Le méchant est outrageusement beau 107

Chapitre 107 : Tout le monde souffre


Sa Si mena le groupe vers le sud.

Au moment de leur départ, l’aube était sur le point de poindre dans le ciel. C’était comme si un être céleste ivre avait nonchalamment brisé l’ordre des nuages pour la journée. Quelques rayons rouges s’échappaient à travers les trouées dans les nuages, la couleur faisant penser à des piliers vernis en vermeil.

Sa Si était en tête et Xu Pingsheng le suivait. Ce dernier regardait très souvent en arrière, très inquiet au sujet de ce jeune homme avec un grain de beauté en forme de larme qui tenait un éventail.

Le jeune homme en question remarqua son regard et lui sourit légèrement sous la faible lueur du matin.

Xu Pingsheng réfléchit et lui adressa un sourire en retour. Son sourire était plutôt maladroit mais venait du fond du cœur.

Il se tourna de nouveau joyeusement.


Pour une raison quelconque, le sourire de ce jeune homme l’avait rendu très heureux, comme si durant toutes ces années, il avait seulement attendu de voir ce visage souriant et indemne.

Sa Si lui jeta un regard en coin, les sourcils redressés.

« Tu es heureux, pas vrai ? »

Xu Pingsheng remonta gaiement l’écharpe autour de son cou pour cacher sa cicatrice, se couvrant ainsi la bouche. Il contredit l’autre homme d’une voix étouffée :

« … Pas vrai. »

Les cadavres réveillés étaient tous différents, mais ils partageaient le même entêtement. C’était tout particulièrement vrai pour Xu Pingsheng qui avait été transformé à la va-vite. Cela faisait bien longtemps que ses souvenirs étaient de la chair à pâté. Sa Si avait pris grand soin de lui pendant des années avant de finalement renoncer à l’idée de lui faire retrouver ses souvenirs il y avait deux ans.

Cependant, il avait entendu des gens parler de l’ancien Xu Pingsheng. En comparaison, le Xu Pingsheng actuel semblait bien plus agréable.


Sa Si se planta devant lui et abaissa un peu son écharpe. Il put voir les lèvres étirées vers le haut.

« … Yo, tu souris. »

Xu Pingsheng effaça aussitôt son sourire de son visage. Il fit les gros yeux et prit un air très en colère.

Sa Si éclata de rire et lui pinça le bout du nez, ce qui fit reculer Xu Pingsheng. Ensuite, Sa Si passa un bras autour de ses épaules avec naturel.

Xu Pingsheng se força à endurer ça sans plus se soucier de lui.

En ce moment, Sa Si se rendit compte que Xu Pingsheng était vraiment d’humeur joyeuse. Sa sale manie de tout toucher lui revint de nouveau et il tendit la main pour caresser ses cheveux comme si c’était un gros chien. Étonnamment, au moment où sa main entra en contact avec les cheveux de l’autre, Xu Pingsheng le repoussa vivement, le faisant presque tomber de l’épée.

« … Elle les a attachés pour moi. N’y touche pas. »


Sa Si vacilla un peu avant de reprendre son équilibre. Ses yeux d’un bleu de corbeau dévoilèrent une lueur de doute.

« ‘Elle’ ? Qui ça, ah ?

– Elle… »

Xu Pingsheng se mit à rougir un peu.

« C’est elle. Elle a dit que mes cheveux étaient tout emmêlés, alors elle les a noués avec un ruban pour moi. »

Sa Si se vexa aussitôt.

« Tu n’as aucune reconnaissance ou quoi ? Je t’ai attaché les cheveux tant de fois, alors où est le mal à ce que j’y touche ? Ah ? Où est le mal ? »

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Suivant de près le maître et son esclave qui se querellaient, Meng Chongguang était encore rempli de suspicion. Il n’hésita pas à dire du mal de Sa Si :

« Grand frère martial, il fait partie du Dao Démoniaque…

– Depuis quand tu attaches autant d’importance à la différence entre les immortels, les Démoniaques et les Revenants ? »

Xu Xingzhi montait sur la même épée que lui, alors il avait une vue directe sur les changements d’expression de son visage. Il ne savait pas ce qui se passait dans la tête de ce petit gars. Il serra fort son éventail en bambou et s’en servit pour tapoter délibérément le grain de beauté cinabre sur le front de l’autre homme. Il fit avec un demi-sourire :

« … Hein ? »

Le front de Meng Chongguang était très sensible à cause de son noyau de démon. Comment aurait-il pu supporter le petit coup à moitié provocateur et à moitié fâché de Xu Xingzhi ? Sa virulence diminua de moitié et il se couvrit le front, murmurant :

« Je veux dire…

– … Même s’il me conduit directement à Jiu Zhideng, cela m’épargnera simplement la peine. »

Xu Xingzhi tendit le cou et souffla contre son oreille.

« Ne t’inquiète pas. »


Meng Chongguang n’avait qu’une tolérance très étroite, pas plus grande que le chas d’une aiguille. À chaque fois qu’il se remémorait l’époque où il avait caché des choses à son grand frère martial, il ne pouvait s’empêcher d’en vouloir à Sa Si.

Si Sa Si ne s’était pas précipité en tout hâte à la recherche de son grand frère martial, alors le grand frère martial n’aurait pas foncé tête baissée pour attaquer Jiu Zhideng sous le coup de la colère. Et du coup, ils n’auraient pas été séparés pendant treize ans…

Rien que penser à ça rendait Meng Chongguang très malheureux. Mais en plus, il fallait toujours que ce type passe un bras autour des épaules de son grand frère martial à chaque fois qu’il le voyait, ce qui le rendait très détestable.


