Chapitre 11
Une heure plus tard, Nigel se tenait devant une petite maison. Il toqua à la porte, gardant sa capuche relevée afin de ne pas montrer son visage.
La porte s’ouvrit au bout d’un moment. Elle s’entrouvrit d’abord juste un peu, comme si la personne à l’intérieur se méfiait, puis elle se referma rapidement pour s’ouvrir de nouveau, cette fois en grand. Ce fut alors qu’un visage familier apparut dans l’encadrement.
« Sei-seigneur Nigel ?
– Ça faisait longtemps, Léona. »
La femme qui accueillit Nigel avec un air médusé était Léona, qui avait été autrefois son médecin personnel. Elle avait ensuite soigné Luther jusqu’à sa mort. Quand elle avait appris la disparition de Nigel, elle avait quitté son travail pour prendre sa retraite.
Bien qu’elle ne travaillait plus, elle connaissait encore pas mal de gens dans le duché, alors elle était la personne idéale à qui parler. En plus, elle avait soigné Nigel depuis tout petit, elle était donc comme de la famille. Plus important encore, elle était venue en aide à Schumach durant tout ce temps.
« Même sire Schumach est là… Venez, entrez d’abord. »
Nigel entra avec Schumach. Léona les conduisit dans le salon. Elle tira prudemment les rideaux afin que personne de dehors ne puisse voir ce qui se passait à l’intérieur. Elle s’assit ensuite sur un divan.
« Que diable… Où est-ce que vous étiez ? Je croyais que le seigneur Nigel était mort… »
Elle fut envahie par l’émotion dès qu’elle se mit à parler, sortant un mouchoir pour tapoter ses yeux humides. Nigel s’assit à côté d’elle et lui prit le mouchoir des mains pour le faire lui-même. Léona mit du temps à se calmer et continua à verser des larmes.
Alors que Nigel l’examinait de plus près, il put voir les traces du passage du temps : ses cheveux étaient un peu plus gris qu’avant et ses rides plus marquées.
Nigel put ainsi ressentir toute la douleur et les difficultés qu’elle avait éprouvées et il la réconforta.
« Désolé, il s’est passé quelque chose de particulier.
– J’ai cherché le seigneur Nigel pendant si longtemps… Je vous ai tellement recherché. Vous êtes si maigre…
– Vous trouvez ? Pourtant, je vais bien. »
Le commentaire sur le fait qu’il était ‘maigre’ était presque une habitude de la part de la femme médecin. Étant donné qu’elle avait toujours veillé à la santé du jeune homme, elle se montrait plus vigilante.
« Vous avez déjà mangé ?
– Oui.
– Attendez voir. J’ai acheté quelque chose de bon, je vais vous le préparer.
– Ce n’est pas la peine, je vais bien.
– C’est du thé bon pour la santé, » déclara fermement Léona avant de se lever.
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Nigel la vit disparaître dans la cuisine. Quant à Schumach, il contemplait d’un air grave les rideaux tirés, bien qu’il ne pouvait pas voir à travers.
Le temps passa en silence. Au moment où Nigel se demandait s’il devait aller chercher Léona qui n’était toujours pas revenue, la femme arriva avec un plateau de thé. Elle déposa trois tasses et retourna s’asseoir.
« Au fait, où est Mlle Lana ?
– Suite à certaines circonstances, nous avons décidé de nous séparer, répondit Schumach. Elle doit se diriger vers la capitale à l’heure qu’il est. »
Débitant son mensonge d’un air crispé, Schumach semblait mal à l’aise dans son fauteuil. Heureusement, Léona était tellement concentrée sur Nigel qu’elle ne fit pas attention à l’attitude bizarre du chevalier.
Nigel prit la tasse que Léona avait apportée et la remua plusieurs fois dans ses mains. Elle avait dit que c’était du thé bon pour la santé, mais l’odeur était amère.
Après un moment d’hésitation, il prit une gorgée et grimaça à cause du goût qui était encore plus affreux que l’odeur. Léona lui tendit le petit bonbon qu’elle avait apporté avec elle. Elle avait l’habitude de faire ça depuis qu’elle s’occupait de Nigel tout petit. Nigel soupira, adoucissant le goût amer avec le bonbon.
Voyant que Léona avait l’air épuisée et malheureuse, il lui demanda :
« Comment vous allez, Léona ?
– Je suis à la retraite, alors il n’y a pas grand-chose à dire. Ces temps-ci, c’est dangereux de sortir, alors je m’occupe dans la maison…
– J’ai vu ça en arrivant ici… La cité a vraiment l’air déserte. »
Léona ne dit rien et se contenta de sourire d’un air las.
Elle leur raconta ensuite que depuis les trois dernières années, il n’y avait plus eu de désastres majeurs comme les fissures, mais le nombre de désastres mineurs était en constante augmentation. Alors que le nombre de monstres s’accroissait et que la vie devenait de plus en plus difficile, beaucoup de gens étaient partis vivre ailleurs.
