Chapitre 13
« Le seigneur Nigel semble penser qu’Etna ferait un duc extraordinaire mais en fait, Etna n’a rien de spécial.
– Ne dis pas n’importe quoi. »
Il n’était pas du tout content qu’Inas rabaisse son grand frère pour le réconforter. Cependant, Inas secoua la tête avec un air d’absolue certitude dans son regard, ce qui donna envie à Nigel de croire que c’était bien la vérité.
« Ce n’est pas n’importe quoi. Vous croyez qu’il n’y a jamais eu de route où Etna a ressuscité et est devenu duc de Magnus ? Cela n’a pas donné grand-chose. »
Si Inas avait bel et bien tout essayé, il devait y avoir bien eu un tel déroulement.
Nigel ne voulait pas écouter au départ, mais une vilaine curiosité le titilla.
« … C’était comment ?
– C’était comme les autres ducs de Magnus. Il a défendu le territoire tout comme ses ancêtres avant lui.
– Oui, je suppose qu’il a fait ça. »
Le désir égoïste que son frère commettrait des erreurs mourut rapidement. Inas caressa gentiment la joue tendre de Nigel avant de le lâcher.
« Mais Nigel, le duc de Magnus n’a pas pour seul devoir que de protéger le continent du danger d’Intusnica.
– C’est tout de même le plus important. »
Si la ligne de défense contre Intusnica, la terre où était scellé Odelarth, le dragon de lumière, cédait, non seulement le duché, mais tout le continent serait en danger. Le devoir primordial du duc était de protéger ce territoire depuis qu’Odelarth avait été scellé avec Ederta.
Inas secoua la tête devant Nigel qui s’entêtait.
« Mais ce n’est pas nécessairement ce que vous devez faire.
– Qu’est-ce que tu racontes ?
– Un commandant n’est pas toujours obligé de monter au front pour manier l’épée. Vous êtes le duc qui dirige le vaste duché de Magnus. Vous n’avez nul besoin d’aller au front. »
Nigel secoua la tête.
« Mais le duc de Magnus a toujours été au combat. C’est ce que je suis censé faire, mais comme j’en suis incapable, je t’ai chargé d’y aller à ma place. C’est donc toi qui accomplis mon devoir.
– Je vous en prie, écoutez-moi jusqu’au bout. Les choses ont énormément changé depuis que le premier duc a défendu le territoire. Il fallait qu’à l’époque, des gens affluent de tout le continent pour lutter dans de grandes batailles. Les temps ont changé, il n’y a plus besoin d’un grand héros pour mener les troupes.
– C’est juste une excuse parce que je ne peux pas le faire.
– Il fallait réformer les choses, de toute manière. Grâce au fait que le seigneur Nigel m’a confié la direction des chevaliers pour se concentrer sur les affaires internes, la situation du duché durant la grande bataille de 280 fut bien meilleure que les autres fois. Et après que le seigneur Nigel soit devenu duc, le duché a continué à prospérer pendant les quatre années qui ont suivi. »
Nigel se rappelait de l’année 280, qui allait se produire dans le futur. Il y avait eu une grande bataille un an après qu’il avait hérité du duché. Il y avait clairement eu moins de pertes et plus de profits ensuite. Nigel en avait été très fier à l’époque.
Mais en repensant aux événements récents, sa confiance avait disparu. Les limitations dues à son corps frêle avaient toujours retenu Nigel.
« C’est possible, fit-il, mais même si je change la façon de faire de mes ancêtres, cela ne sera jamais aussi bien.
– Ne dites pas ça, Nigel. Quand la répétition sera terminée, votre nom entrera sûrement dans l’histoire comme l’homme qui a révolutionné Magnus.
– Tu exagères…
– Pas du tout. En plus, le seigneur Nigel m’a moi. Je suis plus fort que n’importe qui d’autre. Je suis un chevalier à la valeur incommensurable.
– Tu te flattes ! »
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
C’était tellement amusant de le voir se jeter des fleurs de manière si éhontée que Nigel éclata de rire sans même y penser. Mais ce n’était pas faux. Même si toutes les troupes du continent arrivaient, elles ne feraient pas le poids face à Inas.
Alors qu’il riait bêtement, il perdit toute volonté de réfuter les propos de l’autre.
Plus que tout, les paroles d’Inas étaient si douces qu’il voulait y croire. Les longs cils dorés de Nigel frémirent et retombèrent faiblement sur ses yeux.
« … Merci de dire ça.
– Je ne dis pas ça exprès parce que c’est vous, seigneur Nigel. Je ne fais que dire la vérité. »
Il ne savait pas si Inas lui disait exprès de bonnes choses à entendre parce qu’il le connaissait bien mais en cet instant, il voulait s’enivrer de ces paroles.
Même si Inas l’avait autrefois traité de demi-duc d’un ton méprisant.