« S’il s’est allié au Dao Démoniaque et fait ça pour détourner notre attention, ils vont en profiter pour aller au mont Dawu attaquer grande sœur martiale Yuan et les autres…

– Bien que Sa Si ne ferait jamais une chose pareille, nous devons rester sur nos gardes. Et si les cultivateurs démoniaques essaient de s’en prendre à Ruzhou… »

Xu Xingzhi pencha la tête sur le côté et eut un sourire :

« … Alors ils cherchent la mort. »

Avec son visage et son regard flamboyants, Xu Xingzhi avait vraiment l’air très séduisant. En le voyant ainsi, Meng Chongguang sentit que sa gorge le brûlait mais il ne pouvait à nouveau rien y faire, ce qui le mettait très mal à l’aise. Il ne put que saisir la joue de Xu Xingzhi du bout des doigts et le forcer à lui faire face. Puis il se pencha et suça ses lèvres avec amour.

Xu Xingzhi fut très content de se faire embrasser.

« Ça va, ça va, arrête tes histoires. On est en altitude et il y a trop de vent. »


De son côté, Qu Chi regarda avec un sourire le couple qui roucoulait. Ses yeux se remplirent de chaleur et par habitude, il tendit la main sur le côté, comme s’il y avait toujours cette personne à côté de lui qui était normalement inséparable.

Mais quand sa main ne saisit que du vide, les yeux du jeune homme devinrent également vides.

Cependant, il dissimula sa solitude en quelques instants. Il tourna la tête pour contempler le ciel où venait d’apparaître le soleil et en fut un peu ébloui.

Xu Xingzhi et Meng Chongguang se séparèrent rapidement. Xu Xingzhi pressa l’épaule du jeune homme, puis bondit pour atterrir sur le dos de Qu Chi.

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L’épée de Qu Chi trembla un peu à cause du poids en plus, mais Qu Chi avait toujours été très stable. Même avec Xu Xingzhi avachi sur son dos, ce poids bien réel et stable lui apporta plutôt un certain réconfort.

« … Xingzhi, je t’ai toujours sur le dos, hein ? »

C’était rare que Qu Chi fasse une blague, pourtant Xu Xingzhi ne réagit pas.

Il passa un bras au-dessus des épaules de Qu Chi, prit son fouet au manche de jade et fourra autre chose dans la main de son ami.

« Tiens-le bien. »

… C’était la bourse qu’il avait prise à Meng Chongguang durant leur baiser, la bourse qui contenait l’âme brisée de Tao Xian.


* * *


Quand ils arrivèrent à la montagne de Qiemo, Qu Chi tenait précieusement toujours la petit bourse en brocart qui luisait légèrement, se sentant un peu confus.

Les paroles que Meng Chongguang venait de prononcer retentissaient encore à ses oreilles :

« … Si tu veux qu’il possède un être vivant, ne pense même pas à un humain, un oiseau, un animal ou un poisson. Il ne reste plus qu’un fin filament d’âme et il est extrêmement faible. S’il se confronte à une âme vivante, il se fera aussitôt absorber.

« Il est toujours possible de lui faire posséder un corps mort puis de le faire ensuite revenir à la vie, mais ce fragment d’âme ne peut que survivre au mieux dans un insecte ou une fourmi. De plus, ses six sens et ses cinq émotions se sont déjà dispersés. Même après sa résurrection, il ne se rappellera pas qu’il était un humain à la base, et encore moins… celui qu’il était de son vivant.

« En plus, tu dois vite te décider, grand frère martial Qu. Ce restant d’âme est vraiment très affaibli. Je vais faire de mon mieux pour le protéger, mais je ne peux le garder en vie que trois jours tout au plus… »


Après avoir atterri, Qu Chi regarda tout autour et la première chose qui lui sauta aux yeux, ce fut un jeune arbre solitaire.

Derrière lui, Xu Xingzhi entendit Qu Chi murmurer :

« … Un pêcher, ah. »

La montagne de Qiemo se trouvait au sud, où le climat était humide et chaud. Cela ne convenait donc pas à la culture des pêchers. Ce petit arbre squelettique avait subi la voracité des oiseaux qui étaient ensuite partis le digérer à plusieurs milliers de li.

Parmi les grands et droits sapins d’eau qui restaient verts même en plein hiver, ce petit pêcher avait l’air pitoyable de celui qui tentait de survivre, baissant la tête et se faisant le plus petit possible. Il n’y avait qu’une ou deux fleurs hideuses sur ses branches. Il y avait fort à parier qu’elles ne donneraient aucun fruit dans l’année.

Pour une raison mystérieuse, quand il vit ce petit arbre qui ressemblait tellement à cet homme, Qu Chi avait déjà la réponse dans son cœur.

Cet arbre est faible et a perdu son âme.

Ici, c’est peut-être le meilleur abri possible.


Tenant la bourse en main, il s’avança vers le petit arbre. Il ouvrit la bourse et laissa la faible étoile en sortir.

Le petit restant d’âme erra dehors avec confusion. Il fit plusieurs tours, puis entra en collision avec le pêcher tout rabougri. Il serra les pétales et trembla avec eux, jusqu’à finalement se repérer. Comme un petit poisson, il se glissa avec obéissance dans la longue manche de Qu Chi.

L’homme fit venir le restant d’âme au-dessus de sa paume et le porta à ses yeux. Il fit d’un ton doux :

« Entre dans cet arbre. Je viendrai assurément te récupérer au printemps prochain. »

Le restant d’âme ne pouvait pas comprendre ce qu’il disait, alors il resta bien tranquillement dans sa paume. Qu Chi l’amena jusqu’à une branche et quand le restant d’âme s’était à moitié fondu au bout de la branche, il parut se réveiller. Deux petites tentacules comme des bras émergèrent de l’âme transparente qui se tortillait et s’agrippèrent au bout des doigts de Qu Chi.

Mais il n’avait pas assez de forces et ne pouvait pas attraper quoi que ce soit. En un instant, il avait disparu dans la branche.


