Comment élever un sacrifice Extra 1

Un nouveau jeu


Chapitre 1


Les jours défilaient et on était déjà passé de l’automne à l’hiver. Les feuilles des Angkhela, dont la couleur était un mélange de rouge profond et de violet, tombaient et coloraient la ville aussi richement qu’un coucher de soleil. Les Angkhela, des arbres qui ne poussaient que dans le Nord-Est de la République, étaient une attraction majeure de la cité, à tel point que les touristes faisaient le déplacement pour les admirer.

Au 112 de la rue de Santille, un peu à l’écart du centre-ville qui était plus prisé des touristes, à côté de la maison à cette adresse se trouvait un Angkhela particulièrement immense avec une ramure dense qui recouvrait le toit. Cet arbre était si vieux que les centaines de touristes qui s’étaient égarés dans les rues ne pouvaient en détacher le regard et restaient longtemps à le contempler.


Étant donné que la demeure disposait d’un jardin suffisamment grand pour planter un arbre pareil, la maison était loin d’être petite, bien qu’elle ne pouvait se comparer aux manoirs des nobles. C’était d’ailleurs la plus grande et la plus jolie maison de la rue où étaient alignées des petites maisons.

La demeure, qui avait été soigneusement entretenue pendant des années tout comme cet arbre, avait un style antique et seigneurial qui se dégageait d’elle. Composée de briques brun foncé soigneusement disposées et surmontée d’un toit bleu d’ardoise, la maison avait l’air charmante même de loin.


Pourtant, la maison du numéro 112 était restée inoccupée pendant plusieurs années. C’était parce que après que son dernier propriétaire avait été tué par un cambrioleur il y avait dix ans de ça, les gens qui s’approchaient de la maison voyaient un fantôme ensanglanté. Du coup, personne n’avait pu tenir plus d’un an à vivre dans cette maison du numéro 112.

Cette demeure ne se vendait pas même si le prix était dérisoire. Alors quand les gens apprirent qu’un couple de jeunes mariés allait s’installer là, ils se dirent que le pauvre jeune couple sans expérience venait certainement d’ailleurs et avait dû se faire arnaquer par un agent immobilier sans scrupule.


Ce fut par pur hasard que Darun entendit cette histoire. Il travaillait comme simple facteur durant la journée alors quand il alla faire sa tournée, il entendit des femmes murmurer entre elles au sujet du numéro 112. Et il se dit alors…

Peut-être que c’est le genre d’affaires que je peux résoudre.

Par conséquent, il se rendit discrètement au numéro 112 après le coucher du soleil. Et comme prévu, il sentit la présence inquiétante d’une autre entité que les gens occupant la maison. Aussitôt, il toqua à la porte. Après avoir toqué plusieurs fois, il entendit la serrure de l’autre côté.

« Bonsoir, désolé de venir si tard, mais avez-vous besoin d’aide ? » lança-t’il.

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Dès qu’il prononça ces mots, la porte s’ouvrit tout à coup. Ce qu’elle dévoila à l’intérieur fut un homme avec une carrure si impressionnante que c’était difficile de se dire qu’il avait ‘ouvert la porte parce qu’il avait besoin d’aide’. Cet homme était si musclé qu’il donnait l’impression de pouvoir résoudre le moindre problème rien qu’avec ses poings. Darun n’arrivait qu’à ses épaules. Il ressentit un rare sentiment d’intimidation et déglutit nerveusement sans pouvoir s’en empêcher.

Les yeux de l’homme fixaient Darun de très haut. Sous les sourcils sombres de la même couleur que les cheveux noirs de jais, des yeux d’un noir d’obsidienne toisaient le jeune homme, faisant penser à une nuit sans étoile. En bas du visage finement ciselé se trouvaient des mâchoires bien serrées, comme si cet homme avait affaire à quelque chose qu’il n’aimait pas. C’était une attitude plutôt arrogante, un peu comme les aristocrates d’autrefois.


Alors que Darun était persuadé qu’il allait se faire refouler, l’homme ouvrit la porte en grand.

