Chapitre 36 : Se venger et anéantir une rancune
… La paume qu’il voulait poser sur l’épaule de Xu Xingzhi traversa le corps du jeune homme sans la moindre résistance.
Zhou Beinan fixa ses doigts translucides et éclata de rire.
« … C’est vrai, je suis déjà mort. »
Il posa la main au bord de la fosse, resserra les doigts et une fine couche de terre glissa au fond de la fosse, recouvrant le squelette blanc d’une petite épaisseur de terre.
Mais après un moment, une main passa lentement à travers sa paume, se superposant à elle et la recouvrant.
Zhou Beinan baissa la tête :
« … Qu’est-ce que tu fais ? »
Xu Xingzhi tourna la tête vers les vastes Terres Sauvages.
« Je te réconforte, ah. J’ai peur que tu prennes tellement ça à cœur que tu ne sautes en bas. »
Zhou Beinan frissonna.
« File, file, file. Tu me rends malade. »
… Mais il ne retira pas sa main.
« Tu as passé toutes ces années avec Jiu Zhideng et on dirait que ça allait pas trop mal, alors pourquoi tu as fini dans les Terres Sauvages ? »
Après un long moment, Zhou Beinan reprit :
« Moi, je n’ai pas eu de chance dès le début. À peine arrivé, je suis tombé sur cet enfoiré de Nan. Si tu m’avais rejoins à ce moment, tu aurais simplement souffert, c’est tout. »
Xu Xingzhi se rappela bizarrement de Huang Shanyue, la disciple de la Montagne de la Tombe du Vent qui l’avait enlevé.
« … Tu le regrettes ?
– Si je regrette ? »
Zhou Beinan haussa les épaules.
« Mon seul regret, c’est de ne pas avoir pu protéger Xiao Xian’Er. Pendant que je gisais au fond de la fosse, je ne cessais de songer : pourquoi je m’obstine encore à vivre ? Le mieux serait de mourir paisiblement.
« … Je n’aurais jamais cru que ce ne serait pas paisible, même après la mort. »
Après avoir dit ça, Zhou Beinan leva la tête et se mit à injurier le Ciel.
Xu Xingzhi lui rappela :
« Ai, fais attention, sinon la foudre va te frapper.
– Parce que tu crois que le Ciel peut m’entendre ? demanda Zhou Beinan en redressant la tête. … Tu peux m’entendre, putain ? Ah ? »
Naturellement, il n’obtint pas de réponse.
Zhou Beinan pointa un doigt vers le ciel et fit :
« Il ne peut pas m’entendre. Dans les Terres Sauvages, il n’y a pas du tout de Dao Céleste. »
Xu Xingzhi soupira.
« Pourquoi est-ce que tu n’as pas changé depuis tout petit ? Tu te prenais le bec avec moi, maintenant tu insultes le Ciel. Tu ne crois pas que tu es une brute ?
– ... »
Xu Xingzhi lui-même en resta interloqué.
À la base, il avait voulu trouver quelques mots de réconfort pour son ami, mais quand il avait ouvert la bouche, c’étaient des paroles moqueuses qui étaient sorties toutes seules.
L’atmosphère triste se dissipa aussitôt. Zhou Beinan fit une tête comme s’il voulait étrangler l’autre jeune homme.
Toutefois, Xu Xingzhi trouvait que ce Zhou Beinan était étonnamment plus vivant et amusant, alors il continua simplement à soupirer :
« Tu es plutôt doué pour avoir des prises de bec, mais ton talent reste plutôt moyen. »
Zhou Beinan renifla :
« … On va voir si tu penses toujours ça quand je te battrai et que je te collerai à terre plus tard. »
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Xu Xingzhi voulut répliquer quand il sentit soudain un grand froid derrière lui. Il tourna vivement la tête, mais ne vit qu’un long brouillard noir lui souffler au visage. L’instant d’après, un vivant et un fantôme au bord de la fosse furent engloutis par le brouillard.
… C’était venu pour lui ?
Était-ce Nan Li ?
Le changement se produisit brutalement. Zhou Beinan changea soudain d’expression. Afin que Xu Xingzhi ne tombe pas entre les mains du nouveau venu, il siffla soudain fort et poussa Xu Xingzhi la tête la première dans la fosse profonde. La lance courte autour de sa taille s’envola en réponse à son sifflement et fendit l’air en laissant une traînée blanche lumineuse, comme un nuage passant devant la lune. Elle cloua les vêtements voletant de Xu Xingzhi à la paroi d’en face de la fosse.
