Chapitre 17

Kei.

Celui que Nigel avait fait chercher sans pouvoir le trouver nulle part. En même temps, il savait qu’il réentendrait ce nom un jour.

Mais là, il n’aurait jamais imaginé que ce nom referait surface de cette manière.

Inas écouta lui aussi sans rien dire, sûrement surpris que le nom de Kay réapparaisse subitement, puis il prit un air songeur. Voyant qu’il était en train de penser à quelque chose, Nigel le laissa tranquille et continua à interroger Danil :

« À quoi ressemblait-il ?

– Des cheveux rouges, les yeux bleus. Il semblait avoir la vingtaine. Il était grand et savait manier l’épée.

– … »

Vingt ans, cela ne pouvait donc pas être Kei. Nigel s’était affolé pour rien un instant. Cela dit, c’était bien trop étrange pour dire qu’il ne s’agissait que d’une simple coïncidence. Nigel hocha la tête.

« Très bien, ce sera tout pour le moment. »

Quand Nigel répondit ça avec un air très fâché, Danil s’agita et le regarda :

« Euh, où est-ce que je…

– Retire-toi et attends bien gentiment. N’essaie pas de t’enfuir.

– … Bien, » répondit Danil d’une voix remplie de terreur.

Il semblait incapable de dire plus face à ces paroles tranchantes comme une lame. Bien que l’autre avait tenté de le tuer, Nigel se sentit un peu désolé pour lui en le voyant avec les épaules affaissées. Danil quitta la chambre et Nigel garda les yeux fixés sur la porte fermée.

Même si Danil n’avait pas pu lui répondre, Nigel n’aurait pas eu l’intention de le tuer. Si ces choses étaient vraiment arrivées, alors la colère de Danil était légitime. Et même si c’était dû à un malentendu de sa part… Nigel ne voulait pas s’en prendre à un adolescent avec des troubles mentaux. Personne ne saurait pour le poison, étant donné que Nigel était sain et sauf.

Soudain, Nigel revint sur ses pensées. À sa place, n’importe quel autre noble lui aurait tranché la gorge sans la moindre pitié. Était-ce parce qu’au fond de lui, il pensait qu’il avait vraiment, peut-être, possiblement martyrisé Danil ?

« Nigel. »

Inas appela Nigel qui était perdu dans ses pensées.

« Mmm ?

– On dirait que Kei est passé à l’action, alors vous devez vous montrer bien prudent désormais.

– Mais Kei n’est qu’un enfant pour le moment. Danil a parlé d’un adulte.

– Je vous ai déjà parlé des clones.

– Oui. »

Un double magique. Inas lui avait dit que ça ressemblait exactement à un humain en apparence, mais Nigel n’en avait jamais vu.

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

« Je peux vous en montrer un pour vous expliquer ?

– … Vas-y. »

Après avoir obtenu la permission, Inas créa aussitôt un clone.

Le pouvoir magique se rassembla et prit instantanément forme humaine. Nigel eut la chair-de-poule en voyant un être humain qui ressemblait exactement au Nigel de vingt-trois ans. Il se rapprocha pour examiner son clone. Ce dernier avait l’air très humain avec sa peau lisse et ses cheveux fins.

Au moment où Nigel allait commenter que c’était flippant, le clone tourna les yeux pour le regarder.

« Ah… ! »

Inas rattrapa Nigel qui avait failli tomber en arrière à cause de la surprise. L’adolescent l’aida à se relever et tendit la main vers le clone. Ce dernier eut un sourire et posa les mains sur les joues, prenant un air très timide. Puis quand son regard croisa celui d’un Nigel choqué, il lui fit un clin d’œil.

Nigel fut terriblement gêné de voir quelqu’un avec son apparence se comporter ainsi.

« Qu-qu’est-ce que tu fais ?! demanda-t’il à Inas.

– Il est possible que le clone bouge selon la volonté de celui qui a lui a insufflé du pouvoir magique.

– Non, je te demande ce que tu fais là.

– Je peux même parler, » répondit le clone.

Ce n’était cependant pas la réponse que voulait Nigel. Surpris, il fixa le clone qui continua à le regarder avec un léger sourire.

« C’est impossible qu’il fasse des actions compliquées si on le laisse agir en autonomie, expliqua Inas. Mais si on se concentre sur le clone, il peut faire des choses assez sophistiquées. Cela n’aurait rien de difficile de tromper un enfant et de lui passer du poison. Bien sûr, créer un clone est un sort de magie au niveau très élevé mais si Kei a récupéré ses souvenirs, ce ne serait pas bien compliqué pour lui.

