Chapitre 61 : Remonter dans ses souvenirs (6)
La Vallée de la Pure Fraîcheur, qui avait toujours été austère, froide et éloignée du monde, était cependant devenue animée et en pleine effervescence en cette nuit du premier jour du troisième mois.
Des fleurs argentées, des perles de lumières dorées et blanches et des petites étoiles explosèrent dans tout le ciel. Des constellations semblaient également tourbillonner dans les airs et un dragon majestueux s’élevait dans le ciel au gré du vent, ses écailles et ses griffes luisantes.
Xu Xingzhi portait une jarre de liqueur de la taille d’un seau. Assis confortablement sur la pente d’une colline, il prit une gorgée d’alcool puis saisit un feu d’artifice dont la mèche était déjà allumée. Il l’agita au-dessus de sa tête.
« Wen Cheveux Blancs, regarde bien, ah ! Je vais te montrer quelque chose d’amusant. »
Wen Xuechen, qui se trouvait à côté de lui, n’avait pas encore eu le temps de répondre que Qu Chi s’affolait déjà :
« Xingzhi, lâche ça ! Tu vas te blesser à la main ! »
Zhou Beinan se redressa en s’appuyant sur sa lance et ricana :
« Qu Chi, ne t’en fais pas pour lui. Laisse-le se bousiller la main. Comme ça, à la prochaine Compétition Céleste, c’est nous deux qui nous battrons pour la première place ! »
En entendant ça, Xu Xingzhi ajusta légèrement la position du feu d’artifice. La mèche avait à moitié brûlé quand il le lâcha enfin. Le feu d’artifice explosa à faible altitude et une pluie de grosses étoiles brillantes retombèrent sur la tête de Zhou Beinan, comme s’il se prenait une chute de neige glaciale sur la tronche.
Pris par surprise par cette poussière qui lui retomba sur la tête, Zhou Beinan fit un bond.
« … Putain !! »
Plusieurs disciples brandissaient des feux d’artifice, riant et courant non loin des quatre jeune gens. Yuan Ruzhou était le centre d’attention des disciples femmes. Les feux d’artifice qu’elle tenait étaient très sophistiqués et plusieurs disciples femmes de différentes factions la suppliaient d’en lancer plus. Elles jacassaient comme des pies, faisant un sacré tapage en groupe.
Wen Xuechen se frotta les oreilles.
« Comment notre Vallée de la Pure Fraîcheur a-t’elle pu devenir aussi chaotique ? »
Xu Xingzhi reposa sa jarre de liqueur.
« Demain, ce sera le jour des préparatifs et après-demain, ce sera ton mariage. Si on ne sème pas le chaos maintenant, le ferons-nous quand tous les maîtres seront présents ? Tu crois qu’on pourra encore s’amuser alors ? »
Wen Xuechen réprima le léger sourire au coin de ses lèvres et fit d’un air sévère :
« Ce serait vraiment inapproprié. »
Xu Xingzhi eut un grand sourire et s’assit sur l’accoudoir du fauteuil roulant de l’autre jeune homme.
« Tout le monde s’amuse bien. L’hôte doit se plier aux souhaits de ses invités. Si cela ne te plaît pas, il va bien falloir que tu fasses avec. »
Après ça, il fixa les jambes et les bras de Wen Xuechen qui étaient bien trop fins.
« … En parlant de ça, Xuechen, tu vas pouvoir le faire, ah ? Nous avons tous vu grandir Xiao Xian’Er, on ne voudrait pas qu’elle soit lésée en t’épousant. »
Wen Xuechen étira les lèvres en un sourire et eut un léger rire, mais il s’abstint de répliquer.
« Étonnamment, tu as des membres en parfait état de marche, fit Zhou Beinan en imitant Xu Xingzhi et en s’asseyant sur l’autre accoudoir du fauteuil roulant de Wen Xuechen. Mais qu’en sera-t’il une fois marié ? Le choix de ta partenaire… »
Il n’eut pas le temps de finir sa phrase qu’il se fit une fois encore impitoyablement éjecter du fauteuil roulant par Wen Xuechen.
Zhou Beinan bondit de fureur.
« Comment ça se fait que lui, il peut s’asseoir mais pas moi ?
– Tu as tout sale et poussiéreux, répliqua Wen Xuechen d’un ton dégoûté.