Le corps de Xu Xingzhi glissa encore la moitié de la hauteur à cause de l’élan, puis il cessa de chuter.
… Il soupira : Zhou Beinan est vraiment mon pote, un vrai de vrai.
Cependant, quand le brouillard s’éclaircit, le visage de Xu Xingzhi changea radicalement d’expression.
Le flanc de Zhou Beinan était transpercé par un long sabre à la lame incurvée autour duquel se condensait du Qi fantomatique. Du sang rouge vif coulait du coin des lèvres du jeune homme.
« Tu n’as pas changé, une simple fausse attaque peut te distraire. »
Nan Li retira son sabre et laissa la chair et le sang sortir de la plaie dans un bruit spongieux.
« … Tu es déjà mort une fois, tu ne t’en souviens donc pas ? »
Bien que Nan Li s’exprimait d’un ton moqueur, après plusieurs jours sans l’avoir vu, ses yeux étaient devenus rouges et le coin de ses lèvres était couvert de cloques. Il avait certainement dû souffrir en permanence durant ces derniers jours.
Il repoussa Zhou Beinan d’un coup de pied.
Seul un maître de fantôme pouvait blesser un esclave fantôme. De larges taches de sang fleurirent sur le devant de Zhou Beinan, tachant complètement sa tunique.
Xu Xingzhi rugit :
« Beinan ! »
Dès qu’il eut appelé son nom, il se fit saisir et soulever par une force féroce. La lance courte qui le suspendait à la paroi retomba et atterrit au fond de la fosse, heurtant le squelette de Zhou Beinan plus bas.
Quelques os furent fissurés et une faible lueur apparut entre les os endommagés, comme si elle sentait quelque chose.
La lance en acier fichée dans l’épaule émit un son léger et presque inaudible.
Om —
Nan Li ne voulait pas perdre trop de temps. Après tout, il n’avait pas vraiment beaucoup de temps devant lui.
Dans la paume de sa main, il tint le pot en jade à capturer les âmes et qui était vide.
À l’heure actuelle, une immense barrière dorée de Qi spirituel pur encerclait les environs dans un rayon de cent mètres, isolant du monde extérieur toutes les fluctuations de Qi spirituel de cette zone.
Il savait clairement que cette main n’allait pas couvrir bien longtemps les yeux et les oreilles de Meng Chongguang, alors chaque mot qu’il prononça était empreint d’urgence :
« Rends-moi l’âme du petit prêtre taoïste ! »
Le front de Xu Xingzhi était couvert de cheveux en désordre, quelques mèches de longs cheveux noirs pendaient. Il y avait une profonde colère réprimée dans sa voix quand il répondit :
« Il est mort.
– Vraiment ? »
Le visage de Nan Li se tordit un instant.
« Alors tu vas le payer de ta vie. »
Avant même d’avoir fini sa phrase, les doigts de Nan Li avaient déjà écorché le côté gauche du torse de Xu Xingzhi, et le sang jaillit immédiatement. Xu Xingzhi lâcha un rugissement de colère extrêmement furieux. Sans se soucier de la douleur, il plia son bras droit contre le torse de Nan Li et pressa sa main gauche sur le front de son attaquant !
Nan Li voulut ricaner mais l’instant d’après, toute envie de rire lui passa.
Un flot de pur Qi spirituel l’étrangla comme une immense main pénétrant dans la cavité de son crâne et désireuse de le déchiqueter en deux !
L’afflux violent de Qi spirituel descendit le long du corps de Nan Li. Pendant une fraction de seconde, il ressentit étrangement de la terreur à l’état pur. C’était comme si quelqu’un avait enfoncé sa paume dans son torse pour saisir son cœur et le presser.
Il sentit une terrible douleur à la tête. Il n’eut guère le temps de se demander comment Xu Xingzhi, qui était encore un mortel quelques jours plus tôt, disposait d’un tel pouvoir. Il le souleva et le projeta au loin d’un coup.
Le dos de Xu Xingzhi heurta un arbre mort à plus de dix chi de distance, puis il tomba à terre.
