Le méchant est outrageusement beau 35

Chapitre 35 : Chercher les ossements


Xu Xingzhi avait l’impression que sa tête était comme un tambour qui allait se faire déchirer. La moindre pensée le faisait tellement souffrir qu’il sentait que sa tête allait exploser. Il ne put que se fier à son instinct pour demander la chose la plus importante :

« Comment va Tao Xian ?

– Il est un peu blessé, répondit Qu Chi d’un ton tourmenté. Il se repose. »

Après ça, il sortit avec attention un grand nombre de petits cailloux enveloppés dans des papiers colorés de ses manches et tendit la main pour caresser les cheveux de Xu Xingzhi. Il le réconforta :

« Je vais te donner un bonbon. Ne t’inquiète pas. »

Par ses actions et son expression du visage, on aurait vraiment dit un grand frère adulé par les plus petits.


Xu Xingzhi s’empara sans gêne de deux bonbons, en mit un dans sa manche et déballa l’autre pour le presser sous sa langue. Il demanda négligemment :

« Où est Chongguang ?

– Il dort aussi, » répondit Qu Chi.

Cela étonna un peu Xu Xingzhi.

« Il... »

Qu Chi réfléchit soigneusement à ses mots avant de parler, de peur de manquer le moindre détail de l’histoire :

« Quand nous avons été piégés dans ce labyrinthe, j’étais avec Beinan… Il y avait des fantômes qui tentaient de nous arracher le cœur. Nous avons juste dû les combattre un moment avant que Chongguang arrive. Ensuite… Ensuite il nous a guidés sans arrêt pour briser la formation. Il y avait différentes scènes d’illusion, certaines étaient une prairie, d’autres le désert. Il y avait plusieurs voix qui chuchotaient à nos oreilles, et l’une de ces voix m’a dit que Tao Xian était mort… Mais avant que je ne puisse m’inquiéter, Chongguang avait déjà brisé le centre de cette illusion. Je l’ai ensuite suivi dans la suivante... »

La concentration de Qu Chi n’était guère différente de celle d’un enfant. Plus il parlait, plus il perdait le fil de son histoire. Xu Xingzhi devint très inquiet en l’écoutant :

« … Qu’est-ce qui est arrivé à Chongguang ? Il est en train de se reposer, mais est-ce qu’il est blessé ? »

Qu Chi tira sur la manche de Xu Xingzhi.

« Quand il a brisé la formation, il a employé bien trop d’énergie. Quand il t’a enfin retrouvé après tous ces efforts et qu’il t’a vu t’évanouir à nouveau, ses trois cavités La cavité thoracique, abdominale et pelvienne. (1) ont été retournées et il a vomi du sang un bon moment. Tu as dormi pendant trois jours et trois nuits, mais il n’a pas fermé les yeux un seul instant durant et il est resté à tes côtés, disant qu’il voulait attendre ton réveil. Ce n’est que tout à l’heure qu’il n’a plus réussi à tenir le coup et qu’il s’est évanoui, voilà pourquoi je suis resté à tes côtés. »

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

L’esprit de Xu Xingzhi devint chaotique dès qu’il entendit les mots “il a vomi du sang un bon moment”. Comment aurait-il pu rester sagement là à écouter Qu Chi parler ? Pieds nus, il se tourna vers l’intérieur de la grotte.

Tao Xian dormait sur un tas d’herbes sèches. Ses sourcils étaient un peu froncés et son visage était pâle, mais comparé à Meng Chongguang, dont le visage était cadavérique, il conservait quand même un air de vie.

Meng Chongguang était allongé au bord d’un matelas en paille, comme s’il s’isolait délibérément des autres. Il était seul et ses poignets et chevilles étaient si fins qu’on aurait dit qu’il était possible de les briser à main nue. De l’angle de vue de Xu Xingzhi, il avait l’air frêle mais aussi l’air d’un enfant qui avait subi une grande injustice et qui piquait une colère.