– … »
Zhou Beinan grinça des dents un moment avant de reprendre d’un ton furieux :
« Ce jeune maître ne va pas faire d’histoire avec toi afin d’éviter que tu ne martyrises ma petite sœur quand tu l’auras épousée. »
Pendant ce temps, Xu Xingzhi était tout heureux, assis sur la montagne pour assister au combat des tigres.
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Wen Xuechen tourna la tête vers lui.
« Mais Beinan n’a pas tort. Tu devrais aussi songer à te trouver une compagne de Dao. Ce serait bien qu’une personne de plus te surveille tous les jours afin que tu ne sortes pas du droit chemin. »
Cela fit rire Xu Xingzhi.
« Regardez-le, regardez-le. Il n’est même pas encore entré dans la chambre nuptiale qu’il commence déjà à s’inquiéter du mariage des autres. »
Wen Xuechen poursuivit sans se laisser perturber :
« Meng Chongguang et toi, vous n’êtes pas en très bons termes ?
– Il… »
Xu Xingzhi se figea un moment puis se gratta le cou, étrangement mal à l’aise.
« Ce n’est qu’un petit gamin, qu’est-ce que tu en sais ? »
Wen Xuchen le scruta des yeux.
« Il ne fait pas l’affaire ? C’est parce que tu penses toujours à Jiu Zhideng ?
– Quel est le rapport avec Xiao Deng ? »
Xu Xingzhi nageait de plus en plus dans la confusion, alors il ne s’y attarda pas trop. Il passa un bras autour des épaules de Wen Xuechen.
« Toi, ah, arrête de parler de mes affaires. Ici... »
Il pointa soudain Qu Chi du doigt.
« Regarde plutôt celui-ci, il a quatre ans de plus que moi. »
Qu Chi ne s’était pas attendu à ce que cela tombe sur lui, alors il ne put retenir un rire.
« Depuis l’ascension Terme employé quand un cultivateur devient immortel et monte au Ciel. (1) de mon maître, c’est moi qui dirige toutes les affaires du Pic du Yang Vermillon. Alors je n’ai vraiment pas le temps de songer à ces choses-là. »
Wen Xuechen n’accorda même pas un regard à Qu Chi.
« Ce n’est pas lui qui m’inquiète, c’est toi. »
Xu Xingzhi ne s’en soucia pas du tout. Il bondit du fauteuil roulant avec un rire.
« Contente-toi de penser à comment bien traiter Xiao Xian’Er et donne-moi un neveu ou une nièce d’ici l’an prochain. Je n’ai pas besoin que tu t’inquiètes pour moi. »
Il fit quelques pas en avant puis prit un feu d’artifice à la forme étrange d’une pile de feux d’artifice. Il bondit de la pente où il avait été allongé et alluma la mèche avec une torche. Il tint le feu d’artifice dans la main en attendant que la mèche se consume.
« Xuechen, laisse-moi te montrer quelque chose de bien plus intéressant ! »
Après quelques instants, il ouvrit la main et le feu d’artifice déjà agité s’envola dans les airs mais pas très haut. Les étincelles dispersées semblables à des lucioles se répandirent en tourbillonnant au-dessus de leurs têtes.
Xu Xingzhi écarta les bras et regarda Wen Xuechen avec un grand sourire.
Ce dernier ne savait comment réagir.
« Toi… »
Toutefois, dès qu’il ouvrit la bouche, les milliers d’étincelles derrière Xu Xingzhi se ruèrent vers le firmament, transformant le paysage, provoquant des nuages chaotiques d’ombre et de lumière. Les étincelles explosèrent l’une après l’autre pour finir par former deux syllabes qui recouvrirent le ciel et la terre :
Xue – Xian.
Ces deux syllabes restèrent comme gravées dans le ciel et ne disparurent pas avant un long moment.
Zhou Xian s’était déjà installée dans une cour bâtie à la périphérie de la Vallée de la Pure Fraîcheur et elle y resterait jusqu’au jour de son mariage. Elle put également voir de là cette scène grandiose de milliers de fleurs qui s’épanouissaient dans le ciel.
Des milliers d’étincelles retombèrent sur les épaules de Xu Xingzhi, illuminant son visage remarquablement clair, brillant et débridé.
Tous les disciples en restèrent bouche bée. Seules les femmes, après un moment de stupéfaction en voyant le ciel, éclatèrent ensuite d’un rire joyeux, encore plus excitées que s’il s’agissait de leur propre mariage.
