Comment élever un sacrifice 4 15

Chapitre 15


Resté seul, Nigel inspira profondément et lança un regard significatif aux serviteurs devant la porte. L’un d’eux alla prévenir le roi de la visite et une fois l’autorisation donnée, Nigel put entrer.

« Salutations à vous, votre Majesté.

– Sois le bienvenu. Viens t’asseoir. »

Le roi Roderick, qui avait l’air triste, accueillit Nigel de manière très amicale. Après qu’un serviteur ait apporté du thé, il regarda Nigel d’un air très détendu.

« Je comptais au départ envoyer le second prince pour t’accueillir, mais le premier prince s’est proposé.

– Oui, le premier prince a eu la bonté de me conduire ici.

– Il a dû se montrer pénible.

– Oh non.

– Il peut se montrer désagréable. »

Au lieu de répondre, Nigel baissa calmement les yeux. Il n’était pas assez bête pour dire honnêtement que le premier prince était un abruti fini.


Il pouvait sentir le regard du roi l’examiner lentement. Roderick était silencieux, les mains posées sur les accoudoirs de son fauteuil. La seule chose qu’il faisait, c’était tapoter d’un doigt l’accoudoir. Nigel se désola de la comparaison, mais le regard inquisiteur du roi ressemblait énormément à celui d’Essian. Ils n’étaient pas père et fils pour rien.

« Nigel Grau Montstein.

– Oui ?

– Regarde-moi. »

La voix grave du roi résonna. Si Nigel avait vraiment été un enfant de douze ans, il aurait été assez intimidé et apeuré pour fondre en larmes.

Mais bien entendu, Nigel n’était pas vraiment un enfant, donc ce n’était pas ça qui allait l’intimider. Imperturbable, il leva les yeux pour croiser le regard du roi.


Une lueur défila dans le regard inexpressif de Roderick.

« Le duc de Magnus m’a tout expliqué en détail. Tu peux vraiment guérir une jambe qui ne fonctionne plus ?

– Oui.

– Si jamais tu me mens, prépare-toi bien aux conséquences. Peu importe que tu sois le fils bien-aimé du duc de Magnus.

– C’est bien vrai.

– Tu peux me le prouver d’abord ? Je peux faire venir quelqu’un avec une petite blessure. »

Nigel secoua la tête. Pour une petite blessure, il pouvait utiliser la magie de guérison, mais il ne voulait pas gaspiller des MP pour rien.

« Ce n’est pas un pouvoir facile à manier. Une fois la guérison accomplie, je dois en payer le prix.

– Quel prix ?

– Je ne le saurai qu’une fois que ça arrivera. »

C’était une manière subtile d’expliquer les mots ‘maladie aléatoire’.

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Face à la réponse de Nigel, Roderick haussa un sourcil, un air un peu mécontent sur le visage.

« Tenter d’augmenter sa valeur avec des paroles vagues, c’est un coup classique chez les arnaqueurs. »

Sa voix devint encore plus grave. L’atmosphère était tendue, comme s’il allait appeler la garde d’un moment à l’autre pour jeter Nigel dehors. Nigel déglutit intérieurement, tout en conservant un air impassible. Au bout d’un très long moment, Roderick retira son regard soupçonneux pour prendre un air satisfait.

« Mais pour un arnaqueur, tu as un regard franc. Entendu, je veux bien te faire confiance.

– Merci. »

Roderick tira sur un cordon pour faire venir un serviteur et lui demanda d’aller chercher la comtesse Diaramine. Peu de temps après, la femme entra, boitant et s’appuyant sur une cane pour marcher.


Cérès Diaramine n’était pas d’une beauté remarquable, mais elle était réputée pour sa grande éducation et sa personnalité franche et chaleureuse. Cependant, la Cérès que Nigel vit aujourd’hui semblait plus sombre. Son accident de carrosse l’avait apparemment affectée.

Cela expliquait pourquoi le roi avait voulu faire peur à Nigel au préalable. S’il avait été un menteur qui annonçait à Cérès qu’il pouvait la guérir, puis qu’il échouait, la femme sombrerait alors dans la dépression.