Xu Xingzhi baissa la voix et demanda :

« Pourquoi tu ne l’as pas laissé dormir avec moi ? »

Qu Chi l’imita en baissant également la voix :

« Il a dit que c’était mieux ventilé ici, alors que tu serais mieux en dormant seul.

– Oui, c’est sûr que c’est mieux ventilé dehors, fit Xu Xingzhi. S’il te plaît, tu peux emmener Tao Xian dormir dehors ? »

Obéissant à sa suggestion, Qu Chi souleva soigneusement Tao Xian qui dormait. Il marcha en protégeant sa tête, de crainte que Tao Xian ne heurte un des rochers qui dépassaient du mur sur le côté.


Xu Xingzhi s’avança. Il passa d’abord son bras sans main autour des épaules de Meng Chongguang, puis passa son autre bras autour de sa taille. Il remonta le long de la colonne vertébrale de l’autre homme puis tomba sur sa manche vide. Il s’assura ainsi de le tenir bien fort. Ensuite, il souleva lentement le haut de son corps afin de le porter au centre du lit de paille et qu’il se repose mieux, aussi doux que s’il prenait soin d’une boule de coton.

Cependant, il l’avait à peine soulevé un peu que Meng Chongguang emprisonna Xu Xingzhi en le serrant à la taille et il roula plusieurs fois sur la paille.

Il finit par presser Xu Xingzhi sous son corps et pressa sa joue contre son épaule. Il marmonna doucement :

« … Je t’ai attrapé. »


Xu Xingzhi trouva simplement ça amusant. Il pencha la tête et caressa ses cheveux de son menton.

« Tu es réveillé ? »

Meng Chongguang ne répondit pas. Ses doigts descendirent lentement le long du dos de Xu Xingzhi pour finalement s’arrêter sur son coccyx. Avec ce léger contact, Xu Xingzhi se mit à frissonner de tout son long. Il en fut si choqué qu’il faillit avaler sa langue.

« Mmm... »

Même si on l’avait battu à mort, jamais il n’aurait pu imaginer qu’une de ses zones sensibles se trouvait juste là. Il se ramollit comme une flaque d’eau rien qu’à ce contact, comme si un petit animal mordillait son noyau sans se presser.


Songeant que Qu Chi se trouvait à l’extérieur, Xu Xingzhi se retint de force et ne gémit pas, mais il poussa du pied une grande quantité de paille qui se trouvait sous lui.

La réaction de Meng Chongguang fut encore plus empressée que la sienne. Il explora son corps à tâtons et semblait désirer fortement quelque chose, mais il serra les dents et se retint.

Xu Xingzhi sentit que quelque chose n’allait pas. Il le saisit par le cou pour le soulever comme un chaton. Ce fut alors qu’il vit que les traces cinabres sur son front et le coin de ses yeux étaient rouge sang et bavaient. Il haleta, son souffle brûlant sur le torse de Xu Xingzhi.

« … Grand frère martial, n’aie pas peur. Ne bouge pas… je ne vais pas te mordre, je ne vais pas boire ton sang… Ah ~ ~ »

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Son cœur rempli de souffrance remontait dans sa gorge, manquant de le faire suffoquer, montant et redescendant comme de l’eau qui bouillonnait.

Il tenta de se relever tant bien que mal pour se séparer de Xu Xingzhi, mais ses bras s’affaiblissaient et il retombait dans les bras de son grand frère martial, encore et encore.

Xu Xingzhi le vit dans cet état et sentit simplement son cœur se serrer.

Meng Chongguang était un démon céleste de naissance. Il se servait normalement de l’essence du Yin et du Yang de la terre et du ciel pour cultiver son corps. Il ne pouvait survivre qu’en absorbant le Qi spirituel. Il n’avait donc pas besoin en théorie de boire du sang pour vivre, comme un monstre ordinaire.

Xu Xingzhi ignorait comment un démon céleste avait pu sombrer si bas. C’était peut-être parce que le vrai propriétaire de ce corps l’avait bien trop gâté. C’était peut-être à cause de lui, le malfaiteur originel, qui l’avait décrit avec de si mauvais critères.