* * *


Une fois le restant d’âme de Tao Xian placé, Sa Si conduisit Xu Xingzhi et les autres à pied à travers la montagne.

Depuis qu’ils étaient entrés dans la montagne, Sa Si n’avait plus dit un mot, comme s’il avait peur et redoutait un être céleste. Cela n’avait rien à voir avec son comportement d’ordinaire insouciant et naturel.

Xu Xingzhi lui demanda avec curiosité :

« Qu’est-ce que tu veux me montrer, au juste ? »

Sa Si garda le silence. Xu Pingsheng, qui savait clairement ce qu’ils allaient voir, ne répondit pas non plus mais il demanda à Sa Si :

« Tu crois qu’ils vont se montrer ?

– Il devrait en rester certains, » répondit laconiquement Sa Si.

Cet échange qu’il ne comprenait pas rendit Xu Xingzhi encore plus soupçonneux. Il ne put s’empêcher de tourner la tête pour regarder Qu Chi.

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Il se rappela que Qu Chi avait dit qu’il avait rencontré Sa Si en chemin.

Xu Xingzhi avait toujours eu une bonne relation avec Sa Si, alors il lui faisait naturellement confiance. Au contraire, Qu Chi n’avait eu aucune interaction avec lui auparavant et il avait toujours été du genre sérieux. Si Sa Si n’avait pas eu vraiment quelque chose d’important à lui montrer et s’il ne lui avait pas apporté une preuve fiable, alors Qu Chi n’aurait jamais accepté de révéler à Sa Si où se trouvaient les rescapés des Terres Sauvages.

Pendant que Xu Xingzhi échafaudait mille hypothèses, Sa Si s’arrêta tout à coup devant un vieux saule.

Il se tourna vers lui.

« … Xingzhi, il y a bien des années, je n’ai pas été à la hauteur de la confiance que tu avais placée en moi. »


Sa Si arborait un air sérieux, chose rare, comme si derrière le saule se trouvait un secret de la plus haute gravité. Mais ses yeux au charme inné n’étaient clairement pas faits pour être sérieux, ils étaient bien trop solennels, ce qui fit rire un peu Xu Xingzhi.

« … Pourquoi tu ressors cette vieille histoire maintenant ? »

Ce n’était pas la faute de Sa Si s’il n’avait pas bien pu veiller sur Jiu Zhideng qui s’était ensuite rebellé. Treize ans auparavant, Sa Si était encore bien jeune : il ne se souciait que de la voie de l’épée et pas du reste. Même Xu Xingzhi fut surpris qu’un tel Sa Si se souvienne si vivement d’une promesse vieille de treize ans faite à un ami Daoïste.

Sa Si cessa de parler et tendit sa manche. Xu Xingzhi sentit un souffle de vent sur son visage. Une lumière éblouissante se mit à clignoter et il eut l’impression que son corps s’envolait. Quand il rouvrit les yeux, le décor autour de lui avait changé. C’était un royaume secret dans la montagne, contenant des pauvres cabanes au toit de chaume, une longue rue où s’étendaient des petits pavillons, tel un jardin de pêchers reculé.


Avant que Xu Xingzhi n’ait eu le temps de regarder les alentours, un cultivateur vêtu tout de blanc et avec une capuche en chanvre arriva d’un coin du royaume caché. Il aperçut alors Sa Si qui était en tête.

Il s’inclina poliment devant lui :

« … Jeune maître Sa. »

Après l’avoir salué, le cultivateur se rendit compte qu’il y avait des visiteurs derrière Sa Si.

Il regarda par-dessus l’épaule de l’homme et après à peine un regard, l’encensoir qui fumait encore dans sa main tomba par terre, répandant de la poussière d’encens partout sur le sol.

Xu Xingzhi vit aussi clairement le visage de ce jeune homme et il retint son souffle un moment.

« … Toi… »


L’homme pressa la main sur son épée et fit deux pas en direction de Xu Xingzhi, titubant comme s’il marchait dans son sommeil. Puis il se mit à crier :

« Que tout le monde sorte ! Venez tous ! C’est grand frère martial Xu et grand frère martial Qu ! C’est — »

Ce cri parut épuiser toutes ses forces. Après ça, son visage robuste s’effondra comme la cime d’une montagne et il tomba à genoux en pleurant. Ses rotules heurtèrent le sol avec un bruit sec, soulevant la poussière et le brouillard accumulés depuis treize ans. On aurait dit qu’il avait passé ces treize années à avancer sur ses genoux, pas par pas.

Il s’appuya d’une main sur son épée et s’écria, les larmes aux yeux :

« Cai Canglan de la province de Lu, disciple de la Montagne de la Tombe du Vent sous la tutelle de maître Guang Fu, salue grand frère martial !!! »


Après l’appel de Cai Canglan, un grand nombre de gens sortirent en courant des cabanes miteuses.

Les tenues qu’ils portaient étaient devenues blanches et usées à force d’être lavées, mais on pouvait reconnaître sans se tromper qu’il s’agissait des uniformes des anciennes quatre grandes sectes.

Les lèvres de Xu Xingzhi pâlirent, puis reprirent leur couleur rouge. Le sang brûlant remonta dans son torse, provoquant des taches de lumière devant ses yeux.

… Treize années, treize années étaient plus qu’assez pour faire bouillir le sang de qui que ce soit.

Il avait cru que hormis ceux qui s’étaient échappés des Terres Sauvages avec une haine profondément ancrée, personne ne serait assez bête pour s’accrocher aux quatre grandes sectes et refuser de partir.


Sa Si se tint debout en s’appuyant sur son épée et il fixa Xu Xingzhi :

« Moi, Sa Si, ne manquerais jamais à ma parole envers un ami Daoïste. Il y a en tout 1 300 personnes de la Montagne de la Tombe du Vent, 935 disciples du Pic du Yang Vermillon et 378 personnes qui ont fui l’Île du Fleuve Céleste. Moi, Sa Si, je les ai protégés pour toi. »

Xu Xingzhi partit d’un rire tremblant.

