Chapitre 4

Cela avait été un moment intense, au point que Nigel en avait oublié tous les soucis qui le tourmentaient jusque là. Il avait été si extatique que pendant un bref instant, il s’était dit que ce serait bien si le monde s’arrêtait là…

« Nigel. »

La voix d’Inas réveilla le jeune homme qui s’était endormi à un moment donné.

Nigel ouvrit les yeux, mais sa vue ne devint pas claire tout de suite. Il cligna lentement et constata qu’il faisait encore jour par la fenêtre.

Incapable de comprendre ce qui se passait pendant un moment, il resta songeur. Il devait s’être endormi sans s’en rendre compte pendant qu’il était assis sur le divan à réfléchir. Son corps était raide parce qu’il avait dormi dans une position à moitié assise dans un endroit inconfortable. Pendant qu’il clignait des yeux, incapable de sortir totalement du sommeil, Inas déposa un léger baiser sur sa joue.

« Tu aimerais dormir un peu plus ?

– Non, aide-moi à me lever… » marmonna Nigel d’une voix endormie.

Inas le soutint pour qu’il se relève, mais son corps était encore lourd.

Nigel ne reprit ses esprits que lorsqu’Inas lui apporta un verre d’eau et lui massa les jambes.

« Inas. »

Une fois un peu plus réveillé, Nigel écarta les bras et Inas le serra contre lui. Comme il venait du dehors, il se dégageait de lui une odeur d’air frais, ainsi que du parfum. Comme pour minauder, Nigel se nicha un peu plus contre lui, mais l’autre homme se contenta de lui tapoter le dos et de le garder dans ses bras.

Nigel fut un peu vexé par la réaction d’Inas, qui restait calme et le serrait tranquillement contre lui. Inas ne semblait jamais réagir quand Nigel lui faisait des avances.

Inas avait la capacité de projeter une illusion sur lui-même, alors peut-être qu’il avait fait en sorte de ne pas sembler réagir du tout… Mais pourquoi diable ?! Il n’y avait aucune raison d’aller jusque là quand il touchait Nigel !

Blessé dans son amour-propre, Nigel n’en montra pourtant rien. Il n’était pas sûr que pouvoir rester calme s’il abordait le sujet maintenant. Ils connaissaient des moments paisibles qu’ils s’étaient donnés tant de mal à obtenir, Nigel ne voulait pas se disputer avec son compagnon.

Inas devait sûrement avoir ses raisons. Il se consola en se disant ça, songeant qu’un jour, l’autre homme lui expliquerait proprement. Comme tout amoureux, il préférait attendre parce que c’était toujours mieux que de s’inquiéter du fait que son bien-aimé n’éprouvait plus rien envers lui. Mais il atteignait lentement ses limites. Il était anxieux mais plus que tout, il se sentait bouillonner.

Il jeta donc un regard acéré à Inas, songeant qu’il faudrait tout de même qu’ils en parlent bientôt. Cependant, il parut tellement adorable aux yeux d’Inas que ce dernier déposa un baiser sur sa joue. Nigel perdit aussitôt toute envie de se battre et devint tout mou.

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

« Tu te sens bien ? demanda Inas.

– Ça va.

– Je t’en prie, Nigel, laisse-moi t’examiner. »

Nigel avait beau lui répéter que tout allait bien, Inas ne le crut pas et examina attentivement son visage. Maintenant qu’il y pensait, Inas ne se montrait-il pas un peu trop surprotecteur ces temps-ci ? Nigel se rappela de ce qu’avait dit Darun : “Inas m’a déjà dit qu’il s’inquiétait pour toi.”

Mais c’était la routine pour eux deux. Nigel était déjà très malade dans l’autre monde. S’inquiéter pour lui faisait partie du quotidien pour Inas, alors Nigel n’aurait pas su dire si cette inquiétude avait augmenté par rapport à avant.

Avant que Nigel ne puisse en parler, Inas lui lâcha la main comme s’il n’avait rien détecté d’anormal.

« Comment ça s’est passé aujourd’hui ? demanda-t’il.

– Ah ! »

Avant d’aborder le sujet principal, Nigel se rappela de ce qui était arrivé avant qu’il ne s’endorme. Il se dit que ce serait un bon moyen de détendre l’atmosphère avant de dire ce qu’il voulait dire. C’était aussi parfait pour introduire le sujet.

« Darun m’a donné des places pour un opéra, c’est ce soir. Et si on y allait ensemble ?

– Ça me semble bien. »

Naturellement, Inas accepta tout de suite. Nigel sourit avec satisfaction à cause de ce rendez-vous inattendu.

Quand ils arrivèrent en début de soirée, le devant de l’opéra était déjà noir de monde. Des dizaines de voitures, ce qu’on ne voyait pas souvent dans la cité, étaient garées dans la rue de la salle de spectacles. Étant donné que Jin Payen allait se produire sur scène, il semblait que ses fans s’étaient tous réunis ce soir.

« Fais attention, Nigel, » murmura Inas tout en le protégeant des gens qui se bousculaient assez rudement.

Nigel baissa les yeux sur leurs tenues.

Puisqu’il fallait une tenue de soirée pour entrer dans cet opéra, Inas avait revêtu un costume noir. Il avait l’air splendide, portant une veste et un gilet noirs qui contrastaient avec une chemise blanche taillée pour souligner sa silhouette.

Ce costume taillé sur mesure ne pouvait pas dissimuler ce corps musclé par le maniement d’une épée. Dès qu’Inas exerçait un peu de force, ses vêtements se tendaient un peu, dévoilant ainsi ses muscles. C’était un corps si stimulant qu’on n’arrivait pas à en détacher le regard.