Pour être honnête, Xu Xingzhi ne parvenait désormais plus à faire la distinction entre la fantaisie et la réalité.

S’il ne se rappelait pas clairement qu’il avait un père du nom de Xu Sanqiu et une petite sœur du nom de Xu Wutong, il aurait même pu se demander s’il n’était pas en fait le vrai Xu Xingzhi.

Mais en fin de compte, qu’il soit Xu Ping ou Xu Xingzhi, il devait assumer ses responsabilités envers Meng Chongguang.

Il soupira.

« Si tu souffres tant que ça, tu n’as qu’à boire mon sang. »

Meng Chongguang secoua la tête désespérément.

« Non, non... »

Xu Xingzhi entrouvrit son col pour dévoiler la ligne nette de sa clavicule. Il posa le bout des doigts sur la peau fine au-dessus, de sorte de mieux faire ressortir ses veines bleutées.

« Mords ici. »


Meng Chongguang avait si envie que ses yeux restaient braqués sur lui. Il fit de son mieux pour détourner le visage et sa voix contenait déjà des sanglots.

« Grand frère martial, arrête... »

Dans ses yeux écarlates apparut une couche d’eau vaporeuse. Xu Xingzhi fut un peu amusé en voyant ça. Il ne perdit pas de temps à discuter avec lui et tendit simplement la main pour presser sa tête contre sa clavicule.

« Puisque je te dis que tu peux boire mon sang. Pourquoi tu fais autant d’histoires ? »

L’odeur de sang si proche et à portée de main fit finalement perdre la tête à Meng Chongguang. Xu Xingzhi sentit une vive douleur à sa nuque. Meng Chongguang était comme un chiot affamé accroché à sa nuque, buvant son sang avec empressement. Les bruits de déglutition et de succion impatients firent rougir Xu Xingzhi et chauffèrent ses oreilles sans qu’il ne comprenne pourquoi.


Très vite, Xu Xingzhi sentit son corps devenir froid et il eut l’impression de tenir un morceau de glace, humide et gelée, dans sa paume. Au contraire, le corps de l’autre homme au-dessus du sien parut se réchauffer comme du feu et semblait désireux de presser Xu Xingzhi et de brûler pour devenir des braises ardentes avec lui.

Le froid donna tellement envie à Xu Xingzhi de dormir qu’il ferma les yeux et s’endormit pour de bon. Pendant ce temps, sur le visage de Meng Chongguang, qui avait eu son content de sang, la couleur cinabre au coin de ses yeux n’avait pas encore disparu. Il se lécha les lèvres puis embrassa Xu Xingzhi sur la bouche avec affection.


Ses gestes semblaient très expérimentés. Il commença par sceller la bouche de Xu Xingzhi de la sienne, puis tira prudemment le bout de sa langue pour lécher les lèvres de Xu Xingzhi. Finalement, profitant de l’écartement, il envahit doucement la bouche de l’autre jeune homme.

Xu Xingzhi, qui avait perdu connaissance, trembla tout à coup. Il sentit seulement une petite démangeaison dans sa bouche, comme si la langue douce et rugueuse d’un chaton jouait malicieusement avec lui. Mais il sembla accepter ce comportement, et les dernières forces de son corps furent épuisées par cette lente exploration.

Il entendit quelqu’un l’appeler vaguement et suavement :

« Grand frère martial... »

Pour une raison inconnue, le cœur de Xu Xingzhi se gonfla aisément de joie à ces mots et il s’endormit l’esprit tranquille.


* * *


… À son réveil, il avait les pieds et les mains un peu douloureux. Il leva une main et recouvra l’endroit où il s’était fait mordre juste avant de s’endormir. La blessure était complètement guérie, mais il n’eut qu’à tourner la tête sur le côté pour voir une portion de paille tachée de sang non loin de son cou.

Il était toujours dans la grotte et la paille avait été tassée sous lui. Meng Chongguang était assis non loin, ses épaules tremblant violemment.

Après avoir fait un essai, Xu Xingzhi découvrit qu’il avait encore la force de se lever, alors il se redressa sur un coude avec un peu de mal.