« … Idiot. »

Sa Si l’imita et rit.

« En comptant Xu Pingsheng et moi, cela fait un total de 2 615 idiots à ton service. »

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* * *


Pendant ce temps, sur l’Île de l’Épée Cédée qui faisait partie de l’Île du Fleuve Céleste, dix cadavres étaient allongés en rang par terre, recouverts d’une couverture blanche.

Jiu Zhideng souleva les couvertures blanches de la pointe de son épée et vit un amas dégoulinant de rouge et de blanc. Les têtes ressemblaient à des pastèques pourries mais on pouvait encore reconnaître le visage des morts. Leurs expressions montraient une peur immense, comme s’ils avaient vu des fantômes féroces ou bien des dieux durant leurs derniers instants.

Jiu Zhideng examina leurs blessures un bon moment, puis il retira son épée.

« La couleur est violet foncé et ça a la forme d’un mille-pattes. C’est la marque de brûlure par des feux fantômes. »

Sur le côté, Zhou Yunlie suggéra :

« Ce doit être l’œuvre du clan des Revenants. »


Jiu Zhideng ne se prononça pas. Il se tourna sur le côté et demanda au disciple Démoniaque qui avait trouvé les corps :

« Quelle est la situation actuelle sur l’Île du Fleuve Céleste ? »

Le disciple joignit ses mains en coupe et répondit avec respect :

« En réponse au maître, après avoir découvert les cadavres cette nuit, la Grande Formation de Protection de l’Île a été enclenchée, alors même un oiseau n’aurait pas pu s’échapper. Celui qui a assassiné tous ces disciples doit encore se trouver ici ! »

Jiu Zhideng ordonna de manière concise :

« Retrouvez-le. »

Après ça, au lieu de superviser les disciples Démoniaques qui s’éparpillaient, il se tourna et fixa Zhou Yunlie d’un air glacial :

« Maître Zhou est doué à la lance, n’est-ce pas ? »

Le visage de l’homme était fermé, on ne pouvait pas en tirer le moindre indice, et sa réponse fut tout autant diplomate :

« C’est trop d’honneur pour moi. Le maître est vraiment trop bon de me louer ainsi. »


L’épée dans la main de Jiu Zhideng bourdonna fortement et la lame sortit de son fourreau. Les sourcils de Zhou Yunlie frémirent un peu en entendant le bruit de l’épée. Jiu Zhideng souleva de nouveau un des draps blancs avec la pointe de son épée et fit d’un ton où on pouvait difficilement distinguer la moindre émotion ou colère :

« Ce Revenant s’est servi d’une lance. Maître Zhou peut très certainement identifier la technique dont il s’est servi ? »

Le visage de Zhou Yunlie reprit une expression de calme après ce léger choc, comme si son visage était devenu un bloc uniforme de métal après des années à raffiner des pilules avec son fourneau.

« … C’est la technique de l’Île du Fleuve Céleste. »

Il chérissait ses mots comme de l’or et refusait d’en dire un de plus que nécessaire. Le fait qu’il ne se hâte pas de se défendre ne le fit pas apparaître comme coupable.


Jiu Zhideng fit simplement :

« Oh ?

– Quand l’Île du Fleuve Céleste s’est rendue, plus d’une centaine de disciples se sont enfuis, spécula lentement Zhou Yunlie. Ils se sont peut-être infiltrés en cachette sur l’île et ont attendu l’opportunité d’agir. »

Jiu Zhideng baissa les yeux vers le cadavre.

« … Ce genre de technique, cela me rappelle quelqu’un en particulier. »

Le cœur de Zhou Yunlie manqua un battement. Instinctivement, il voulut tenter de discerner les pensées de Jiu Zhideng en l’observant mais il croisa alors deux pupilles qui semblaient recouvertes de vernis.

… Jiu Zhideng ne regardait plus le cadavre, il le regardait lui.

Les yeux des Démoniaques n’étaient pas comme ceux des gens ordinaires, il était difficile de lire dans leurs regards. Tandis que Jiu Zhideng était en train de le fixer attentivement, ses yeux n’étaient plus comme d’habitude : ils semblaient couverts d’une fine couche de brume rouge transparente, ce qui empêchait les gens de déterminer les émotions contenues à l’intérieur.


Zhou Yunlie eut l’impression de sombrer dans un abîme. De la sueur froide coula abondamment sur son dos et une sensation de picotement remonta le long de ses mollets, comme si des fourmis et des insectes gravissaient ses jambes.

… Se pouvait-il que Beinan avait été découvert ?

Il mobilisa discrètement son pouvoir spirituel et attendit que Jiu Zhideng passe à l’attaque, mais ses paumes étaient déjà moites.

Toutefois, après que Jiu Zhideng ait remis le drap blanc en place, il lâcha doucement son épée qui retourna dans son fourreau.

Au bruit sec de la lame qui se rengainait, Zhou Yunlie poussa un discret soupir de soulagement. Avant que sa sueur n’ait fini de sécher, il entendit Jiu Zhideng faire d’une voix tranquille :

« Maître Zhou, il faudra un certain temps aux disciples pour fouiller l’île. Tu pratiques l’alchimie toute l’année sans jamais quitter ton antre. J’aimerais bien visiter ta pièce d’alchimie pour voir les nouveaux élixirs que tu as raffinés. Tu veux bien ? »

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* * *


Dans la montagne de Qiemo, Xu Xingzhi et Sa Si étaient assis côte à côte.

Entre le vent et l’eau clair, les nuages blancs exprimant de tendres sentiments, Xu Xingzhi transforma le Pinceau Libre en service à liqueur. Il servit deux coupes et en donna une à Sa Si.

