Chapitre 16

Nigel regarda le visage pâle de Danil, puis la fenêtre d’informations qui flottait au-dessus de lui.

Fenêtre d’informations principale du personnage
Nom :	Danil
Profession :	Valet
Niveau :	2
HP :	14 / 14
MP :	8 / 8
<voir stats>
<voir compétences>

Nigel aurait préféré voir ‘espion’ comme profession de Danil. Les stats et la profession de Danil étaient normales, sans le moindre problème.

Nigel ne l’avait jamais vraiment trop porté dans son cœur. Cependant de son point de vue, il l’avait pris à son service par pure bonté alors que l’adolescent vivait difficilement, et il l’avait gardé avec lui. En plus, cela faisait des mois qu’ils étaient ensemble depuis l’an dernier, alors c’était plus que naturel d’être choqué par sa trahison.

« Danil.

– …

– Quelqu’un t’a proposé de l’argent pour faire ça ? »

C’était en général la bonne explication. Danil était complètement blême et incapable de faire quoi que ce soit. Il avait tenté d’empoisonner l’héritier du duché, alors il était condamné à mort dans tous les cas. La seule différence qu’il restait, c’était mourir rapidement ou bien mourir sous la torture.

« Raconte-moi tout et je pourrai me montrer clément.

– Par-pardon… »

La bonté était récompensée par le poison. Le fait que Danil soit incapable de dire un mot prouvait bien qu’il n’avait aucune excuse. Nigel soupira, se massant le front qui lui faisait mal.

« Je suis vraiment déçu. Dire que je me suis montré gentil avec toi… » commença-t’il.

Alors qu’il pensait que Danil serait intimidé par ses paroles, une lueur défila dans les yeux de l’adolescent. Lui qui avait tremblé pathétiquement l’instant d’avant foudroya tout coup Nigel du regard, comme s’il s’agissait d’une autre personne.

« Gentil ? cracha-t’il presque.

– Danil, qu’est-ce que tu…

– M’avoir tout le temps frappé et harcelé, c’est ça ce que vous appelez être gentil ? »

Le visage de Danil, qui était complètement pâle, rougit aussitôt de colère et d’animation.

Nigel en resta stupéfait un moment quand il vit Danil passer à la colère et la haine.

Il l’aurait frappé et harcelé ? C’était ridicule. Nigel haïssait toute forme de violence gratuite. Il n’aurait donc aucune raison de s’en prendre à un enfant qui était clairement aussi faible.

« De quoi tu parles ? Tu… »

Alors que Nigel tentait de discuter, il aperçut soudain Inas qui semblait très mal à l’aise. Il intervint aussitôt car Inas semblait prêt à tuer Danil sur-le-champ :

« Inas, ne bouge pas !

– … »

Inas le regarda sans rien dire. Tout à coup, un mauvais pressentiment envahit l’esprit de Nigel. Son cœur se mit à battre plus vite. Il avait tout d’abord pensé que cette histoire était ridicule, mais une intuition incroyable lui souffla tout à coup que ce n’était peut-être pas le cas.

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Nigel fit un pas en avant et croisa le regard de Danil, qui le fixait toujours avec férocité.

« Dis-moi franchement : qu’est-ce que je t’ai fait avant ?

– Pourquoi vous faites comme si vous n’en saviez rien ? C’est parce que le seigneur Etna est revenu ?

– Quel est le rapport avec mon frère ?

– Parce que c’était toujours le seigneur Etna qui vous arrêtait quand vous me frappiez !

– Quoi… ?! C’est vraiment n’importe quoi. »

Les paroles de Danil étaient remplies d’absurdités : le fait que Nigel l’avait frappé et qu’Etna l’avait aidé quand Nigel le harcelait.

Cependant, Etna se montrait clairement très gentil avec Danil. Il lui avait révélé son identité et se montrait considéré envers lui. Même si Etna se montrait toujours bon avec les serviteurs, sa gentillesse avec Danil était bien plus que ça. Nigel avait même spéculé qu’il devait y avoir un secret entre ces deux-là.

Ce secret serait donc le mal qu’avait fait Nigel ?