Cérès n’avait aucun un poste officiel au gouvernement, mais elle était pratiquement la reine. Le roi avait perdu son épouse et s’était rapproché de Cérès, qui avait aussi perdu son époux. Les deux ne s’étaient jamais remariés ensemble pour diverses raisons mais à la connaissance de Nigel, ils étaient restés ensemble jusqu’à la mort.


« Votre Majesté, fit-elle en le saluant, s’agit-il du garçon ?

– En effet.

– Ce n’est encore qu’un enfant. On raconte pourtant qu’il s’agit du messager de Dieu. »

Cérès parlait doucement, mais on pouvait sentir l’incrédulité dans sa voix. Roderick haussa les épaules.

« C’est bon, faites-moi confiance. Il s’agit du messager de Dieu que même le Grand Prêtre a reconnu. Vous pouvez vous asseoir.

– Bien… »

En marchant lentement, Cérès s’assit en face de Nigel. À son entrée, elle avait un air triste mais quand elle vit le jeune Nigel, elle lui sourit gentiment comme si son humeur s’était améliorée.

« Ce doit être la première fois que tu viens au palais. Tu es très nerveux ?

– Oui, un peu, mais ça peut aller. »

Plutôt que de répondre qu’il allait très bien, Nigel choisit de paraître un peu jeune et nerveux. Comme il s’y attendait, cela facilita le contact avec la comtesse.


« Dois-je dénuder ma jambe ?

– Non, c’est bien comme ça.

– Entendu. Alors je te laisse faire. »

En entendant que sa voix était devenue très douce, Nigel commença le traitement.

Quand on décidait d’employer cette compétence, tous les HP et MP diminuaient d’un coup et le corps commençait à perdre ses forces. La lumière dorée de la guérison enveloppa les mains de Nigel, absorbant son pouvoir. Une lumière brillante apparut doucement dans les airs.

Cette lumière recouvrit peu à peu la jambe de Cérès. Au départ, la femme regarda tout ça avec juste de l’émerveillement mais lentement, la stupéfaction apparut dans son regard. Ses mains se crispèrent fortement sur sa robe.

Et finalement, au moment où il ne resta plus qu’un HP et un MP à Nigel, la lumière s’éteignit peu à peu. Un Nigel complètement épuisé retira sa main. Le traitement était terminé.

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Dans un lourd silence où personne n’osa parler, Cérès tenta de bouger sa jambe avec circonspection.

Comme cela faisait longtemps qu’elle ne s’en était pas servie, sa jambe était toute faible, mais elle bougea sans l’ombre d’un doute. Les visages de Cérès et Roderick affichèrent de l’émerveillement et de la joie.

« Oooh, elle bouge.

– Cérès ! »

Le visage de Roderick, qui avait été nerveux jusqu’à présent, s’illumina. Avec un grand sourire, il courut vers Cérès.

Bien que Nigel avait ses propres raisons d’avoir proposé de la soigner, il était fier de les voir tous les deux aussi heureux. Il voulut les féliciter, mais… étrangement, il ne put dire un mot. Alors qu’il se disait que quelque chose n’allait pas, une fenêtre de statut vint bloquer sa vue.


<SYSTÈME : Vous avez la maladie hémoptysie Cracher du sang provenant des voies respiratoires. (1).>


C’était fou.

Nigel n’eut même pas le temps de s’accrocher à quelque chose. Il eut la sensation de quelque chose de coincé au fond de sa gorge qui lui fit monter les larmes aux yeux, puis il cracha un gros caillot de sang noir.

Cela ne fit pas mal, parce qu’il s’agissait juste de cracher du sang. Par contre, il sentit un vertige le gagner, sûrement parce qu’il perdait du sang alors qu’il était déjà affaibli. Il put entendre les cris choqués et surpris de Roderick et Cérès.

Il ne pouvait pas leur dire qu’il allait bien ou que ce n’était pas grand-chose.