Le ruban qui attachait les cheveux de Xu Xingzhi fut agité par le vent. Le jeune homme fit d’une voix forte et claire :
« Xuechen, voici mon cadeau de mariage pour Xiao Xian’Er et toi. Ça te plaît ? »
Wen Xuechen garda les yeux levés vers le ciel et ne répondit pas.
« … Tss. »
Xu Xingzhi descendit de la pente en quelques pas, referma son éventail et s’en servit pour tapoter le torse de l’autre homme.
« Dis quelque chose, ah.
– Où est-ce que tu as trouvé ces feux d’artifice ? Ils ne sont pas trop bruyants et ne me secouent pas comme les autres, » fit alors Wen Xuechen.
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Xu Xingzhi haussa les sourcils et eut un léger rire.
« Je les ai faits moi-même un par un. Je sais qu’avec ta maladie cardiaque, tu n’aurais pas pu supporter les vibrations. Alors, comment ça va ?
– Juste pour faire apparaître ces deux caractères ? »
Le visage de Xu Xingzhi resta calme.
« Bien sûr que c’était juste pour faire apparaître ces deux caractères, ah. Cela ne suffit pas ? »
Wen Xuechen baissa la tête et joua avec ses manches. Il finit par soupirer.
« Celui ou celle qui deviendra ton compagnon de Dao aura bien de la chance.
– Pourquoi tu me reparles encore de ça ? C’est pénible, ah, se plaignit Xu Xingzhi. Tu te prends pour ma mère ou quoi ? »
Un sourire chaleureux se dessina au coin des lèvres de Wen Xuechen et même s’il baissa très vite la tête, on put apercevoir une lueur d’affection dans son regard.
Après la fin des festivités, les disciples de la Montagne de la Tombe du Vent qui étaient venus pour assister au mariage furent renvoyés dans le Pavillon des Invités afin de dormir. Xu Xingzhi bailla d’un air las et se rendit dans la chambre où il logeait temporairement, tout en agitant son éventail.
En voyant de la lumière vaciller dans la pièce au loin, le coin des lèvres de Xu Xingzhi se redressa vers le haut sans qu’il n’en ait conscience. Ce sourire resta en place jusqu’à ce qu’il atteigne la porte de sa chambre.
Au moment où il ouvrit la porte et entra, il fut aussitôt soulevé par la taille par quelqu’un qui tourna avec lui plusieurs fois, jusqu’à ce que Xu Xinzhi s’écrie :
« Ma taille, ma taille ! »
Quand il entendit la douleur dans la voix de Xu Xingzhi, Meng Chongguang l’embrassa sur la joue puis le redéposa par terre, quoiqu’à contrecœur.
« Grand frère martial est sorti s’amuser avec les autres, mais il a laissé Chongguang tout seul dans la chambre. »
Quelques jours plus tôt, Xu Xingzhi avait ravivé sa douleur à la taille pendant qu’il confectionnait les feux d’artifice. Alors déjà qu’il pouvait à peine la toucher, c’était encore pire quand on le tenait par la taille. Il alla au bureau tant bien que mal, prit un tabouret rembourré et s’assit dessus.
« Réfléchis un peu. Qu’est-ce que tu as fait de mal ? »
D’un ton réticent, Meng Chongguang fit :
« J’ai juste embrassé grand frère martial pendant qu’il dormait…
– … en me retirant mon pantalon au passage, pas vrai ?
– C’est parce que grand frère martial m’a trop manqué, fit Meng Chongguang en se tordant la bouche, comme accusé à tort. Tu es parti en mission et tu n’es pas revenu avant deux semaines ! Chongguang a gardé les appartements vides mais il a souffert intérieurement. Alors quand il a revu son grand frère martial, il n’a pas pu se retenir…
– La prochaine fois, c’est toi que j’enverrai en mission tout seul. Comme ça, tu ne souffriras plus intérieurement. »
Xu Xingzhi prit le parchemin en bambou dont l’encre luisait encore, comme pour dissimuler le léger sourire qui se dessina sur ses lèvres.
« Tu as fini de copier le texte sacré que je t’ai demandé de recopier ? »
Dès le premier regard, Xu Xingzhi ne sut s’il devait en rire ou en pleurer.
