Comment élever un sacrifice 4 13

Chapitre 13


Nigel fit un rêve. Pour la première fois depuis très longtemps, c’était un rêve banal sans le moindre sens.

Dans ce rêve, il parlait à un mur. Chose bizarre, il essayait de convaincre ce mur mais bien entendu, le mur ne pouvait pas l’écouter. Nigel fut si agacé à force de parler dans le vide qu’il prit un marteau et tenta de détruire le mur. Mais juste avant de le frapper, le mur se transforma en Inas. Nigel sursauta et en lâcha son marteau. Ce fut à ce moment qu’il se réveilla.

« Quel drôle de rêve… »

Mais c’était un rêve inspiré de la réalité. Il devait avoir été sacrément frustré pour faire un tel rêve !


C’était un fait connu que les personnes âgées se laissaient rarement convaincre. Nigel ne savait pas exactement quel âge pouvait bien avoir Inas, mais s’il comptait précisément un an par session, cela devait être aux alentours de cent mille ans. Horrifié par cette énorme différence d’âge, Nigel frémit.

Dans tous les cas, il était impossible qu’un homme qui avait vécu aussi longtemps qu’un fossile puisse changer d’avis. Nigel ne devait donc pas se prendre la tête pour quelque chose d’impossible à faire. Il n’avait qu’à se dire qu’Inas était un étalon indomptable et qu’il devait juste s’accrocher aux rênes et tourner au bon moment.


Quand Nigel regarda par la fenêtre, il faisait déjà jour. Il se changea sans grande vigueur et sortit pour se diriger directement vers les escaliers.

Dès qu’il quitta sa chambre, un garde le suivit partout. C’était ennuyant mais normal, étant donné la bêtise qu’il avait faite la veille. Nigel s’engagea en tête sans rien dire.

Il se rendit aux écuries, là où Inas travaillait à cause de la punition de Roshan.

Nigel avait horreur du Inas rigide qui ne l’écoutait même pas. Pour autant, ça ne voulait pas dire qu’il voulait le voir piétiné par d’autres. Il était donc venu ici dans l’intention de sauver Inas au bon moment.


Nigel avait pensé s’être levé assez tôt, cependant Inas avait presque déjà fini de nettoyer. Il devait avoir travaillé dur car sa fine chemise était couverte de saleté. À moitié par habitude, Nigel examina du regard le corps de l’adolescent.

Notant un regard intense, Inas se retourna. Quand il aperçut Nigel, il arbora aussitôt un sourire radieux.

« … »

Le soleil de ce matin brillait fortement dans un ciel sans nuage. En-dessous, Inas, qui transpirait un peu et souriait, brillait encore plus que le soleil. Tout à coup, toute la colère et la frustration que Nigel avait ressenties envers lui la nuit dernière s’envolèrent en un clin d’œil.

C’était justement ça le problème. Nigel ne pouvait penser clairement et objectivement que s’il ne voyait pas ce visage. Il aimait vraiment trop ce visage. Inas en avait bien conscience et s’en servait avec une terrible efficacité.

Mais bon, ce n’était pas le moment de traiter Inas avec de la logique froide.


Bien entendu, ils devaient parler de ce qui s’était passé la veille. Cela dit, le passé était le passé. Cela ne ferait pas de mal d’apprécier un certain moment de détente. Bien entendu, c’était aussi parce que Nigel était bien trop agité en ce moment. Il rabaissa les coins de sa bouche qui s’étaient soulevés de manière inappropriée.

« Jeune seigneur Nigel, vous êtes venus ?

– Oui. Tu as dû beaucoup souffrir aujourd’hui, tout ça par ma faute.

– Pas du tout, mon seigneur, » répondit calmement Inas en baissant les yeux.

Il semblait être l’image du chevalier exemplaire.

« On dirait que tu as bientôt fini. Tu as déjà mangé ?

– Pas encore.