Au moins en cet instant, les paroles d’Inas disant que Nigel ne s’en était pas trop mal sorti semblaient sincères, et pas du tout de l’improvisation. Il n’aurait jamais pu dire ça s’il trouvait que Nigel était insignifiant.
Même si ces rêves reflétaient le passé, cela restait le passé. Si Inas, qui avait vu tous les efforts de Nigel, avait pu changer d’avis à son sujet, alors Nigel se sentait le cœur beaucoup plus léger. Cela prouvait que tout son dur travail n’avait pas été en vain.
Cela n’avait rien de nouveau mais sans surprise, il aimait vraiment Inas.
Alors que Nigel, qui était rempli d’amour pour Inas pour la première fois depuis longtemps, se calma, Inas se sentit aussi mieux. Un sourire étira ses lèvres en une fine ligne, spectacle qui s’était fait rare ces derniers temps. Il attira Nigel contre lui pour le serrer dans ses bras.
Son étreinte était chaleureuse, comme toujours, même s’il avait dû souffrir bien plus que Nigel aujourd’hui.
« Inas…
– Oui ?
– Tu as eu des difficultés aussi ?
– Non, » démentit aussitôt Inas à la question posée avec excitation.
Nigel se renfrogna.
« Tu as dit que tu serais honnête.
– Bien sûr que c’était difficile, mais j’ai déjà connu pire. »
Le visage d’Inas resta impassible, comme si rien n’était vraiment difficile. Nigel ne parvint pas à le croire parce qu’il était impossible que cela n’ait pas été dur.
« Qu’est-ce qui a été le pire, selon toi ?
– Hé bien, hésita l’adolescent.
– Est-ce le fait que le temps ne cesse de se répéter ?
– Non.
– Le fait que je ne me souvenais pas de toi ?
– Non. »
Nigel se renfrogna. Il aurait cru que cela aurait été un des deux-là.
Est-ce que cela voulait dire qu’Inas ne l’aimait pas autant qu’il le pensait ?
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Nigel sentit son cœur lui faire un peu mal, alors il tapa Inas du poing. Alors qu’Inas le regardait, son expression se modifia peu à peu, devenant étrange.
« Quoi ?
– Je suis content que vous soyez jeune.
– Quoi ? Qu’est-ce qui te prend tout à coup… ?
– Je ne voudrais pas faire quoi que ce soit qui pourrait me valoir votre haine mais si vous étiez adulte, je ne pourrais pas me retenir en cet instant tant vous êtes adorable. »
C’était comme un langage codé. Nigel tomba des nues.
« Qu’est-ce que tu racontes encore comme bêtise ?
– Cela veut dire que le seigneur Nigel se comporte de manière très mignonne.
– Arrête de dire des choses bizarres.
– Bien, toutes mes excuses.
– Il faut toujours que tu dises des choses que je ne comprends pas. »
Après un rire gêné, Nigel se dégagea des bras d’Inas, se sentant coupable envers lui.
Il s’était pourtant fermement résolu cette fois mais dès qu’il s’était retrouvé coincé, il avait naturellement cherché à voir Inas. Ce n’était pas bien de faire ça. Remarquant que Nigel essayait à nouveau de mettre une certaine distance entre eux, Inas se renfrogna.
« Nigel.
– Je ne sais pas à quel côté de toi me fier. »
Nigel arrêta les tentatives d’Inas de le convaincre et parla franchement :
« Tu m’as tué plusieurs fois tout en disant que tu m’aimais et tu as même tué mon grand frère. À présent, j’ai même peur que tu tues mon père… »
C’était vraiment terrible pour Nigel de ne plus faire confiance à Inas alors qu’autrefois, il s’était fié à lui plus qu’à quiconque.
Inas secoua la tête.
« Je ne vous tuerai pas.
– Je ne sais même pas si tu m’aimes vraiment.
– Ne vous l’ai-je pas dit clairement ?
– N’importe qui peut dire ça, ce ne sont que des mots.
– Je ne comprends pas pourquoi vous vous méfiez autant de moi. »
Il faisait une tête comme s’il ne comprenait vraiment pas, alors Nigel lâcha un rire abattu.
« Bien sûr, il est impossible de le prouver, alors comment tu veux que je te fasse confiance ? Pourquoi est-ce que tu ne peux pas comprendre mes doutes ? Tu n’es pourtant pas stupide.
– Mais ce n’est pas un mensonge quand je dis que je ferai tout pour vous. C’est juste très frustrant parce que je ne peux pas non plus vous le prouver. Et à cause de ça, le seigneur Nigel m’évite, marmonna sombrement Inas. Si vous m’aimez, Nigel, veuillez me croire au moins sur ce point. Je fais vraiment des efforts pour vous. »
C’était difficile à croire, surtout que plusieurs routes du passé indiquaient précisément tout le contraire.