Il tenta de se relever tant bien que mal, mais l’usage excessif de son Qi spirituel semblait l’avoir complètement vidé de ses forces. Il ne put que se redresser à moitié avant de retomber à genoux. Le Qi spirituel hors de contrôle tourbillonnait dans sa poitrine, comme des lianes s’enroulant autour de ses organes internes, lui donnant envie de vomir.
Une colère impétueuse envahit le cœur de Nan Li.
… Il ne pouvait pas comprendre comment il avait pu ressentir de la terreur à cause d’une personne qui n’arrivait même pas à se remettre debout après une simple chute. Il éprouvait même de la honte rien qu’en y pensant.
Nan Li allait donc activer son Qi spirituel pour faire exploser le cœur de Xu Xingzhi d’un coup, quand il sentit soudain un tourbillon de poussière triste et désolé, extrêmement étrange et qui se rua droit vers Nan Li comme un loup affamé surgissant de la fosse profonde. Ce tourbillon brisa le Qi spirituel qu’il venait juste de lancer !
Surpris, Nan Li tourna la tête. Xu Xingzhi fit de son mieux pour se mettre assis.
Au départ, c’était parce qu’il se disait que mieux valait mourir assis que couché, mais jamais il n’aurait cru voir une telle scène quand il se redressa.
— Zhou Beinan se tenait là.
La lance en acier dans sa main semblait avoir fusionné avec le dos de sa main couvert de veines bleues proéminentes. Ses vêtements ordinaires avaient été remplacés par une tunique bleu foncé qui s’agitait au gré du vent, avec une lumière dorée qui ondulait sur ses épaules et ses manches. Il fit tournoyer légèrement la longue lance. La pointe acérée fendit l’air en émettant un son bref et strident comme le cri d’une oie sauvage, limpide, froid et solitaire, comme si un feu d’alarme s’embrasait dans les rayons de lumière reflétés par la lame glaciale.
Et Zhou Beinan se tenait là. Le motif en forme de nuage lavande qu’il arborait à la base entre ses sourcils avait été remplacé par un motif de feu mince et allongé, comme un œil haineux ouvert sur son front.
Il y avait du sang qui coulait de ses doigts de la main gauche, et une rune tracée avec du sang se voyait sur son cou.
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
« Ne songe plus à me prendre à nouveau quelqu’un, fit Zhou Beinan d’une voix terriblement glaciale. … N’y songe plus.
– … Tu as utilisé un sort interdit ?! Juste pour sauver la vie de cet homme ?! »
Une fois la surprise passée, Nan Li éclata de rire.
« Comment un cultivateur peut-il tomber à ce point dans la déchéance ?! Tu deviens d’abord un esclave fantôme, puis tu te transformes toi-même en esprit maléfique ? Mais n’oublie pas que je suis le Roi Fantôme ! Je suis un Revenant ! Peu importe le genre de monstre que tu deviens, tu ne fais pas le poids contre moi ! »
Après ça, il dessina un symbole au centre de sa paume et la brandit en direction du front de Zhou Beinan.
Cependant, le jeune homme disparut en un instant et le sort fut lancé dans le vide, brisant un arbre dont deux hommes n’auraient pas pu encercler la moitié.
Bien entendu, aucun son dans un rayon de cent mètres ne pouvait s’entendre dans le monde extérieur pour le moment.
Nan Li fronça les sourcils et regarda tout autour.
Parmi tous les fantômes existants, l’esprit maléfique était effectivement le plus difficile à affronter. Sa force augmentait brusquement et pouvait être plusieurs fois plus puissante que celle des corps spirituels ordinaires. Même si Zhou Beinan venait à peine de récupérer le noyau d’âme perdu de son autre moitié, il n’aurait pas du tout pu être en mesure d’affronter le Roi Fantôme Nan Li. Du coup, ce n’était pas bien difficile de comprendre pourquoi il avait choisi de dégénérer à ce point.
« Se pourrait-il que tu veuilles me tuer ? fit Nan Li en trouvant ça plutôt ridicule. Espèce d’enfoiré, comment tu vas faire pour te rapprocher de moi ? J’aimerais bien voir où tu vas avoir le cran de te montrer ? »
Entouré par le silence des vastes Terres Sauvages et le vent qui soufflait fort, Nan Li commença à soupçonner que Zhou Beinan avait suivi ce qu’il venait de dire et en avait déjà profité pour s’enfuir, de crainte de perdre la vie.