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Nigel hocha docilement la tête, bien que ses joues étaient rouges car Inas resserrait son bras autour de sa taille.

« Merci, murmura-t’il.

– Je t’en prie. »

Les regards posés sur eux se détournèrent un par un. Il y eut cependant des regards persistants. Certaines de ces personnes firent claquer leur langue en voyant les alliances au doigt de Nigel et Inas, comme s’ils étaient déçus. Par contre, Nigel se sentit subitement fier.

Cet homme sublime est mon mari !

Mari, c’était un mot qui lui plaisait vraiment. Il n’aurait jamais cru qu’il pourrait un jour épouser Inas. Quand il entrelaça ses doigts avec ceux de son bien-aimé, la main d’Inas se resserra sur la sienne, assez large pour la recouvrir complètement.

Dans le monde précédent, Nigel était le duc de Magnus, alors ils ne pouvaient pas s’afficher ensemble comme ça. Dans ce monde-ci, il n’y avait pas de restrictions à cause de son statut ou de sa famille. Inas, qui était ravi que Nigel se colle contre lui autant qu’il voulait, eut un sourire rempli de satisfaction. Les deux entrèrent dans l’opéra comme un couple affectueux ou bien des jeunes mariés.

Les sièges obtenus grâce à Darun étaient dans une loge située à gauche de la scène. C’était un peu éloigné, mais c’était parfait pour que les deux tourtereaux puissent profiter de leur rendez-vous en privé.

Avant que le spectacle ne commence, quelqu’un toqua brièvement à l’entrée de la loge qui était cachée par un rideau. Quand Nigel répondit, se demandant ce qui se passait, un jeune homme entra.

Il s’agissait de Jin Payen, qui aurait dû pourtant se préparer à chanter.

Jin Payen prit un air très surpris, mais il se reprit rapidement et adressa un sourire chaleureux à Nigel, qui était tout aussi surpris.

« Bonsoir, quels splendides invités nous avons ce soir. Je m’appelle Jin Payen, mais vous pouvez m’appeler simplement Jin. Vous êtes des amis de Darun, n’est-ce pas ? »

Ce ne fut qu’à cet instant que Nigel se ressaisit et qu’il comprit pourquoi ce visiteur inattendu était venu.

« C’est bien ça, répondit-il. Je m’appelle Nigel et voici mon mari, Inas. »

Quand il jeta un coup d’œil à Inas, il le vit garder la bouche fermée en arborant une expression glaciale comme d’habitude, ce qui dissuadait toute conversation. Une personne ordinaire n’aurait pas été capable d’endurer la pression de cette atmosphère glaciale et se serait enfuie à toutes jambes, pourtant Jin Payen sourit sans le moindre problème.

« Pas étonnant que Darun n’ait pas refusé mes tickets. Il comptait vous les donner. »

Jin employait le prénom de Darun comme s’ils étaient des amis proches.

Un facteur ordinaire et un chanteur d’opéra réputé. À première vue, les deux semblaient n’avoir aucun lien.

Mais il s’avérait qu’il y avait bel et bien un lien, et même plusieurs. En fait, comme Darun, Jin Payen était un magicien, l’un des plus puissants du continent. C’était également à lui que Darun devait autant d’argent.

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Il y avait deux ans, Darun avait perdu sa mère et se retrouvait seul au monde. Comme il avait un bel héritage légué par ses ancêtres, il aurait pu vivre confortablement juste en acceptant les missions comme magicien. Sauf que Darun avait retrouvé un bien appartenant à sa grand-mère.

L’objet en question était un collier rare et somptueux orné d’un diamant de la taille d’un poing de bébé. Il avait été offert autrefois à l’arrière-grande-tante de sa grand-mère par la Reine de l’Esprit Neige, mais il avait été volé et on ne l’avait jamais retrouvé. Jusqu’à ce que Darun le retrouve dans une vente aux enchères de magiciens. Même en faisant abstraction de ses propriétés magiques, c’était un bijou très rare, alors le prix était exorbitant.

Ça faisait des générations que sa famille souhaitait retrouver ce collier, un trésor de famille. Cependant, il allait rapidement se faire vendre aux enchères et Darun n’avait pas assez d’argent pour l’acquérir. Paniqué, il s’était empressé d’aller voir Jin pour le supplier. L’autre jeune homme avait accepté de payer pour le bijou afin de le donner à Darun. Bien entendu, il n’avait pas fait ça gratuitement, d’où la dette de Darun. Cependant, il ne demandait pas d’intérêt, mais l’argent devait être remboursé à la date prévue.

En réalité, ce collier avait coûté plus de cent millions de Hell, mais la somme que Jin avait demandé à Darun de rembourser n’était que de trente millions, soit moins d’un tiers du prix. Jin Payen s’était ainsi montré considéré envers la situation de Darun, mais il ne lui avait jamais rien dit à ce sujet.

Bien que Nigel ne connaissait pas tous les détails, Jin Payen semblait énormément se soucier de Darun, un jeune magicien. Il était même venu exprès le voir dans la loge qu’il avait réservée pour lui.

Jin discuta un peu avec Nigel et Inas, l’air amical. Les quelques questions mues par la curiosité ne durèrent pas longtemps, car le spectacle devait commencer.

« Nous pourrions discuter un peu après ? demanda le chanteur.

– Bien sûr, répondit rapidement Nigel avant qu’Inas ne puisse refuser.

– Parfait, » fit Jin avec un sourire.

Il se retira de la loge en arborant un air satisfait.

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