Chapitre 14

Quand Nigel informa Roshan qu’il avait réussi à convaincre Schumach, le chevalier parut très heureux.

En fait, Schumach était venu sur le terrain d’entraînement ce matin et il avait croisé le fer avec les autres chevaliers. Il avait remporté tous les combats l’un après l’autre, tout en se montrant bon gagnant. Alors cela avait apparemment attiré l’attention de Roshan. Du coup, même si Schumach avait droit à un meilleur traitement une fois qu’il aurait intégré le corps des chevaliers, il avait fait suffisamment bonne impression pour que les autres comprennent.

Après le déjeuner, Schumach resta à discuter l’après-midi avec les chevaliers qui n’étaient pas de service. Sans Inas, Nigel observa par la fenêtre comment Schumach se mélangeait aux autres. Il ne pouvait pas entendre leur conversation, mais ils semblaient bien s’entendre.

Si on regardait les choses sous cet angle, la sociabilité et la façon de vivre de Schumach n’étaient pas du tout mauvaises. Le fait de penser qu’il allait se faire ignorer juste parce qu’il était un roturier attristait un peu Nigel. Au fond, quelle était la différence entre un noble et un roturier ?

Nigel faisait partie de la noblesse et à force de grandir dans ce milieu, il était vrai qu’il était imprégné de la manière de penser des nobles. Toutefois, il lui arrivait de se poser des questions fondamentales Par exemple, à quel point c’était insensé de diviser et discriminer les gens à cause de leur rang. Pour commencer, Kei, le personnage principal de ce monde, était un roturier.

Bien entendu, le futur Mikhail Schumach deviendrait incontestablement un méchant, mais il avait plein d’autres opportunités de choisir une voie différente. Il était tout de même assez gentil pour aider un enfant qui errait dans les rues. Pourtant, son histoire se terminait chaque fois par une tragédie.

Le fait que Schumach accédait toujours à l’épée sans exception voulait dire que le cas contraire était très spécial. Cela pouvait changer les choses. Alors cette fois, Nigel devait tout faire pour que Schumach emprunte une voie différente.

Si ce monde connaissait vraiment sa toute dernière session, Nigel considérait ça comme une mission, en même temps que de la compassion personnelle. Il se jura donc de nouveau d’y arriver.

Une journée assez satisfaisante s’acheva et on arriva à l’aube du jour suivant.

Le jour de son audience avec le roi était enfin arrivé. Bien qu’il s’agissait d’un entretien informel, les serviteurs étaient très motivés, sûrement parce qu’il s’agissait de la première rencontre entre leur jeune maître et le roi. Alors que l’audience était prévue pour midi, Nigel fut retenu dès le matin par ses serviteurs pour se préparer.

Les préparatifs se terminèrent très tôt. Même s’ils y avaient été doucement, il restait beaucoup de temps avant le départ.

Nigel déclara qu’il voulait rester seul un moment et tout le monde se retira. Il essaya de se reposer mais ne pouvait pas s’allonger, alors il dut rester assis d’un air rigide. Même quand il était duc, il portait des tenues plus confortables que ça. En soupirant, il regarda par la fenêtre.

La brise du printemps entra légèrement par la fenêtre ouverte et, comme transporté par ce vent chaleureux, Inas apparut à côté de Nigel.

« Nigel, vous n’êtes pas fatigué ?

– Je n’ai encore rien fait, alors ça va.

– Ne vous surmenez pas.

– Mmm, » répondit laconiquement Nigel avant se tourner pour lui faire face.

Inas avait l’air de vouloir dire quelque chose. Quand Nigel tendit la main pour effleurer la sienne, l’adolescent ouvrit la bouche en le regardant intensément :

« Seigneur Nigel, quand vous serez dans le palais, je pourrai vous observer en cachette ? »

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Quand Nigel le regarda d’un air sombre, Inas baissa les yeux.

« Mais Nigel, vous savez, le palais est un endroit dangereux.

– Non, je ne sais pas. Où ça, du danger ? Ce n’est pas la première fois que je vais là-bas !

– Sauf que le seigneur Nigel est si jeune. Et si quelqu’un vous emmenait de force… ? »

C’était vraiment ridicule. Le palais n’était pas comme un quartier mal famé. Qui irait enlever Nigel ? Nigel foudroya Inas du regard.