« Entre. »

Même si ça ressemblait plus à un ordre qu’à une demande d’aide, Darun ne trouva pas ça bizarre. À en juger par son ton de commandement, il se doutait que cet homme devait être un soldat ou au moins un officier.

Soit il n’avait pas peur des étrangers, soit il avait confiance dans le fait qu’il pourrait facilement les maîtriser, mais cet homme conduisit sans attendre Darun, un parfait inconnu, à l’intérieur. Darun entra dans le salon où était allumé un poêle garni de bûches épaisses. Il y avait une autre personne assise sur le sofa, avec une couverture enroulée autour de ses épaules.


Il s’agissait d’un jeune homme dont l’apparence ne pouvait qu’attirer l’attention, mais d’une autre manière que le premier homme qui avait fait entrer Darun. Plutôt que de se trouver dans une petite maison ordinaire comme celle-ci où il détonnait, son apparence noble l’aurait plutôt placé dans un château. Ses cheveux blonds, qui avaient des reflets rouges à la lueur des flammes, semblaient particulièrement brillants chez cet homme alors même que c’était une couleur relativement courante. Des yeux rubis resplendissaient magnifiquement sous des sourcils bien nets, comme délicatement peints au pinceau fin.

D’après les rumeurs, c’était un couple marié. Ils avaient l’air complètement différents mais une fois placés côte à côte, ils s’assemblaient comme les pièces d’un puzzle. Bien qu’il se dégageait d’eux des impressions différentes et que leurs apparences n’étaient pas les mêmes, les deux semblaient parfaitement fait l’un pour l’autre. À force de se regarder dans le miroir tous les jours, ce jeune homme avait fini par voir des standards élevés et s’était trouvé quelqu’un de son niveau. Il était tellement splendide qu’on en venait à penser une absurdité pareille.


« Inas, qui est-ce ? » demanda le jeune homme.

Au lieu de répondre, l’homme qui se tenait derrière Darun pressa son épaule d’une main. Ce ne fut qu’à ce moment que Darun se rendit compte qu’il avait été trop fasciné par l’homme devant lui. Il s’empressa de détourner les yeux et seulement là, la main lourde se retira.

« Il est venu nous proposer son aide, répondit l’homme du nom d’Inas.

– Son aide ? À quel sujet ? »

Le jeune homme blond, qui était assis et tremblant, parla d’une voix bizarre. C’était comme s’il avait peur d’un fantôme. Bien qu’en général, les gens étaient méfiants envers les étrangers et rechignaient à raconter leur histoire, ces deux-là expliquèrent la situation à Darun de manière franche et directe.

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Inas et Nigel, un jeune couple venant d’ailleurs, avaient des problèmes avec un fantôme qui apparaissait la nuit, comme le disaient les rumeurs. Depuis le jour de leur emménagement, le fantôme était apparu presque toutes les nuits, perturbant le sommeil du couple. Nigel soupira, se plaignant qu’on ne lui avait jamais parlé de fantôme quand il avait acheté cette maison.

« Moi, ça va, mais mon mari a une peur bleue des fantômes. »

En disant ça, Nigel jeta un coup d’œil à Inas. Pour une raison étrange, il y avait comme un rire dans sa voix. Le regard de Darun, qui avait été fixé sur Nigel pendant ses explications, se tourna vers Inas.

N’importe qui pouvait voir que ce n’était pas le genre d’homme à avoir peur des fantômes ou de quoi que ce soit. S’il y avait le moindre fantôme, il serait capable de l’attraper à mains nues !


Face au regard de Darun, Inas fronça les sourcils. Il n’était pas très expressif mais là, on pouvait clairement voir sa stupéfaction.

« Nigel, fit-il, tu as oublié comme tu as couru pour échapper à ce fantôme toutes les nuits ?

– Je n’ai jamais fait ça ! » s’écria le jeune homme.

Il saisit Inas par le col pour l’attirer vers lui, puis il lui murmura quelque chose. Darun ne pouvait pas entendre ce qu’ils se disaient mais Nigel, qui avait rapproché sa bouche de l’oreille d’Inas, lui disait en fait :

« Je t’avais dit de te taire ! Pour une fois que j’essaye de te taquiner. »

Après quelques murmures dans le genre, il laissa tomber.