La tunique de Xu Xingzhi était trempée au niveau de l’épaule gauche. C’était à cause d’une disciple de la Montagne de la Tombe du Vent qui l’avait pris dans ses bras et avait pleuré toutes les larmes de son corps tout à l’heure. Le tissu trempé soulignait un peu le creux de la clavicule.

Après le ravissement et la tristesse initiales, tout le monde s’était mis à réfléchir à des problèmes plus pratiques.

Les disciples voulaient savoir comment ils avait survécu dans les Terres Sauvages et Qu Chi voulait également savoir ce que ces disciples avaient vu et entendu dans le monde réel. Cependant, Xu Xingzhi n’était ni du monde présent ni des Terres Sauvages, alors il ne pouvait guère se mêler à ces conversations. Il laissa donc Qu Chi se charger de compter les disciples de chaque secte, de les répertorier et au passage de répondre à leurs diverses questions. Il laissa aussi Meng Chongguang et Xu Pingsheng pour l’aider, tandis que Sa Si et lui avaient quitté le royaume secret et étaient venus ici pour boire et bavarder.


Sa Si prit la coupe et la vida cul-sec. Il lâcha un ah et des larmes apparurent au coin de ses yeux.

Il était le partenaire à l’épée de Xu Xingzhi, pas son compagnon de beuverie. Sa tolérance à l’alcool se limitait à un ou deux verres, pas plus.

Sa Si ressuya les larmes brûlantes de ses yeux avec son pouce, puis rendit la coupe à son ami.

« J’ai eu ma dose.

– Tu n’es pas capable de boire ? »

Xu Xingzhi se versa ensuite une coupe pour lui.

« … Pas trop, répondit Sa Si. J’ai été très occupé avec ces gens, où aurais-je trouvé le temps de boire ?

– Comment tu les as trouvés ?

– Xu Pingsheng, fit l’homme avec un sourire. Quand je l’ai récupéré dans l’arrière-montagne de la Tombe du Vent, il n’avait plus toute sa tête. À part crier ton nom, il n’arrêtait pas de répéter ‘la montagne de Qiemo’, alors j’ai cru que c’était là-bas que tu te trouvais. Mais une fois là-bas, j’ai eu beau regarder partout, je n’ai trouvé qu’un groupe de gens qui se terraient. J’ai cru que ma tête allait exploser. Ce petit enfoiré m’avait vraiment bien menti. »


Xu Xingzhi éclata de rire. Il arrivait très bien à imaginer la tête d’ébahi qu’avait fait Sa Si qui aurait tout donné pour pouvoir tourner les talons et déguerpir.

« C’est comme ça que tu as fini par t’occuper d’eux ?

– Comme si j’aurais pu faire autrement ! »

Sa Si fit une grimace exagérée.

« Je les avais déjà vu face à face, comment auraient-ils pu me laisser bien gentiment partir ? J’aurais dû leur dire ‘Désolé de vous avoir dérangés, parlez tranquillement entre vous pendant que je m’en vais’ ? Tu crois qu’ils ne se seraient pas alors rassemblés, chacun avec leur épée, pour me couper en petits morceaux afin de me réduire au silence ? »

Cela amusa Xu Xingzhi qui trinqua avec lui.


Sa Si but une autre coupe. Il siffla et haleta à cause de la chaleur brûlante, puis il parla en zozotant un peu :

« Ces gens et moi avons convenu d’un accord en trois points : je leur fournis des pierres spirituelles afin qu’ils puissent se cacher et cultiver en toute sécurité. Deuxièmement, ma cachette n’est pas une prison : ils peuvent partir quand ils veulent mais ils doivent venir me voir pour me laisser leur nom. Une fois dehors, ils doivent garder le secret : peu importe que ce soit sur leur lit de mort ou après avoir bien bu, ils ne doivent parler à personne de cet abri. Si quelqu’un ose s’enfuir en cachette ou nous trahir en public, qu’il n’oublie pas que je fais partie du Dao Démoniaque : que ce soit aux confins de la terre, si je le retrouve en vie, je le tuerai sans laisser son corps intact. Et s’il est déjà mort, je réduirai ses os en poussière. »

Le jeune homme ressemblait énormément à son oncle : une fois que ses yeux de phénix rouge d’un bleu de corbeau devenaient acérés, ils étaient aussi tranchants qu’une lame. Mais très vite, l’éclat acéré fut dilué dans la brume de l’ivresse.

« … Mais tout le monde semble être quelqu’un de très intègre. Depuis tout ce temps, beaucoup de gens sont partis mais pas un seul ne nous a dénoncé.

– … Combien de gens sont partis ? »


Après deux verres de liqueur, le visage de Sa Si était devenu rouge et ses yeux s’étaient mis à briller. Il répondit à Xu Xingzhi, aussi connaisseur que s’il énumérait ses richesses :

« La première année, très peu de gens sont partis. Mais à la fin de la troisième année, beaucoup de gens s’en sont allés. Le record a été durant la quatrième année, avec 736 départs. Par la suite, ça a diminué… Au fait, il y a eu des disciples qui sont partis errer à l’extérieur pendant quelques années et qui sont revenus par la suite.

– Tant de gens. Comment tu as fait pour réussir à t’en occuper pendant toutes ces années ? »

Sa Si se détendit et répondit :

« Hai, tu sais que le Dao Démoniaque m’a toujours ignoré. Je suis un oiseau sauvage, je suis un solitaire. Depuis treize ans qu’il dirige le Dao Démoniaque, j’ai cherché un endroit pur et lointain avec des montagnes et des rivières, et je l’ai monopolisé pour cultiver. Personne n’a osé me dire quoi que ce soit. »

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Xu Xingzhi jeta un coup d’œil au vieux saule et se demandant combien de temps et d’efforts cela prenait pour maintenir ce royaume secret.