« … Meng Chongguang ? »

Le jeune homme tourna la tête vers lui. Ses yeux se remplirent de larmes qui coulèrent en un clin d’œil.

Xu Xingzhi s’écria :

« … Pourquoi tu pleures ? »

Pleurer après s’être rassasié, c’est vraiment compliqué de servir ce petit enfoiré.

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Meng Chongguang ne dit rien. Il regarda simplement Xu Xingzhi en versant des larmes une par une. Le cœur de Xu Xingzhi s’adoucit totalement. Il ne se retint même pas une demi-seconde avant de faire gentiment signe au jeune homme :

« Viens par ici. »

Meng Chongguang s’avança docilement vers lui à quatre pattes, comme un petit chaton.

Des larmes dans les yeux, il se plaignit à voix basse :

« Pourquoi a-t’il fallu que mon grand frère martial me dise de boire son sang ? Je n’ai pas pu me retenir… Quand j’ai repris mes esprits et que j’ai vu que grand frère martial ne bougeait plus, j’ai cru que tu étais... »

Il marqua une pause et reprit d’un ton chagriné :

« … Grand frère martial, c’est toi qui m’as séduit. »

… Séduit.

… Séduit, tu parles !


Mais en y songeant bien, Xu Xingzhi se rendit également compte qu’il avait été un peu imprudent.

Quand Meng Chongguang était en pleine crise, il perdait conscience et ne pouvait plus distinguer les dieux des fantômes. Et quand il buvait du sang, c’était comme un glouton qui tombait sur de l’excellente nourriture : il ne parvenait plus à s’arrêter. Alors quand il avait retrouvé sa lucidité et vu Xu Xingzhi, qui saignait au cou et avait perdu connaissance, il avait eu si peur que ses trois âmes avaient failli quitter son corps.

À cette pensée, Xu Xingzhi, qui avait encore la vision floue à cause du sang qu’on lui avait pris, se sentit profondément coupable, alors il lui caressa les cheveux.

« Bon, tu peux m’en vouloir, d’accord ? Mais arrête de pleurer, comment tu peux encore te comporter comme une petite fille, hein ? »

Meng Chongguang se fit ainsi caresser deux fois les cheveux dans les bras de Xu Xingzhi, ce qui radoucit aussitôt ses poils ébouriffés.


Il ouvrit son anneau de stockage et en prit quelque chose.

« Grand frère martial, je te rends ta main. »

Il tint précieusement à deux mains une main en bois, prêt à la passer au poignet de Xu Xingzhi.

La blessure à son poignet droit devait avoir déjà été soignée par Yuan Ruzhou car le moignon était aussi lisse qu’avant. Cependant, Meng Chongguang se montra très prudent et soigneux dans ses gestes, comme s’il s’inquiétait de lui faire très mal au niveau de cette blessure qui avait guéri depuis longtemps déjà.

Après que Meng Chongguang ait rapproché la prothèse en bois de lui, Xu Xingzhi se rendit compte de quelque chose :

« Attends, ce n’est pas ma main. »

Meng Chongguang ouvrit de grands yeux et raconta n’importe quoi :

« Si, c’est ta main. »


Xu Xingzhi argua :

« … Ma main est en bois de rose, celle-ci…

– Elle est en bois de bhodi. »

Xu Xingzhi voulut tout à coup objecter :

« … Ma... »

Meng Chongguang leva frénétiquement la tête avec des larmes dans les yeux.

« C’est désormais la main de grand frère martial. Tu n’as plus le droit d’utiliser celle que Jiu Zhideng a fabriquée pour toi. »

Xu Xingzhi fut sidéré par l’air subitement féroce de ce chat qui montrait les dents. Il se radoucit automatiquement.

« … D’accord, d’accord, d’accord. »

Il aurait bien voulu expliquer que c’était son père qui lui avait donné cette main. Cela faisait des années qu’il s’en servait et il s’y était habitué. Toutefois, expliquer ce genre de chose serait comme demander à se faire tuer, alors il ne put qu’acquiescer devant la spéculation de Meng Chongguang.