Au départ, Meng Chongguang avait bien copié le texte sacré de manière régulière mais au fil des pages, son écriture était devenue de plus en plus anarchique, sinueuse et enroulée sur elle-même :
Cela fait un demi shichen que grand frère martial est parti. Où es-tu allé ?Tu es avec petite sœur martiale Yuan ou bien tu vas encore retrouver Sa Si ?
Cela fait un shichen que grand frère martial est sorti. Quand est-ce qu’il va rentrer ?
Deux shichen. Chongguang a envie de revoir grand frère martial. Je veux écarter ses jambes et…
En voyant ça, Xu Xingzhi referma le parchemin d’un air neutre.
« C’est le texte sacré que tu as recopié ?
– C’est ça, » répondit l’autre avec assurance.
Si encore il avait manifesté un peu de honte, cela serait passé. Mais en le voyant si éhonté, Xu Xingzhi se sentit un peu démuni.
« Cette nuit, tu vas dormir dans la salle avec les autres disciples. »
Sans un mot, Meng Chongguang se mit à genoux par terre avec un bruit sourd. Il avança de deux pas à genoux pour saisir la cuisse de Xu Xingzhi. Il posa la tête sur ses genoux et fit d’un ton minaudier :
« Grand frère martial, grand frère martial, je sais que j’ai eu tort et je ne recommencerai plus. Ne me chasse pas, je vais réchauffer le lit pour toi. »
Xu Xingzhi tourna la tête pour résister à l’envie de rire.
« … Réchauffer le lit de qui ? Va dormir par terre. Mais si tu oses monter dans mon lit au milieu de la nuit, tu iras avec les autres disciples. C’est bien compris ? »
En voyant que Xu Xingzhi se montrait indulgent, Meng Chongguang eut un grand sourire. Il se leva proprement pour se jeter dans ses bras. Il déposa un léger baiser sur son front puis caressa du bout des doigts le grain de beauté en forme de larme sous son œil.
« Je vais chercher de l’eau pour que grand frère se lave ! »
Après ce baiser rapide, il se retira tout content, laissant Xu Xingzhi seul. Ce dernier leva la main pour tâter son front brûlant à cause de ce baiser et il jura à voix basse en souriant :
« … Quel petit enfoiré. »
Cela faisait un an que la date du mariage de Wen Xuechen était prévue. Alors que la date se rapprochait, toutes les missions avaient été accomplies, tout était prêt et tout se déroulait dans le calme, sans la moindre panique.
Depuis le matin, les quatre grands maîtres étaient arrivés.
Maître Guang Fu avait dû rester dans la Montagne de la Tombe du Vent afin de régler diverses affaires et n’avait donc pas pu faire le déplacement. Il avait donc voulu simplement envoyer ses vœux de félicitations mais étonnamment, maître Qing Jing, qui ne s’était jamais soucié de ces mondanités, s’était proposé avec empressement.
Ou, selon ses propres termes :
« Il paraît que la liqueur de la Vallée de la Pure Fraîcheur est délicieuse. J’ai bien envie d’y goûter. »
Xu Xingzhi, Zhou Beinan et Qu Chi étaient tous les trois les témoins du mariés. Ils avaient pour mission d’accueillir les invités et les messages de félicitations. Ils furent donc très occupés dès les premières heures de la matinée.
Zhou Beinan fronça les sourcils dès qu’il croisa Xu Xingzhi.
« Tu as déjà bu à cette heure ?
– Quand on boit tôt le matin, cela rend l’esprit plus lucide, répliqua le jeune homme avec nonchalance. Mais je ne suis pas complètement ivre pour autant, je ne troublerai pas la journée. »
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Quand il se fut éloigné, Zhou Beinan et Qu Chi restèrent l’un à côté de l’autre, le premier très inquiet.
« Est-il possible que Xingzhi était vraiment en couple avec ce Jiu Zhideng, dis ? Cela fait presque un an qu’il est parti, pourquoi Xingzhi continue à boire tous les jours comme ça ?
– Xingzhi est extrêmement sentimental. Cela peut se comprendre qu’il n’arrive pas à s’en remettre, fit Qu Chi d’un ton affectueux. Mais il faudrait peut-être qu’on lui parle.