– Je, je comprends, alors contente-toi d’expliquer avec des mots. Fais-moi partir ça… »

Pendant que Nigel se plaignait, le clone qui jouait les mignons disparut. Nigel jeta alors un regard suspicieux à Inas.

« Dis voir, tu ne t’en sers pas pour t’amuser, hein ?

– À quoi bon puisque c’est un faux de toute manière ? J’ai juste fait ça pour vous expliquer.

– Bon, tant mieux… Oui, alors du coup, il y a de fortes chances pour que ce soit bien Kei.

– Ce n’est pas sûr à 100 %, mais c’est très probable. Ce n’est pas la première fois que Danil raconte ce genre de bêtises. Kei a dû forcément s’en rappeler d’une autre session.

– Des bêtises…

– Oui, ce ne sont que des absurdités, » conclut Inas d’un ton ferme.

Nigel ne pouvait cependant pas se débarrasser totalement de ce doute qui l’étreignait.

Au moment où il allait poser une question, Inas tendit la main vers lui. Sa main se posa sur son front et sembla très fraîche.

« Vous avez vraiment de la fièvre.

– Ah, c’est pour ça que j’ai mal à la tête…

– Reposez-vous un peu, Nigel. Je vais vous apporter un vrai médicament.

– Pas besoin. »

Il ne pouvait pas se défaire de l’impression qu’Inas essayait de lui cacher quelque chose, mais il n’avait pas la force de discuter. Il secoua la tête avec impuissance et se dirigea vers son lit. Son corps, qui avait été tendu un bon moment, se relâcha aussitôt qu’il s’allongea. Alors que sa tension retombait, la douleur lancinante dans sa tête se renforça de plus belle.

Inas regarda avec compassion Nigel qui gémissait de douleur. Il s’approcha du lit et le recouvrit d’une couverture. Il apporta ensuite un linge humide pour le poser sur son front.

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

« Nigel.

– Mmm…

– Ne parlez pas à Luther ou Etna de ce qui s’est passé aujourd’hui.

– … Pourquoi ? »

Quand Nigel souleva avec du mal ses paupières lourdes à cause de la fièvre, il vit Inas le fixer avec une inquiétude sincère. Nigel ouvrit ses lèvres tremblantes, sentant son cœur battre avec anxiété :

« Ce qu’a dit Danil est donc vrai ?

– Non, ce n’est pas vrai du tout.

– Alors pourquoi…

– Luther s’imaginera que soit vous, soit Danil, ou bien encore les deux sont mentalement instables. J’ai enfin l’occasion d’accomplir de nouvelles Réussites pour la première fois depuis longtemps, mais cela gâcherait tout. Vous n’avez pas envie d’être embêté à cause d’un simple malentendu, n’est-ce pas ? » répondit Inas de manière impeccable.

Cette réponse claire, comme préparée à l’avance, irrita les oreilles et les nerfs de Nigel.

« Ça s’est déjà produit avant ?

– Oui, fit Inas avec un gentil sourire. Bien sûr que ça c’est déjà produit avant… Ce n’était qu’un stupide malentendu. Il est parfaitement impossible que vous ayez fait une chose pareille.

– …

– Faites-moi confiance, Nigel, » murmura Inas.

Ses paroles semblaient avoir l’étrange pouvoir de donner envie à Nigel d’y croire. Il cligna des yeux sans rien pouvoir dire pour réfuter, puis ferma doucement les yeux.

Il y avait beaucoup de bruit autour de lui.

Un peu agacé, Nigel rouvrit les yeux. Une large ombre fut projetée sur lui. L’ombre se rapprocha, alors que Nigel battit lentement des cils.

« Nigel ! »

Ce ne fut qu’après avoir entendu la voix que Nigel reconnut de qui il s’agissait. Dès qu’il s’en rendit compte, des larmes coulèrent sur ses joues sans qu’il ne puisse l’empêcher.

Retenant ses larmes de tristesse, Nigel serra Luther dans ses bras. La colère et l’indignation qui s’étaient accumulées en lui depuis qu’il avait entendu les absurdités de la veille surgirent dès qu’il vit son père. Il avait besoin de se reposer sur un adulte qui pourrait pleinement le protéger.

Quand Nigel se mit à pleurer, Luther le serra fort contre lui sans savoir quoi faire d’autre. Toutefois, la frustration de Nigel fut grandement soulagée par cette étreinte ferme.