Mais après avoir installé la main, Xu Xingzhi fut fort surpris.

« Oh, elle me va très bien. »

Il fit pivoter son poignet. Au moment où il voulut demander à Meng Chongguang quand est-ce qu’il l’avait fabriquée pour lui, le jeune homme s’approcha et commenta :

« Grand frère martial est toujours aussi beau avec cette main. »

Xu Xingzhi rit et fit :

« Comment cela se pourrait-il ? C’est une fausse main. »

Meng Chongguang le fixa avec le plus grand sérieux :

« Du moment que c’est à grand frère martial, tout est réel et tout est bien. »

Xu Xingzhi manqua soudain de s’étouffer.

Ces paroles étaient un peu un crève-cœur. Après tout, le Xu Xingzhi qui se trouvait là actuellement était un énorme mensonge pour Meng Chongguang.

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Xu Xingzhi en fut un peu troublé.

« Je vais sortir me balader. »

Meng Chongguang se pressa contre son dos.

« Grand frère martial, tu devrais plutôt te reposer.

– Ça fait des jours que je suis allongé, j’ai des courbatures partout. »

Xu Xingzhi poussa plutôt sur la paille Meng Chongguang, qui était réticent à user toute sa force sur lui.

« Toi, repose-toi tranquillement ici. Ne te lève pas. »

Meng Chongguang s’allongea sur le dos et demanda d’une voix grave :

« … Je ne me lèverai pas que si tu me donnes un baiser. »

Xu Xingzhi eut un léger rire.

Une fois de plus, ce petit diable sous ses yeux se superposait avec le garçon dans ses souvenirs, ce qui rendit Xu Xingzhi étrangement heureux et détendu.


Il se pencha donc et déposa un baiser sur le grain de beauté cinabre du front de l’autre.

Du coup, Meng Chongguang resta bien sagement allongé et ne bougea plus. Avant que Xu Xingzhi ne sorte de la grotte, il n’oublia pas de lui rappeler :

« Grand frère martial, sois prudent quand tu te promènes dans les environs. Le Roi Fantôme risque de revenir. »

… Il ne risquait pas, c’était plus que sûr.

Xu Xingzhi leva une main pour caresser son cœur.

Dans son corps se trouvait le restant d’âme de Ye Buyi. D’après le tempérament du Roi Fantôme, Nan Li, il allait forcément revenir pour récupérer ce restant d’âme, à n’importe quel prix.

Malheureusement, Xu Xingzhi avait eu beau sonder son corps, il n’avait pu trouver nulle part le fragment d’âme.


… Il se pouvait qu’il avait été dévoré par sa propre âme. Après tout, ce fragment était si fragile, tout comme l’avait été Ye Buyi.

Le Roi Fantôme était un enfoiré à 100 %, mais qu’avait bien pu faire de mal ce jeune disciple qui croyait que “les gens qui suivaient un autre Dao n’étaient pas forcément mauvais” ?

En même temps, Xu Xingzhi était très inquiet à cause d’une moitié de phrase prononcée par le Roi Fantôme quand il avait échoué à deux doigts du succès :

« Ton âme a déjà été... »

Déjà été ? Déjà été quoi ?

Le pouvoir spirituel du Roi Fantôme et son expérience étaient incommensurables. Il n’aurait pas dû subitement échouer alors qu’il était si déterminé à réussir. C’était donc qu’il avait dû arriver quelque chose au corps de Xu Xingzhi contre quoi Nan Li n’avait rien pu faire.

Ce n’était donc pas bien compliqué pour Xu Xingzhi de deviner que la suite de sa phrase était : Ton âme a déjà été lavée. Cependant, c’était vraiment absurde. Le seul moment auquel Xu Xingzhi pouvait penser où son “âme aurait pu être lavée”, c’était lorsqu’il avait été introduit de force dans le corps du vrai Xu Xingzhi à son entrée dans les Terres Sauvages.

Cependant, ce qu’il avait expérimenté à l’époque était complètement différent de ce qu’il avait connu durant l’autre lavage d’âme.