Léona regarda ensuite Nigel, qui avait l’air bouleversé, puis Schumach, qui buvait son thé en silence. Elle soupira.
« En fait, seigneur Nigel, vous êtes arrivé à un très mauvais moment.
– Pourquoi ?
– Sa Majesté le roi est actuellement ici, murmura Léona à voix basse.
– J’ai déjà vu les chevaliers royaux en passant. Ils semblaient patrouiller dans les rues. Vous savez ce qui se passe ?
– Sa Majesté chasse des monstres à grande échelle.
– Mais pourquoi ?
– Je ne sais pas vraiment. Mais j’ai entendu dire qu’il cherchait quelque chose qu’on ne peut trouver qu’en chassant des monstres.
– De quoi s’agit-il ?
– Ça, je l’ignore. »
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Les monstres qui vivaient dans les Montagnes Impies étaient affectés par le pouvoir magique d’une grande pureté provenant d’Intusnica et leurs corps étaient remplis de magie. Le corps d’un monstre renforcé par la magie rapportait énormément d’argent, que ce soit une simple écaille ou carrément son noyau interne.
La chasse et la vente des monstres étaient les principales sources de revenu du duc de Magnus. Bien entendu, la plupart de l’argent ainsi gagné servait à financer la chasse aux monstres, mais il restait pas mal d’argent, ce qui avait servi à bâtir la richesse du duché.
Le duché de Magnus avait été établi ainsi depuis fort longtemps et avait toujours protégé ce territoire. Autrement dit, la chasse aux monstres était à la fois le devoir et le privilège du duc de Magnus.
La famille Magnus était bien plus ancienne que la famille royale. Malgré les nombreux changements de dynasties royales, le duc de Magnus avait toujours conservé sa position en changeant le roi qu’il servait. Cet endroit était clairement le territoire exclusif du duc de Magnus. Ce n’était pas un lieu où même le roi pouvait agir à sa guise.
Nigel avait aussi été sous la juridiction du roi quand il se trouvait dans la capitale, mais cela avait été seulement là. Le duché était un lieu clairement défini et protégé. En fait, c’était un peu ridicule de parler de lieu protégé car même le roi ne se serait jamais risqué à envahir ce territoire. Du coup, Essian n’était pas censé oser y toucher.
Ayant vécu très longtemps comme le duc de Magnus, Nigel se sentit offensé de voir son territoire envahi.
Il fit :
« J’ai appris que Teren avait été nommé duc.
– Oui, c’est exact…
– Le roi se permet d’aller et venir ici à sa guise, et Teren ne fait rien contre ça ? »
Le visage de Léona s’assombrit alors qu’elle baissait la tête.
« Les choses ont bien changé depuis l’époque où les seigneurs Luther et Inas étaient là.
– Même si ça a changé…
– C’est très différent d’avant, seigneur Nigel. »
Tout à coup, la voix sévère de Léona parut étouffée.
La vision de Nigel se brouilla et Léona, qui était debout, parut se pencher. Sans se rendre compte que c’était lui qui était en train de tomber, les yeux de Nigel se fermèrent lentement.
« Les choses ont tellement changé… »
La voix de Léona semblait contenir un sanglot. Nigel perdit totalement connaissance alors que ses paupières se refermaient lourdement.
Un liquide glacial gouttait d’en haut pour couler au milieu de la joue de Nigel. Le jeune homme allongé reprit conscience à cause de cette sensation glaciale.
Il eut beau soulever ses paupières avec du mal, il ne vit rien. Il sentit alors un doux tissu autour de sa tête. Quelqu’un avait fait exprès de lui bander les yeux.
Il se tortilla, frustré. Il sentit quelque chose de solide et de mou dans son dos. On aurait dit un tapis.
Il songea alors qu’il devait se trouver dans une chambre, et non dans un donjon ou quelque chose dans le genre.
Où diable je me trouve ? Et qu’est-il arrivé à Schumach ?
Ces pensées compliquées traversèrent son esprit.
« Tu es réveillé, s’éleva une voix familière, ce qui répondit aux questions de Nigel.
– … Essian.
– Tu me reconnais tout de suite ? Nous ne nous sommes vus que quelques fois, n’est-ce pas impressionnant ? »
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Impressionnant. Nigel rit intérieurement devant ce malentendu ridicule. Il n’avait pas d’autre choix que de bien connaître Essian. Ils ne s’étaient presque pas vus durant cette session, mais ils avaient eu affaire l’un à l’autre pendant des années. Nigel en avait encore la chair-de-poule à cause des paroles toujours frivoles et salaces de ce type.
Il entendit des bruits de pas s’approcher pour s’arrêter juste devant lui. Essian allait-il le frapper ? Dans ce cas, c’en serait fini pour Nigel. Heureusement, Essian le saisit seulement par les cheveux pour lui soulever la tête. Ça faisait mal, mais ça restait supportable.