« Nigel… Ne pleure pas, mon petit, hein ?

– Papa…

– Oui, papa est là. Tout va bien maintenant, hein ? »

Sans savoir pourquoi Nigel pleurait, Luther le réconforta sans relâche. Sa maladresse et son envie de bien faire firent encore plus pleurer le garçon.

Après avoir pleuré un bon moment dans les bras de son père, Nigel finit par se reprendre et se rendit compte que la chemise de Luther était trempée, comme s’il avait plu dessus. Luther tapota la tête d’un Nigel qui eut un sourire crispé.

« Ça va mieux maintenant ?

– Oui. Je suis désolé…

– Tu n’as pas à être désolé. Tu es malade après tout, non ?

– Mmm. Mais je vais mieux maintenant… »

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Même en affirmant qu’il allait bien, Luther ne fut pas soulagé pour autant. Il jeta un coup d’œil à Léona, qui attendait sur le côté. Ce ne fut que lorsqu’elle l’eut examiné et déclaré qu’il était sorti d’affaire que Luther fut un peu rassuré.

« Que tout le monde se retire, sauf Taren, » ordonna le duc.

Quand tous les yeux autour furent partis, Etna, qui était resté figé comme une statue, s’approcha du bord du lit. Il soupira doucement et passa une main sur le front trempé de sueur de son petit frère.

« Nigel, tu te sens vraiment mieux ?

– Oui, je vais bien.

– Tu as perdu beaucoup de poids. Tu n’as pas bonne mine. Et aussi… »

Etna parlait d’une voix très douce et remplie d’inquiétude. C’était comme si Nigel était atteint d’une maladie incurable.

« Je vais bien, vraiment… répéta le garçon.

– Si tu le dis, intervint Luther. Bon, commence par manger un peu, Nigel. On m’a dit que tu as dormi toute la journée. »

En entendant le conseil de son père, Nigel se rendit compte seulement là du temps qu’il avait dormi. Quand Nigel dit qu’il avait un peu faim, Luther apporta lui-même le plat qui était sur la table. Bien qu’il avait eu une poussée de fièvre, il n’avait pas eu tellement mal. Pourtant, le repas était clairement un repas léger préparé pour un malade. Nigel fronça les sourcils, mais Luther et Etna insistèrent.

« … Bon appétit.

– N’hésite pas, mange tout.

– Il y a bien trop à manger, protesta Nigel.

– C’est ce qu’un homme devrait manger. »

Nigel fit la moue face à l’obstination de Luther et commença à se forcer à manger.

Comme il n’avait rien avalé de la journée, la nourriture passa toute seule. Luther observa avec satisfaction son cadet finir son assiette, puis il se leva.

« Etna, veille sur ton petit frère, fit-il.

– Où allez-vous, père ? demanda Etna.

– J’étais tellement pressé de venir que j’ai laissé certaines affaires en suspens… J’ai des choses à superviser maintenant. Si tu as besoin de moi, je serai dans mon bureau.

– Bien. »

Etna quitta Nigel du regard pour adresser un sourire à Luther. Nigel trouva que son visage de profil avait quelque chose d’étrange.

Luther était parti et Nigel termina de manger. Etna, qui d’ordinaire parlait de tout et n’importe quoi, ne dit rien et se contenta de regarder fixement le garçon. Quand tous les plats furent terminés, Etna se leva.

« Grand frère ? » s’étonna Nigel.

Etna se rendit à la porte et vérifia le couloir. Puis il claqua la porte et retourna auprès de Nigel. Il y avait une hostilité inratable dans son regard sévère.

« … Grand frère ?

– Nigel.

– Oui… ?

– J’ai appris que tu allais renvoyer Danil ? »

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Nigel plissa le front. Il était évident que Danil avait déjà été se plaindre auprès d’Etna. Il lui avait juste dit qu’il ne serait plus son valet, mais il n’avait jamais parlé de le renvoyer.

« Grand frère, ce n’est pas ça…

– Qu’est-ce qui te prend tout à coup ?! » résonna froidement la voix d’Etna.

Nigel arrêta de chercher à se justifier et le regarda. Les yeux d’ambre de son grand frère brillaient furieusement comme s’ils voulaient le transpercer.

Lui aussi savait quelque chose. C’était en lien avec les souvenirs que Nigel ne connaissait pas… Quelque chose qui devait être vrai.

Note de Karura : Grosse révélation dans le prochain chapitre, c’est ce qui couvait depuis deux parties !

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