« Suffit. Ce que tu veux faire ressemble plus à de la surveillance que de la protection !

– Je n’écouterai pas ce que vous dites.

– Mais tu sais lire sur les lèvres, pas vrai ? »

Cela ne devait pas être compliqué pour quelqu’un qui avait vécu tant de sessions de déduire du mouvement des lèvres le contenu d’une conversation.

Inas ne put rien dire pour sa défense et garda simplement la bouche fermée. Nigel se réjouit que l’adolescent ne lui ait pas menti.

« Inas… On s’était mis d’accord pour que tu ne m’espionnes plus et que tu n’utilises pas plus de force que ce que tu devrais à ton âge. Tu as oublié ?

– Mais Nigel, votre vie n’est-elle pas plus importante ?

– Venant de ta part, c’est bizarre. »

Surtout étant donné qu’il avait tué Nigel bien des fois.

D’un autre côté, Inas n’avait pas tort. Déjà en tant que second fils du duc de Magnus, Nigel devait toujours se préoccuper de sa sécurité. Et c’était d’autant plus vrai à présent qu’il était le seul et unique messager de Dieu. Ce n’était pas comme si quelque chose allait lui arriver tout de suite, mais cela ne ferait pas de mal de se montrer un peu plus prudent.

Pourtant, il était prévu que Nigel tombe malade aujourd’hui. Il consulta une fois encore la fenêtre de compétences :

Une maladie aléatoire.

Comme il s’agissait d’une compétence octroyée par Glarus, ce ne devait pas être une petite pénalité. Si cette maladie aléatoire s’avérait très douloureuse, le fait qu’Inas assiste à ça en temps réel pourrait déclencher sa fureur… Nigel ne pourrait pas garantir ce qui se passerait ensuite.

Avec un peu de chance, il ne mourrait pas de cette maladie.

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

« Tu n’as pas besoin de t’en faire, parce qu’il ne va rien m’arriver, assura-t’il.

– … Oui.

– Attends-moi bien sagement. Oh, on n’avait pas dit qu’on sortirait quelque part après ça ? Peu m’importe l’endroit. S’il y a quelque chose que tu veux faire, tu peux en profiter pour y réfléchir, hein ?

– … Très bien. »

À force de cajoleries, Inas finit par se dérider. Le fait que Nigel dise qu’il suivrait sa proposition sur l’endroit à visiter lui fit énormément plaisir. Après avoir bien amadoué l’adolescent, Nigel le fit sortir.

Quand l’heure arriva, Nigel monta dans le carrosse pour se rendre au palais. C’était un endroit qu’il connaissait, pourtant il se sentait un peu nerveux, sans doute parce que les circonstances avaient changé. Nigel sortit du carrosse, se tenant droit d’un air rigide.

Quelqu’un attendait devant l’attelage. Nigel, qui jeta un coup d’œil au visage de cette personne, s’inclina aussitôt, ayant bien du mal à cacher son désarroi.

« Bonjour, votre Altesse. Je suis Nigel Grau Montstein et je suis venu à la demande de sa Majesté. »

C’était Essian, le premier prince, qui était venu accueillir Nigel.

Il a fallu que ce soit lui.

Pour Essian, c’était leur première rencontre. Mais dans les souvenirs de Nigel, Essian était un très mauvais roi. Certes, il arrivait à gérer les affaires de l’état de manière correcte mais en ce qui concernait sa vie privée, c’était le chaos total. En plus, il profitait de la moindre occasion pour entrer en conflit avec Nigel et selon Inas, il y avait même eu une session où il avait tenter de posséder Nigel de force.

Nigel n’avait donc vraiment pas envie de le voir pour le moment, mais il ne pouvait pas non plus offenser le premier prince. Nigel se redressa et baissa les yeux sans rien dire. Sans s’en cacher, les yeux d’Essian le toisèrent de la tête aux pieds.

« C’est donc toi, Nigel. »

Un large sourire étira les lèvres d’Essian qui souleva le menton du garçon.