– Alors mangeons ensemble. Tu as souffert à cause de moi. »

C’était l’excuse parfaite. Nigel avait cru qu’il était arrivé trop tard mais là, il se rendait compte qu’il était venu juste à temps. Puisque le nettoyage était presque terminé, cela ne se faisait pas de faire attendre le jeune seigneur de la famille jusqu’au bout.

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

* * *


Nigel sauva donc Inas des mains du palefrenier, qui fut bien obligé de finir le travail à sa place, et apprécia un bon petit-déjeuner.

Contrairement à Nigel, qui ne faisait que grignoter, Inas avait un excellent appétit. Il avala littéralement la nourriture plus pour refaire le plein d’énergie que pour savourer. Malgré la grande quantité de nourriture ingérée, Inas termina le repas de manière assez élégante.

« Nigel, qu’allez-vous faire aujourd’hui ?

– Je vais me reposer, surtout que j’ai mon audience avec le roi demain. Ah, et je dois aussi aller voir Schumach. »

Quand Nigel lui jeta un regard circonspect, Inas sourit.

« Ne me regardez pas comme ça. C’est moi qui l’ai suggéré, alors vous pensez que je vais me fâcher parce que vous allez vous voir ?

– … Tu as l’air fâché. »


Hier aussi, les yeux d’Inas étaient devenus étrangement froids quand il avait aperçu Schumach. Pour Nigel, il était inconcevable qu’un homme qui ne se souciait pas des causes et conséquences autour de lui puisse se fâcher s’il prenait le temps de bien tout peser.

« C’est vrai que ça ne me plaît pas, concéda Inas, mais je peux faire avec.

– C’est bien que tu tiennes le coup. Je vais aller le voir juste après.

– Vous n’avez pas besoin de me le dire. »

C’était parce que ce serait trop difficile à supporter. Nigel sourit et prit la main d’Inas. Ce dernier, arborant enfin un air satisfait, déposa un baiser sur le front et la joue du garçon.

Nigel aurait bien aimé profiter un peu plus de ce temps libre mais Inas, qui n’était encore qu’un aspirant, avait beaucoup à faire. Il était prévu aujourd’hui qu’il suive Roshan et d’autres chevaliers pour son entraînement.

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Après avoir consulté l’heure, Inas se leva avec un soupir.

« Je dois vous laisser.

– Bien. N’en fais pas de trop.

– Nigel ?

– Oui ?

– Dès que vous aurez du temps libre, ça vous dirait d’aller quelque part avec moi ?

– Comment ? »

Surpris, Nigel cligna des yeux devant cette proposition inattendue.

« Avant que nous quittions la capitale, ajouta Inas. Bien que le seigneur Nigel ait longtemps résidé ici, il ne connaît pas tous les coins et recoins de la capitale. Il y a beaucoup d’endroits où les fleurs sont magnifiques à voir en cette saison.

– … D’accord, » accepta Nigel avec une brève hésitation.

Il n’avait aucune raison de refuser.

Inas se contraignit à partir avec un air réticent.


* * *


Après avoir fait partir Inas et s’être correctement habillé, Nigel alla voir Schumach pour tenter de le convaincre d’accepter son offre.

Après l’avoir prévenu à l’avance, il se rendit dans la chambre allouée au chevalier, qui était proprement vêtu et l’attendait.

« Bonjour, jeune maître.

– Bonjour, vous avez bien dormi ?

– C’est le meilleur lit dans la meilleure chambre que j’ai jamais connue. Bien sûr que j’ai très bien dormi !

– Vous m’en voyez ravi. »

Pendant qu’ils échangeaient quelques politesses, le serviteur déposa le thé sur la table basse, puis sortit de la pièce.


Nigel se servit une tasse et s’humecta d’abord le gosier.

« Mon père a déjà dû vous en parler. Sire Schumach, je souhaiterais vous engager comme un chevalier du duché de Magnus.

– Oui, j’ai entendu ça.

– Avez-vous pris votre décision ?

– C’est une offre assez soudaine.