Ce n’étaient pas les treize années de n’importe qui mais celles de Sa Si, un jeune homme insouciant, libre et sans attache.

Xu Xingzhi le servit une troisième fois.

« Tu as travaillé dur ces dernières années. »

Sa Si n’avait vraiment aucune tolérance à l’alcool : il était déjà ivre, assis en tailleur et adossé contre un rocher près de l’arbre mort. Il lui jeta un regard du coin de ses yeux séduisants :

« Ce n’étaient que treize années, ça peut aller. J’ai bien cru que tu ne reviendrais jamais. »

Un peu intrigué, Xu Xingzhi lui demanda :

« Qu’est-ce que tu aurais fait si je n’étais vraiment jamais revenu ?

– Si tu ne pouvais pas revenir, j’aurais continué à m’occuper d’eux pour toi. »

Sa Si tint la coupe à deux mains et la but comme du thé. Cela teinta sa lèvre supérieure d’un rouge vif.

« Et une fois que tout le monde serait parti, j’aurais été voir Jiu Zhideng.

– Pour quoi faire ? »


Le jeune s’assit, un peu ivre, et reposa sa coupe de liqueur. Il posa ensuite la tête sur l’épaule de Xu Xingzhi qui sentait encore l’alcool et fit entre deux hoquets

« … J’aurais été le voir pour le tabasser à cœur joie et te venger. »

Xu Xingzhi se pencha contre lui en silence, sachant au fond de son cœur que leur amitié ne pourrait rester aussi chaleureuse que quelques jours, puis que la nouveauté s’en irait et que cela redeviendrait certainement une autre série de taquineries et de bagarres. Sa Si allait profiter de cette petite faveur pour lui courir derrière en réclamant un combat à l’épée et Xu Xingzhi serait si agacé qu’il aurait envie de le dégager avec un coup de pied au cul.

Il pouvait voir d’un coup d’œil leur avenir rempli de feux d’artifice, alors de tels moments de tendresse étaient extrêmement rares.


Xu Xingzhi fit doucement :

« Merci. »

Sa Si tendit la main pour tirer sur les cheveux de Xu Xingzhi mais il ne visa pas très bien : quand il toucha les cheveux, sa main n’était pas bien placée pour les tirer, alors il regretta son geste.

« … Merci, mon cul ! Accepte plutôt de te battre avec moi à l’épée.

Ai ai. »

Xu Xingzhi fut amusé de le voir mentionner l’épée une fois ivre.

« C’est une autre histoire, ne gâche pas ce moment.

– … Des duels à l’épée. »

Sa Si agita obstinément un doigt devant les yeux de son ami.

« C’est une promesse… Des combats à l’épée à vie. »

Xu Xingzhi se resservit de la liqueur.

« Qui t’a dit ça, ah ? »


Sa Si n’arrivait plus très bien à articuler à présent, à tel point que Xu Xingzhi avait peur qu’il ne se morde la langue.

« Tu as oublié ? Quand on s’est rencontré pour la première fois, tu m’as promis… »

Après ça, il tira sur le bras de Xu Xingzhi et demanda :

« … Tu te rappelles encore de notre première rencontre ? »

Xu Xingzhi porta la coupe à ses lèvres et réfléchit à la question.

Après un moment, il fit avec surprise :

« Je ne m’en souviens plus. »

… Cela faisait vraiment bien trop longtemps, si longtemps qu’il n’arrivait même plus à se rappeler ce qui s’était passé lors de leur première rencontre. Il avait vaguement l’impression qu’ils s’étaient croisés sur une route de manière ordinaire et que ça avait été du genre ‘tu ne m’aimes pas et je ne t’aime pas’. Ils s’étaient ensuite battus et avaient vite fait connaissance, et voilà comment ils étaient devenus en un rien de temps des amis Daoïstes durant la moitié de leur vie.

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Xu Xingzhi demanda à Sa Si :

« Et toi, tu t’en rappelles encore ? »

Sa Si ouvrit ses yeux confus d’ivrogne et réfléchit un moment. Il éclata ensuite de rire tout en serrant le bras de son ami.

« Je ne m’en souviens plus, je ne m’en souviens plus. Pourquoi se rappeler de ça ? »

Pendant que les deux étaient en train de bien s’amuser, Xu Xingzhi sentit soudain un vent glacial soufflant sur sa nuque. Un peu affolé, il se tourna sans réfléchir et sans surprise, il vit Meng Chongguang qui se tenait non loin de là, à les observer en silence.

Xu Xingzhi inspira brusquement comme s’il avait une rage de dents.

Meng Chongguang regarda les deux hommes qui se tenaient bras dessus, bras dessous, et sa voix trembla un peu.

« Grand frère martial, grand frère martial Qu a fini le recensement et m’a demandé de t’appeler… Qu’est-ce que tu fais avec le jeune maître Sa ? »

Xu Xingzhi repoussa rapidement Sa Si.

« Rien, on se rappelait juste du bon vieux temps. »


Meng Chongguang croisa les bras. Son attitude semblait ferme mais ses yeux se teintèrent peu à peu de rouge et des larmes firent mine de couler.

« … Cela fait des années que grand frère martial ne l’a pas vu et il t’a rendu service en protégeant tant de tes petits frères et sœurs martiaux. C’est donc normal que grand frère martial soit proche de lui. »

Xu Xingzhi poussa Sa Si près du tronc de l’arbre et le laissa passer ses membres autour du tronc. De son côté, il récupéra le service à liqueur et le retransforma en éventail. Il se releva ensuite et s’approcha du jeune homme au visage pâle.

Meng Chongguang ne s’enfuit pas. Il resta bien sagement sur place, la tête baissée. Le ruban dans ses cheveux était soulevé par le vent de la montagne, lui donnant une silhouette couvertes d’épine et avec un crâne couvert d’une chevelure veloutée.