Il ne voulait pas perdre du temps à se soucier de Zhou Beinan. Tout ce qu’il voulait, c’était le restant d’âme de Ye Buyi.
Peu importait si Xu Xingzhi avait dit vrai ou pas. Que Ye Buyi ait disparu ou non de son corps, Nan Li n’avait pas la moindre intention de laisser Xu Xingzhi en vie.
… Et après l’avoir tué, il aurait toujours le temps de sceller l’âme de Xu Xingzhi dans son corps puis d’en extirper lentement l’âme de Ye Buyi.
À cette pensée, un clou fantôme noir se forma au-dessus de la paume de Nan Li. Le clou fantôme flotta légèrement dans les airs avant de se diviser en deux, puis en quatre et en un clin d’œil, douze sombres et mortelles étoiles se ruèrent pour attaquer Xu Xingzhi.
Cependant, aucun des clous fantômes ne parvint à le blesser. Après plusieurs cling clang clong, les étoiles filantes tombèrent toutes à terre.
… Devant Xu Xingzhi, un fantôme grand et flou apparut et bloqua toutes les attaques pour lui grâce à sa longue lance.
Nan Li ricana.
… Il cherchait vraiment à mourir.
Nan Li pouvait avoir manqué une fois sa cible, mais jamais deux fois.
Un sort qu’il avait dissimulé tout à l’heure dans sa paume gauche accrut ses forces et, en un éclair, il se rua sur le fantôme !
Le fantôme ne put esquiver et rapidement, une chaîne créée par Nan Li apparut autour du cou du fantôme. Ce dernier eut l’impression que toute son âme semblait se faire transpercer par des clous en bois de pêcher. Il fut suspendu dans les airs et s’immobilisa. Un léger sourire apparut au coin des lèvres de Nan Li
Cependant, ce sourire commençait à peine à se former qu’il mourut complètement sur ses lèvres.
Incrédule, Nan Li baissa la tête. Quand il vit le trou sanglant de la taille d’un poing dans son torse, il le toucha, n’en croyant pas ses yeux.
Le temps qu’il arrive à l’endroit humide, ses yeux s’étaient déjà ternis alors il ne put dire si le sang sur sa paume était rouge ou noir.
Jusque là, Nan Li n’avait jamais senti les battements de son cœur de manière aussi distincte mais à présent que son cœur avait quitté son torse, il palpitait comme un lapin juste sous ses yeux.
Badoum, badoum, boum, boum.
— Zhou Beinan était passé à travers le corps de Nan Li pour lui arracher son cœur palpitant de manière grandiose.
Xu Xingzhi fixa Zhou Beinan avec stupéfaction. Le symbole de feu entre ses sourcils devint plus clair et ses yeux s’emplirent également d’une lueur bleu clair maléfique.
Il tourna son poignet pour contempler le cœur de Nan Li sous tous les angles, puis fit doucement :
« … Aurais-tu oublié que j’ai été déchiré en deux par ta faute ? La moitié de moi est restée gisant ici pendant treize ans, tandis que l’autre était devenu un bon à rien qui avait oublié jusqu’à la vengeance. »
Xu Xingzhi comprit alors.
En d’autres termes, la moitié d’âme qui s’était tenue devant lui à l’instant pour le protéger, Zhou Beinan l’esprit maléfique l’avait séparée de lui exprès afin de servir de leurre pour distraire l’attention de Nan Li, n’est-ce pas ?
Du sang coula de la bouche de Nan Li et il y eu une sorte de gargouillement dans sa gorge. Il tomba faiblement à terre, puis se redressa sur ses deux mains et rampa lentement en avant.
« … cette moitié d’âme inutile, tu peux la prendre si tu veux, fit Zhou Beinan l’esprit maléfique en riant doucement. Elle t’appartient déjà, de toute manière. Tout dépend si tu survis ou pas. »
Nan Li cracha une grosse quantité de sang. Il pressa ses coudes sur le sol et continua de ramper.
Zhou Beinan, qui était devenu un esprit maléfique, posa un pied sur son dos mais le Roi Fantôme fit de son mieux pour récupérer ce qu’il voulait.
… le pot en jade à capturer les âmes vides qu’il venait de faire tomber par accident.
Affolé, il récupéra le pot en jade dans ses bras, comme s’il avait oublié que l’âme qui se trouvait dedans avait disparu.