« Il paraît que tu es le messager de Dieu. On dirait bien que Dieu a choisi son messager juste pour sa beauté. »

Dire que le premier prince se permettait de traiter de manière aussi désinvolte un aristocrate, même pas quelqu’un du peuple ! Mal à l’aise, Nigel arbora un sourire crispé mais au contraire, Essian était très détendu.

« Tu as dit que tu pouvais guérir la comtesse Diaramine ?

– En effet. »

Essian rétrécit les yeux et regarda Nigel. C’était comme s’il voyait un imposteur.

« Si tu oses mentir, sa Majesté te fera pendre par les pieds aux portes du château !

– Je ne mens pas.

– Si tu m’avoues honnêtement maintenant, je peux t’aider. Tu n’y perdras pas non plus au change. Ce sera même très agréable… » fit Essian en se montrant exprès vague, tout en reluquant Nigel sans gêne.

Quel malade…

Nigel renifla intérieurement face aux faibles menaces et à la cupidité d’un adolescent qui n’avait même pas encore atteint l’âge adulte. Vu le jeune âge de Nigel, il se pouvait qu’Essian pensait que ce serait facile de se l’approprier s’il lui faisait peur et qu’il le menaçait.

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Mais ça ne faisait pas peur du tout. Pour être honnête, Essian était même pathétique. Nigel se demandait vraiment ce qu’il avait bien pu faire pour devoir servir ce type en tant que roi autrefois.

Nigel évoqua l’image d’ Essian adulte qui se disputait toujours avec lui sur tout. Dire que plus jeune, il se comportait comme un tyran avec les sujets du roi. Nigel comprenait à présent pourquoi Inas avait eu l’air si sombre en mentionnant Essian.

Tandis que Nigel était plongé dans ses pensées, Essian lui enfonça un doigt dans les côtes. L’adolescent éclata de rire en le voyant bondir de surprise.

« Tu es vraiment très chatouilleux !

– …

– Allez, on y va.

– Bien. »

Le visage de Nigel s’assombrit. Essian toussota et le guida comme si rien ne s’était passé.

Grâce au fait que le carrosse avait eu l’autorisation d’entrer à l’intérieur de la cour du palais, l’étude du roi ne se trouvait pas bien loin. Nigel marcha rapidement dans l’espoir d’y arriver vite.

« Alors, quelle est ta réponse ? insista Essian.

– De quoi ?

– Tu veux mon aide ou pas ? Tu ferais mieux de demander de l’aide avant d’avoir des ennuis.

– … Tout ira bien. Je n’essaie pas de tromper le roi.

– Mais j’ai entendu dire que tu t’es fait voler ton statut d’héritier par un autre ? Si tu n’as nulle part où aller, tu peux toujours venir chez moi. »

Heureusement que Nigel ne s’était pas vraiment fait voler son statut, sinon cela aurait été insultant. Essian semblait vouloir le voir exprimer sa colère ou son désespoir, mais Nigel répondit calmement :

« Merci pour votre proposition. Mais je vais bien, vraiment.

– Mmph… »

Voyant ses attentes déçues, Essian regarda Nigel en fronçant les sourcils. Malheureusement, son intérêt ne disparut pas pour autant.

« Tu as quelque chose de prévu après ça ?

– Oui.

– Et si tu venais dans mes quartiers un moment ? Nous pourrions parler de choses intéressantes, » suggéra Essian, ignorant la réponse de Nigel.

Ce dernier retint un soupir.

« Je suis navré, mais je dois retourner au duché après ça.

– Tu n’es vraiment pas conciliant.

– … »

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Nigel sentit sa patience arriver à bout. Il ne savait pas s’il devait se réjouir ou regretter d’avoir interdit à Inas de l’espionner. Si Inas voyait ça, il aurait aussitôt employé la magie pour éliminer Essian. Ce serait alors un immense scandale politique parce que Nigel serait forcément impliqué, même s’il n’avait rien fait. Cela ne devait donc pas arriver, sauf qu’en toute sincérité, Nigel aurait bien aimé voir ça au moins une fois.

Heureusement, il n’avait plus à écouter plus longtemps les aboiements de ce chien. Ils arrivèrent bientôt à destination : devant le salon privé où l’attendait le roi.

« Je te laisse y réfléchir, » lança Essian.

Il semblait bien s’amuser tout seul et disparut avec un rire malicieux.

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