J’espère qu’Inas ne sera pas choqué ou furieux.

Tout en se murmurant que tout irait bien, Nigel perdit connaissance.


* * *


Même en pleine inconscience, Nigel put sentir une main lui caresser la joue. Il entendit la personne lui demander s’il n’avait pas agi de manière trop imprudente, d’une voix remplie d’inquiétude et d’affection, mais…

Dans tous les cas, la dette envers le roi était bel et bien effacée. Nigel s’était juste évanoui parce qu’il avait craché du sang alors qu’il était déjà dans un état fragile. Mais il ne souffrait pas trop, ce qui était plutôt bien dans l’ensemble. Clairement, il ne s’en sortait pas trop mal…

« Nigel ! »

Sauf qu’il y avait la voix d’Inas qui l’appelait désespérément, comme si Nigel allait bientôt rendre son dernier souffle.

C’était vraiment un drôle de type. En temps normal, il pouvait tuer Nigel sans la moindre hésitation, mais il était toujours angoissé quand Nigel était en danger.

Nigel n’avait cependant ni la force de rire ou de le consoler.

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Ce ne fut pas avant très longtemps qu’il revint à lui.

« … »

Nigel eut bien du mal à soulever ses paupières, qui semblaient collées. Il n’y avait plus la moindre force dans son corps.

« Vous êtes réveillé ? »

Il put entendre la douce voix d’une femme à côté de lui. C’était Léona, le médecin qui s’occupait de lui. Nigel ouvrit la bouche pour l’appeler, mais sa gorge était si sèche qu’aucun son ne put en sortir.

« Je vais d’abord vous apporter de l’eau. »

Suite aux paroles de Léona, quelqu’un souleva à moitié Nigel. Il reconnut aussitôt à qui appartenait le bras qui le soutenait : c’était Inas.

« … »

Leurs yeux se croisèrent, mais Inas ne dit rien. Ce n’était pas parce qu’il avait conscience de la présence des gens autour, c’était plutôt parce qu’il semblait fâché.

Et il avait toutes les raisons de l’être.


Nigel réagit calmement au contact d’Inas, se sentant mal à l’aise. Inas prit un verre d’eau et le porta aux lèvres du garçon. Il se sentit revivre après avoir bu.

« Je suis resté inconscient combien de temps ?

– Quatre jours.

– Quatre jours… »

Léona jeta un regard sévère à Nigel, qui était surpris.

« C’est parce que vous avez vomi du sang.

– Ce n’était rien.

– Comment ça, rien ? En tout cas, sa seigneurie le duc et le seigneur Taren sont en route.

– Quoi ? Pourquoi mon père et gra… cette personne ? »

Il avait failli l’appeler ‘grand-frère’. Heureusement, il s’était rattrapé au bon moment. Puisque Luther avait adopté Taren, il était nominalement son grand frère mais aux yeux des autres, Nigel ne pouvait pas encore l’appeler de manière aussi familière.


« Naturellement, votre père vient parce qu’il est très inquiet pour vous. Quant au seigneur Taren, je me demande s’il va vraiment venir. »

Du point de vue de Léona qui ignorait tout de la situation, Taren, le nom qu’avait dû prendre son grand frère pour cacher son identité, était juste un homme qui avait pris la place de Nigel. Elle arbora donc un air réprobateur.

« Comme ils sont partis dès qu’ils ont appris ce qui vous est arrivé, ils ne vont pas tarder.

– Ils ne sont pas obligés de venir, assura Nigel.

– Ne dites pas de bêtises et reposez-vous. Je vais chercher votre médicament. »

Léona se leva. Nigel crut que naturellement, Inas allait rester. Sauf que ce dernier suivit Léona d’un air pincé et glacial.

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Le docteur lui jeta aussi un regard de surprise, parce qu’elle avait cru aussi qu’il resterait.

« Idenbach, tu ne restes pas ?

– Même si je suis là, cela n’aidera pas le jeune maître à aller mieux. Alors je ferais mieux d’aller faire mon travail, répondit l’adolescent.