Et Zhou Beinan l’esprit maléfique avait de toute évidence perdu tout intérêt pour le cœur de Nan Li. Il le jeta par terre tout en s’avançant. Le cœur rouge vif roula plusieurs fois et se retrouva sali avec des brins d’herbe.
Zhou Beinan l’esprit maléfique leva sa lance et transperça directement ce cœur en piètre état.
Bien que Xu Xingzhi s’empressa de fermer les yeux, il entendit inévitablement le bruit du sang et de la chair transpercés.
« Je t’avais bien dit que j’allais transpercer ton cœur de ma lance, fit Zhou Beinan en tournant lentement la pointe de sa lance. … Je vais aussi réduire tes os en poussière de mes propres mains. Je n’ai pas oublié. »
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Cependant, Nan Li n’écoutait plus ce que disait Zhou Beinan.
Il prit le pot en jade dans ses mains et murmura à voix basse :
« Petit prêtre taoïste, tu n’as pas eu mal en tombant… ? »
Il n’y avait personne pour répondre à sa question et même s’il y avait eu quelqu’un, Nan Li ne pouvait plus l’entendre.
Mais ça, Nan Li lui-même n’en savait rien.
Il fixa le pot en jade avec espoir, attendant que son petit prêtre taoïste lui dise un mot.
Après la mort de Ye Buyi, tous les soirs avant de s’endormir, Nan Li attendait ainsi et pendant son attente, il demandait en pensée à son petit prêtre taoïste : Qu’est-ce que tu veux ? Que ce soit à manger, des vêtements ou quoi que ce soit, viens me le dire en rêve et je le brûlerai pour toi. Selon la croyance chinoise, les objets qu’on brûle pour les morts leur parvient en vrai dans l’autre monde. (1)
Cependant, son petit prêtre refusait de lui pardonner. Il lui en voulait tellement qu’il avait toujours refusé d’apparaître dans le moindre de ses rêves.
Alors Nan Li continuait d’attendre jusqu’à s’endormir.
Cette fois, Nan Li attendit encore comme d’habitude, jusqu’à ce que la lumière de la vie s’éteigne totalement dans ses yeux.
Au moment où il mourut, la barrière lumineuse qui bloquait le flux de Qi spirituel se dissipa. Le talisman qui avait été cloué sur l’autre moitié d’âme de Zhou Beinan et qui n’avait pas encore agi sur lui disparut également. L’autre moitié d’âme se transforma en fumée et réintégra le corps de Zhou Beinan l’esprit maléfique.
Ce Zhou Beinan ne semblait pas pressé de réduire en poussière le corps de Nan Li.
Il renifla légèrement, comme si une odeur avait capté son attention, et se tourna pour regarder Xu Xingzhi.
« Oh ? Il y a un cœur encore plus frais ici. »
Xu Xingzhi en fut choqué.
« … Beinan ? »
À plusieurs centaines de pas de là, Meng Chongguang, qui était sagement allongé sur la paille, parut sentir quelque chose et se redressa subitement.
« Zhou Beinan, Zhou Beinan… C’est donc son nom ? »
L’esprit maléfique testa ce nom tout en léchant le sang sur ses doigts.
« Pas mal. … Et toi, tu t’appelles comment déjà ? »
Xu Xingzhi le fixa avec prudence.
Cet homme avait la même voix et la même apparence que Zhou Beinan, mais il venait juste de renaître. Ce n’était qu’une couche de peau qui appartenait à Zhou Beinan.
« Laisse tomber. »
L’esprit maléfique renonça à la question de lui-même. Il reprit la lance d’acier dans la main et se tourna de nouveau vers lui.
« Quel est l’intérêt de connaître le nom de sa nourriture ? »
Zhou Beinan avait perdu l’esprit et ses pupilles étaient remplies d’une lueur étrange, un mélange de rouge et de vert, comme un aigle et un faucon fusionnés.
Il bougea légèrement son cou, ses lèvres s’étirèrent en un sourire féroce et il s’avança vers Xu Xingzhi, sa lance en main.
Le jeune homme fut à la fois effrayé et furieux. Il s’écria vivement :
« Zhou Beinan ! »
La lueur meurtrière dans les yeux de son ami vacilla un instant, et son air tranchant s’adoucit soudain.
Il regarda Xu Xingzhi d’un air tendre et un peu confus.
Mais cela ne dura qu’une fraction de seconde. Le visage de Zhou Beinan reprit une expression sinistre.