« Hum. »

Nigel s’éclaircit la gorge et ramena son regard sur Darun.

« Bref, un fantôme hante notre maison. J’apprécie que vous soyez venu vous proposer, mais je ne pense pas que vous puissiez nous aider.

– Non, je peux vraiment vous aider, » déclara Darun avec assurance.


Il était facteur mais en même temps, c’était aussi un magicien qui savait lancer des sorts, une capacité familiale qui s’était transmise de génération en génération.

Travailler à la poste n’était qu’un camouflage. Magicien, ce n’était pas le genre de profession qu’on pouvait dévoiler au grand jour car les gens ne croyaient pas en la magie.

Après la Révolution Industrielle, beaucoup de gens s’étaient vus remplacer par des machines dans leur travail. La noblesse avait disparu, l’autorité de l’Église avait diminué et la science était devenue la référence. On vivait à une époque où la magie et les fées n’existaient plus que dans les contes pour enfants.

Malgré tout, l’ancienne magie était toujours présente dans le monde et elle continuait d’affecter les gens. Darun intervenait dans des affaires qui ne pouvaient pas être résolues par la science en échange d’une rémunération.

Ses clients étaient principalement des membres d’autres races qui vivaient parmi les humains sans se faire remarquer. Pour être honnête, le jeune homme n’avait que très peu de clients. Il y avait trois magiciens dans cette ville et Darun était le plus jeune et le moins expérimenté. Alors dès qu’il avait vent d’une histoire intéressante, il bondissait sur l’occasion pour enquêter et se faire embaucher, comme pour cette histoire de fantôme.


* * *


Bien que sceptique, le couple laissa Darun tenter le coup, sans doute parce qu’ils se disaient qu’ils n’avaient rien à perdre. Et sans attendre, le jeune magicien se débarrassa du fantôme sur-le-champ. L’esprit qui avait tourmenté tant de gens fut libéré de son entrave et put partir pour l’au-delà.

Après cet exorcisme, Darun demanda une modeste récompense. Comme c’était le devoir d’un magicien d’aider les gens ordinaires qui n’avaient rien à voir avec la magie, ça suffisait de recevoir l’équivalent d’une nuit de travail. Cependant, Inas sortit d’un air nonchalant plusieurs diamants de la taille d’un ongle.

Darun bondit et refusa. Ce serait mentir de dire qu’il ne voulait pas de ces diamants, mais son grand-père et sa mère lui avaient toujours dit qu’un magicien qui recevait trop en échange de ses services risquait de subir un rude choc en retour.

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Nigel, qui observait calmement le jeune homme en train de refuser et Inas en train d’insister, fit alors une suggestion :

« Dans ce cas, on va te donner juste une pièce d’or, mais tu pourras revenir nous voir souvent pour qu’on te fasse à manger. »

Il suggéra ça comme s’il avait l’impression que Darun manquait de nourriture !

C’était une offre intéressante mais quelle que soit la raison, Darun ne pouvait pas se laisser nourrir. Il eut beau protester, le couple ne revint pas sur son offre, alors il accepta tout en se disant qu’il ne reviendrait pas.


Mais bizarrement, il tomba souvent sur Nigel après ça et fut à chaque fois invité à manger.

Il comptait au départ n’accepter qu’une seule fois l’invitation, mais le repas préparé par Nigel fut si délicieux qu’il en eut les larmes aux yeux. C’était bien meilleur que les restaurants gastronomiques dans lesquels il avait pu se rendre grâce à des clients qui l’avaient invité.

Darun finit par complètement se rendre quand Nigel lui avoua qu’il lui arrivait souvent de perdre l’appétit parce qu’il se sentait bien trop triste à l’idée de manger quelque chose d’aussi délicieux seul. Non seulement c’était gâcher la nourriture mais en plus, Nigel, qui était bien trop maigre et pâlot, lui semblait trop fragile. Alors à cause de cette bonne excuse, Darun partageait les repas de Nigel presque tous les jours depuis trois mois.


Note de Karura : Un nouveau monde, de nouvelles règles.







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