– Jiu Zhideng ne s’en sort pas trop mal, lui, ah, commenta Zhou Beinan avec une pointe d’irritation. Un seul de ses deux grands frères se rebelle toujours, tandis que l’autre est mort d’une maladie. En tout cas, il occupe fermement le trône de Seigneur Démoniaque avec le soutien de Liu Yunhe, alors pourquoi s’inquiéter pour…
– Il n’est qu’une marionnette, pas le vrai Seigneur Démoniaque, objecta Qu Chi. Celui qui détient le vrai pouvoir dans le royaume démoniaque, c’est sans aucun doute ce Liu Yunhe qui se tient derrière lui. »
Zhou Beinan voulut objecter à son tour mais il vit alors Qu Chi se tourner vers lui pour lui lancer un regard aimable.
« Beinan, tu es bien renseigné sur ce qui se passe chez les Démoniaques, ah.
– Ah ?
– La mort du second grand frère de Jiu Zhideng n’a pas encore été rendue publique. Comment ça se fait que tu es au courant ? »
Le visage du jeune homme rougit et il demanda d’un ton sévère :
« Et toi alors, comment tu le sais ?
– Comme je m’inquiétais pour Xingzhi, je suis allé me renseigner exprès. Et toi ?
– Je... »
Zhou Beinan eut tout à coup du mal à respirer.
« … J’ai beaucoup de temps libre, d’accord ? »
Après ça, il agita les mains, furieux, et s’avança rapidement, laissant un Qu Chi rieur derrière lui.
Cependant, il n’avait pas fait trois ou quatre pas qu’il entendit soudain une annonce du porte-parole de la Vallée de la Pure Fraîcheur :
« Le Seigneur Démoniaque Jiu Zhideng est arrivé — »
Qu Chi releva la tête et Zhou Beinan s’arrêta net. Quant à Xu Xingzhi qui était en train de discuter avec Qing Jing sur la plate-forme élevée non loin, il se tourna aussi, choqué.
Avant que les autres maîtres sur la plate-forme ne se mettent à discuter violemment, Qing Jing leva la main et annonça de sa voix douce :
« Ne vous agitez pas, vous tous. C’est moi qui ai envoyé un message pour l’inviter. Après tout, il est mon apprenti. En outre, cela fait des années que les Immortels et les Démoniaques ont cessé de se battre. L’inviter à participer à cet heureux événement est également l’occasion pour nos deux Dao de renouer des liens. »
Bien que Qing Jing parlait d’une voix douce, à cause de sa position de plus détaché de tous les Immortels, les autres maîtres ne purent avoir leur mot à dire. Ils se contentèrent de sourire et d’assurer que cela leur convenait.
Xu Xingzhi fut à la fois surpris et enchanté. Il fit à voix basse :
« … Maître ? »
Qing Jing se tourna vers lui et répondit dans le même ton :
« … Tu es heureux ? »
En voyant le visage rayonnant de son disciple, l’expression de Qing Jing devint encore plus douce.
« Si tu es heureux, c’est tout ce qui compte.
– Maître, vous êtes vraiment trop attentionné. »
Les sourcils de Xu Xingzhi formèrent un arc.
« Cela fait bien longtemps que je n’ai pas vu Xiao Deng. »
À sa grande surprise, Qing Jing fit franchement :
« … Je ne suis pas si attentionné que ça. Ce n’est pas moi qui ai eu l’idée en premier de l’inviter. C’est une certaine personne qui m’a envoyé un message pour me demander d’écrire une invitation afin de l’envoyer au royaume des Démoniaques. Et c’est ce que j’ai fait. »
L’officiel d’accueil reçut les listes des cadeaux apportés par Jiu Zhideng et les cors résonnèrent fortement dans la vallée pour saluer son arrivée.
Quand le bruit des cors mourut, Zhou Beinan lança un regard inquiet à Wen Xuechen, qui arborait sa tenue de cérémonie. Il se rendit compte qu’il n’y avait ni surprise ni dégoût sur son visage, mais au contraire un léger sourire.
En voyant son air, Zhou Beinan en devina la raison :
« … C’est toi qui l’as invité ? »
Le jeune homme redressa un peu le menton.