« … Qu’est-ce que tu essaies de faire ? »
— Il s’adressait au vrai Zhou Beinan qui avait toujours un éclair de conscience dans son corps.
Xu Xingzhi sauta aussitôt sur cette lueur d’espoir et cria tout en reculant :
« Beinan, expulse-le de ton corps ! Ne le laisse pas te contrôler ! Beinan ! »
L’esprit maléfique arbora un sourire méprisant, et ses lèvres s’ouvrirent tellement qu’elles faillirent se fendre sur les côtés.
Il brandit sa lance en acier et visa de sa pointe acérée le cœur de Xu Xingzhi.
Ce dernier ne pouvait pas s’enfuir mais il refusa d’abandonner.
« Pense un peu à Ah Wang ! Pense à Xiao Xian’Er… et Xiao Lu ! Souviens-toi de qui tu es ! Tu es Zhou Beinan ! Tu — »
Avant qu’il n’ait pu finir, Meng Chongguang surgit soudain sur le côté et le protégea de son corps.
Il ne s’embêta pas du tout à discuter avec Zhou Beinan : un rayon de lumière rouge apparut dans sa paume et visa directement le noyau fantomatique de Zhou Beinan sur son front !
Le noyau fantomatique, aussi connu sous le nom de noyau d’âme, était la partie la plus vulnérable du corps d’un fantôme. S’il se faisait frapper là par Meng Chongguang, Zhou Beinan allait assurément mourir !
Les yeux de Xu Xingzhi s’écarquillèrent.
« … Ne fais pas ça ! »
Zhou Beinan se mit alors à hurler vers le ciel. Au moment où Meng Chongguang était prêt à frapper, le jeune homme retourna soudain la lance contre lui et se l’enfonça directement dans l’os de l’épaule droite !
La pointe de la lance s’enfonça directement dans le corps et le bruit de l’os qui se brisait fut assourdissant !
L’esprit maléfique n’avait pas pu empêcher le vrai Zhou Beinan de reprendre un moment le contrôle de son corps. L’os de l’épaule fut ainsi percé et cela coupa immédiatement la circulation du Qi dans les méridiens. Il lui était donc impossible de s’échapper.
Il maudit férocement l’autre Zhou Beinan dans son corps :
« Espère de salaud ! »
Meng Chongguang réduisit aussitôt de 70 % la puissance de la lumière rouge dans sa paume, mais sa direction ne varia pas : elle frappa directement le noyau fantomatique de Zhou Beinan.
Même l’esprit maléfique ne put résister à une telle attaque : il s’évanouit aussitôt, tandis que le vrai Zhou Beinan parvint à rester un peu conscient.
Il tomba en avant et finit à genoux au sol, toussant sans arrêt. Le bas de la longue lance était posé par terre, transperçant son corps, et le tout formait un triangle.
Il appela dans un souffle :
« … Xin, Xingzhi... »
Sans se soucier de sa blessure qui saignait encore, Xu Xingzhi s’avança à genoux vers lui et passa un bras autour de ses épaules.
« Je suis là. »
Zhou Beinan eut un léger sourire.
« Avoue… Je suis bien plus fort que toi quand je m’y mets sérieusement. »
Xu Xingzhi grinça des dents mais fit en souriant :
« Bien sûr, bien sûr. »
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Entre la douleur aiguë et le vertige, Zhou Beinan cracha du sang tiède qui tacha les vêtements de Xu Xingzhi. Sa voix faiblit progressivement :
« Ne-ne laisse pas Lu Yujiu me voir dans cet état… il va encore pleurer. Je n’aime pas quand il pleure. »
Avant qu’il n’ait pu finir de parler, il se pencha sur l’épaule de Xu Xingzhi et perdit connaissance.
Note de Karura : J’ai comme l’impression dans les deux derniers paragraphes que Xu Xingzhi peut toucher Zhou Beinan… Ou alors, c’est comme dans le chapitre précédent, quand Xu Xingzhi fait mine de poser sa main sur la sienne.
Bon, c’est la fin de Nan Li, je crois. Grrr, il l’a bien cherché ! Zhou Xian et Ye Buyi ont enfin été vengés !
Notes du chapitre :
(1) Selon la croyance chinoise, les objets qu’on brûle pour les morts leur parvient en vrai dans l’autre monde.
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