Xu Xingzhi se pencha vers lui et releva son menton avec la poignée de l’éventail.

« Tu es fâché ? »

Quand Meng Chongguang se fit ainsi manipuler par lui, sa voix devint douce et humide :

« Quand j’étais dans les Terres Sauvages, j’ai aussi rendu service à grand frère martial en retrouvant tous les vieux amis que j’ai pu. Je voulais juste que si grand frère martial me retrouvait un jour, il soit heureux de revoir autant de ses amis. »

Il marmonna comme pour lui-même d’un ton affligé. Puis il se rua pour serrer Xu Xingzhi très fort. Essayant avec du mal de dissimuler son ton de victime d’injustice, il murmura :

« Mais quand j’ai revu grand frère martial, tu ne m’as pas félicité… Grand frère martial ne m’a pas félicité une seule fois. »

Xu Xingzhi le laissa resserrer son étreinte. Ses yeux retombèrent et une douceur inépuisable surgit dans son cœur.

« … Te féliciter. Et comment tu veux que je te félicite, mmm ? »


Tout en disant cela, ses doigts glissèrent lentement le long du cou de Meng Chongguang, descendant le long de la tunique au milieu jusqu’à atteindre le creux de son estomac et effleurer avec assurance le léger renflement plus bas. Profitant de sa confusion, son bras droit s’enroula subitement autour de Meng Chongguang qui se fit totalement enlacer. L’odeur de la liqueur chaude venant de sa bouche fit rougir la pointe des oreilles du jeune homme.

« Jeune maître, je trouve que tu as un cœur adorable et amusant. Et si malgré les affaires pressantes, tu trouvais le temps de me laisser entrer dans ton cœur et de me loger quelques jours ? »

Bien qu’il savait que Xu Xingzhi avait toujours été un beau parleur, Meng Chongguang fut émoustillé par ces mots d’amour et il ouvrit la bouche pour embrasser ces lèvres qui se plaisaient à irriter les gens.


Grand frère martial, il est tout à toi.

Du moment que c’est toi, même si tu veux y vivre des centaines de milliers d’années, cela me fera plaisir.

Meng Chongguang était comme un hérisson dont le ventre doux et blanc n’était accessible que pour Xu Xingzhi. À chaque fois qu’il le voyait, les piquants s’abaissaient docilement et se rétractaient.

Seul cet homme devant lui pouvait l’inciter à céder à un tel point.

Après ce léger baiser, Meng Chongguang et Xu Xingzhi se séparèrent.

Meng Chongguang frotta sa tête contre le torse de l’autre homme et se mit à minauder.

« Grand frère martial, serre-moi contre toi. Si tu me serres dans tes bras, j’irai bien. »

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Au moment où Xu Xingzhi allait lui répondre, il vit du coin de l’œil Xu Pingsheng qui les fixait avec les yeux écarquillés et la langue liée, désemparé.

Même si Xu Xingzhi était plutôt du genre dissolu par le passé, il n’avait jamais fait une chose pareille devant son grand frère. Il lâcha aussitôt Meng Chongguang et fit d’un ton penaud :

« Grand f… Pingsheng. »

Ce dernier faisait une drôle de tête.

« J’ai vu que vous ne reveniez pas… »

Il fronça un peu les sourcils à ce moment et regarda Sa Si qui enlaçait un arbre un peu plus loin. Il fit une tête encore plus horrible à voir.

« … Qu’est-ce qui ne va pas chez lui ? »

En présence de son grand frère, Xu Xingzhi se sentait instinctivement coupable et il parla avec moins de vigueur :

« J’ai bu quelques verres avec lui. »

En le voyant se comporter ainsi, la voix de Xu Pingsheng s’adoucit involontairement :

« … Tu n’y es pour rien. Tu peux y aller. »


Après ça, il se précipita vers Sa Si sans un regard en arrière et fila un bon coup de pied dans le tibia à cet homme qui était aussi bourré que la terre, sa jambe faisant le mouvement d’un arc-en-ciel.

Voyant que son frère ne s’arrêtait pas et connaissant le tempérament de Sa Si, Xu Xingzhi poussa carrément dans le vieux saule Meng Chongguang qui était encore perdu dans leurs roucoulades.

Sa Si s’était rapidement enivré et il fut aussi rapide à se réveiller. En plus, avec le coup de pied impitoyable de Xu Pingsheng, il n’y avait pas de raison pour qu’il ne dessaoule pas.

Il grimaça de douleur et quand il vit clairement la personne devant lui, il bondit aussitôt sur ses pieds et répliqua par un coup.

« Tu as bien grandi ! Tu oses me frapper ! »

Xu Pingsheng ne pouvait pas ressentir la douleur de toute façon, alors il ne songea pas à se venger après avoir reçu plusieurs coups de lui. Il semblait que la raison de sa colère n’était pas le fait que Sa Si soit ivre.


Il désigna une direction dans son dos.

« … Qui c’est ?

– Qui ça, ah ? »

Sa Si se massa le mollet en grimaçant et leva la tête dans la direction indiquée.

« Y a personne, ah. »

Xu Pingsheng fit de manière concise :

« Ton bellâtre, qui c’est ?

– Un bellâtre ? »

Confus, Sa Si avait l’impression que parler avec Xu Pingsheng était comme une poule qui parlait avec un canard.

« … Je n’ai pas de bellâtre, ah. »

Depuis que Xu Pingsheng avait été transformé en cadavre réveillé, il avait parfois l’esprit lucide et parfois l’esprit confus. Quand il était lucide, il était rempli de rancœur et de haine, clamant aller combattre Jiu Zhideng à mort. Quand il avait l’esprit confus, les seules personnes qu’il reconnaissait était son petit frère de quatre ans et Sa Si.