« Puisqu’il est devenu le Seigneur Démoniaque, je me dois de voir s’il est toujours loyal envers les quatre sectes. Ma cérémonie de mariage est une excellente occasion d’observer ses mouvements. J’ai envoyé un message à maître Qing Jing pour lui demander d’envoyer personnellement une invitation au royaume démoniaque. Je n’étais pas sûr qu’il viendrait vraiment. »
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Zhou Beinan remarqua :
« Pourquoi tu n’as pas plutôt demandé à Xingzhi ? Jiu Zhideng est en train de réorganiser totalement la voie démoniaque, du début à la fin, et c’est le bordel. Il n’aurait naturellement pas refusé un message de Qing Jing mais si c’était Xu Xingzhi qui l’avait personnellement invité, jamais il n’aurait refusé, tu ne crois pas ? »
Wen Xuechen : « … »
Zhou Beinan plissa les yeux.
« Tu voulais faire la surprise à Xingzhi ? »
Les joues de Wen Xuechen se teintèrent d’un rouge assorti aux vêtements de mariage qu’il portait. Il s’éloigna vite sur son fauteuil roulant.
« … N’importe quoi. »
L’accueil de Jiu Zhideng fut extrêmement long et il ne fallut pas moins d’un quart d’heure à l’officiel pour lire la liste de présents jusqu’au bout. Quand le dernier mot fut prononcé, Jiu Zhideng put franchir les portes de la vallée sans problème.
Il portait une tunique vert foncé toute simple, mais cela ne pouvait dissimuler sa magnifique posture de grue. Il se dégageait de lui un air un peu frais, comme le clair de lune à travers une fenêtre en jade. En diagonale derrière lui se trouvait Liu Yunhe, vêtu d’une tunique bleu corbeau.
Jiu Zhideng marcha sur le chemin principal jusqu’à arriver devant la plate-forme en hauteur. Sans laisser le temps à Liu Yunhe de l’en empêcher, il croisa ses mains dans ses manches et s’inclina pour saluer :
« Maître. »
Liu Yunhe dut se résoudre à s’agenouiller avec lui.
Ce geste ne semblait pas inapproprié, mais il fit froncer les sourcils à Zhou Beinan, Wen Xuechen et plusieurs autres cultivateurs à l’unisson.
… Il semblait bien Jiu Zhideng n’était pas une marionnette en fin de compte. Il pouvait avancer et reculer à sa guise. Au contraire, Liu Yunhe semblait quelque peu le craindre ?
Après s’être incliné devant Qing Jing, Jiu Zhideng s’inclina encore plus profondément devant la plate-forme :
« Grand frère martial. »
Il n’embarrassa pas Xu Xingzhi et le temps durant lequel il s’inclina devant lui fut un peu plus bref que devant Qing Jing.
Liu Yunhe dut de nouveau saluer avec son seigneur.
Jiu Zhideng continua à saluer avec courtoisie les maîtres immortels présents. Puis il leur fit d’un ton ni trop humble, ni trop arrogant :
« Maîtres, ce junior est venu aujourd’hui présenter ses félicitations en toute hâte. Je suis navré pour la gêne occasionnée et j’espère que vous aurez la bonté de me pardonner. »
Ses manières étaient irréprochables et même si certains de ces maîtres haïssaient les gens d’un autre Dao, il était également un invité. Ils ne voulurent donc pas faire un esclandre et hochèrent poliment la tête à l’intention de Jiu Zhideng.
Xu Xingzhi et Qing Jing échangèrent un regard, puis Xu Xingzhi fit quelques pas en avant. Il prit Jiu Zhideng par le bras pour le relever et fit avec un immense sourire dans sa voix et sur son visage :
« … Seigneur, veuillez prendre place. »
En touchant la paume froide de Xu Xingzhi, Jiu Zhideng, qui était resté calme depuis qu’il était entré dans la secte, frémit d’émotion. Il saisit fermement son bras et refusa de le lâcher un moment. Ses lèvres pâles se teintèrent d’un léger rouge animé :
« Grand frère martial… »
Non loin de là, le visage de Meng Chongguang était devenu complètement sombre.
La parole à l’auteuse :
Grand frère martial : Moi, la grande mascotte de tous, distribue le pognon.
Qu Chi : Très bien : donne, donne, donne.
Wen Xuechen / Zhou Beinan : … mdzz (prennent l’argent en silence)
#le monde entier chouchoute grand frère martial#
Note de Karura : Xu Xingzhi revoit enfin Jiu Zhideng… mais ce n’est pas pour plaire à Meng Chongguang qui est seulement en train de courir derrière son grand frère martial.
Notes du chapitre :
(1) Terme employé quand un cultivateur devient immortel et monte au Ciel.
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