– Mais c’est probablement votre meilleure option. »

Schumach fronça les sourcils devant le ton assuré du garçon.

« Vous avez l’air bien sûr de vous. »

C’était une manière indirecte de lui dire qu’il se montrait arrogant. Sauf qu’il ne s’agissait pas de cela. Nigel était fermement convaincu que Schumach avait toute sa place parmi les chevaliers de sa famille, d’après ce qu’il avait vu dans la dernière session.


« Bien évidemment. Même si vous réussissez bien parmi les chevaliers de la capitale, il viendra forcément un moment où vous vous heurterez aux nobles. Être quelqu’un du peuple a ses limites. Par contre, dans le duché de Magnus, n’importe qui peut arriver à une position élevée indifféremment de son rang. En plus avec la recommandation de mon père, vous pourrez commencer dès un échelon élevé.

– Sauf que le duché de Magnus est un endroit dangereux, n’est-ce pas ? Ce n’est pas forcément une condition avantageuse.

– Il est vrai que le taux de mortalité est élevé durant les grandes batailles, mais ce n’est pas le cas dans l’armée dirigée par le duc de Magnus. Comme il s’agit de gens habitués à combattre les monstres, ils savent comment réagir. Et s’il n’y a pas assez de soldats, ils engagent des mercenaires et c’est de là que viennent la majorité des morts. En comparaison, il y a plus de soldats qui meurent lors des batailles aux frontières ou lors de la surveillance de la capitale.

– Vraiment ?

– En effet. Pour couronner le tout, ce n’est pas bien compliqué d’obtenir des terres ou un titre si vous vous démarquez lors d’une grande bataille. Naturellement, il s’agira d’un titre unique qui ne pourra pas être transmis à vos descendants. Dans l’ensemble, tout se passera très bien, vous avez ma parole.

– Vous semblez bien vous y connaître.

– Ce sont les chevaliers de ma famille. Ce serait étrange que je n’y connaisse rien. »

Schumach referma la bouche devant cette réponse qui coula naturellement.

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Sans rien montrer de sa nervosité, Nigel but calmement le thé et patienta.

« … C’est le jeune maître qui a décidé de m’engager ?

– Oui. »

Schumach haussa un sourcil. Craignant qu’il ne recommence à penser à tout et n’importe quoi, Nigel préféra frapper en premier :

« J’ai eu une vision.

– Une vision, vous dites ? »

Une profonde méfiance et incrédulité apparurent dans les yeux du chevalier. Nigel hocha calmement la tête.

« C’est la vérité. Vous n’avez pas dit que vous avez entendu les rumeurs ?

– Ce ne sont qu’un ramassis d’âneries. Un garçon a été élu par Dieu en personne et des ailes lui ont poussé dans le dos. Il va bientôt quitter ce monde pour rejoindre Dieu dans le ciel. À chaque fois que Dieu lui parle, il est entouré par un halo éblouissant. Il peut voir l’avenir, etc. Ce ne sont que des rumeurs ridicules.

– … C’est vrai que c’est ridicule. En fait, une seule de ces rumeurs est vraie.

– Il y en a vraiment une de vraie ? »


Schumach plissa le front et observa franchement Nigel.

« … Vous pouvez vous entourer d’un halo ? hasarda-t’il.

– Ne dites pas n’importe quoi. C’est celle qui dit que je peux voir l’avenir. »

Il avait beau le dire et le répéter, Schumach ne semblait toujours pas vouloir y croire. Bon, c’était vrai que c’était un peu difficile à accepter comme ça, d’un coup. Nigel se montra patient et attendit que le chevalier accepte la vérité.

« Vous dites que vous pouvez vraiment voir l’avenir ?

– Oui, mais partiellement.

– Alors dites-moi un peu, qu’est-ce qui vous a incité à proposer de me recruter comme un de vos chevaliers ? » demanda Schumach d’un ton plutôt arrogant.

S’il acceptait cette offre, Schumach deviendrait un vassal de Luther, alors il devait pouvoir faire confiance au fils de son seigneur.


