premier serviteur du dieu maléfique Ederta, avait été scellé. Contrairement à Ederta qui était plongé dans un profond sommeil, Odelarth se réveillait par moments. Bien entendu, comme il était étroitement scellé par le pouvoir de Glarus, il ne pouvait pas s’échapper d’Intusnica. Alors en compensation, il dégageait une puissante magie qui attirait toutes sortes de choses diaboliques.
Pour simplifier, cela voulait dire que toutes sortes de monstres descendaient par meutes sur le duché de Magnus pendant certaines périodes. À peu près tous les cinq ans, des dizaines de milliers de monstres se ruaient d’Intusnica au territoire dans la chaîne de montagnes d’un seul coup. Et même en temps normal, les monstres rôdaient dans ces montagnes limitrophes puisque c’était un territoire auquel les humains ne touchaient pas.
C’était donc le devoir du duc de Magnus d’empêcher ces vagues innombrables de créatures monstrueuses de déferler sur le reste du continent. Quel que soit le roi en place, les ducs de Magnus avaient toujours défendu le continent à cet endroit. Comme les ducs précédents avaient toujours parfaitement rempli leur devoir et que jamais une seule fois leurs défenses n’avaient été percées, ils jouissaient d’un immense pouvoir et d’une grande autorité.
Mais le pouvoir avait un prix. À force de rester en permanence dans les terres glaciales du nord et de passer leur vie à se battre dans une guerre sans fin dont dépendait le destin de tout le continent, ils n’avaient forcément pas un bon caractère. Cela dit, pour cette génération, c’était Inas qui accomplissait ce devoir au nom du duc de Magnus.
Nigel avait déjà confié une charge très lourde à Inas. Il se sentait gêné de lui avoir causé encore plus de problèmes. Cependant, l’expression de l’autre homme ne varia pas.
« Tout va bien. C’était trois fois rien. »
Nigel n’était pas stupide au point de ne pas sentir la faille dans son affirmation.
« Trois fois rien… Ça veut dire qu’il s’est bien passé quelque chose !
– C’est juste un serment magique. »
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Un serment magique consistait en général à promettre une chose et si on brisait ce serment sans permission, alors on en payait le prix tel que stipulé dans le serment passé. On s’en servait en général quand on voulait signer un contrat important mais le plus souvent, quelqu’un de rang supérieur ordonnait à l’autre personne de faire ce serment magique. Du point de vue de Nigel, c’était complètement impossible qu’Inas ait volontairement prêté un serment magique avec Luther, son supérieur.
« Qu’est-ce que tu as juré ?
– J’ai juré de ne jamais toucher au seigneur Nigel. Si jamais je viole ce serment, mes parties génitales vont se nécroser.
– Quoi… ?! »
Choqué au-delà des mots, Nigel écarquilla les yeux. Cela voulait dire qu’il suffisait qu’Inas cherche à coucher avec Nigel pour que ses bijoux de famille, que Nigel n’avait encore jamais vus, se ratatinent et disparaissent ?
Trop surpris et choqué, Nigel se mit à tousser violemment. Inas s’approcha pour lui tapoter le dos. Nigel continua de tousser et sans le vouloir, son regard se porta sur l’entre-jambe d’Inas.
Alors si jamais j’y touche, ça va… C’est donc ça, ce qui se serait passé ?
Les souvenirs du passé remontèrent dans l’esprit de Nigel. Était-ce pour ça qu’Inas était couvert de sang dans sa dernière vision ? C’était une histoire si cruelle qu’il n’arrivait pas à le dire à voix haute. Inconsciemment, les yeux de Nigel restaient fixés vers le bas et Inas éclata soudain de rire.
« Nigel.
– Oh, non, c’est… c’est juste… »
Son visage devint tout rouge, croyant qu’il ne s’était pas du tout montré discret en regardant. Mais le visage d’Inas se rapprocha un peu. Sans que Nigel n’ait le temps de l’en empêcher, Inas avait déjà passé ses bras autour de sa taille et pressé leurs fronts ensemble. Alors qu’Inas se rapprochait de lui, l’esprit de Nigel devint confus. Il se dégageait d’Inas un parfum capiteux qui n’appartenait pas à un chevalier. Nigel avait beau avoir l’habitude de cette fragrance, elle avait toujours le pouvoir de l’ensorceler.
Inas murmura à un Nigel à moitié en transe :
« Vous aimeriez essayer ? »
… Quoi ?
Avant que Nigel n’ait pu poser la question, Inas l’avait déjà embrassé.
Note de Karura : Papa Luther y est allé fort pour protéger la virginité de son fils ! 🤣🤣🤣
Commentaires :