« Quoi qu’il en soit, tu as l’audace d’appeler ce roi par son prénom !
– Léona… Qu’est-ce que tu lui as fait ?
– Tu ne devrais pas plutôt t’inquiéter de ce que je vais te faire ?
– …
– En tout cas, elle était plutôt loyale envers toi. Tu n’es pas choqué par sa trahison ?
– …
– Même si elle n’était pas mariée… Elle a un frère et un neveu. Après ça, ce fut un jeu d’enfant. »
C’était facile à deviner. Non seulement Léona portait une immense affection pour Nigel, mais elle n’était pas du genre cupide. Alors pour qu’elle trahisse ainsi Nigel, c’était uniquement parce que la vie d’autres personnes chères à son cœur était en danger.
Puisque Kei avait vu le visage de Nigel, un rapport à ce sujet avait également dû être envoyé au roi. Le jeune homme s’était attendu à ce qu’une fois qu’Essian apprendrait son retour, il menacerait quelqu’un de proche au cas où. Et au moment où Nigel avait vu la fenêtre d’informations sur le thé que la femme avait ramené, il avait su qu’il contenait un somnifère.
Léona avait tapoté deux fois la tasse de Schumach pour lui faire comprendre que c’était drogué. Il était clair que le chevalier avait seulement fait semblant de boire. Par contre si les soldats avaient attaqué, Nigel ne savait pas si Schumach avait pu s’enfuir sain et sauf.
C’était dans le but de se faire capturer que Nigel avait bu docilement le thé tout en sachant qu’il contenait un somnifère. Parce que le moyen le plus rapide de découvrir ce qui se passait, c’était de demander à l’un des principaux intéressés.
Bien entendu, cela aurait été très risqué si Kei avait été présent. D’un autre côté, Kei n’aurait pas tué Nigel tant qu’il n’aurait pas vu Inas mort. De plus, Nigel avait prédit qu’il n’y avait que très peu de chance que le Chancelier soit présent.
Et la réalité prouvait que Kei n’était effectivement pas là, puisque Nigel se retrouvait tranquillement ligoté dans ce qui semblait être les appartements d’Essian plutôt que dans un cachot.
Inas et Schumach avaient objecté contre ce plan qui mettait Nigel en danger, mais mieux valait résoudre rapidement le problème plutôt que de laisser les choses traîner.
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Essian relâcha sa prise sur Nigel. Le jeune homme se cogna la tête par terre, mais pas trop fort. C’était donc supportable.
« Je croyais que tu étais mort, mais heureusement tu es en vie. Voilà qui m’arrange bien.
– … Pourquoi ça t’arrange ? demanda Nigel.
– Le messager de Dieu, celui qui possède la sagesse et le pouvoir de voir l’avenir au sujet de bien des choses et qui n’est ni un menteur ni un escroc. »
La voix basse d’Essian contenait une profonde avidité. Le roi murmura à Nigel d’un ton faussement généreux :
« Le Chancelier t’a accusé d’être un escroc, mais je peux te rendre ta place d’origine.
– Et qu’est-ce que tu veux de moi en échange ? » demanda Nigel comme s’il était intéressé par la proposition d’Essian.
Le roi garda le silence un moment, puis tendit la main vers lui pour retirer le bandeau qui couvrait les yeux de Nigel. Ce dernier cligna plusieurs fois des yeux pour s’habituer à la lumière vive. Essian s’accroupit devant lui et murmura doucement :
« Dis-moi quel matériau me conviendrait le mieux actuellement. »
La voix amicale n’était pas du tout familière. Mais quand Nigel vit Essian de ses propres yeux, il ressentit encore plus un sentiment d’étrangeté. L’autre homme devait s’être blessé car son œil droit était couvert par un cache-œil.
Cependant, le malaise de Nigel ne venait pas de l’apparence d’Essian. C’était difficile de mettre le doigt dessus, mais un étrange sentiment de malaise émanait de cet homme.
Nigel consulta aussitôt la fenêtre d’informations.
Essian Orel Martiner
Essian Orel Martiner, roi du royaume de Belfir. | |
Une chimère composée à 58 % d’humain (race d’origine), 23 % de Mycale, 11 % de Septi, 7 % de Gnoll et 1 % de Tamrine. | |
Niveau : | 147 |
Objets tombés : | Symbole du royaume de Belfir
le noyau d’Essian |
Le format de cette fenêtre d’information était différent des autres fenêtres principales d’informations du personnage.
C’était le genre de fenêtre qui apparaissait pour un monstre. La proportion d’humain n’était que de 58 %. Tout le reste était composé de divers monstres.
Pendant l’absence de Nigel le roi était devenu un monstre.
Note de Karura : De ce qu’on en sait, Essian a toujours été un monstre, mais pas au sens littéral.
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