Après y avoir réfléchi, Xu Xingzhi ne parvint pas à trouver d’explication satisfaisante, alors il quitta la grotte dans un état de distraction.


Lu Yujiu, qui entretenait le feu en dehors de la grotte, l’aperçut et se leva aussitôt.

« Grand frère martial Xu. Ton visage... »

Xu Xingzhi savait qu’il venait tout juste de se faire sucer le sang, alors ses trois énergies Dans la médecine traditionnelle chinoise, on considère trois énergies (ou trésors) dans un organisme : le Jing (l’essence), le Qi (l’énergie) et le Sheng (l’esprit). (2) devaient probablement être comparables à celles d’un chien crevé. Il agita la main et ne voulut pas s’attarder sur ce sujet.

« Ce n’est rien. Je viens juste de me réveiller et j’ai un peu la tête qui tourne. Où sont Ruzhou et Ah Wang ?

– Elles sont parties chasser.

– Et où est Gros Zhou ? » demanda-t’il également.

Lu Yujiu baisa légèrement les yeux sous son masque et répondit doucement :

« À cent pas vers l’ouest et six cents pas vers le sud, voilà où il se trouve. »


Cela intrigua Xu Xingzhi.

« Il est seul ? »

Lu Yujiu se mordit les lèvres et après un moment, il se décida à dire :

« Il est avec son corps. »

Xu Xingzhi lâcha un Oh et recula de quelques pas afin de comprendre de quoi parlait le jeune homme.

« … Il l’a trouvé ?

– Oui, il l’a trouvé. À l’époque, ce qui lui est arrivé s’est produit pas loin d’ici, tout comme grande sœur martiale Zhou, fit Lu Yujiu à voix basse. Il a cherché pendant trois jours avant de le trouver. Il a dit qu’il voulait rester seul… avec son corps pendant un moment. »


* * *


Sur l’herbe flétrie avec des peupliers desséchés autour, le vent d’ouest soufflant brutalement, Zhou Beinan, solitaire et armé de sa lance, était assis seul. La lance fantôme qui avait été réduite en poussière par Nan Li avait été réparée depuis, et elle était enfoncée à la verticale dans le sol, les pampilles rouges voletant au gré du vent comme un dragon nageant dans les eaux.

Avant que Xu Xingzhi ne s’approche, Zhou Beinan ramassa un caillou et le lança derrière lui sans même regarder.

« Je veux rester seul, fiche le camp. »

Xu Xingzhi ramassa la pierre et s’accroupit.

« Je ne me rapprocherai pas plus, je vais rester ici. Quand tu sentiras que c’est bien trop calme, tu pourras m’appeler et je te distrairai de ton ennui. »

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Zhou Beinan ne dit rien, alors Xu Xingzhi s’assit par terre et ouvrit l’éventail qu’il portait toujours sur lui.

En voyant les grands caractères : “Actuellement dans le monde entier, qui peut s'opposer à moi ?”, Xu Xingzhi les retraça lentement du bout des doigts. On pouvait compter un par un les grains de sable doré, et l’enthousiasme de la jeunesse ressortait de manière incomparable et tranchée dans les coups de pinceau. On y décelait une vigueur rafraîchissante qui avait disparu à jamais.

Après un moment, Zhou Beinan tapota la place à côté de lui, signalant ainsi à Xu Xingzhi de venir le rejoindre.

Le jeune homme avait guetté ce geste. Il se leva, tapota ses pieds par terre, puis s’approcha.


Ce fut en s’approchant que Xu Xingzhi put voir qu’il y avait une fosse profonde d’environ dix chi juste devant son ami. Ce dernier était assis au bord, ses pieds se balançant dans la fosse.

Xu Xingzhi tourna la tête et baissa les yeux. Il vit alors un squelette fin qui gisait au fond tout seul depuis treize ans, avec une longue lance enfoncée dans l’os de son épaule droite.

… Xu Xingzhi la reconnut : c’était la longue lance en acier que Zhou Beinan avait toujours avec lui dans les souvenirs du vrai propriétaire de ce corps.