Est-ce qu’il va refuser ?

Nigel prit un air sombre et choisit soigneusement ses mots.

« Sire Schumach va bientôt réussir à utiliser l’épée d’aura et il sera sur une pente ascendante. Vous gagnerez la confiance de sa majesté, ainsi que le titre de meilleur chevalier de tout le royaume. Mais dans quelques années, quelque chose de terrible se produira. À cause de ça, votre prestige et votre honneur seront traînés dans la boue. Vous serez attaqué de toutes parts et vous vous retrouverez coincé. »

Cela avait bien commencé, puis cela avait pris une tournure plus dure. Du coup, Schumach, qui semblait ravi au départ, s’assombrit de plus en plus.

« Vous me promettez bien des malheurs, » fit-il avec un claquement de langue.

Pourtant, ce que Nigel venait de dire n’était qu’une toute petite partie de ce qui allait se produire. Dans le futur, en plus de ça, Schumach allait perdre sa famille, se laisser posséder par l’épée de Glarus et mener le monde droit à sa destruction.

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Inas avait dit qu’à chaque session, Schumach mettait la main sur l’épée sans la moindre exception. Il était destiné à répéter la même destinée tragique jusqu’à sa fin malheureuse à chaque fois, sans espoir d’y réchapper.

Nigel se sentait sincèrement désolé pour Schumach. Cet homme en face de lui allait vivre une vie qu’on ne pouvait qualifier que d’horrible en toute objectivité.

« Sire Schumach, je peux faire en sorte que votre futur change. Vous n’avez qu’à me rejoindre.

– Vous semblez vraiment très confiant.

– Parce que je suis confiant dans le fait d’en être capable. »

Schumach eut un léger rire, sans doute parce qu’il estimait que cette confiance n’avait aucune base solide.

« C’est d’accord. »

Cependant, la réponse qu’il donna fut étonnamment positive.


« J’ai déjà quitté les chevaliers de la capitale, de toute façon. C’est seulement hier que j’ai décidé d’accepter.

– Quoi ? Vous auriez pu me le dire ! »

S’il avait su, Nigel ne se serait pas donné autant de mal pour le convaincre. Schumach eut un sourire espiègle et haussa les épaules.

« J’étais curieux de voir ce que le jeune maître allait me dire pour me persuader. Même si je n’acceptais pas de travailler pour le duc de Magnus, j’aurais été voir ailleurs.

– Alors, vous êtes satisfait ?

– Oui, au point que je souhaite être affecté au service du jeune maître.

– J’ai déjà un chevalier d’escorte.

– Quel dommage, » murmura Schumach avec un ton de sincère regret.

En dépit de leur relation compliquée, cela fit très plaisir à Nigel d’entendre qu’un chevalier compétent souhaitait le suivre. Il eut un large sourire qui dévoilait tous ses sentiments.

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Regardant l’air souriant du garçon, Schumach fronça les sourcils.

« Au fait, jeune maître, puis-je vous poser une question ?

– Qu’y a-t’il ? »

Schumach hésita, incapable de parler tout de suite. Nigel attendit qu’il trouve ses mots, un air grave sur le visage. Il se demandait si l’autre homme n’allait pas revenir sur sa promesse de rejoindre les chevaliers de Magnus.

« Vous ne seriez pas tombé amoureux de moi, n’est-ce pas ?

– Quoi ?! »

Nigel ressentit une sensation intense de déjà vu. C’était complètement absurde, pourtant Schumach semblait on ne peut plus sérieux.

« Cela poserait problème. Vous êtes si jeune après tout…

– Non, cela n’arrivera jamais. »

Nigel était à deux doigts de lui dire qu’il était amoureux d’un homme cinq cents fois plus beau que lui, mais il se retint et se calma. On dirait que la tendance de Schumach à comprendre les choses de travers était une maladie incurable.


Note de Karura : Mais j’aime ce côté-là de Schumach !







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