Nigel était à présent aussi pâle que Danil. Il était gelé de partout, comme si on l’avait plongé dans de l’eau glaciale. Il secoua la tête et ouvrit des lèvres tremblantes :

« … Je ne t’ai jamais frappé. C’est Harold qui a fait ça.

– Au départ, Harold ne faisait que suivre vos instructions ! Vous m’avez fait souffrir un calvaire tous les deux ensemble et maintenant, vous faites comme si de rien n’était, vous renvoyez Harold et vous faites semblant d’être gentil ! Je, je…

– NON ! » hurla Nigel en l’interrompant.

Il ne savait pas du tout de quoi l’autre parlait. Et même s’il l’avait fait battre, c’était qu’il devait y avoir une bonne raison.

Frustré, Nigel se prit la tête entre les mains. Après avoir entendu ces inepties, sa tête lui faisait mal comme si elle allait exploser.

Des souvenirs apparurent sous ses yeux.

C’était un hiver glacial avec de la pure neige blanche. Nigel était lourdement vêtu d’un épais manteau de fourrure et il baissait les yeux sur Danil, qui ne portait qu’une fine chemise.

L’état de Danil faisait peur à voir. La chemise était si déchirée et sale qu’elle ne pourrait plus jamais être portée. Des traces rouges étaient visibles sous la chemise qui ne recouvrait pas proprement la peau. C’étaient des marques de frottements et de lacérations par quelque chose de très acéré. On avait mal rien qu’à les regarder.

« Jeune maître, nous devrions rentrer à l’intérieur, » fit Harold avec un sourire en invitant Nigel à partir avec un geste ample du bras.

Bien que jeune, il était bien trop grand pour un enfant de douze ans. Il tenait un fouet dans une main. Des gouttes de sang coulaient de la pointe et tachait le manteau neigeux.

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Nigel fit claquer sa langue.

« Je suis toujours irrité.

– Mais si je continue, ça va se voir. Vous le savez, non ?

– Que c’est pénible… »

Nigel recula d’un pas tout en faisant la moue. Harold arracha la chemise de Danil qui tomba par terre. Puis il versa une potion sur le corps mou du garçon. Dès que le liquide empreint de pouvoir divin entra en contact avec la peau, toutes les blessures disparurent.

Il ne faisait pas ça pour le soigner, c’était clairement pour effacer toute preuve.

Danil gémit, son visage affichant tout son désespoir. Le visage pâle devint flou, puis lentement…

Il se superposa au visage du vrai Danil.

« Ughn… » gémit Nigel sans même s’en rendre compte à cause de la vive douleur de ce souvenir.

De la sueur épaisse coula sur ses joues comme des larmes.

Il ne pouvait pas y croire alors même qu’il venait de voir ce souvenir de ses propres yeux. Frapper un enfant et détruire les preuves, il était impossible qu’il ait fait ça !

« Non, non, non. C’est ridicule, n’importe quoi. Jamais je…

– Nigel, ignore ces absurdités ! »

La voix d’Inas le frappa au milieu de sa confusion. Nigel le regarda avec du mal, en proie à une douleur comme si on frappait son crâne avec un marteau et un burin.

« Inas…

– Ne l’écoute pas. Danil raconte n’importe quoi.

– Mais j’ai vu ce souvenir !

– Ne penses-tu pas que ces souvenirs puissent être des illusions ? Ne fais pas trop confiance à ta mémoire. »

Les yeux noirs d’Inas semblaient contenir tous les secrets du monde. Lui qui était plus calme et imposant que n’importe qui d’autre rattrapa Nigel, qui était en train de se noyer dans une illusion absurde. Nigel haleta et s’accrocha à lui.

« I-Inas… Tu le penses vraiment ?

– Bien sûr, Nigel.

– …

– Le Nigel que je connais ne frapperait jamais personne sans raison. Tu ne le sais pas toi-même ?

– Mmm… »

Des larmes se rassemblèrent dans ses yeux. Inas tapota gentiment le dos de Nigel qui se mit à pleurer. Le souvenir ridicule fut peu à peu entraîné vers le fond.

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Après s’être accroché à Inas pendant un long moment, Nigel releva la tête avec un léger cri.