Quand il avait revu Xu Xingzhi, bien qu’il ne savait pas qu’il s’agissait de son petit frère, Xu Pingsheng avait le cœur qui s’attendrissait énormément à chaque fois qu’il le voyait et il souhaitait pouvoir prendre ce jeune homme et le mettre dans sa poche pour pouvoir le protéger.

Quant à ce beau jeune homme minaudier, Xu Pingsheng n’avait pas fait attention à lui au départ mais à cause de la scène de tout à l’heure, il appréciait encore moins Meng Chongguang. Il défoula même sa colère sur Sa Si :

« … Tu l’as emmené pour boire avec lui sans me prendre avec pour que je veille sur vous deux. Et s’il s’était fait enlever par ce bellâtre en chaleur ? »

Sa Si en resta d’abord stupéfait, puis une fois qu’il comprit ce que voulait dire Xu Pingsheng, il ne put s’empêcher d’éclater de rire :

« Ha ha ha ha, hé yo, ha ha ha ! Qui va enlever qui ? Ha ha ha ! »

Il rit si fort que Xu Pingsheng se fâcha et le repoussa de nouveau d’un coup de pied.


* * *


Une fois de retour dans le royaume secret et après que la joie d’avoir retrouvé des amis soit passée, Xu Xingzhi et Qu Chi se mirent à discuter de la meilleure façon de mobiliser ces disciples.

Au final, ils parvinrent à la conclusion qu’avec autant de gens, ils se feraient bien trop remarquer s’ils se déplaçaient. Le mieux était donc de les laisser là pour le moment.

Après leur avoir exposé les avantages et inconvénients de cette manière, les disciples furent un peu mécontents.

Après treize ans d’attente, ils voyaient enfin une lueur d’espoir. Du coup, quelles que soient les circonstances, ils refusaient d’attendre une seconde de plus. Ils mouraient d’envie de se rendre aujourd’hui à la Montagne de la Tombe du Vent pour se battre, de récupérer le Pic du Yang Vermillon et d’accrocher la tête de Jiu Zhideng aux portes de la montagne.

Heureusement, Qu Chi parvint à les calmer peu à peu.

… Ils avaient déjà attendu treize ans, que seraient quelques jours de plus ?

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Xu Xingzhi confia de nouveau les disciples à Sa Si, qui avait un mal de crâne à cause de la gueule de bois et des coups. Puis il repartit sur les routes avec un Meng Chongguang amadoué et Qu Chi.

Avant de partir, Qu Chi confia spécialement à Sa Si qu’il y avait un pêcher dont il devait prendre soin. Encore un peu saoul, Sa Si se tapa le torse et assura qu’il s’arracherait une touffe de cheveux pour chaque feuille tombée.

Xu Pingsheng jeta un regard inquiet à Xu Xingzhi, se disant que ce jeune homme qui ressemblait tellement à son petit frère allait se faire arnaquer par le bellâtre, alors il ne put s’empêcher de se renfrogner. Il aurait bien aimé avertir le jeune homme mais il n’aurait pas su par où commencer. Il se jura donc en secret de suivre plus souvent Sa Si pour rendre visite à ce jeune homme et ainsi de garder un œil attentif sur ce bellâtre.


Xu Xingzhi et ses compagnons retournèrent dans la maison de thé. Tout le monde allait bien. Un Lu Yujiu extrêmement fatigué s’était aussi réveillé. Il buvait du thé dans le salon au rez-de-chaussée, tenant sa tasse comme un petit hamster.

Ses grands frères martiaux de la Vallée de la Pure Fraîcheur ne comprenaient pas pourquoi il portait un masque de fantôme, alors il l’avait gentiment enlevé, dévoilant un visage tendre, délicat et juvénile, sans la moindre marque de blessure.

Zhou Wang avait contemplé son visage avec surprise. La chair de Lu Yujiu était tendre avec des fossettes sur ses joues. C’était si intéressant qu’elle ne pouvait s’empêcher de le contempler. Le jeune homme avait la tête baissée et semblait ruminer quelque chose.


En voyant Xu Xingzhi revenir, Lu Yujiu lui servit respectueusement une tasse de thé et la lui tendit.

Xu Xingzhi ne dit rien mais regarda autour.

« Où est Beinan ? demanda-t’il ?

– Je n’ai pas vu grand frère martial Zhou revenir de toute la journée, » répondit Yuan Ruzhou.

Xu Xingzhi plissa le front. Il tourna la tête pour contempler le ciel au crépuscule qui était déjà nuageux et rose.

Au bout d’un moment, il tapota légèrement la table de son éventail et fit :

« Xiao Lu, viens avec moi sur l’Île du Fleuve Céleste pour retrouver Beinan. »

Le jeune homme prit aussitôt un air soulagé.

« Bien. »


Meng Chongguang voulut l’en empêcher.

« Grand frère martial, ça fait deux jours que tu n’arrêtes pas. Tu devrais d’abord te reposer un peu. »

Xu Xingzhi repoussa sa main avec nonchalance.

« Non, je me suis assez reposé.

– … Alors je viens avec, » proposa Meng Chongguang qui était vraiment inquiet.

Xu Xingzhi réfléchit un moment, mais ne répondit pas. Il fit ensuite deux pas vers la porte, puis se tourna et vit que Meng Chongguang n’avait pas bougé, un peu abattu. Il cligna malicieusement de ses yeux charmeurs et lui fit signe du coin de l’œil :

« … Pourquoi tu restes planté là ? Suis-moi, ah. »


La parole à l’auteuse : Ce n’est pas facile de faire cent choses avec une seule épée.


Xiao Tao Xian est finalement devenu la petite pêche immortelle qwq


Grand frère : Ceux qui osent séduire mon petit frère ne sont tous que des bellâtres [rancune.jpg]


Note de Karura : Pourquoi y a-t’il encore un chapitre super long ? 😭 Au secours !







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