– Ah, je vois… »

Léona jeta un regard désolé à Nigel. Sans un bruit, elle ouvrit la bouche pour lui faire : Réconciliez-vous vite. Après ça, elle se retira. Inas lança un regard presque noir à Nigel.

« Rétablis-toi vite, Nigel. Que je n’aie pas envie de tous les tuer, » l’avertit-il avec le désir manifeste de frapper au moins une personne à mort.

Après ça, il quitta la chambre sans laisser le temps à Nigel de le rappeler.


… Tu es vraiment furieux.

C’était la première fois qu’Inas lui battait froid comme ça. Mais plutôt que de se fâcher, Nigel se sentait désolé et rempli de remords. Ils étaient censés sortir ensemble après son audience, mais comme il avait dormi quatre jours, ce moment était passé. Ils pouvaient toujours remettre ça à une autre fois, mais Nigel s’en voulait d’avoir manqué à sa parole. Il soupira en observant la pièce vide. C’était clairement de sa faute.

Peu de temps après, le médicament amer envoyé par Léona arriva. L’odeur était véritablement horrible. Nigel frémit et s’obligea à avaler le bol.

Bien qu’il aille bien en réalité, Léona semblait considérer cette hémoptysie inconnue comme une maladie horrible. Du coup, Nigel dut rester alité comme un malade grave alors que son corps se sentait plus léger qu’avant.

À chaque fois que Léona faisait apporter le médicament, il ne pouvait pas refuser et s’obligeait à avaler d’un coup le remède.

Et ce fut ainsi qu’une nuit passa depuis qu’il avait repris connaissance.


* * *


Ce fut Danil qui apporta le médicament pour la sixième fois. Les premières fois, Léona l’accompagnait pour examiner Nigel. Mais comme le garçon allait bien mieux qu’elle ne l’imaginait, elle avait fini par laisser Danil venir seul.

« Buvez, jeune maître.

– Merci. »

Nigel prit le médicament apporté par Danil, qui hésitait timidement. Le garçon fronça de nouveau le nez devant l’odeur aussi horrible que d’habitude. Tout à coup, Danil rentra la tête dans les épaules tout seul, comme s’il avait peur de quelque chose.

Qu’est-ce qui lui prend ?

Alors que Nigel le regardait, les yeux du serviteur vacillèrent à cause de l’anxiété. Au moment où Nigel renonça à sa curiosité et s’apprêtait à avaler le médicament, il entendit la porte s’ouvrir violemment. Des pas secs s’approchèrent du lit et ce fut Inas qui apparut.

« Inas. »

Ta colère est enfin passée ?


Toutefois, l’expression d’Inas était tout sauf réjouie. L’air dur, il s’approcha et prit le bol de remède des mains de Nigel. Puis il le tendit à Danil d’un air très féroce.

« Bois ça. »

Avant que Nigel ne puisse demander à Inas la raison de tout ça, le visage du valet perdit toute couleur et devint aussi blanc qu’un linge. C’était comme quelqu’un qu’on avait surpris en plein adultère.

« … »

L’air crispé, Nigel vérifia ce qu’était ce médicament.

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Élixir de Reyva (empoisonné)
Une potion faite en pressant le fruit de Reyva, qui est réputé
pour ses propriétés détoxifiantes. Le fruit de Reyva est très rare
car il pousse avec du mal dans le désert du royaume de Garten.
La préparation est compliquée et il faut s’y connaître
pour la réussir.
Cependant, cet élixir est à présent contaminé à cause
du poison de Tijet qu’on a versé dedans.
Le poison de Tijet ne peut provenir que d’un tijet
un poisson des profondeurs. Très difficile à obtenir,
ce poison contre presque tous les antidotes
et est indétectable par les méthodes habituelles.

Prix : ?


Note de Karura : On se doutait tous que Danil cachait quelque chose. Il a voulu empoisonner Nigel ? Heureusement qu’Inas était là !


Notes du chapitre :
(1) Cracher du sang provenant des voies respiratoires.






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