Xu Xingzhi voulut dire quelque chose, mais Zhou Beinan siffla et lui fit signe de se taire.

Les ossements blancs et flétris émirent tout à coup un long gémissement de douleur, puis la chair se forma couche par couche autour d’eux.

Très vite, il y eut un autre Zhou Beinan au fond de cette fosse profonde, le Zhou Beinan d’il y avait treize ans.


Treize ans plus tôt, Zhou Beinan avait eu le malheur de croiser le chemin du Roi Fantôme. Les cinq ou six cultivateurs de l’Île du Fleuve Céleste qui suivaient Zhou Beinan étaient tous morts d’un coup. Quant à lui, il avait été blessé et abandonné au fond d’une fosse profonde, sa propre lance enfoncée dans son épaule droite. Son bras gauche était cassé à trois endroits et ses jambes étaient également tordues. Il ne pouvait donc que rester allongé au fond de la fosse, hurlant des injures.

Le Roi Fantôme Nan Li, le responsable de tout ça, l’ignora et l’abandonna là.

Après être parti puis revenu, Nan Li s’accroupit au bord de la fosse avec un sourire très doux aux lèvres.

« … Je viens juste de jeter un coup d’œil. Ta sœur a dû souffrir d’une hémorragie post-natale : il y a du sang partout autour d’elle et elle avait déjà rendu son dernier souffle quand je suis arrivé. … Ne t’en fais pas, j’ai réduit son âme en poussière avant même qu’elle ne se forme, alors elle ne pourra pas devenir un fantôme, même si elle le voulait. »


À ces mots, les yeux de Zhou Beinan faillirent lui sortir des orbites.

« Espèce de… espèce de putain —

– Ce n’est qu’une juste vengeance pour vous autres hypocrites qui tombez entre mes mains. »

La voix de Nan Li résonna en une boucle très éthérée dans l’air. Il désigna soudain un lieu au loin, posa sa paume contre son oreille et eut un sourire vicieux.

« … Tu entends ça ? Ta sœur a donné naissance à une magnifique petite fille. Elle était en train de pleurer quand je suis allée la voir. Mais une si petite fille ne m’intéresse pas, alors je te la laisse. Tu n’as qu’à l’écouter pleurer, et savoure bien ces moments. Dans moins de deux jours, elle ne pourra plus pleurer. »


Zhou Beinan tenta de se débattre, mais son épaule était bien trop clouée au sol. Son os à l’épaule fut encore plus transpercé, alors il ne put pas du tout mobiliser sa force spirituelle L’endroit où est plantée sa lance bloque l’écoulement du Qi dans ses méridiens. (3).

Il refusa de croire ce que venait de raconter Nan Li. Il s’écria à plein poumon :

« Xiao Xian’Er ! Xiao Xian’Er ! Grand frère est là ! Réponds-moi si tu peux m’entendre ! »

Nan Li partit dans un éclat de rire.

Après un moment, une musique obscène jouée par un sheng en bambou lui parvint en s’éloignant. Elle disparut peu à peu avec les pleurs du bébé.

Zhou Beinan resta donc à gésir au fond de la fosse, et le temps s’écoula en silence.


Après un jour ou deux, il ne pouvait plus entendre les pleurs de sa nièce.

Peut-être que l’enfant était morte, peut-être qu’elle avait été emportée et tuée par quelqu’un dans les Terres Sauvages, il lui était impossible de le savoir.

Zhou Beinan était piégé au fond de la fosse, incapable d’en sortir ou de bouger. Il ne pouvait que fixer attentivement le ciel des Terres Sauvages à travers l’ouverture de la taille d’un puits.

Durant les premiers jours, il jura et hurla, mais personne ne l’entendit. Par la suite, sa voix devint rauque et sa gorge fut érodée par le vent et le sable, le rendant incapable de parler. Encore plus tard, des insectes rampèrent sur son corps, s’enfoncèrent et rongèrent sa plaie sans la moindre scrupule, et Zhou Beinan ne put rien faire.

… Il passa les seize derniers jours de sa vie dans cette fosse très sombre et sans la lumière du jour.