Mais Nigel ne pouvait pas dire qu’il n’y croyait pas, parce qu’il ne voulait pas repousser son bien-aimé. Même si Glarus aurait voulu qu’il le fasse en ce moment, mais…
« Je vais essayer. Mais dans ce cas, tu dois me faire une promesse.
– Une promesse ?
– Je te demande pour cette session au moins d’utiliser uniquement autant de force que ce que je te connais. »
Il ne voulait pas de miracle bizarre, pas de complot suspicieux, juste ça : qu’Inas existe uniquement comme un chevalier au service de Nigel. Dans ce cas au moins, il n’aurait pas à craindre qu’Inas complote quelque chose dans son dos.
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« Ce n’est pas possible. »
Nigel se renfrogna face à cette réponse qu’Inas avait donnée sans même prendre la peine d’y réfléchir.
« Pourquoi ?
– Ça ne veut pas dire que je ne vais pas vous obéir aveuglément. C’est juste que je veux pouvoir utiliser ma force sans limitation afin de vous protéger. Je ne voudrais pas que vous mouriez des mains d’un autre.
– …
– Mais hormis ça, j’utiliserai autant de force qu’un adolescent de seize ans.
– Alors fais-moi une autre promesse.
– Encore une autre ? Que voulez-vous ? »
Inas prit un air perplexe et résigné, comme s’il ne pouvait pas deviner ce que Nigel allait lui demander de plus mais que de toute manière, il allait accepter aussitôt. Nigel soupira.
« Sers-toi de ta force pour te protéger. »
Puisque Glarus était hostile envers Inas, il pouvait courir un danger à tout moment. Son grand frère qui était revenu à la vie pouvait également être une source de danger et Nigel était également inquiet au sujet de Kei qui avait disparu. Il ne voulait pas qu’Inas soit blessé par un autre.
Mais après avoir prononcé ces paroles, Nigel se couvrit le visage, honteux. Son corps d’un gamin de douze ans exprimait plus honnêtement ses sentiments. Nigel tenta de se cacher sous les couvertures, les joues rouges sans qu’il ne puisse s’en empêcher. Mais Inas le rattrapa avant.
L’adolescent affichait un air très heureux en le prenant dans ses bras.
« Nigel, ce n’est pas toi qui voulais rompre ?
– Ce n’est pas ça… Le temps revient en arrière quand tu meurs, c’est tout.
– Bien sûr. »
Ce n’était pas du tout crédible. La voix d’Inas était légère, comme sur le point de s’envoler.
« Ne tue personne au manoir, c’est compris ? insista Nigel.
– Bien entendu. »
Inas sourit, l’air totalement heureux.
Il était si simple.
Nigel fut ébahi par la simplicité de cet homme qui avait pourtant vécu bien longtemps, mais il s’en réjouit aussi. Même s’il avait dit qu’il voulait rompre, il ne voulait pas pour autant repousser complètement Inas…
Il devait juste garder une distance raisonnable entre eux, tout comme il le faisait maintenant, car s’il voulait reprendre leur relation plus tard, ce serait compliqué s’ils ne s’entendaient plus. Si la distance entre eux continuait de grandir ainsi et qu’Inas sortait avec une autre personne, Nigel s’étoufferait de fureur, alors il devait agir avec prudence. Nigel conclut sa réflexion avec la même satisfaction que s’il avait apprivoisé une bête féroce.
« Alors nous sommes d’accord. Tu peux y aller. »
Il n’avait pas bien dormi ces derniers jours parce qu’il n’avait pas arrêté de penser à la quête. Cette fois, il allait pouvoir dormir sur ses deux oreilles. Il avait demandé à Inas d’employer la même puissance qu’un adolescent de seize ans, alors ce dernier ne pourrait pas se faufiler en douce dans sa chambre comme il le faisait jusque là.
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« Une minute, Nigel. J’ai quelque chose pour vous.
– Quelque chose pour moi ?
– Oui.
– Non, tu n’as pas besoin, » refusa Nigel sans même réfléchir.
Il ne savait même pas ce qu’Inas comptait lui offrir, mais ça l’inquiétait déjà. Voyant l’air évident de refus du garçon, Inas haussa les sourcils, comme déçu.
« Mais ça va vous plaire.
– Je te dis que ce n’est pas la peine…
– Seigneur Nigel… »
Les yeux noirs devinrent brillants et humides alors qu’Inas prétendait jouer les malheureux. C’était vraiment une comédie ridicule. Qui irait se faire avoir par ça… ?
« Qu’est-ce que c’est ?
– Vous allez voir. Je vous assure que ce n’est pas dangereux.
– … Apporte-le moi, » répondit Nigel avec circonspection.
Ce n’était pas qu’il s’était fait avoir par la comédie d’Inas, c’était juste de la curiosité. En tout cas, Nigel se justifia ainsi.
Note de Karura : Qui irait se faire avoir par la comédie d’Inas… ?
Nigel, bien sûr !
Bon, quel est ce mystérieux cadeau ?
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