Danil était allongé par terre.

« Je l’ai endormi un moment. Vous n’avez pas à vous en faire, » répondit Inas avant que Nigel ne pose la question.

Il embrassa les joues et les oreilles du garçon, puis ressuya son visage humide avec un mouchoir.

Nigel, qui s’était tenu tranquille, repoussa soudain Inas et se rendit dans la salle de bain. Après s’être passé de l’eau froide sur le visage, son esprit devint beaucoup plus clair. Son cœur battait furieusement, envahi par l’anxiété, mais Nigel ignora cette réaction physiologique.

Il était clair que la fenêtre système était apparue et que ce qu’il avait vu était un souvenir. Mais Nigel pouvait jurer qu’il n’avait jamais touché à un cheveu de Danil. C’était pourtant difficile de totalement ignorer cette illusion qu’il avait vue.

Tout d’abord, il tenait à en savoir plus. Nigel posa les yeux sur Danil, qui était encore endormi.

« Réveille Danil, Inas.

– Mais si je le réveille, il va continuer à raconter ses bêtises, protesta Inas.

– On ne peut pas non plus le laisser comme ça. Et j’ai quelque chose à lui dire.

– Nigel…

– Allez, je vais bien.

– … Bon, très bien. »

D’un air réticent, Inas regarda Danil qui se réveilla. Il ouvrit les yeux lentement, regarda bêtement autour de lui un moment, puis bondit soudain sur ses pieds.

« Danil, » l’appela Nigel d’une voix glaciale.

Danil le fixa aussitôt d’un air hostile. Nigel ouvrit la bouche et feignit la nonchalance, tout en serrant les poings pour cacher le fait que ses mains tremblaient.

« Peu importent tes raisons, tu as tenté de me tuer moi, le second fils du duc de Magnus. Tuer un noble est puni de mort. Même si ça a raté, ce n’est pas passé loin, alors tu ne pourras pas réchapper à la peine capitale. Mais Danil, je peux faire en sorte que tu ne sois pas châtié. »

Danil redressa la tête à la proposition inattendue de Nigel. La haine et la colère qu’il avait fait éclater vu qu’il pensait mourir de toute manière s’envolèrent face à cette lueur d’espoir. Nigel ouvrit la bouche lentement, observant le corps de Danil trembler de tension et d’anticipation.

« Où est-ce que tu as eu ce poison de Tijet ?

– Le poison de Tijet, c’est quoi ?

– Le poison que tu as utilisé. »

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Le poison de Tijet était si rare qu’on pouvait même douter de son existence. Pour que Danil ait pu obtenir un poison que même Nigel, pourtant duc, aurait eu bien du mal à se procurer, cela voulait dire qu’on l’avait forcément aidé. Toutefois, il semblait que Danil n’avait même pas idée de la valeur du poison qu’il avait reçu.

« Dis-moi qui te l’a donné. Ensuite, je te punirai pour ça. Bien sûr, tu seras privé de ton travail en tant que mon valet, mais je pense que ce sera mieux pour toi. »

Danil, qui fut très effrayé, ouvrit rapidement la bouche :

« Je-je ne sais pas qui c’était. C’est quelqu’un que je ne connais pas qui me l’a donné.

– Tu as mis dans mon médicament quelque chose que t’a donné un inconnu ?

– Ce-cette personne a dit certaines choses sur moi… Quand je l’ai entendu, je n’ai pas pu résister.

– Que t’a-t’il dit ?

– … Il savait tout. Il savait même que j’étais battu par le seigneur Nigel et que le seigneur Etna était au courant. Puis il m’a demandé si je n’étais pas en colère contre vous. Il a dit que si je voulais me venger, il pourrait m’aider… Il a fini par me convaincre.

– Dis-moi ce que tu sais de lui. Tu connais son nom ?

– Kei… fit Danil d’une voix tremblante. Il s’appelle Kei. »

Note de Karura : Le retour de Kei le vengeur !

Sinon, je rappelle qu’Inas a promis de ne pas mentir à Nigel et pour le moment, tout ce qu’il lui a dit est la pure vérité.

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