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Les yeux remplis d’espoir de Zhou Beinan se grisèrent couche par couche, puis ce furent les ténèbres qui les envahirent couche par couche. Pour finir, les cendres du désespoir le dévorèrent.

La vie dynamique et fameuse de Zhou Beinan s’acheva ainsi dans une fosse poussiéreuse et noire comme l’encre dans les Terres Sauvages.

Dans le dernier moment de lucidité de Zhou Beinan, Xu Xingzhi put clairement l’entendre hurler plusieurs noms d’une voix rauque :

« Xiao Xian’Er ! Qu Chi !! Xuechen !… Xu Xingzhi ! Xingzhi !!! »

Après avoir hurlé le nom de tous ces gens, la dernière lueur dans les yeux du Zhou Beinan gisant sous terre disparut, son corps s’effondra et se réduisit en poussière tourbillonnante. Il ne resta plus qu’un squelette pâle allongé plus bas.

Bientôt, Zhou Beinan revint.

Il répéta encore et encore tout ce qu’il avait vécu avant de mourir, mécaniquement.


Zhou Beinan était assis au bord de la fosse profonde à assister à sa mort encore et encore avec l’autre restant de son âme. Xu Xingzhi était à ses côtés, l’accompagnant en silence dans son observation répétitive.

— Zhou Beinan était un fantôme ténébreux qui avait perdu une partie de sa mémoire.

— La seule raison pour laquelle un esprit devenait un fantôme ténébreux était que sa mort fut si horrible que son âme s'était effondrée, ses cinq esprits étaient désunis et la souffrance était telle que l'esprit refusait de se rappeler de sa mort.


Après avoir de nouveau revu sa mort, Zhou Beinan éclata de rire.

« … J’ai vraiment appelé ton nom avant de mourir, fit-il. Je devais avoir perdu la tête à ce moment. »

Xu Xingzhi ne savait pas quoi dire.

« … Je suis désolé. Si j’avais été là à ce moment... »

Zhou Beinan baissa la tête et un sourire amer se dessina sur ses lèvres.

« Treize années se sont écoulées, à quoi bon en parler ? »

Il baissa les yeux sur son visage d’il y avait treize ans et fit pour lui-même :

« Quand j’étudiais, je ne comprenais pas toujours la signification de certains poèmes. J’avais l’impression que c’était juste pour se lamenter avec de nouveaux mots. Mais à présent, je comprends. »


Il tendit les doigts vers le ciel lugubre et d’un ton lent, il fit en détachant chaque mot :

« La Tour de la Grue Jaune et la colline où elle repose,

es-tu jamais retourné les visiter, mon vieil ami ?

N’a point changé le vieux paysage qui s’ensevelit dans la mélancolie des nouveaux jours.

Nous avons beau souhaiter cueillir de l’osmanthe pour parfumer l’alcool,

Pourtant plus jamais... »

Après être arrivé au dernier vers, sa voix mourut et il leva la main pour tapoter l’épaule de Xu Xingzhi :

« … Plus jamais nous n’aurons la vigueur de notre jeunesse. »


Note de l’auteuse :

Chongguang : Petite langue de chaton qui lèche tout le corps.


Note de Karura : Le poème récité par Zhou Beinan est de Liu Guo. Je me suis inspirée de cette traduction anglaise :

https://28utscprojects.wordpress.com/2011/10/01/s223/

Mon état d’esprit en lisant la mort de Zhou Beinan est : 😨😢😭

Pauvre Beibei…

Sinon, vous remarquerez que Xu Xingzhi parle plus familièrement et utilise le prénom des gens. C’est sûrement dû à l’influence des souvenirs.


Notes du chapitre :
(1) La cavité thoracique, abdominale et pelvienne.
(2) Dans la médecine traditionnelle chinoise, on considère trois énergies (ou trésors) dans un organisme : le Jing (l’essence), le Qi (l’énergie) et le Sheng (l’esprit).
(3) L’endroit où est plantée sa lance bloque l’écoulement du Qi dans ses méridiens.






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